Anti-terrorisme ésothérique

Nous ne sommes pas dans une salle prévue pour te maintenir en quarantaine, Adrian, car les équipements d’analyses et de scanners tournent leurs regards au-dehors de cette base ; sinon, pourquoi viendrais-je y trouver la réponse à un Néxus Dimensionnel situé à prêt de soixante kilomètres d’ici ? Tu ne m’écoutes pas car ça t’es plus facile d’ignorer que de considérer, un comble pour un analyste qui témoigne de ton niveau dans le domaine, mais le courage ne se fait toujours pas rapidement chez toi. Il viendra plus tard, sans doute, mais j’ai l’impression d’être la seule à gérer le temps actuellement.

Confirmer les informations, préparer l’intervention conjointe et conduire à l’analyse de ton Néxus, je fais tout cela par alternance de mes interlocuteurs là où tu restes focalisé sur le point qui t’intéresse et essaie d’y forcer le passage. Je m’adresse à ton assistant tout en lui donnant le temps de trouver les réponses concernant les hommes et le temps nécessaire au SHIELD pour se préparer, temps que j’emploie moi-même à confirmer la nécessité de ma présence et à arranger celle-ci auprès de l’officier du BPRD. Et quand j’en aurai fini avec lui, il aurait tout loisir de retourner commander la préparation des rituels d’analyse pendant que j’en reviendrais à ton assistant qui m’expliquera le temps dont nous disposons avant l’intervention ; et donc donnera le fin mot quand à ton analyse avant ou après celle-ci, fonction dudit délai. De plus, je prends même des risques pour toi en te donnant les clés pour manipuler ta hiérarchie afin d’obtenir ce que tu veux quand bien même ce n’est pas raisonnable et tu restes là à me regarder comme un daim hypnotisé par les phares d’une voiture. Sans faire le moindre commentaire sur ma carrosserie, je te signalerai que ce genre de rencontre fini mal pour l’animal.

Tu aurais put partir et faire ton boulot mais tu restes là à attendre et à compliquer le mien, Adrian. Mais tu ne saurais m’empêcher de le faire complètement, surtout lorsqu’il tient à un hochement de la tête de mon collègue. Il s’apprête à ajouter une chose mais je l’interromps d’un geste de la main, n’ayant pas besoin qu’on me rappelle que la présence d’un Néxus ne signifie pas qu’il soit celui que je cherche. Qu’on me laisse faire mon manque de professionnalisme en paix ; nombre de sources de magie sont suffisamment mal exploitées pour ne pas nécessiter l’intervention du BPRD mais le développement de certaines mafias dans le domaine est à l’égal de celui de l’Hydra : quelque soit la magie, elle mérite notre attention. Et mon attention se finit souvent de manière esthétique et violente, c’est mon job.


Et en parlant de toi, Adrian, tu t’en reste là avec un « contretemps pareil » qui t’arrange bien. Tes patrons sont incompétents s’ils peuvent de mettre « ambassadeurs » du SHIELD et te retirer ton affaire dans la même heure, je comprends pourquoi la Justice League n’a jamais voulu leur confier quoi que ce soit. Nicholas Fury et Maria Hill doivent être à ton instar et cela me fait enterrer toute considération de tout membre de l’organisation. Je ne te vois pas navré Adrian, je te vois à ta place dans toute cette cour de récréation alimentée par ceux qui ne sauraient à trouver emploi dans des organisations plus sérieuses. Inspirez-vous des Vengeurs et faites une sitcom sur les relations interpersonnelles du SHIELD, vous devriez obtenir autant de succès que leur Académie.


