Anti-terrorisme ésothérique

Certains considèrent que je ne fais que ce qui m’amuse, d’autres que je n’ai pas de vie personnelle, d’autres encore que j’aime voyager et d’autres enfin qu’il s’agit d’un mélange de tout cela ; qu’ils en discutent s’ils le souhaitent, j’alimenterais leurs théories à l’occasion mais, considérant les preuves de chacune d’elles, cette occasion sera opportune. Avoir réduite à l’état de ruines la ville dans laquelle j’ai grandie plus d’un demi-millénaire avant que j’y retourne afin de retrouver la mémoire m’a offerte une belle occasion de ne guère retrouver plus de racines que je n’en avais durant mon amnésie. Mais qu’importe, je n’en suis que plus libre de parcourir le monde en étant étrangère où que je sois et le BPRD se charge de m’obtenir les autorisations de séjour là où je suis utile. Une utilité qui me ramène une nouvelle fois aux Etats-Unis d’Amérique puisque, et c’est là le point commun de toutes les théories précédemment énoncées, je suis une agentes des plus actives ; pour le meilleur et pour le pire. Le Bureau du Paranormal sait au moins en tirer un maximum de bénéfice, une chose que l’Initiative a admis être incapable de faire il y a plus d’une décennie.

Sans être publiquement connue, ce qui ferait tâche parmi les autres figures de la Justice League même s’il en est pour être controversées même au-dehors des accusations des Vengeurs, je le suis des principaux groupes étatiques de l’Amérique du Nord, de l’Europe ou de l’Asie ; groupes avec lesquels l’organisation à laquelle j’appartiens rencontre régulièrement des problèmes de juridiction. Je n’ai pour ma part qu’une considération concernant tout cela et j’en murmure les paroles afin d’avoir l’esprit empli de la chanson.


Maintenant, je suis consciente de ne pouvoir esquiver le croisement de juridiction dans l’affaire qui m’a conduite à revenir sur ce continent tout autant que je suis confiante dans le fait que je peux en tirer avantage. Le SHIELD a peut-être déjoué un attentat de l’HYDRA mais la technologie occulte de l’arme employée requiert, qu’il le veuille ou non, l’expertise du BPRD. Sans compter la perspective de nouveaux attentats employant cette même création dont l’on ignore encore les propriétés, je suis plus familière des armes-démons que la majeure partie de mes collègues et donc, probablement, que tout les scientifiques de l’organisation américaine. Evidemment, c’est Rodin qui me fabrique mon arsenal et c’est à lui que je devrais faire appel à lui si je m’avère trop limitée mais, outre que Washington DC n’est guère éloignée de New York et qu’il doit exister au moins un portail des Portes de l’Enfer en son sein, ce point de détail reste à prouver.

Le SHIELD dispose d’une base dans la capitale américaine, sans doute comme l’HYDRA d’ailleurs, un détail qui ne m’étonne pas sans jamais m’avoir intéressée et aurait continué sur ce principe si l’on ne m’avait communiquée l’adresse et un accès « visiteuse » afin de rencontrer l’analyse en charge de l’affaire. Ennuyeux avant même d’y aller, en somme, mais les choses en seront toutes autres une fois arrivée considérant que l’Initiative ne me fait pas confiance. Il est véritable que je suis peut-être plus ingérable qu’Hellboy, puisque mes liens aux Enfers sont toujours actifs et utilisés tel que le prouve mon ombre qui est celle d’une femme vêtue d’une robe et dotée d’ailes de papillons, mais je sais être un mal nécessaire quand je le souhaite. Uniquement quand je le souhaite.

Je me présente au lieu de rencontre vêtue d’un tailleur sobre dont les manches laissent dépasser mes gants blancs à paume rouge et dont la jupe ne couvre que peu mes longues jambes uniquement couvertes des deux chaines en or, l’une sur l’avant et l’autre sur l’arrière, qui se termine sous des escarpins au talon fendu afin d’accueillir des accessoires. Mes cheveux noirs, entremêlés de ces mêmes chaines dorées et d’un ruban rouge gravé de runes d’un alphabet démoniaque, sous encore courts et laissent parfaitement voir les boucles d’oreille en chat alors que de leurs mèches passent devant mes lunettes aux branches à motif d’ailes de papillon. Enfin, la montre à gousset au mécanisme immobile repose au niveau de mon cœur et est dévoilée par la veste du tailleur, révélant mon plus grand trésor aux eux du monde comme une simple parure.

