All is fair in love and war [Lilian]
2 participants
Page 1 sur 2
Page 1 sur 2 • 1, 2
All is fair in love and war [Lilian]
Si on m’avait dit un jour que ma première relation sérieuse serait avec un homme, plus âgé et tout aussi retors - probablement même plus - que moi par-dessus le marché, j’aurais ri au nez de l’idiot déblatérant une telle absurdité, et fort qui plus est. Pourtant les mois ont passé et Lilian fait toujours partie de ma vie. Pire, avec le temps écoulé, je me suis réellement attaché à lui. Dire que notre relation est fusionnelle serait se tromper complètement sur le lien qui nous unit mais force est de constater que je l’ai dans la peau, comme on dit dans ce pays. Et si le reconnaître m’arracherait la bouche, je finis par avoir des attentes en termes d’affection. Attentes que Lilian ne comprends que trop bien et avec lesquelles il aime jouer, à mon plus grand déplaisir.
Le problème étant que, pour s’ignorer, nous sommes aussi doués l’un que l’autre et que, lorsque le premier commence à titiller le second, ça peut très vite dégénérer en cercle vicieux. Comme dans le cas présent. Après ma mésaventure auprès des Siciliens, le manque d’intérêt de Lilian m’a vexé, ni plus ni moins. C’est un peu enfantin comme attitude, je vous l’accorde, mais vous comprendrez qu’après avoir été la cible d’une tentative d’assassinat, la moindre des choses serait tout de même que mon copain s’inquiète un peu pour moi. Pour autant que « copain », tout comme « petit ami » ou encore « partenaire » soient des termes for peu appropriés pour désigner Lilian. Quoiqu’il en soit, le problème reste le même : il a agi comme si de rien n’était et, pour me venger, j’ai sauté sur la première occasion de prolonger mon voyage à l’autre bout de la planète pour ne pas avoir à faire face aux dysfonctionnements de notre situation actuelle.
Sauf que si j’attends qu’il reconnaisse ses torts avant de reconnaître les miens, nous y serons encore l’année prochaine, voire dans dix ans. Par conséquent, j’ai décidé d’être adulte pour une fois et de faire le premier pas. Mes négociations réussies en Chine suivies de ma rencontre inattendue mais productive avec Boldarev m’ont mis de bonne humeur et je compte profiter de cette accalmie passagère dans mon humeur maussade de ces dernières semaines pour tenter de crever l’abcès. Et pour ça, j’ai prévu mon coup. Tout d’abord, je lui laisse l’avantage du terrain puisque j’ai l’intention d’aller le voir chez lui. Ensuite, j’ai choisi d’attaquer en début de soirée, une fois qu’il aura laissé les problèmes de la journée de côté – il ne s’agirait pas de le brusquer. Enfin, je viens enterrer la hache de guerre les mains chargées de présents. Ou plus précisément d’un présent au singulier : une bouteille de soju de qualité, alcool de riz coréen bien moins connu que le sake japonais mais tout aussi savoureux. Car si Lilian n’est pas du genre à se laisser chanter la sérénade un bouquet de fleurs dans la main, il ne dit jamais non à une bouteille de bon alcool, peu importe la provenance. Ainsi, quelle meilleure façon de me faire pardonner mon escapade en Corée qu’avec un bon alcool de là-bas ? Quoique pour me faire pardonner quoique ce soit, encore faudrait-il que Lilian reconnaisse seulement qu’il m’en veut. Et croyez-moi pour jouer les ignorants, il est plus doué que personne. Cependant, étant très loin de la perfection moi-même, je vais me retenir de commencer le jeu du pointage de doigts, sous peine de perdre.
De toute façon, je suis venu avec comme objectif de ne pas me laisser entraîner par Lilian sur d’autres sujets et d’affronter d’une fois pour toutes que, pour autant qu’on tourne tous les deux autour du pot, comme si le mot nous faisait peur, nous sommes bien en couple et il va falloir accepter les quelques compromis que cela suppose. Je ne dis bien évidemment pas que je veux annoncer au monde entier que je suis le plus heureux des hommes aux côtés de mon meeeerveilleux amant, je sais qui est Lilian et c’est parce qu’il est tel qu’il est et notamment que les relations normales ne lui vont pas, que nous nous entendons si bien. Mais le fait n’en est pas moins que, pour peu que j’attende de notre relation, j’en attends toujours plus que lui. Et soit on l’admet et on fait avec, soit je crains fort que notre histoire ne dure pas longtemps. Et franchement, ça me ferait bien chier. Je me suis habitué à sa présence à ses côtés et je n’ai nulle envie de retourner à un simple partenariat d’affaires. Sans compter que, plus prosaïquement, rarement quelqu’un m’a fait autant monter au septième ciel. Mais je m’égare.
Zigzaguant dans le trafic tardif des dernières sorties de bureau, je profite pour une fois du plaisir d’avoir enfourché ma Kawa. J’ai si rarement l’occasion de la sortir que chaque escapade sur son fuselage lustré est une jouissance à elle toute seule. Il est en effet difficile d’être crédible en tant qu’homme d’affaires et encore moins que parrain mafieux lorsqu’on se pointe à un rendez-vous en Kawasaki. La limousine est plus indiquée. Mais pour me rendre chez Lilian, rien ni personne ne m’interdira de profiter de mon bébé. Surtout que je suis habillé classe mais décontracté, c’est que je vais tenter de me rabibocher avec mon homme pas lui faire une demande en mariage. Et puis il commence sérieusement à faire trop chaud pour la chemise à col fermé. C’est donc habillé d’un jean, d’un teeshirt moulant et ma veste de moto par-dessus que je sonne à la porte après encore quelques minutes de trajet. J’ai garé ma Kawa à l’abri dans une ruelle pas trop loin, l’antivol dernier cri bien en évidence pour ôter l’envie à quiconque de me la dérober. De toute façon, je reçois immédiatement une alerte sur mon téléphone si quelqu’un met la main dessus sans rentrer d’abord mon code personnel dans le clavier de l’alarme high-tech que j’ai installée sous le siège. C’est donc rassuré sur le sort de la prunelle de mes yeux que je suis monté chez Lilian, la bouteille de soju dans la main. Sans surprise, la première sonnerie reste sans réponse, je sonne donc une deuxième fois, faisant savoir d’une voix forte que c’est moi qui suis à la porte. Je connais trop bien Lilian comme pour ne pas savoir que, s’il est capable de beaucoup de choses, me laisser à la porte n’en est pas une. Il a juste l’habitude de n’ouvrir qu’aux gens qu’il trie sur un volet très resserré.
