Discussion matinale [PV : Lucky]

Une Radio dérangeante?

« Je ne sais pas pourquoi, mais je n’embarque pas ses idées. Il est normal que les systèmes cherchant à établir les grandes règles de la société puissent créer des malaises quelconques, c’est même désirées : Une société trop identique horrifie. Le problème avec cette idée et avec ces critiques viennent surtout de sa vision personnelle et de son emplacement. Pourquoi elle a autant de malaises dans la société? C’est parce que les systèmes créent un malaise, mais à place de comprendre certaines voies, elle cherche des alternatives pouvant surtout la plaire elle. Je ne sais pas si elle est consciente de cette idée ou si elle fait exprès, mais prétendre sortir de l’ordinaire, je la trouve plutôt injuste parce que cela donne le droit à un jugement plutôt négatif envers cet ordinal. Cela pourrait être même insultant pour des individus qui ont suivi un cursus normatif pour elle, mais qui ont fait beaucoup plus de réformes et de changements pour la société que les autres. Elle décide ainsi d’être dehors du système pour le juger, alors qu’à mon avis, il faut comprendre et vivre dans ce système avant de le critiquer. Elle peut avoir le défaut de la Ligue des Assassins, juger dans les idées sans comprendre les complexités des réalités.

Parce que je pense sincèrement qu’elle idéalise énormément toute la société ou les exceptions créés par cette société. Croire que des cours classiques ne sont pas donner dans les X-Men, c’est très idéalisé ce qu’ils sont. Malheureusement pour elle, je crois que toutes les critiques qu’elle offre au système conformiste se veulent aussi conformiste. Pourquoi tant d’individus échouent le test des X-Men? Parce qu’ils ne sont simplement pas conformes à l’éducation de combat et d’apprentissages que les X-Men cherchent comme conformité. J’ai de la difficulté avec Lucy, parce que j’ai l’impression que pour elle, cette réflexion est totalement accompagnée par des faits, en ignorant toutes les complexités que la société peut offrir. Elle idéalise surtout ce que les X-Men représentent dans l’apprentissage et elle idéalise encore plus pour les groupes de défenses. Son combat joue contre elle, uniquement par le fait qu’elle cherche à avoir toutes les réponses à place de proposer et d’accepter parfois qu’elle est en erreur.

Intrusive? Non. Je dirais plutôt difficile à discuter sur comment elle décide d’interpréter les propos des autres. Sa manière de pensée n’est pas dérangeante, j’ai vécu assez longtemps dans la Ligue des Assassins pour savoir comment un révolutionnaire peut avoir un discours plus ou moins tolérant envers même ces opposants. Je crois que le problème de Lucy n’est pas dans le fonctionnement de son esprit, mais bien les perspectives, qu’elle peut envoyer durant des discussions, deviennent agressives et injustes dans un dialogue. Que le discours soit conformiste, réformiste ou révolutionnaire, il existe souvent une manière de le dire sans être blessant et peut-être que c’est ce qui manque à Lucy pour vraiment créer un sentiment de confort avec les autres.  

Comme prévu, mes divertissements ne semblent pas l’attirer réellement. Je n’ai jamais développé de pousser mes intérêts dans les autres domaines, j’aime beaucoup comment certains dessins pouvaient se faire, c’est l’une des raisons pourquoi Cartoon Network me passionne autant. Tant par les histoires qui se veulent absurdes ou parfois sérieuses dans quelques épisodes, c’est dans cet art que je me sens le plus proche de l’être humain. Entre sérieux et rire, entre tristesse et bonheur, entre deuil et amour, c’est le sentiment qui s’empreint le plus à chaque fois pour tous. Les artistes qui dépensent leurs énergies à essayer de décrier le réalisme deviennent souvent ennuyants et caricaturaux, alors que les artistes qui exposent plusieurs perceptions autour, sont le plus rattachés à cette réalité ; ils veulent exposer plusieurs visions à place d’une. L’important dans Adventures Time, ce n’est pas de savoir comment l’auteur trouve le monde dégueulasse ou joyeux, mais bien de sa voir comment les individus de chaque monde trouvent ce monde par une vision différente. Peut-être que je vais trop loin dans cette analyse, et peut-être que j’ai faux, mais qui pourrait vraiment me juger sur cette idée? Nos interprétations sont propres et uniques, le pire serait d’ignorer cette idée.

