Discussion matinale [PV : Lucky]

Une Radio dérangeante?

« Les chapitres de la vie des Héllions commencent à avancer doucement à travers les différents membres. J’avais peut-être un ou deux préjugés envers Emma Frost avant de venir par ici. La Ligue des Assassins m’a toujours plutôt surpris à construire mon modèle selon des clivages et des définitions bien précises. Alors, je voyais pratiquement Emma comme une poupée gonflable et débile, presque jumelle avec la démagogie de Carol Danvers. Cependant je me suis trompée. Elle est capable de recruter chez les plus grands, surtout quand les surhumains sont demandés par de nombreux autres groupes. New York a été un centre des surhumains : Superman a commencé à protéger cette ville. L’attaque de Darkseid a fait réunir les forces de la Justice League. Les X-Men se sont construis doucement dans cette ville, pendant que les Vengeurs ont suivi un cheminement pratiquement similaire que la Justice League par l’attaque de Thanos. Et cette ville ne se limite pas uniquement au grand groupe, mais aussi à plusieurs héros indépendants comme la Young Force ou les divers combattants de rues comme Daredevil, ou Luke Cage.

Il va avoir des livres d’histoires à écrire pour comprendre l’importance de New York dans la construction des groupes et je pense que c’est plutôt extraordinaire de se sortir de ce conformisme. Malgré tous les précieux commentaires qu’on peut faire du Royaume-Uni, les hasards et les forces ont laissé la création des groupes les plus importants. Je suis quand même soulagée que d’autres essaient un peu partout à place de se centraliser sur cette ville. Boston est une nouvelle originalité et la recherche de plusieurs talents illustrent bien les qualités de recrutement d’Emma.

Elle est allée chercher dans des combattants connus d’abord avec Rachel Williams et quelques X-Men pour ensuite pousser un recrutement dans le local des grandes villes comme Erica Penn ou Serena Charleston. C’est plutôt intéressant, malgré que Boston ne soit pas une ville très attirante pour ma personne. De toute façon, bien que je puisse noter plusieurs détails différents sur l’évolution des villes, on m’a souvent habitué à dire que toutes les grandes villes apportent la décadence. On ne peut pas effacer vingt ans dans la Ligue des Assassins en quelques mois.

En plus, malgré des amis, des confidents et des nouveaux principes, la mémoire refuse de s’effacer. Est-ce que j’ai besoin vraiment de justifier mon lien avec la Ligue? Ou est-ce que je dois vraiment remettre en question ma relation avec mon frère? Avec ces questions, on peut dire beaucoup de la construction de chacun des individus : On n’efface pas une vie et une amitié en quelques mois, et on n’efface surtout pas un deuil. Les missions et les entraînements se poursuivent à travers l’âge, les chemins sont aussi diversifiés et ouverts que le lendemain.

J’aime mieux penser pendant que je m’entraîne. Le gymnase de l’Académie est une place parfaite pour relativiser certaines questions. Au moins, à place de m’isoler, j’étais capable de m’offrir de nouvelles relations. J’ai eu le temps de me tisser des relations avec plusieurs X-Men comme Psylocke, les X-Gardiens, Diablo ou Jessica Scott. Dans ce registre, cela me laisse au moins de pouvoir créer quelques communications civilisées avec certains d’entre eux. Même parfois, je me laisse tenter à regarder un évènement que Mason parle souvent à la télévision, que cela soit la boxe ou les arts martiaux mixtes. Elle aime que je regarde, malgré toutes les critiques négatives que je pouvais avoir pour certaines techniques des combattants qui s’affichent publiquement.

Rachel Williams est une bonne amie, mais je ne me sens pas prête à consolider plusieurs heures d’affilées avec elle durant plusieurs jours. Ce n’est pas de sa faute ; je crois plutôt que c’est de ma faute. Même chez les assassins, je n’étais pas l’une des plus sociales. Il me fallait un temps pour mes entraînements et pour pousser mes réflexions intérieures sans être déranger. C’est pour cette raison que je me garde des heures entre l’avant-midi jusqu’au midi. Durant ce temps, j’ai appris à limiter mes contacts extérieurs. J’ai appris à Julian de ne pas s’approcher quand je fais mes exercices personnelles et j’ai appris aux gamins que la seule moralité acceptable quand ils font trop de bruits, est une diplomatie venimeuse qui s’appelle une plainte chez Emma.

Avec cela, je casse moins de membres qu’avant. C’est déjà une bonne amélioration personnelle de ma part. Habillée par mes vêtements tout noirs comme à mon habitude, parce que Jessica me trouve parfois sombres, je me dirige vers le gymnase quand les Hélions ou les étudiants dorment encore. Je commence mon entraînement vers sept heures du matin, surtout par des étirements plutôt simples. Des étirements que n’importe quels combattants ou sportifs font habituellement. Pendant ces étirements, je ne peux m’empêcher de sourire devant mon petit logo rose des Hélions. J’apprécie énormément qu’Emma m’a fait ce chandail, au moins, mon sentiment d’intégration se fait sentir dans la direction.

Après les étirements, c’est plutôt mes muscles qui sont à la pratique. Pour moi, les muscles sont surtout importants pour mon agilité, je ne vais pas devenir une monstre de muscles comme Colossus ou le Fléau, mon but est surtout de pouvoir les éviter et cela demande une souplesse et une force maitrisés par un entraînement intensif. Cela demande aussi une concentration pour bien savoir comment niveler chaque parti de ton corps pour faire les mouvements les plus précis possibles. Alors que je fais mes entraînements habituels, une musique agressive commence.

Le gymnase est large, un ring, une cage, les instruments de poids ou de cardios et les différentes activités permettent de ne pas être affecter quand des jeunes décident de se pointer tôt le matin. Mais, amenez une radio personnelle dérange tous les efforts de concentration qu’on peut essayer de trouver dans ce gymnase. Avec un peu en colère, je vais affronter la jeune qui a décidé de mettre sa musique. Amorphe et indifférente, je dois souvent me souvenir d’une diplomatie plutôt douce. Arrivée proche de celle-ci, je commence à communiquer avec elle.