De cette même veste, je sors le mandat d’enquête me conférant les droits sur cette affaire, une chose qui agacera autant le SHIELD que cela n’agace le FBI quand le SHIELD se présente ou que cela ne le fait des autorités locales quand le FBI ou le SHIELD en fait de même. Collaborera-t-il ? Cela dépendra de ses gens et mon désintérêt manifeste pour l’organisation entière ne me permet pas de savoir la réputation de ceux-ci. Ainsi donc je me contente d’attendre qu’on me présente, bon gré mal gré, à l’agent Adrian Eversfield. Le passage de la sécurité est amusant puisque mes chaines métalliques obligent à une fouille au corps bien plus perturbante pour la personne en charge que pour moi, une perturbation que j’accrois de mes yeux lunaires et de mon attitude générale, mais je suis finalement libre de me déhancher au sein du bâtiment, une main contre la hanche et l’autre accompagnant mon pas félin, moyennant le chaperonnage d’un surveillant plus qu’autre chose.


Mon introduction est simple, malgré l’accent britannique, et je me passe de tout contact physique afin de me présenter avec une nonchalance assurée. Du fait, je ne précise pas les raisons de ma venue, tous étant sensément au courant afin de pouvoir déprécier ma présence au mieux,  et attends simplement qu’on me mène à la supposée arme ésotérique en me fournissant les détails connus du SHIELD, quand bien même ils seront probablement maigres.

Hugh Taggart, assistant d’Adrian Eversfield, tu es l’infortuné en charge de ma surveillance pour t’assurer une relation plus diplomatique qu’avec les agents de la sécurité ; j’en prends note même s’il m’indiffère de savoir que les divers secteurs internes au SHIELD sont en désaccord entre eux. Les enfants sont habitués aux chamailleries et qu’elles continuent à l’âge adulte n’est guère surprenant cependant lesdites chamailleries ne me concernent nullement. Je ne les alimenterais pas et, à moins d’y être impliquée ou de les trouver amusante, n’y participerait pas.

L’entrée dans le laboratoire ce fait à un son qui ne m’est pas étranger et auquel j’ajouterai des paroles car, sans être en rien patriotique, il me faut des paroles à réciter pour aller au-delà du fredonnement d’une œuvre musicale. Et heureusement, la musique régnant dans ce lieu d’étude a été reprise pour fabriquer une autre œuvre parfois considéré comme hymne de l’Angleterre.


Mes lèvres commencent à bouger alors que tu sembles bienveillamment indigné, Hugh, vis-à-vis de la seule personne à se trouver en ce lieu et qui me permet donc de supposer qu’il s’agit d’Adrian Eversfield. Les marques de blessures attirent tout autant mon regard que sa taille, considérant qu’il est rare de trouver des personnes aussi grandes que moi et que l’analyste doit tenir la mesure malgré mes escarpins, et je dois avouer ne pas avoir de première impression clairement définie sur lui.

Ton temps à te rendre compte de nos présences, malgré les bruits de mes pas, comme le naturel de ton sourire, lorsque tu l’as enfin fait, sont aussi amusants que ta concentration à rester de marbre. De quoi me faire avoir un petit sourire à mon tour et interrompre mon accompagnement muet à ta musique de travail. Tu parles beaucoup mais tu le fais avec un accent britannique aussi marqué que le mien, bien que je ne sache le situer alors que le mien est identifiable à celui du comté de Cheshire, et saccade un peu mais tu es poli et bien éduqué, un vrai gentleman. Mon pauvre, à trop vouloir bien faire tu commence déjà à de te perdre seul, sans même que j’ai commencé à jouer avec toi. Ce que je fais considérant combien tu me l’as si gentiment proposé.


