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All is fair in love and war [Lilian]

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Message  Nikolaï M. Kolyakov Ven 24 Juil 2015 - 12:22

Si on m’avait dit un jour que ma première relation sérieuse serait avec un homme, plus âgé et tout aussi retors - probablement même plus - que moi par-dessus le marché, j’aurais ri au nez de l’idiot déblatérant une telle absurdité, et fort qui plus est. Pourtant les mois ont passé et Lilian fait toujours partie de ma vie. Pire, avec le temps écoulé, je me suis réellement attaché à lui. Dire que notre relation est fusionnelle serait se tromper complètement sur le lien qui nous unit mais force est de constater que je l’ai dans la peau, comme on dit dans ce pays. Et si le reconnaître m’arracherait la bouche, je finis par avoir des attentes en termes d’affection. Attentes que Lilian ne comprends que trop bien et avec lesquelles il aime jouer, à mon plus grand déplaisir.

Le problème étant que, pour s’ignorer, nous sommes aussi doués l’un que l’autre et que, lorsque le premier commence à titiller le second, ça peut très vite dégénérer en cercle vicieux. Comme dans le cas présent. Après ma mésaventure auprès des Siciliens, le manque d’intérêt de Lilian m’a vexé, ni plus ni moins. C’est un peu enfantin comme attitude, je vous l’accorde, mais vous comprendrez qu’après avoir été la cible d’une tentative d’assassinat, la moindre des choses serait tout de même que mon copain s’inquiète un peu pour moi. Pour autant que « copain », tout comme « petit ami » ou encore « partenaire » soient des termes for peu appropriés pour désigner Lilian. Quoiqu’il en soit, le problème reste le même : il a agi comme si de rien n’était et, pour me venger, j’ai sauté sur la première occasion de prolonger mon voyage à l’autre bout de la planète pour ne pas avoir à faire face aux dysfonctionnements de notre situation actuelle.

Sauf que si j’attends qu’il reconnaisse ses torts avant de reconnaître les miens, nous y serons encore l’année prochaine, voire dans dix ans. Par conséquent, j’ai décidé d’être adulte pour une fois et de faire le premier pas. Mes négociations réussies en Chine suivies de ma rencontre inattendue mais productive avec Boldarev m’ont mis de bonne humeur et je compte profiter de cette accalmie passagère dans mon humeur maussade de ces dernières semaines pour tenter de crever l’abcès. Et pour ça, j’ai prévu mon coup. Tout d’abord, je lui laisse l’avantage du terrain puisque j’ai l’intention d’aller le voir chez lui. Ensuite, j’ai choisi d’attaquer en début de soirée, une fois qu’il aura laissé les problèmes de la journée de côté – il ne s’agirait pas de le brusquer. Enfin, je viens enterrer la hache de guerre les mains chargées de présents. Ou plus précisément d’un présent au singulier : une bouteille de soju de qualité, alcool de riz coréen bien moins connu que le sake japonais mais tout aussi savoureux. Car si Lilian n’est pas du genre à se laisser chanter la sérénade un bouquet de fleurs dans la main, il ne dit jamais non à une bouteille de bon alcool, peu importe la provenance. Ainsi, quelle meilleure façon de me faire pardonner mon escapade en Corée qu’avec un bon alcool de là-bas ? Quoique pour me faire pardonner quoique ce soit, encore faudrait-il que Lilian reconnaisse seulement qu’il m’en veut. Et croyez-moi pour jouer les ignorants, il est plus doué que personne. Cependant, étant très loin de la perfection moi-même, je vais me retenir de commencer le jeu du pointage de doigts, sous peine de perdre.

De toute façon, je suis venu avec comme objectif de ne pas me laisser entraîner par Lilian sur d’autres sujets et d’affronter d’une fois pour toutes que, pour autant qu’on tourne tous les deux autour du pot, comme si le mot nous faisait peur, nous sommes bien en couple et il va falloir accepter les quelques compromis que cela suppose. Je ne dis bien évidemment pas que je veux annoncer au monde entier que je suis le plus heureux des hommes aux côtés de mon meeeerveilleux amant, je sais qui est Lilian et c’est parce qu’il est tel qu’il est et notamment que les relations normales ne lui vont pas, que nous nous entendons si bien. Mais le fait n’en est pas moins que, pour peu que j’attende de notre relation, j’en attends toujours plus que lui. Et soit on l’admet et on fait avec, soit je crains fort que notre histoire ne dure pas longtemps. Et franchement, ça me ferait bien chier. Je me suis habitué à sa présence à ses côtés et je n’ai nulle envie de retourner à un simple partenariat d’affaires. Sans compter que, plus prosaïquement, rarement quelqu’un m’a fait autant monter au septième ciel. Mais je m’égare.

