Anti-terrorisme ésothérique

Je joue avec mes proies, c’est indiscutable, mais je dirais même que je joue avec ce qui m’entoure de façon plus générale ; qu’importe que cela soit ami, ennemi, animé ou inanimé. En revanche, s’il est indiscutable que je ne m’encombre pas de plus que le nécessaire, il faut voir à clairement définir la notion de se débarrasser des choses une fois qu’elles ne me servent plus. Peut-être suis-je distante même avec mes amies mais je ne me débarrasse nullement d’elles tandis que mes proies connaissent une neutralisation voir une exécution, fonction de leur type. Si l’on devait me classer dans le règne animal, je pense que mes boucles d’oreilles en forme de chat témoignent parfaitement de mon animal fétiche. Et si l’on devait me limiter à un insecte, je pense qu’il suffirait de regarder mon ombre pour avoir un nouveau témoignage.

Cette ombre s’étend pour l’heure dans le bureau de la direction de la base du SHIELD de Washington DC et porte sa coiffe en forme de papillon et ses ailes de machaon aux pieds du directeur et de son adjoint que je ne regarde nullement, volontairement positionnée devant la fenêtre afin de projeter le signe le plus flagrant de mon lien démoniaque sur mes désagréables interlocuteurs. Le chef d’installation est plus poli et contenu que son suivant et leur duo fonctionnerait pas mal dans leur complémentarité si je ne m’amusais à agacer autant qu’eux, transformant le sang chaud du second en faille plutôt qu’en ajout. Je cultive savamment l’envie de me voir foutre le camp car c’est exactement là le marché que je compte proposer avant d’avoir terminée cette tasse de thé à laquelle j’accorde plus d’attention qu’eux.


Il est possible de considérer que je manipule tout le monde dans l’histoire, je l’admets, mais mon QI est supérieur à mes mensurations ainsi donc je suis loin d’être conne, contrairement à ce que l’on m’attribut. D’accord, la fainéantise me conduit souvent à apprécier qu’un journaliste ou qu’un agent face toutes les recherches et les analyses théoriques pour moi mais cela ne dessert en rien mes propres capacités de réflexion.

Je pousse un soupir, baisse les épaules, lève légèrement la tête et complètement les yeux au ciel à la réponse du SHIELD à une question purement rhétorique en réalité. Me retournant vers mes interlocuteurs, j’entreprends de marcher vers eux un sourire méprisant aux lèvres mais n’ai pas le temps de reprendre la parole qu’une musique impromptue se fait entendre. Je m’interromps et écoute, reconnaissant rapidement ce qui sort des hauts parleurs du reste de la base. L’adjoint de direction s’en va faire usage de son impressionnante absence de self contrôle sur les officiers de sécurité pour qu’ils mettent un terme à ce bordel mais son retour au bureau est suivi d’une personne qui n’a, décidément, pas plus de sérieux que ses collègues.

Adrian, cher Adrian, ton entrée théâtrale est sans conteste surprenante mais hors de propos. Je te regarde faire ta déclaration, fier comme un paon, et voir que la confiance de tes supérieurs en ta personne n’est en effet pas erronée. Responsable plénipotentiaire, voici qui gâchera énormément de plaisir à faire tourner en bourrique les institutions mais simplifiera grandement les choses de ton côté.  A défaut de savoir recruter des gens sérieux, le SHIELD sait mettre à bon escient des passe-droits et des entorses à sa propre structure ; en réalité, le SHIELD est une cour d’école. Félicitation Adrian, à partir de maintenant tu es l’élève surdoué chouchou des professeurs. Pauvre de toi. Et tu termines par un ordre militaire, voici qui est des plus amusants et m’arrête quand au choix de ton surnom.