Ce thé vert parfumé a pour nom le « parfait magicien », mélangeant fleurs et épices pour s’avérer assez surprenant mais harmonieux et équilibré. Je me suis toujours demander si c’était là la boisson favorite de Stephen Strange mais c’est là un arcane qui me dépasse de loin, je le crains. Néanmoins, mon supérieur n’étant pas impliqué dans cette affaire et ce thé particulier étant probablement hors de portée de mes collaborateurs du jour, je continue mon avancée féline jusqu’à l’ordinateur qui accaparait ton attention, Adrian, afin de m’y pencher exagérément pour y lire tout en perturbant ta concentration impassible. Je suppose bien que ta bonne éducation te fera éviter d’apposer trop longtemps le regard sur mes fesses pendant que mon propre regard parcourt ton travail infructueusement interrompu par mon arrivée, mes yeux surement difficilement visible derrière le reflet de l’écran sur mes lunettes.

Mais derrière mon propre reflet se trouve les détails sur la technologie occulte gardée dans une pièce aussi sécurisée que possible. Difficile de déduire l’utilisation d’une arme ressemblant à un ovoïde de la taille d’un lit et je dois avouer que, même pour moi, l’objet semble saugrenu. Néanmoins, il ne l’est peut-être pas tant que cela et si les billes de métal magnétisées ensemble forment une sorte d’œuf c’est peut-être parce que les esprits humains l’ayant conçue le percevait ainsi. Le métal provient de cette dimension est un alliage blindé parfaitement identifié et connu des humains, ce sont l’absence de structure et les perturbations dues aux énergies dimensionnelles qui posent problèmes aux analyses du SHIELD et, pour la seconde partie, ont alerté le BPRD.

Tournant mes yeux vers le rapport de l’opération, je l’ouvre et constate l’efficacité de puissance des Vengeurs comme l’utilité du SHIELD dont la prudence a permise de mettre l’arme en « lieu sur » alors même qu’ils ne possédaient pas la moindre compréhension de ce dont il s’agissait. « Ne touche pas, c’est magique » est une base que tes amis et toi avaient bien fait d’appliquer Adrian, considérant combien de choses magiques peuvent réagir par contact ou drain d’une vie ou d’une âme. Il ne m’étonnerait pas que cela soit également le cas de ceci, tant tout semble inerte pour l’heure.

Me redressant pour me retourner au deux-tiers aux deux agents et reprendre une nouvelle pose, je les regarde un instant avant de marcher nonchalamment vers l’extérieur du laboratoire.


J’ai bien des théories sur ce dont il s’agit mais tu ne m’en voudras pas de faire du suspens pour l’heure, Adrian. Les réponses viendront bien assez tôt et je pense qu’elles ne plairont à aucune de nos hiérarchies. L’arme, dans sa partie physique, n’est pas dure à fabriquer puisqu’il s’agit simplement d’une masse de petites billes de métal maintenue entre elles par un magnétisme commun. Si sa partie magique suit cette même logique, il n’est pas impossible que nous n’ayons là qu’un prototype voir une création aboutie parmi d’autres. Evidemment, la présence magique ayant motivée l’intervention du BPRD est si importante qu’il est assez improbable que la partie magique soit lowcost mais sait-on jamais, qualité et prix ne sont pas toujours liés.


Le SHIELD et l’HYDRA sont de vieux antagonistes, il me semble normal d’accorder importance à l’avis de l’analyste en chef du premier concernant les buts de la seconde. Même si tu t’es gentiment proposé de faire le thé, cela ne sera pas ta seule utilité Adrian, crois-moi.

Je ne comprends pas ta réaction à ma remarque sur le thé, Adrian. Jusqu’ici, tu me semblais professionnel autant que serviable hors emmener une boisson dans l’enceinte d’étude d’une potentielle arme de destruction massive est tout sauf professionnel. Je n’ai pour ma part aucun problème avec cela mais j’eus pensé que tu en eusses. Non que l’image d’une femme guidant un groupe d’hommes dont le plus grand des deux est accaparé au service soit dérangeante mais je ne pensais pas pouvoir pousser le bouchon aussi loin avec autant d’aisance. Mais je m’en accoutume parfaitement, cela dit.

