Une journée au Musée [PV - Casey!]

J’avais beaucoup envie de voir une personne de quatorze ans motivé à faire une carrière de super-héros. C’était un fantasme partagé par plusieurs comme les rêves autour des astronautes, de devenir une vedette d’Hollywood ou encore de devenir policier, mais je n’imaginais pas vraiment cette réalité arrivée. Je pensais sincèrement que le jeune gamin vert vivait soit dans un mensonge ou soit dans un énorme délire de drogué. Peut-être qu’il combattait vraiment le crime, mais je ne croyais pas vraiment à ses chances de succès. Peut-être qu’il avait des pouvoirs assez puissants pour combattre des criminels traditionnels, mais il pourrait rapidement se désabuser par le manque de reconnaissance ou par le manque d’ennemis considérables.

Je n’étais pas une experte dans ce domaine, mais je savais très bien que les jeunes cherchaient souvent à copier la Justice League et les Vengeurs. Les moyens et la capitalisation de leurs activités n’étaient souvent pas autant reconnus qu’ils le pensaient en commençant ce genre d’activités. Casey me laissait perplexe sur son ami vert ; J’avais juste envie de le rencontrer pour voir si son ami disait vraiment la vérité. « Je ne connais pas tous les groupes à New York, mais peut-être la Young Force, ils font parler d’eux dans les journaux et sur l’internet. En plus, on ne connait pas vraiment leurs méthodes de recrutements. Il a plusieurs autres groupes qui s’affichent, mais cela reste souvent des marginaux comme la clique de Kick Ass. » On pourrait faire le tour des groupes de New York, parce que la grosse pomme avait quand même le don de réunir de nombreux groupes. Dès le début de l’Histoire des super-héros, la Justice League s’était réuni dans cette ville.

Ensuite, il était possible de parler des Vengeurs qui s’étaient réunis la première fois dans cette grosse ville contre Thanos et Loki. La Young Force avait suivi la même logique, mais on ne les connaissait pas encore. Ils s’étaient créé à New York et opéraient encore majoritairement sur le territoire. L’Institut Xavier savait très bien que ceux-ci aidaient les Morlocks comme la Confrérie ou les X-Men, mais on ne savait pas plus de renseignements sur l’actuel groupe. Je ne pensais même pas aux nombreux groupes qui s’étaient créés que cela soit les Doom Patrol ou encore les Authority. Il en avait beaucoup trop pour tout dire. Même les X-Men s’étaient créés par l’attaque des Morlocks à New York. Mais personnellement, je ne connaissais aucun groupe qui faisait travailler des enfants.

J’allais surtout mieux comprendre en voyant son jeune ami. C’était mieux de se concentrer sur le musée et sur notre petite visite. J’avais laissé le jeune gamin faire le tour de la salle pour mieux me laisser réfléchir sur l’implication du Wakanda mondialement. Les photos de T’Challa restaient quand même toujours aussi excellents comme certains membres de la Justice League, il restait toujours très pertinent dans son implication, mais aussi au niveau de la beauté. Mais bon, j’avais compris assez rapidement que comme Hollywood, la Justice League était souvent du fantasme pour les hommes et les femmes. En plus de rester dans le fantasme des genres, ils bottaient quand même des fesses des monstres terrestres et galactiques.

Au retour de Casey, il commençait à me poser de nombreuses questions et mon seul cerveau essayait d’enregistrait les informations. Pour la partie de l’espace, c’était plutôt simple : « Je ne connais pas beaucoup l’espace, Casey. Je ne suis jamais partie dans l’espace avec mon équipe, surtout que les mutants sont surtout sur la planète Terre. Alors je ne sais pas trop pour la race extraterrestre la plus sympathique ou les plus belles planètes. Cela doit bien exister des planètes plus belles que la Terre, mais comme tu l’as dis, il reste beaucoup à découvrir sur notre propre planète avant d’en découvrir des nouvelles. » En plus, il fallait une masse de frics pour réellement faire des voyages dans la galaxie. Seuls les membres de la Justice League avaient eu vraiment moyen de voyager à travers des différentes galaxies. Casey poursuivait un moment sur Victor Von Doom, le monarque de la Latvérie. « C’est assez complexe Casey. Victor est peut-être un opposant à la Justice League, mais ce que le groupe cherchait vraiment, était de le bloquer quand il avait des visées plus conquérantes. Je ne sais pas si tu as regardé les cartes, mais Victor à la fin de sa révolution, il a essayé de prendre le territoire de la Yougoslavie. En plus, il avait beaucoup de secrets autour de la magie et de la technologie, qui vont contre une utilisation éthique de l’utilisation de ses moyens. Aujourd’hui, il est normal qu’on se méfie sur ses moyens, il a peut-être modernisé beaucoup son pays, mais selon les experts politiques, il l’a fait avec de l’oppression. » On ne savait pas vraiment tous les secrets de Doom et je ne croyais pas qu’on allait tout savoir de ce dictateur même à sa fin. On pouvait faire une tonne de propagande contre ce Régime, mais la vérité restait souvent grise sur la situation de la Confrérie ou encore sur Victor Von Doom.