Reprenant donc mon avance jusqu’à toi, je t’offre un sourire amusé puis te rends cette tasse qu’il me sera donc inutile de te rapporter au laboratoire, puisque tu es ici, et qui me libère donc les mains afin de passer mon coup de téléphone. Mais rassures-toi, je ne suis pas une ingrate et me permet d’ajouter avant de sortir de mon pas félin :


Le coup de téléphone est vite passé et un camion de transport escorté de voitures banalisées arrive dans la vingtaine de minute, laissant tout loisir à préparer une caisse de verre blindée pour déplacer l’arme-démon en s’assurant qu’aucune personne ne s’en approche à plus d’une autre vingtaine de centimètres sans que l’on manque la moindre réaction potentielle. Je prends le relais d’Hugh à la surveillance et accueille mes collègues du BPRD avec la nonchalance qu’il se doit ; sans être traitée de la manière avec laquelle certaine membres du SHIELD m’ont considérée, je ne suis pas populaire au sein de ma propre organisation. Difficilement contrôlable et dont la présence signifie les prémices d’un bordel plus ou moins important mais incontestablement violent. Si je me doute de la nature de la réaction du chef de base du SHIELD à l’énoncée de mon arrivée, je pense que celle de son homologue du BPRD était basée sur le même sentiment ; d’autant que je n’ai même pas fait de crochet par son bâtiment avant de venir.

La venue d’agents du SHIELD n’enchante guère plus, après tout ils ne sont pas plus sérieux que moi et ont encore moins à faire dans un poste du BPRD, mais ils auront tout de même le droit d’avoir le transport inclus. Le couvert sera aussi offert mais il ne faut pas compter sur le gîte en revanche : si on ne leur interdira pas la cafétéria, il n’est pas dans l’intention du BPRD de leur offrir une chambre. M’en fournir une est déjà un effort alors si je souhaite pousser la collaboration jusqu’à ce point, libre à moi ; une liberté que je ne prendrais pas, envahir mon intimité n’étant pas une partie de ma collaboration. Ça n’a rien de personnel Adrian et c’st justement pour cela que je ne veux pas.

Assise sur le siège passager et pieds sur le tableau de bord d’une voiture décapotable du BPRD, je laisse les deux annalistes prendre place à l’arrière tandis que j’allonge mon siège pour prendre mon aise à côté d’un agent en civil qui n’apprécie pas vraiment ; de quoi ce plaint-il, ce n’est pas lui qui voit son espace vital réduit pour mon confort ? Terminant de m’installer comme sur un transat en posant les mains derrière ma tête, je soupire d’aise alors que la voiture démarre. Il est incontestable que la jupe n’est pas l’habit le plus adéquate pour une telle position mais j’ai la fainéantise de me la jouer Marilyn Monroe, à dire vrai.


Je n’ai pas l’intention de perdre le temps du trajet et il est improbable qu’une oreille indiscrète concernée nous entende parler alors que l’on roule, l’agent servant de conducteur n’étant nullement considéré comme indiscret puisqu’il a dû recevoir un briefing pour cette mission.


Ce n’est pas parce que je n’ai pas l’intention de perdre du temps que j’ai l’intention de paraitre trop professionnelle ou impliquée dans cette affaire ; j’ai une réputation et elle n’est pas déméritée. Néanmoins, il est vrai que tu m’as mise la musique dans la tête et il est frustrant de ne pouvoir que la fredonner, non la chanter.

Je ne suis pas certaine qu’il s’agisse d’intolérance dans le cas des agents du BPRD, ils jugent surement que le SHIELD n’a rien à faire dans leurs installations et ont cette même impossibilité que celui-ci de se mettre en travers du partage d’informations. Et, contrairement au sous-directeur de la base de Washington DC, aucun d’entre eux ne se montrera insultant. Ils limiteront les contacts au strict nécessaire mais ce sont des professionnels et ils ne se mettront pas en travers de l’enquête. Adrian, tu peux déplorer l’absence de bonjour et le mépris envers la volatilité de l’organisation que tu représentes mais au moins te demanderont-ils ce que tu veux si tu leur parles, non dans le but de t’envoyer chier mais dans l’optique de voir s’ils peuvent t’aider. Tout méfiants que les agents du BPRD puissent être, ils sont professionnels et respectent les règles ; une nécessité quand on travail avec ce qui dépasse l’entendement de la plupart.

