Discussion matinale [PV : Lucky]

Une Radio dérangeante?

« Je pense que les gens ont beaucoup de problèmes à conceptualiser la maitrise des combats, même Lucy fait des amalgames plutôt curieux sur l’apprentissage martial. La maitrise du combat est un art à part des constructions théoriques, on peut apprendre à bouger et à frapper, mais quand on se sert du combat pour nos causes, on doit savoir comment s’en servir d’une nouvelle façon. Je ne crois pas que Valerie Braddock va pouvoir atteindre un niveau similaire à Betsy, ses talents semblent trop limités malgré que je ne connais pas la totalité de son talent, sa grande cousine avait déjà un potentiel énorme à cet âge. L’éducation est différente, les attitudes sont aussi variées que les individus, mais les arrogances et les prétentions suffisent souvent à purger un potentiel combattant. On peut être doué dans plusieurs domaines en regardant surtout les théories, mais la pratique est quelque chose de bien plus complexe.

Lucy réponds à mon interrogation par un simple mot sur le sujet de la dignité avant de continuer sur autre sujet. Elle ne vient pas du milieu super-héroïque? Je la regarde encore bizarrement à cette affirmation, sans aller dans la moralité, qu’est-ce qu’elle croit être du milieu super-héroïque? Superman a commencé comment selon elle? En étant le leader de la Ligue des Justiciers dès le début? Elle m’indique même qu’elle vient de la rue en agissant comme presque tous les héros qui ont commencé dans la rue… Sa réponse autour de la dignité est surtout de prouver sa valeur dans son groupe.

« Le milieu super-héroïque n’existe pas. Peut-être que cela existe en image dans les médias, mais au-delà de cette idée, personne ne vient du milieu super-héroïque. La Young Force a été créée par des individus venant de la rue comme la plupart des guerriers qui en traînent dans les quartiers pour protéger les citoyens. Daredevil, Luke Cage, Nightshot et même Superman ont commencé dans les rues et certains d’entre eux continuent à combattre dans les rues. Les Familles Anglaises viennent des milieux régaliens : militaires, policiers ou autres. Si tu veux prouver ta valeur aux autres, commence à les voir comme des êtres humains comme toi à place de les mettre dans une catégorie à part. »

Cela peut être perçu comme sévère, mais je trouve sincèrement qu’elle renverse les moyens pour bien progresser. Uniquement dans cette interprétation, cela peut causer un souci de compréhension et de coopération chez ses coéquipiers. C’est l’évolution des humains qui a permis de construire des groupes d’héros ou de sécurité, selon les interprétations de chaque. Mais ils viennent tous de plusieurs milieux humains différents, même les Dieux et les Déesses sont attirées vers des communautés humaines à place des communautés des autres dimensions. Je respecte ce que la Ligue des Justiciers, ce que les X-Men, ce que la Young Force, ce que les Last Sons ou ce que l’ACE sont uniquement par la fait parce qu’ils se sont construis d’une manière unique par les évolutions des sociétés. Il ne faut jamais les regarder de haut ou de bas, ils se composent normalement comme n’importe quels partis de l’être humain.

Parfois je pouvais me dire déconnecter des envies ou des empathies qu’un être humain pouvait avoir. Je me préparais même à trouver la mort de Talia ou de Ra’s comme l’ordre naturel du changement dans les assassins, mais je n’ai pas pu supporter la mort de mon frère. Même si on recherche à se déconnecter des autres systèmes, on est souvent rattrapé par les repères qui nous ont construis et ces repères sont souvent plus humains de ce qu’on pense. Uniquement quelques êtres monstrueux peuvent se réussir de se détacher complètement de leurs attachements envers l’humanité et pour moi, l’idée de catégoriser des êtres comme un milieu à part, est donc de vouloir effacer une représentation de ce qu’ils sont réellement.

Lucy continue sur la théorique habituelle avec ce qu’elle pense ce que les autres veulent incarner. Je ne sais pas, mais je trouve que cela sonne extrêmement faux comme discours, parce qu’elle semble critiquer dans le vide ceux qui essaient de construire un monde meilleur pour la recherche reconnaissance chez ses pairs. Elle me laisse très perplexe par ses mots, peut-être à cause de sa jeunesse. Je n’ai pas envie de lui répondre immédiatement. De toute façon, elle continue. Elle essaie de justifier ses talents pour lui donner une autre valeur que son âge. Elle avoue même avoir une technique plutôt moindre, mais d’avoir deux facteurs pouvant beaucoup l’avantager : Le parkour et la chance. Je la regarde vraiment bizarrement pour la suite de sa prochaine thèse : Elle peut tenir contre Valerie Braddock…

« Il faudrait peut-être que tu réfléchisses plus sur l’art des combats. Je peux admettre que le parkour peut aider sur une agilité quelconque, mais la chance ne va jamais te donner un avantage au combat. Je ne crois pas à la chance, parce que la maitrise du combat est différente de jouer à un jeu de loterie. Ton bras ne va pas bloquer un coup à gauche par chance, ni te faire voir quand ton adversaire va te donner un coup imprévisible. Et crois-moi, contre les terroristes de haut niveau que l’ACE peut affronter, la chance ne va pas te sauver. »

Neena Thurman est une excellente combattante, car elle est une excellente combattante. Sa chance n’a rien à voir avec ce talent. Affronter des maîtres assassins ou des spécialistes de combats sont des concepts bien plus dangereux que faire des combats dans les ligues professionnels. La chance ne te sauve pas d’un combat contre Gorgone ou contre Michael Williams. Dès qu’ils te touchent, c’est pratiquement fini.

Lucy me retourne quelques questions pour moi. Une première autour des raisons pourquoi je me bats, une question plutôt sportive sur le classement mondial des combattants et une autre sur mon éventuel participation au tournoi d’Emma. Je suis pensive pendant quelques secondes pour lui donner quelque chose du concret sans tout dire.

« Je ne viens pas de la rue, des enfants de la Justice League, ni des autres organisations autour de la défense ou encore de ce pays. Je me suis toujours battue dans ma vie, que cela soit pour des causes nuisibles envers les Hélions ou l’ACE, que pour des causes un peu plus nobles. Pourquoi je me bats? Parce que je le peux. Une tonne de mutant peut combattre Superman, Wonder Woman ou Martian Manhunter, mais la force brute ne fait pas tout et on a besoin de gens comme moi pour affronter une expertise qui va en dehors des combats aériens ou pour savoir qui frappe le plus fort. Je n’ai pas l’arrogance de me prétendre dans les dix meilleurs combattants de la planète, il existe beaucoup trop de variétés pour croire à cette idée. On m’a entrainé au combat et à la stratégie depuis mes cinq ans avec des arts martiaux assez méconnus pour la population. Je compte bien participer au tournoi, mais je ne tiens pas à affronter Paige Sinclair ou toi, vu votre jeunesse. Je préférais abandonner que frapper sur des adversaires qui sont toujours en apprentissage. »

Mes paroles peuvent être extrêmement froides, mais pour moi, c’est un fait plutôt concret. Sinclair comme Lucy sont en apprentissage dans chacune de leurs organisations et bien que je ne peux pas être en accord avec la plupart des idées de Lucy, peut-être que sa maitrise au combat pourrait s’améliorer avec la pratique et le temps. »

Je trouve cela étrange de dire que le milieu super-héroïque n’existe pas ; il est certes plus marqué dans les médias mais c’est surtout à un niveau social que je pensais la chose. Je parle du milieu super-héroïque comme je parlerai du milieu politique, militaire, médiatique ou autre ; non comme quelque chose de clos et d’hermétique, aucun milieu ne l’est, mais comme quelque chose avec ses propres codes et habitudes. Maissa marque des points avec la Young Force mais c’est leur démarche qui m’a conduite à être attirée par eux en premier lieu, et à continuer de les admirer maintenant : ses membres viennent des rues et ont cette culture du super-héros qui les pousse à essayer d’en être à leur tour, d’exprimer leurs valeurs et de s’impliquer dans le monde tout en progressant ensemble par l’entraide plutôt que grâce à un entrainement préétablit et un enseignement venant de générations précédentes. La Young Force est géniale en cela, c’est un groupe de jeunes potes qui s’entraident et font ce en quoi ils croient avant d’être une organisation de super-défense ; les Vengeurs, les Maisons de l’Alliance, les Luchadores ou les Last Sons, ce sont tous d’abord des groupes de super-défense avec des individus qui agissent en leur sein alors que la Young Force est d’abord un groupe d’individus liés entre eux. Peut-être que je me trompe sur elle mais je pense vraiment que la Young Force c’est construite avant tout autour de ses membres, non d’une institution ou pour répondre à un besoin, ce qui en fait un cas complètement à part et unique. Daredevil et Luke Cage sont des Vengeurs, ils ont l’autorisation du Gouvernement Américain pour faire ce qu’ils font quand bien même ils le feraient même sans, et Superman est l’un des fondateurs du super-héroïsme donc normal que ça n’était pas là avant lui et la Justice League. Je suis entièrement d’accord que les Dynasties anglaises viennent de milieux militaires et autres mais elles ont changé avec le temps pour vraiment se diriger vers du super-héroïsme ; on retrouvera difficilement un Braddock au sein de la police de quartier ou d’une unité militaire standard, ils contribuent à une grande majorité à la Maison Braddock, à l’Excalibur voir à l’Alliance. Je peux me tromper, je ne suis pas anthropologue, mais je crois vraiment que les super-héros se sont normalement développés et intégrés à la société au point d’avoir un milieu super-héroïque interagissant avec tous les autres milieux sociaux ; c’est une question de normalité, en fait. Ça ne les mets pas à part, pour moi ce sont leurs capacités et surtout leur volonté qui peuvent les mettre à part, mais prouve que la société les a parfaitement intégrés. Enfin Bon, c’est pas ça qui me chiffonne le plus dans la réponse de Maissa.