« La musique est trop forte. Éteins-là ou apporte ton Ipod, sinon je brise ta radio. »

Voilà! Diplomatie! Je sais que cela peut paraître agressif, mais au moins, je ne brise pas sa radio dès le début. Je lui laisse une chance à elle ou à sa radio de survivre malgré tous les maux que cela puisse m’apporter. Je me suis rendue compte récemment que les sons interféraient différemment avec moi que les autres, alors peut-être qu’elle trouve cela plus confortable pour ses oreilles, pendant que pour moi, c’est un massacre sonore. »

Je ne suis pas une personne du matin, je ne l’ai jamais été. Ça ne s’était pas trop faite sentir au Manoir Braddock, j’étais bien la tête dans le cul et le cul dans le brouillard pour aller finir ma nuit avec les cours du matin, mais à l’Académie du Massachusetts ça pique légèrement plus : mon habitude de me lever à dix heures me conduit à être debout à quatre heures du matin… Si je veux positiver, je continue de me lever tard, même si c’est dans la nuit. Et je ne risque pas d’avoir des problèmes de transgression du couvre-feu puisqu’entre dix-neuf et vingt heures je suis morte de fatigue. Avec ça, difficile de temps un programme plus ou moins similaire à celui que Valerie nous faisant faire durant le stage Excalibur ; d’un autre côté, comme Emma me laisse très autonome dans mes activités, c’est pas tellement grave non plus. Mon emploi du temps veut que je fasse des recherches sur mon projet personnel de 4 à 6, même si pour l’heure c’est plutôt des recherches de projet personnel, afin d’emmerder le moins de mon possible en restant dans ma chambre avec mon ami Google puis que je passe à la partie la plus intéressante consistant à l’entrainement physique jusqu’au déjeuner avant de retourner aux recherches à l’heure de la sieste, qui se résumeront probablement à grappiller du temps à Emma si je ne roupille pas trop, et de terminer de m’achever de 15 à 18. Il est tout beau et bien pensé, manque plus qu’à le tenir maintenant !

Hors donc, après deux heures à me dire que le TPE n’est pas une épreuve anticipée du bac pour rien, sachant que j’ai pas le brevet, je m’en suis allée faire mon JTT avec de la musique et Pokémon Go. Ce qu’il faut savoir sur mon rapport à la première c’est qu’il est à peu prêt aussi normal que moi : quand j’ai une idée en tête je l’ai pas ailleurs et la musique c’est pareil. Qu’importe le nombre d’heures que je peux passer à une activité, il n’y aura qu’une musique pour l’accompagner. Une seule. En boucle.


Le campus de l’Académie est grand et boisé, ce qui est bien cool pour courir, même si ses constructions monobloc en briques sont assez frustrantes puisque les seules assez proches pour sauter du toit de l’une à l’autre sont la cafétéria et le foyer étudiant et qu’il est difficile de trouver des prises pour grimper. Ça ne m’a pas empêché de faire le tour du proprio sur le mur d’enceinte dès le premier jour ou de finir sur les toits de plusieurs bâtiments, merci les arbres et les gouttières, dont les deux suscités ; ce qui m’a permis de vérifier mon estimation de saut d’ailleurs. Le Jogging Tout Terrain accompli, je fais un rapide tour à la cafétéria dès l’ouverture afin de prendre mes croquettes puis direction le gymnase pour poursuivre des 7 aux 12 sur quelque chose de plus martial.

Le gymnase de l’Académie est aussi cool que le campus, très grand et bien équipé pour proposer du matériel très divers afin de satisfaire les activités scolaires et extrascolaires ; bon, celui des Braddock est plus adapté et ils ne s’y limitent pas pour l’entrainement mais celui de l’Académie n’est pas réservé aux Hellions donc c’est compréhensible qu’il soit moins spécialisé. Ce qui ne l’empêche pas d’être le lieu le plus probable pour croiser les Supers de l’Académie, au-dehors d’une éventuellement base secret dont j’ignore l’existence et à laquelle je n’aurai pas accès de toute façon, sachant que je connais leurs noms et pseudonymes à défaut d’avoir des photos. J’ai aussi compris les différents types d’Hellions, tout du moins je pense : on a les Impers, qui sont en formation continue et n’ont que les missions safe comme celles de la Section Junior de l’ACE, puis un autre groupe qui a des stages et interviennent comme des « vrais » super-héros puis enfin les Devils autonomes. C’est bien pensé comme division, ça échelonne la coopération avec les autorités standards puis sépare les deux aspects de la super-sécurité que sont l’intervention publique et les opérations clandestines. Pas certaine que l’ACE ait cela même si chacun de ses membres agit comme il le juge approprié, devant donc au final suivre la même logique de division de façon officieuse. Je verrais bien si je réussi à les intégrer un jour. Et pour ça, entrainement !

Il n’est qu’une personne pour être déjà au gymnase quand j’y arrive, une jeune femme svelte un peu plus grande que moi et avec une gamme colorée que je ne peux qu’aimer : du noir en haut, même s’il est l’insigne des Hellions, et du noir en bas. Avec ses yeux et ses cheveux foncés, ça s’accorde parfaitement. Personnellement, je suis comme de norme avec ma tenue dans les teintes noires et brunes, commençant par des mitaines et un perfecto en vrai faux-cuir s’ouvrant sur un t-shirt et un pantalon en coton maintenu près du corps et couvert par des bottes montantes. Valerie m’a expliquée l’intérêt de vêtements adaptés au sport et le coton en est un, après faut pas tellement me demander de porter de l’élasthanne ou autre pour l’heure et je tiens à mon blouson ; j’ai une excellente régulation thermique et j’en profite bien. Et puis tout mon bordel se trouve dans ses poches donc il est bien utile, portant couteau, balle rebondissante, téléphone, petite bouteille d’eau et puce de l’ATB entre autre. Il étouffe un peu le son de mon portable puisque j’écoute la musique sans écouteurs, du fait du nombre improbable que j’ai détruit en Parkour, mais ce n’est pas tellement grave. Okay, je ne connais toujours pas les paroles et pourtant elles ne sont pas super-compliquées mais mon attention ne va pas vraiment à la musique.

Enfin, elle y revient bien vite quand la jeune femme s’en vient vers moi en se contenant légèrement afin de m’énoncer un problème qui ne m’est pas étranger et deux solutions possibles à celui-ci. Je la regarde avec un temps de surprise, sourcils relevés, puis mets la main à ma poche afin d’éteindre le son de mon téléphone. Restant dans la position, je fais face sans trop savoir comment réagir et plisse les yeux de méfiance. Il y a quelque chose de familier dans ce face à face et c’est assez déplaisant, l’autre jeune femme me laissant une impression de prédation que je n’ai plus connue depuis… Je penche la tête sur le côté afin de changer mon angle de perception et ressors la main de ma poche afin d’avoir mon équilibre au mieux. Que je fasse face à une caïd de l’Académie ne me dérange pas vraiment, ma simple présence ici prouve qu’Emma n’ouvre pas ses portes qu’aux enfants de riches et autres personnes de bonne éducation, à la différence de la sensation de prédatrice qui émane d’elle. Son chandail laisse à penser qu’elle est liée aux Hellions et, si je crois parfaitement en ma chance de rencontrer de leurs membres assez rapidement, je préfèrerai éviter d’avoir des emmerdes avec l’un d’entre eux. Okay, ils ne sont pas les plus grands amis du monde avec Excalibur, ils ont même des membres qui se détestent cordialement, mais je pense pas que tous aient un caractère à la Rachel Williams ni avoir l’odeur de l’ACE imprimée dans mes fringues.


