Continuer le combat

De part son nombre surement, l’Humanité cherche à ce que la plupart de ses édifices soit le plus petit possible. J’ignore comment font les humains pour vivre leurs vies dans des amas de logement réduit mais accepte cette tendance. Je ne suis pas réellement déçue que le restaurant Bear Pizza suive cette logique, ils ont l’air de faire du mieux qu’ils peuvent même si ce mieux ne leur permet pas d’avoir autant de choses qu’ils le voudraient. Leur ambiance est cependant, peut-être consécutivement, détendue et conviviale. Je ne pense pas les serfs laxistes à nous laisser nous installer ou ignorant à se malaiser de ma question. L’idée de Valerie me fait me retourner vers elle.


Confronter un ours n’est pas d’une grande difficulté. A dire vrai, je n’ai pas souvenir d’un seul animal au sein de ce Royaume à pouvoir rivaliser avec les Ases. Je me méfie cependant d’un combat inutile comme des évolutions naturelles depuis mon départ ; peut-être les Humains ne sont-ils pas seuls à atteindre leur prochain stade évolutif, même si cela me semble moins flagrant avec les espèces soumises à la sélection naturelle.

Je prends donc la place sur le siège honorifique qui fait son office avec force et bravoure, plus que le serf dont le malaise continue. Une tentative de le rassurer d’une sourire n’apporte pas réellement le résultat escompté et les choses s’en poursuivent, mon tour venant à me perdre avec le menu et à l’expliquer à mon amie.

Valerie y passe lorsqu’elle est insomniaque de service car il est tranquille et ouvert du crépuscule à l’aube, j’hoche la tête même si le son service n’est pas une chose pour m’être familière. Je me demande s’il y a un rapport avec les infirmières de service comme les structures médicales. Si ce point reste mystérieux et tu, l’explication sur le Bear Pizza est faite et ma compréhension la suit également.


Les affinités de la gérante comme lien n’est pas réellement ce à quoi je m’attendais mais je ne m’attendais pas à grand-chose de toute façon, préférant découvrir qu’imaginer. Cependant, il vient donc le moment de faire les choix sur les mets où sera dessiné le blason de la maison. Voici qui me demande réflexion et elle s’interrompt à la suggestion de Valerie. Je la regarde sans réellement comprendre au début puis je souris à sa bienveillance.


Héliporteur est une forteresse et son casernement accompli parfaitement son office malgré sa taille que j’ai déjà pu déprécier. Cela étant, je n’y passe guère de temps et de puis organiser de festivité comme j’aimerai le faire à chaque victoire ; tant par manque de place que par manque de victoire.


Mais je n’en sais rien. Il n’est pas de pensée pour s’attacher à cela, seulement une profonde tristesse et un sentiment d’impuissance et de faiblesse. Mon regard se perd dans le vide et je clos les yeux pour chercher la paix intérieure, à nouveau ; une inutilité pour l’heure mais elle me reviendra plus tard et je continue donc le combat même maintenant.


Ma rancune est éternelle quand bien même je puis tolérer de côtoyer ceux qui l’ont contractée. Loki en est témoin, lui qui m’a volée ma chevelure et trompée lorsqu’il m’a rendue celle-ci. J’ai échoué, de nombreuses fois, mais je me suis toujours relevée et brûlée l’âme à faire mieux. Je n’ai peut-être pas le talent de la plupart des Humains et ceux-ci peuvent égaler mon entrainement pluri-centenaire en une décennie mais leur vie se compte en décennies alors que la mienne est en millénaires. Il est possible que je ne me venge jamais de Carol Danvers avant que le temps ne l’emporte mais je finirais par m’améliorer. Et je puis peut-être trouver de l’aide en cela, à présent.