Le problème étant que, pour s’ignorer, nous sommes aussi doués l’un que l’autre et que, lorsque le premier commence à titiller le second, ça peut très vite dégénérer en cercle vicieux. Comme dans le cas présent. Après ma mésaventure auprès des Siciliens, le manque d’intérêt de Lilian m’a vexé, ni plus ni moins. C’est un peu enfantin comme attitude, je vous l’accorde, mais vous comprendrez qu’après avoir été la cible d’une tentative d’assassinat, la moindre des choses serait tout de même que mon copain s’inquiète un peu pour moi. Pour autant que « copain », tout comme « petit ami » ou encore « partenaire » soient des termes for peu appropriés pour désigner Lilian. Quoiqu’il en soit, le problème reste le même : il a agi comme si de rien n’était et, pour me venger, j’ai sauté sur la première occasion de prolonger mon voyage à l’autre bout de la planète pour ne pas avoir à faire face aux dysfonctionnements de notre situation actuelle.
Sauf que si j’attends qu’il reconnaisse ses torts avant de reconnaître les miens, nous y serons encore l’année prochaine, voire dans dix ans. Par conséquent, j’ai décidé d’être adulte pour une fois et de faire le premier pas. Mes négociations réussies en Chine suivies de ma rencontre inattendue mais productive avec Boldarev m’ont mis de bonne humeur et je compte profiter de cette accalmie passagère dans mon humeur maussade de ces dernières semaines pour tenter de crever l’abcès. Et pour ça, j’ai prévu mon coup. Tout d’abord, je lui laisse l’avantage du terrain puisque j’ai l’intention d’aller le voir chez lui. Ensuite, j’ai choisi d’attaquer en début de soirée, une fois qu’il aura laissé les problèmes de la journée de côté – il ne s’agirait pas de le brusquer. Enfin, je viens enterrer la hache de guerre les mains chargées de présents. Ou plus précisément d’un présent au singulier : une bouteille de soju de qualité, alcool de riz coréen bien moins connu que le sake japonais mais tout aussi savoureux. Car si Lilian n’est pas du genre à se laisser chanter la sérénade un bouquet de fleurs dans la main, il ne dit jamais non à une bouteille de bon alcool, peu importe la provenance. Ainsi, quelle meilleure façon de me faire pardonner mon escapade en Corée qu’avec un bon alcool de là-bas ? Quoique pour me faire pardonner quoique ce soit, encore faudrait-il que Lilian reconnaisse seulement qu’il m’en veut. Et croyez-moi pour jouer les ignorants, il est plus doué que personne. Cependant, étant très loin de la perfection moi-même, je vais me retenir de commencer le jeu du pointage de doigts, sous peine de perdre.
De toute façon, je suis venu avec comme objectif de ne pas me laisser entraîner par Lilian sur d’autres sujets et d’affronter d’une fois pour toutes que, pour autant qu’on tourne tous les deux autour du pot, comme si le mot nous faisait peur, nous sommes bien en couple et il va falloir accepter les quelques compromis que cela suppose. Je ne dis bien évidemment pas que je veux annoncer au monde entier que je suis le plus heureux des hommes aux côtés de mon meeeerveilleux amant, je sais qui est Lilian et c’est parce qu’il est tel qu’il est et notamment que les relations normales ne lui vont pas, que nous nous entendons si bien. Mais le fait n’en est pas moins que, pour peu que j’attende de notre relation, j’en attends toujours plus que lui. Et soit on l’admet et on fait avec, soit je crains fort que notre histoire ne dure pas longtemps. Et franchement, ça me ferait bien chier. Je me suis habitué à sa présence à ses côtés et je n’ai nulle envie de retourner à un simple partenariat d’affaires. Sans compter que, plus prosaïquement, rarement quelqu’un m’a fait autant monter au septième ciel. Mais je m’égare.
Zigzaguant dans le trafic tardif des dernières sorties de bureau, je profite pour une fois du plaisir d’avoir enfourché ma Kawa. J’ai si rarement l’occasion de la sortir que chaque escapade sur son fuselage lustré est une jouissance à elle toute seule. Il est en effet difficile d’être crédible en tant qu’homme d’affaires et encore moins que parrain mafieux lorsqu’on se pointe à un rendez-vous en Kawasaki. La limousine est plus indiquée. Mais pour me rendre chez Lilian, rien ni personne ne m’interdira de profiter de mon bébé. Surtout que je suis habillé classe mais décontracté, c’est que je vais tenter de me rabibocher avec mon homme pas lui faire une demande en mariage. Et puis il commence sérieusement à faire trop chaud pour la chemise à col fermé. C’est donc habillé d’un jean, d’un teeshirt moulant et ma veste de moto par-dessus que je sonne à la porte après encore quelques minutes de trajet. J’ai garé ma Kawa à l’abri dans une ruelle pas trop loin, l’antivol dernier cri bien en évidence pour ôter l’envie à quiconque de me la dérober. De toute façon, je reçois immédiatement une alerte sur mon téléphone si quelqu’un met la main dessus sans rentrer d’abord mon code personnel dans le clavier de l’alarme high-tech que j’ai installée sous le siège. C’est donc rassuré sur le sort de la prunelle de mes yeux que je suis monté chez Lilian, la bouteille de soju dans la main. Sans surprise, la première sonnerie reste sans réponse, je sonne donc une deuxième fois, faisant savoir d’une voix forte que c’est moi qui suis à la porte. Je connais trop bien Lilian comme pour ne pas savoir que, s’il est capable de beaucoup de choses, me laisser à la porte n’en est pas une. Il a juste l’habitude de n’ouvrir qu’aux gens qu’il trie sur un volet très resserré.
Nikolaï M. Kolyakov- Messages : 297
Date d'inscription : 18/04/2015
Localisation : New-York (la plupart du temps)
Feuille de personnage
Pouvoirs:
Informations:
Re: All is fair in love and war [Lilian]
Depuis quelques jours, les problèmes qu'il tentait d'oublier refaisaient désagréablement surface. Même s'il attendait le retour de Nikolaï, Lilian ne s'y était pas vraiment préparé. Il réalisait que, trois semaines après leur non-dispute, il n'avait pas avancé. Il restait dans une impasse qui lui semblait insupportable sans qu'il pût vraiment expliquer pourquoi. Leur histoire était en pause, elle pourrait le rester longtemps. Ça ne serait pas le première fois qu'il interromprait sans combattre une relation sentimentale. Il butait sur la moindre difficulté, fuyait le conflit, et attendait le déclic ou, plus souvent, laissait le temps faire son travail. Quand le passé semblait assez proprement balayé, il revenait, prêt à tout oublier et recommencer. Il fuyait souvent, mais ce n'était pas par lâcheté. Il était simplement fataliste, il préférait ignorer les problèmes parce qu'il ne croyait pas en l'existence de solutions. On lui parlait souvent de compromis. Mais un compromis rafistolait les choses sans les réparer, et cela l'ennuyait. Lilian n'imaginait pas quitter Nikolaï. Il lui avait déjà sacrifié beaucoup, il se sentait viscéralement attaché à lui, il refusait de le laisser partir avec une autre personne. Ils avaient vécu presque quotidiennement ensemble pendant cinq mois, leur histoire avait encore la passion mais aussi l'instabilité des premiers temps. C'était bien là que tout flanchait.