Ce n’est pas une provocation : c’est dit sur le ton d’une réelle question car, même si je ne suis pas à mon aise et assez méfiante, je n’ai pas l’intention d’envenimer la situation et cherche plutôt à comprendre l’attitude de mon interlocutrice.

Une Radio dérangeante?

« Ce qui est ironique dans la vie de plusieurs individus : C’est qu’ils ont toujours peur. Ils ont peur des conflits, des tensions ou que leur vie soit menacée. Mais souvent les individus monopolisés par la peur sont souvent ceux qui évitent de rentrer dans les conflits. Il existe une différence de tailles entre la sensation d’être menacés et de vivre dans cette réalité. Je donne peut-être l’impression d’être menaçante, mais je me trouve bien plus gentille que de casser l’appareil qui contient la musique sans dire un mot. Je ne connais pas cette gamine : Je ne me souviens pas de l’avoir rencontrer une fois. Après mon départ de la Ligue des Assassins, j’ai perdu mon habitude de noter chaque visage rencontré pour éviter les problèmes. Vue sa morphologie, elle semble particulièrement jeune, peut-être une nouvelle étudiante de l’Académie ou une asociale qui a décidé de sortir aujourd’hui.

La jeune gamine pourrait être aussi une étudiante de l’Institut Xavier ou d’une école spécialisée dans la mutation. Je ne me pose pas des questions sur ces origines ou sur ces buts. Je m’entraîne ici pour retrouver mes moments de solitudes et d’introspections. Si on veut écouter la musique, on peut le faire dans plusieurs autres places. Elle doit avoir sa chambre ou le salon pour écouter sa musique ; elle peut utiliser toutes les étranges boites de divertissements qui servent uniquement à cela. Je ne suis pas contre la musique, même Jessica Scott m’a habituée à me sortir de ma morosité habituelle.

Mais pour moi, ce gymnase est surtout pour des entraînements au calme. Si cette salle n’avait pas de haut-parleur intégré, il avait quand même la recherche de tranquillité. Je peux bien me tromper, mais je trouve que c’est plutôt logique comme vision. Malgré ma tendresse diplomatique, la jeune française semble être mal à l’aise de ma demande. Menacer? Je ne l’ai pas proprement menacé, j’ai plutôt menacé sa radio.

« Je ne t’ai pas menacé. Je t’ai demandé d’éteindre la musique. J’ai besoin de concentration pour mes entraînements. C’est pour cette raison que je viens le matin. Après mon départ, tu vas pouvoir remettre ta musique et faire ce que tu désires de ce gymnase. »

Je sais que cela donne l’impression de bouffer le territoire, mais depuis que je me suis habituée à me redonner un temps pour moi-même, j’espère pouvoir le préserver encore un moment. Je ne crois pas que c’est une histoire de contrôle ; c’est surtout dans l’idée de me retrouver et d’être en accord avec moi-même dans les Hélions. Je ne suis pas une grande penseuse des débats mutants et honnêtement, cela ne m’intéresse pas du tout. Ma place n’est pas dans ses débats, mais bien dans la continuité que je peux faire avec les Hélions. Les X-Men ont été capables d’aller dans une défense poussée pour les mutants en se servant du savoir des assassins et de la Justice League. Ils forment quand même un mixte difficile à construire habituellement qu’ils ont surmonté après quelques années, alors je pense que c’est normal d’essayer avec les Hélions.

Et surtout dans l’une des mégapoles les plus importantes des États-Unis. New York a tout fourni pendant des années, alors c’est normal d’essayer sur une autre voie très peu exploitée depuis les dernières décennies. Même le crime organisé bostonien pouvait être plutôt tranquille dans cette ville que dans le marché New Yorkais. La Ligue des Assassins avait peut-être quelques bases secondaires à Boston, mais la guerre avait obligée un transfert vers des bases plus aptes à travailler dans ces opérations.

Méfiante envers mon égard, je ne dois pas juste montrer de l’hostilité dans mon comportement. Surtout qu’on dirait beaucoup de travail dans ma communication est éventuelle demandée de ma part, alors je peux bien essayer de faire comment n’importe qui pour ressembler à quelqu’un de bien plus social.

« C’est la première fois que je te vois ici. Tu es nouvelle ou tu étais habituée à éviter les couloirs quand je décide de sortir? »

Simple et encore concise. J’ai surtout envie de revenir dans mes entraînements ou dans ma motivation, mais elle pourrait trouver quelque chose d’intéressant à dire. Quelques de mes jugements peuvent paraître plutôt sévères envers les jeunes, mais je crois plutôt que c’est un mur culturel qui nous sépare vu ma vie dans la Ligue des Assassins.   »

Je fais tiquer ma vis-à-vis avec mes paroles et elle s’empresse de répondre pour corriger ; non une menace mais une demande ? A mon tour de tiquer et je ramène ma tête à la verticale ; la demande implique rarement des conséquences négatives contrairement à la menace mais je m’abstiendrais de jouer sur les mots sans faire de jeux de mots. Je comprends le besoin de concentration pour l’entrainement, même si je conçois également que cela fasse parti de la concentration que d’exclure des éléments perturbateurs comme la musique ou les bruits de rue, et c’est bien pour ça que j’ai éteint le son malgré tout. Venir le matin pour être tranquille, c’est sûr que je ne facilite et ne faciliterai pas, et refaire comme je l’entends après son départ, j’acquiesce simplement.

Difficile de trouver quoi répondre ainsi je laisse le silence se faire. Je suis sur le qui-vive, moins inquiète et craintive qu’attentive et vigilante, et attends simplement l’action de l’autre. J’ai côtoyée suffisamment de personnes dans la rue pour savoir comment gérer la situation et tenir tête est souvent suffisant à ce que l’autre se détourne parce que je ne vaux pas le coup de marquer plus sa supériorité puisque j’ai déjà obtempérée à sa demande. Il est parfaitement possible que mon interlocutrice ne fonctionne pas selon ce code mais il est des similarités entre les différents milieux et nous restons au sein d’une école, ce qui limite grandement les possibilités d’accrochage.

Et mon entêtement porte ses fruits puisque l’autre tente de se radoucir et relance la discussion plutôt que d’y mettre un terme.


Je désigne le logo du chandail du doigt en même temps que ma demande, enchainant de ma marginalité volontaire face aux groupes sociaux de l’Académie vers ce qui m’intéresse le plus et me plaçant à leur niveau. A tord ou à raison d’ailleurs : la Section Junior ACE doit être dans un niveau entre celui des Impers, dont elle a les interventions, et des Hounders, dont elle a la formation, tandis qu’ici je dois être traitée de façon plus proche des premiers puisque je suis en entrainement continue « en plus » du travail personnel que je suis sensée faire.