Zigzaguant dans le trafic tardif des dernières sorties de bureau, je profite pour une fois du plaisir d’avoir enfourché ma Kawa. J’ai si rarement l’occasion de la sortir que chaque escapade sur son fuselage lustré est une jouissance à elle toute seule. Il est en effet difficile d’être crédible en tant qu’homme d’affaires et encore moins que parrain mafieux lorsqu’on se pointe à un rendez-vous en Kawasaki. La limousine est plus indiquée. Mais pour me rendre chez Lilian, rien ni personne ne m’interdira de profiter de mon bébé. Surtout que je suis habillé classe mais décontracté, c’est que je vais tenter de me rabibocher avec mon homme pas lui faire une demande en mariage. Et puis il commence sérieusement à faire trop chaud pour la chemise à col fermé. C’est donc habillé d’un jean, d’un teeshirt moulant et ma veste de moto par-dessus que je sonne à la porte après encore quelques minutes de trajet. J’ai garé ma Kawa à l’abri dans une ruelle pas trop loin, l’antivol dernier cri bien en évidence pour ôter l’envie à quiconque de me la dérober. De toute façon, je reçois immédiatement une alerte sur mon téléphone si quelqu’un met la main dessus sans rentrer d’abord mon code personnel dans le clavier de l’alarme high-tech que j’ai installée sous le siège. C’est donc rassuré sur le sort de la prunelle de mes yeux que je suis monté chez Lilian, la bouteille de soju dans la main. Sans surprise, la première sonnerie reste sans réponse, je sonne donc une deuxième fois, faisant savoir d’une voix forte que c’est moi qui suis à la porte. Je connais trop bien Lilian comme pour ne pas savoir que, s’il est capable de beaucoup de choses, me laisser à la porte n’en est pas une. Il a juste l’habitude de n’ouvrir qu’aux gens qu’il trie sur un volet très resserré.
Nikolaï M. Kolyakov
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Message  Lilian D'Eyncourt Jeu 30 Juil 2015 - 17:55

Depuis quelques jours, les problèmes qu'il tentait d'oublier refaisaient désagréablement surface. Même s'il attendait le retour de Nikolaï, Lilian ne s'y était pas vraiment préparé. Il réalisait que, trois semaines après leur non-dispute, il n'avait pas avancé. Il restait dans une impasse qui lui semblait insupportable sans qu'il pût vraiment expliquer pourquoi. Leur histoire était en pause, elle pourrait le rester longtemps. Ça ne serait pas le première fois qu'il interromprait sans combattre une relation sentimentale. Il butait sur la moindre difficulté, fuyait le conflit, et attendait le déclic ou, plus souvent, laissait le temps faire son travail. Quand le passé semblait assez proprement balayé, il revenait, prêt à tout oublier et recommencer. Il fuyait souvent, mais ce n'était pas par lâcheté. Il était simplement fataliste, il préférait ignorer les problèmes parce qu'il ne croyait pas en l'existence de solutions. On lui parlait souvent de compromis. Mais un compromis rafistolait les choses sans les réparer, et cela l'ennuyait. Lilian n'imaginait pas quitter Nikolaï. Il lui avait déjà sacrifié beaucoup, il se sentait viscéralement attaché à lui, il refusait de le laisser partir avec une autre personne. Ils avaient vécu presque quotidiennement ensemble pendant cinq mois, leur histoire avait encore la passion mais aussi l'instabilité des premiers temps. C'était bien là que tout flanchait.

Alors qu'ils se composaient un équilibre fragile, dans un couple non officiel, où la confiance ne régnait pas franchement, le jeune russe se retrouvait au centre d'une tentative d'assassinat. Il l'avait mal vécu, trop pour réussir à l'exprimer quand il l'aurait dû. Que pouvait-il faire à part dire que le savoir menacé à chaque fois qu'il sortait, à cause de ses activités criminelles, lui était pénible ? Il ne pouvait pas lui demander d'interrompre ses affaires pour lui, et ce n'était pas vraiment le problème. Il n'aimait surtout pas l'idée d'une situation qui lui échappait alors que, si Nikolaï restait avec lui, il serait en mesure de le protéger. Il n'avait peut-être rien dit le soir où son amant s'était désespéré de sa neutralité ou, plutôt, de sa consternation à la pensée de voir se tenir devant lui un homme qu'on aurait pu lui rapporter la tête explosée, mais, le soir suivant, quand il avait entendu une petite frappe s'exprimer en italien au coin d'une ruelle, il l'avait vidée de son sang jusqu'à lui en friper la peau. Et c'était effrayant. Il était en colère, plus qu'il ne l'aurait dû, ou bien c'était la colère de l'Autre qui se mêlait à la sienne. L'Autre, qui bouillonnait et frémissait à la seule idée de liquider toutes les personnes impliquées de près ou de loin à la tentative d'assassinat de Nikolaï, même ses propres complices. Mais pouvait-il vraiment avouer une chose pareille à son amant ?

