Les ennuis peuvent-ils être bénéfiques ? PV Nathaniel Wade & Max Corey
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Les ennuis peuvent-ils être bénéfiques ? PV Nathaniel Wade & Max Corey
Paratonnerre
à ennuis
à ennuis
Londres, 1er mars 2014.
Je sors d’une réunion avec l’éditeur qui m’emploie. Je lui ai rendu ma traduction sur le premier volume d’une trilogie d’un auteur chinois célèbre. Il veut une traduction faite par un occidental et non pas par un natif du pays d’origine. Il semble satisfait et c‘est tant mieux, car ce vieux débris conservateur m’a sorti de mon loft new yorkais pour un deux pièces minable dans le quartier de Chelsea à Londres. La tuyauterie fait un bruit d’enfer dès que quelqu’un ouvre un robinet quelque part dans l’immeuble, les murs sont humides et je passe sur mes colocataires à six pattes. J’avais dû quitter mon confort, car ce vieil anglais souhaitait pouvoir parler de vive voix avec ses traducteurs lors des réunions de travail. « Plus efficace » il disait. J’étais certain qu’il masquait ainsi son incapacité à utiliser le panel de possibilités qu’offre le multi média de nos jours.
C’est bien parce qu’il me payait des honoraires scandaleux et le loyer du logement d’appoint que j’avais remis les pieds dans cette ville que j’avais fui après mon enlèvement par un groupe terroriste pour m’obliger à subtiliser un stock d’arme aussi bien gardé que les joyaux de la couronne. Si j’avais obtempéré sous la menace d’une arme sur ma tempe, j’avais fait foirer la manœuvre en « oubliant » de déplacer les percuteurs avec le reste des armes. Une petite pièce qu’ils n’ont pas vue immédiatement comme manquante, une petite pièce sans laquelle une arme devient totalement inutile. Mais le temps qu’ils s’en aperçoivent, j’avais déjà fui. Ce tour de passe-passe m’avait valu mon exil sur le continent américain et restreint mon travail sur les traductions écrites. Mais je ne me plaignais pas de ma vie qui était relativement confortable. Cette histoire remontant à quelques années, je m’étais dit que les anciens protagonistes de cette affaire devaient être loin à présent. J’étais donc revenu dans la ville qui m’avait vu naître, relativement confiant.
De toute manière, je reste concentré sur le travail à faire, je n’ai pas envie de m’éterniser dans cette ville que je trouve maussade. Je ne sors donc que pour m’aérer quand mes yeux commencent à se croiser sur les idéogrammes que je dois traduire. L’histoire traitée par ces ouvrages est ennuyeuse au possible. Je viens de reposer mes documents à l’appartement et je ressors pour aller manger un bout. Mon ventre crie famine. Il faut aussi que je songe à appeler mon père, on se voit si rarement…
A quel moment cela a merdé ? Je n’ai pas vu ce fourgon se garer près de moi. Tout s’est passé si vite, qu’avant qu’un signal alarme sonne dans ma tête, j’avais déjà rejoint Morphée. Le réveil n’est pas confortable. J’ai mal à la nuque à cause d’une mauvaise position tenue trop longtemps. Je suis ligoté sur une chaise en acier dont les pieds sont visés au sol. Un mal de crane me lancine entre les tempes, je bouge un peu, gémi de douleur et une lampe s’allume de manière brusque. Je suis aveuglé. Des gens sont là, trois ou quatre, je vois mal à cause de la lampe. Un homme me parle, sa voix bourdonne, j’annone une question, en retour je reçois de l’eau dans la figure. C’est déplaisant, mais cela a le mérite de rallumer toutes les lumières de mon cerveau.
L’histoire se répète… On veut utiliser mon don pour un vol. Je prête à peine attention à qui ils sont, mais leur but est semblable que les autres fanatiques avec leurs armes. Je refuse, les coups commencent à pleuvoir. Je finis donc par abdiquer, je ne suis pas un héros moi. Par contre cette fois, on ne me dit pas ce que je dois déplacer. Ils me montrent la photo d’un coffre et me donne juste un volume théorique à déplacer. Ils me font comprendre qu’ils sont au courant pour ma ruse avec le stock d’arme et me font donc travailler en aveugle. Je sens que cette affaire est mal partie. Je ne sais pas ce qu’ils veulent voler, mais vu le coffre et les dispositions de sécurité autour, le stock d’arme de la dernière fois, c’était de la rigolade… Je fais semblant de coopérer et tente de réfléchir à un plan d’évasion. Le coup est pour le lendemain, je dois sortir de là rapidement.
Déplacer le nœud de la corde qui me retenait m’a demandé de l’adresse, car je devais faire attention de ne pas me déplacer un bout de chaire avec. J’y suis donc allé morceau par morceau, déplaçant des morceaux de corde ailleurs, sur un autre espace-temps. Je ne me donnai pas la peine de leur donner une destination finale. Le reste fut un sprint jusqu’à la porte que je déplaçai pour la repositionner juste dans mon dos. Je n’aimais pas user de mon don dans la précipitation, cela augmentait ma marge d’erreur. Mais je devais sauver ma peau. Une balle siffla à mon oreille. Je partis comme le lapin pressé d’Alice au pays des merveilles. Une fois dehors, j’eus du mal à m’orienter et filai un peu au hasard. C’était une zone industrielle déserte, une friche industrielle comme on en trouve beaucoup. Je ne savais pas où je me trouvai, le soleil était éblouissant en cette de journée.
L’air me brûlait les poumons, je sentais les muscles de mes cuisses se raidir, la crampe n’était pas loin. Une rafale de balle me motive à accélérer. J’essaye de les freiner en leur collant des obstacles grâce à mon don, mais la course me prend bien trop d’énergie pour que cela soit efficace. Je bifurque dans une ruelle, vingt mètres plus loin je me rends compte de l’erreur, c’est un cul de sac. Je tâte le mur du fond et me concentre. Je suis fatigué, j’y vais donc par bout. Mon cœur se serre quand j’aperçois certains de mes poursuivants de l’autre côté du mur. Je suis cerné. Je me retourne dans l’intention de me rendre, mais une balle m’érafle le bras. Je dois à un ultime réflexe d’éviter la slave qui suit. Je suis coincé comme un rat. Mon cœur bat à la chamade, je vais me faire buter sans autre forme de procès. Je me suis enfuis, je suis au courant de leur plan, ils ne laisseront pas de témoin vivant.
L’angoisse me noue le ventre quand j’entends les pas s’approcher de la poubelle derrière laquelle je me cache. Je regarde le sol, puis autour de moi, aucune issue sinon… de me déplacer moi-même… Depuis la mort de mon petit frère, je n’ai jamais réutilisé mon don sur une personne. Je l’ai fait sur des animaux, mais je ne peux pas risquer une erreur sur un être humain. Deux mètres, la mort se rapproche… C’est de l’inconscience, je suis épuisé, j’ai mal de partout à cause des coups, une blessure au front m’aveugle presque avec le sang qui coule. La balle n’a fait qu’effleurer mon bras, mais ça fait un mal de chien…
Je n’ai pas le choix et ouvre un trou dans l’espace-temps au moment même où mon poursuivant dépasse la poubelle qui me cachait à sa vue. La lumière s’éteint brusquement, un froid intense me fait trembler. Je n’ai jamais utilisé mon don sur moi. Je me concentre sur le sol de la cuisine de l’appartement à Londres comme destination. La sensation est étrange, mon corps ne sent aucun appui nul part, c’est comme si j’étais dans le vide, pourtant je n’ai pas la sensation de chuter. J’ai un moment de doute, j’aurai pu choisir mon appartement à New York, mais c’est trop loin. En théorie cela ne devrait pas faire de différence, mais je n’ai jamais déplacé des objets sur une si longue distance. Mes interrogations me font perdre ma concentration. L’arrivée est brutale, à la place du carrelage marronnasse attendu, je m’érafle tout un côté sur du béton brut parsemé de gravats.
- P’tin ! je suis où ?
J’ai la tête qui tourne et la gerbe. D’ailleurs ça n’attend pas, j’ai juste le temps de me pencher sur le côté pour vomir ce qui reste de mon dernier repas. Je pose mes fesses sur le sol, je suis lessivé et dans un sale état. A côté de moi il y a un bout de la poubelle que j’ai emmené avec moi. Au moins j’ai sauvé ma peau. Le ciel est voilé alors qu’il faisait un super soleil. Je commence à m'inquiéter de savoir où je me trouve. Je ne suis pas certain qu’on me laisse monter dans un bus, je suis plein de sang, j’ai le côté droit tout éraflé, du sang coule le long de ma joue et mon bras… Je me redresse péniblement en me tenant au mur de brique juste à côté, mais je m’affale aussitôt sous le bruit d’une explosion. De la terre et des gravats me pleuvent dessus. Mais que ce passe-t-il ? Je m’ébroue et me relève. Je vacille, j’ai la tête qui tourne. Je marche dans la ruelle où j’ai atterri, au bout, sur une rue de plus grande importance, deux voitures noires passent à toutes vitesses. Ce sont des vieilles voitures aux calandres arrondis. Je sors mon téléphone, j’ai dans l’idée d’appeler mon père. Évidemment, je n’ai pas de réseau, pas la moindre petite barre allumée.