Ce qui me fait grimacer c’est l’accusation de ne pas les voir comme des êtres humains. Je n’ai jamais dit cela et, autant avec Aislinn j’ai été particulièrement mal sur cette discussion, autant avec Maissa je ne pensais pas donner à penser une quelconque Surhumanité. Je ne crois pas à la Mutanité car ça me semble mettre à part les mutants des humains, genre la ségrégation, alors qu’ils restent appartenant à l’espèce humaine. De même, je trouve le terme Inhumain super-mal choisi et je crois que les divers Panthéons sont simplement des branches de l’Humanité ayant évolué différemment sous l’influence de leur dimension. Pour moi, l’Humanité est double : d’une part, l’appartenance à l’espèce humaine : on est une espèce animale, partant de là tout individu non-extraterrestre est humain qu’importe ses valeurs et ses actions, les modifications génétiques naturelles ou artificielles qu’il a subit, etc. D’autre part, le sentiment d’appartenance à l’Humanité : des individus extraterrestres comme Superman sont humains dans leur psychologie, ils ont la volonté d’appartenir à cette construction et d’y participer. Et, que j’ai tord ou j’ai raison dans mon point de vue, je ne suis pas en mesure de juger de l’Humanité de quelqu’un. Oui, je considère que les super-héros ont une valeur bien supérieure à celle du citoyen lambda et que leur milieu est très exigeant afin de le rejoindre mais ça n’impact nullement sur l’humanité des individus qui s’y trouvent. Ce n’est pas le fait qu’elle ait des pouvoirs comme Magneto qui m’a tant marqué chez Aislinn, ce sont les blessures qu’elle porte et que je n’ai pu qu’entrapercevoir. Ce n’est pas le fait qu’elle puisse potentiellement vaincre Valerie qui va me marquer chez Maissa, c’est son aura et son cœur. J’ai emmerdé autant de membre de l’Alliance que j’ai pu afin de les rencontrer justement parce que je cherche à connaitre des gens et non à me limiter à des figures médiatiques. Mais beaucoup d’entre eux n’ont guère de temps à perdre avec moi alors je cherche à prouver que ça ne sera pas du temps perdu, que je suis digne de leur attention. Je les regarde d’en bas oui, sans doute parce que je me sens un peu comme une merde face à la plupart d’entre eux et leur expérience, mais je ne remets jamais en question leur humanité. Ce n’est pas un point sur lequel je m’interroge en fait, de savoir si je fais face à des êtres humains ou non, tellement ça me semble naturel qu’ils soient humains.

La suite des paroles est aussi familière mais moins blessante ; réfléchir sur l’art des combats est un truc où je sais avoir du mal, principalement parce que j’aborde cela comme un moyen non comme une fin, et l’agilité comme la dextérité restent les parties où je me débrouille le mieux. Quand à la chance, Maissa n’est qu’une personne de plus à ne pas croire que j’ai des pouvoirs et cela me va. Pas pour rien que je comptais comme un demi-point. Combattre est différent du hasard pur, c’est incontestable, mais il reste une partie d’indéterminé dans le combat.


Comme pour les milieux, je ne conçois pas les choses comme hermétiques même si ça peut être difficile de migrer. Il ne faut jamais s’en remettre à un seul aspect de ce à quoi l’on a accès, Atalante insiste particulièrement sur l’équipement mais cela vaut pour tout logiquement. Si je m’en remets qu’à ma chance, qu’à mes gadgets ou qu’à mes capacités, je me crée moi-même des failles plutôt que de combiner afin d’être meilleure. Quand à aller confronter des terroristes, je suppose bien que cela sera plus difficile que contre les criminels de la Seine-Saint-Denis ; j’associe le « haut niveau » au milieu super-héroïque et à ses critères supérieurs à ceux des militaires et policiers mais je ne me la ramènerai pas là-dessus pour ne pas déclencher la même polémique que juste avant. Un changement de sujet pour prouver que, même si je regarde les choses du bas de mon mètre presque soixante, je considère les gens comme des gens plus que comme des figures et j’interroge donc Maissa.

Ni la rue, ni les héritiers de la Justice League, ni les autres organisations de super-défense ni même des USA ; beaucoup d’éliminations qui mettent plus dans le floue qu’elles n’éclairent. Si Maissa c’est toujours battue dans sa vie, c’est peut-être une motivation en soit : elle ne connait rien d’autre. Je prends néanmoins note qu’elle a été adversaire des Hellions ou de l’ACE avant de rejoindre ceux-ci. Se battre parce qu’on le peut, voici qui me fait pencher la tête sur le côté ; pour moi, on décide de se battre pour une raison et on le fait parce qu’on le peut, pouvoir n’étant pas devoir ça n’oblige à rien. Je tique un peu à l’idée qu’une tonne de personnes puissent confronter Superman, Wonder Woman ou Martian Manhunter, qui restent dans ma perception trois personnes parmi les plus puissantes de la planète et ayant une exceptionnalité à la mesure de cette puissance, mais suis entièrement d’accord que la force brute ne fait pas tout. Les armes ou les arts martiaux ne se seraient jamais développés si c’étaient le cas. Besoin de gens comme Maissa pour affronter l’expertise de tels êtres ? Okay… je suis impressionnée pour le coup. Je veux bien qu’un être humain normalement constitué ne fasse pas de grande différence entre la classe de force 1 et la 100 puisque la première est suffisante à le briser d’un seul coup mais la résistance pose aussi problème. Des équipements doivent permettre de compenser mais on ne parle pas d’une concurrence sur « savoir qui frappe le plus fort » ; on parle de l’affronter par les arts martiaux. C’est un niveau tel que la moindre erreur est mortelle ; pas étonnant que Maissa ait été entrainée depuis ses cinq ans pour réussir de tels défis. D’autant que si Superman et Martian Manhunter ne sont pas réputés comme des artistes martiaux, Wonder Woman est clairement l’une des meilleures dans le domaine. Maissa m’impressionne : elle est brutale dans sa manière d’être et de parler, probablement du fait de son entrainement, mais aussi gentille dans ses intentions. Cette ambivalence a quelque chose de fascinant.

Faisant la moue à sa conclusion, je fouille un instant dans mes poches afin de sortir et de lui présenter la micro-puce ATB, une espèce de petite coque avec une toute aussi petite antenne qui en sort.


Cela aussi, je le considère comme une manifestation de ma chance : j’aurais pu laisser la puce ATB dans mes affaires mais je l’ai prise et elle m’est utile, coup de chance. I’m the Lucky One.


Je marque une pause et regarde la puce entre mes doigts, petit machin que je tends toujours à Maissa et qui me semble peser extrêmement lourd au point que ma main bouge légèrement, puis relève les yeux vers mon interlocutrice sans cesser de lui tendre le gadget.


Je crains moins pour ma vie que pour celles de mes proches. S’ils me demandent, la réponse est toute trouvée : je suis un chat, j’ai donc neuf vies et je retombe toujours sur mes pattes.


A force de causer sur ma particularité d’apprentissage, je me demande si cela ne pourrait pas être le sujet de mon travail personnel : l’investigation passerait pas des psychologues comme Emma vis-à-vis de la partie mécanisme d’apprentissage ainsi que par des professeurs qui utilisent les autres biais comme ceux qu’elle m’a cité au sein de son Académie. Oh, ça ce tente autant que c’est hors sujet ça.

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« C’est bien trop facile de tout fixer sur une idée d’un milieu pour les gens qui travaillent dans ce domaine. Je ne vais jamais être d’accord avec les pensées de Lucy sur le domaine de comment différencier la défense de la rue et cette soi-disant culture de super-héros. Je ne vois pas comment on peut créer une différence entre une équipe comme les Last Sons avec les membres de la Young Force. Sans créer de conflit énorme avec mon cousin éloigné, je crois que les interprétations différentes autour de la super-défense ou des super-héros sont au sujet des négociations des mots. On se sert du mot super-défense quand des gens trouvent le moyen de trop idéaliser ou marginaliser un groupe qui travaille dans des buts héroïques. La seule différence est dans la légitimité, mais il faut être capable de faire la différence dans la valeur des membres. Les X-Men n’ont aucune reconnaissance officielle, cependant l’Europe les laisse gérer plusieurs opérations sans avoir un mot à dire. Je n’ai pas encore rencontré beaucoup de membres des Last Sons, mais je suis dans la certitude que la plupart des membres ne réfléchit pas nécessairement sur le concept de sauver des vies si ceux-ci se soucient vraiment du concept de super-défense ou de super-héroïque.