Alors qu'ils se composaient un équilibre fragile, dans un couple non officiel, où la confiance ne régnait pas franchement, le jeune russe se retrouvait au centre d'une tentative d'assassinat. Il l'avait mal vécu, trop pour réussir à l'exprimer quand il l'aurait dû. Que pouvait-il faire à part dire que le savoir menacé à chaque fois qu'il sortait, à cause de ses activités criminelles, lui était pénible ? Il ne pouvait pas lui demander d'interrompre ses affaires pour lui, et ce n'était pas vraiment le problème. Il n'aimait surtout pas l'idée d'une situation qui lui échappait alors que, si Nikolaï restait avec lui, il serait en mesure de le protéger. Il n'avait peut-être rien dit le soir où son amant s'était désespéré de sa neutralité ou, plutôt, de sa consternation à la pensée de voir se tenir devant lui un homme qu'on aurait pu lui rapporter la tête explosée, mais, le soir suivant, quand il avait entendu une petite frappe s'exprimer en italien au coin d'une ruelle, il l'avait vidée de son sang jusqu'à lui en friper la peau. Et c'était effrayant. Il était en colère, plus qu'il ne l'aurait dû, ou bien c'était la colère de l'Autre qui se mêlait à la sienne. L'Autre, qui bouillonnait et frémissait à la seule idée de liquider toutes les personnes impliquées de près ou de loin à la tentative d'assassinat de Nikolaï, même ses propres complices. Mais pouvait-il vraiment avouer une chose pareille à son amant ?
Pour se donner le temps de réfléchir, pensait-il, il était entré dans le jeu de séduction d'une stagiaire en fin d'études de son entreprise et lui laissait croire à peu près n'importe quoi en passant des soirées régulières avec elle. Il ne la trouvait pas particulièrement intéressante, coucher avec elle lui apportait peu de plaisir, mais elle était une compagnie nécessaire pour soulager ses contrariétés. Elle n'était d'ailleurs pas la seule. Son passé de grand coureur sans attaches l'avait rattrapé en quelques jours. Il possédait dans son téléphone tout un répertoire destiné aux rencontres d'un soir avec lesquelles il gardait parfois un relatif contact. Presque tous les jours, il recevait un message d'un numéro différent pour savoir s'il était libre pour « boire un verre », avec l'intention que l'on savait derrière. En général, il ne répondait pas, sauf rares exceptions, pour ceux qu'il souhaitait garder sous le coude même s'il n'aurait pas envie de les revoir avant une année ou plus. Mais, forcément, avec le départ de Nikolaï, il ne s'était pas gêné pour accepter quelques rencards, si bien qu'il valait probablement mieux que son cher et tendre ne lui demande pas trop en détail la manière dont il avait occupé son temps pendant qu'il faisait il ne savait trop quoi en Corée. Dans la journée, son téléphone avait reçu cinq relances auxquelles il n'avait pas encore répondu. Franchement, il ne savait pas. C'était beaucoup moins drôle de jouer les célibataires insouciants depuis que Nikolaï était de nouveau dans la même ville que lui. Il lui manquait, ils n'avaient encore jamais été séparés plus longtemps et chaque tromperie n'était qu'un défouloir en attendant de le retrouver. Alors qu'il le savait à nouveau accessible, il ne savait pas s'il était vraiment d'humeur à faire semblant avec quelqu'un d'autre. Pourtant, il n'était pas non plus très emballé à l'idée de lui écrire pour lui demander de passer. S'il le faisait maintenant, Nikolaï serait assez remonté pour lui demander des explications. Alors que s'il attendant encore quelques semaines, il serait logiquement trop heureux de le voir revenir vers lui pour l'embêter avec de vieilles contrariétés.
Il en était à réfléchir sur la meilleure attitude à adopter, en sirotant distraitement une bouteille d'absinthe dans l'espoir d'y trouver l'inspiration qui lui manquait quand on sonna à sa porte. Il soupira sans même savoir de qui il s'agissait. Conduire la stagiaire chez lui la dernière fois avait vraiment été une idée stupide. Il l'ignorait depuis trois jours, lassé de leur aventure, et il redoutait de l'avoir derrière la porte. Elle lui avait semblé un peu trop éprise et prompte à se faire des idées sur leur « futur » à la fin. Si elle était venu le trouver directement pour la supplier de lui donner une chance en lui faisant une scène, il se jurait déjà de lui retirer assez de sang d'un coup pour lui offrir une bonne raison de dormir jusqu'au lendemain. Dans le doute, il préféra ne pas répondre, comme il ignorait de la même manière les appels téléphoniques la plupart du temps. La voix de Nikolaï le surpris. Il ne s'attendait pas vraiment à ce qu'il vienne le trouver si vite, même s'il le savait suffisamment accroché à lui pour ne pas supporter un silence radio de sa part trop longtemps. Ça le touchait sans l'arranger. Il hésita encore avant de se lever. Après tout, s'il était tout à fait disposé à vivre des retrouvailles avec son amant, il l'était moins si celui-ci désirait parler de ce qui les avait si étrangement éloignés avant son long voyage d'affaires. Heureusement, il n'avait rien perdu de son talent pour provoquer des situations parfaitement inattendues quand il redoutait les intentions de la personne face à lui. Il attrapa d'un geste vif sa tablette reliée à ses enceintes, qui diffusaient paresseusement un album d'Orchestral Manoeuvres in the Dark et lui indiqua The Angels. Là, il monta le son, et, avec une musique digne d'accueillir Nikolaï d'une manière aussi adorable que gênante et ironique, poussa le verrou de la porte pour le faire entrer. Il nota qu'il tenait une bouteille, ce qui signifiait bien qu'il venait ici dans l'espoir que tout pourrait bien se passer.