Quand je débouche dans la grande rue, je crois que ma mâchoire est prête à se décrocher. Je suis en plein tournage d’un film de guerre. Si j’en crois la tenue d’un militaire qui passe et de l’infirmière qui le suit, ils tournent un film sur la deuxième guerre mondiale. Je suis étonné de ne pas être au courant de ce tournage vu l’ampleur des décors. C’est très réaliste. Je cherche les caméras en vain. Est-ce une reconstruction historique ? Mais même, il devrait y avoir des gens… dans une tenue normale. Et l’immeuble à côté de moi est vraiment entier, ce n’est pas juste une façade. Une sirène hurle, les gens se mettent à courir. Quelqu’un passe à côté de moi et me hurle de me cacher. Il doit penser que je fais partie des figurant à cause de mes blessures…
L’avion qui me survole arbore la croix gammée du Reich… La reconstruction historique s’arrête là, la bombe qui tombe est bien réelle… Je m’en rends compte à l’explosion dès qu’elle touche le sol. Le souffle me renverse. Je rebrousse chemin et retourne dans la ruelle presque à quatre pattes. Une frayeur sans nom me prend les tripes. Assis par terre, je me tiens la tête entre les mains. J’essaye de me calmer et de réfléchir posément. Le vent m’amène une feuille de journal qui se coince entre mes jambes. Je la prends et lis la manchette. Des larmes me brûlent les yeux. La date qui s’étale en caractère gras me renseigne sur le lieu où j’ai réapparu. Si je suis toujours à Londres… je me trouve pendant la période du Blitz quand la Luftwaffe a pilonné la capitale anglaise pendant plusieurs mois. La une du journal qui montre des photos de Londres dévasté date du 28 février 1941… J’ai fait un bond en arrière de soixante-treize ans ! Mon don a merdé. Est-ce à cause de l’état de fatigue ?
Une nouvelle explosion fait de nouveau pleuvoir des gravats sur moi, je me protège la tête avec les bras. Je suis perdu. Je pense à mon téléphone portable bien inutile, tout comme ma carte bancaire. J’essaye de saisir les fils du temps, mais j’ai tout de suite la nausée. Et si mon don ne marchait pas dans cette dimension ? Nouvelle pluie de poussière, je rentre la tête dans mes épaules. Soudain une main se pose sur mon épaule. Je sursaute et recule précipitamment comme un animal acculé. Je m’entaille la paume des mains
Je sors d’une réunion avec l’éditeur qui m’emploie. Je lui ai rendu ma traduction sur le premier volume d’une trilogie d’un auteur chinois célèbre. Il veut une traduction faite par un occidental et non pas par un natif du pays d’origine. Il semble satisfait et c‘est tant mieux, car ce vieux débris conservateur m’a sorti de mon loft new yorkais pour un deux pièces minable dans le quartier de Chelsea à Londres. La tuyauterie fait un bruit d’enfer dès que quelqu’un ouvre un robinet quelque part dans l’immeuble, les murs sont humides et je passe sur mes colocataires à six pattes. J’avais dû quitter mon confort, car ce vieil anglais souhaitait pouvoir parler de vive voix avec ses traducteurs lors des réunions de travail. « Plus efficace » il disait. J’étais certain qu’il masquait ainsi son incapacité à utiliser le panel de possibilités qu’offre le multi média de nos jours.
C’est bien parce qu’il me payait des honoraires scandaleux et le loyer du logement d’appoint que j’avais remis les pieds dans cette ville que j’avais fui après mon enlèvement par un groupe terroriste pour m’obliger à subtiliser un stock d’arme aussi bien gardé que les joyaux de la couronne. Si j’avais obtempéré sous la menace d’une arme sur ma tempe, j’avais fait foirer la manœuvre en « oubliant » de déplacer les percuteurs avec le reste des armes. Une petite pièce qu’ils n’ont pas vue immédiatement comme manquante, une petite pièce sans laquelle une arme devient totalement inutile. Mais le temps qu’ils s’en aperçoivent, j’avais déjà fui. Ce tour de passe-passe m’avait valu mon exil sur le continent américain et restreint mon travail sur les traductions écrites. Mais je ne me plaignais pas de ma vie qui était relativement confortable. Cette histoire remontant à quelques années, je m’étais dit que les anciens protagonistes de cette affaire devaient être loin à présent. J’étais donc revenu dans la ville qui m’avait vu naître, relativement confiant.
De toute manière, je reste concentré sur le travail à faire, je n’ai pas envie de m’éterniser dans cette ville que je trouve maussade. Je ne sors donc que pour m’aérer quand mes yeux commencent à se croiser sur les idéogrammes que je dois traduire. L’histoire traitée par ces ouvrages est ennuyeuse au possible. Je viens de reposer mes documents à l’appartement et je ressors pour aller manger un bout. Mon ventre crie famine. Il faut aussi que je songe à appeler mon père, on se voit si rarement…
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A quel moment cela a merdé ? Je n’ai pas vu ce fourgon se garer près de moi. Tout s’est passé si vite, qu’avant qu’un signal alarme sonne dans ma tête, j’avais déjà rejoint Morphée. Le réveil n’est pas confortable. J’ai mal à la nuque à cause d’une mauvaise position tenue trop longtemps. Je suis ligoté sur une chaise en acier dont les pieds sont visés au sol. Un mal de crane me lancine entre les tempes, je bouge un peu, gémi de douleur et une lampe s’allume de manière brusque. Je suis aveuglé. Des gens sont là, trois ou quatre, je vois mal à cause de la lampe. Un homme me parle, sa voix bourdonne, j’annone une question, en retour je reçois de l’eau dans la figure. C’est déplaisant, mais cela a le mérite de rallumer toutes les lumières de mon cerveau.
L’histoire se répète… On veut utiliser mon don pour un vol. Je prête à peine attention à qui ils sont, mais leur but est semblable que les autres fanatiques avec leurs armes. Je refuse, les coups commencent à pleuvoir. Je finis donc par abdiquer, je ne suis pas un héros moi. Par contre cette fois, on ne me dit pas ce que je dois déplacer. Ils me montrent la photo d’un coffre et me donne juste un volume théorique à déplacer. Ils me font comprendre qu’ils sont au courant pour ma ruse avec le stock d’arme et me font donc travailler en aveugle. Je sens que cette affaire est mal partie. Je ne sais pas ce qu’ils veulent voler, mais vu le coffre et les dispositions de sécurité autour, le stock d’arme de la dernière fois, c’était de la rigolade… Je fais semblant de coopérer et tente de réfléchir à un plan d’évasion. Le coup est pour le lendemain, je dois sortir de là rapidement.
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Déplacer le nœud de la corde qui me retenait m’a demandé de l’adresse, car je devais faire attention de ne pas me déplacer un bout de chaire avec. J’y suis donc allé morceau par morceau, déplaçant des morceaux de corde ailleurs, sur un autre espace-temps. Je ne me donnai pas la peine de leur donner une destination finale. Le reste fut un sprint jusqu’à la porte que je déplaçai pour la repositionner juste dans mon dos. Je n’aimais pas user de mon don dans la précipitation, cela augmentait ma marge d’erreur. Mais je devais sauver ma peau. Une balle siffla à mon oreille. Je partis comme le lapin pressé d’Alice au pays des merveilles. Une fois dehors, j’eus du mal à m’orienter et filai un peu au hasard. C’était une zone industrielle déserte, une friche industrielle comme on en trouve beaucoup. Je ne savais pas où je me trouvai, le soleil était éblouissant en cette de journée.
L’air me brûlait les poumons, je sentais les muscles de mes cuisses se raidir, la crampe n’était pas loin. Une rafale de balle me motive à accélérer. J’essaye de les freiner en leur collant des obstacles grâce à mon don, mais la course me prend bien trop d’énergie pour que cela soit efficace. Je bifurque dans une ruelle, vingt mètres plus loin je me rends compte de l’erreur, c’est un cul de sac. Je tâte le mur du fond et me concentre. Je suis fatigué, j’y vais donc par bout. Mon cœur se serre quand j’aperçois certains de mes poursuivants de l’autre côté du mur. Je suis cerné. Je me retourne dans l’intention de me rendre, mais une balle m’érafle le bras. Je dois à un ultime réflexe d’éviter la slave qui suit. Je suis coincé comme un rat. Mon cœur bat à la chamade, je vais me faire buter sans autre forme de procès. Je me suis enfuis, je suis au courant de leur plan, ils ne laisseront pas de témoin vivant.
L’angoisse me noue le ventre quand j’entends les pas s’approcher de la poubelle derrière laquelle je me cache. Je regarde le sol, puis autour de moi, aucune issue sinon… de me déplacer moi-même… Depuis la mort de mon petit frère, je n’ai jamais réutilisé mon don sur une personne. Je l’ai fait sur des animaux, mais je ne peux pas risquer une erreur sur un être humain. Deux mètres, la mort se rapproche… C’est de l’inconscience, je suis épuisé, j’ai mal de partout à cause des coups, une blessure au front m’aveugle presque avec le sang qui coule. La balle n’a fait qu’effleurer mon bras, mais ça fait un mal de chien…
Je n’ai pas le choix et ouvre un trou dans l’espace-temps au moment même où mon poursuivant dépasse la poubelle qui me cachait à sa vue. La lumière s’éteint brusquement, un froid intense me fait trembler. Je n’ai jamais utilisé mon don sur moi. Je me concentre sur le sol de la cuisine de l’appartement à Londres comme destination. La sensation est étrange, mon corps ne sent aucun appui nul part, c’est comme si j’étais dans le vide, pourtant je n’ai pas la sensation de chuter. J’ai un moment de doute, j’aurai pu choisir mon appartement à New York, mais c’est trop loin. En théorie cela ne devrait pas faire de différence, mais je n’ai jamais déplacé des objets sur une si longue distance. Mes interrogations me font perdre ma concentration. L’arrivée est brutale, à la place du carrelage marronnasse attendu, je m’érafle tout un côté sur du béton brut parsemé de gravats.
- P’tin ! je suis où ?
J’ai la tête qui tourne et la gerbe. D’ailleurs ça n’attend pas, j’ai juste le temps de me pencher sur le côté pour vomir ce qui reste de mon dernier repas. Je pose mes fesses sur le sol, je suis lessivé et dans un sale état. A côté de moi il y a un bout de la poubelle que j’ai emmené avec moi. Au moins j’ai sauvé ma peau. Le ciel est voilé alors qu’il faisait un super soleil. Je commence à m'inquiéter de savoir où je me trouve. Je ne suis pas certain qu’on me laisse monter dans un bus, je suis plein de sang, j’ai le côté droit tout éraflé, du sang coule le long de ma joue et mon bras… Je me redresse péniblement en me tenant au mur de brique juste à côté, mais je m’affale aussitôt sous le bruit d’une explosion. De la terre et des gravats me pleuvent dessus. Mais que ce passe-t-il ? Je m’ébroue et me relève. Je vacille, j’ai la tête qui tourne. Je marche dans la ruelle où j’ai atterri, au bout, sur une rue de plus grande importance, deux voitures noires passent à toutes vitesses. Ce sont des vieilles voitures aux calandres arrondis. Je sors mon téléphone, j’ai dans l’idée d’appeler mon père. Évidemment, je n’ai pas de réseau, pas la moindre petite barre allumée.