Ils le font, c’est tout. Je ne crois pas au milieu super-héroïque, parce que je pense souvent que c’est trop idéaliser, marginaliser ou écarter certaines personnalités qui ont travaillé pendant des décennies pour réparer ou construire un monde meilleur. C’est bien de combattre dans les rues, mais croire que Luke Cage, que Daredevil, que Batman ou que Nightrunner ont une différence des autres combattants de rues parce qu’ils ont une légitimité, est une erreur. Ce sont des combattants purs, des êtres ayant prouvés un talent de combat et de connaissance de leur milieu. Même sans la permission des grands groupes, ils ont été des éléments coriaces pour la protection des civils. C’est l’une des raisons pourquoi la Ligue a toujours été attirée par ces personnalités, ils ont une forme de noblesse qui les intègre parfaitement aux codes inscrits des organisations les plus ancestraux. Ce qui me chiffonne le plus, c’est de créer un schisme entre défendeur de rue et des autres, on dirait que Lucy essaie de trouver une reconnaissance de cette manière et cela me dérange. Car ce n’est pas d’où que tu viens qui t’engage dans un combat, mais bien par les moyens que tu cherches à mieux combattre qui créent ta valeur.

Le respect envers Wonder Woman ou Batman est pratiquement similaire, car ce sont leurs mentalités et leurs intelligences qui font leurs exceptionnalités, et non leurs origines. Je n’aime pas les pensées de Lucy autour de certains êtres, parce que malgré tous ses dires, on dirait qu’elle force pour une reconnaissance comme les autres, quand l’apprentissage doit se faire. Elle différencie tellement les relations uniquement en voyant certains êtres comme supérieurs que les êtres humains, que cela doit automatiquement dégouter plusieurs.

En tout cas, on va revenir sur cette partie pour plus tard. Lucy essaie de me justifier comment sa chance peut jouer sur certaines opérations, dont sur une arme enrayée ou de glisser une éponge pour éviter de recevoir un coup. Son mélange de facteur me laisse vraiment perplexe, est-ce qu’elle compte vraiment sur la chance pour combattre des terroristes de haut niveau ou même des incompétents de l’État Islamique?

« Non. Je suis désolée, mais si l’HYDRA ou l’État Islamique vous attaquent avec une centaine d’armes automatiques, ils ne vont pas tous s’enrayer par chance. Et je ne crois pas que glisser sur une éponge va pouvoir t’aider contre des combattants révolutionnaires d’un autre niveau. »

Avant, Ra’s me disait souvent que Batman était un mélange de talent et de chances, mais je ne crois plus vraiment au deuxième facteur. Batman, Daredevil, la Ligue de la Justice ou encore les X-Men ne réussissent pas par la chance, mais bien à cause d’une adaptation que même les assassins ne pensent pas. Alors même si quelqu’un glisse sur une éponge pour éviter de recevoir un coup, tu as juste à le terminer après quand il est au sol.

Si je laisse du flou pour d’où que je viens, c’est uniquement parce que Lucy ne semble pas connaître les milieux plus secrets. Même si elle vient de la rue, on dirait que celle-ci n’est pas consciente des possibilités chez les assassins par les dojos. Je reste sur mon idée que plusieurs individus peuvent combattre Superman, Wonder Woman ou Martian Manhunter, c’est bien plus fréquent de voir des personnalités combattre ce trio que Gorgone ou que Lady Shiva. Cela peut paraître gros pensé de cette manière, mais parfois il faut être capable de voir au-delà des limites utilisées par les médias. La force brute est un outil peu efficace et qui a très peu servi contre des ennemis, même pour les ennemis cosmiques. Pourquoi? Parce que les solutions pour combattre ceux-ci, sont souvent venues de Batman, de Black Canary ou de la part humaine de Superman. Même les ennemis les plus dangereux sur cette planète n’ont pas des forces brutes exceptionnelles : Sergei, Luthor ou même Victor Von Doom.

Retrouver des classes cinquante ou supérieures dans ce monde, c’est facile. Les X-Men, les Last Sons, l’ACE et même les Vengeurs ont des membres pour défaire des forces brutes de la Justice League. Alors que c’est très difficile de retrouver des combattants d’élites. Comme dirait la jeunesse, les forces brutes ou les pouvoirs cosmiques sont surfaits. C’est pour cette raison que les entraînements sont devenus plus intenses pour n’importe quels organismes. Même chez les militaires traditionnels essaient de s’améliorer. Il est vrai que parfois les médias disent la vérité sur le talent de certains combattants : Wonder Woman, Psylocke et d’un autre coté Valerie Braddock, mais il faut souvent regarder plus loin pour voir la complexité du combat.

Lucy commence à sortir sa petite puce pour essayer de me convaincre de la combattre sans abandonner. Je n’aime pas beaucoup qu’elle essaie de prouver sa valeur en forçant directement un combat à place de respecter mes principes. Elle continue sur quelques commentaires avec un mystérieux système appelé D et comment cela peut l’aider dans l’avenir. C’est vrai que Gorgone aimait humilier ses étudiants pour les renforcer dans la haine. Je laisse sa main tendue avec la technologie puis les commentaires arrivent.

Cette incompréhension me frustre. Pour elle, le refus de l’affronter, c’est pour l’abaisser quand j’essaie surtout de me renforcer dans une valeur que je trouvais perfide. Talia a rendu Damian bien plus brutal en l’obligeant de s’entraîner comme un maître sadique, alors je ne vais pas répéter cette erreur.

« Tu demandes aux gens de te respecter, mais tu ne sembles pas comprendre pourquoi certains décident de réagir d’une autre manière. Tu interprètes mes paroles comme tu le veux, mais tu interprètes aussi les actions de plusieurs en manque de respect pour ce que tu es. Alors, je suis désolée si tu ne comprends pas mes propos, mais je refuse de t’affronter parce que cela briserait la totalité de mes principes. Parfois, il faut savoir pourquoi les autres réagissent d’une manière, à place de l’interpréter comme tu le désires. Je ne rabaisse pas ta valeur, je veux uniquement que des individus en apprentissage ne viennent pas affronter des combattants pour se faire humilier. On n’apprend pas avec l’humiliation, on apprend avec la compréhension et l’ouverture. Tu essaies de passer les étapes, de te rendre unique, d’essayer de paraître plus devant les autres et je te le dis sincèrement : C’est dangereux. Prends ton rythme en prenant le rythme des autres. Ce n’est pas en te faisant massacrer que tu vas avoir plus de valeurs chez les autres. »

Elle peut se foutre de ma gueule avec mes principes, mais je suis dans le processus de changement qui va au-delà du principe de John Cena avec le Never Give Up. Je suis ici parce qu’il existe d’autres manières qu’apprendre par les caricatures du combat de la société occidentale ou des entraînements intenses comme dans la Ligue des Assassins. Les X-Men n’entraînent pas en humiliant une personne, ils entraînent leurs étudiants en leur faisant comprendre ses défauts avant de se lancer dans un vrai combat. Même les plus grands espoirs que la Ligue peut trouver, ne sont pas dans cette idée de paraître bien devant les autres, ils paraissent bien parce qu’ils sont des êtres biens, parce qu’ils comprennent les autres et parce qu’ils se sont construis par la noblesse.

La jeune membre de l’ACE parle de l’ignorance, alors elle comprends pourquoi il est inutile de continuer sur qui m’a entraîné. Elle revient sur son apprentissage, apprenant surtout d’elle-même, ce qui est un défaut pour moi. On n’apprend pas tout seul, et je ne suis pas certaine sur ce qu’elle veut dire d’apprendre des gens ayant toute la confiance. Je ne vais pas trop ajouter de commentaires, je pense qu’elle doit avancer vers les autres pour mieux compléter son apprentissage. Je ne vais pas revenir sur le sujet du tournoi, je vais d’abord respecter mes valeurs avant de combattre des individus toujours en entraînements.

« Je vais au tournoi par respect à mes adversaires qui se sont entraînés pour affronter des adversaires qui leurs sont dignes. Cela va me permettre aussi de niveler mon nouvel entraînement chez les Hélions. »

J’ai des habitudes de combattantes depuis forts longtemps, j’ai été testée et été impressionnée à mon passage dans les X-Men, mais mon entraînement est fort différent qu’à ma jeunesse dans les assassins avec mon frère ou après dans ma période de mercenaire indépendante. Je dois faire avec les moyens des Hélions et je suis intéressée à voir mon développement au sein de cette organisation depuis une année.   »

Maissa a entièrement raison quand au fait que ma chance ne me sauvera pas si l’Hydra ou Daesh m’allument avec une centaine d’armes à feu mais mes compétences ne le feront pas non plus, pas plus que tous les arts martiaux du monde. Un être humain n’évite pas une balle, question de lois physique : il peut réussir à éviter un tir en changeant sa position le temps que le coup de feu parte, le temps que le tireur appuie sur la détente, mais la balle étant supersonique le corps humain n’est pas capable de bouger suffisamment rapidement pour sortir de sa trajectoire durant son mouvement. Speeder exceptés. Même avec beaucoup de couverts dans la situation, je crains qu’une centaine d’armes automatiques ne passent au travers de la plupart des situations. Avec de la préparation et une maitrise du terrain, je conceptualise qu’un seul maitre martial puisse vaincre des forces de militaires standards en grand nombre : il ne les affrontera pas toutes en même temps et les diminuera petit à petit en frappant là où il veut et quand il veut. Mais un mec normal face à cent fusils d’assaut, et je parle littéralement en face, ça me semble un peloton d’exécution. Quand à des combattants révolutionnaires d’un autre niveau, ma référence en la matière reste Valerie et c’est pour savoir si ça va m’aider que j’irais lui demander l’affrontement amical après mon retour en Europe. Imaginer les choses est une base mais le seul moyen de véritablement le savoir c’est d’essayer et, en l’occurrence, je pense qu’il n’y aura aucune honte à être battue en faisant de mon mieux contre une adversaire meilleure que moi.