Alors qu'ils se composaient un équilibre fragile, dans un couple non officiel, où la confiance ne régnait pas franchement, le jeune russe se retrouvait au centre d'une tentative d'assassinat. Il l'avait mal vécu, trop pour réussir à l'exprimer quand il l'aurait dû. Que pouvait-il faire à part dire que le savoir menacé à chaque fois qu'il sortait, à cause de ses activités criminelles, lui était pénible ? Il ne pouvait pas lui demander d'interrompre ses affaires pour lui, et ce n'était pas vraiment le problème. Il n'aimait surtout pas l'idée d'une situation qui lui échappait alors que, si Nikolaï restait avec lui, il serait en mesure de le protéger. Il n'avait peut-être rien dit le soir où son amant s'était désespéré de sa neutralité ou, plutôt, de sa consternation à la pensée de voir se tenir devant lui un homme qu'on aurait pu lui rapporter la tête explosée, mais, le soir suivant, quand il avait entendu une petite frappe s'exprimer en italien au coin d'une ruelle, il l'avait vidée de son sang jusqu'à lui en friper la peau. Et c'était effrayant. Il était en colère, plus qu'il ne l'aurait dû, ou bien c'était la colère de l'Autre qui se mêlait à la sienne. L'Autre, qui bouillonnait et frémissait à la seule idée de liquider toutes les personnes impliquées de près ou de loin à la tentative d'assassinat de Nikolaï, même ses propres complices. Mais pouvait-il vraiment avouer une chose pareille à son amant ?
Pour se donner le temps de réfléchir, pensait-il, il était entré dans le jeu de séduction d'une stagiaire en fin d'études de son entreprise et lui laissait croire à peu près n'importe quoi en passant des soirées régulières avec elle. Il ne la trouvait pas particulièrement intéressante, coucher avec elle lui apportait peu de plaisir, mais elle était une compagnie nécessaire pour soulager ses contrariétés. Elle n'était d'ailleurs pas la seule. Son passé de grand coureur sans attaches l'avait rattrapé en quelques jours. Il possédait dans son téléphone tout un répertoire destiné aux rencontres d'un soir avec lesquelles il gardait parfois un relatif contact. Presque tous les jours, il recevait un message d'un numéro différent pour savoir s'il était libre pour « boire un verre », avec l'intention que l'on savait derrière. En général, il ne répondait pas, sauf rares exceptions, pour ceux qu'il souhaitait garder sous le coude même s'il n'aurait pas envie de les revoir avant une année ou plus. Mais, forcément, avec le départ de Nikolaï, il ne s'était pas gêné pour accepter quelques rencards, si bien qu'il valait probablement mieux que son cher et tendre ne lui demande pas trop en détail la manière dont il avait occupé son temps pendant qu'il faisait il ne savait trop quoi en Corée. Dans la journée, son téléphone avait reçu cinq relances auxquelles il n'avait pas encore répondu. Franchement, il ne savait pas. C'était beaucoup moins drôle de jouer les célibataires insouciants depuis que Nikolaï était de nouveau dans la même ville que lui. Il lui manquait, ils n'avaient encore jamais été séparés plus longtemps et chaque tromperie n'était qu'un défouloir en attendant de le retrouver. Alors qu'il le savait à nouveau accessible, il ne savait pas s'il était vraiment d'humeur à faire semblant avec quelqu'un d'autre. Pourtant, il n'était pas non plus très emballé à l'idée de lui écrire pour lui demander de passer. S'il le faisait maintenant, Nikolaï serait assez remonté pour lui demander des explications. Alors que s'il attendant encore quelques semaines, il serait logiquement trop heureux de le voir revenir vers lui pour l'embêter avec de vieilles contrariétés.
Il en était à réfléchir sur la meilleure attitude à adopter, en sirotant distraitement une bouteille d'absinthe dans l'espoir d'y trouver l'inspiration qui lui manquait quand on sonna à sa porte. Il soupira sans même savoir de qui il s'agissait. Conduire la stagiaire chez lui la dernière fois avait vraiment été une idée stupide. Il l'ignorait depuis trois jours, lassé de leur aventure, et il redoutait de l'avoir derrière la porte. Elle lui avait semblé un peu trop éprise et prompte à se faire des idées sur leur « futur » à la fin. Si elle était venu le trouver directement pour la supplier de lui donner une chance en lui faisant une scène, il se jurait déjà de lui retirer assez de sang d'un coup pour lui offrir une bonne raison de dormir jusqu'au lendemain. Dans le doute, il préféra ne pas répondre, comme il ignorait de la même manière les appels téléphoniques la plupart du temps. La voix de Nikolaï le surpris. Il ne s'attendait pas vraiment à ce qu'il vienne le trouver si vite, même s'il le savait suffisamment accroché à lui pour ne pas supporter un silence radio de sa part trop longtemps. Ça le touchait sans l'arranger. Il hésita encore avant de se lever. Après tout, s'il était tout à fait disposé à vivre des retrouvailles avec son amant, il l'était moins si celui-ci désirait parler de ce qui les avait si étrangement éloignés avant son long voyage d'affaires. Heureusement, il n'avait rien perdu de son talent pour provoquer des situations parfaitement inattendues quand il redoutait les intentions de la personne face à lui. Il attrapa d'un geste vif sa tablette reliée à ses enceintes, qui diffusaient paresseusement un album d'Orchestral Manoeuvres in the Dark et lui indiqua The Angels. Là, il monta le son, et, avec une musique digne d'accueillir Nikolaï d'une manière aussi adorable que gênante et ironique, poussa le verrou de la porte pour le faire entrer. Il nota qu'il tenait une bouteille, ce qui signifiait bien qu'il venait ici dans l'espoir que tout pourrait bien se passer.
Lilian D'Eyncourt- Messages : 90
Date d'inscription : 31/03/2015
Feuille de personnage
Pouvoirs:
Informations:
Re: All is fair in love and war [Lilian]
Lorsque la porte s’ouvre et que Lilian apparaît dans l’embrasure de la porte, l’ombre d’un sourire apparaît sur mes lèvres pour disparaître aussitôt lorsqu’il prétend m’avoir attendu. Je ne sais pas non plus quoi penser de son choix de playlist. D’un côté, je suis forcé de reconnaître qu’une partie de moi est amusée par la situation. De l’autre, je refuse de le laisser marquer le tempo dès les premières secondes de notre rencontre. Pourtant, lorsque ses lèvres s’emparent presque brutalement des miennes, comme pour chercher à rassasier une soif longtemps refoulée, je me laisse emporter malgré moi.
Le tourbillon de sentiments qui s’empare de moi en sa présence est toujours aussi fort que lors de nos premiers rendez-vous et il m’en faudrait peu pour oublier complètement l’objet de ma visite. Je fréquente néanmoins depuis suffisamment longtemps Lilian pour reprendre mes esprits et mettre fin à notre embrassade avant que le besoin d’air ne nous y oblige. J’entre ensuite dans l’appartement, remarquant immédiatement la présence d’une bouteille d’absinthe à demi-entamée sur la table basse. L’idée qu’il puisse être déjà à moitié éméché m’effleure l’esprit mais l’absence de relents d’alcool dans son haleine me rassure sur la question. S’il a sans aucun doute bu, il est probablement encore en possession de la majorité de ses capacités mentales. Capacités dont il aura besoin s’il accepte de me suivre sur les sentiers tortueux et dangereux où je veux l’emmener. Cependant, quelque chose me dit que, pour y arriver, je vais devoir faire preuve de persuasion, voire même probablement de ruse. En attendant, je m’installe sur le sofa, pose la bouteille de soju à côté de celle d’absinthe et lance les hostilités à mon tour avec un sourire mi-figue mi-raisin.