Quand je débouche dans la grande rue, je crois que ma mâchoire est prête à se décrocher. Je suis en plein tournage d’un film de guerre. Si j’en crois la tenue d’un militaire qui passe et de l’infirmière qui le suit, ils tournent un film sur la deuxième guerre mondiale. Je suis étonné de ne pas être au courant de ce tournage vu l’ampleur des décors. C’est très réaliste. Je cherche les caméras en vain. Est-ce une reconstruction historique ? Mais même, il devrait y avoir des gens… dans une tenue normale. Et l’immeuble à côté de moi est vraiment entier, ce n’est pas juste une façade. Une sirène hurle, les gens se mettent à courir. Quelqu’un passe à côté de moi et me hurle de me cacher. Il doit penser que je fais partie des figurant à cause de mes blessures…
L’avion qui me survole arbore la croix gammée du Reich… La reconstruction historique s’arrête là, la bombe qui tombe est bien réelle… Je m’en rends compte à l’explosion dès qu’elle touche le sol. Le souffle me renverse. Je rebrousse chemin et retourne dans la ruelle presque à quatre pattes. Une frayeur sans nom me prend les tripes. Assis par terre, je me tiens la tête entre les mains. J’essaye de me calmer et de réfléchir posément. Le vent m’amène une feuille de journal qui se coince entre mes jambes. Je la prends et lis la manchette. Des larmes me brûlent les yeux. La date qui s’étale en caractère gras me renseigne sur le lieu où j’ai réapparu. Si je suis toujours à Londres… je me trouve pendant la période du Blitz quand la Luftwaffe a pilonné la capitale anglaise pendant plusieurs mois. La une du journal qui montre des photos de Londres dévasté date du 28 février 1941… J’ai fait un bond en arrière de soixante-treize ans ! Mon don a merdé. Est-ce à cause de l’état de fatigue ?
Une nouvelle explosion fait de nouveau pleuvoir des gravats sur moi, je me protège la tête avec les bras. Je suis perdu. Je pense à mon téléphone portable bien inutile, tout comme ma carte bancaire. J’essaye de saisir les fils du temps, mais j’ai tout de suite la nausée. Et si mon don ne marchait pas dans cette dimension ? Nouvelle pluie de poussière, je rentre la tête dans mes épaules. Soudain une main se pose sur mon épaule. Je sursaute et recule précipitamment comme un animal acculé. Je m’entaille la paume des mains
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Max Corey- Messages : 155
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Re: Les ennuis peuvent-ils être bénéfiques ? PV Nathaniel Wade & Max Corey
Survivre
Je vois une paire de rangers s’encadrer dans mon champ de vision, le treillis juste au-dessus m’indique sur quel genre de personne je suis tombé : un militaire. C’est bien ma veine, moi qui ne peux justifier de mon identité. Je vais pour lever les yeux et affronter un futur immédiat qui ne me plait pas, mais une violente nausée me soulève le cœur. Je ne sais pas si cela vient du passage à tabac que j’ai subi y a moins d’une demi-heure, ou si cela vient du fait de m’être auto-déplacé, mais je ne peux lever la tête pour regarder l’homme qui est devant moi. Mes blessures sont voyantes, il doit comprendre que j’ai du mal, car il s’accroupit devant moi et je vois enfin son visage. Ma première réaction est instinctive : bordel c’est possible des yeux de cette couleur ? Puis la réalité de l’instant se rappelle à moi avec un bruit d’explosion au loin. Il a du sang dans les cheveux, il est peut-être plus gravement blessé que moi.
- Hey ? Comment va ? Du calme, je ne vous veut pas de mal.. Je suis.. euh.. Max ?
Max… j’aimerai lui répondre, mais je crois que si je le fais, mon estomac va se retrousser. J’ai la tête qui bourdonne, est-ce le contrecoup de ce merdier ? Je suis vulnérable et je n’aime pas cela. J’ai toujours mis un point d’honneur à me débrouiller seul, et que même si je suis là, les fesses posées sur un sol jonché de gravats, avec des avions nazi au-dessus de la tête, que je ne sens plus mon don et qu’un mal de chien qui me lance de partout, j’enrage de cette faiblesse.
- Tout va bien ? Vous allez bien ? Je peux vous aider.. On va trouver un endroit à l’abri, ok ? Et il me reste une cigarette… Une seule. Mais on peut la partager… On peut au moins partager ça dans cette fichue guerre…
Je secoue la tête négativement. S’il allume une cigarette, c’est certain que je vomi mes tripes. Je ne sais quoi lui dire. « Salut, alors je viens d’atterrir du futur pour échapper à des fanatiques qui voulaient que je vole un truc pour eux… » Au mieux, je passe pour un fou, au pire pour un espion. Je regarde son uniforme fait de flanelle. Je remercie le ciel pour avoir choisi une tenue très classique ce matin pour aller voir ce maudit éditeur. Je porte un polo en cachemire bleu qui est bon pour la poubelle, et une chemise plus vraiment blanche, qui ne jurent pas trop pour cette période de l’histoire, sinon la forme de mon col... Par contre avec mon pantalon de coupe slim, je ne suis pas vraiment dans le coup. Si je me souviens des films de guerre, les hommes ont des pantalons à large pinces et pas le moule fesse que je porte.
- Vous pouvez marcher ? Sinon je vous soutiens. Je vous porte si besoin.
Ce « Max » me regarde avec franchise. Son regard n’est pas fuyant et son visage n’exprime pas de méfiance. J’ai une sensation de sécurité, et dans l’état de panique totale dans laquelle je suis, je suis prêt à m’accrocher à n’importe qui, qui me ramène un peu de réconfort. J’essaye de me lever, en vain. Mes jambes sont en coton. Je sens alors son bras passer sous mes aisselles. Il est plutôt fort, car je l’aide à peine à me hisser sur mes pieds. Je manque de chuter et entoure mon bras autour de ses épaules pour me stabiliser. Le canon de son arme me rentre dans les côtés, ma tête tourne comme si j’étais à bord du Titanic en train de couler, mais j’ai un appui ferme. « Max » ne vacille pas.
- Nate… Nathaniel Wade, dis-je la voix enrouée.
Une nouvelle explosion nous entoure d’un nuage de poussière. Je ferme les yeux et la bouche. Je reste en apnée le temps que je peux. Quand j’ouvre de nouveau les yeux, je dois plisser les paupières, l’air est dense de particules. Nous sommes recouverts de poussière et de terre. Je vois le sang à peine coagulé sur le front de Max. « Il faudrait nettoyer ça …» Mais l’urgence est clairement ailleurs, on doit se mettre à l’abri. Je me laisse trainer, plus que j’avance par mes propres moyens. J’ai autant de coordination que quelqu’un de saoul. Le bruit d’un bombardier en approche fait accélérer Max. Mes jambes ne suivent pas. Je dois avoir des absences car, je devine que je bouge mais mes pieds ne touchent pas le sol. Je sens deux bras puissants me porter, un dans mon dos et l’autre sous mes genoux. Mais quand est-ce qu’il a…
L’obscurité remplace la lumière blafarde du dehors. Nous plongeons dans les entrailles d’un immeuble, d’une cave ? Je ne saurais le dire. J’ai une seule certitude, je dois m’accrocher à ce type si je veux survivre au moins pour la prochaine heure.
- Hey ? Comment va ? Du calme, je ne vous veut pas de mal.. Je suis.. euh.. Max ?
Max… j’aimerai lui répondre, mais je crois que si je le fais, mon estomac va se retrousser. J’ai la tête qui bourdonne, est-ce le contrecoup de ce merdier ? Je suis vulnérable et je n’aime pas cela. J’ai toujours mis un point d’honneur à me débrouiller seul, et que même si je suis là, les fesses posées sur un sol jonché de gravats, avec des avions nazi au-dessus de la tête, que je ne sens plus mon don et qu’un mal de chien qui me lance de partout, j’enrage de cette faiblesse.
- Tout va bien ? Vous allez bien ? Je peux vous aider.. On va trouver un endroit à l’abri, ok ? Et il me reste une cigarette… Une seule. Mais on peut la partager… On peut au moins partager ça dans cette fichue guerre…
Je secoue la tête négativement. S’il allume une cigarette, c’est certain que je vomi mes tripes. Je ne sais quoi lui dire. « Salut, alors je viens d’atterrir du futur pour échapper à des fanatiques qui voulaient que je vole un truc pour eux… » Au mieux, je passe pour un fou, au pire pour un espion. Je regarde son uniforme fait de flanelle. Je remercie le ciel pour avoir choisi une tenue très classique ce matin pour aller voir ce maudit éditeur. Je porte un polo en cachemire bleu qui est bon pour la poubelle, et une chemise plus vraiment blanche, qui ne jurent pas trop pour cette période de l’histoire, sinon la forme de mon col... Par contre avec mon pantalon de coupe slim, je ne suis pas vraiment dans le coup. Si je me souviens des films de guerre, les hommes ont des pantalons à large pinces et pas le moule fesse que je porte.
- Vous pouvez marcher ? Sinon je vous soutiens. Je vous porte si besoin.
Ce « Max » me regarde avec franchise. Son regard n’est pas fuyant et son visage n’exprime pas de méfiance. J’ai une sensation de sécurité, et dans l’état de panique totale dans laquelle je suis, je suis prêt à m’accrocher à n’importe qui, qui me ramène un peu de réconfort. J’essaye de me lever, en vain. Mes jambes sont en coton. Je sens alors son bras passer sous mes aisselles. Il est plutôt fort, car je l’aide à peine à me hisser sur mes pieds. Je manque de chuter et entoure mon bras autour de ses épaules pour me stabiliser. Le canon de son arme me rentre dans les côtés, ma tête tourne comme si j’étais à bord du Titanic en train de couler, mais j’ai un appui ferme. « Max » ne vacille pas.