Voici comment l’entièreté de l’Initiative doit réussir à faire peu ou prou son travail, en définitive : certains éléments extérieurs ou intérieurs le font suffisamment bien pour que, malgré l’incompétence du tout, les chiffres donnés au gouvernement et aux médias soient probants. Manipuler les chiffres en sa faveur est une chose que le SHIELD a prouvé savoir faire par deux fois, que ce soit toi Adrian ou encore les inciviles chefs de structure que nous avons rencontrés plus tôt. Mais je tâche de voir le positif : pendant que les bureaucrates vont se prendre la tête, les agents vont agir et j’ai la chance d’appartenir à la seconde catégorie. Je laisse le soin aux administratifs du BPRD de se prendre la tête avec le jardin d’enfant de la sécurité qu’est le SHIELD pendant que j’interviens comme il me chante. On ne pourra pas me reprocher de ne pas avoir coopéré puisque c’est de l’autre côté que cette incompétence c’est faite.

T’attrapant la cravate afin de te forcer à me suivre, je ressors de la pièce sans plus m’en retourner vers ton inutile assistant Hugh. Pauvre homme, les rares fois où il sort de ton ombre il se retrouve mis à mal par les personnes qui sont au-dessus de toi. Même pour un Sidekick, c’est dur à vivre. Mais j’ai plus important à faire que de raisonner son sort et m’en vais donc trouver quelqu’un capable de s’occuper du tien. Nous en retournons donc à la grande bibliothèque, traditionnel territoire du membre le plus important des lieux. Le livre de Goétie se trouve toujours entreposé sur l’une des tables d’étude mais il n’est personne pour l’accompagner et cela me fait pousser un soupire. Délaissant ta laisse d’un geste négligeant de la main, je commence à parcourir les rayonnages en lisant les intitulés et consumant rapidement ma sucrerie. Mes yeux finissent par trouver ce que je suis venu chercher et je m’empare du livre sur les rituels d’identification magique, surveillant également l’approche du commandant de l’installation afin de perdre le moins de temps possible avec mes explications.


Evidemment « ce Néxus-ci » te désigne Adrian. Et évidemment aussi, je ne te demande pas réellement ton avis considérant combien il change souvent. Néanmoins, t’offrir une vision d’ensemble de l’enchainement des actions au travers du temps doit m’excuser de tout cela puisque tu es désormais en capacité de concevoir ce que je fais depuis un moment déjà. Avoir la vision d’ensemble, avoir du recul, c’est déjà un manque que j’ai souligné chez toi. Je ne suis pas professionnelle mais je suis une professionnelle ; ne le dit à personne cependant, c’est un secret.


Touché ; je me fends d’un sourire amusé. Tous les magiciens ne sont pas capables de toutes les choses car toutes les magies ne sont pas capables de toutes les choses et celle des Umbra ne me permet pas de disposer de la capacité d’analyser les dimensions, quand bien même je peux les observer voir communiquer avec certaines. Canaliser les pouvoirs de Lemegeton pour un sortilège qui ne lui est pas naturel est faisable mais bien moins sécurisé, quand bien même on se trouve dans un caisson de confinement.

Retirant ma sucette comme à chaque fois que je m’apprête à parler, je contemple un instant le peu de bonbon qu’il reste avant de le reporter à ma bouche et de le séparer de son bâtonnet. Glissant celui-ci dans le livre que j’ai récupéré, la partie non-sucrée au contact du papier évidemment, je jette le tout au magicien en reprenant ma marche féline vers la sortie de la salle.


Je ne m’arrête pas pour de signaler de suivre mon mouvement, Adrian, et m’en vais directement à l’ascenseur qui nous reconduira dans la résidence au-dessus de nos têtes. Je t’attendrais néanmoins avant d’enclencher le bouton de départ, c’est une question de bon sens.

Ça suffit ? Tu me vois surprise d’un tel rajout, Adrian. J’ai l’habitude de provoquer similaire réaction de rejet mais je ne vois pas en quoi c’est constructif. Echange avec Hugh tant qu’il te plaira, tant que tu ne m’aviseras pas de ce que tu accomplis je ne pourrais le prendre en compte pour la suite. Et, bien évidemment, je la ferais à ma manière du fait. Elle passe par une remontée dans l’ascenseur d’accès et d’un bref passage dans le manoir et son extérieur pour s’en retrouver les garages par lesquels nous sommes arrivés et qui doivent avoir reçus les nouveaux ordres de mission concernant les véhicules assignés ; ou, dans le cas contraire, je ne pense pas qu’on remettra en question ma demande puisqu’on dispose de l’assurance que même un mouton noir comme moi n’agisse pas pour rien. Néanmoins un coup de file n’est pas dur à passer et je suis sur que le directeur d’installation règle les problèmes des siens avant ceux causés par le SHIELD. Question de priorité et d’efficacité.