L’absence de base importante dans la capitale n’exclue pas la présence d’une base et, considérant les facilités matérielles afin de créer la partie physique de l’arme-démon, une pièce isolée comme une cave ou un grenier doivent être suffisant à pratiquer le rituel d’invocation. Néanmoins, comment déplacer l’œuf sans le toucher ? Sans doute d’une manière analogue à la notre, qui implique donc une installation plus importante ; comme celle que tu suppose dans le Maryland. J’ôte une de mes mains de l’arrière de ma tête afin de remettre en place mes lunettes alors que tu parles de la Virginie et des considérations de ta hiérarchie qui ne t’a pas soutenue sur cette piste, chose étrange considérant ton rang d’analyste en chef. Le SHIELD ne croirait-il pas lui-même à ses capacités à bien faire son travail ?


Néanmoins, si tu es sûr que l’arme-démon a été acheminée depuis le Maryland grâce à des preuves dont je n’ai pas connaissance, et qui ne m’intéressent pas, alors je te fais confiance. L’identification d’un véhicule par la vidéosurveillance et le recoupement avec des indices présents dans le lieu de capture de l’œuf, à Washington, sont du travail d’enquêteur normal et non occultiste, donc ta partie et celle de ton assistant. Quand à privilégier les analyses de composantes de l’arme-démon plutôt que les preuves concernant la base, c’est un choix dont tu n’as pas à t’excuser puisqu’elles m’ont été utiles.

La belle Samantha, comme dans Ma Sorcière bien-aimée, est un charmant lapsus qui aurait été bien plus discret si tu n’avais cherché à le rattraper par son style de combat, Adrian. Parrington est une combattante d’élite, maitresse de plus d’un style de combat et disposant d’un environnement conçu tant pour s’isoler des Vengeurs que pour se développer encore plus. Son aspect remarquable semble tomber sous le sens de sa présence au sein d’un groupe de sécurité et vos collaborations ont visiblement réussie à ce que ton professionnalisme vacillant chavire de bord, sans quoi tu ne détournerais pas la conversation. Mignon et amusant, je garde ce sujet à l’esprit pour plus tard.

Tes questions me concernant m’amusent tout autant et je regarde notre cher conducteur qui, tout silencieux qu’il soit, n’en reste pas moins l’un des collègues que tu cite. Collègue qui n’apprécie guère que, alors même que je te réponds, je dérègle son rétroviseur intérieur du bout de mon pied ; une chose à laquelle il réagit immédiatement afin de le remettre en place et de me demander de bien me tenir s’il me plait. Hors il ne me plait pas.


Et encore, elles dépendront des personnes. Un officier sera surement en charge de la bonne réception de l’arme-démon et nous offrira ses salutations et son aide comme il se doit mais les autres resteront comme anticipé précédemment. Autre chose non anticipée mais que je souhaite assez fort pourtant, c’est une attaque ou l’activation de l’arme durant le trajet ; si l’Hydra a véritablement anticipés nos mouvements, cela me semble logique que de frapper à ce moment où nous sommes le plus vulnérable et où leur attentat serait le plus réussi. Si elle attend l’intérieur de la base du BPRD, elle doit être bien consciente que personne ne saura jamais ce qui s’y est passé au-dehors de ladite installation. Mais, malheureusement, le trajet se déroule tranquillement au son de la discussion et des silences perturbés par les bruits du vent et de mon fredonnement.

La base du BPRD est située un peu à l’écart et prend l’apparence d’une résidence assez importante, nécessitant un système de sécurité et l’apport quotidien de nombreux véhicules afin de parfaitement dissimuler toutes les affaires qui s’y passent. Je regarde le portail de fer forgé s’approcher alors que tu reprends la parole à mon intention, Adrian.