Casey m’expliquait ensuite quelques détails sur sa vie à Chicago. Il m’avouait que c’était peu visible de voir les héros à Chicago pour ensuite m’expliquer le certain désintérêt de la Justice League ou des Vengeurs pour des villes de ce type. Casey me parlait quand même d’un sujet plus sensible qui pouvait se transporter sur plusieurs villes. Ils avaient peut-être des héros à Chicago ou dans d’autres villes, mais c’était bien moins important que dans New York vu qu’on parlait souvent de violence domestique et non de destruction planétaire. « Rappelle toi ce que je t’ai dis avant qu’on commence à visiter Casey : L’important n’est pas les pouvoirs, l’important est ce qu’on rapporte comme messages. Un super-héros est souvent un concept idéalisé. Tu trouves Kurt courageux pour ne pas être gêné par son apparence, mais dis toi, qu’il correspond beaucoup plus à ce qui est un héros que les gens qui le revendiquent. Je ne crois pas que la Justice League doit être qualifiée comme des super-héros, mais bien des gens qui ont accepté de servir une cause autour de la protection des êtres humains. On a bien sûr tous des problèmes dans la vie de tous les jours, cela peut beaucoup nous affecter, mais les véritables héros ne sont pas des gens qui se promènent en costume et qui ont des pouvoirs surpuissants, c’est des gens qui peuvent beaucoup nous apporter juste par des mots ou par son assurance. Tu vois Kurt étant courageux comme un héros et je crois sincèrement que tu avais plein d’héros à Chicago, mais que tu ne les voyais pas parce que tu t’attachais à un autre idéal de ce qui pouvait être vraiment la réalité. »

Je ne savais pas vraiment comment le décrire, je trouvais cela juste dommage qu’il voit encore des super-héros, parce que je pensais vraiment que le sujet s’était transformé et que les gens aimaient souvent le voir d’une façon presque enfantin. « Pour moi, mes plus grands héros, c’était mon grand frère, c’était mes parents, c’était mes professeurs ou encore mes amis. Je ne les considère pas comme des héros parce qu’ils ont sauvé le monde contre des destructions planétaires, mais bien parce qu’ils m’ont aidé. Derrière tous ses combats Casey, la Justice League ne sauvait pas uniquement la planète, mais ils aidaient souvent des gens comme toi ou encore comme moi que cela soit par leurs présences ou encore leurs paroles. N’idéalise pas ce que tu vois ici, ni ce que les gens te disent sur les super-héros, prends juste le temps de considérer ce que les autres font pour toi. Par exemple, Jane et les X-Gardiens, ils t’aident non parce qu’on leur apprend ça, mais bien parce que ce sont dans leurs plus profonds principes. Est-ce que tu aimes mieux continuer ou on va se prendre un petit restaurant? » Je ne voulais pas vraiment continuer sans son approbation. Il semblait quand même avoir du mal avec la Justice League, peut-être parce que cela venait d’une autre époque que lui et il n’avait pas vraiment de références actuelles.  

Il existait effectivement beaucoup de groupes de super-héros plus ou moins officiels ou sérieux dans la ville de New-York et Casey avait quelques difficultés à se repérer. A Chicago, il n'y faisait pas très attention. Sans doute que de jeunes mutants devaient tenter leur chance, mais le rayonnement des activités de la grande pomme les rendait presque invisibles. On avait beau faire tout ce qu'on voulait, percer médiatiquement était difficile quand on ne vivait pas dans la ville la plus fameuse des États-Unis. Il était donc facile d'en conclure aussi que les personnes qui possédaient d'immenses pouvoirs préféraient déménager plutôt que mener la justice dans leur petite ville, ou alors elles se faisaient vite recruter par les gros groupes, un petit peu comme lui, qui se retrouvait désormais dans la citée des plus grands super-héros, et il ne possédait pourtant pas un don incroyable. Là où il avait grandi, il ne restait probablement que les organisations à celle de kick-ass, des personnes sans pouvoirs mais pleines de bonnes volonté, qui voulaient faire le bien et mettaient considérablement leur vie en danger. Les Young Force, en revanche, ne lui disait pas grand-chose, mais il était rassuré d'entendre que Paige voyait plus Garfield parmi eux que chez la Confrérie.

