« Un hurlement. Hystérique. Un peu aigüe, pas trop, juste assez. C’était la première réponse d’Ethan à la phrase de Darryl. Lui qui pensait détendre l’ambiance avec une blague, il avait provoqué l’hystérie complète de Oui-Oui. Alors certes, sa voix grave et animale n’était pas très rassurante de prime abord, sans oublier qu’il était plus grand, et plus massif, et poilu, avec des pics, qui avaient transperçait la cuisine, et que son seul sous-vêtement était maintenant ses mains. Mais quand même, ce petit hurlement l’avait attristé, il n’aimait pas qu’on réagisse à ses transformations comme à des monstres. Ça blessait son petit cœur. En plus, Ethan se touchait le torse de partout, on aurait put croire qu’il essayait de danser la Macarena. Surtout qu’il ne craignait rien, il était en face de lui, et il avait projeté les épines de son dos, il était donc à l’endroit le plus protégé de toute la pièce. Et il s’en rendit bien compte, un air eberlué sur son visage alors qu’il réalisait dans un silence pesant qu’il n’avait aucune égratignure. Remarque, Darryl s’en serrait extrêmement voulu de lui avoir ne serait-ce que casser un ongle. Il allait lui demander si il allait bien, mais Ethan le devança… utilisant le mot interdit…
“Évoluer“. Non ! Darryl n’était pas un pokemon ! C’était une transformation, pas une évolution, parce qu’il redevenait humain par la suite. On ne revient pas à son stade primaire après une évolution. C’était différent. Il s’apprêtait à lui signaler gentiment, mais Ethan continua sur sa lancée.
- Il y a un gremlins dans ma cuisine… »Mais non ! C’était pas Gremlins, c’était Scaleblade, il se trompait de forme. Il commença d’une petite voix à laquelle Ethan ne fit même pas attention…
« Euh non en fait euh ça c’est Scaleblade… euh Gremlins c’est… »- IL Y A UN GREMLINS DANS MA CUISINE ! OMG ! C’EST, C’EST… »« … c’est une forme avec genre une grosse tête, comme ça… » Dit-il en levant ses mains au-dessus de sa tête, oubliant que ces dernières servaient à cacher son entrejambe.
- C’EST ÉNORME ! »« Ah bon… » Murmura-t’il en regardant en bas, avant de se rendre compte qu’il était un mongol et de remettre prestement ses mains en place, juste avant qu’Ethan ne se retourne vers lui. Il n'avait rien remarqué ce crétin...
Car Ethan était tellement heureux et excité qu’il regardait de partout, au plafond, devant, derrière, lui, les murs troués, il était en complète euphorie. Sûrement une décharge d’adrénaline parce qu’il croyait avoir échappé à la mort. Petite chose toute mignonne. Il le regarda se calmer petit à petit, réaliser l’évènements, et ressentis comme un sentiment de culpabilité en plus du sien. Ce n’était pas seulement de la déduction ou de l’empathie, c’était comme ce qu’il s’était passé avec le faux-Doom illusoire, des sensations extérieur. Il en était sûr, il ressentait la compassion et le malaise d’Ethan, ce qui devait encore être une de ses capacités. C’était étrangement ambivalent, entre l’agréable et le dérangeant, entre la promiscuité complice et l’intrusion. Il ne savait pas trop quoi en penser et tenta de l’occulter comme on ignore un bruit de fonds, se concentrant sur les excuses d’Ethan. Excuse qu’il estimait en grande partie injustifiée, Ethan n’était pas totalement responsable de ce qu’il venait de se passer. Néanmoins, sans son chien, son café et son illusion, il n’aurait pas désintégré son boxer Petit Poneys préféré, dont les confettis roses pâles et bleutées retombaient encore par-ci par-là dans la cuisine avec lenteur. Il en voulait un petit peu à Ethan.
Et en même temps comment lui en vouloir alors qu’il prenait cet air d’animal tout penaud avec ses oreilles qui rougissent… Il le regarda se débattre avec sa propre culpabilité pendant la seconde qui suivi son rougissement, puis le vit regarder ses avant-bras, et donc en soit, dans la direction de son entrejambe, et dire sur un ton posé et ingénue la phrase la plus innocente qu’il avait dite depuis le début, au moment où pourtant tout était au summum de l’absolu contraire de l’innocence. C’était la goutte d’eau pour Darryl. Il ne savait pas pourquoi, ni de quel manière, mais c’était la goutte d’eau de quelque chose.
Il leva un sourcil, posa ses grosses mains griffues sur ses hanches en le fixant de ses yeux de prédateurs, et approcha son visage du sien en émettant un son feutré entre le grondement d’un fauve et le ronronnement d’un gros chat. Un grand sourire révéla sa dentition carnassière avec un air de défis, faisant frémir la fourrure de son visage.
