Full metal jacket (Deadpool)

« Débarquant sur les terres ennemis, il tire de son fusil mitrailleur vers l’adversité. Le sable sous ses pieds, craque à chaque foulée. IL est déterminé, il incarne la violence et la mort de ceux qui se trouvent sur son chemin. Dans ses gestes ? Une maîtrise à toute épreuve, une force sans pareille, une agilité débordante sur des sauts plus haut que nature. Il est maître chez le démon. Il est redouté des plus grands, des plus terrifiants et malgré le nombre se dressant devant lui, malgré la difficulté même de la tâche : il ne rompt pas, ne succombant à aucun piège, balançant grenades et mines vers des pères de familles impies. Le visage de ses adversaires éclate en charpies, giclant par delà même son champ de vision. Il est recouvert des entrailles de ceux qu’il combat, sous un soleil de plomb dans ce lieu désertique marqué d’ocres et tacheté de sang. Ses bras, musclés, supporte la lourde charge et le recul incessant de son défouraillement militaire. Il tire, tire et tire sans cesse face au hordes, avançant sans répit. Il est un monstre sur cette planète, un monstre hors de contrôle. Les treillis vert militaires en viennent au mains, au char d’assaut, au mortiers mais rien n’y fait, il avance toujours. Des hélicoptères de combat tombent même sous sa charge divine. Il ne peut être stoppé, il est le diable en personne et sa victoire est incontestable. Il raye le champ de bataille de la carte tel un Huns en conquête. Il ne gagne pas la bataille, il gagne la guerre. Seul contre tous. Le voilà dans un véhicule ennemi, tirant des obus explosifs sur des bunkers, roulant sur de pauvres hommes battant la retraite. Impitoyable, il utilise un fusil à pompe pour se débarrasser des assaillants sur son véhicule, déchiquetant leurs corps en plusieurs morceaux venant asperger leurs compères dans un enfer carmin. Le bruit est assourdissant, la guerre est effervescente, s’accentuant à chaque pas qu’il fait vers son but, passant poste frontière, armée et forces spéciales. Combien de temps continue-t-il son génocide ? Difficile à dire, mais sa lancée ne pourra s’arrêter qu’une fois l’adversité réduite à néant.

Mais soudain, une balle perdue, un faux pas, un coup du destin. Et voilà le guerrier à terre, fragile et suffoquant. Son sang comme sa vie fille à travers ses propres mains alors que de ses genoux il tombe à plat ventre sur le sable chaud et humide d’une bataille perdue. De demi-dieu il redevient poussière, les paupières lourdes braqués sur celui qui est parvenu à l’atteindre. Coup de chance ? Étourderie ? Nul ne saura ce qui s’est réellement passé car tout est allé vite, beaucoup trop vite. Le monde commence à disparaître derrière le voile des ténèbre attendant notre héros au bout du chemin. Si il pensait voir la lumière avant de partir, le voilà désabusé, périssant dans l’anonymat d’un chevalier abandonné sur un champ de bataille qu’il était le seul à fouler. La douleur comme le souffle de son corps disparaît alors qu’il part pour un autre monde. Le monde est maintenant complètement sombre, ne laissant de visible que son corps inanimé.

Game over, c’est ce qu’indique l’écran de la borne d’arcade Metal Slug de ce bar de Jersey City. Jubilee y avait retrouvé une vieille connaissance. Sirotant son cocktail, elle était assise en tailleur tout en se balançant sur une chaise haute avec un équilibre inhumain. Elle pouffa en contemplant l’écran d’échec sur le troisième niveau de ce beat'em all de son partenaire du soir.

« Ahah, t’es rouillé un peu non ? Faut utiliser le bouton de saut tonton, sinon tu t’en sortiras jamais ! C’est marrant parce que je suis sûre que tu t’en sortirais mieux en vrai que sur borne arcade… T’as vraiment le même niveau de quinquagénaire que Logan… C’est ton masque qui t’empêche de voir ? Tu peux l’enlever tu sais… Les mecs sont tellement moches ici tu te fondra dans la masse crois moi ! »

Continuant de charier cette étrange personne qu’elle appelait avec familiarité “tonton” Jubilee leva le bras vers un serveur pour qu’on lui apporte une deuxième boisson qu’elle avait fini sans en sentir les effets de l’alcool.

« Tu sais quoi… Avoir de la régénération c’est vraiment de la merde tu trouves pas ? On peut même pas se bourrer la gueule tranquille. Nan mais c’est vrai... Si tu comptais me saouler ou me droguer au GHB pour me tripoter comme à ton habitude sans que je t’en retourne une… T’es mal barré ! Ça te déprime pas toi ? De ne pas pouvoir te mettre une bonne cuite comme avant ? »