Ils parlèrent beaucoup, sautant d'un sujet à l'autre. Paige lui avoua qu'elle n'était jamais allée dans l'espace elle non plus. Il lui était donc impossible de répondre à toutes ses interrogations, et il retint dans un côté de sa tête qu'il lui faudrait trouver une personne qui avait fait plusieurs voyages pour entendre des histoires fascinantes sur les voyages dans la galaxie. Elle n'était pas non plus très à l'aise sur le sujet de Doom, mais c'était pour des raisons géo-politiques. Casey avait très envie de mieux comprendre la situation de la Latvérie, mais il manquait de repères, et en était bien conscient. Pour lui, tout d'abord, l'Europe de l'est était un pays immense situé entre la Russie, la Grèce et la frontière floue avec l'Asie. Alors, quand on lui parlait de conquêtes, il le voyait attaquer des territoires importants, pas un pays comme la Yougoslavie. Il n'avait pas la moindre idée de la tête que les gens pouvaient bien avoir en Yougoslavie ! Ce qu'il comprenait en tout cas, était que ce chef d’État restait bien cloîtré dans son pays sans dire ce qu'il faisait, et profitait de sa situation pour abuser de son peuple. Seulement, ça ne répond pas vraiment à sa question. S'il se comporte en tyran et prépare probablement des choses dangereuses pour le reste du monde, comment se fait-il qu'il soit toujours en place ? En plus, Paige l'appelait par son prénom comme si elle le connaissait et avait de la sympathie pour lui. C'était très étrange !

– Mais…, commença-t-il en ouvrant de grands yeux, il y avait quoi sur le territoire de la Yougoslavie pour que ce soit plus grave que le fait qu'il fasse du mal à sa population ou construise des armes dangereuses en secret ?

Oui, décidément, la géo-politique n'était pas encore pour lui. Il imaginait maintenant un pays indistinct, appelé la Yougoslavie lutter contre Doom qui voulait voler un territoire qui ressemblait à une sorte de grand verger. Malgré ses presque quinze ans, Casey avait le niveau scolaire d'un très jeune collégien, et si l'on considérait qu'il venait d'une école de quartier pauvre qui, de base, donnait une chance infime aux diplômés de survivre dans une université très peu cotée, c'était peut-être encore pire. Il était conscient de son retard, et était vraiment heureux de visiter le musée pour trouver d'autres repères, cependant, il n'était pas assez bien préparé pour affronter tous les sujets. Il valait mieux en rester à celui des super-héros et Paige lui fit de ces longs discours moralisateurs dont les x-men adoraient lui rebattre les oreilles. Certes, il manquait de culture, mais parfois il avait l'impression qu'on le voyait comme une personne qui comprenait absolument tout de travers, qu'il fallait toujours prendre mille précautions avec lui, comme le fait de lui rappeler qu'il était possible d'être une sorte de héros du quotidien grâce à son comportement. Oui, bien sûr, il en avait connu, mais il trouvait le terme un petit peu fort. Un personnage dans un livre ou un film était un héros quand l'histoire se centrait autour de lui et que toutes ses actions allaient dans le bon sens. Mais, dans la vraie vie, il trouvait un peu ridicule de dire que des gens juste sympathiques étaient des héros. Sinon, il y aurait vraiment beaucoup trop de héros, et Casey pensait que ce n'était pas un mot à utiliser à la légère juste pour faire de beaux discours comme un président. Il se demandait si, comme Jane, Paige disait tout cela pour le préserver, ou si elle le pensait vraiment. En même temps, il n'était pas toujours évident de cerner l'imbroglio mental qui faisait rage sous le crâne du garçon. Son immaturité sur certains aspects était contrebalancée par une expérience de la vie difficile, qui avait laissé des traces et le rendait parfois plus sombre. Souvent, il avait l'impression que, à cause de son comportement enfantin, ses amis de l'institut estimaient qu'il suffisait de lui donner de bons mots pour le rassurer, mais ce n'était pas tellement ce dont il avait besoin. Il contrebalançaient surtout avec un côté enthousiaste, et très candide d'adolescent attardé pour oublier que quelque chose au fond de lui pouvait le mettre dans un état de dépression qui réclamerait une aide psychiatrique. La maltraitance de son enfance l'avait considérablement diminué. Il aurait cependant voulu dire à Paige tout ce qu'il pensait mais elle détourna son attention en lui proposant un restaurant, estimant sans doute que leurs bavardages ne se prêtaient plus trop au lieu et qu'il aurait besoin de laisser décanter tout ce qu'il venait d'apprendre avant d'affronter les autres salles. Ses yeux s'illuminèrent. Il fatiguait un peu aussi et, surtout, on ne lui proposait pas souvent d'aller au restaurant. Quand sa mère le faisait, c'était toujours un petit événement, même si cela signifiait descendre au McDo ou au KFC du coin. Mais si Paige voulait parler d'un Vrai restaurant, alors là ce serait la première fois !