C’est notamment pour cela que j’espérais que l’intelligence d’Emma Frost, laquelle offre à tous une chance de vaincre dans son tournoi par l’intermédiaire de la puce ATB, me permettrait d’obtenir un compromis avec Maissa pour qu’elle puisse quand même participer malgré que je ne sois pas une adversaire à sa hauteur. Dommage, je me suis crevée l’œil à m’y foutre le doigt. Je grimace à sa réaction et l’écoute avec attention, baissant la main avec la puce en son sein.

Je demande aux gens de me considérer mais ne semble pas comprendre pourquoi certains décident de ne pas le faire ; pour moi, c’est généralement à cause de là d’où je viens et de mon niveau dans ce que je fais. Il y a aussi mon comportement, à n’en point douter, qui ne passe pas chez tout le monde. Le fait que je pense par moi-même peut déplaire pas mal aussi, ce n’est pas ce qu’on attend des personnes de mon âge mais une fois encore la notion d’âge m’emmerde et c’est réciproque. Cela étant, Maissa marque un point comme quoi j’interprète et, du coup, puisse mal interpréter les choses. Je ne suis pas dans les têtes des gens, ne pouvant savoir ce qu’ils pensent réellement ou ce qui motivent leurs actions, et sais que forcer la sincérité ne conduit généralement qu’à faire mal. J’interprète car je ne sais pas et cherche à savoir, justement, là où il serait peut-être plus sage de laisser le bénéfice du doute. Mais j’ai du mal, à présent, à ne pas chercher considérant combien ça a coûté lorsque je ne l’ai pas fait avec la Cour des Miracles. Avec Arlequin.


Je ne trouve pas la défaite humiliante, c’est pour moi le comportement du vainqueur envers le vaincu qui peut conduire à l’humiliation mais, si les choses sont faites avec respect, même une défait massive ne sera pas humiliante mais pédagogique. Je suis entièrement d’accord qu’on n’apprend pas avec l’humiliation mais avec la compréhension et l’ouverture ; c’est pour ça que je vais vers les autres et que je cherche à comprendre les choses même si ça foire souvent.


Je ne viens pas au tournoi pour me faire massacrer, je viens pour essayer de faire de mon mieux ; okay, ça peut être équivalent mais l’intention n’est pas la même. Encore que… je me trouve suffisamment masochiste dans certaines situations pour que cette déclaration soit un peu de mauvaise fois. Me faire massacrer ne me gêne pas si c’est utile, Dominic « le Boss » Anno l’a payé de ses frais, mais d’un autre côté je ne m’en sors pas seule, Arlequin l’a payé de ses frais aussi. J’apprends de mes erreurs pour en faire de nouvelles, ils sembleraient que mes nouvelles soient justes les anciennes complexifiées.


Je plisse les lèvres en un sourire guère convainquant, hochant la tête et détournant le regard vers le vide entre Maissa et moi, avant de ranger la puce à antenne dans la poche qui m’est accessible la première sans véritablement y accorder d’attention. Je sais quoi dire mais ne sais pas comment le dire et préfèrerai éviter de mettre les pieds dans le plat cette fois. Il y a peut-être des choses avec lesquelles je ne suis pas d’accord dans ce qu’a dit Maissa précédemment mais il y en a aussi beaucoup avec lesquelles je suis d’accord et certaines pour lesquelles je reconnais qu’elle a raison. Reste à faire taire mon envie de « oui mais » emprunte d’une certaine mauvaise foi et ça c’est plus compliqué.


La partie la plus simple est dite, pas trop mal j’espère. Je suis sincère dans mes excuses, plus j’en découvre sur Maissa et moins j’ai envie de me mettre mal avec elle non-pas parce qu’elle pourrait m’exploser, j’ai aucun souci avec ce point, mais parce qu’elle a l’air d’être aussi sage que bienveillante. Son passé est trouble et ne l’aide pas à faire les choses « normalement », rien que l’écouter parler de ses interactions dans l’Académie est suffisant pour le comprendre, mais ça facilite plutôt les choses puisque je ne suis absolument pas normale non plus. De toute façon, la normalité est assez passée de date je pense ; c’est un débat que je ne souhaite pas avoir. Il me reste suffisamment de choses lourdes à dire et je reprends après un soupir.


Je progresse seule ou avec des personnes en qui j’ai confiance, non parce qu’on m’enseigne des choses mais parce qu’on progresse ensemble. L’Alliance me laisse énormément de marge pour m’entrainer par moi-même et je me donne à fond là-dedans. Je me donne à fond dans les stages aussi mais je reste incapable d’apprendre normalement les choses. Je ne pense pas avoir retenue le dixième des cours magistraux de Valerie alors même que j’ai énormément progressé durant les entrainements qu’elle faisait ; définitivement, je vais rédiger un projet personnel sur les méthodes d’apprentissage et les manières alternatives d’apprendre.

Afin de conclure, je fixe à nouveau Maissa pour être aussi franche qu’elle l’a été. On ne doit pas forcer les élans de sincérité mais j’en ai un, indiscutablement.


Pourtant, outre que c’est le super-héros français que j’admire le plus, je pense qu’il serait le plus à même de savoir quoi faire de mes capacités puisqu’ayant des similaires, qu’il vient également de la rue parisienne et qu’il y officie encore. Mais c’est hors sujet.


Je veux être une adulte tout en me rebellant à ma manière contre l’autorité… crise d’adolescence quand tu nous tiens. Je crois cependant que c’est plus profond chez moi, sans quoi je braverais juste les interdits plutôt que de chercher à faire mes preuves comme je le fais. Dans tous les cas, je m’étonne moi-même de mon discourt et passez les secondes de sa fin dans une sorte d’absence.

Lorsque je me reprends, c’est de la gêne qui en revient et je commence à me gratter nerveusement la nuque.


Je dirais bien que je suis désolée pour cela mais ce n’est pas le cas ; au contraire, ça fait du bien d’avoir pu le sortir. Pas certain que cela en ait fait à Maissa par contre, elle n’est pas psychologue et pas forcément beaucoup intéressée par ma psychologie.


Je suis venue, j’ai vue, j’ai rendu ça gênant… c’est pas pour rien que c’est ma devise sur twitter.

Une Radio dérangeante?

« Pour moi, il existe quand même un stade de préparation avant d’aller sur le terrain pour combattre des menaces réelles. Il est normal d’être très exigeant dans un groupe de sécurité quand les ennemis sont préparés technologiquement ou par des capacités naturelles. C’est pour cette raison qu’il faut éviter de tout mettre sur une seule balise : Les pouvoirs psychiques des plus puissants ne vont pas pouvoir les aider si les ennemis jouent avec des brouilleurs. Alors pour Lucy, je ne vois pas comment on peut jouer avec une notion très questionnable devant des véritables menaces organisées. On m’a entrainé pour combattre des organismes gouvernementaux liés surtout à l’armement, alors préparez des stratégies efficaces pour les combattre sont très faciles. Ce n’est pas de la chance ou les effets du hasard, c’est l’organisation de nos pensées qui permettent de les combattre. Je ne sais pas comment on peut trouver cela logique de croire qu’on doit éviter des balles, hormis si tu as le nom d’Ozymandias doué surtout pour attraper les balles.

Mes critiques peuvent être sévères pour le coup, mais je dois avouer mon ignorance sur la formation des jeunes membres de l’ACE. Je ne juge pas Lucy sur ce qu’elle est, je la juge sur ces mots. Je pourrais bien la juger sur mon éducation révolutionnaire, mais je connais nullement ses actions, alors ce n’est pas très pertinent. Sa recherche de reconnaissance me laisse plutôt vague dans les zones actuelles des différents héros. Comme dans tous les produits humains, certains recherchent nécessairement la gloire avant le respect de leurs principes, et c’est pour cette raison que cela me dérange personnellement de voir des êtres qui sont à la recherche de reconnaissance. Je suis donc perplexe à son discours de base. Il est facile d’interpréter les actions des autres, mais après reconnaître que le jugement était trop rapide, c’est plutôt difficile pour les autres. Les erreurs humaines sont faites par le jugement, pour moi, cela revient automatiquement aux propres de l’échec des individus. Le jugement par des interprétations laisse parler l’ignorance à place d’aller vers la compréhension et l’ouverture.

Je ne peux pas comprendre l’idée de dépasser les étapes, c’est pour cette raison que plusieurs se coupent les ailes ou perdent même leurs crédibilités. Shane Elhonna a toujours été un échec par cette vision, la recherche de reconnaissance ou d’être le meilleur – d’une vulgarité sans nom ce but -  l’a conduit à être le mouton noir des assassins. Je peux comprendre pourquoi certains veulent que leurs noms deviennent des références, mais il est dangereux de forcer cette idée. Dans plusieurs exemples, cela a fait beaucoup plus reculer qu’avancer la cause de l’individu.

Pour ma part, je ne suis pas attirée par la reconnaissance. Que mes actions ou que mes changements plaisent à Emma ou à Rachel, peuvent être satisfaisants pour mes buts, mais je ne vais pas chercher à remettre mes actions devant eux pour  justifier mes capacités. Mes sentiments sont donc partagés sur la petite Lucy. Elle recommence à parler pour s’excuser d’abord de ses mauvaises interprétations, tout en disant que je suis brutale. C’est ironique, car Rachel Williams dit souvent que je suis bien plus douce à ce que je veux montrer. Peut-être que cela vient des rencontres et de la carapace qui se construit à chacune des discussions. Lucy me donne raison sur les points qu’elle essaie de passer les étapes pour se brûler. Elle avoue elle-même que cela a causé beaucoup de soucis dans son passé.