- Nate… Nathaniel Wade, dis-je la voix enrouée.
Une nouvelle explosion nous entoure d’un nuage de poussière. Je ferme les yeux et la bouche. Je reste en apnée le temps que je peux. Quand j’ouvre de nouveau les yeux, je dois plisser les paupières, l’air est dense de particules. Nous sommes recouverts de poussière et de terre. Je vois le sang à peine coagulé sur le front de Max. « Il faudrait nettoyer ça …» Mais l’urgence est clairement ailleurs, on doit se mettre à l’abri. Je me laisse trainer, plus que j’avance par mes propres moyens. J’ai autant de coordination que quelqu’un de saoul. Le bruit d’un bombardier en approche fait accélérer Max. Mes jambes ne suivent pas. Je dois avoir des absences car, je devine que je bouge mais mes pieds ne touchent pas le sol. Je sens deux bras puissants me porter, un dans mon dos et l’autre sous mes genoux. Mais quand est-ce qu’il a…
L’obscurité remplace la lumière blafarde du dehors. Nous plongeons dans les entrailles d’un immeuble, d’une cave ? Je ne saurais le dire. J’ai une seule certitude, je dois m’accrocher à ce type si je veux survivre au moins pour la prochaine heure.
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Re: Les ennuis peuvent-ils être bénéfiques ? PV Nathaniel Wade & Max Corey
Survivre
Cette traduction me donne mal à la tête. Je dois souvent chercher dans un dictionnaire spécifique les sinogrammes qui me manquent. Et ce n’est pas une sinécure, car il n’y a pas d’ordre alphabétique avec les dessins… Ce maudit auteur se plait à utiliser des caractères rares et totalement inusités dans le chinois courant. Je me frotte la tête, mais le mal de crane ne cède pas. Je me sens nauséeux. J’ai dû manger quelque chose d’avarié. Mon bras me lance, j’ai comme une sensation de brulure. L’air me manque, je me lève pour aller ouvrir la fenêtre de ma chambre qui me fait aussi office de bureau. Mais je n’avance pas, je marche mais la fenêtre de se rapproche pas. Je dois être malade…
L’obscurité m’enveloppe, ma joue repose contre quelque chose de chaud. Une explosion me réveille. Je lève la tête, mes yeux croisent un cou autour duquel s’entoure une médaille d’immatriculation militaire. « Max ». La mémoire me revient. Bon sang, j’ai encore eu une absence. Je cahote au gré de l’avancée du soldat qui me porte. Je lui dirais bien de me poser, mais je n’ai même pas la force de m’agripper à lui pour lui soulager les bras. Ce type est vraiment une force de la nature, dans la pénombre je vois son visage qui n’est même pas crispé par l’effort.
Je sens de nouveau le sol sous mes fesses, Max vient de me poser au sol. J’appuie mon dos sur ce qui semble être un casier à bouteilles. Ça me casse le dos, mais je suis trop faible pour me coller dans une position plus confortable. Plus jamais je m’auto-déplace ! Les effets secondaires sont trop violents. Puis je me remémore le canon de l’arme qui me vise. Avais-je le choix ? Je suis vivant, j’aurais très bien pu finir coupé en deux comme Ethan… ou avec une balle en pleine tête. La lumière se fit grâce à une lampe à pétrole. Je rêve d’une salle de bain moderne avec sèche serviette, baignoire à bulle… Je me sens soulevé de nouveau, Max me pose sur une sorte de matelas. Ça ne vaut pas mon latex multizone, mais c’est plus confortable que le sol froid de cette cave.
- Merci, dis-je en balbutiant.
Je m’étale avec soulagement sur cette couche et ferme les yeux. Enfin immobile, je me sens un peu mieux. La terre semble arrêter de tanguer comme une traitresse. J’entends Max farfouiller mais je n’ouvre pas les yeux. Je suis si fatigué. Puis je sens qu’on tire sur la manche de mon pull déchiré. Je grimace, c’est le bras qui s’est ramassé la balle. J’aide mollement, comme un enfant prêt à s’endormir. L’air froid sur ma peau me fait frissonner, mais je n’ai pas le courage de protester.
- Aïe !
L’odeur de l’alcool me fait comprendre ce qu’il m’arrive. Max désinfecte mes blessures. Entre la belle éraflure de balle sur mon bras, j’ai tout le côté droit éraflé, souvenir de mon atterrissage brutal dans cette dimension.
- Hey ? Ça va aller... Désolé.
- Ouais… Dis-je dans un souffle.
Je ne peux lui en vouloir alors qu’il m’aide. C’est là que je me dis qu’ici, il n’y a pas la technologie de la médecine de de mon époque. Ici on meure d’un rhume, on trépasse aussi souvent de septicémie. Je serre donc les dents sous les doigts de Max qui se fait portant le plus délicat possible. L’alcool me brule la peau m’arrachant des larmes.
- J’ai fait avec les moyens du bord... Mais tu es plus en danger, la... On va maintenir ça... Aide-moi à tout fixer…
C’est là que je m’aperçois que le tissu que j’aide à maintenir en place est un bout de son tee-shirt. Max œuvre torse nu, concentré à me soigner. Il semble être de cette vieille école qui enseigne la droiture et le dépassement de soi même pour le bien des autres. Je ne peux m’empêcher de l’admirer, car le suis bien plus égoïste. Néanmoins, je n’ai jamais connu la guerre non plus. Je ne pense pas être un lâche mais de là à jouer au héros. A mon époque, on se bouscule au portillon pour ce job. De toute manière, à quoi servirait un type qui sait juste déplacer de la matière et parler une dizaine de langue ? Ce n’est pas avec ces capacités que je vais sauver des vies… Je n’ai pas été foutu de sauver mon petit frère…
- Tiens, tu vas pouvoir te venger, me dit Max.
Je sors de ma rêverie et le regarde avant de comprendre ce qui veut. Quand je me redresse, mes abdos protestent. J’ai de grandes marques bleues qui me zèbrent le ventre. Les salopards n’y sont pas allés de main morte pour tenter de me convaincre. Si je leur avais cédé, je ne serais pas dans ce pétrin… ou alors dans un truc bien pire. Je prends la bouteille d’alcool et le bout de tee-shirt restant pour servir de tampon. Max me sourit mais il sait que ça va faire mal. Il sourit de plus belle quand il me voit prendre une gorgée d’alcool. C’est un rhum de douze ans d’âge. Dans mon gosier, l’alcool a un effet réchauffant et réveillant. Il élimine les dernières vapeurs de dégout qui me retournaient l’estomac.
- Euh… je suis linguiste moi, pas infirmier hein !
Je regarde Max, c’est l’entaille qu’il a sur la tête qui me semble la plus sévère. Mais il a les cheveux plein de terre et de poussière. Le sang s’est amalgamé, cela fait une énorme croute qui m’empêche d’atteindre la blessure elle-même. Il n’y a pas d’eau autour de nous, juste de l’alcool et du vin… Si j’attaque ainsi, il va vraiment souffrir. Je redonne la bouteille à Max.
- Prends en une gorgée, je pense que tu vas en avoir besoin. En plus il n’est pas mauvais ce rhum.
Avec précaution, j’essaye d’effriter l’agglomérât qui s’est formé sans tirer sur ses cheveux. C’est long et fastidieux. Les bras ainsi en l’air, je commence à fatiguer sérieusement. De plus, je suis vraiment vanné.
- Euh, je crois que je n’arrive pas à tenir la position coiffeur pour dame… dis-je un peu penaud. Le mieux c’est que tu t’allonges.
Je me mets en tailleur et l’invite à caler sa tête dans le croisement de mes jambes. Je peux ainsi poser mes coudes et suis plus à l’aise pour ôter les croutes presque cheveux par cheveux. De temps en temps, je prends la bouteille que Max tient posée sur son torse. J’humidifie un peu l’aggloméra qui lui empègue la tête, en bois une gorgée et lui rend la bouteille. J’agite ma main dans ses cheveux, loin de sa blessure, un nuage de poussière s’élève.
- Pouah ! On lui fait quoi au monsieur ? Dis-je en prenant la voix d’un coiffeur.
Max éclate de rire, le cul de la bouteille tinte sur ses plaques de matricule. Je me concentre de nouveau, et travaille avec minutie. Le pouce et l’index en pince, je prends mèche à mèche et enlève la terre et le sang coagulé. Jusque-là j’ai réussi à ne pas trop lui arroser sa blessure d’alcool. Il me faut bien vingt minutes pour dégager ce qui se révèle être une blessure superficielle. Mais comme toutes les blessures à la tête ça saigne toujours beaucoup. Ma patience était le prix de la non souffrance de Max. Et puis ce n’est pas comme si on m’attendait quelque part. Je me suis rapproché pour bien scruter la plaie. Alors que je vais pour lui demander de me passer l’alcool, je vois que Max m’observe. Je vois ses yeux à l’envers, mais les avoir fixés sur moi me trouble. Je suis assez près pour voir toutes leurs nuances de couleur. Ils sont verts avec des minuscules taches noisette vers la pupille.
- Ça va piquer, dis-je pour masquer mon trouble.
Alors que j’imbibe le reste de son tee-shirt avec le rhum, je le sens frissonner. Je me penche sur le côté et attrape sa veste de treillis pour la lui mettre sur le torse.
- Ça ne sert à rien que je désinfecte ta blessure, si tu t’enrhumes.
Doucement, je tamponne sa peau, rapidement le tissu s’imprègne de terre et de sang. Je plie et replie pour garder un morceau propre au contact de sa blessure. Quand je demande où sont les pansements, il m’explique qu’il a utilisé son stock sur moi. Je me sens gêné. Il ne reste plus rien de son tee-shirt. J’attrape donc ma chemise. Les manches sont sales, mais le dos est encore propre.
- Tu me passes ton couteau ? Demandé-je en désignant le poignard attaché à sa ceinture.
Je découpe plusieurs bandes. J’en roule une sur elle-même en guise de compresse, et la fait tenir en faisant un bandeau avec le reste. Je soulève doucement la tête de Max et noue tout cela.