Il n’y a, étonnamment, aucune tristesse à cela. Ni joie ou fierté d’ailleurs. J’énonce une chose qui me semble naturelle, tout simplement. Et cela me laisse sur ma fin, j’ignore pourquoi. J’avais d’autres aspirations, autrefois, mais mes échecs m’ont fait les perdre et je ne cherche pas à les retrouver. Me battre contre ma faiblesse est plus aisé lorsque je peux physiquement me battre. Sans doute est-ce un tord, sans doute est-ce une autre forme de faiblesse. Il est cependant plus aisé de lutter contre les autres que contre soi-même et je n’ai pas véritablement la force de le faire. Je ne sais où la trouver et ne cherche donc pas.


Je ne veux pas que la situation ne devienne déplaisante à Valerie de par mon discourt, il est seulement franc et sincère. Brunhilde préfère peut-être Samantha Parrington à présent, Thor préfèrera peut-être un jour Donald Blake, pour ma part je n’ai même pas accepté de prendre un nom humain. Je suis Sif, je n’ai nul patronyme ou matronyme et cherche à me forger seule un nom, je ne conçois nul mal à cela mais appréhende qu’on puisse le faire.


Je suis une étrangère sur ce Royaume, c’est un fait ; mais je suis également être une touriste, dans une disposition plus favorable à l’émerveillement que celle que j’ai aujourd’hui.

Le serveur arrive et j’en reviens à la carte, oubliée malgré sa présence entre mes mains, afin de me décider au plus vite sur quelque chose de raisonnable que j’énonce haut et fort.

J’écoute avec attention les paroles de Valerie, pouvant peut-être l’aider à outrepasser son ignorance les concernant. Elle me parle de la médecine et de son aspect récent ; même s’il me semble que les Humains l’aient pratiquée depuis l’aube de leur civilisation, qu’elle n’ait pas été aussi développée et efficace qu’elle l’est à présent ne m’étonne en rien. Elle me parle des découvertes sur les méfaits de la guerre pour la psychologie d’un soldat, interrogeant sur le naturel de se battre considérant que cela fait du mal. Je n’ai rien à répondre et elle poursuit avec une comparaison sur des sports dangereux et non-naturels. Je crois voir où elle veut en venir : choisir des choses en sachant pertinemment qu’elles sont mauvaises.

L’enseignement de la professeure anonyme afin d’éviter les dangers me laisse perplexe ; on ne peut tout esquiver, surtout pas lorsqu’on s’engage à faire quelque chose. Je ne suis pas certaine de bien comprendre mais « esquiver » le danger me semble synonyme de lâcheté. Il est normal de payer les conséquences de ses actes. J’ai affrontée Carol Danvers et usé du Berserk contre elle, j’ai perdu du fait de mon infériorité et ce n’est que justice. Je ne conçois pas comment j’aurai pu esquiver un tel combat pour éviter le risque de perdre puisque, ce faisant, j’évitais également la possibilité de réussir. Peut-être l’enseignement était plus littéral et l’esquive était destinée à éviter les coups donnés en sports de combat, football américain ou encore hockey sur glace mais alors la conclusion est simplement celle de Valerie.

La culture du Royaume d’Or est différente de celle du Royaume du Milieu, oui, et nous nous battons afin de maintenir la paix ainsi que de vivre des aventures ; cela nous est naturel par notre manière de fonctionner, je suis entièrement d’accord. Les Humains se battent pour nombre d’autres raisons conditionnées par leur culture, même s’il en est en commun. Je comprends qu’on le perçoive encore mieux et qu’on puisse être amené à se remettre en question considérant les diversités culturelles de Midgard et l’Humanité m’a déjà beaucoup étonnée, même si elle ne m’a pas changée comme elle semble l’avoir faire pour Diana de Themyscira.


Toute détestable qu’elle soit, Carol Danvers a autant sa place au sein des Vengeurs que les autres : il est des gens comme elle dans l’Humanité et aucun groupe ne peut déclarer représenter l’Etre Humain s’il ne démontre pas ses défauts comme ses qualités et, plus important encore, cette volonté de faire prévaloir les qualités sur les défauts. J’ai menée cette lutte comme j’ai appris à le faire, même si les résultats n’ont pas été présents, et peut-être la mènerai-je à la manière des Humains à l’avenir, je l’ignore encore. Il est trop tôt pour moi.