Et quand bien même elle en avait, ai-je l’air d’une cantatrice ? Franchement… Mes appréciations de la musique et de la danse sont importantes dans ma vie et je sais être excellente dans l’une comme dans l’autre mais il te faudra te contenter de chansons d’amour ou toute autre qui me passerait par l’esprit à ce moment-là.

Nous arrivons au portail où les gardiens nous laissent entrer avec des signes de tête silencieux et avançons dans la propriété jusqu’au garage tandis que le camion de transport s’en va sur l’air de déchargement sensément liée aux cuisines. Descendant de la voiture, je laisse le soin aux invités que vous êtes, Hugh et toi, pour se démerder avec mon siège empiétant toujours votre espace personnel. Comme prévu, un officier en costume nous attend et nous salut oralement avant de nous donner les informations nécessaires à nous retrouver au sein du complexe. Il en profite pour préciser également que je suis responsable de vos actions, Agents du SHIELD, au sein du complexe suscité ; en d’autres termes, nous risquons de nous côtoyer encore un moment et, si vous avez des demandes, c’est à moi d’y répondre. Une belle attention que tu avais eue, Adrian, et que je n’aurai jamais faite réciproque si elle ne m’avait été imposée ; un fait qui ne m'empêche pas de répliquer à l'officier avec ma nonchalance habituelle.


L’AIM peut utiliser des entreprises de biotechnologie, l’un des premiers secteurs du Maryland même si je l’ignore, afin de couvrir leur recherche pour l’Hydra qui, elle, a tout à faire dans des zones restreintes. Sans compter que les problèmes sociaux de Baltimore peuvent être utiles aux organisations pour trouver cobayes et planques. Je n’ai pas l’intention d’utiliser moi-même ses informations, non, j’anticipe simplement sur tes besoins Adrian. Non que je n’ai pas envie d’avoir à me déplacer par la suite mais, si tu es à ton aise avec l’aspect d’éducation aux limites de la servitude, ne compte pas sur moi pour jouer les soubrettes.

Guidés par l’officier, nous en arrivons au bâtiment principal faisant office de demeure où nous croisons de nouveaux agents en faction, agents qui vous demandent poliment de remettre vos armes à la sécurité en signe de bonne volonté. Nous n’avons pas les immenses portiques de détection, du fait de l’apparence de normalité de cette demeure, et nous épargnerons une fouille au corps si vous coopérer, Hugh et Adrian, mais c’est tout de même cette première étape nécessaire à aller plus loin. L’ascenseur qui nous conduira aux soubassements et à la base souterraine s’y trouvant est un peu plus loin mais, si vous voulez vos badges de visiteurs, il faut accepter d’en être.

Adrian, tu as les remerciements des agents du BPRD pour ta coopération et ils prennent note de vos identités pour vous les restituer en l’état lorsque vous sortirez. Tu n’es pas désiré, c’est incontestable, et tu n’es certainement pas un pair mais tu n’es pas de la vermine non plus ; tu es un agent d’une autre organisation avec laquelle ils sont obligés de coopérer malgré sa réputation de manque de professionnalisme et d’égo. Ce en quoi, pour avoir visitée l’une des bases du SHIELD dans la journée, est parfaitement véridique. Pardonnes les miens d’éprouver une réserve face à ce dont tu es l’ambassadeur, du fait, mais comprends-les également. Ils ne se laisseront pas amadouer du tout, facilement ou difficilement, préparés qu’ils sont à devoir repousser des avances bien plus séduisantes que les tiennes.

Une fois dans l’ascenseur, nous avons le répit de ces présences le temps de descendre quelques étages et c’est là que tu poses une question qui me fait lever les sourcils d’abord pour considérer ce que tu évoques avant de sourire avec mépris. Des oreilles indiscrètes, les agents du BPRD ? S’ils ont prise la peine de se renseigner suffisamment, ils connaissent la nature de cette ombre et celle de mes pouvoirs ainsi que comment les contrer et me tuer au besoin ; très peu ont le talent pour le faire mais je sais que Vixen n’aurait pas grand mal à y parvenir seule et que Strange ou Zatanna doivent pouvoir le faire aussi s’ils sont correctement préparés ou en binôme avec Jubilation.