La TARGE, voici qui m’est inconnu ; les combinaisons de protection, voici qui m’est indésirable. Je t’écoute, Adrian, m’expliquer les choses alors que nous marchons. Je te remercie de ta confiance, ou plutôt ne te remercierai pas puisque je ne le dirais jamais, mais n’oublie pas de placer les mêmes limites que les autres : je suis une sorcière liée à un Enfer et à des Démons, une connasse violente et nonchalante, n’oublis pas. C’est important. Et d’ailleurs, il est temps d’en remettre une couche.


Pardonnes-moi de ne pas tout de suite t’identifié comme un agent infiltré d’une autre organisation, je continue de croire un minimum que l’Initiative est capable de se protéger de telles traitrises même si elles expliqueraient beaucoup de son mauvais fonctionnement. Je sais que, comme le BPRD d’ailleurs, le SHIELD n’est qu’un emploi et ne demande pas d’idéologie particulière à leurs membres et que cela entraine un certain carriérisme au sein de l’organisation mais c’est toujours mieux que la gangrène. Le carriérisme, tout problématique qu’il soit, a au moins le mérite de chercher des résultats là où la gangrène cherche à saborder. De plus la TARGE me semble être dans cette même vocation médiatique que le reste des organismes de défense étatiques américains, prenant beaucoup de temps à chercher un acronyme formant un mot évocateur, et pourrait donc parfaitement être une obscure organisation mineure comme le SWORD ou surement d’autres dont je ne connais le nom ni n’ai d’intérêt pour l’existence. Hâte d’entendre la signification, cependant.

Le camion de transport est le même qu’à l’allé et, si un agent sera requit dans l’habitacle afin de le conduire, c’est vers son conteneur que je me dirige de ma démarche féline. Les agents en présence semblent avertis de notre venue et je m’épargne donc une conversation sans intérêt en sautant gracieusement, dévoilant par la même une condition physique importante, dans la grande partie vide aux parois incrustées de runes hexagrammiques  et autres enchantements afin de bloquer la magie. Cela ne gênera pas les utilisations externes comme internes, seulement que les énergies ne peuvent traverser les parois ainsi décorées. Et, à par ces décorations, il n’y a rien dans le conteneur malgré sa taille.

Croisant les bras et m’adossant à l’une des parois, je tourne mon regard vers l’extérieur tout en vous laissant le soin de grimper à votre tour. Toujours capable de faire deux choses à la fois, j’attends l’arrivée de celui qui aura l’infortune d’être mon assistant du jour tout en t’écoutant parler, Adrian, de cette mystérieuse chose qu’est la TARGE comme des maigres moyens mis à disposition pour t’analyser. D’un point de vue matériel, la pièce que nous avons quittée précédemment semblait certes mieux équipées pour une étude mais nous sommes ici dans un domaine où la technologie ne sait guère impacter. Les Asgardiens, les Olympiens et autres Panthéons ont depuis longtemps unie leur technologie avec les magies provenant de leurs dimensions mais l’Humanité n’en est qu’à ses balbutiements dans le domaine et l’Hydra est peut-être parmi ceux qui s’en sortent le mieux. Après la Latvérie et plusieurs autres, dont le PBRD évidemment. Mais lui ne me semble pas chercher tant que cela à développer des technologies magiques, se contentant de ce qui est utile pour sa défense, même si je peux me tromper. Cela ne m’intéresse pas réellement, je fais confiance à Strange pour savoir ce qu’il fait.