- Je serre un peu pour que cela comprime la plaie. Faudra desserrer quand ça arrêtera de saigner.
Satisfait de mon travail, j’attrape la bouteille des mains de Max et bois une gorgée. Puis j’appuie ma tête contre le mur dans mon dos. Quelle histoire… Je repasse la bouteille à Max. Je suis torse nu, mais je ne frissonne pas, l’alcool fait son effet.
L’obscurité m’enveloppe, ma joue repose contre quelque chose de chaud. Une explosion me réveille. Je lève la tête, mes yeux croisent un cou autour duquel s’entoure une médaille d’immatriculation militaire. « Max ». La mémoire me revient. Bon sang, j’ai encore eu une absence. Je cahote au gré de l’avancée du soldat qui me porte. Je lui dirais bien de me poser, mais je n’ai même pas la force de m’agripper à lui pour lui soulager les bras. Ce type est vraiment une force de la nature, dans la pénombre je vois son visage qui n’est même pas crispé par l’effort.
Je sens de nouveau le sol sous mes fesses, Max vient de me poser au sol. J’appuie mon dos sur ce qui semble être un casier à bouteilles. Ça me casse le dos, mais je suis trop faible pour me coller dans une position plus confortable. Plus jamais je m’auto-déplace ! Les effets secondaires sont trop violents. Puis je me remémore le canon de l’arme qui me vise. Avais-je le choix ? Je suis vivant, j’aurais très bien pu finir coupé en deux comme Ethan… ou avec une balle en pleine tête. La lumière se fit grâce à une lampe à pétrole. Je rêve d’une salle de bain moderne avec sèche serviette, baignoire à bulle… Je me sens soulevé de nouveau, Max me pose sur une sorte de matelas. Ça ne vaut pas mon latex multizone, mais c’est plus confortable que le sol froid de cette cave.
- Merci, dis-je en balbutiant.
Je m’étale avec soulagement sur cette couche et ferme les yeux. Enfin immobile, je me sens un peu mieux. La terre semble arrêter de tanguer comme une traitresse. J’entends Max farfouiller mais je n’ouvre pas les yeux. Je suis si fatigué. Puis je sens qu’on tire sur la manche de mon pull déchiré. Je grimace, c’est le bras qui s’est ramassé la balle. J’aide mollement, comme un enfant prêt à s’endormir. L’air froid sur ma peau me fait frissonner, mais je n’ai pas le courage de protester.
- Aïe !
L’odeur de l’alcool me fait comprendre ce qu’il m’arrive. Max désinfecte mes blessures. Entre la belle éraflure de balle sur mon bras, j’ai tout le côté droit éraflé, souvenir de mon atterrissage brutal dans cette dimension.
- Hey ? Ça va aller... Désolé.
- Ouais… Dis-je dans un souffle.
Je ne peux lui en vouloir alors qu’il m’aide. C’est là que je me dis qu’ici, il n’y a pas la technologie de la médecine de de mon époque. Ici on meure d’un rhume, on trépasse aussi souvent de septicémie. Je serre donc les dents sous les doigts de Max qui se fait portant le plus délicat possible. L’alcool me brule la peau m’arrachant des larmes.
- J’ai fait avec les moyens du bord... Mais tu es plus en danger, la... On va maintenir ça... Aide-moi à tout fixer…
C’est là que je m’aperçois que le tissu que j’aide à maintenir en place est un bout de son tee-shirt. Max œuvre torse nu, concentré à me soigner. Il semble être de cette vieille école qui enseigne la droiture et le dépassement de soi même pour le bien des autres. Je ne peux m’empêcher de l’admirer, car le suis bien plus égoïste. Néanmoins, je n’ai jamais connu la guerre non plus. Je ne pense pas être un lâche mais de là à jouer au héros. A mon époque, on se bouscule au portillon pour ce job. De toute manière, à quoi servirait un type qui sait juste déplacer de la matière et parler une dizaine de langue ? Ce n’est pas avec ces capacités que je vais sauver des vies… Je n’ai pas été foutu de sauver mon petit frère…
- Tiens, tu vas pouvoir te venger, me dit Max.
Je sors de ma rêverie et le regarde avant de comprendre ce qui veut. Quand je me redresse, mes abdos protestent. J’ai de grandes marques bleues qui me zèbrent le ventre. Les salopards n’y sont pas allés de main morte pour tenter de me convaincre. Si je leur avais cédé, je ne serais pas dans ce pétrin… ou alors dans un truc bien pire. Je prends la bouteille d’alcool et le bout de tee-shirt restant pour servir de tampon. Max me sourit mais il sait que ça va faire mal. Il sourit de plus belle quand il me voit prendre une gorgée d’alcool. C’est un rhum de douze ans d’âge. Dans mon gosier, l’alcool a un effet réchauffant et réveillant. Il élimine les dernières vapeurs de dégout qui me retournaient l’estomac.
- Euh… je suis linguiste moi, pas infirmier hein !
Je regarde Max, c’est l’entaille qu’il a sur la tête qui me semble la plus sévère. Mais il a les cheveux plein de terre et de poussière. Le sang s’est amalgamé, cela fait une énorme croute qui m’empêche d’atteindre la blessure elle-même. Il n’y a pas d’eau autour de nous, juste de l’alcool et du vin… Si j’attaque ainsi, il va vraiment souffrir. Je redonne la bouteille à Max.
- Prends en une gorgée, je pense que tu vas en avoir besoin. En plus il n’est pas mauvais ce rhum.
Avec précaution, j’essaye d’effriter l’agglomérât qui s’est formé sans tirer sur ses cheveux. C’est long et fastidieux. Les bras ainsi en l’air, je commence à fatiguer sérieusement. De plus, je suis vraiment vanné.
- Euh, je crois que je n’arrive pas à tenir la position coiffeur pour dame… dis-je un peu penaud. Le mieux c’est que tu t’allonges.
Je me mets en tailleur et l’invite à caler sa tête dans le croisement de mes jambes. Je peux ainsi poser mes coudes et suis plus à l’aise pour ôter les croutes presque cheveux par cheveux. De temps en temps, je prends la bouteille que Max tient posée sur son torse. J’humidifie un peu l’aggloméra qui lui empègue la tête, en bois une gorgée et lui rend la bouteille. J’agite ma main dans ses cheveux, loin de sa blessure, un nuage de poussière s’élève.
- Pouah ! On lui fait quoi au monsieur ? Dis-je en prenant la voix d’un coiffeur.
Max éclate de rire, le cul de la bouteille tinte sur ses plaques de matricule. Je me concentre de nouveau, et travaille avec minutie. Le pouce et l’index en pince, je prends mèche à mèche et enlève la terre et le sang coagulé. Jusque-là j’ai réussi à ne pas trop lui arroser sa blessure d’alcool. Il me faut bien vingt minutes pour dégager ce qui se révèle être une blessure superficielle. Mais comme toutes les blessures à la tête ça saigne toujours beaucoup. Ma patience était le prix de la non souffrance de Max. Et puis ce n’est pas comme si on m’attendait quelque part. Je me suis rapproché pour bien scruter la plaie. Alors que je vais pour lui demander de me passer l’alcool, je vois que Max m’observe. Je vois ses yeux à l’envers, mais les avoir fixés sur moi me trouble. Je suis assez près pour voir toutes leurs nuances de couleur. Ils sont verts avec des minuscules taches noisette vers la pupille.
- Ça va piquer, dis-je pour masquer mon trouble.
Alors que j’imbibe le reste de son tee-shirt avec le rhum, je le sens frissonner. Je me penche sur le côté et attrape sa veste de treillis pour la lui mettre sur le torse.
- Ça ne sert à rien que je désinfecte ta blessure, si tu t’enrhumes.
Doucement, je tamponne sa peau, rapidement le tissu s’imprègne de terre et de sang. Je plie et replie pour garder un morceau propre au contact de sa blessure. Quand je demande où sont les pansements, il m’explique qu’il a utilisé son stock sur moi. Je me sens gêné. Il ne reste plus rien de son tee-shirt. J’attrape donc ma chemise. Les manches sont sales, mais le dos est encore propre.
- Tu me passes ton couteau ? Demandé-je en désignant le poignard attaché à sa ceinture.
Je découpe plusieurs bandes. J’en roule une sur elle-même en guise de compresse, et la fait tenir en faisant un bandeau avec le reste. Je soulève doucement la tête de Max et noue tout cela.
- Je serre un peu pour que cela comprime la plaie. Faudra desserrer quand ça arrêtera de saigner.
Satisfait de mon travail, j’attrape la bouteille des mains de Max et bois une gorgée. Puis j’appuie ma tête contre le mur dans mon dos. Quelle histoire… Je repasse la bouteille à Max. Je suis torse nu, mais je ne frissonne pas, l’alcool fait son effet.
Nathaniel Wade- Messages : 61
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Max Corey- Messages : 155
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Re: Les ennuis peuvent-ils être bénéfiques ? PV Nathaniel Wade & Max Corey
Ivresse des sens
Un calme relatif semble être revenu dehors. La tête renversée sur le mur, je regarde le plafond. Je sens Max qui bouge un peu et semble se coller plus confortablement entre mes jambes croisées. Mon regard se baisse à nouveau, sa veste de treillis cache son ventre et une partie de son torse. Mais j’ai largement eu le temps de l’observer, un peu à la dérobée. Ses abdos sont divinement sculptés et un V invite à explorer un endroit totalement tabou en cette année de l’an de grâce 1941. Ce jeune lieutenant, doit avoir femme et enfants qui l’attendent quelque part à l’abri, dans une campagne reculée. Hors de portée de l’aviation allemande.
Je n’ai pas retiré ma main de ses cheveux alors que j’ai terminé mon pansement de fortune. Du pouce, je caresse doucement ses cheveux coupés courts. La sensation est agréable. J’y plongerai bien tous mes doigts, mais ce contact est prohibé. Je suis certain que ce beau lieutenant deviendrait beaucoup moins amical si par aventure, je me risquais à une caresse certes chaste, mais que la morale réserve au sexe opposé.