Ce n’est que la première des surprises puisqu’on te refuse l’accès à la salle de garde, une chose me faisant te regarder et douter un instant de tes véritables accès au sein de cette base. Je n’imagine pas le SHIELD pouvoir interférer avec une affaire du BPRD par le biais d’une mascarade mais il semblerait l’absence de professionnalisme de ton organisation s’étend à tous les échelons considérant l’appel téléphonique que tu me fais partager. Appel qui me fait croiser les bras et m’assombrir alors que le sous-directeur de cette base commet une faute professionnelle grave.

Et moi qui ai prise la peine de venir en tailleur à votre encontre, même si je me suis passée de la chemise comme de nombreuses célébrités en d’aussi nombreuses occasions, c’était bien la peine si c’est pour me faire tout de même traiter de catin ; pour avoir une telle considération, je pense qu’il faudrait à votre supérieur des liens plutôt importants avec une branche relativement radicale de l’islamisme. Ce détail, qui revient aux affaires internes du SHIELD, n’est cependant nullement lié à la faute suscitée car celle-ci s’en vient à l’opposition à mon mandat. S’il est à son loisir de discuter de mes seins et de mon popotin, le SHIELD n’a pas à s’opposer car le faire revient à faire obstruction à une enquête officielle et implique donc une nécessité de sanctions en interne.

Je te regarde prendre ma défense, Adrian, avec des paroles que tu veux retenues et des assurances qui sont inutiles ; que le SHIELD le veuille ou non, agiter mon mandat me donne toute légitimité sur son objet que cela soit juste ou injuste. Sans même être ton invitée, ce que je ne suis pas vraiment d’ailleurs, il est une question de professionnalisme et de coopération avec l’autorité en charge de l’affaire que de me laisser faire mon travail. Quand à mon nom, il n’est nullement celui d’une pôle-danseuse, quand  bien même je maitrise la danse, mais celui d’une arme car c’est ce que je suis, une arme liée à une démone majeure et au service du seul organisme d’investigation apte à traiter de ce qui dépasse la compréhension humaine. Quel dommage que tu me prives de l’occasion de répondre, je t’assure que j’aurai été aussi diplomate que toi pour peu que l’on considère la diplomatie comme une manière d’envoyer se faire voir quelqu’un de manière à ce qu’il ait envie d’entreprendre le voyage.


J’ignore si je dois considérer la normalité avec laquelle l’abus de pouvoir est perçu au sein du SHIELD comme preuve de l’incompétence de l’organisation mais cela me confirme dans l’idée qu’il est nécessaire de ne pas chercher la coopération mais d’acheminer l’arme dans une base du BPRD et de gérer cela seuls. Si le SHIELD avait cherché à prouver juridiquement que cette affaire était sous sa juridiction, peut-être s’en serait-il sorti et mon mandat m’aurait été retiré. Si le SHIELD avait cherché la coopération comme son analyste en chef, peut-être aurions-nous été au plus efficace. A la place, le SHIELD fait obstruction et il convient alors de le traiter comme le gêneur qu’il est. Rien de personnel Adrian, simplement que tu n’es pas le seul représentant de ton organisme et que les autres te desservent autant qu’ils le font pour moi.

La porte s’ouvre enfin et me laisse douter cette fois des algorithmes de sécurité du SHIELD ; même si je n’en sous-estime pas ta compétence, Adrian, il faut reconnaitre que les capacités de hacking ne sont pas ce qu’on s’attend à trouver chez un analyste. Dans tous les cas, je m’avance alors même que tu me parles et accorde indiscutablement plus d’attention à l’arme qu’à toi, au début tout du moins.