Tant d’ironie dans ma voix alors même qu’il faut un certain courage pour demander de genre de choses, considérant les mauvaises expériences ayant conduit un certain nombre de surhumains à posséder leurs pouvoirs. Rassures-toi mon cher Adrian, je ne suis pas de ce genre-là : mes pouvoirs ne m’ont coûtées qu’à peine plus d’une Chasse aux Sorcières ayant vu toutes les personnes que j’ai connues et aimées mourir sous les lames de la Ligue des Assassins et un demi-millénaire d’emprisonnement, rien dont il ne faille véritablement tenir compte. Mon visage s’assombrit un instant à ces pensées mais je me reprends très vite afin de prendre un air perplexe.

Tournant me visage vers mon ombre, je lui parle comme on parle à une amie.


Et te voilà prêt à échanger des informations ; voici qui me plait. Négociations, marchés, deals, ça me parle. Ce n’est pas réellement une joie, plus une manière de fonctionner. Quand à poser une question d’une valeur équivalente, voici qui me fait de nouveau sourire en coin de façon assez marquée alors que je fais un pas en arrière pour te fixer, Adrian, une main s’en venant sur ma hanche. Tu n’iras pas jusqu’à dire que c’est un jeu ? C’est fort dommage, cela serait plutôt amusant. Mais tu as raison, jouer avec moi c’est prendre le risque de perdre et tu ignores encore ce que tu peux perdre, faire preuve de prudence est une sage décision.


Encore que j’ai un sujet en réserve qui pourrait valoir le coup ; le jeu en vaut peut-être la chandelle même si je n’ai pas l’intention de la tenir le cas échéant. Pauvre Adrian, tu ignores dans quoi tu viens de te lancer.


Ceci est un véritable doute ; je garde l’idée d’une merde comme je n’en ai jamais connue, même si j’en ai connues de belles entre la Chasse aux Sorcières, l’invasion par Thanagar, la destruction de Vigrid et l’aller-retour en Inferno afin d’en ramener une amie, mais je ne me souviens plus exactement de ses mots.

L’ascenseur arrive et ses portes coulissantes s’ouvrent, me laissant l’occasion de balayer mon doute d’un geste de la main avant d’avancer tout en concluant.


Toujours une main sur la hanche, je parade au sein du couloir du BPRD, dont le cigle est marqué comme un tapis d’entrée. Tout est de bêton à l’instar d’un bunker sous-terrain somme toute classique mais quelques décorations liées à l’histoire de la base marquent les murs. Il est un certain nombre de bureau et de salle de réunion aux parois de verre et toute une panoplie d’agents pour y être quand bien même ils doivent être deux à trois fois moins nombreux que ceux du SHIELD. La plupart exerce des activités de surveillance à travers des médias numériques ou papiers, d’autres sont en charge du confinement d’objets magiques exotiques ou banals dans des cellules remplies de glyphes et la pièce la plus grande est une bibliothèque contenant un certain nombre d’ouvrages anciens. S’y trouve le commandant de l’installation, un homme absolument quelconque pour des yeux normaux mais dont l’aura magique me force à réajuster mes lunettes par pur tic.

Refermant son livre de Goétie et le plaquant contre la veste de son costume, il se tient droit face à nous malgré les vingt centimètres qui lui manque pour pouvoir me regarder dans les yeux ; une différence qu’il ne met pas à profit alors qu’il passe à vous, Hugh et Adrian, avant de vous saluer sobrement d’un signe de tête.


La réputation du SHIELD vous précèdent, Adrian et Hugh, mais je suis aussi incluse dans le lot puisque je ne suis guère plus professionnelle et qu’il n’a surement pas l’intention d’avoir un bordel comme à la Nouvelle Orléans ou en Egypte.