Sur ce plan, je sais que j’étais indéterminé jusqu’à mes vingt-quatre ans environ. Mais ma rencontre avec un foutu beau gosse du Minnesota, m’avait conforté dans mes préférences. Ce fut mon premier chagrin d’amour aussi… Je soupire en repensant à ce gars. Avec le recul, je me demande bien ce que je lui avais trouvé. Il était beau, et avait un fessier à durcir un moine. Mais il était une invitation à la luxure et malheureusement pour moi, je n’étais pas le seul intéressé. Et le mignon pas vraiment farouche... Oui, ma fierté de « mâle » en avait pris un coup. Je m’étais imaginé être son pilier, son mec. Mais je n’étais « qu’un mec » parmi d’autres. L’amour rend idiot et con. J’avoue avoir par la suite, joué au briseur de cœur, misérable compensation d’un égo égratigné. Maintenant, je m’en tenais à des relations épisodiques. J’avais même renoué avec les femmes, les hommes sont parfois si décevants…
Je reprends ma contemplation du plafond et de ses habitants, les araignées. Que vais-je devenir ? Je me concentre sur une pierre minuscule au sol… Rien. Je n’arrive pas à visualiser les espaces temps. Mon don s’est-il éteint ? Est-il simplement en sommeil ? Pour l’instant, ma vie se résume à cette cave et ce beau lieutenant qui… passe ses doigts sur mes abdos ! Mais sait-il quel genre de feu il est en train d’allumer en moi ? Son air soucieux et sa main qui explore méthodiquement chacune de mes côtes me font désespérer. Je prends mes désirs pour une réalité. Consciencieux, il s’assure que je n’ai rien de cassé… Dépité, je bois une nouvelle gorgée de rhum, et regarde la bouteille. Ce n’est peut-être pas raisonnable. Je deviens entreprenant quand j’ai un coup dans le nez. Je tends la bouteille, qui est déjà à moitié vide, à Max. Nos mains se croisent, mais il rate sa prise sur le goulot, il semble lui aussi éprouvé. L’alcool se renverse et nous sommes deux à gueuler notre douleur. J’ai juste le temps de stabiliser la bouteille que Max s’affale contre moi. Son corps se fait lourd, il s’est endormi quasiment instantanément. Il en est que plus adorable ainsi, vulnérable dans mes bras.
Je pose la bouteille à l’abri de toute chute et vais pour installer Max confortablement sur la paillasse. Je me rappelle les efforts qu’il a dû faire pour me mettre à l’abri. C’est à mon tour de prendre soin de lui. Son bras s’est accroché à ma taille. Sa peau chaude contre la mienne, son souffle dans mon cou, c’est au-dessus de ma volonté que de le poser sur le côté, loin de tout contact. Je m’allonge donc sur le dos, l’emportant contre moi. Je place sa veste sur son dos et cale mon pull sous ma nuque. Puis je glisse mes bras entre son dos et sa veste pour le serrer doucement. Sa respiration me chatouille le torse, mes lèvres posées sur sa tempe, je ne bouge plus. Je résiste à l’envie de le serrer plus fort et d’embrasser sa peau et ses cheveux toujours plein de poussière. Je me sens pathétique à grappiller et voler un sentiment de plénitude. Mais je finis par m’assoupir aussi, la fatigue se rappelle à moi comme une vague.
« - Tu vas nous aider, de gré ou de force Nate ! »
Je me recroqueville sous les coups, enfin c’est ce que mon corps essaye de faire. Je suis incapable de me substituer aux poings qui me frappent. Je suis ligoté sur cette chaise en fer...
...Trois fois que je recommence ce donjon ! T’ain ce boss est ingérable.
« - Nate, j’en suis capable tu sais ! »
« - Fous moi la paix Ethan, je suis occupé là ! »
Je change d’armure et d’armes. Je prends les potions de désenvoutement. Si je suis assez rapide…
« - Nate ! »
Oui, et je vais empoisonner ma hache d’arme et coller une vulnérabilité au feu…
« - Nate ! Je tombe ! Nate ! »
Tout ce sang… Comment peut-il y en avoir autant ? Et ce cri atroce...
Des cris, je me réveille. J’étais en plein cauchemar. Le retour à la réalité est brutal. Max est en train de crier et il se débat dans son sommeil. Je serre les dents quand il heurte mon bras blessé.
- Max ! Réveilles-toi !
Ses yeux bougent sous ses paumières closes. Je ne sais pas ce qu’il est en train de vivre, mais cela semble assez violent. Je le lâche et sa main va heurter le mur. Il va se blesser ! J’attrape son poignet pour ramener son bras, mais il lutte. J’ai du mal, je crois qu’il est bien plus fort que moi. Je n’arriverai jamais à le contraindre, puis tous mes muscles protestent de l’effort. Max crie encore puis prononce une phrase incompréhensible. Déformation professionnelle oblige, je trouve tout de suite la séquence, le découpage, surtout qu’il la répète de nouveau. Cela ne ressemble à aucune structure que je connais. Et mis à part les dialectes tribales, je peux m’arguer de connaitre toutes les structures des langues existantes. Une langue n’est souvent que la déclinaison d’une autre, ou d’un mélange. Sans forcément la comprendre, j’en reconnais au moins l’origine. La séquence que Max a prononcée très clairement, a une sonorité étrange. Il se débat encore dans son cauchemar, alors je lui parle doucement. Je lui dis des mots apaisants, changeant de langue, choisissant celles dons les harmoniques se prêtent au calme et à l’apaisement. Je le serre contre moi de toute mes forces. J’embrasse son front trempé de sueur et continue de le bercer avec mes mots et mes bras.
- Max, je suis là, c’est Nate. Réveilles toi. C’est juste un mauvais rêve.
Enfin il se calme, D’une main je lui caresse doucement les cheveux, de l’autre je calme les frissons qui parcourent son dos. Je continue de lui embrasser le front et la tempe tout en murmurant son prénom. Max est entièrement couché sur moi, il pèse son poids, mais je ne bouge pas et continue de le rassurer. Je veux protéger l’homme qui m’a certainement sauvé la vie quelques heures auparavant. Je sens que mon jugement est un peu altéré par l’alcool que j’ai bu. Ses lèvres sont si proches… Dieu m’est témoin de l’effort que je fais pour ne pas succomber à cette tentation qui s’offre à moi. Je me raisonne. Je dois honorer sa confiance et sa grandeur d’âme. Notre position est déjà assez équivoque.
- Max ?
Je n’ai pas retiré ma main de ses cheveux alors que j’ai terminé mon pansement de fortune. Du pouce, je caresse doucement ses cheveux coupés courts. La sensation est agréable. J’y plongerai bien tous mes doigts, mais ce contact est prohibé. Je suis certain que ce beau lieutenant deviendrait beaucoup moins amical si par aventure, je me risquais à une caresse certes chaste, mais que la morale réserve au sexe opposé.
Sur ce plan, je sais que j’étais indéterminé jusqu’à mes vingt-quatre ans environ. Mais ma rencontre avec un foutu beau gosse du Minnesota, m’avait conforté dans mes préférences. Ce fut mon premier chagrin d’amour aussi… Je soupire en repensant à ce gars. Avec le recul, je me demande bien ce que je lui avais trouvé. Il était beau, et avait un fessier à durcir un moine. Mais il était une invitation à la luxure et malheureusement pour moi, je n’étais pas le seul intéressé. Et le mignon pas vraiment farouche... Oui, ma fierté de « mâle » en avait pris un coup. Je m’étais imaginé être son pilier, son mec. Mais je n’étais « qu’un mec » parmi d’autres. L’amour rend idiot et con. J’avoue avoir par la suite, joué au briseur de cœur, misérable compensation d’un égo égratigné. Maintenant, je m’en tenais à des relations épisodiques. J’avais même renoué avec les femmes, les hommes sont parfois si décevants…
Je reprends ma contemplation du plafond et de ses habitants, les araignées. Que vais-je devenir ? Je me concentre sur une pierre minuscule au sol… Rien. Je n’arrive pas à visualiser les espaces temps. Mon don s’est-il éteint ? Est-il simplement en sommeil ? Pour l’instant, ma vie se résume à cette cave et ce beau lieutenant qui… passe ses doigts sur mes abdos ! Mais sait-il quel genre de feu il est en train d’allumer en moi ? Son air soucieux et sa main qui explore méthodiquement chacune de mes côtes me font désespérer. Je prends mes désirs pour une réalité. Consciencieux, il s’assure que je n’ai rien de cassé… Dépité, je bois une nouvelle gorgée de rhum, et regarde la bouteille. Ce n’est peut-être pas raisonnable. Je deviens entreprenant quand j’ai un coup dans le nez. Je tends la bouteille, qui est déjà à moitié vide, à Max. Nos mains se croisent, mais il rate sa prise sur le goulot, il semble lui aussi éprouvé. L’alcool se renverse et nous sommes deux à gueuler notre douleur. J’ai juste le temps de stabiliser la bouteille que Max s’affale contre moi. Son corps se fait lourd, il s’est endormi quasiment instantanément. Il en est que plus adorable ainsi, vulnérable dans mes bras.
Je pose la bouteille à l’abri de toute chute et vais pour installer Max confortablement sur la paillasse. Je me rappelle les efforts qu’il a dû faire pour me mettre à l’abri. C’est à mon tour de prendre soin de lui. Son bras s’est accroché à ma taille. Sa peau chaude contre la mienne, son souffle dans mon cou, c’est au-dessus de ma volonté que de le poser sur le côté, loin de tout contact. Je m’allonge donc sur le dos, l’emportant contre moi. Je place sa veste sur son dos et cale mon pull sous ma nuque. Puis je glisse mes bras entre son dos et sa veste pour le serrer doucement. Sa respiration me chatouille le torse, mes lèvres posées sur sa tempe, je ne bouge plus. Je résiste à l’envie de le serrer plus fort et d’embrasser sa peau et ses cheveux toujours plein de poussière. Je me sens pathétique à grappiller et voler un sentiment de plénitude. Mais je finis par m’assoupir aussi, la fatigue se rappelle à moi comme une vague.