- Spoiler:
Alors qu’il était tout près d’Ethan, le défiant des yeux d’oser regarder ailleurs que dans les siens alors qu’il ne cachait plus rien, il murmura de sa voix rauque et ronronnante, sur un ton presque sarcastique :
« Oh ah bon ? je suis nu… »À l’instant même où il finissait ces quelques mots, son dos s’hérissa instantanément d’une armée d’épines, comme un régiments de couteau de cuisine qui sortirent de lui en faisant un bruit sec, comme un claquement de fouet ponctuant son propos et appuyant l’impression de prédation ambigüe avec laquelle il jouait. Il ne sembla pas prêter attention à la repousse de ses épines et acheva sa phrase avec un ton joueur.
« … la faute à qui ? »À cet instant, Ethan était sa pelote de laine, et il avait envie de le découdre entièrement, et il n’aurait pu dire si c’était à cause de cette petite colère qui l’habitait, ou parce qu’il était adorable et désirable. Sûrement les deux, mais si Ethan pouvait sentir ce mélange de sentiments, ça devait donner un sacré cocktail d’agressivité libidineuse à son égard, il y avait de quoi se sentir comme une proie… Il profita du fait qu’il était très proche d’Ethan et donc du plan de travail pour attraper un torchon sans lâcher Ethan des yeux, ayant l’air de dire “trop tard“. Il accrocha le torchon autour de sa taille comme une serviette de bain très très courte. Une serviette de bain très très courte avec des motifs des Power Rangers… mais qui avait bien pu acheter ça ? Cette maison était improbable. Alors qu’il avait fini de confectionner son cache-sexe de secours, il se tourna de nouveau vers Ethan et lui fit un sourire cette fois tendre et sincère, si tant est qu’il était possible de faire ça avec sa bouche pleine de crocs et son visage animal.
« T’en fais pas va, je rigole. C’est pas comme si j’étais pas habitué à finir à poil à cause de mes pouvoirs, je me demande parfois si mon destin n’a pas été écrit pas un grand connard frustré… Ou peut-être que c’était ton plan tout du long, et je ne suis qu’une victime innocente, mais dans ce cas-là sache que la nudité ne me fais pas peur. Tu t’en rendras très vite compte… Par contre… »Il s’écarta du plan de travail et fit le tour de la grande table pour observer la cuisine qui ressemblait maintenant à une sculpture d’art contemporain. Il déplaçait ce corps massif et tranchant avec une aisance et une fluidité confondante, au contraire de ce qu’on aurait pu penser Scaleblade ne donnait au final pas tant le sentiment d’être brutale que celui d’être fluide. Chacun de ses mouvements faisait en revanche un très léger son de cliquetis alors que ses lames d’os s’entrechoquait, un son qui pouvait être perçu comme inquiétant quand on voyait l’état des lieux.
« Par contre… reste pas derrière moi on sait jamais… ça pourrait me plaire, je veux dire, je pourrais te blesser. Donc, je disais, je m’inquiète vachement plus pour la cuisine. On peut dire que la situation est vraiment… épineuse ! »Il se tourna vers lui en faisant un grand sourire de mongol genre
“c’est rigolo hein“.
« Blague à part, c’est sûr que ça manque pas de piquant, re-sourire de crétin, mais il va falloir s’occuper de ça avant que je rencontre tes amis ou ils vont vouloir me dépecer et faire de ma dépouille un magnifique manteau de fourrure anti-agression, et je le comprendrais… J’ai une paire de pinces en métal dans ma valise, pour les arracher du mur sans se couper. »Un léger silence s’installa après cette révélation incongrue. Quel genre de moron se baladait pendant onze jours à travers les États-Unis avec une pince en métal dans sa valise ?
« Si tu avais des pouvoirs aléatoires tu serais près pour toutes les éventualités… »Il se sentait quand même assez honteux d’avoir pulvérisé la cuisine dès le premier jour. Certes, Ethan semblait avoir adoré la démonstration, en tout cas il avait l’air d’être partagé entre l’adoration et la peur, mais Darryl ne pouvait s’empêcher de se sentir coupable en constatant les dégats, un sentiment qu’il avait tenté de réfréner en se faisant de l’humour et en jouant avec Ethan, mais une petite tristesse ainsi qu’une légère déception de lui-même teintèrent ses yeux jaunes alors qu’il les baissait vers le sol. Mêmes ses épines semblèrent s’affaisser de honte, perdant de leur tonus alors qu’il soupirait doucement.
« Sérieusement Ethan… Je suis vraiment désolé d’avoir tué la cuisine… J’espère que je peux quand même rester. Je comprendrais que tu veuilles que je partes là après cette démonstration pitoyable mais… euh… »Il se tourna vers lui, ses pupilles félines reflétant la tristesse et le désir de rester, comme un chaton. Un gros chaton. Un très gros chaton épineux tueur géant mutant. Avec des abdominaux. Et des pecs. Poilus. Et un torchon très court.
« Mais si je peux rester j’espère qu’on continuera à faire des bêtises. » »