-Alors comme ça, je t’aurais manqué ?
Indiquant la bouteille d’un geste de la maison, je poursuis.
-C’est un petit geste mais j’espère pouvoir me faire ainsi pardonner. C’est une des meilleures marques qui soit. Tu m’en diras des nouvelles.
Laissant mon regard se balader dans la pièce, je m’imprègne de l’atmosphère si particulière de l’appartement. Un mélange de studio d’artiste d’avant-garde, loft de businessman et garçonnière à l’ancienne qui met aussi mal à l’aise qu’il intrigue. Un peu comme son propriétaire en fait. A chaque fois que vous pensez l’avoir cerné, il se fait un plaisir de vous présenter une nouvelle facette de lui-même, bien souvent dans le simple but de vous contrarier. Deux peuvent néanmoins jouer à ce jeu-là. Pour l’instant, je décide cependant de tâter quelque peu le terrain pour chercher les failles avant de lancer l’assaut décisif.
-Ai-je manqué l’événement du siècle pendant ces quelques jours à l’étranger ?
La question est quelque peu rhétorique - si quoique ce soit de réellement important avait eu lieu, Dimitri se serait empressé de me le rapporter dès l’instant où j’ai posé le pied sur le territoire américain- mais c’est une façon comme une autre de lance la conversation. Je pourrais tout aussi bien attaquer directement sur le sujet qui nous concerne réellement mais, si j’ai appris une chose au contact de Lilian ces derniers mois, c’est que la tactique la plus directe n’est jamais la plus efficace avec lui. Il faut aborder le problème par la tangente, comme si de rien n’était, en lui laissant toujours une échappatoire. Avant de refermer progressivement le piège sur lui jusqu’à ce qu’il n’ait d’autre option que d’y faire face ou de vous laisser gagner. Cela demande de la patience et pas qu’un peu de doigté mais j’ai eu le temps de perfectionner ma technique.
L’inconvénient majeur repose néanmoins sur l’instabilité de son caractère et la volatilité de ses émotions lorsqu’il se sent acculé. Il faut alors être prêt à tout. Mais je préfère encore qu’il me saute à la gorge que de devoir supporter un instant de plus ce silence pesant qui s’est subrepticement infiltré entre nous. Un silence d’autant plus vicieux qu’aucune conversation bégnine n’est capable de le combler. Tant que l’abcès ne sera pas crevé, rien n’y fera : nous ne ferons que nous éloigner un peu plus l’un de l’autre au fil des jours. Jusqu’à ce que la distance entre nous soit si grande qu’aucun de nous deux ne soit plus prêt à faire l’effort nécessaire pour rejoindre l’autre. Une issue fataliste dans laquelle je veux absolument éviter de tomber. Mais pour cela je dois laisser l’initiative à Lilian. Ou plutôt je dois attendre de voir sur quel pied il décide de danser ce soir pour prendre le contre-pied et l’acculer dos au mur. Physiquement s’il le faut. C’est que, s’il y a bien une chose que je déteste par-dessus tout, c'est être ignoré. Encore plus par l’homme qui prétend être mon amant.
Le tourbillon de sentiments qui s’empare de moi en sa présence est toujours aussi fort que lors de nos premiers rendez-vous et il m’en faudrait peu pour oublier complètement l’objet de ma visite. Je fréquente néanmoins depuis suffisamment longtemps Lilian pour reprendre mes esprits et mettre fin à notre embrassade avant que le besoin d’air ne nous y oblige. J’entre ensuite dans l’appartement, remarquant immédiatement la présence d’une bouteille d’absinthe à demi-entamée sur la table basse. L’idée qu’il puisse être déjà à moitié éméché m’effleure l’esprit mais l’absence de relents d’alcool dans son haleine me rassure sur la question. S’il a sans aucun doute bu, il est probablement encore en possession de la majorité de ses capacités mentales. Capacités dont il aura besoin s’il accepte de me suivre sur les sentiers tortueux et dangereux où je veux l’emmener. Cependant, quelque chose me dit que, pour y arriver, je vais devoir faire preuve de persuasion, voire même probablement de ruse. En attendant, je m’installe sur le sofa, pose la bouteille de soju à côté de celle d’absinthe et lance les hostilités à mon tour avec un sourire mi-figue mi-raisin.
-Alors comme ça, je t’aurais manqué ?
Indiquant la bouteille d’un geste de la maison, je poursuis.
-C’est un petit geste mais j’espère pouvoir me faire ainsi pardonner. C’est une des meilleures marques qui soit. Tu m’en diras des nouvelles.
Laissant mon regard se balader dans la pièce, je m’imprègne de l’atmosphère si particulière de l’appartement. Un mélange de studio d’artiste d’avant-garde, loft de businessman et garçonnière à l’ancienne qui met aussi mal à l’aise qu’il intrigue. Un peu comme son propriétaire en fait. A chaque fois que vous pensez l’avoir cerné, il se fait un plaisir de vous présenter une nouvelle facette de lui-même, bien souvent dans le simple but de vous contrarier. Deux peuvent néanmoins jouer à ce jeu-là. Pour l’instant, je décide cependant de tâter quelque peu le terrain pour chercher les failles avant de lancer l’assaut décisif.
-Ai-je manqué l’événement du siècle pendant ces quelques jours à l’étranger ?
La question est quelque peu rhétorique - si quoique ce soit de réellement important avait eu lieu, Dimitri se serait empressé de me le rapporter dès l’instant où j’ai posé le pied sur le territoire américain- mais c’est une façon comme une autre de lance la conversation. Je pourrais tout aussi bien attaquer directement sur le sujet qui nous concerne réellement mais, si j’ai appris une chose au contact de Lilian ces derniers mois, c’est que la tactique la plus directe n’est jamais la plus efficace avec lui. Il faut aborder le problème par la tangente, comme si de rien n’était, en lui laissant toujours une échappatoire. Avant de refermer progressivement le piège sur lui jusqu’à ce qu’il n’ait d’autre option que d’y faire face ou de vous laisser gagner. Cela demande de la patience et pas qu’un peu de doigté mais j’ai eu le temps de perfectionner ma technique.