Elle justifie aussi ses expériences dans le passé pour la renforcer. Lucy donne un peu dans les métaphores, ce qui me laisse un peu à désirer. Les écrivains aiment les métaphores sur la course et la fuite, les cinéastes aussi, mais pour les assassins, avoir un couteau dans la gorge ; ce n’est pas une métaphore, c’est juste extrêmement douloureux. Au-delà de cette métaphore, elle justifie ses actions dans la rue pour les rendre plus sécuritaires. Ne jamais se sentir en phase avec les jeunes, cette sentence me laisse aussi perplexe, beaucoup de jeunes rêvent quand même d’avoir un rôle similaire qu’elle au niveau de la défense des rues.

« Je ne pense pas qu’on peut comprendre parfaitement les rues, ni tous les enjeux qui jouent dans nos environnements. C’est pour l’une de ses raisons que tu peux voir qu’ils existent de nombreuses interprétations différentes pour tout ce qu’on retrouve dans l’héroïsme. En brûlant les étapes, en essayant de plaire aux autres, je crois que tu crées peut-être un mur avec les personnes que tu veux avoir comme reconnaissance. Malgré toute l’arrogance affichée de Valerie Braddock dans son documentaire, je ne crois pas que c’est en gagnant un seul combat ou le tournoi entier que tu vas pouvoir l’impressionner. La plupart des êtres travaillant dans l’héroïsme ont tous des interprétations différentes de leur boulot et de leurs coéquipiers, il est peut-être mieux de demander pour savoir ce qu’ils sont vraiment. On se comprend souvent mieux en comprenant les autres. Je pense que ton erreur est dans ta façon de forcer à place de laisser le temps. »

Tous ont besoin de laisser le temps. La Justice League a eu besoin de temps pour convaincre. Les X-Men ont besoin eu de temps pour construire leur équipe, comme pour les Last Sons. Les Vengeurs, comme les Hélions ont besoin de temps pour convaincre et pour gagner une gloire. Une équipe se fait par le temps et surtout par une acceptation de tes coéquipiers pour notre personne. On ne doit jamais forcer notre image, cela va toujours contre nous en essayant de trop en faire.

Et pour continuer sur le sujet de l’acceptation, son désir de paraître plus est dans ce désir, ce que je trouve plutôt problématique. Elle me parle d’un moment de sidekick de Nightrunner vu que les deux sont humains dans une typologie similaire dans leurs moyens ou dans leurs buts.

« Le mentor de Nightrunner n’apprécie pas les Sidekicks… je crois qu’il va suivre la même logique. »

Je lui fournis une information plutôt unique en son genre. Batman est surtout inconnu dans le radar, même pour la plupart des membres de l’ACE, et personne ne savait vraiment que Bilal a été l’étudiant de quelqu’un. J’ai déjà répondu à Lucy plutôt, j’espère surtout qu’elle va comprendre ma logique et que la répétition ne doit pas être de mise dans notre discussion. Elle avoue de brûler les étapes pour faire ce qu’elle veut le plus rapidement possible. Je décide de ne pas répondre dans les premiers horizons, je préfère écouter sa brève conclusion après son moment d’absence. Elle croit que je l’ai cerné, mais pour moi, elle se retrouve surtout dans un problème de confiance envers elle, mais aussi envers les autres.

« La vitesse ne va pas t’aider. Il faut apprendre la patience, peut-être que le temps passe plus lentement quand on est jeune, mais il faut savoir prendre son temps pour parfaire ses techniques et même ses principes. Je ne suis pas faite pour être professeure, mais tes sentiments sont trop dans l’idée de prendre trop de vitesse. Tu risques de perdre plus que des plumes que d’en gagner si tu veux aller trop vite. Crois-moi, ce n’est pas bon pour toi, ni pour l’ACE et ni pour ta rue. Tu ne vas pas servir tes principes de défense, si tu te retrouves devant un adversaire trop coriace. Le talent et le courage sont remarqués chez les autres, il faut être capable de le prouver non par la violence, mais par la patience et la cohésion. Se battre ne dévoile pas tes talents, se battre est un outil. Le vrai combat se fait dans le respect dans nos valeurs. »

Oui le martial est l’un des outils les plus nécessaires dans la Ligue des Assassins, mais le plus important est l’idée de combattre la corruption des sociétés capitalistes. Chacune des organisations se retrouve devant le défi de ne pas se couper de ses principes. Quand les ennemis de Superman essaient de toucher à ses proches, ils essaient de prouver qu’il peut briser de ses principes. Quand le Joker bute Jason Todd et viole Barbara Gordon, c’est pour aussi essayer de prouver que Batman peut casser ses principes. Certains ne les trouvent pas humains par le respect de leurs principes, mais ce sont leurs forces et même leurs sagesses, c’est ce qui les illustrent comme des êtres humains uniques. On doit faire face à soi-même dans ses défis et parfois il faut se remettre en question. Le parcours de Lucy n’est pas unique en son genre, mais ses épreuves doivent l’être et ce n’est pas certainement le tournoi de Frost qui va confirmer cette tendance. »

Je suis d’accord avec Maissa quand au fait qu’on ne puisse comprendre parfaitement le monde ou ses enjeux, ce n’est pas pour rien que la Cour des Miracles c’est toujours gardée d’apporter un jugement aux criminels qu’elle arrêtait dans les rues. Comme pour l’humanité d’un être, ni mes amis ni moi ne nous considérions capables ou même en droit de juger, c’est le travail de la justice et nous lui faisions confiance. Ça en a un peu pris dans la gueule avec notre propre jugement, cependant, mais n’enlève rien à la diversité d’avis concernant l’héroïsme. Au contraire, ce qui était héroïque selon certaine définition ne l’était pas dans notre cas. Peut-être que c’est toujours le cas, d’ailleurs.

En agissant comme je le fais, Maissa croit que je suis ma propre antagoniste ; ça me donne beaucoup à réfléchir. Je ne me souviens plus bien de ce que Zombie m’avait dit sur ce sujet mais c’est possible que ma bonne volonté soit prise pour du forcing et donc entraine une résistance… j’ignore juste comment contourner ce problème. Valerie tient en haute estime l’affrontement sportif entre Supers alors que Maissa ne croit pas que c’est par le combat que je puis me faire une place ; une fois encore, c’est une question de différence d’interprétation. Je ne pense pas que Valerie soit un mauvais exemple, d’autant plus qu’elle cherche également à faire sa place au sein des Braddock et du super-héroïsme en général même si c’est à l’encontre d’une autre personne, mais je sais qu’elle est plus accessible que la plupart des membres des groupes de l’Alliance. Demander pour savoir ce qu’ils sont vraiment, chercher à les comprendre, ça me fait plisser les lèvres.


Okay, j’en apprends une là : je ne pensais pas que Nightrunner avait un mentor, je croyais qu’il était autodidacte. Un point commun de moins sauf s’il cherche à m’aider à développer plus mes capacités, puisque ça nous en ferait un en plus. C’est pas gagné. Mais de toute façon, faudra que j’essaie de le rencontrer dès que l’Alliance m’y autorisera ; ou alors je trainerai sur son secteur, ça peut marcher aussi. Juste faire attention à la vitesse. Apprendre la patience va être un problème, pour ne pas dire que c’en est un depuis longtemps ; je suis obstinée, il est très dur de faire reculer ma volonté, mais l’attente ne me fait pas tant gagné en patience que perdre en intérêt. C’est pour cela que je n’attends pas simplement les stages ACE et la majorité mais agit dès à présent pour faire de mon mieux, encore et toujours. Je pense que ça fait parti de « prendre mon temps pour parfaire mes techniques » même si la répétition ne m’aide pas réellement à bien faire les choses.

Maissa me fait sourire lorsqu’elle déclare qu’elle n’est pas faite pour être professeure toute en continuant de me faire partager son impression : c’est bien parce qu’elle ne cherche pas à me faire de leçon comme un prof le ferait que je n’ai pas de mal à l’écouter. Elle croit et demande de croire, elle ne considère pas cela comme du. Elle cherche à me comprendre pour me parler plutôt qu’à faire du général applicable à tous.


Se battre est un moyen, non une fin : s’il était une fin, on se battrait pour se battre. Comme il est un moyen, on se bat pour autre chose. Je crois en cela, moi aussi. Je baisse mon regard vers la puce ATB, la faisant jouer entre mes doigts tout en me demandant si ma participation est vraiment nécessaire. Le vrai combat, la vraie difficulté et l’une des fins du combat, se fait dans le respect des valeurs des autres comme des nôtres. Je vais me battre. Je vais me battre non seulement pour prouver à des gens comme Brian Braddock ou Valerie qu’à défaut de faire un art ou d’être en mesure d’étudier mes capacités je relève des défis personnels et fais de mon mieux mais également pour honorer l’entrainement et les valeurs des adversaires que j’y rencontrerais. Je suis irrévérencieuse, pas irrespectueuse, mais peut-être que je fous les pieds dans le plat plus souvent qu’à mon tour.

Je laisse un long silence après que Maissa ait terminé son discourt. Pas que je ne sache pas quoi dire, je suis une grande gueule après tout, mais parce que cela m’est naturel. J’appréhende, j’intègre ses mots même s’ils n’en seront qu’un trop petit nombre pour être intégrés à ma mémoire. Je lui fais face malgré notre quinzaine de centimètres de différence. Je range la puce ATB dans l’une de mes poches sans détourner mon regard de mon interlocutrice, la gêne étant passée à ses mots.