– Oh oui ! Tu veux dire un vrai restaurant, avec une carte de menu et tout ? – demanda-t-il très emballé avant de se raviser brutalement. – Mais ça coûte cher… On peut aller dans un fast-food aussi, ça me fera plaisir aussi, ma mère m'y emmenait desfois quand elle voulait faire des sorties avec moi. Même si ce n'était pas une héroïne pour moi, elle essayait d'être gentille quand elle était de bonne humeur. Mais, je ne pense pas que le fait de m'amener au Mcdo soit un acte que je puisse qualifier d'héroïque même si l'intention derrière était bonne. Mon entraîneur à l'école a fait beaucoup pour que je puisse accéder à des cours de sport que je n'avais pas les moyens de payer, et il y avait aussi un gentil disquaire qui me prêtait la musique qu'il vendait. Ce sont les meilleures personnes que j'ai connues avant d'arriver à new-York mais je ne pense pas que ce soient des héros. Et toi comme Jane, vous en êtes, mais pas parce que vous m'aidez en particulier. Je n'aime pas que n'importe qui de gentil puisse être considéré comme un héros, il faut que ce soit plus compliqué que ça, sinon c'est trop simple, et puis il n'y aurait plus de vrai mots pour les personnes qui vont faire des choses vraiment plus incroyables. Je pense qu'il y a de bonnes personnes qui, parfois, peuvent devenir des héros, parce qu'elles vont se retrouver dans une situation où elles vont devoir faire un Vrai sacrifice tu vois ? Où elles vont risquer leur vie, leur réputation, renoncer à tout ce qu'elles aiment juste pour une seule personne qu'elles ne connaîtront pas forcément mais qui mourrait sans eux. Il faut être confronté à un choix. Parfois, ce choix n'arrive jamais, et certaines bonnes personnes ne deviendront jamais des héros, même si, en se trouvant dans une situation extrême, elles auraient pu le devenir. Du coup, en fait, je pense que les super-héros sont « super » parce qu'ils n'attendent pas de le devenir par hasard, ils font le choix de toujours faire passer la vie des autres avant la leur. C'est ça que je trouve beau, parce qu'être juste gentil, c'est trop facile.

Il reprit son souffle, et ses esprits, après avoir encore beaucoup trop parlé, quitte à tourner un peu en rond parce qu'un certain nombre de pensées complexes se bousculaient en lui. Casey n'avait pas l'habitude d'exprimer en détail le fond de sa pensée, il n'était même pas certain lui-même de ce qui allait en sortir avant d'ouvrir la bouche. Mais tout ce qu'il voulait dire au final, et n'avait pas dit, pouvait se résumer plus simplement. Il se méfiait des personnes « juste gentilles ». Les personnes « juste gentilles », c'étaient tous ces gens qui apportaient beaucoup tant que leur petite vie n'étaient pas en jeu. C'étaient les personnes qui donnaient un dollar au clochard au coin de la rue tous les jours, mais lui claqueraient la porte au nez s'il demandait à monter chez eux une fois par jour pour prendre une douche. C'étaient aussi les enseignants, les psychologues qui avaient voulu l'aider avec de gentilles paroles alors que sa mère était malade, pauvre, battue, et qui n'auraient certainement pas proposé de venir chez lui pour l'aider à tenir la maison, ou proposé de venir vivre chez eux. Oui, c'était trop facile d'être juste gentil, il n'aimait pas que l'on puisse appeler ça de l'héroïsme.