L’inconvénient majeur repose néanmoins sur l’instabilité de son caractère et la volatilité de ses émotions lorsqu’il se sent acculé. Il faut alors être prêt à tout. Mais je préfère encore qu’il me saute à la gorge que de devoir supporter un instant de plus ce silence pesant qui s’est subrepticement infiltré entre nous. Un silence d’autant plus vicieux qu’aucune conversation bégnine n’est capable de le combler. Tant que l’abcès ne sera pas crevé, rien n’y fera : nous ne ferons que nous éloigner un peu plus l’un de l’autre au fil des jours. Jusqu’à ce que la distance entre nous soit si grande qu’aucun de nous deux ne soit plus prêt à faire l’effort nécessaire pour rejoindre l’autre. Une issue fataliste dans laquelle je veux absolument éviter de tomber. Mais pour cela je dois laisser l’initiative à Lilian. Ou plutôt je dois attendre de voir sur quel pied il décide de danser ce soir pour prendre le contre-pied et l’acculer dos au mur. Physiquement s’il le faut. C’est que, s’il y a bien une chose que je déteste par-dessus tout, c'est être ignoré. Encore plus par l’homme qui prétend être mon amant.
Nikolaï M. Kolyakov- Messages : 297
Date d'inscription : 18/04/2015
Localisation : New-York (la plupart du temps)
Feuille de personnage
Pouvoirs:
Informations:
Re: All is fair in love and war [Lilian]
Comme Nikolaï ne le repoussa pas et lui rendit son baiser, il eut le vague espoir de pouvoir esquiver la discussion avec lui. La ruse fonctionnait parfois. Il savait comment attirer son amant à lui pour lui faire passer l'idée d'avoir un face à face sérieux sur l'état de leur relation. Malheureusement, il faut croire que leur distance forcée ces dernières semaines lui a permis reprendre une certaine maîtrise de son désir puisqu'il refuse de s'abandonner dans ses bras et va s'installer sur le canapé. L'expression de son visage ne trompe pas Lilian sur ses intentions, il est plus fermé. Sa tension artérielle est assez crispée aussi. Nikolaï n'est clairement pas disposé à vivre des retrouvailles passionnées ou, en tout cas, ça ne sera pas pour tout de suite. Lilian ne s'en étonna pas vraiment. Il s'était si bien préparé à cette éventualité qu'il avait tout fait pour la retarder. Mais le russe se tenait devant lui, et il faudrait bien trouver une solution pour sauver leur relation s'il voulait absolument revenir sur le malentendu qui les déchirait. Nikolaï chercha à marquer le terrain en lui demandant avec une pointe d'ironie s'il lui avait manqué. Il s'installa à côté de lui, et lui rendit un sourire à moitié faux. Bien sûr, son compagnon savait d'avance que reconnaître ouvertement cette vérité lui arracherait la langue.
– Disons que tu aurais pu te manifester plus tôt, mais j'apprécie le geste. Même si je ne sais pas comment je dois prendre l'impression d'être ce genre d'homme qu'on achète avec de l'alcool.
Il attrapa la bouteille et la fit tourner dans ses mains sans la lire vraiment pendant que Nikolaï examinait la pièce du regard, peut-être à la recherche d'affaires oubliées par une aventure de passage. Mais il n'y avait rien de très coupable à trouver, si ce n'était la marque évidente d'un laisser-aller. Si Lilian n'était pas désordonné, il recevait beaucoup trop de courriers, de livres, de magazines chaque jour pour être un as du rangement. Il fallait bien traiter tous ces papiers, et le faire le plus rapidement possible imposait un certain chaos. Rien d'assez dramatique cependant pour passer à côté du luxe de l'intérieur. La pièce principale était très vaste, et rassemblait tout à la fois cuisine, salle à manger et salon. Les habituelles piles de revues traînaient sur le tapis rouge et blanc de légère inspiration orientale et sur le plancher lambrissé en bois d'ébène. Mais le courrier n'avait pas été ouvert, des bouteilles vides s'empilaient sur le bar, la cendre sur la table de marbre noir et même des vêtements sur un canapé, comme s'il n'avait fait que passer en coup de vent tout au long de la semaine, fuyant sous le regard mélancolique et gris des légendes de la new-wave accrochées sur ses murs blancs. La situation le rendait un peu nerveux. Il finit par hausser les épaules et ouvrir le soju pour inhaler un peu de son contenu parfumé. Voyant qu'il ne se montrait pas très bavard, Nikolaï essaya de relancer la conversation en lui demandant ce qu'il avait manqué. Sa question avait quelque chose de franchement irritant. Il l'avait laissé seul, sans nouvelles, plus de deux semaines, et il osait jouer les désinvolte. Lilian n'ignorait pas qu'il essayait de le piquer pour le forcer à faire éclater sa contrariété mais, par pur esprit de contradiction, il refusait de lui donner satisfaction.
– Tu sais bien que tu as bien plus passionnant à me raconter que moi alors, puisque nous ne sommes qu'entre nous, je crois que tu peux m'épargner cette politesse. Tu étais en Corée du Sud pendant que je renouais avec mes habitudes de célibataire. Je ne pense pas avoir accompli des choses très mémorables pour ce siècle avec ce genre de routine.
Il se releva paresseusement pour aller vider le cendrier, ranger l'absinthe et leur rapporter deux verres, signe que Nikolaï restait le bienvenu même si son attitude était assez clairement boudeuse. Il retournait dans le rôle glacial qui avait provoqué leur séparation compliquée le mois dernier et il était bien conscient de ne pas du tout adopter la bonne stratégie pour inciter son amant à rester si, du moins, il pouvait toujours dire qu'il s'agissait de son compagnon. Au fond de lui, il savait qu'il ne le laisserait pas partir une seconde fois. Il était revenu de lui-même, il ne pouvait pas le négliger encore et le perdre définitivement en brisant son orgueil. De son côté, ce n'était pas spécialement une question de fierté. Il savait faire de longs et beaux discours pour que l'on reste attaché à lui. Mais là, il n'y arrivait tout simplement pas. Il se sentait profondément contrarié, il ne savait pas vraiment s'il avait envie d'étrangler Nikolaï ou de le serrer dans ses bras pour s'assurer qu'il était bien là et ne disparaîtrait pas d'une manière ou d'une autre. C'était la confusion totale. Il pouvait parler maintenant, rassurer Nikolaï, lui murmurer ce qu'il avait envie d'entendre et un bout de la vérité, lui dire qu'il lui avait manqué, qu'il avait eu peur pour lui, qu'il craignait d'être trop attaché à lui pour supporter l'idée de sa mort, mais ça ne lui semblait pas suffisant. Ça ne réglait pas le conflit intérieur qu'il éprouvait au fond de lui.