C’est l’un des points forts de la Young Force et une grand part de mon admiration pour eux : ils sont un groupe de proches avant d’être un groupe de protection. J’espère me tromper en percevant l’Alliance comme un groupe de protection avant un groupe de proches mais, au regard des Vengeurs, ça ne serait pas impossible. Excalibur est une histoire de familles, la Brigade Chimérique est également intimement liée à une lignée précise et les Hargreeves sont une unique maison ; tout trois sont les principaux partis-prenants de l’Alliance et intègrent d’autres intervenants plus ou moins indépendants. Les Vengeurs sont clairement un boulot, peut-être qu’approcher l’ACE comme tel faciliterait les interactions. J’en sais rien.


Plutôt que d’attendre qu’on ne dise que je suis prête, je cherche à me montrer prête et à m’améliorer pour l’être puisque je ne le suis pas forcément. D’un côté, ça peut être de l’impatience à simplement qu’on me juge. De l’autre, ça peut être de la motivation à faire de mon mieux. Il doit y avoir des deux.


Je ne m’attends pas à dégager une méthode à me réappliquer mais use de l’occasion pour connaitre un peu plus Maissa. Ses conseils sont sages mais elle n’est pas une prof, encore une fois, ce qui fait que l’échange n’a pas à être à sens unique et ça fait parti de ce qui me plait. Elle n’est pas des plus intégrées à l’Académie, sinon elle n’aurait aucune raison de penser que des étudiants se cachent quand elle sort, mais probablement l’est-elle plus avec les Hellions même si elle fait partie de leurs membres plus secrets. Maissa est brute de décoffrage, ça doit en effrayer plus d’un, mais aussi sage et bienveillante, faut juste supporter le premier aspect pour le découvrir. Envers ses proches, elle doit être bien appréciée ; si je n’ai pas la prétention d’espérer finir parmi eux, je garde l’envie d’en apprendre plus sur elle fonction de ce qu’elle voudra bien me dire.

Une Radio dérangeante?

« Personnellement, ce sont surtout les paroles et les idées de Lucy qui me laissent surtout une interprétation d’agir contre sa propre personne. Je ne suis pas faite pour juger tous les faits de la société, surtout que je ne me suis jamais complètement incorporée dans cette société. Les héros ont souvent été mes ennemis, étant les défendeurs d’une conformité, dans mon groupe qui cherchait à révolutionner le monde. Je n’ai pas compris la totalité des discours de chacun de mes ennemis, mais je pense avoir compris certains fragments qui les différencient et s’assemblent à la fois aux autres. Le défaut de Lucy est de forcer le chemin à place de laisser le chemin se faire, son désir d’être avant risque surtout de la faire paraître arrogante la faisant perdre automatiquement beaucoup de crédibilités devant des individus qui ne cherchent pas la reconnaissance, mais le respect de leurs principes. C’est aussi le cas de plusieurs êtres qui essaient d’en faire beaucoup trop avec les séparations sociologiques des héros, des militaires ou de la vie civile.

Essayant de déformer ce qu’ils sont, on perd souvent le respect qu’on peut avoir pour eux. Nightrunner, autodidacte, n’aurait pas pu avoir un tel niveau de combat et de stratégie sans l’aide de Batman. Les valeurs sont souvent construits avec l’expérience et pendant des périodes plutôt chocs dans nos vies. On doit être capable de se construire par des étapes individuelles et collectives à la fois. La mort de mon frère était individuelle pendant que mon passage chez les Héllions est plutôt collectif. Cette influence permet de se construire comme on le désire, tout en respectant les nombreux principes d’un groupe, confirmant dans une idée du but commun non-écrit d’un groupe.

Lucy laisse allée un grand silence avant qu’elle recommence à parler. Elle est plutôt heureuse que je ne sois pas une professeure par la définition qu’elle peut avoir du professeur. Elle donne aussi son avis sur l’ACE, un avis plutôt négatif par ses premières paroles. Pour elle, ce groupe est une réunion de plusieurs groupes européens sans un réel aspect solidaire. Cependant, je ne suis pas d’accord, ils ont pu repousser la Fraternité, la Main, la Ligue et Victor Von Doom. Les recrues affrontent le défi d’être de tailles et d’avoir les convictions, cela prouve en parti le désir de Lucy d’être accepter trop rapidement.

« Tu as peut-être tombé sur de mauvais professeurs, parce qu’en général, ils aident à s’améliorer et donnent rarement des morales à suivre. Les professeurs sont beaucoup plus adaptés à te donner des conseils que moi, ils ont beaucoup plus d’expériences, de connaissances ou d’expertises que moi. » J’ai quand même été l’étudiante d’Elizabeth Braddock pendant trois semaines et elle m’a beaucoup aidé à m’améliorer pour affronter des menaces bien plus diversifiées. « Sans être dans l’ACE, le groupe doit avoir les qualifications dignes de la Justice League vus les menaces qu’ils affrontent. L’une des incarnations de la Brigade Chimérique s’est faite décimée par Wanted, ce qui ne serait plus possible aujourd’hyu. Logiquement, votre recrutement est massif car la direction doit éviter les arrivistes et ceux qui font ça pour la gloire ou l’argent. C’est normal que vous soyez plus séparés de branches principales et je pense que c’est l’une des raisons pourquoi tu dois penser à ne pas forcer le chemin. »

Si elle cherche à se mettre en avant à tout prix, elle va paraître plus opportuniste que les autres. Ce n’est pas ouvrir les portes, c’est les défoncer pour rappeler son existence. Je n’admire pas totalement les membres de la Young Force, bien que certains sont des combattants méritants un coup d’œil, mais ils sont devenus populaires parce que la population était épuisée surtout par les dirigistes de la propagande vengeresse. Ils sont devenus encore plus populaires en cassant la gueule de la super-héroïne la plus critiquée de l’Histoire. La Young Force est peut-être un groupe unique à son type et je peux certainement admirer leurs nombreux talents, mais il ne faut pas élever leurs images devant les autres groupes.

Lucy ajoute donc quelques commentaires sur son entraînement. Elle se dit elle-même déscolarisée, rentrant dans un processus bien plus intense dans son entraînement. Je suis étonnée que l’ACE laisse une chance ainsi aux adolescents en processus de déscolarisation. Je ne vais pas défendre le système éducatif ou une éducation supérieure, mais personnellement, je trouve encore qu’elle chercher à foncer au lieu de prendre son temps. Elle décrit même cela comme un mal nécessaire en patience de faire ce qu’elle aime vraiment. Une question s’en vient après sur son impatience.

« Je ne peux pas te le dire. Ton enthousiasme peut être mal compris dans certains cas. Tu sembles vouloir rapidement rejoindre les équipes plus naturelles et complètes, ce qui peut provoquer certains problèmes d’incompréhensions chez les membres officiels de l’ACE. Suivre le rythme traditionnel n’est pas un défaut, les recrutements et les tests de tous les groupes sont assez communs selon leurs demandes, mais après ta rentrée officielle, tu peux toujours suivre ton propre rythme et tes propres techniques. »

Je ne vais pas donner mon avis sur son éducation ou encore sur le sujet du tournoi, mais je peux avoir des difficultés à comprendre ses démarches. Si elle veut aller plus loin dans la compréhension des autres, j’espère même qu’elle va poursuivre un chemin scolaire pour mieux comprendre ces coéquipiers. L’ignorance est plutôt dangereuse dans une équipe aussi diversifiée que l’ACE. La culture amazone est riche et très élaborée, Atalante fait partie d’une différence parmi toutes les Amazones rencontrées par les assassins. C’est souvent par l’éducation qu’on peut mieux comprendre cette différence entre Donna Troy et Atalante. Lucy pourrait peut-être l’apprendre sur le terrain, mais parfois il faut un mélange théorique et pratique. Heureusement pour elle et malheureusement pour son avenir, je ne lui annonce pas cette idée pour éviter d’argumenter inutilement. Elle va le découvrir par elle-même ou par le désir des autres membres de l’ACE. Ces détails sont trop importants pour être évité dans les actions de n’importe quels groupes.

Lucy me pose ensuite des questions sur ma personne et sur mon intégration. Consciente de la différence entre nos deux groupes, elle me pose quand même la question sur comment j’ai géré mes activités dans les Héllions.