Cela pourrait durer longtemps et je me fais donc congédier d’un geste de la main avant de m’en retourner avec la même superficialité que je suis venue. La salle de travaille est une pièce d’une vingtaine de mètres carrés avec un bureau pour six personnes, un ordinateur performant avec un rétroprojecteur et une imrpimante, tes tableaux avec magnetes afin de lier les indices ainsi qu’un distributeur d’eau. Mon tour d’horizon de se sommaire mais fonctionnel lieu se termine par un soupir et je m’en remets donc à mes chers amis du SHIELD pour m’offrir intérêt plus important.


Oh, j’ai mon idée derrière la tête, ne t’inquiète pas ; ou plutôt inquiète-toi car je ne fais rien pour le cacher. Mais ça serait prématuré que d’abattre cette dernière carte dès maintenant, la partie doit durer un peu plus.

M’asseyant sur la table, je pose les mains sur mes cuisses et suis toute ouïe.

Je ne veux pas de la compassion des gens, encore moins de leur pitié ou de leur désolation, et jouer de leur absence d’indifférence me suffit puisque me permettant de les faire regarder là où je veux qu’ils regardent. Qu’ils me méprisent, me haïssent ou me craignent est tellement plus simple, pour eux comme pour moi, et si cela n’est pas ton cas, Adrian, sache tout de même que mon plus grand intérêt envers toi n’est pas de la curiosité mais du divertissement. Tu ne me semble pas posséder les qualités nécessaires à aller au-delà de cela et je ne ferais rien pour simplifier le côtoiement de la salope que je suis.

Je me moque, bien sur que je me moque, qu’aurais-je à dire si je ne le faisais pas ? Tu es un enquêteur, tu devrais te méfier de ce qui est trop évident. Et, rassures-toi, je n’attends pas de réaction plus prononcée qu’à mes charmes auxquels tu t’avères déjà suffisamment insensible pour qu’il me faille chercher d’autres moyens de me montrer superficielle et agaçante ; heureusement que je ne suis pas sans ressources. Chacun réagit comme il peut face au monde, le seul problème des gens blasés c’est qu’ils deviennent vite ennuyeux.

Néanmoins, l’information que tu me donnes pour me laisser seule juge de si elle équivaut à la mienne fait un intérêt qu’il est à mon tour de manifester d’une levée des sourcils. Tu crois apprendre à une agente du BPRD manipulant la magie la différence entre un univers et une dimension ? Voici qui insulte au plus fort mes compétences et me fait croiser les bras de contrariété, chose que je manifeste également d’un grondement de gorge. Cela s’en suit par un soufflement accompagnée d’une levée des yeux au ciel quand je me rends compte à quel point tu n’a rien compris à ce que je viens de te dire ; vendre mon âme pour la vie éternelle ? Comment le démon contracté aurait-il l’occasion de venir la récupérer à ma mort en ce cas ? Adrian, mon pauvre Adrian… et dire que tu t’en viens m’achever en me considérant ressortissante britannique.

Si tu n’avais pas révélée une chose m’ayant échappée et faisant de toi un sujet d’affaire du BPRD, à défaut de l’être d’un hôpital psychiatrique, toute ta tirade aurait plus baissée mon estime de toi qu’autre chose. Mais, vois-tu, je suis capable de percevoir les énergies dimensionnelles et je n’ai nullement vu de Néxus au sein de ton crâne. De plus, le lien avec un alter-égo provenant d’une dimension alternative est bien plus rare et plus problématique que celui avec un univers alternatif ; que tu existes dans différent univers est logique, que tu existes dans différentes dimensions au sein d’un même univers brise le fait que tu sois unique et mérite enquête plus approfondie.


Lorsque je considérais que les agents du BPRD sont préparés à devoir repousser des avances bien plus séduisantes que les tiennes, je ne remettais pas en question ton charme mais leur exposition potentielle à des sources de conscience extra-dimensionnelles ; des démons, des divinités, des murmurent de nature plus ou moins obscure pouvant leur promettre monts et merveilles en échange d’un petit service qui, assurément, mettrait beaucoup de personnes en danger. Le SHIELD croirait peut-être pouvoir régler l’affaire en t’enfermant chez les fous mais le BPRD prendrait la menace bien plus au sérieux car rien n’indique que tu sois lié à un autre toi-même prisonnier d’une autre dimension et pas à une créature voulant te faire croire cela afin d’accomplir un dessein lui étant bien plus propre. Je dénigre peut-être la protection des gens lorsque me pose la question mais croit bien que la Justice League l’a imprimé à même mon cœur, cette nécessité.