Le SHIELD n’est peut-être pas capable de se rendre compte de tes falsifications, Adrian, mais je n’en ferais aucune pour ma part. Quoi que soit la TARGE, je ne vois pas pourquoi je ne la mentionnerai pas dans mon bref rapport qui, du fait de la coopération inter-agence entre BPRD et SHIELD, pourra se retrouver entre les mains de Strange comme entre celles de Fury. Le problème qu’il y a à faire le boulot des autres avec les moyens des autres c’est qu’il est difficile de faire croire auxdits autres qu’il ne c’est rien passé. Heureusement, cela ne posera aucun problème puisque tu n’es pas un agent double ayant trahi son organisation par le biais de détournement d’informations, de matériel, d’hommes et de fonds. Ou peut-être que si finalement. Toute pute que je puisse être, je suis une personne de parole respectant toujours ses marchés. Et toi Adrian, serais-tu une âme noire et manipulatrice derrière une apparence blanche et policée ? Nous verrons bien.

De toute façon, je suis rarement là pour constater les dégâts en suite de mes actions, ça fait parti de mon côté salope. Ma confrontation avec les Auditios a conduite à la destruction de Vigrid mais c’est Jeanne qui s’occupe de la cité qui nous a vues naitre et grandir, plus d’un demi-millénaire plus tôt. Une fois que les Last Sons ont vaincu leur Démon Majeur, je leur ai laissé le soin de terminer le culte ayant cherché à l’amener sur notre monde. Et les mafias magiques, qu’elles soient de Louisiane, de Floride ou d’Egypte, une fois la confrontation terminée j’ai laissé le soin aux autres de panser plaies et blessures. Ça ne sera pas différent aujourd’hui : le SHIELD aura à ramasser les restes de l’Hydra pendant que le BPRD se chargera de ceux des armes-démons. Les indices et découvertes qu’ils feront ne me concernent pas. L’avantage de posséder des casseroles de « notoriété publique » est que l’on n’a rien à cacher.

L’analyste du BPRD finit par arriver, un cinquantenaire vêtu d’un costume d’agent normal mais reluisant d’une aura magique que je perçois naturellement, et grimpe à son tour dans le conteneur, nous faisans passer le livre précédemment sorti de la bibliothèque le temps de son ascension, avant de saluer tout le monde de la tête et de la voix : Agent Kevin Brown. Et bien, voici qui promet d’être coloré, d’autant qu’il semble posséder une panoplie de sortilèges bien plus large que la mienne. Je n’en prends pas ombrage, dans le cas inverse il ne serait pas là, et lui indique de commencer les préparatifs afin de déterminer la nature de ton Néxus, Adrian. Nous ne partons néanmoins pas tout de suite, il me manque encore quelque chose.

Alors que mister Brown entreprend de tracer des signes dans l’air en murmurant des choses incompréhensibles tirées du grimoire, se déplaçant afin de former un cercle invisible d’énergie magique, je reste à ma position de sentinelle en quête de mon cher officier et de ce qu’il est sensé me rapporter, restant ouverte à la discussion bien que je m’attende au silence du fait de la présence d’un nombre supérieur d’oreilles indiscrètes à ce qui te faisait déjà te taire, Adrian.


Oui, parfaitement, je n’ai absolument rien de constructif à dire pour meubler mais je le fais avec distinction de manière à ce que tout le monde ait une occupation, quand bien même il n’est ni le lieu ni le moment pour un thé. Ceci étant, il ne sera pas le moment pour grand-chose de plus que prévu et, comme Brown finit son incantation avant l’arrivée de mon serviteur du jour, je me tourne vers l’agent pour l’interroger sur un éventuel sortilège ayant similaire effet à celui que j’ai demandé à l’officier d’accueil. L’ouvrage d’étude des dimensions est donc de nouveau consulté dans la possibilité que l’exploration d’autres dimensions nécessite un enchantement de protection contre les environnements dangereux pendant que je pousse un lourd soupir, impatiente d’en finir avec ce temps-mort.