Transformant ma désignation manuelle en proposition de poignée de main, je continue de faire face à la jeune femme et poursuis :


Je ne suis pas certaine de ne pas faire d’erreur à me présenter, puisque je serais parfaitement identifiée pour le coup et entrerai dans les rivalités s’il y a lieu, mais je le fais tout de même. Je tente ma chance de manière plus discrète et méfiante que de norme, quand j’ai déjà à peu prêt identifiée la personne avec qui j’interagis, mais je pense que cela permettra de faire avancer la situation tout de même. Et possiblement d’obtenir un nom, ce qui est toujours pratique.


Vu qu’il s’agit d’un gymnase scolaire, il doit y avoir assez rapidement des cours dedans et ça doit plutôt bien s’enchainer considérant la taille de l’Académie néanmoins il reste possible que les arrivées de classes fassent s’en retourner mon interlocutrice et que le temps que je lui fasse perdre ici soit précieux. Pas que je ne sois pas habituée à me faire chasser comme une malpropre mais ça m’emmerderait un peu plus que d’habitude pour le coup. D’un autre côté, je n’aurais absolument aucune gêne à squatter les cours de sport jusqu’à ce que l’enseignant me chasse de la manière suscitée à cause de l’absence de gêne également suscitée. Et puis je ne suis pas certaine qu’un prof puisse m’exclure pour perturbation de son cours dans lequel je ne suis pas sensée être, peut-être que c’est le prof qui se perturbe tout seul à cause de ma présence. Mais c’est hors sujet pour l’instant.


Changement de conversation pour retomber sur mes pattes au besoin et pour savoir si mon bel emploi du temps théoriques va mourir dès le premier jour de tentative d’application ou s’il a des chances de survivre un peu le temps que je ne m’y tienne plus. Napoléon a dit qu’aucun plan ne survivait au contact de l’ennemi, je ne suis pas certaine qu’il faille un ennemi pour saborder son plan tout seul. Mais considérant le teneur de mes plans, je ferais mieux de continuer à avoir des idées générales et du Système D, c’est moins dangereux pour moi. Enfin Bref.

Faire la conversation et détendre l’atmosphère, à partir du moment où l’autre à le sens de l’humour c’est gagné. Après, on est pas encore à tester le sens de l’humour de mon interlocutrice mais, si elle continue de faire des efforts pour se montrer moins hostile que dans son introduction, ça devrait arriver assez vite. Probablement n’est-elle pas une mauvaise personne, malgré cette aura qu’elle peut avoir et que je ne perds pas du sentiment, mais juste qu’elle est assez bourrine. Ça ne me changerait pas tellement du Stage ACE du coup et ça m’irait parfaitement.

Une Radio dérangeante?

« On me dit souvent que mon caractère est d’une nature plus agressive que voulu. C’est une vision que je trouve souvent justifié, surtout que les discussions dans les assassins sont dans des ordres précis et simples. Les débats ne servaient pas à faire avancer la cause et surtout avec une guerre contre la Main, et contre la Fraternité. Je pense m’être amélioré depuis les derniers mois dans les Forces d’Emma Frost. Je ne suis pas très intéressée aux améliorations sur ma communication ; Emma et Rachel ont faits des efforts pour mieux comprendre sans se lancer dans leurs communications un peu plus explosives. Je ne sais pas trop comment juger ce qu’elle veut envoyer comme message au niveau du physique. Elle semble un peu stressée par mon attitude et mon silence. Cela lui prend même un temps pour la faire réagir. J’étais même obligée de lui renvoyer des questions pour qu’elle décide de relancer des mots ou des gestes un peu plus concrets.

Je ne sais pas trop où Emma est allée la chercher, mais elle est assez bizarre. Elle est arrivée d’ici vendredi pour un séminaire d’un mois? Je sais bien que l’Académie donne des cours académiques assez demandés dans les classifications des sociétés habituelles, mais encore une fois, cela ne m’intéresse pas vraiment. Elle parle quand même avec un drôle d’accent et parfois elle coupe des mots. J’ai traversé assez de pays pour savoir les différents accents rencontrés dans le monde pour savoir qu’elle ne doit pas venir des régions des États-Unis. Cela sonne un peu francophone d’un coté, poussé un peu dans les abréviations pour éviter de faire un discours long. Contrairement aux croyances populaires, il existe plusieurs communautés francophones qui traversent la Province de l’Ontario jusqu’en Louisiane. Les hypothèses les plus simples pourraient aller autour de la France ou du Québec, mais il existe beaucoup plus de proximités avec les communautés francophones états-uniennes dans la ville de Boston.

La jeune fille ne semble pas aussi intéressée par le domaine sur les histoires des étudiants. Elle s’intéresse d’abord sur le sujet des Hélions. Elle note aussi le détail de mon chandail d’Hélion pour aller sur un autre sujet. Quand Emma m’a recrutée, je n’ai pas fais attention sur le sujet des mutants, alors sur l’idée des classifications des Hélions, je suis aussi perdue. Avant que Rachel me résume en gros ce que chacun voulait dire. La question de la gamine est quand même étrange, je crois que les Devils sont des agents plutôt discrets, alors pourquoi poser la question? Cependant, je ne crois pas que cela va l’aider à une enquête majeure.

« Devil, même si on ne me l’a jamais précisé. »

Peut-être que je suis plus indépendante que la classification des trois Hélions possibles. Après cette clarification, elle se présente enfin. Lucy de l’ACE… étonnant : Je croyais qu’Emma allait inviter une personnalité un peu plus connue qu’une membre de l’ACE Junior. Rachel Williams déteste les Braddock, mais on pouvait bien inviter des membres de la Famille Gruff ou du reste de la famille des Williams. Peut-être que la venue de la jeune fille doit être en lien avec le fameux tournoi de Frost. Cependant, ma théorie sur ces origines est complètement déjouée par l’hypothèse la plus simple. Je continue de la regarder quelques secondes quand elle décide de me donner sa main pour les présentations.

« Maissa. »

Je tends juste la tête vers le bas pour une présentation sans la fameuse main. Donnez mon nom lié aux Al Ghul, n’est pas pour créer un conflit, mais bien pour éviter de trop en donner. L’ACE doit avoir plusieurs dossiers sur les Al Ghul, mais aussi sur les Drew, s’ils décident de pousser une enquête, je risque encore de donner des informations qui pourraient me causer beaucoup de soucis. J’ai déjà eu des problèmes avec Fisk et avec Slade Wilson. Excalibur doit en connaître beaucoup sur le dossier des Drew, c’est quand même grâce au père de Jessica que le sérum du super-soldat a autant avancé.    

