Nandy Marshall, reine du Mojoworld

Elle était l’enfant sage, elle rêvait de nature, de biologie, d’endroits merveilleux où le ciel se mélange avec le vert des arbres, avec le bleu de l’eau. Elle respirait cette nature qui l’entourait, pas le côté sauvage, elle était le côté paisible. Ce côté qui voit la nature de la façon la plus pure, ce côté qui fait que les couleurs s’accordent, qu’elles sont douces aux yeux, qu’elles apaisent. Celui dans lequel on se sent bien. L’adolescence l’a dévoré, comme à bien d’autres. L’ambition et la détermination lui ont été influé, être la première de la classe ne suffisait plus et n’a jamais réellement suffi, il lui en fallait toujours plus. Elle apprenait ce qu’elle jugeait utile, elle avait toujours soif d’apprendre, encore et toujours plus. Elle apprenait ce qu’on n’apprenait pas en classe, elle apprenait à devenir adulte, imbattable et imbattue, au mieux. Elle se battait. Jamais de façon équitable. Si elle se sentait perdre, si elle sentait la défaite, pourquoi aller se battre ? Elle s’assurait des victoires, se rassurait que c’était la chose à faire quand le chemin qu’elle prenait n’était pas celui escompté. Le mot tricherie n’a jamais été un acquis, ce n’est pas de la triche, c’est faire ce qu’il faut pour réussir. La nuance est peut-être légère, mais belle et bien présente. Alors, vous avez face à vous une femme prête à tout pour réussir, pour atteindre ses objectifs. Tout, quitte à torturer quelques personnes sur son passage, quitte à négocier son âme au diable. Le diable ? C’est elle. Elle travaille avec au-dessus d’elle, encore. L’éthique, la morale, rien ne l’arrête, son seul maître mot c’est l’amusement. Aussi bien le sien que celui des autres, surtout celui des autres. Divertir, faire oublier le monde à travers un écran, coulisses dans lesquels elle est maître, plus ou moins. Elle n’est pas épargnée de ce trait particulier aux femmes à qui ont donne du pouvoir ; elle prend le pouvoir. Elle ne prend pas de haut. Elle ne sait pas faire, de toute façon. Ou alors, c’est ce qu’elle aime à croire. Quand bien même plutôt à l’écoute des idées ; à l’écoute ne veut pas dire qu’elle se laisse marcher sur les pieds. C’est un juste équilibre, un milieu parfait, elle se défend, elle défend ses idées, ce qu’elle fait, ce qu’elle aime faire, mais elle sait reconnaître que tout ce qui vient d’elle ne relève pas du génie. Elle est cependant un peu plus intransigeante sur le style, sur la manière de se présenter. Le physique représente toujours quelque chose ; pas seulement les efforts du matin même. Le choix des couleurs, de la forme, des motifs, le tout est un message. Un message qu’elle gère plutôt bien. Il faut que tout soit parfait, que chaque cadre, chaque plan, chaque image doit être la meilleure possible pour le public et une émission “bien” n’est pas une émission réussie. Compliqué quand l’émission se rapporte au direct et à la télé-réalité me direz-vous. C’est bien là que le talent se révèle. Elle qui était l’enfant sage est maintenant l’inverse. Calme, c’est désormais elle qui accorde les couleurs, qui apaise les yeux ou rend sauvage les monstres les plus doux. Elle crée ces endroits merveilleux, les invente, fait la nature, les bâtiments, les challenges et les défis. Elle fait un monde, de ses idées, de ses choix, de ses envies. Elle y envoie ses pions, et en regardant, on se sent bien. Elle s’y sent bien. Elle, fière de son travail acharné, le public, heureux de ne pas y être.