Le sujet en revient à nos origines et ma proposition est acceptée, chose qui me fait plaisir malgré les craintes de Valerie. Je réponds une fois la commande passée.


Les Agents du SHIELD disent parfois qu’ils ne doivent pas amener leurs jeunes enfants rencontrer Thor car il serait heureux de les voir et pourrait jouer toute la journée avec eux alors qu’il a d’autres choses à faires ; je ne comprends pas le mal de jouer avec les enfants et m’estime en capacité de le faire également. Malgré les siècles voir les millénaires, nous restons capable de nous divertir simplement et gardons une certaine « naïveté ». Néanmoins pouvoir dessiner aux côtés d’enfants ou tacher de ne pas être attraper à leur jeu félin ne nuit en rien à mon habileté martiale ou à ma valeur.


Je ne suis pas dans mon état le plus favorable à m’émerveiller ou à m’amuser mais la paix intérieure reviendra, ce n’est qu’une question de temps. Je ne crains pas le futur, peut-être parce qu’il n’est ni blessure ni mort qui pourront se tenir en travers de mon chemin jusqu’au Ragnarök, mais comprend que l’on puisse aborder différemment le temps.


Valerie énonçait précédemment les effets néfastes de la guerre sur les soldats ainsi peut-être n’est-il pas des plus habiles de proposer ainsi d’attendre la fin de cette guerre même si, d’une certaine manière, cela permettrait des changer les idées à l’instar de ce qu’elle cherche à faire ici. Je suis certaine qu’il ne me faudra pas plus de quelques mois afin de récupérer ce que j’ai à récupérer en Europe et, même si mon entrainement prendra des années, je devrais pouvoir également obtenir une réponse quand à une éventuelle aide pour se faire. La présence du SHIELD en Europe facilitera mes recherches personnelles et me permettra d’être tenue au courant de l’avancée de la préparation ainsi suis-je assurée de participer tout de même à cette guerre.

J’acquiesce franchement à la confirmation des possibilités de voyage une fois l’Etat Mutant vaincu. Je comprends également la crainte des problèmes avec les locaux : dans une guerre, le plus long est généralement la reconstruction d’après conflit, non le conflit lui-même. Je ne me suis jamais vraiment préoccupé de cela par le passé et ne pense pas le faire à l’avenir, là n’est pas mon rôle, mais il est vrai qu’il faut des gens pour y penser. Cela ne m’étonne pas que Valerie le fasse, son cœur va aux autres et elle essaie déjà de réparer les dégâts d’un conflit ici même, avec moi.

Il n’est aucune réponse pour me venir et c’est le serviteur qui s’en vient avec les premières pizzas. Je le remercie de la tête et considère la taille du plateau et l’épaisseur du plat qui me fait face, penchant un instant la tête sur le coté avant de simplement humer l’air pour m’imprégner de la bonne odeur. Me saisissant du couteau mis à ma disposition, je tranche par deux fois le met afin de le diviser en quatre puis passe la lame sous l’une des parts afin de maintenir celle-ci droit alors que je m’en saisis, indifférente à la chaleur. Je n’ai jamais vu beaucoup d’Humains pour faire des manières attablés et cela me va parfaitement car, à défait de manger salement, je mange différemment d’eux et doigts comme couteau suffisent à la plupart des plats.