« - Tu vas nous aider, de gré ou de force Nate ! »
Je me recroqueville sous les coups, enfin c’est ce que mon corps essaye de faire. Je suis incapable de me substituer aux poings qui me frappent. Je suis ligoté sur cette chaise en fer...
...Trois fois que je recommence ce donjon ! T’ain ce boss est ingérable.
« - Nate, j’en suis capable tu sais ! »
« - Fous moi la paix Ethan, je suis occupé là ! »
Je change d’armure et d’armes. Je prends les potions de désenvoutement. Si je suis assez rapide…
« - Nate ! »
Oui, et je vais empoisonner ma hache d’arme et coller une vulnérabilité au feu…
« - Nate ! Je tombe ! Nate ! »
Tout ce sang… Comment peut-il y en avoir autant ? Et ce cri atroce...
Des cris, je me réveille. J’étais en plein cauchemar. Le retour à la réalité est brutal. Max est en train de crier et il se débat dans son sommeil. Je serre les dents quand il heurte mon bras blessé.
- Max ! Réveilles-toi !
Ses yeux bougent sous ses paumières closes. Je ne sais pas ce qu’il est en train de vivre, mais cela semble assez violent. Je le lâche et sa main va heurter le mur. Il va se blesser ! J’attrape son poignet pour ramener son bras, mais il lutte. J’ai du mal, je crois qu’il est bien plus fort que moi. Je n’arriverai jamais à le contraindre, puis tous mes muscles protestent de l’effort. Max crie encore puis prononce une phrase incompréhensible. Déformation professionnelle oblige, je trouve tout de suite la séquence, le découpage, surtout qu’il la répète de nouveau. Cela ne ressemble à aucune structure que je connais. Et mis à part les dialectes tribales, je peux m’arguer de connaitre toutes les structures des langues existantes. Une langue n’est souvent que la déclinaison d’une autre, ou d’un mélange. Sans forcément la comprendre, j’en reconnais au moins l’origine. La séquence que Max a prononcée très clairement, a une sonorité étrange. Il se débat encore dans son cauchemar, alors je lui parle doucement. Je lui dis des mots apaisants, changeant de langue, choisissant celles dons les harmoniques se prêtent au calme et à l’apaisement. Je le serre contre moi de toute mes forces. J’embrasse son front trempé de sueur et continue de le bercer avec mes mots et mes bras.
- Max, je suis là, c’est Nate. Réveilles toi. C’est juste un mauvais rêve.
Enfin il se calme, D’une main je lui caresse doucement les cheveux, de l’autre je calme les frissons qui parcourent son dos. Je continue de lui embrasser le front et la tempe tout en murmurant son prénom. Max est entièrement couché sur moi, il pèse son poids, mais je ne bouge pas et continue de le rassurer. Je veux protéger l’homme qui m’a certainement sauvé la vie quelques heures auparavant. Je sens que mon jugement est un peu altéré par l’alcool que j’ai bu. Ses lèvres sont si proches… Dieu m’est témoin de l’effort que je fais pour ne pas succomber à cette tentation qui s’offre à moi. Je me raisonne. Je dois honorer sa confiance et sa grandeur d’âme. Notre position est déjà assez équivoque.
- Max ?
Nathaniel Wade- Messages : 61
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Max Corey- Messages : 155
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Re: Les ennuis peuvent-ils être bénéfiques ? PV Nathaniel Wade & Max Corey
Interlude
Je tiens dans mes bras un gars qui me fait bien plus d’effet que je ne souhaite l’admettre. Et d’ailleurs le contact de nos peaux commence à sérieusement chauffer. Je pourrai me laisser aller à toutes les déraisons, si je n’étais pas perdu dans le passé avec un espoir de retour qui s’amenuisait à mesure que mon don tardait à revenir. Le pire c’est que j’étais réapparu en pleine guerre. Il y a franchement d’autres époques plus… moins mouvementées pour ce genre de « balade ».
- Je suis mort ? Murmure Max. Je vais revoir les miens, même si je ne sais plus qui ils sont ? Quel ange es-tu ? Ai-je été suffisamment méritant pour que tu me gardes encore un peu dans tes bras ?
Max me regarde dans les yeux, confiant. Il me semble si vulnérable, je me mords les lèvres, me raisonne et me flagelle mentalement. Mais être comparé à un ange, n’est pas pour me déplaire. Est-ce ainsi qu’il me voit quand sa raison ne gouverne pas son esprit ? Je m’accroche à cette idée que je ne lui déplais pas. Il me confirme qu’il a bien une famille comme l’indique l’anneau qu’il porte. Mais il semble souffrir d’une amnésie partielle. Je n’ai pas le droit de le détourner des siens. Puis, même, rien ne me rattache à cette période de l’histoire. Je suis un paradoxe, une erreur. Je n’ai pas le droit de mêler ma vie à quelqu’un d’ici. Je pourrais contrarier le futur. Avec un soupire, je me résous à briser cet instant magique.
- Je ne suis pas un ange, C’est Nate. Tu m’as mis à l’abri, tu te rappelles ?
- Pardon, je délirai… désolé… me répond Max parfaitement revenu à lui.
Après un moment de confusion il se dégage doucement. Il me remercie d’un sourire pour l’avoir veillé dans son sommeil. En se relevant, il attrape sa veste qu’il enfile à même la peau.
- Je vais jeter un œil à l’étage, voir si la voie est dégagée, je reviens vite.
J’acquiesce de la tête et me rallongeais. Je me suis bien assoupi, mais le sommeil a été bien trop bref et je me sent toujours si faible. Le contre coup pour avoir remonté le temps involontairement… Je me dis que je ne sais même pas comment j’ai fait ça et me pose la question si j’étais capable de faire le chemin inverse et retourner à mon époque ? La réponse m’angoisse. Un frisson me parcourt le corps. J’enfile ma chemise dont le dos est lacéré pour faire un pansement à Max, je vais pour remettre mon pull quand Max réapparait. Étrangement, j’ai peur d’aller ailleurs. Sortir signifie affronter ce monde. Je vois déjà Max me confier aux soins de la croix rouge et moi rejoindre une cohorte de sans abri. On allait me perdre dans une foule anonyme. Je serre mon pull, la douceur du cachemire est d’un piètre réconfort.
- Je vais te porter encore un peu, juste à l’étage, il y a un poêle, on va pouvoir se réchauffer… On mangera un peu après avoir dormis deux ou trois heures, et on se mettra à la recherche de nos demeures. Tu as encore un endroit où habiter ?
Je déglutis péniblement et ne peux lui répondre que par un hochement de tête. L’échéance de ce moment intemporel avec lui s’achève. Les questions embarrassantes commencent à poindre. Mon appartement de fonction sur Londres existe car l’immeuble date de l’avant-guerre… mais je n’en suis pas le locataire actuel… Je lui fais un vague signe que non, repoussant à plus tard les explications. D’ailleurs, il faut que je songe quoi dire. Jouer l’amnésique ? Je ne suis pas certain de tromper des médecins compétents.
- Et il faut que je prenne contact avec mes hommes d’ici demain sinon je serai considéré comme déserteur. Mais je crois qu’on mérite un peu de repos.
Max… Ce type est un idéal de droiture. Il semble avoir un sens aigu du devoir. Il ne dépareillerait pas à mon époque en 2014 où plein de héros se battent pour le bien de tous. Je ne suis pas un lâche ou un sans cœur, mais comme la majorité je me fonds dans la masse. Comme les autres je me laisse aller à de menus larcins, comme télécharger des films ou « déplacer » le dernier jeu vidéo que je convoite car je le trouve hors de prix. A moi seul, je n’ai jamais mis quelqu’un dans le pétrin, mais je suis comme la goutte d’eau d’un lac qui se déverse dans une vallée quand un barrage se rompt. Mon action est infime, mais additionnée... Je ne suis que banalité face à ce lieutenant. Je me laisse faire quand il me prend dans ses bras avec attention, presque comme si j’étais fragile. Est-ce l’image que je lui renvoie ? Quelqu’un de faible ? J’en éprouve immédiatement une grande honte. Je ne suis peut-être pas un héros, mais je ne me considère pas comme quelqu’un de faible. J’ai un bon mental, une bonne forme physique que j’entretiens en faisant du sport et d’un point de vue social, être polyglotte permet des rencontres surprenantes et enrichissantes.
Un poêle à bois chauffe et commence à faire fuir le froid de la pièce. Max m’a reposé sur mes pieds, je tangue un peu avant de me stabiliser. Mon cerveau aurait-il subi un endommagement ? Je trouve que je mets du temps à me remettre. C’est vrai que les dernières heures ont été particulièrement éprouvantes physiquement et moralement.
« En vie Nate, tu es en vie ! »
- Jouons aux français, pour quelques heures… me dit Max en ramenant du pain, du fromage et du vin.
Je lui souris, manger n’étais pas de refus. La suite de sa phrase me laissa de marbre, du moins en apparence…
- Ils sont célèbres pour le pain, le fromage, le vin et leurs baisers. On n’a personne à embrasser, mais pour le reste, on a tout ce qu’il nous faut pas vrai ?
La scène se joue sur deux plans. Il ne peut deviner la portée de ses propos. Sans le savoir il fait l’adorable boulet. Je réponds à son clin d’œil. Oui, définitivement un charmant boulet. Il m’invite à m’asseoir près de lui, je me laisse donc glisser le long du mur et pris le fromage et le pain qu’il me tendit en le remerciant.
- Ça va aller, d’accord ? Dit Max. On est sorti d’affaire. Il faut juste qu’on soit au chaud tous les deux et qu’on se repose. Après on sera plus seuls.
Max se veut rassurant, mais il n’a aucune idée de la panique qui commence à monter en moi. Pas seul, va signifier des questions… Je n’ai toujours pas décidé de ma ligne de conduite. Soit je dis la vérité au risque de passer pour un fou ou un falsificateur, soit je mens et je pouvais me faire confondre. Cela tourne en rond dans ma cervelle. Chaque option me mène en taule ou pire devant un peloton d’exécution. La présence de Max n’est qu’une sécurité éphémère et illusoire. J’avais laissé échapper que je suis linguiste, tout le profil du parfait espion. Mon avenir, ma survie sont incertains.