« Bien intégrée, ce sont des grands mots. Je ne me suis jamais totalement intégrée à ce milieu, je viens d’un autre univers social et politique que la majorité des êtres humains, mais Emma voyait une certaine possibilité de m’intégrer dans son groupe. Je suis ici depuis une année et quelques mois, j’ai encore beaucoup de travail à faire. Plusieurs Héllions m’aident pour socialiser correctement, me trouvent d’autres divertissements que mes entraînements et à mieux travailler en équipe, parce que j’étais surtout habituée dans le passé de travailler avec mon frère. Je suis toujours en évolution, je suis peut-être la meilleure combattante de cette école, mais cela ne veut pas dire que je suis la meilleure élément de ce groupe. »

On ne sort pas vingt ans dans les assassins en une année, cependant vu comment la plupart des X-Men se comportait avec moi, je pense que je suis sur un bon chemin pour des changements désirés pour intégrer parfaitement les Hélions. Je ne vais pas commencer à devenir aussi proche des cultures occidentales que les autres héllions, mais je pense être capable de faire partie de l’équipe sans copier le comportement désiré par cette culture.   »

Je ne crois pas être tombée sur de mauvais profs et fais un peu la grimace à cela ; Valerie m’a aidé à m’améliorer et je lui suis reconnaissante de cela. Les professeurs sont peut-être adaptés à donner des conseils mais c’est moi qui ne suis pas adaptée à les recevoir, comme tous les enseignements génériques répétés et rabâchés à l’école. L’acquisition et la transmission de l’expérience se font, dans la plupart des systèmes scolaires, de façon à s’adresser à une masse et non à des individualités ; il y a un moule dans lequel on doit faire rentrer les élèves et ceux qui n’y parviennent pas sont laissés de côté pour le bien de la majorité. Emma m’a parlé d’écoles spécialisées dans les autres méthodes d’apprentissage et de professeurs, au sein de l’Académie, ayant délaissés l’enseignement traditionnel pour de nouvelles formes. Elle ne tente pas de me faire partager son expérience, ses connaissances et ses expertises mais les utilise pour m’aider dans mes propres réalisations ; plutôt que me dire ce que je dois savoir comme un professeur le dirait à n’importe qui, elle me laisse chercher et m’aidera avec ses propres savoirs si je n’y arrive pas. Je pense que, si elle doit me diriger sur un savoir précis, elle me laissera choisir mon approche et restera en soutien plutôt que de choisir la manière dont je dois l’apprendre et laisser tomber si j’échoue. En somme, Emma Frost cherche plus à se comporter comme une mentor qu’une professeure : elle ne cherche pas une relation générique qu’elle peut avoir avec des successions de personnes mais une relation unique et personnalisée avec une personne toute aussi unique. Ce n’est pas pour rien que les mentors n’ont généralement que quelques étudiants alors que les professeurs ont des classes entières et que la première relation se perpétue sentimentalement comme dans le temps alors que la seconde s’oublie rapidement.

Cela étant, je crois aussi que l’Alliance des Champions de l’Europe est digne de la Justice League : les valeurs d’union pour le bien commun au niveau des groupes de super-sécurités, la volonté de créer un sentiment européen avant les sentiments nationalistes, l’espoir de faire évoluer les choses vers de l’acceptation et de l’égalité… bon, Maissa a une approche bien plus sécuritaire mais je suis contente d’avoir réagi sur l’idéal plutôt que sur cet aspect-là cette fois : ça prouve que j’ai changé, mine de rien, au contact des gens de l’ACE. Après, si je n’ai jamais envisagé que le recrutement soit aussi massif, je sais que l’Alliance cherche à éviter les arrivistes et les carriéristes ; Aislinn a été très clair là-dessus. Je ne me sens pas concernée mais ça peut expliquer la volonté de distanciation avec la Section Junior et les autres mecs en formations. D’un autre côté, chercher à s’investir au mieux devrait plaider en ma faveur du coup. Peut-être que je ne dois pas chercher à faire partie de l’équipe mais que je dois simplement faire de mon mieux et voir ce que ça donnera. Après tout, techniquement ils m’ont déjà donnée ma chance en intégrant la Section Junior… et ce même si j’allais être déscolarisée.

Pour moi, la déscolarisation est moins problématique que le casier judiciaire pour être sélectionné dans une formation de super-sécurité ; même si un casier judiciaire pour vigilantisme n’est pas vraiment étonnant. Mais la déscolarisation ne signifie pas que l’on est stupide ou incapable, simplement inadaptés au cadre de l’institution scolaire et plutôt que de changer celui-ci on élimine les éléments incompatibles. Ou ceux-ci s’éliminent d’eux-mêmes, comme dans mon cas. Ça ne m’empêche pas de continuer d’apprendre, au contraire j’apprends même bien mieux en autodidacte qu’en cours, même si ça limite le tronc commun que j’étais sensé acquérir ; d’un autre côté, il est rapidement oublié par la plupart des gens donc c’est pas tellement grave. L’Alliance continue de participer à mon éducation par la culture qu’elle véhicule et j’en apprends plus sur l’Europe à côtoyer des gens de différents pays qu’à regarder une carte dans un livre de géographie ou qu’à lire sa construction dans un livre d’histoire.

Je fais à mon rythme et il est trop rapide du coup, Maissa étant incapable de me dire s’il s’agit d’impatience mais confirmant que mon investissement peut être mal interprété. Ouep, je veux rejoindre une équipe avec des liens personnels entre ses membres car c’est ainsi que la Cour des Miracles fonctionnait, et c’est ce qu’on a fait avec quelques autres de la Section Junior, mais du coup je sors du parcours traditionnel. Ce n’est pas un défaut que de le suivre mais je m’y suis heurtée avec l’école et je m’y heurte encore avec la formation. Qu’il faille devenir membre de l’Alliance officiellement pour pouvoir apprendre à son rythme est possible mais du coup ça revient à attendre simplement un ticket pour pouvoir s’investir et faire de son mieux ; ça je peux pas. C’est décourageant de ce dire que, quoi qu’on fasse, les autres s’en foutent et attendent juste un certain moment pour donner une validation ou un refus. Okay, le parcours traditionnel permettra de bien évaluer tout le monde dans une conformité mais ça reviendrait à écarter tout ceux qui ne sont pas conforme hors je suis certaine que l’Alliance aspire plus à l’acceptation des différences qu’à un certain degré de ressemblance. Encore une fois, je la crois dans la lignée de la Justice League et les membres de celle-ci étaient unis par leurs objectifs et leurs liens personnels plus que par leur ressemblance ; les identités des groupes d’origine restent peut-être marquée dans l’Alliance, de ce que j’en ai vu, mais je crois aussi à la volonté d’effacer cela. Faire des Stages dans des pays autres que celui d’origine et mettre en avant l’Europe sont des preuves. Okay, les histoires de quotas et de représentants demandées par le Parlement Européen n’aident pas mais je crois que l’ACE s’en passera vite : le pouvoir surpasse la loi, comme l’énonce si bien la devise de l’Académie du Massachusetts.

Maissa ne se considère pas comme bien intégrée au sein des Hellions, du fait de ses origines différentes de « la majorité des êtres humains » ; une précision qui m’interpelle. L’arrivée récente et la nécessité de travail me font hocher la tête cependant puis le fait que les Hélions l’aident me fait sourire : il y a en effet des gens pour avoir du mal avec l’approche un peu brutale et ne pas avoir l’occasion de voir le reste du coup mais cela s’améliore. Je comprends la nécessité de nouveaux divertissements plutôt que d’un entrainement obsessif ainsi que l’aspect familial précédent son intégration : Maissa doit venir d’une famille de Supers lui ayant tracée sa voie dès la naissance et jamais véritablement laissé le choix de ce qu’elle deviendrait.


Ça, c’est dit. Ça étant un certain nombre de choses d’ailleurs mais c’est surtout l’emploi du temps qui me fait penser ça. Emploi du temps que j’ai déjà oublié d’ailleurs. Un rapide coup d’œil à mon téléphone, un peu long du fait de la nécessité de chercher les notes qui s’y trouvent et l’emploi du temps qui y est marqué.


Je laisse une pause avant de sourire à Maissa avec une pointe d’amusement, levant la main qui tient encore mon téléphone pour désigner de son index ma tempe.

Une Radio dérangeante?

« On ne va pas être d’accord sur cette idée, parce que je pense qu’il est nécessaire de connaître les détails de certains groupes ou individus avant de se propulser plus loin dans nos combats ou dans nos perspectives dans ce type de groupe. C’est même primordial pour bien travailler avec les autres membres de ton équipe, interpréter comme Lucy fait, est surtout une erreur pouvant amener à une tension et surtout à une hostilité de tes coéquipiers. C’est triste pour plusieurs qui pensent pouvoir être capable de comprendre sans apprendre, mais c’est une nécessité importante quand on affronte des ennemis de la rue, des assassins ou même des ennemis cosmiques. Ma logique est plutôt brutale, mais si elle n’est pas adaptée à recevoir, peut-être que ce n’est pas son milieu. Je sais que cette logique est rude, mais pour apprendre, il ne faut pas compter sur les miracles de l’expérience. Ensuite pour les interprétations de Lucy, c’est à elle de voir les aspects aussi négatifs. Je ne peux pas être aussi sévère envers un système qui se veut de préparer une élite avec les autres, de toute façon, plusieurs ont prouvé leurs talents sans être dans les assassins ou dans la Ligue des Justiciers. Sans mon enseignement à la Ligue des assassins, jamais je n’aurai pu développer mes capacités de combats. Outre la vision théorique, on apprend mieux le style des combats des amazones, des assassins de la Main ou encore des indépendants en connaissant théoriquement leurs enseignements. Lucy peut bien me répondre que sans enseignement, les ennemis ne vont pas connaître son style, mais ce n’est pas avec de la chance que tu affrontes les ennemis, c’est avec cette maitrise et cette réadaptation.

Je ne place pas la déscolarisation comme stupide et ignorant, je la figure comme problématique dans ce qu’elle peut chercher à faire dans l’ACE. Je crois même que le principal trouble de Lucy est dans cette manière de voir les évènements. Les interprétations doivent venir de ses réflexions par des logiques autodidactes qu’elle peut vanter comme compétence rare intellectuel, mais briser facilement devant l’organisation et le système. Rien ne permet à idéaliser un système, ni un individu, mais mon avis est tranché sur le sujet, Lucy joue contre elle en ne se permettant pas de comprendre par un enseignement. Cela pourrait être même problématique dans ses passations ou dans la recherche d’une équipe dans l’ACE.