Je ne suis pas très réactive à sa main. C’est une salutation basique, mais je me suis toujours habituée à un salut plus traditionnel que se serrer la main. Je trouve cela bien plus respectable de le faire de cette manière que rentrer dans cette politesse. Je ne lui offre pas vraiment des réponses pouvant laisser des discussions incroyables. Au moins, c’est à elle qui commence à poser des questions à place de me laisser dans le silence. Lucy me pose une nouvelle question, mais qui est un poil sur les précautions. J’ouvre un peu les yeux ne comprenant pas vraiment pourquoi elle pose cette question sur sa présence dans le gymnase. Je reste pensive un petit instant avant d’écouter sa deuxième question sur mon entraînement dans ce lieu.

« Bien sûr. Le gymnase est assez grand pour éviter de contenir une seule personne. Sinon, je m’entraîne ici à chaque jour, parfois je me réserve du temps à l’extérieur ou dans d’autres locaux. Je fais surtout cela le matin. Et vous dans l’ACE? Cela se passe comment? C’est toujours les Braddock ou les Curies qui font les formations? »

Une nouvelle étape de la socialisation vient de se faire : Je lui ai posé des questions sur elle et sur sa formation. Pour les théories sur la confrontation, je ne me tiens pas beaucoup à Napoléon ou aux généraux militaires traditionnels. Dans la plupart des guerres, ils font preuve d’un amateurisme majeur. Si Napoléon avait eu des tactiques et des plans réels de conquêtes, il n’aurait pas perdu lamentablement contre le Royaume-Uni ou contre la Russie. Au niveau de la discussion, je pense avoir lancé assez de questions pour éviter d’être enfermer encore dans le silence.    »

Le moyen le plus simple d’avoir quelque chose, quoi que ce soit, reste généralement de demander ; et je fais ça très bien au culot. C’est ainsi que j’ai obtenu le séminaire à l’Académie, mine de rien, ainsi que bon nombre de mes rencontres avec des gens qui n’ont, en définitive, pas grande raison de m’adresser la parole. Et une Devil des Hellions, ça rentre parfaitement dans cette catégorie ; I’m the Lucky One.

Maissa, c’est joli. Je ne comprends pas sa signification, à l’inverse du hochement de tête dont je me contente en guise de salutation, et poursuis comme prévu en rabaissant ma main. J’enchaine un peu les questions face à la réflexion de la jeune femme mais elle répond à toute sans trop de difficulté, allant à son rythme plutôt que de se perdre au mien. C’est cool de pouvoir m’entrainer même en sa présence, surtout si elle s’entraine ici quotidiennement malgré quelques exceptions, et c’est cool également qu’elle me renvoie la balle avec une surenchère de questions. J’y réponds sans attendre.


Les Braddock sont majoritaires et moteurs, comme d’hab’, mais les autres agissent aussi ; il ne faut pas croire, les Braddock ne doivent composer qu’un tiers de l’Alliance.


Le ridicule ne tue pas mais il amoche bien, les entrainements aussi. J’espère être capable de surprendre un peu Maissa, moins au niveau de la technique que des capacités physiques, et peut-être même lui apporter une opposition appréciable. L’ATB, bien que je n’y aille pas pour gagner, m’opposera à des gens de son niveau et m’entrainer avec elle n’offrira un bon moyen de progression. Et de la connaitre aussi car, même si elle est une super-héroïne plutôt clandestine, elle reste une personne qui mérite d’être connue. En tout cas elle cherche à en faire l’effort avec moi et, malgré le malaise diffus que me cause sa présence, j’aimerai faire la même avec elle. Si je tente beaucoup ma chance, je la saisi également quand elle m’est offerte ; pour le meilleur et pour le pire.


Bon, la plupart des personnes qui me menaçaient par le passé étaient mes professeurs scolaires qui n’arrivaient de toute façon ni à m’apprendre ni à me punir de façon efficace. Il y a des personnes, que ce soit dans l’Alliance ou dans ses sous-groupes, qui suivent cette lancée mais je croise aussi des gens un peu plus pédagogue de temps à autre donc c’est cool. Maissa n’est probablement pas très pédagogue mais elle n’est pas un professeur non plus et c’est ce qui me fait croire que ça peut bien passer niveau entrainement commun : on cherchera à progresser ensemble, même si c’est peut-être plus difficile pour elle si elle est d’un bien trop haut niveau pour moi, plutôt qu’à faire progresser l’autre ; c’est comme ça que je progresse au mieux, même si ce n’est pas le cas de tout le monde. Je n’en sais rien, peut-être le verrais-je ou peut-être pas. Une fois encore, le moyen le plus simple d’avoir quelque chose, quoi que ce soit, reste de demander.

Mon téléphone vibre dans ma poche, l’appli Pokémon Go me signalant l’apparition d’une bestiole à proximité, et je m’apprête à le sortir pour voir laquelle est-ce.

Une Radio dérangeante?

« Je ne suis pas extrêmement douée dans cette situation, habituellement, j’ai toujours eu mon habitude de partir après m’avoir fait écouter, mais Lucy semblait vraiment chercher des détails dans cette rencontre. Peut-être que cela aurait été plus facile de dire que j’étais uniquement une fan de l’organisation à place d’interpréter moi-même que j’étais une Devil. Je ne suis pas dans la nature d’être diplomate, ni très sociale avec les jeunes étudiants voulant échanger quelques détails sur leurs vies. Les autres dossiers peuvent m’intéresser, mais rentrer dans une perspective de discussions avec une autre personne, sont trop difficiles par les modes ou les pensées du moment. L’ACE est un regroupement intéressant, mais je n’ai pas envie de me coltiner les détails de toutes les organisations uniquement par le plaisir de le faire. Certains membres m’intéressent, mais je me suis trop habituée que les recrues des assassins deviennent souvent des sbires par le manque de potentiel de combat.

À la question sur ses entraînements en Europe, elle me répond en débutant par le temps d’un stage : Neuf semaines. Sa formation est surtout dans le fait que l’ACE tente d’établir un respect mutuel avec les multiples groupes européens. Le groupe européen laisse donc beaucoup de libertés aux recrues pour un entraînement à leurs rythmes. C’est quand même assez intéressant comme perspectives de laisser une liberté aux membres de leur équipe. Je ne suis pas dans la certitude que cette technique peut fonctionner vu que les entraînements intenses fournis aux assassins ou encore les X-Men ont prouvé plus leurs efficacités.