Je me lève de la table, ramenant les bras le long de mon corps et prenant un air bien plus sérieux. Tu as peut-être l’intention de travailler comme si de rien était mais ce n’est plus la mienne même si je me repars rapidement de ma nonchalance afin de poursuivre mon discourt.


Oui, c’est là l’exemple le plus simple qui me vienne à l’esprit et je suppose que la véritable situation est bien plus complexe. Mais cela ne change rien à mon objectif d’assurer la sécurité de cette base contre une menace potentielle dont l’on dispose d’encore moins d’informations que sur l’arme-démon.


J’ai beau continuer de jouer, cela a pris une intensité plus importante que précédemment. Je vais t’examiner comme j’ai examinée l’arme-démon, Adrian, afin de prévenir un éventuel piège similaire à cet œuf dont nous avons déjà tant parlé. Ta dangerosité reste à évaluer, tout comme la sienne, même si je n’ai pas l’intention de te loger une balle de 20mm afin d’obstruer la serrure.

Tes protestations sont hors de propos, jeune homme. Si tu crois que la raison de ta venue m’importe plus que la sécurité des miens, tu te trompes ; l’enquête peut attendre, d’autant plus qu’elle ne le fera pas si ton assistant Hugh est plus qu’une majorette chargée de t’encourager quand tu fais des analyses, mais la vérification de si tu es une bombe à retardement ou non me semble bien plus pressente. Il ne s’agit pas de curiosité mais de prudence, avec une pointe de protectionnisme, et je ne suis même pas certaine d’être habilitée à décréter que c’est « trois fois rien » alors même que j’en connais long sur les dimensions qui nous entourent, tant par mon appartenance au BPRD que mon rôle de veilleuse. Je t’écoute en refermant doucement les poings, Adrian, alors que tu admets toi-même ta limitation et ta méconnaissance dans le sujet me préoccupant tout en voulant que je me contente de tes analyses pour me fier à ce que tu as dans la tête. Nous ne sommes pas au SHIELD ici, le fait d’avoir fait le travail indifféremment de la qualité de celui-ci n’importe pas. Et, même si je compte sur toi pour ne le répéter à personne, je n’ai pas l’intention de laisser un danger potentiel se balader en étant persuadé de posséder « un pouvoir de rien du tout en plus ».

Déconsidère-toi si tu le souhaite mais, si cela peut te rassurer, il est fort probable que la dimension et ce qui s’y trouve ne soient pas limités à ta petite personne et soient donc parfaitement pertinent à défaut que tu le sois. L’arme-démon n’est pas active, le démon auquel elle est liée n’est qu’un sujet d’approfondissement afin d’avoir une idée de la puissance qu’elle aurait si elle était activée, et tu es dans un cas similaire à elle : quelle puissance se trouve de l’autre côté de la porte se trouvant dans ta tête ?

La précognition comme résultante d’un lien avec un alter-égo dimensionnel, on n’est pas si éloignés de mon exemple avec une rétro-continuité temporelle et un transfert de souvenirs passés pour l’alter-égo mais futur pour toi. Où on peut également concevoir des entités extratemporelles ou voyageuses qui seraient toutes aussi dangereuses que des démons fonctions de leurs desseins. Ta manière de détourner la conversation et pathétique et, additionnée à la coopération de ton second, me fait souffler d’agacement. Personne ne peut nous voir ou nous entendre parce que tu tends à la paranoïa, n’est-ce pas Adrian ? Personne ne serait donc au courant que tu n’as pas glissé pour te fracasser le visage sur la table d’ordinateur si j’avais la maladresse de t’y aider pour signifier que je ne plaisante pas.