L’œuf, car il est aisé de l’appeler ainsi, est composé de billes de métal collées les une aux autres en une forme ovoïde granuleuse du fait. L’alliage les composant comme le magnétisme les liant ont déjà été analysés par le SHIELD et n’ont rien d’extraordinaires à la différence de l’énergie dimensionnelle que l’entièreté de la structure contient ; une énergie difficile à identifiée pour les instruments humains faute d’échantillons prélevés dans les dimensions d’origine mais parfaitement visible pour une sorcière comme moi. Ainsi, la où les yeux humains doivent se limiter à l’étrange forme métallique, je la vois irradier d’une énergie familière. Que ce soit Strange ou un autre qui ait effectuées les suppositions quand à la nature de cette arme, il a eut raison : c’est bien une arme-démon.

Je penche la tête sur le côté alors que tu évoques l’Hydra, Adrian, et entreprend donc de t’écouter réellement malgré que je continue de fixer et de tourner autour de la charmante trouvaille de ton organisation. Ce n’est pas tous les jours que l’on découvre un kinder surprise lié à une dimension infernale. Que l’HYDRA cherche à laisser les croisements de juridiction ralentir les organismes à leur poursuite est du bon sens, surtout considérant comment le SHIELD réagit à cela, et ne va pas aller en s’améliorant que ce soit avec les Last Sons, l’Alliance des Champions de l’Europe ou les Luchadores considérant les volontés indépendantistes des divers continents. Tant que cela n’éclabousse pas trop le Bureau du Paranormal, cela me va.

Plus que les percées dans l’occulte et la volonté de créer des armes en série. Je prends une grande inspiration alors que je finis mon tour de l’œuf et y avance de quelques pas pour tendre ma main, paume ouverte, vers lui. Je ne le touche jamais cependant, me contentant de chercher à faire réagir ce qui se trouve à l’intérieur ; et cela n’y manque pas. Ramenant mes mains à mes hanches et redressant la tête, je me permets un petit « hum » sonore alors que le thé revient sur le tapis.


Mon âme appartient à une démone majeure et je sais directement où j’irai le jour de ma mort tout comme ce qui se passera après hors, considérant mon code moral adopté au travers de la Justice League, je ne pense pas que l’au-delà sera fort agréable pour moi. Ma petite visite en bas m’a déjà assurée que cela serait des plus désagréables mais je ne préfère pas y penser pour l’heure. C’est, disons, hors de propos.

Une fois ma tasse en main, juste la tasse car je te laisse le soin, mon cher Adrian, de porter l’assiette, je me permets de poursuivre.


Je sème les informations au compte-goutte avec une certaine théâtralité, ici permise par le rapprochement de la boisson vers mon visage pour en sentir la chaleur et l’arôme sur ma peau.


On peut aussi considérer que le plus important est de savoir qui est arrivé le premier de l’œuf ou de la poule mais mon autodérision me permet d’admettre que c’est l’œuf puisqu’il motive mon arrivée. Ceci n’étant pas dit, je laisse mon thé refroidir un peu en m’interrogeant sur la possibilité de le lancer à l’encontre de l’arme pour voir si cela fera réagir son locataire.


Pas touche c’est magique, une fois encore. Les énergies qui irradient de l’œuf sont celles d’un rituel de convocation cependant l’invocation n’est pas terminée, il manque le sacrifice d’une âme nécessaire à ouvrir le portail afin d’attirer l’entité liée jusqu’à notre réalité ; un sacrifice qui se ferait certainement par aspiration broyage de toute personne entrant en contact avec les billes.


Plutôt que de créer une arme, créer une prison que le prisonnier transformera en arme jusqu’à sa libération alors même que celle-ci libérera quelque chose de plus dangereux encore. Les Golem de la Hiérarchie de Laguna suivent un principe similaire si ce n’est qu’ils sont centrés autour d’un cœur et qu’ils n’y a donc pas de seconde forme une fois une bonne partie de volley terminée.


D’où la facilité de création de l’œuf afin de compenser les limitations liées à la convocation et de permettre un renouvellement rapide. Economique et efficace, Rodin sera surement très satisfait.