Je me retiens de confirmer à Valerie que mon appétit sera bon face à son hésitation, n’entreprenant pas à manger pour l’écouter parler. Un petit secret assez important pour mon amie et qui va reste r entre nous deux car elle ne veut pas que d’autres Vengeurs le sachent… je regarde la jeune femme avec un petit sourire alors qu’elle explicite toujours plus et accroit la taille comme l’importance du secret. Je connais le BPRD et suis en accord que des groupes étrangers peuvent être du soutien tout comme le fait qu’ils aient droit à la discrétion s’il le souhaite. Les caméras humaines sont utiles pour transmettre à leurs peuples les informations qu’ils doivent connaitre mais sont bien souvent accaparées par des personnes cherchant uniquement leur propre mise en avant, me faisant regretter les hérauts et scaldes que l’on peut trouver à Asgard et en d’autres Royaumes d’Yggdrasil, tandis que les complots politiques sont une chose qui me dépasse complètement ; je ne parviens pas à comprendre comment les responsables peuvent abuser de la confiance qui leur est donnée pour leurs propres fins, cela prouve qu’ils sont indignes et devraient être mis à bat. Il n’est cependant pas dans l’intention du Royaume d’Or d’interférer avec les politiques des autres mondes ainsi m’en abstiendrai-je également. Peut-être ne suis-je pas qualifiée pour reconstruire après un conflit mais je n’interviens pas non plus dans l’écosystème ou dans la politique des locaux.

Déposant ma part de pizza et la lame sur laquelle elle repose, j’apporte mon avant-bras contre mon plastron et ferme le poing sans cesser de fixer Valerie.


Je ne peux le garantir d’être digne de cette confiance. Je sais juste que je ferais de mon mieux pour l’être. Tout comme j’ai fait de mon mieux contre Carol Danvers. Je ne veux pas faire défaut à mon amie même si je l’ai déjà fait et le serment en est d’autant plus important. Le rompre m’apportera déshonneur en plus de défaillance. Peut-être est-ce la une chance de me racheter de mon précédent échec, quand bien même nulle rigueur ne m’est tenue pour lui.


Je tends de nouveau ma main vers le couteau et la pizza, saisissant l’un comme la part de l’autre qu’il supporte afin de commencer à manger tout en écoutant Valerie. Tomate, mozzarella, jambon, champignon ; c’est une bonne base, au sens littéral. Je ne comprends pas pourquoi cela se nomme « reine » mais ne cherche plus à le comprendre puisque le Bear Pizza n’a pas de rapport avec une pizza à l’ours. D’ailleurs, je n’ai nullement pensé à regarder si la garniture avait une forme d’ours avant de taillader dedans. Heureusement, il me reste trois pizzas à venir.

Valerie prend du temps pour penser et je le lui laisse avec naturel et appétit.  Il ne me faut qu’une demi-douzaine de bouchées pour ingurgiter ma part de pizza et elles sont rapidement accomplies, non par voracité mais parce que je mets du cœur à l’ouvrage. Je marque un temps à l’écoute néanmoins, finissant une bouche afin qu’elle soit libre pour la réponse. L’hésitation de mon amie ne m’inquiète pas à la différence de son mensonge habituel concernant ses entrainements. Je comprends toujours le droit à la discrétion mais n’apprécie guère le mensonge, quelles qu’en soient les raisons, et écoute avec perplexité ce qui vaut cette action. Une organisation fournissant un entrainement supérieur à celui des Vengeurs et la crainte que la tendance à tout contrôler de certains d’entre nous ne nuisent à l’organisation suscitée. Associé au potentiel de nuire de l’organisation suscitée si elle est détournée par d’autre, le secret est sa principale protection. Je comprends.

J’écoute la vérité avec une certaine neutralité. L’aveu sur le mensonge de l’entrainement à Boston dans une institution similaire à celle de l’Académie du Massachusetts est suivi par la vérité concernant une école « d’ici », non destinée à se battre directement mais à aider avec les mutations, ne me troublant nullement dans mon attention. Référence scolaire du monde mutant afin d’apprendre à maitriser les capacités et décision de former un groupe avec de leurs anciens élèves pour combattre les menaces pouvant s’intéresser à cette mine de talent. Je comprends.