Les grandes gueules, les perspectives de vitesse ou la recherche d’atteindre un but en oubliant les consignes peuvent bien intéresser la politique, mais ce ne sont pas des aspects qui attirent concrètement hormis dans quelques groupes qui aiment jouer avec la politique démagogique. Une autre idée qui ne peut pas tenir pour moi, c’est la représentation de la conformité dans les rangs de l’ACE ou autres, déjà pour faire parti de ces équipes, il faut être anticonformiste. Ils recherchent surtout à évincer ceux qui sont trop dans leurs préjugés et dans une conformité sociale néfaste pour être dans un groupe comme l’ACE.

Je conviens très bien que la Young Force est un produit plutôt unique en son genre, mélangeant des motivations créées par des fans de la Ligue des Justiciers, mais des motivations sont réelles et uniques, qui illustrent parfaitement leurs différences avec les jeunes qui essaient de percer parce que cela semble une carrière vers la célébrité ou la gloire. Je ne sais pas ce que Lucy recherche, c’est très facile de croire à sa motivation, mais parfois il faut se poser la question de base : Est-ce que c’est réel? En tant qu’être humain, c’est facile de pouvoir s’illusionner sur des détails et sur nos interprétations, je l’ai même déjà réalisé dans le passé. Je ne connais pas assez Lucy pour savoir ce qu’elle recherche vraiment, son impression me laisse une vision plutôt mitigée.

La jeune recrue de l’ACE continue donc de parler en me souhaitant d’abord bonne chance sur mon intégration. Elle fait une métaphore sur des bonbons, ce que je ne comprends pas. Elle continue encore sur l’idée des professeurs et sur cette notion d’égalité, bien que je ne pense pas qu’un professeur peut m’aider martialement dans cette école. Elle continue ensuite par un intérêt de connaître mes autres divertissements. Je reste donc silencieuse à la première partie, s’invitant un peu plus dans mes affaires. Quand elle me dit si je la suis, je réponds comme à mon habitude à ma confusion générale : « Si tu veux. » Elle risque d’être plutôt dégoutée par mes autres intérêts, sans rentrer dans d’autres perspectives que mon incompréhension. Je ne suis pas dérangée par son intervention dans les divertissements, mais elle semble assez éloignée de mes intérêts.

Elle me laisse regarder son téléphone, une communication plutôt rudimentaire, ajoutant plusieurs options dont celle d’écouter sa musique. Je ne comprends pas encore ce qu’elle veut faire avec ce téléphone, peut-être de remettre sa musique. Mon regard est plutôt indifférent à ce moment, ne savant pas trop ce qu’elle veut faire avec son téléphone. Elle me pose finalement la question sur mes intérêts.

« Je n’ai pas beaucoup d’autres divertissements que de m’entraîner et ils sont plutôt ennuyants pour le faire à plusieurs. Mon frère m’a surtout habitué à apprécier à plusieurs arts différents, dont surtout la peinture. Je connais un peu les autres domaines, mais je ne suis pas une experte. Les Hélions m’habituent plus aux jeux vidéo, aux films et parfois à la musique. Dans une autre école, certains étudiants m’ont plus passionné à regarder quelques sports de combats. Alors pour mes divertissements, cela varie surtout où je m’entraîne habituellement et qui est présent. »

Ce n’est pas très passionnant comme divertissements, mais c’est normal que je lui retourne la question par un : « Et toi, c’est quoi tes intérêts? » Je pense que c’est plutôt poli de retourner ces paroles en espérant pouvoir la faire parler. De toute façon, je vais retourner à mon entraînement dans quelques instants. Après, je vais bien vérifier si mes intérêts peuvent l’intéresser, sinon on va partir dans les grandes discussions philosophiques. »

Les voies d’apprentissage traditionnel étant de plus en plus remises en cause pour leur manque d’efficacité, s’élancer dans les alternatives est une chose qui devrait devenir de plus en plus courante à l’avenir ; peut-être l’éducation de masse ne pourra jamais se permettre l’investissement et l’attention nécessaire à l’application des méthodes d’apprentissage alternative mais une élite devrait y accéder. Les systèmes scolaires élémentaires et secondaires ne sont pas adaptés aux esprits sortant de l’ordinaire puisqu’ils sont chargés de définir la norme et d’assurer un tronc commun citoyen, ce qui forme une conformité sociale, et la marginalisation est une réaction courante afin de régler le problème de cette différence. D’autres systèmes visent à cultiver ce qui sort de l’ordinaire en s’adaptant à la spécificité. L’Institution Charles Xavier a compris cela puisque les X-Men ne sont pas formés par classe et promotion suivant un enseignement générique mais par affiliation de membres où l’X-Men s’adapte à son apprenti afin de l’aider à se réaliser au mieux. Si les Stages de l’ACE n’ont pas cette approche de part le nombre de recrues qui s’y trouvent réunies, une poursuite d’entrainement hors-stage peut permettre cette approche personnalisée et adaptée. Que le système ne cherche pas à s’adapter à la différence n’implique pas qu’il la rejette, surtout quand ledit système est basé sur l’acceptation des différences et l’union. Il ne s’agit pas de ne pas apprendre par croyance qu’on sait déjà, il s’agit d’apprendre différemment.

Maissa n’est guère convaincue par mes paroles, peut-être par mon aspect intrusif aussi, et fini par ce perdre dans le fonctionnement de ma pensée et les jeux d’esprit qui s’y trouvent. Si je veux qu’elle me suive ? A fond. Mais pas dans le sens où je le demandais.

Pas beaucoup d’autres divertissement que s’entrainer et généralement des divertissements solitaires ? Je ramène mes bras contre moi et fronce les sourcils de perplexité ; les Hellions aidant à la socialisation et aux divertissements de Maissa lui font découvrir des trucs qu’elle doit faire seule ? Tain, c’est tellement le genre de truc qu’on me ferait accompagner d’un « va jouer plus loin » pour ne pas s’emmerder avec moi ou se faire emmerder par moi. J’espère que c’est pas le cas pour Maissa, ça serait super-dégueulasse pour elle. L’art pictural, divertissement pré-Hellions, ainsi que les autres arts avec moins d’intérêt… ouep, pour le coup, je sais que je ne vais pas franchement accrocher. Quand je vois « ceci n’est pas une pipe », je me dis qu’en effet puisque c’est la représentation d’une pipe et du coup je me casse pas la pipe à réfléchir plus que ça. Après, je vois pas grand-chose en général. Sinon, les jeux vidéo, les films et la musique peuvent se faire à plusieurs : mode coop ou versus pour les premiers, commentaires après ou pendant pour les seconds, partage pour la troisième. Je suis rassurée, même si Maissa a l’impression que c’est ennuyant à plusieurs, les Hellions lui montrent des trucs qui ne le sont qu’à cause des différences de goûts. Du coup, la musique, c’est mort. Regarder les sports de combat c’est un peu comme un film sauf qu’on peut apprendre de ce qu’on voit, ce qui est cool, quand à s’entrainer pour se divertir, je comprends parfaitement. Après l’entrainement sérieux, l’entrainement sympa. Ça ne compte pas comme une activité de No Life.


Les activités des gens comme leur approche de ses activités sont intéressantes à connaitre tant vis-à-vis des points communs que vis-à-vis de ce que ça révèle des gens eux-mêmes. L’entrainement physique est plus qu’une simple nécessité pour Maissa, nécessité afin d’être efficace dans le groupe de super-héros auquel elle appartient, mais également une manière de vivre ; c’est sans doute lié à sa famille comme à la pratique des arts martiaux qui ont un code de vie généralement. L’implication du frère dans l’appréciation de l’art, au sens noble du terme, tend à dévoiler une famille plutôt éduquée dans sa manière d’être malgré la séparation et l’intérêt particulier pour la peinture peut être lié aux représentations et perceptions du monde d’autrui. Même si tout cela serait principalement inconscient, ça ne signifie pas que c’est faux : Maissa entretient une ouverture aux perceptions des autres ainsi qu’une manière de vie très personnelle et cela rejoint l’importance de ses valeurs, comme elle l’a déjà évoqué précédemment. Son impression que les autres puissent s’ennuyer à accomplir ses divertissements avec elle provient probablement de son manque d’adaptation également, puisque ce sont des autres qui éveillent son intérêt pour les choses en premier lieu.


J’en fais depuis mes six ans, en autodidacte, et j’ai atteint un niveau assez prodigieux. J’aimerai beaucoup me mesurer à Nightrunner dans le domaine, même s’il a l’aide de ses gadgets, et avoir son avis voir des spots communs et peut-être former une team. Mais j’ai pas encore eue cette chance.


Papa est flic, Maman est psy. Moi je tente de faire un peu des deux, ayant une longueur d’avance sur la moyenne du fait de leur observation même si ladite longueur me conduit parfois à ne pas m’arrêter à la limite mais à me prendre le mur derrière. Précision inutile, je pense, puisque Maissa a déjà dû constater cette partie-là.


Ce n’est pas parce que je ne fais pas ça au sein d’une classe avec professeur et tout que je n’apprends pas et observer Maissa pourra surement m’offrir une occasion de plus apprendre que si elle m’expliquait et me faisait répéter. L’imitation fonctionne normalement chez moi-même si je continue de préférer l’induction, l’essai-erreur et l’immersion ; mais je finirais par expliciter tout ça, le choix de mon sujet de Projet Personnel Encadré est fait.