Le sortilège est trouvé avant l’arrivée de l’officier et j’indique donc simplement au conducteur de s’en aller faire son travail, le laissant appuyer sur la fermeture automatisée du conteneur. Un circuit électrique est prévu dans l’éventualité du transport de créatures vivantes et nous avons donc de beaux néons pour déverser une lumière crue depuis les angles du plafond, nous laissant pleinement apprécier le vide de notre transporteur. Personnellement, je m’y sens comme chez moi et je laisse sans aucun regret ce serviable officier s’être emmerder pour rien, consciente de cultiver ce pourquoi ils me déprécient déjà. Tout est bien qui fini bien, en somme.

Observant les flux magiques dressés en un cylindre au centre du conteneur, j’avance vers cette position sans souffrir des heurts de démarrage du camion ni toucher cette énergie. Ce n’est pas moi que l’on veut analyser, on sait pertinemment d’où proviennent mes pouvoirs et quelle dangerosité il y a à cela.


C’est une réelle question, ma mémoire n’ayant gardée que la possibilité de le déclencher en t’attaquant. Ne t’inquiète pas, je ne compte pas le faire réellement : une simple et banale gifle suffira peut-être à ce que la petite porte dans ta tête s’entrouvre et le cercle d’énergie dans lequel tu seras devrait alors se matérialiser.

Dans les vents de la « tornade » de magie, nous devrions apercevoir des images et des sons de l’autre côté de la porte et pouvoir commencer nos déductions quand à la nature de la dimension et de la créature. Stephen Strange pourrait sans aucun doute déduire tout cela d’un coup d’œil, étant probablement la personne la plus instruite en matière de dimensions, mais nous n’avons pas le loisir de le faire se déplacer et nous contenterons d’une méthode plus longue. Ce n’est pas sans danger, cela va de soit, puisque le Néxus sera ouvert et que ce qui ce trouve de l’autre côté risque de nous percevoir également, mais il est peu de probabilité que cela puisse s’échapper du confinement. Au pire, il y aura donc quatre morts. Au mieux, nous aurons enfin des réponses. Let’s play.

Aucune réponse, ni à ma demande sur le thé ni à celle sur la manière de pousser l’entité à l’action, tant pis. J’avais déjà mon idée sur comment faire et cela fonctionne comme prévu, conduisant les énergies dimensionnelles à tournoyer autour d’Adrian en passant autour de son bras comme n’importe quel vent le ferait. Sauf qu’il s’agit là d’un vent coloré du même gris aux vagues reflets bleus qui émane de la dimension qui filtre dans ton crâne, Adrian, et se répand dans tout ton corps actuellement. Il est des théories comme quoi ceux ne contrôlant pas leurs pouvoirs peuvent en devenir l’instrument et, si j’ignore ce dont il s’agit lorsque lesdits pouvoirs n’ont aucune conscience, le fait d’être lié à une dimension où se trouvent des formes de vies donne la possibilité d’être l’instrument de celles-ci. Hors, à la considération de combien l’énergie te parcourt sans que tu ais la moindre maitrise sur elle ainsi qu’à celle de la crispation de ton membre et à ton doute concernant ton propre geste, je crains fort que ça soit ton cas. Voici qui me fait remonter légèrement mes lunettes et plisser les lèvres d’amusement.

Tu parles pour la créature, élargissant mon sourire d’avantage à mesure qu’elle fourni un jugement et un commandement en s’attendant à ce que je lui obéisse comme tu le fais. J’ai vendue mon âme noire et toxique à une démone avec laquelle mon marché est équitable, je n’ai pas l’intention d’obéir à un murmure qui se croit simplement tout permis et dont les capacités comme la nature reste à déterminer.


Je comprends qu’une créature « supérieure » s’estime ne pas avoir à rendre des comptes à des humains mais c’est bien parce qu’il est des êtres de son genre que le BPRD existe. L’avantage avec mes infernaux est que l’on sait ce qu’ils sont et sont capables de faire là où cette entité est totalement inconnue et vraisemblablement non-documentée.