Pour les stages, elle me cite quatre professeurs en particuliers, toutes avec des consonances proches des dynasties les plus connues. Robert Gruff est un vieux professeur d’Excalibur, très peu connu dans les médias, mais ayant une carrière d’espion digne des nouveaux James Bond que Rachel m’a forcée de regarder. Julia Williams, selon mes souvenirs, est plus jeune que Rachel et qu’elle est surtout très proche de l’apprentissage du combat que se servir de sa force brute. Je ne la connais pas beaucoup, mais Rachel ne semble pas l’avoir dans son cœur pour avoir rester dans Excalibur. Heather semble aussi subir un sort similaire pour l’avis de Rachel. Cependant elle semble quand même refuser de pourfendre la famille qui avait décidé de rester avec l’Excalibur. Elle préfère les ignorer…

Aislinn Braddock est un mystère pour la ligue des assassins. Elle est apparue très récemment dans cette organisation, mais elle avait des pouvoirs puissants dignes de Magnéto. C’est assez étonnant de la voir surgir quand nos informations n’ont pas été capables de savoir plus de détails sur cette jeune Braddock. Pour Valerie, elle est un peu plus connue dans la Famille cousine. La cousine d’Elizabeth Braddock est surtout enregistrée dans un espoir martial, mais son arrogance est souvent au rendez-vous. Je suis assez étonnée qu’ils ont donné plus de pouvoirs à la jeune femme. Cela peut expliquer par la raison du départ d’Elizabeth Braddock pour les X-Men.

« Assez étonnant que Valerie Braddock remplace Elizabeth. Psylocke a quand même une expérience bien plus étendue que celle de Valerie. Cependant, pour évoluer dans Excalibur, Valerie doit être obligé de suivre ce cheminement. J’espère uniquement qu’elle n’est pas arrogante comme son documentaire le présente. »

Les Vengeurs diffusent toujours leurs exploits et ce sont presque des miracles pour eux. Ce comportement amène surtout à une glorification malsaine de certains de leurs membres pour trouver une reconnaissance assez étrange. Je ne sais pas vraiment ce qu’ils veulent avoir en se servant des médias pour une gloire personnelle ou collective. Valerie a présenté récemment un documentaire dans ce type, alors j’espère uniquement pour eux qu’ils ne vont pas commencer la mode des Vengeurs. C’est très néfaste pour un groupe cherchant à combattre des menaces réelles de jouer à un jeu politique ou médiatique.

Lucy continue sur son autonomie en essayant de squatter chez la chef de la Brigade Chimérique, mais cela semblait être un échec pour la jeune française. De toute façon, pour elle, je ne crois pas que Marie Curie peut lui apprendre quelque chose. C’est une être extrêmement bourrine et qui est surtout devant les caméras pour que les médias se foutent de sa gueule. Tom DeGrace est inconnu dans ma mémoire, cependant Lucy m’explique les détails de son prochain entraînement. Les entraînements collectifs sont sa préférence, mais elle peut aussi aller dans les entraînements individuels. La suite me laisse perplexe. Elle se propose comme partenaire d’entraînements parce qu’elle va se présenter à chaque matin. Je la regarde bizarrement quand elle me parle des raisonnements peu logiques sur le combat en me sortant une expression étrange.

« CQFD? Hum… excuse-moi, mais je ne pense pas que c’est possible. Je me suis habituée à un style plutôt brutal et je crois qu’il est important que tu atteignes un niveau, et un âge qui ne vont pas causer des soucis si tu veux faire du sparing avec moi. »

Ce n’est pas pour la sous-estimer, c’est surtout pour éviter que je casse le bras d’une gamine parce que je suis trop habituée à suivre des mouvements de combats extrêmement dangereux pour mes adversaires. Dans la ligue des assassins, durant des entraînements, on obligeait parfois de tuer nos coéquipiers pour voir si on avait bien compris où frapper pour la mortalité. Lucy reprends parole en me disant quelque chose qui saute quand même aux yeux depuis le début de cette discussion : Elle parle trop. Même pour la suite, j’ai beaucoup de difficultés à suivre tous les détails. Au moins, son téléphone commence à vibrer pour éviter que j’interagisse sur sa dernière partie. Je la regarde sortir son téléphone avant d’ajouter :

« Tu parles beaucoup, c’est vrai. Je vais te laisser prendre cet appel, je dois recommencer à me concentrer… »

Je la regarde quelques secondes sortir son téléphone. Durant un moment, je pense qu’elle risque de prendre une photo de moi, ce que je refuse dans la totalité. Mais, je n’ai pas brisé le téléphone, une plainte à Emma va suffire. Si Maissa ne va rien dire aux membres d’Excalibur, ma photo de moi pourrait me faire reconnaître dans les agences secrètes et internationales qui ont peut-être plusieurs mandats contre moi. Je continue de la regarder bizarrement à la sortie de son téléphone, ne comprenant pas vraiment ce qu’elle faisait.   »

Assez étonnant que Valerie remplace Elizabeth considérant l’expérience supérieure de la seconde envers la première ? Probable, même si c’est le but de celle-ci que de se démarquer de sa grande-cousine. J’aurai bien aimé rencontrer Psylocke aussi mais je reste contente de l’avoir fait avec Lady Briton ; à défaut d’approuver l’aspect bourrin de son caractère, je le vis plutôt bien personnellement et comprends pourquoi elle cherche à se mettre autant en avant. Du fait, j’évite tout commentaire concernant son arrogance ou son approche des médias et poursuis sur ma lancée. La démonstration laisse Maissa perplexe et elle décline la possibilité d’entrainement commun du fait de son style « plutôt brutal » et de l’importance que « j’atteigne un niveau et un âge qui ne vont pas causer de soucis » ; je ne connaissais pas le terme sparing mais le reste est du réchauffé à en empuantir le micro-onde. Je veux bien admettre que Maissa puisse me tuer en un instant, il suffit d’une force classe 1 pour le faire de toute façon, et qu’elle craigne le faire par accident tout autant que j’ai déjà admis être d’un niveau largement inférieur au sien, parce que c’est le plus probable et que je n’ai pas l’arrogance de me voir plus haute que je ne suis, mais cela n’a rien à voir avec ma jeunesse. J’avais treize ans la première fois que j’ai été quasiment battue à mort et j’avais choisi de l’être afin de réussir à coincer les gros bonnets d’Aubervilliers, certes pas des menaces pour les Super-Héros mais déjà bien dangereux pour les gens qu’ils sont sensés protéger, ainsi cela m’horripile toujours d’entendre parler d’âge quand il s’agit de mesurer la valeur des gens.


Je sors mon smartphone à coque renforcée et présente la carte GPS clairsemée de points d’intérêt entourant un avatar clairement disproportionné émettant une onde ; une onde dans laquelle se trouve un petit chien a fourrure orange avec des stries noires sur le dos et sur les pattes qui devient de couleur crème sur sa gueule, sa poitrine, son ventre, sa queue et sa tête. Caninos, le chien loyal qui se dresse vaillamment devant ses ennemis même s’ils sont plus puissants que lui, voici qui me fait avoir un sourire en coin assez amer. J’ai toujours préférés les chats.