Je bois une gorgée du thé avec le petit doigt levé en m’amusant à considérer combien j’aurai pu faire avancer certaines organisations si d’autres n’avaient pas cherché à faire de moi quelqu’un de « meilleur », s’assurant au passage que mon éternité en Inferno soit à la mesure de ma défaillance à mes plus anciens alliés. J’ai néanmoins tâché de faire des compromis et, dans ce cadre, l’âme d’un démon d’un autre Enfer est un sacrifice parfaitement valable. Reste à savoir comment faire passer cela auprès de ma hiérarchie qui, j’en suis certaine, n’appréciera pas l’idée de me voir tester la force d’une arme-démon par la confrontation directe. Voilà pourquoi je n’aime pas le professionnalisme : tellement rabat-joie.

Adrian, Hugh, si vous avez des questions n’attendez pas que je vous demande de les poser car je ne le ferais pas quand bien même je laisse un temps de silence pour que vous puissiez le faire. Je n’ai pas l’intention d’en finir avec vous aussi vite que j’en finirai avec cet endroit empli de gens désagréables mais cela aussi ne sera pas précisé.

Adrian, mon cher, il convient de te calmer dans ton fanboyïsme. Il n’est aucune pédagogie à énoncer des faits en allant au plus simple et il n’est guère impassible d’ainsi manifester de la joie à la découverte d’une machine de meurtre de masse. Néanmoins, ce sont ta question et ta comparaison qui me font lever les yeux au ciel. Et tu poursuis dans ton explication, cherchant des alternatives mécaniques puis cabalistique tout en couvrant ton ignorance des principes de la science.

Je tourne vers toi ma tête, la penchant en avant pour te regarder de biais, avant de prendre la parole avec amusement.


C’est à ton tour, Hugh, de questionner et ton raisonnement me fait me tourner complètement, redressant la tête pour te surplomber puisque j’en ai l’occasion.


La curiosité est un vilain défaut, comme un dit. Mais bon, j’espère bien être à seule à avoir imaginé ce scénario sans quoi le SHIELD pourrait très rapidement se retrouver avec de gros problèmes d’attentats très meurtriers ; et fort heureusement, ce serait de leur faute même si l’aspect surnaturel implique que le BPRD se voit confier les mandats d’enquête. De ce point de vue, tes supérieurs ont raison d’évoquer le terrorisme : ce sont eux qui se prendront la merde sur la gueule s’il y a lieu. D’un autre côté, le BPRD est bien plus capable de comprendre et de contrer cette menace, tout comme de vous aider à le faire. Que de pensées constructives alors que je me remets à boire une gorgée du thé en face de l’arme-démon.

J’attends, j’attends rassure-toi Adrian. Demandes-toi vite ou demande-moi si cela est plus rapide mais je ne suis pas particulièrement patiente avec les bavards et ton attitude ne laisse pas à penser que je puis ignorer de tes paroles comme la fois précédente. La boite de Pandore, encore une métaphore valable mais avec laquelle je ne me sens pas concernée puisque je suis plus dans l’optique d’une enfant devant un kinder surprise, une fois encore. Néanmoins l’idée du Cheval de Troie, ou bien d’un piège pour être plus générale, me fait sourire d’amusement ; si seulement c’était le cas, voici qui me simplifierait beaucoup de paperasse administrative afin de confronter l’arme-démon.

Je suis surprise d’entendre un pourcentage qui n’a pour moi guère de sens mais je comprends le raisonnement. Je suis surprise aussi d’entendre que l’Hydra ne verse pas dans l’occulte considérant les connaissances que j’en ai. Quand à avoir une alliance avec une entité spécialisée dans la démonologie, voir un démon lui-même, s’en serait presque souhaitable puisqu’impliquant des plans à moindre échelle pour garantir que les deux partis soient gagnants.

Je te rends ma tasse de thé, dont je n’ai pour l’heure prélevée que trois gorgées, afin de soutenir mon visage d’une main et le coude l’accompagnant de l’autre main, index et majeur apposés contre ma joue, alors que j’écoute ton histoire fascinante de complot. Et c’est avec un amusement attendrit que je me permets de te répondre.