Me détournant du rituel, de ton entité et de toi qui me tient toujours le poignet, Adrian, je tends mon bras de libre et mon index afin de tracer un rond en suivant le sens des aiguilles d’une montre ; un geste qui s’accompagne d’une matérialisation lumineuse violacée du symbole des Sorcières de l’Umbra, lequel représente les phases de la lune entourant l’œil gauche des ténèbres et est parcouru de lettres inscrites en alphabet de Lemegeton. Le cercle terminé, il pulse un instant puis se fond en une Sosun Pattah à la garde stylisée en croissant de lune doté de pétales de fleur et serti d’une gemme enchâssée dans un motif serpentin courant le long de la fusée jusqu’à un pommeau en forme de papillon, l’arme s’invoquant dans la main même qui l’a appelée.


Retournant ma tête pour te fixer, Adrian, je ponctue mes paroles d’un clin d’œil. Je n’ai pas l’intention de répandre des pétales de rose partout dans ce conteneur alors même que je m’en vais en intervention ainsi je déconseille fortement toute tentative de dégâts osseux à l’encontre de mon poignet. Pour une créature te donnant toujours un coup d’avance, ton entité a plusieurs coups de retard sur moi ; et je ne parle pas là de mon Rakshasa, dont je pointe la lame courbée vers le sol, mais bien de tout ce qui a été fait en amont du rituel afin de le préparer. Dealer avec des démons a au moins l’avantage de m’apprendre la prévoyance et l’anticipation, non par quelque pouvoir que ce soit mais bien par ma compétence personnelle. Beaucoup de gens sont incapables de concevoir comment des assassins peuvent représenter une menace pour les plus puissants êtres de la planète mais ces mêmes gens ne voient pas que la puissance brute peut être détournée par le talent et la préparation d’une personne infiniment moins puissante. Je suis préparée mais, même en regardant le futur, l’entité qui me fait face aura le plus grand mal à me contrer car mes coups ont été préparés précédemment alors qu’elle ne faisait pas attention. Je suis une magicienne : les choses ne se passent jamais là où je les montre.

Mais je tâche de ne pas me faire avoir à mon propre jeu et, tout en faisant la conversation, j’observe les images et les sons rapportés par le rituel, mirages flottant dans les vents en provenance de l’autre dimension. Ce que j’y vois est une fois de plus extrêmement lié à la culture humaine non parce que celle-ci a été influencée par la dimension, comme c’est le cas avec les panthéons, mais parce que celle-ci a été influencée par l’Humanité et ses constructions. Les lumières proviennent de celles-ci d’ailleurs, des aurores boréales formant bâtiments de l’Angleterre victorienne et un paysage campagnard que j’associe au Royaume-Uni pour y avoir vécu un certain temps. Tout y est sous un silence creux et il ne semble y avoir âme qui vive à l’exception d’une forme toute aussi lumineuse que le reste mais limitée à des teintes bleutées. Une forme féminine indistincte et changeante, aux jambes, épaules et visage dénudés mais probablement vêtues d’un corset ouvert et de voilages volant autour d’elle. L’une de ses mains tiens une boule similaire à une étoile n’étant pas sans me rappeler les représentations classiques de l’Empyrée. Une entité créationniste ? Mignon.


Ma curiosité n’est pas mal placée puisqu’elle dérange, c’est souvent signe qu’on tient quelque chose, et identifier quelque chose d’inconnu n’est jamais une mauvaise chose. Le libérer en revanche peut être bien plus dommageable, surtout lorsqu’on est parfaitement ignorant le concernant. Félicitation Adrian, cela fait plusieurs années que tu joues potentiellement avec une boite de Pandore. Une boite qui ne veut pas qu’on s’intéresse à elle pour continuer à faire ce qu’elle faisait tout en refusant d’exposer cela à une agente en charge de stopper les influences néfastes des dimensions sur Terre. Car, il ne faut pas croire, mais le BPRD laisse énormément de créatures magiques se promener librement sur notre monde : les Amazones, les Olympiens, les Asgardiens, voici les membres les plus courants des êtres venus d’autres dimensions et à être généralement bien intégrés et libres de leurs mouvements au sein du monde. Tous ne le sont pas mais avec des exemples comme Diana, Atalante et Thor, la bienveillance envers l’Humanité sait être acceptée et reconnue. Néanmoins les dimensions d’origine des Panthéons sont bien plus vastes que celle que j’observe me semble l’être. Plus vaste et plus peuplées.