La plupart des gens dispose d’une attention limitée à son environnement et, même si on peut considérer qu’une application comme Pokémon Go réduit encore celle-ci, je préfère voir le fait qu’elle apprend à être plus attentif et à percevoir plus de choses. Evidemment, faut pas rester collé à l’appli pour ça mais je n’estime pas avoir ce problème. Cliquant afin de déclencher l’interaction de capture, je lance avec presqu’autant de négligence que d’habileté la pokéball ; je n’ai pas à m’inquiéter du résultat, il sera choppé même si c’est improbable, et en reviens donc à Maissa pour observer si mon explication a été utile ou pas. L’application ayant fait le buzz, cela m’étonnerait que ce soit le cas néanmoins je cherche à percevoir plus que la moyenne.


Conclusion adéquate en toutes circonstances qui clôt tant mon explication que mon observation alors même que j’en suis à tapoter sur mon écran tactile sans le regarder afin valider la capture sur l’application pour pouvoir renvoyer mon portable à sa poche.


Aislinn et Maissa doivent avoir un âge similaire, pas tellement éloigné du mien d’ailleurs, mais je pense sincèrement qu’Aislinn a plus vécu en deux décennies que la quasi-totalité des gens dans toute leur vie ; même Valerie ou moi. Tout le monde a son fantôme, il en est juste des plus importants que d’autres. Mais ne nous déprimons pas, il y a les raisons mais pas l’utilité. Je retombe donc sur mes pattes, comme toujours, et renchaine avec la même rapidité de paroles que précédemment.


Le mot n’est peut-être pas le mieux choisi mais il y a toujours cette recherche d’adoubement, de reconnaissance non pas comme la meilleure mais juste comme étant capable de le faire ; Emma, comme Aislinn avant elle, m’a offerte ma chance de faire mes preuves. Il me reste à les faire à présent. L’ABT puis le Tournoi Européen seront des occasions de le faire et peut-être qu’après eux je pourrais enfin commencer à être prise au sérieux, à défaut d’être considérée comme une égale, par Maissa, Atalante et bien d’autres. Et, association d’idée faisant, je reprends la parole afin de préciser un point.


Je suis prête à laisser Maissa se concentrer à nouveau, ignorante de savoir si ma simple présence suffira à la déconcentrer comme ma musique et mes paroles l’ont fait jusque là, mais ne cherche pas à fournir les salutations d’au-revoir en première ; sait-on jamais que, malgré mon côté gamine, l’une de mes déclarations ait faite mouche.

Une Radio dérangeante?

« Je ne veux pas porter des préjugés injustes envers Valerie Braddock, mais sa jeunesse fait qu’elle n’a pas une expérience similaire de Betsy sur plusieurs enseignements. J’accepte volontairement de me faire entraîner par Elizabeth, cependant pour Valerie, je trouve qu’il manque cruellement quelque chose avant de devenir un véritable professeur pour un potentiel plus poussé. Je peux avoir certainement quelques préjugés envers la jeune femme, sa participation des médias me laisse plutôt perplexe quand sa famille a toujours refusé de participer à cette folie journalistique sauf pour quelques évènements uniques. Pour le reste des pensées de Lucy, je pense que l’ignorance est de mise pour éviter d’affronter les réalités des combattants. La logique martiale est peut-être difficile à accepter, mais elle est réelle dans sa composition actuelle. Les organisations, formant les meilleurs combattants de la planète, travaillent sur un concept d’amélioration que les concepts théoriques de l’âge ou de la valeur dépassent. Je ne porte aucun jugement sur elle, je connais juste le potentiel souvent limité lié à l’âge : Je l’ai même vécu quand j’étais plus jeune.

Elle m’explique après que ce n’est pas un appel, mais un jeu. Je préfère déjà mieux les jeux de consoles que Rachel m’a forcée de jouer, au moins, ils ne nous n’obligent pas de jouer n’importe quand. Elle me montre le jeu sur son téléphone qui expose un drôle de créature digitalisé. On dirait que cela l’inspire beaucoup, les décrivant comme une activité extérieure et collective pour amener plusieurs joies dans le cœur de plusieurs individus. Je ne suis pas trop attirée par ce jeu, parce que je préfère éviter me promener toujours avec des gens et que je préfère aussi être tranquille pour me promener dans des environnements de la nature.

Je baisse la tête en signe de compréhension la laissant jouer avec la créature du jeu. Après l’avoir capturer cruellement avec sa petite boule rouge et blanche, elle retourne le téléphone dans sa poche pour répondre enfin à une « provocation » que j’ai émise envers un entraînement entre nous deux. Elle semble vouloir se défendre devant mes paroles, mais j’ai passé assez de temps dans la Ligue des Assassins pour juger un niveau martial. Lucy peut se sentir insulter, mais ce n’est pas le but.

Les niveaux martiaux sont plutôt complexes à comprendre, on retrouve souvent une diversité infinie des styles et de l’adaptation surtout des combattants venant des organisations d’élites. Cette infinité de possibilité amène certains artisans à être supérieur à quelques autres niveaux traditionnels. Il est déjà exceptionnel qu’un combattant normal atteigne le niveau du professionnel, alors quand on le dépasse, c’est quelque chose d’autres. Et quand on parle des maitres assassins ou encore des élites inconnues, c’est encore une infinité. L’adaptation sert ensuite pour un combat plus équilibré, on ne peut pas trouver une limite précise, mais il est possible de niveler par les repères de plusieurs êtres martiaux ayant une combattivité rare.

Si pour Lucy, l’âge ne veut rien dire, elle ignore la scène des assassins. Je sais que mon niveau est devant les talents de Talia, de Ra’s ou de Nyssa, mais ils s’égalisent avec Lady Shiva ou Slade Wilson au niveau de la pratique d’un combat réel. À ce que je sache actuellement, même les meilleurs étudiants de l’ACE ou des X-Men ont besoin de continuer leurs entraînements pour arriver à un autre niveau. Seuls trois individus ont pu atteindre un talent de combat spectaculaire dès le bas âge : Damian Wayne, Tomi Shishido et Cassandra Cain. Alors, je serai vraiment étonnée que l’ACE cache l’une des martiales de la planète.