J’écarquille les yeux en apercevant Max en tenue plus que légère. Y a pas à dire, les sous-vêtements de l’époque, ça vous gâche un beau gosse. Mais à quoi joue-t-il… Je comprends en voyant ses vêtements étendus vers le poêle. Il m’encourage à faire de même. C’est vrai que mon pantalon est encore humide de l’alcool renversé. Je me relève donc et commence par poser mon pull et ma chemise. Du bout des pieds, j’ôte mes chaussures puis mon pantalon rejoint le dossier d’une chaise. Je retourne rapidement m’asseoir, histoire qu’il ne se pose pas trop de question sur mon boxer. Max agit en bon soldat en plein exercice de survie. Il nous enveloppe d’une bonne couche de couverture et se colle à moi dans une promiscuité fraternelle. Si la chaleur grimpe rapidement sous la couverture, ce n’est pas uniquement dû à sa présence et au poêle qui chauffe…
J’entends la respiration de Max se faire de plus en plus régulière, par mimétisme je me laisse aussi aller. Quand je suis certain qu’il dort, je me colle un peu plus près. Je suis épuisé mais le sommeil me fuit. J’appréhende trop la suite, ce qui va m’arriver. Max bouge et se tourne en emportant un peu la couverture. J’ai le derrière à l’air. Je peux tirer le plaid, puis me dis que c’est peut-être mes derniers instants de bien être avant des lustres. J’accompagne donc son mouvement et viens me coller contre son dos. Je me risque à passer un bras par-dessus lui et je referme ma main sur son poignet qui repose sur la couche improvisée. Tempi de ce qu’il pensera en se réveillant, mais en l’entourant ainsi, je me rassure moi-même. Max faisait office d’ours en peluche géant. Un ours particulièrement sexy. Je finis par m’endormir, le front collé contre sa nuque, sur des pensées un peu érotiques.
- Je suis mort ? Murmure Max. Je vais revoir les miens, même si je ne sais plus qui ils sont ? Quel ange es-tu ? Ai-je été suffisamment méritant pour que tu me gardes encore un peu dans tes bras ?
Max me regarde dans les yeux, confiant. Il me semble si vulnérable, je me mords les lèvres, me raisonne et me flagelle mentalement. Mais être comparé à un ange, n’est pas pour me déplaire. Est-ce ainsi qu’il me voit quand sa raison ne gouverne pas son esprit ? Je m’accroche à cette idée que je ne lui déplais pas. Il me confirme qu’il a bien une famille comme l’indique l’anneau qu’il porte. Mais il semble souffrir d’une amnésie partielle. Je n’ai pas le droit de le détourner des siens. Puis, même, rien ne me rattache à cette période de l’histoire. Je suis un paradoxe, une erreur. Je n’ai pas le droit de mêler ma vie à quelqu’un d’ici. Je pourrais contrarier le futur. Avec un soupire, je me résous à briser cet instant magique.
- Je ne suis pas un ange, C’est Nate. Tu m’as mis à l’abri, tu te rappelles ?
- Pardon, je délirai… désolé… me répond Max parfaitement revenu à lui.
Après un moment de confusion il se dégage doucement. Il me remercie d’un sourire pour l’avoir veillé dans son sommeil. En se relevant, il attrape sa veste qu’il enfile à même la peau.
- Je vais jeter un œil à l’étage, voir si la voie est dégagée, je reviens vite.
J’acquiesce de la tête et me rallongeais. Je me suis bien assoupi, mais le sommeil a été bien trop bref et je me sent toujours si faible. Le contre coup pour avoir remonté le temps involontairement… Je me dis que je ne sais même pas comment j’ai fait ça et me pose la question si j’étais capable de faire le chemin inverse et retourner à mon époque ? La réponse m’angoisse. Un frisson me parcourt le corps. J’enfile ma chemise dont le dos est lacéré pour faire un pansement à Max, je vais pour remettre mon pull quand Max réapparait. Étrangement, j’ai peur d’aller ailleurs. Sortir signifie affronter ce monde. Je vois déjà Max me confier aux soins de la croix rouge et moi rejoindre une cohorte de sans abri. On allait me perdre dans une foule anonyme. Je serre mon pull, la douceur du cachemire est d’un piètre réconfort.
- Je vais te porter encore un peu, juste à l’étage, il y a un poêle, on va pouvoir se réchauffer… On mangera un peu après avoir dormis deux ou trois heures, et on se mettra à la recherche de nos demeures. Tu as encore un endroit où habiter ?
Je déglutis péniblement et ne peux lui répondre que par un hochement de tête. L’échéance de ce moment intemporel avec lui s’achève. Les questions embarrassantes commencent à poindre. Mon appartement de fonction sur Londres existe car l’immeuble date de l’avant-guerre… mais je n’en suis pas le locataire actuel… Je lui fais un vague signe que non, repoussant à plus tard les explications. D’ailleurs, il faut que je songe quoi dire. Jouer l’amnésique ? Je ne suis pas certain de tromper des médecins compétents.
- Et il faut que je prenne contact avec mes hommes d’ici demain sinon je serai considéré comme déserteur. Mais je crois qu’on mérite un peu de repos.
Max… Ce type est un idéal de droiture. Il semble avoir un sens aigu du devoir. Il ne dépareillerait pas à mon époque en 2014 où plein de héros se battent pour le bien de tous. Je ne suis pas un lâche ou un sans cœur, mais comme la majorité je me fonds dans la masse. Comme les autres je me laisse aller à de menus larcins, comme télécharger des films ou « déplacer » le dernier jeu vidéo que je convoite car je le trouve hors de prix. A moi seul, je n’ai jamais mis quelqu’un dans le pétrin, mais je suis comme la goutte d’eau d’un lac qui se déverse dans une vallée quand un barrage se rompt. Mon action est infime, mais additionnée... Je ne suis que banalité face à ce lieutenant. Je me laisse faire quand il me prend dans ses bras avec attention, presque comme si j’étais fragile. Est-ce l’image que je lui renvoie ? Quelqu’un de faible ? J’en éprouve immédiatement une grande honte. Je ne suis peut-être pas un héros, mais je ne me considère pas comme quelqu’un de faible. J’ai un bon mental, une bonne forme physique que j’entretiens en faisant du sport et d’un point de vue social, être polyglotte permet des rencontres surprenantes et enrichissantes.
Un poêle à bois chauffe et commence à faire fuir le froid de la pièce. Max m’a reposé sur mes pieds, je tangue un peu avant de me stabiliser. Mon cerveau aurait-il subi un endommagement ? Je trouve que je mets du temps à me remettre. C’est vrai que les dernières heures ont été particulièrement éprouvantes physiquement et moralement.
« En vie Nate, tu es en vie ! »
- Jouons aux français, pour quelques heures… me dit Max en ramenant du pain, du fromage et du vin.
Je lui souris, manger n’étais pas de refus. La suite de sa phrase me laissa de marbre, du moins en apparence…
- Ils sont célèbres pour le pain, le fromage, le vin et leurs baisers. On n’a personne à embrasser, mais pour le reste, on a tout ce qu’il nous faut pas vrai ?
La scène se joue sur deux plans. Il ne peut deviner la portée de ses propos. Sans le savoir il fait l’adorable boulet. Je réponds à son clin d’œil. Oui, définitivement un charmant boulet. Il m’invite à m’asseoir près de lui, je me laisse donc glisser le long du mur et pris le fromage et le pain qu’il me tendit en le remerciant.
- Ça va aller, d’accord ? Dit Max. On est sorti d’affaire. Il faut juste qu’on soit au chaud tous les deux et qu’on se repose. Après on sera plus seuls.
Max se veut rassurant, mais il n’a aucune idée de la panique qui commence à monter en moi. Pas seul, va signifier des questions… Je n’ai toujours pas décidé de ma ligne de conduite. Soit je dis la vérité au risque de passer pour un fou ou un falsificateur, soit je mens et je pouvais me faire confondre. Cela tourne en rond dans ma cervelle. Chaque option me mène en taule ou pire devant un peloton d’exécution. La présence de Max n’est qu’une sécurité éphémère et illusoire. J’avais laissé échapper que je suis linguiste, tout le profil du parfait espion. Mon avenir, ma survie sont incertains.
J’écarquille les yeux en apercevant Max en tenue plus que légère. Y a pas à dire, les sous-vêtements de l’époque, ça vous gâche un beau gosse. Mais à quoi joue-t-il… Je comprends en voyant ses vêtements étendus vers le poêle. Il m’encourage à faire de même. C’est vrai que mon pantalon est encore humide de l’alcool renversé. Je me relève donc et commence par poser mon pull et ma chemise. Du bout des pieds, j’ôte mes chaussures puis mon pantalon rejoint le dossier d’une chaise. Je retourne rapidement m’asseoir, histoire qu’il ne se pose pas trop de question sur mon boxer. Max agit en bon soldat en plein exercice de survie. Il nous enveloppe d’une bonne couche de couverture et se colle à moi dans une promiscuité fraternelle. Si la chaleur grimpe rapidement sous la couverture, ce n’est pas uniquement dû à sa présence et au poêle qui chauffe…
J’entends la respiration de Max se faire de plus en plus régulière, par mimétisme je me laisse aussi aller. Quand je suis certain qu’il dort, je me colle un peu plus près. Je suis épuisé mais le sommeil me fuit. J’appréhende trop la suite, ce qui va m’arriver. Max bouge et se tourne en emportant un peu la couverture. J’ai le derrière à l’air. Je peux tirer le plaid, puis me dis que c’est peut-être mes derniers instants de bien être avant des lustres. J’accompagne donc son mouvement et viens me coller contre son dos. Je me risque à passer un bras par-dessus lui et je referme ma main sur son poignet qui repose sur la couche improvisée. Tempi de ce qu’il pensera en se réveillant, mais en l’entourant ainsi, je me rassure moi-même. Max faisait office d’ours en peluche géant. Un ours particulièrement sexy. Je finis par m’endormir, le front collé contre sa nuque, sur des pensées un peu érotiques.
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