Il est temps de poursuivre mes théories concernant ce que tu as dans ta tête et je me contenterais des partis prêts à coopérer. J’ai déjà établi qu’il s’agissait d’une créature liée à l’astral mais je ne pense plus qu’il s’agisse d’un murmure de part ses capacités à te contrôler physiquement. Peut-être que la précognition comme le voyage dimensionnel et le mimétisme biologique avec contrôle rétroactif sont de ses capacités mais cela peut en faire un danger. Le fait que ta créature ait également massacrés des humains ne plaide pas en sa faveur ; après tout, si elle a été capable de te duper sur les analyses la concernant, rien n’indique qu’elle ne soit pas responsable du massacre du village et non exclusivement des présumés coupables de celui-ci. Sans parler du fait qu’elle n’avait pas de raison de les massacrer eux puisqu’un contact avec un être humain la conduit à manipuler ledit être. Peut-être t’a-t-elle choisi comme son « élu » mais alors pourquoi, sachant qu’elle perçoit les futurs, serait-elle apparu à un lieu de massacre pour y participer ? T’attirer aurait été tout aussi facile sans qu’elle n’ait à rien détruire.

Je comprends que cette créature ne veuille pas de ma curiosité mais il y a définitivement de quoi et je ne crains pas les horreurs dépassant la compréhension humaines pour avoir survécues à celles créées par l’Humanité.

Adrian, si tu savais lire entre les lignes tu découvrirais une réalité toute autre que celle que tu sembles observer. C’est une différence entre nous, je relie naturellement des points qui sont liables là où ton génie te permet de trouver des liens là où personne d’autre ne les voit. Tu me parle d’un paysage idyllique tiré en partie d’une réalité que tu t’imagines, d’une Angleterre que tu n’as vécue qu’au travers des récits d’un autre. Tu te surprends de la matérialisation de ton imaginaire malgré des différences de règles physiques et tu marques le plus grand point avec ces quelques mots : quoi que soit cette entité, elle connait son travail et pas qu’un peu. Tu ne le notes pas, moi si. L’Entité te montre ce que tu veux voir, ce qu’on nomme couramment un mensonge. Elle se cache derrière tes rêves et tes fantasmes, dissimulant sa véritable nature. Pourquoi faire cela si cette nature était aussi bienfaitrice que tu le crois ?

La divergence avec ton imaginaire est aussi pleine de sens ; éliminer le monument religieux et lui substituer un monument aux morts. C’est très européen cela, dressé dans les endroits afin de se souvenir des tomber au cours des grandes guerres du siècle précédent. La liste de noms importe peu en effet, à l’inverse de sa présence. Noms connus et inconnus, tous t’étant liés ou l’étant à l’affaire qui t’a conduite à rencontrer l’Entité. Tout est doux, rassurant, réconfortant… un beau rêve, un douillet fantasme… intéressant oui. Très. Mon sourire se fait plus carnassier.

Une version féminine de toi, avec un sens esthétique bien différent même si je serais curieuse de te voir porter sa tenue. Féminisme quand tu nous tiens… et en parlant de tenir, tu me relâches et je retire donc ma main avec un geste rapide et sec, la ramenant contre moi avant de tendre le bras le long de mon corps à l’instar de l’autre toujours armée de l’épée courbe. Mon autre main se serre sur la poignée alors que les énergies magiques ce concentrent autour de toi. Que l’Entité soit capable de se manifester physiquement est déjà prouvé, reste à savoir ce qu’elle compte faire ; une évidence, s’il en est. Le contrôle est entrain de lui échapper, nous sommes à deux contre elle et elle se doit te refaire de ton son défenseur, Adrian. Sans toi, il n’est personne pour faire tampon entre elle et moi ; lui accorder son retrait était le meilleur moyen de la faire intervenir, un vieux truc intitulé « suit-moi je te fuis, fuit-moi je te suis ».