Le BPRD placera l’arme-démon au sein d’un sanctuaire doté de runes hexagrammiques qui, contrairement à leurs homologues pentagrammiques, ont pour but de repousser les démons et celle-ci ne devrait donc pouvoir s’échapper de la pièce de confinement si tant est qu’elle est activée un jour. Cependant, ta théorie mérite d’être grandement considérée puisqu’il est plus d’une personne pour pouvoir activer, accidentellement ou non, cette arme-démon durant le transfert ou même au sein de l’une des bases ; le pire étant que cela pourrait être fait par malveillance déplacée, non à savoir celle d’un agent de l’Hydra mais possiblement d’un membre du SHIELD déterminé à prouver que le BPRD n’est pas apte à gérer cette affaire. Je ne l’aurai pas pensé possible avant de voir le sous-directeur refuser de plier à son devoir et dois bien avouer ne plus m’étonner de grand-chose de la part de cette organisation à présent.

Consternante constatation qui me fait décroiser les bras et me tourner pour faire face à la sortie comme le couloir au-delà, laissant un instant paraitre ma méfiance avant de reprendre mon attitude décontractée et de recommencer à parler avec légèreté.


Je ne m’attends pas à une réponse affirmative, c’est plutôt une provocation considérant ma certitude quand au fait que celui-ci nous surveille toujours grâce aux caméras de sa base et soit encore plus en colère que précédemment du fait que je lui vole son attraction.


Et inutile de préciser à qui je compte le demander ; quitte à être une catin, autant l’être jusqu’au bout. Et l’opposition que m’offrira le sous-directeur ne saura qu’alimenter plus la requête à son encontre, qui s’en ira atterrir à son supérieur à lui, tout en m’amusant pour le mieux. Pas que tu sois ennuyeux Adrian, loin de là et d’ailleurs je me permets de reprendre ma tasse de thé avec son assiette cette fois, mais il est plus difficile de jouer de mon apparence avec un homosexuel pour des raisons évidentes de gouts et de couleurs. N’ai crainte, je n’ai aucun problème avec cela et te laisserai peut-être même te prendre la tête avec ton supérieur comme tu l’as précédemment fait ; après tout, il a un compte à régler avec toi aussi et ne compte pas sur moi pour intervenir dans votre querelle comme tu l’as fait précédemment.

Toute cette festivité en perspective, je me rapproche néanmoins de la sortie de la salle afin d’attendre devant celle-ci ; quand bien même je n’en ai pas l’air, je garde une certaine prudence et préfère limiter les personnes proches de l’arme-démon à vous deux, Adrian et Hugh, car je vous vois mal accomplir le sacrifice de votre âme pour un massacre en close-combat. J’admets que c’est présomptueux de ma part mais ma perception des présences environnantes m’avertira de tout geste « dangereux » comme à l’habitude. Après, cela ne signifie nullement que j’interviendrais s’il en est un, ma curiosité restant la même concernant l’arme-démon. Mais bon, la curiosité est un vilain défaut.

Ton attitude me surprend à nouveau, Adrian, même si tes paroles ne me font retourner que partiellement le visage afin de te voir du coin des yeux. Je n’ai jamais douté que tu sois sans ressources et sans alliés mais pourquoi jouer double-jeu avec l’organisation qui t’emploi, toute étrange soit-elle, alors que tu pourrais y avoir une influence ? Tu as toi-même dites tes actions comme appuyées par la direction, use de cette autorité afin de surclasser le commandement de cette branche locale du SHIELD tout comme je le fais en agitant mon mandat comme il déprécie que je le fasse. Mais s’il déprécie c’est qu’il ne peut rien y faire ; dans le cas inverse, il ignorerait purement et simplement.

Avoir une équipe est une bonne base mais c’est dommage de ce priver du terrain de jeu qu’est le SHIELD, surtout lorsque les règles sont de notre côté. Je comprends à présent pourquoi ton assistant craint te voir faire emprisonner et c’est la un contretemps regrettable, crois-en mon expérience. Je ne doute pas continuer d’être surprise avec ta caste spéciale mais pour l’heure c’est ton désaccord qui me fait sourire. Nous y voilà enfin, même la personne volant le plus collaborer du SHIELD n’est pas capable de se plier entièrement à notre croisement de juridiction. Oh, je ne t’en tiens pas rigueur, si les positions étaient inversées… encore que non, je te laisserai te démerder pour aller profiter de mon temps libre ailleurs.