– Disons que tu aurais pu te manifester plus tôt, mais j'apprécie le geste. Même si je ne sais pas comment je dois prendre l'impression d'être ce genre d'homme qu'on achète avec de l'alcool.
Il attrapa la bouteille et la fit tourner dans ses mains sans la lire vraiment pendant que Nikolaï examinait la pièce du regard, peut-être à la recherche d'affaires oubliées par une aventure de passage. Mais il n'y avait rien de très coupable à trouver, si ce n'était la marque évidente d'un laisser-aller. Si Lilian n'était pas désordonné, il recevait beaucoup trop de courriers, de livres, de magazines chaque jour pour être un as du rangement. Il fallait bien traiter tous ces papiers, et le faire le plus rapidement possible imposait un certain chaos. Rien d'assez dramatique cependant pour passer à côté du luxe de l'intérieur. La pièce principale était très vaste, et rassemblait tout à la fois cuisine, salle à manger et salon. Les habituelles piles de revues traînaient sur le tapis rouge et blanc de légère inspiration orientale et sur le plancher lambrissé en bois d'ébène. Mais le courrier n'avait pas été ouvert, des bouteilles vides s'empilaient sur le bar, la cendre sur la table de marbre noir et même des vêtements sur un canapé, comme s'il n'avait fait que passer en coup de vent tout au long de la semaine, fuyant sous le regard mélancolique et gris des légendes de la new-wave accrochées sur ses murs blancs. La situation le rendait un peu nerveux. Il finit par hausser les épaules et ouvrir le soju pour inhaler un peu de son contenu parfumé. Voyant qu'il ne se montrait pas très bavard, Nikolaï essaya de relancer la conversation en lui demandant ce qu'il avait manqué. Sa question avait quelque chose de franchement irritant. Il l'avait laissé seul, sans nouvelles, plus de deux semaines, et il osait jouer les désinvolte. Lilian n'ignorait pas qu'il essayait de le piquer pour le forcer à faire éclater sa contrariété mais, par pur esprit de contradiction, il refusait de lui donner satisfaction.
– Tu sais bien que tu as bien plus passionnant à me raconter que moi alors, puisque nous ne sommes qu'entre nous, je crois que tu peux m'épargner cette politesse. Tu étais en Corée du Sud pendant que je renouais avec mes habitudes de célibataire. Je ne pense pas avoir accompli des choses très mémorables pour ce siècle avec ce genre de routine.
Il se releva paresseusement pour aller vider le cendrier, ranger l'absinthe et leur rapporter deux verres, signe que Nikolaï restait le bienvenu même si son attitude était assez clairement boudeuse. Il retournait dans le rôle glacial qui avait provoqué leur séparation compliquée le mois dernier et il était bien conscient de ne pas du tout adopter la bonne stratégie pour inciter son amant à rester si, du moins, il pouvait toujours dire qu'il s'agissait de son compagnon. Au fond de lui, il savait qu'il ne le laisserait pas partir une seconde fois. Il était revenu de lui-même, il ne pouvait pas le négliger encore et le perdre définitivement en brisant son orgueil. De son côté, ce n'était pas spécialement une question de fierté. Il savait faire de longs et beaux discours pour que l'on reste attaché à lui. Mais là, il n'y arrivait tout simplement pas. Il se sentait profondément contrarié, il ne savait pas vraiment s'il avait envie d'étrangler Nikolaï ou de le serrer dans ses bras pour s'assurer qu'il était bien là et ne disparaîtrait pas d'une manière ou d'une autre. C'était la confusion totale. Il pouvait parler maintenant, rassurer Nikolaï, lui murmurer ce qu'il avait envie d'entendre et un bout de la vérité, lui dire qu'il lui avait manqué, qu'il avait eu peur pour lui, qu'il craignait d'être trop attaché à lui pour supporter l'idée de sa mort, mais ça ne lui semblait pas suffisant. Ça ne réglait pas le conflit intérieur qu'il éprouvait au fond de lui.
Dernière édition par Lilian D'Eyncourt le Mer 18 Nov 2015 - 18:39, édité 1 fois
Lilian D'Eyncourt- Messages : 90
Date d'inscription : 31/03/2015
Feuille de personnage
Pouvoirs:
Informations:
Re: All is fair in love and war [Lilian]
Les discussions avec Lilian me donnent parfois l’impression d’être des combats de lutte. Il faut observer l’adversaire, feinter, attendre la faille et lorsqu’on l’aperçoit s’y engouffrer sans attendre. Et si on a le malheur de mal calculer son coup, la contrattaque est toujours féroce. Ainsi, j’ai tenté la provocation facile et l’indifférence feinte teintée d’une dose de reproche avec laquelle il me répond sonne comme un semi-échec. Ce n’est pas encore aujourd’hui qu’il me facilitera la tâche en y mettant du sien. Il est bien décidé à me laisser faire tous les efforts. Je retente donc ma chance sur le même ton que le sien – celui de la désinvolture affectée – mais, comme s’il se vexait que je puisse user de ses propres tactiques contre lui, voici qu’il me renvoie une fois de plus dans les choux. Pourtant l’arrière-goût d’agacement qui suinte de ses paroles me laisse espérer que, derrière sa froideur, il n’est pas si calme qu’il voudrait le paraître. J’irais même jusqu’à dire que mon absence imprévue l’a réellement contrarié. Pour un peu, si l’expression n’était particulièrement mal choisie pour un homme de son âge, on pourrait croire qu’il boude.
Tandis qu’il dépose les verres, je m’empare de la bouteille et nous sert tous les deux. Dans d’autres circonstances, j’aurais proposé un toast quelconque mais l’atmosphère n’est pas aux fausses réjouissances. La présence de l’éléphant dans la pièce continue de se faire amèrement sentir et pourtant, avec un relent de jalousie malvenue, c’est sur l’expression de « renouer avec mes habitudes de célibataires » que je décide de rebondir. Car l’idée même qu’il ait pu aller voir ailleurs m’irrite au plus haut point. Pourtant à aucun moment une clause de fidélité n’est venue s’ajouter aux règles floues de notre arrangement. Je savais à qui je me liais en décidant de mêler ma vie sentimentale à celle du sulfureux Britannique. Sauf que force est de constater que, depuis notre « officialisation », aucun membre des deux sexes n’a attiré mon attention. Mon regard a pu être attiré par une plastique flatteuse mais rien qui ne me détourne durablement de Lilian. Tout le contraire même, mes conquêtes précédentes me paraissent soudain bien fades comparées à l’inconnu perpétuel que représente ma relation avec le journaliste.
-Dois-je m’inquiéter de tes habitudes de célibataire ?