Je regarde Lucy quand elle commence à me parler des différents sujets qui l’animent. Elle commence par les jeux de mots et d’esprits. Elle décrit sa façon de penser pose problème, mais personnellement je pense tout autre. J’ai déjà eu ma réflexion sur sa vision d’elle-même dans ce monde, alors je ne vois pas quoi ajouter. Elle continue sur sa passion du Parkour en lien avec plusieurs aspects physiques. Lucy semble aussi avoir des passions dans l’électronique en parlant de casques anti-télépathes qu’Emma doit tester. Elle s’intéresse aussi au domaine de la psychologie et de la criminologie, des études plutôt élaborées, mais qui cherchent souvent à conformer les sociétés dans un modèle en particulier. Elle me perd avec son sang bleu, elle devrait aller voir un médecin… cela doit être dangereux.

Lucy s’amuse aussi à la magie, aux longs monologues, aux jeux vidéo, aux films et aux musiques. Elle me perd encore sur les noms des jeux vidéo. La jeune membre de l’ACE me perd encore plus quand elle me renvoie à certaines questions sur mes intérêts sur la musique, les films, le Parkour et une certaine curiosité envers mon entrainement. « Tu parles un peu trop. » Je ne cherche pas à être méchante, mais me parler de chats, de criminologie et de Parkour en même temps, je pense que cela fait un peu trop pour mon esprit.

« Me regarder durant un entraînement ne va pas t’apprendre grand-chose vu que ces entraînements sont surtout pour ma propre endurance, résistance et force. Il est mieux de me regarder pendant les combats du fameux tournoi. Pour les films, je ne sais pas. Je ne connais pas beaucoup les genres, les réalisateurs ou les acteurs, alors je découvre quand on me présente des films… »

La réponse ne doit pas satisfaire exactement ses envies, surtout que je ne sais pas trop quoi ajouter. Un peu gênée par la situation, je tends délicatement la tête pour la politesse avec un sourire moyennement forcé avant de retourner vers mon entraînement. Comme elle l’a dit, on va plus en discuter après nos entraînements respectifs. »

Il ne s’agit pas d’être sur une opposition « manichéenne » entre norme et différence mais sur une complémentarité. L’exemple des X-Men est pris vis-à-vis d’une manière d’enseigner différente : ayant une norme, les X-Men ont un cursus normatif mais, cherchant le développement des individus dans leurs particularités, ils complètent ledit cursus par une progression personnelle via mentorat. Si l’on veut simplifier la chose, un professeur aide un élève à apprendre ce qu’il doit savoir alors qu’un mentor aide un élève à être lui-même. Sans aller jusqu’à s’accorder à sa déclaration « l’école tue la créativité », il est possible de rejoindre Ken Robinson sur l’encouragement de la diversité par la personnalisation des méthodes d’apprentissage, l’incitation à la curiosité et la réduction des tests standardisés. Néanmoins, en plus des enseignements linéaires et standards permettant de créer la relative conformité étayant un groupe social, il faut un parcourt organique et plus personnel afin de permettre à chaque individu de se réaliser dans ses particularités. L’enseignent supérieur en est une forme, même s’il reste méthodologiquement proche du tronc commun, mais il est difficilement appréhendable lorsque l’on n’a jamais atteinte la seconde partie de l’enseignement secondaire.

Cela étant, il est vrai que j’ai la grande capacité à y aller à pieds joints quand je mets les pieds dans le plat. Je suis pas la personne la plus douce au monde, ce qui participe à mon absence de difficulté quand je rencontre des personnes bourrines et franches, et du coup je peux bien enfoncer par maladresse sans même m’en rendre compte. Ce qui est assez un comble pour quelqu’un cherchant la compréhension par l’observation et la déduction mais c’est courant que l’on ne voit pas l’évidence à s’attarder sur les détails. Genre le fait de perdre Maissa avec mes paroles ne m’empêche pas de les finir et sa franchise me fait avoir un grand sourire parfaitement aisé : « un peu trop » est sans doute un peu trop mesuré mais l’idée y est et heureusement qu’elle n’est pas dans ma tête sans quoi le bordel de mes paroles lui paraitrait bien maigre. A moins qu’elle n’y soit, les télépathes ne sont pas des gens si rares au sein des groupes de super-sécurité ; je suis assez relax avec l’idée d’une personne écoutant mes pensées parce qu’elles sont aussi bordéliques que le reste et que c’est déjà sportif de me suivre à l’oral alors au mental… j’ai même mises au point quelques routines pour brouiller la lecture superficielle, par inventivité. Après, les possibilités d’altération de la personnalité ou de la mémoire me font bien flipper et le contrôle mental est juste horrifique ; j’ignore si avoir la tête dure est d’une quelconque utilité contre ça, faudra que je demande des précisions à Emma. Enfin Bref.