Je souffle d’amusement en me retournant pour te faire face Adrian, laissant arriver les présences physiques de la sécurité qui rendront inutile ton brouillage dans le temps que tu as anticipé, et entreprend de te répondre avec tout autant de nonchalance en marchant afin de te tourner autour.


De toute cette affaire, l’arme-démon est peut-être la seule chose avec laquelle je ne puis jouer et peut-être est-il temps de le faire comprendre. C’est avec mon petit sourire en coin que je rétrécie la courbe des cercles qui me rapprochent toujours plus de toi, Adrian, ignorant ton assistant comme s’il n’existait plus.


A cette conclusion, je te frôle afin de me diriger à nouveau vers la sortie en te tournant magnifiquement le dos bien moins dévêtu qu’à son habitude. Peut-être ne te perturberai-je pas par mon physique mais je doute que tu apprécies grandement mon attitude et mes propos, désormais que tu en es la cible. Pour ma part, j’attends ta réplique avec similaire vigueur que tu en as eu à l’encontre de ton supérieur qui entravait tout autant ton enquête que je le fais à présent.


Et, malheureusement, tous n’ont pas le bon sens de collaborer. Mais, malgré que je te titille à présent, rassure-toi quand au fait que je n’en ai pas fini avec toi, Adrian. Dans aucun des domaines que j’explore. Libre à toi de récupérer les copies de données que tu devras transmettre à mon organisation mais assure-toi que je ne mettrais en péril ni ton réseau ni ton accréditation dans cette histoire. Comme Hugh, je considère que tu es plus utile actif et, plus ou moins, en bonne condition physique.

A nouveau, je tourne mon visage vers toi pour te parler, concluant avec légèreté.


Le BPRD n’a rien à prouver et, considérant qu’il n’est pas connu publiquement, le SHIELD pourra s’attirer toute la réussite de l’affaire. Non, vraiment, à mes yeux le seul problème que peuvent rencontrer les supérieurs des deux analystes sont de faire preuve de compétence ; que dis-je, de bon sens. Est-ce suffisant à ce qu’ils refusent ? Je ne l’espère pas, pour eux. Dans tous les cas, je m’en vais agiter mon mandat, mes seins et mon popotin afin que les SHIELD fasse mes quatre volontés, comme cela a été si grossièrement reproché précédemment. Cela risque de ne pas être aussi poli qu’avec toi Adrian mais si ton supérieur a besoin d’apprendre à parler à une dame, qu’il demande à sa mère.

La sécurité me conduira directement jusqu’au désagréable sous-directeur et à son supérieur à lui, avec lesquels j’exposerai à nouveau les contraintes que je leur impose dans notre collaboration obligatoire sans rien chercher à améliorer dans les relations entre nos deux organisations considérant l’incivilité manifestée par le SHIELD. S’ils veulent me la faire fermer, ils devront remonter dans ma hiérarchie et je suis confiante en Strange pour prendre la bonne décision. Si je veux la leur faire fermer, je remonterai dans votre hiérarchie et j’espère que tu ne mentais pas, Adrian, lorsque tu énonçais que tes actions étaient approuvées par les plus hauts échelons du SHIELD.

Ne m’en veux pas si je compte sur ta curiosité et ton aspiration à travailler dans un environnement plus sérieux que celui dans lequel nous nous trouvons afin de te faire me suivre sur mon terrain, Adrian. Ton idée de juridiction neutre est bonne dans le cadre de notre collaboration cependant il n’est aucun lieu sécurisé capable de contenir l’arme-démon et n’appartenant ni au SHIELD ni au BPRD considérant que je n’ai pas l’intention de m’en remettre à la Young Force dans cette affaire, quand bien même certains de ses membres m’intéressent. Sois assurée que je ne l’oublie pas pour nos discussions à venir ; après tout tu m’as déjà invitée à prendre le thé et c’est une prémisse saine pour d’autres boissons plus variées.