L’ignorance du SHIELD et la puissance du groupe sont des choses que j’accepte par confiance en Valerie comme par sagesse sur le fait qu’on ne puisse tout savoir ou être d’une puissance absolue néanmoins je ne suis pas certaine de le craindre pour l’heure : je préfère donner une chance et apprendre à connaitre avant de porter quelconque sentiment à leur encontre, même si un apriori est naturel. La présence d’anciens membres de la Justice League tend à me faire naitre un bon préjugé concernant leur morale, celle d’ancien assassin me laisse plus perplexe quand à ma méconnaissance du milieu et finalement les membres d’autres groupes prouvent une ouverture appréciable.


Serment, amitié et compréhension assurent que je tienne autant ma parole que je le pourrais, le faisant tant par devoir que par bienveillance et par accord ; à mes yeux, le premier serait tout autant suffisant que les deux autres mais sans doute les trois ont-ils plus d’impact. Prêter serment est peut-être désuet dans la culture humaine. Brisant ma neutralité en un sourire, je poursuis mon sentiment envers Valerie.


Abaissant mes yeux vers la préparation et le couteau qui en est entaché de l’avoir coupée et supportée, j’aperçois un temps mon reflet et me décompose un instant à l’idée d’entrainements supérieurs à ceux des Vengeurs. Samantha Parrington est l’une des meilleurs combattantes de notre groupe mais je ne suis pas capable de l’accepter en professeure ni n’éprouve la volonté de lui faire face pour l’heure, cela viendra avec le temps. Peut-être que cette opportunité offerte par Valerie peut m’aider à combler ma faiblesse.


J’ai accordé énormément d’importance aux Vengeurs dans cette aide car ils sont le principal groupe avec lequel Asgard est lié, de par la présence de Thor, mais il existe d’autres voies. Sans envisager de quitter l’Initiative, je suis disposée à parcourir des sentiers en étant éloignés que ce soit pour m’aider à m’améliorer ou simplement découvrir un nouveau visage de l’Humanité ; période faisant, c’est la progression qui m’animera au cours des prochains mois.

Est-ce déplacé que d’ainsi demander plus alors que mon amie me fait déjà le cadeau d’un de ses secrets ? Je l’ignore et le crains. J’ai moi-même admise ma faiblesse, ce que je n’aurai fait devant n’importe qui, mais l’information n’est pas équivalente : ma faiblesse est visible à l’inverse du secret de Valerie. Je ne me rétracte pas moins ni ne m’excuse de la demande, assumant ma franchise avec le naturel de mon peuple.

Ce doute comme la réponse de mon amie ne m’empêcheront en rien de poursuivre sur la pizza reine, ou peut-être reine pizza je n’en suis pas certaine, car peu de choses sauraient troubler mon appétit et certainement pas un refus honnête. M’emparant d’une nouvelle part, j’écoute la réponse en faisant honneur au plat.

Le temps est une chose qu’Asgardiens et Humains ne conceptualisent pas à la même échelle. De plus, ayant l’occupation d’engloutir le met de Midgard, je me formalise encore moins des secondes ou des minutes que Valerie peut mettre à me répondre. Son visage est aussi parlant que son silence et il est une question de sagesse que de laisser la paix se faire dans son esprit pour qu’elle ouvre pensées et cœur ou s’abstienne de le faire, le choix est sien. Nous sommes venus ici en suite de mes tourments et je vois ceux de mon amie apparaitre vis-à-vis de son ancienne école.

Vivre dans deux familles différentes, l’une très unie et solidaire qu’elle a quittée pour l’autre qui se construit encore ; je ne suis pas bien placée pour parler de famille et chasse cette considération de mon esprit pour ne pas céder aux maux vieux d’un millénaire qui me lient à cette conception. Je ne suis pas certaine que Valerie utilise famille dans son sens basique, d’ailleurs, mais plutôt comme comparaison pour les deux groupes auxquels elle est liée. Dans tous les cas, je conçois que mon amie cherche à ne pas faire de choix tout en sachant qu’il sera fait pour elle en ce cas, ignorant si c’est l’échec à se décider ou la décision d’autrui qui la hante véritablement.