Maissa entraine l’endurance, la résistance et la force plus que la technique, ce qui me rassure quand à mon approche plutôt proche de la gymnastique que du cours d’art martial, mais en effet cela peut réduire l’apprentissage que j’en ferais. Tout autant que mes exercices ne me font pas vraiment progresser en technique pure, la majeure partie de mon avance dans le domaine ayant été faite par observation/reproduction et au sein du Stage Excalibur. Je n’en reste pas moins curieuse de voir ce qu’elle fait même si je l’observerai encore plus que les autres durant le tournoi histoire de ne pas réussir à voir si elle est plus ou moins forte que Valerie. Ne pas connaitre beaucoup de genre cinématographique est une lacune que je peux aider à combler même si je comprends parfaitement l’approche libre afin de considérer le film pour ce qu’il est et non dans une case standardisée ; l’inverse serait hypocrite ou conne considérant ma logique sur l’éducation.


J’ai l’intention de gratter chez Emma pour qu’elle m’invite à aller le voir avec pour argument, pour qu’elle m’emmène, que ça me sera utile à mon PPE et, pour qu’elle aille le voir, qu’il y a Aragorn. La convaincre d’inviter Maissa aussi ne devrait pas être difficile, tout comme en trouver une version de bonne qualité sur internet même s’il est sorti que depuis juillet aux USA. Au pire, faire un tour sur les serveurs de la société de distribution pourrait être un bon entrainement, Game of Thrones a déjà été obtenu de la sorte. Et avant qu’on me le dise : ce n’est pas du vol, qui est répréhensible par la loi, c’est du partage culturel, ce qui est un devoir moral. Ou pas. Mais la question n’est pas là, la question est à ce que Maissa pourrait regretter et, en l’occurrence, j’ai une petite idée en considérant la présente situation.


Ramenant mon téléphone au centre de l’attention, je commence à y pianoter afin d’ouvrir un nouveau contact. Je ne tape pas aussi vite que je suis tapée, donc ni aussi vite que je pense ni aussi vite que je parle, mais je tape bien rapidement quand même et ce n’est qu’une question de secondes avant que j’en ai finie avec cette étape. J’hésite un instant à demander un nom de famille mais n’abstiens de le faire et enregistre simple « Maissa », si celle-ci accepte l’échange de numéro ; sinon, il faut plus qu’un refus pour me décourager et ce serait l’absence de Smartphone qui me surprendrait le plus. Un prénom rare et original ainsi que la pensée d’être meilleure qu’une des meilleures combattantes au monde est suffisant à faire de Maissa quelqu’un d’intéressant, son caractère fait d’elle quelqu’un de cool, mais alors l’absence de téléphone ferait d’elle quelqu’un de bizarre ; même si la norme n’a pas l’air d’être son fort. Finalement, j’ai peut-être bien fait de rien demander sur la famille, elle doit être un peu sectaire si elle contrarie le développement social et culturel de leur enfant. Enfin Bref.


J’incline la tête comme Maissa l’a fait à ma proposition de poignée de main tout à l’heure, n’étant pas certaine de retenir bien longtemps cette salutation mais l’ayant encore actuellement, et garde un fin sourire même lorsque le temps est venu de m’en aller sur une autre portion du gymnase. Téléphone dans les mains, je cherche vite fait sur l’ami Google la signification de Maissa et découvre qu’il dérive de l’arabe Maysân signifiant « étoile scintillante » ; bien trouvé et assez vrai, je trouve. Je n’ai l’occasion de m’attarder dessus cependant, voulant observer les entrainements de force et d’endurance de la jeune femme alors même que je dois préparer le mien.

Il y a des tapis de sol dans le gymnase et je me sers afin de me faire un petit terrain accolé à un mur et au milieu duquel je traine un mannequin d’entrainement. Ceci accompli de façon plutôt distraite, je bois un coup dans la bouteille d’eau qui m’accompagne puis la délaisse ainsi que ma veste sur le bord de mon bordel. Quelques vérifications que je n’ai pas trop refroidies de ma course plus tard, je commence à m’entrainer à mon tour. Mon agilité et ma dextérité sont mes principaux atouts et je les exerce en tant que tels : flip-flap avants et arrières, roulades dans toutes les directions, saltos de tous les types, souplesses et rondades afin d’esquiver des coups imaginaires et d’accélérer le mouvement jusqu’à des frappes à l’encontre du mannequin, principalement répartie entre des ciseaux, des enchainements de coups de poing ou des coups de pied ponctuels. Gérer aussi bien le rythme que la mobilité afin de tenir le plus longtemps possible, c’est aussi plus une question d’endurance que de progression technique. Je suis bien meilleure en esquive qu’en technique de toute façon et tâche de faire mon meilleur, sait-on jamais que Maissa m’accorde encore un peu d’attention et puisse trouver les mêmes qualités à mon styles personnels qui ont impressionnée Valerie ; dans quelle mesure, je n’en sais rien, mais tout de même !