Pas à pas, j’avance vers toi aux sons secs des claquements de mes talons et ta politique de l’autruche n’y change rien. Je ne dis rien et je ne suis vraiment pas certaine que ce soit une bonne chose. Sans doute as-tu cette impression aussi puisque tu te décides rapidement à cracher une partie du morceau. Tu me comptes la formation d’une organisation qui m’est inconnue et sonne comme un mini-SHIELD dans mon esprit, sans que j’ai la moindre idée ou considération pour la signification de l’acronyme d’ailleurs, avec pour décor l’Alaska et élément perturbateur un massacre dans deux partis ; jusque là, une groupe quelconque s’en prenant à un surhumain quelconque dans le bled quelconque où celui-ci ce trouvait, c’est presque de la routine à mon sens. Finir par retrouver le surhumain n’a rien d’étonnant non plus, dépendant du niveau de compétences de la TARGE ou du SHIELD, et que le sang sur celui-ci soit celui de ses victimes tout en datant du jour du massacre semble d’une logique implacable. Cela s’appelle des preuves, je ne vois pas en quoi c’est curieux. Que vous n’ayez rien trouvé après mise soit sur votre incompétence soit sur le fait qu’il n’y avait rien à trouver. Que vous n’ayez rien trouvé avant conduit donc à similaires possibilités. Nous privilégierons les secondes par respect pour toi mais que le coupable se soit échoué là n’est en rien inconcevable ; sans passer par des technologies terriennes ou extraterrestres voir une forme quelconque de magie, la téléportation n’est pas une chose rare quelqu’en soit l’origine.

Faire des tests sur un soit au féminin, cela me fait sourire d’amusement. Difficile d’assumer qu’elle vienne d’une autre dimension quand on sait combien les technologies terrestres peines avec la captation d’énergies dimensionnelles même si le SHIELD en est capable, preuve en est l’arme-démon, même si vous êtes incapables d’identifier les dimensions d’origines. Néanmoins, vérifier les univers alternatif avec la fréquence de vibration des molécules n’est pas difficile et vous avez donc sans doute fonctionné par élimination. La disparition me laisserait toute aussi perplexe que la manière d’analyser mais cela manque cruellement de détail et je me contrefous de savoir si tu as raison ou tord. D’autant que rien de cela n’explique la capacité de prescience.

Je te répondrais bien avec ma manière bien à moi que je conçois parfaitement qu’une femme te dévisageant et s’attardant sur ton âme puisse te mettre mal à l’aise mais que ton histoire, toute charmante qu’elle soit, n’est qu’une fable qui pourrait être totalement dissociée de ta prémonition. Néanmoins, la fable suscitée comme l’oppression physique que je t’inflige par m’être rapprochée de toi comme une prédatrice ont permis d’éveiller ce que je voulais voir. Je te laisse donc replonger dans ton travail d’autruche, comprenant que tu n’as pas la volonté à regarder la réalité en face ; si cela peut te rassurer, nous ne percevons pas tous la même réalité.

Et ma perception étant sur ton visage les traces d’une dimension du spectre astral, possiblement des limbes. Les suppositions se forment dans mon esprit et je ne perds de temps avant de les énoncer, pressant la touche F5 du clavier sur lequel tu travailles, Adrian, afin d’attirer ton attention.


M’asseyant à côté de ton clavier, je croise les bras sous ma poitrine et continue de te surplomber avec ce regard toujours aussi intense qui perce littéralement ton âme.


On dit aux fous de ne pas écouter les voix dans leur tête car elles ne sont pas réelles. Partant du principe que tu n’es pas fou, Adrian, je veux savoir non seulement ce que te montre ce murmure mais également ce que tu ressens à son contact. Si tu veux pouvoir travailler en paix, tu ferais bien de me répondre. Dans la position à laquelle je suis, la touche F5 ne sera pas ma prochaine cible mais plutôt le câble de liaison entre l’ordinateur et son écran.