Que Valerie doute de la crainte me surprend, considérant qu’elle a dit que le mystérieux groupe était plus à craindre que les Vengeurs, mais qu’elle s’accorde plus à la question de confiance me semble naturel. C’est une famille pour elle, après tout, même s’il semble que celle-ci ait faite la décision que mon amie ne savait prendre. Sa peur de leurs réactions est une crainte d’eux, même s’ils ne sont pas une menace, et je pense comprendre le sentiment qui m’est conté. Le malaise généré par l’abandon une demi-douzaine d’années plus tôt, puisque c’est l’âge des Vengeurs, ainsi que la diversité des opinions quand aux raisons de l’abandon suscité sont compréhensibles même si je ne me figure absolument pas cette période de temps et l’enracinement ou l’apaisement qu’elle peut prodiguer aux humains.

Faire confiance aux gens fonctions de leurs valeurs plutôt que de leur allégeance, je comprends cela aussi même si je tends à placer les deux à égalités. Evidemment, ma confiance en Carol Danvers est plus limitée de par ses dires, son attitude et ma défaite contre elle, mais il m’est naturel d’accorder ma confiance à ceux qui sont mes alliés. Les choses étant plus complexes sur Midgard, sans doute me faudra-t-il remettre cette attitude en question si cela ne se fait pas naturellement. Néanmoins, le meilleur moyen de faire confiance reste de connaitre et de se familiariser, quand bien même cela peut conduire à la défiance aussi ; dépend de l’être et de ses mérites. En tant qu’héritière de la Justice League, il me semble également logique que la seconde famille de Valerie possède des valeurs humanistes.

La complexité de Midgard revient pour l’école également, interrompant mon repas d’attention. L’ouverture philosophique se concentre sur ceux à qui elle est enseignée et ceux qui l’enseigne plus que les étrangers. Si elle ne forme que ses futurs membres, il n’est pas difficile de comprendre pourquoi la famille de Valerie lui en veut d’être partie, j’acquiesce en signe de compréhension. Le respect est important et les erreurs de jeunesse de mon amie semblent lui avoir beaucoup coûté.


J’ai peut-être la loyauté et la rancune éternelles, comme nombre d’êtres vivants longtemps, mais l’une comme l’autre sont difficiles à contracter lorsqu’il s’agit plus que d’un principe. Il est d’ailleurs surprenant que des personnes y soient parvenues en quelques mois, même si cela semble naturel pour eux. Valerie est considérée comme opportuniste par son école pour l’avoir quittée et qu’elle ramène une autre opportuniste est sans doute mauvais pour elle ; je le comprends et ne m’en fâcherai nullement.


Heures deviennent donc secondes et mois équivalent à journées. Je n’ai mis le pied sur Midgard que depuis une infime durée à mon sens alors que les choses ont eu le temps de beaucoup changer en son sein. Je ne suis pas particulièrement patiente pour une Asgardienne, à cause de ma jeunesse probablement, mais attendre une vie humaine m’est parfaitement conceptualisable. Après, je crains que ce ne soit un peu bête, quand ladite attente implique des humains.


La fidélité et la proximité ne sont pas forcément présent au sein d’une famille et les abandons ne me semblent pas quelque chose d’extraordinaire. Mon père s’en est allé il y a des siècles et n’a jamais été aussi bienfaisant envers moi que ne l’a été mon Roi. Mon frère a cependant toujours été là, que j’ai besoin de lui ou non.


Et je ne doute pas que Valerie fasse des efforts pour cela. J’ignore encore beaucoup de chose sur sa relation avec eux mais suite prête à l’écoute si la preuve de confiance se fait dans le sens de la confidence. Les troubles de mon âme ne me placent pas meilleure conseillère mais je puis toujours écouter et parler franchement. Aider des inconnus autrement que par les armes ne m’intéresse pas. Aider des amis par quelque moyen que ce soit m’est naturel. Tout autant que finir de dévorer la première pizza afin de libérer l’espace pour la suivante.