Pour se donner le temps de réfléchir, pensait-il, il était entré dans le jeu de séduction d'une stagiaire en fin d'études de son entreprise et lui laissait croire à peu près n'importe quoi en passant des soirées régulières avec elle. Il ne la trouvait pas particulièrement intéressante, coucher avec elle lui apportait peu de plaisir, mais elle était une compagnie nécessaire pour soulager ses contrariétés. Elle n'était d'ailleurs pas la seule. Son passé de grand coureur sans attaches l'avait rattrapé en quelques jours. Il possédait dans son téléphone tout un répertoire destiné aux rencontres d'un soir avec lesquelles il gardait parfois un relatif contact. Presque tous les jours, il recevait un message d'un numéro différent pour savoir s'il était libre pour « boire un verre », avec l'intention que l'on savait derrière. En général, il ne répondait pas, sauf rares exceptions, pour ceux qu'il souhaitait garder sous le coude même s'il n'aurait pas envie de les revoir avant une année ou plus. Mais, forcément, avec le départ de Nikolaï, il ne s'était pas gêné pour accepter quelques rencards, si bien qu'il valait probablement mieux que son cher et tendre ne lui demande pas trop en détail la manière dont il avait occupé son temps pendant qu'il faisait il ne savait trop quoi en Corée. Dans la journée, son téléphone avait reçu cinq relances auxquelles il n'avait pas encore répondu. Franchement, il ne savait pas. C'était beaucoup moins drôle de jouer les célibataires insouciants depuis que Nikolaï était de nouveau dans la même ville que lui. Il lui manquait, ils n'avaient encore jamais été séparés plus longtemps et chaque tromperie n'était qu'un défouloir en attendant de le retrouver. Alors qu'il le savait à nouveau accessible, il ne savait pas s'il était vraiment d'humeur à faire semblant avec quelqu'un d'autre. Pourtant, il n'était pas non plus très emballé à l'idée de lui écrire pour lui demander de passer. S'il le faisait maintenant, Nikolaï serait assez remonté pour lui demander des explications. Alors que s'il attendant encore quelques semaines, il serait logiquement trop heureux de le voir revenir vers lui pour l'embêter avec de vieilles contrariétés.

Il en était à réfléchir sur la meilleure attitude à adopter, en sirotant distraitement une bouteille d'absinthe dans l'espoir d'y trouver l'inspiration qui lui manquait quand on sonna à sa porte. Il soupira sans même savoir de qui il s'agissait. Conduire la stagiaire chez lui la dernière fois avait vraiment été une idée stupide. Il l'ignorait depuis trois jours, lassé de leur aventure, et il redoutait de l'avoir derrière la porte. Elle lui avait semblé un peu trop éprise et prompte à se faire des idées sur leur « futur » à la fin. Si elle était venu le trouver directement pour la supplier de lui donner une chance en lui faisant une scène, il se jurait déjà de lui retirer assez de sang d'un coup pour lui offrir une bonne raison de dormir jusqu'au lendemain. Dans le doute, il préféra ne pas répondre, comme il ignorait de la même manière les appels téléphoniques la plupart du temps. La voix de Nikolaï le surpris. Il ne s'attendait pas vraiment à ce qu'il vienne le trouver si vite, même s'il le savait suffisamment accroché à lui pour ne pas supporter un silence radio de sa part trop longtemps. Ça le touchait sans l'arranger. Il hésita encore avant de se lever. Après tout, s'il était tout à fait disposé à vivre des retrouvailles avec son amant, il l'était moins si celui-ci désirait parler de ce qui les avait si étrangement éloignés avant son long voyage d'affaires. Heureusement, il n'avait rien perdu de son talent pour provoquer des situations parfaitement inattendues quand il redoutait les intentions de la personne face à lui. Il attrapa d'un geste vif sa tablette reliée à ses enceintes, qui diffusaient paresseusement un album d'Orchestral Manoeuvres in the Dark et lui indiqua The Angels. Là, il monta le son, et, avec une musique digne d'accueillir Nikolaï d'une manière aussi adorable que gênante et ironique, poussa le verrou de la porte pour le faire entrer. Il nota qu'il tenait une bouteille, ce qui signifiait bien qu'il venait ici dans l'espoir que tout pourrait bien se passer.