« J’ai travaillé longtemps dans ma vie pour savoir les limites actuelles. Plusieurs organisations forment des combattants exceptionnels, mais les Mozart sont rares surtout au niveau que j’ai étudié largement. Tu as déjà regardé comment Valerie Braddock bouge, calcule les coups qu’elle donne ou encore comment elle s’entraîne pour améliorer sa précision? Ce niveau est exceptionnel pour elle, mais aussi pour tous individus, et sans être prétentieuse ou arrogante, on m’a entrainé pour aller au-delà ce niveau. Aislinn Braddock est une force brute avant d’être une force martiale. À ton âge, j’ai connu uniquement trois combattants ayant atteint un niveau unique. Je n’utilise pas l’excuse de l’âge pour marginaliser tes talents, mais bien en conscience, comment les Mozarts sont rares dans notre monde. »

Batman, Jessica Drew, Psylocke et ainsi que la majorité des combattants exceptionnels n’ont pas atteint un niveau de combat unique quand ils apprenaient à se battre, ils l’ont appris plus tard. Damian Wayne, Tomi Shishido et Cassandra Cain ne possèdent pas une chance ou un apprentissage rare, mais bien un talent que même des Dieux ne composent pas. Lucy continue sur quelques mots d’illustrer sa dignité durant le tournoi, mais ce qui me laisse indifférente. En quoi, tu peux illustrer ta dignité quand ce type de combat doit être surtout concentré sur la dignité de ton adversaire?

« Digne de quoi? Le but de ta participation dans ce tournoi est de prouver individuellement que tu es digne devant les autres? »

On utilise souvent les arts martiaux de différentes manières. Les militaires et les policiers en usaient surtout pour se défendre minimalement vu leurs capacités de leurs armes, pendant que d’autres en utilisaient pour jouer dans une catégorie professionnelle. Les organisations de la super-sécurité ou encore de l’héroïsme l’utilisent pour combattre efficacement les groupes assassins. Cependant, malgré tous les conflits des assassins, les arts martiaux avaient une idéologie et surtout une sagesse dépassant les rivalités ou les défenses habituelles. Je me suis inscrite au tournoi surtout pour voir à quoi peut ressembler les pratiques des autres. Lucy m’explique un peu son expression de jeune, mais je ne fais pas trop attention. Elle semble vouloir faire rire quand je ne suis pas la public-cible pour l’humour. Je suis plutôt intéressée par ce qu’elle recherche vraiment. Elle me laisse plutôt perplexe, peut-être mal habitué aux modes de la médiatisation des groupes de sécurités.   »

Je ne convaincs pas plus aujourd’hui que d’habitude mais Maissa renchaine pour continuer la conversation, ce qui reste positif. J’écoute ses paroles avec attention sans pouvoir m’empêcher de considérer que « étudier longtemps dans sa vie » doit signifier un équivalent de master ou de doctorat pour Maissa ; je n’arrive guère à savoir si cela plaide en ma faveur ou non de considérer que le plus haut grade universitaire, et donc le développement d’apprentissage théorique, s’atteint vers les 25 ans. C’est l’âge approximatif  de Valerie et d’Aislinn, ainsi que celui que je suppose à mon interlocutrice, qui justifie leur expertise dans leurs domaines. Je crois volontiers, pour l’avoir en effet observée, que le niveau de Valerie est exceptionnel mais ne comprend pas réellement ce que signifie « exceptionnel pour elle » ; ne pourra-t-elle le conserver que quelques années avant que l’âge ne joue contre elle ? Robert Gruff est encore un combattant de son calibre je pense et pourtant il a dépassée la cinquantaine. Aparté mis à part, le fait que Maissa soit, « sans prétention ou arrogance », entrainée au-delà de ce niveau me surprend beaucoup : Valerie a déclarée être devenue l’une des dix meilleures combattantes de la planète, ce qui doit la placer dans les cent premières considérant sa volonté de mise en avant, mais je ne pensais pas qu’il y ait des entrainements pour devenir meilleur que ce niveau exceptionnel. Qu’on puisse le devenir par l’expérience et l’auto-amélioration d’accord, Valerie est toujours dans cette progression, mais qu’un entrainement suffise… violent. D’un autre côté, je n’ai pas véritablement de preuve de l’absence de prétention ou arrogance même si le ton est sincère et que l’aura de dangerosité tend à appuyer le propos. Et niveau d’Aislinn, c’était plus pour l’expérience de vie que pour le talent martial que je la considérais car je ne l’ai jamais vue se battre.

Le partage d’expérience de Maissa est apprécié, parlant de trois individus ayant un niveau unique dès leur adolescence, et sa tentative de clarifier sa pensée pour montrer qu’il n’y a rien de personnel me fait sourire légèrement. Elle est un peu brute mais très loin d’être méchante, la plupart des gens m’aurait laissée sur ma frustration habituelle. Des personnes comme Mozart sont rares puisqu’il était à la fois prodige et virtuose, même si l’un aide bien à l’autre, et qu’il est considéré comme un génie mais les prodiges restent moins rares que les polymathes et je crois sincèrement que le monde en contient beaucoup ; après, peut-être qu’on a pas les mêmes définitions des différentes notions. Tout comme celle de dignité, visiblement, puisque cela surprend et interroge Maissa que je cherche à me montrer digne.


Ce simple mot pourrait suffire mais je crains que la polysémie qu’il implique me desserve ainsi donc je m’arpette à développer, ne réfléchissant guère mes paroles.


Peut-être que je me bats pour quelque chose de déjà acquis mais je ne crois pas. Lorsque je reviendrais en Europe, il faudra que je cherche à recontacter Aislinn pour parler de nouveau avec elle, en espérant que les mois écoulés aient pensées la mauvaise expérience qu’a été pour elle notre rencontre. Malgré le temps passé avec Valerie, je crois que c’est Aislinn qui m’a le mieux cernée et j’aimerai énormément la connaitre mieux, comprendre ce qui lui est arrivé. Je ne pense pas que participer à l’American Tenkaïchi Budokaï me fera bien voir auprès des Braddock vu les déclarations de Brian le concernant mais j’espère que le défi personnel que d’y avoir participé me permettra de gagner un peu de considération.


Si des gens veulent croire en moi, c’est à eux de se retrouver dans ce que je fais et pas à moi de leur dire de le faire. J’ai été élevée dans l’admiration des Super-Héros, Excalibur et Justice League aux premiers rangs, je ne pense pas être mauvaise dans ce que j’essaie d’entreprendre ou dans mes valeurs. Pas plus que dans mes talents, d’ailleurs.


Une autre rencontre à faire une fois mon stage terminé, en espérant que j’ai suffisamment progressé vis-à-vis du stage pour pouvoir surprendre Valerie puisque, toute innovante que soit la technique que j’emploie, elle a eu le loisir de m’aider à m’améliorer et devrait la connaitre plus que toute autre personne. Finalement, je me demande où est-ce que je vais me faire le plus casser la gueule : avant l’ATB, pendant l’ATB, durant l’entracte entre les tournois ou durant le Tournoi Européen. D’un autre côté, plus je me fais casser la gueule plus c’est bon signe : ça signifie que j’affronte plus de supers. Je suis vraiment masochiste en fait.


Il n’est plus réellement question de laisser se concentrer à nouveau sans la déranger, la discussion est lancée et j’ai bien l’intention d’en profiter au mieux. Maissa cherche à me mettre à l’aise et cela marche, l’indice de mesure étant mon débit de parole.