Ça parle, ça veut te défendre. Pourtant c’est ça qui t’as impliqué en premier lieu. Tu m’étonne que tu fasses usage de la curiosité humaine à bon escient, Adrian, vu que tu ne t’intéresses pas à ce qui maitrise réellement ta vie, vu que tu sais courber l’échine face à ce qui te dépasse et servir sans demander ton reste. C’est ce que tu as fait pour moi avec le thé et la coopération, c’est ce que tu fais pour cette créature avec le naturel d’un esclave de Darkseid. Tu es un idéaliste et un rêveur qui n’a à cœur le bien du monde, de tous les humains et êtres pensants, mais qu’en un sens. Pardonne-moi de ricaner ; je comprends parfaitement les valeurs humanistes, pour les avoir côtoyées au sein de la Justice League, mais voir l’Entité te traiter comme un crétin incapable de faire quoi que soit sans elle est assez amusant. Car c’est le discourt, celui sur ta faiblesse et ton besoin d’aide pour mettre à exécution tes nombres intentions. N’as-tu pas la TARGE pour cela ? Le SHIELD également ? Les Vengeurs ? N’as-tu pas tes propres capacités d’analyste de génie pour le faire ?

Les démons avec lesquels je m’associe ne sont pas parfaits mais ils m’épargnent au moins les discours de Carol Danvers et ont toujours été clairs quand à leurs intentions. Nous avons un marché, Madama Butterfly et moi, et nous l’honorons. C’est bien plus sain que la manipulation que te fait ton Entité en te créant un endroit où tu n’as plus aucune défense afin de manipuler les brisures de ton être comme on tire les fils d’une marionnette.


Marquant une pause, je commence à profiter de ma liberté retrouvée pour tourner autour du cercle rituel tout en faisant tourner mon arme dans ma main. Un regard à mon acolyte du BPRD lui fait savoir que j’ai la situation en main et il hoche la tête pour me confirmer sa compréhension, conservant donc son retrait de cet interrogatoire.


J’ai fait face aux plus grands idéaux de l’Humanité lorsque la Justice League m’a tendue la main. J’ai regardé ces parangons monolithique comme les êtres supérieurs qu’ils étaient et ne voulaient pas être. J’ai apprise une chose essentielle : ceux qui possèdent réellement des qualités ne les mettent pas en avant car elles sont normales pour eux. Ils peuvent essayer de les apprendre aux autres mais les expriment dans leurs actes, dans leur nature. Ils ne disent pas qu’ils sont, ils sont véritablement. C’est pour cela que tous se rangèrent derrière la Justice League alors que les discours des Vengeurs sonnèrent faux et leur attirèrent l’animosité des autres.

Je m’immobilise pour te faire à nouveau face, Adrian, gardant mon sourire en coin et te fixant dans les yeux afin de percer ton âme aussi métaphoriquement que ton entité le fait réellement.


Je vais avoir deux rapports à faire, pauvre de moi. Dure journée de travail, heureusement qu’elle promet de se finir par un spectacle de violence et de grâce. Je prendrais bien des congés après ce genre de mésaventures si j’avais la moindre acticité autre que de jouer les piliers de bar au Gates of Hell au côté de Chimp ou à faire les boutiques pour racheter de nouvelles tenues après avoir détruites les précédentes. Mais bon…

Plaçant la lame courbe du Rakshasa de manière à en caresser le plat du bout des doigts de ma main libre, je lui accorde un instant d’attention avant de refaire face à l’autre créature magique présente en ce lieu.


Je crois qu’on tient une bonne base là, reste à savoir si je croirais ce que ça me dira. Je suis sincère sur la partie facilitant la détection des mensonges car c’est bien la seule chose qui peut m’assurer d’un retour de sincérité de la créature. C’est une chose que ça ne semble pas avoir compris avec les démons que ça blâme : les meilleurs menteurs ne mentent jamais et les infernaux sont d’excellents menteurs.