Mon ton est neutre mais, même moi, je suis incapable de ne pas entendre la tension qui le sous-tend. Néanmoins, comme si j’avais peur de la réponse – et c’est peut-être bien vrai dans le fond – je ne lui laisse pas l’occasion de répondre, enchaînant sur le véritable nœud du problème puisqu’il ne semble pas disposé à le faire.
-C’est que si je suis parti à l’improviste, étant donné la teneur de nos échanges avant mon départ, tu reconnaîtras que je ne croulais pas sous l’occasion de te faire parvenir l’information de manière un minimum intime. Pour un peu, j’aurais cru à la mascarade qui veut que nous ne soyons que des partenaires en affaire. Et encore, un véritable associé aurait-il sûrement montré un peu plus d’inquiétude à l’idée de perdre son partenaire. Alors bien sûr je sais que tu gères très bien le casino seul mais j’aime à penser que nous sommes une équipe. A moins que les règles n’aient changé, auquel cas je n’ai pas été prévenu.
Sentant ma tension artérielle augmenter, je me fais la remarque que Lilian doit avoir l’impression d’assister à un véritable concert de percussions, dysphoniques qui plus est. Pour tenter de calmer mes nerfs, je me descends donc le soju d’une traite, la chaleur de l’alcool ne faisant cependant rien pour aider ma fébrilité déjà bien avancée. Car là où je pensais pouvoir continuer à jouer les grands blasés jusqu’à ce qu’il explose, je me retrouve une fois de plus contrecarré dans mes plans par mes fichus sentiments. Et c’est sur un ton que je qualifierais d’amer si je l’osais que je finis en murmurant à demi.
-J’aimerais beaucoup t’y voir à découvrir que quelqu’un a ordonné à ses hommes de lui apporter ta tête sur un plateau et lorsque, par pur miracle, tu t’en sors et tu rentres auprès de la seule personne avec qui tu te sens de te laisser aller, bienvenu au pôle Nord.
La dernière phrase sonne d’un cliché à mourir et pourtant elle n’est pas fausse. En effet, après avoir quitté la compagnie de Yitzhak, et avoir retrouvé mes hommes, je suis immédiatement rentré dans le rôle qui m’est dévolu. Celui de parrain sans peur et sans reproche qui en a vu d’autres. Même face à Dimitri je n’ai pas osé montrer la panique qui s’est emparé de moi une fois l’adrénaline redescendue de peur que ses tendances surprotectrices ne s’empirent encore. Pourtant, le fait est là, j’ai beau être fils de parrain, je n’en ai pas moins vingt-six ans et ce n’est pas un âge où l’on pense à sa propre mort. L’idée qu’elle peut surgir un jour ou l’autre dans le dangereux monde où je me meus est toujours présente en arrière-fond dans mon esprit mais, jusqu’à l’actualisation de la menace, je n’avais jamais réellement réalisé la tangibilité de cette dernière. C’était une possibilité mais tellement lointaine qu’elle ne me préoccupait pas vraiment. Et tout d’un coup, la finitude de ma propre existence et le réel danger impliqué par mon choix de carrière m’est tombé dessus. Et pour finir d’arranger les choses, lorsque je décide de laisser tomber les masques et de montrer une certaine dose de vulnérabilité en présence de mon compagnon, celui-ci agit comme si de rien n’était. Avouez que ça donne envie d’aller voir ailleurs si on y est.
Tandis qu’il dépose les verres, je m’empare de la bouteille et nous sert tous les deux. Dans d’autres circonstances, j’aurais proposé un toast quelconque mais l’atmosphère n’est pas aux fausses réjouissances. La présence de l’éléphant dans la pièce continue de se faire amèrement sentir et pourtant, avec un relent de jalousie malvenue, c’est sur l’expression de « renouer avec mes habitudes de célibataires » que je décide de rebondir. Car l’idée même qu’il ait pu aller voir ailleurs m’irrite au plus haut point. Pourtant à aucun moment une clause de fidélité n’est venue s’ajouter aux règles floues de notre arrangement. Je savais à qui je me liais en décidant de mêler ma vie sentimentale à celle du sulfureux Britannique. Sauf que force est de constater que, depuis notre « officialisation », aucun membre des deux sexes n’a attiré mon attention. Mon regard a pu être attiré par une plastique flatteuse mais rien qui ne me détourne durablement de Lilian. Tout le contraire même, mes conquêtes précédentes me paraissent soudain bien fades comparées à l’inconnu perpétuel que représente ma relation avec le journaliste.
-Dois-je m’inquiéter de tes habitudes de célibataire ?
Mon ton est neutre mais, même moi, je suis incapable de ne pas entendre la tension qui le sous-tend. Néanmoins, comme si j’avais peur de la réponse – et c’est peut-être bien vrai dans le fond – je ne lui laisse pas l’occasion de répondre, enchaînant sur le véritable nœud du problème puisqu’il ne semble pas disposé à le faire.
-C’est que si je suis parti à l’improviste, étant donné la teneur de nos échanges avant mon départ, tu reconnaîtras que je ne croulais pas sous l’occasion de te faire parvenir l’information de manière un minimum intime. Pour un peu, j’aurais cru à la mascarade qui veut que nous ne soyons que des partenaires en affaire. Et encore, un véritable associé aurait-il sûrement montré un peu plus d’inquiétude à l’idée de perdre son partenaire. Alors bien sûr je sais que tu gères très bien le casino seul mais j’aime à penser que nous sommes une équipe. A moins que les règles n’aient changé, auquel cas je n’ai pas été prévenu.
Sentant ma tension artérielle augmenter, je me fais la remarque que Lilian doit avoir l’impression d’assister à un véritable concert de percussions, dysphoniques qui plus est. Pour tenter de calmer mes nerfs, je me descends donc le soju d’une traite, la chaleur de l’alcool ne faisant cependant rien pour aider ma fébrilité déjà bien avancée. Car là où je pensais pouvoir continuer à jouer les grands blasés jusqu’à ce qu’il explose, je me retrouve une fois de plus contrecarré dans mes plans par mes fichus sentiments. Et c’est sur un ton que je qualifierais d’amer si je l’osais que je finis en murmurant à demi.
-J’aimerais beaucoup t’y voir à découvrir que quelqu’un a ordonné à ses hommes de lui apporter ta tête sur un plateau et lorsque, par pur miracle, tu t’en sors et tu rentres auprès de la seule personne avec qui tu te sens de te laisser aller, bienvenu au pôle Nord.
La dernière phrase sonne d’un cliché à mourir et pourtant elle n’est pas fausse. En effet, après avoir quitté la compagnie de Yitzhak, et avoir retrouvé mes hommes, je suis immédiatement rentré dans le rôle qui m’est dévolu. Celui de parrain sans peur et sans reproche qui en a vu d’autres. Même face à Dimitri je n’ai pas osé montrer la panique qui s’est emparé de moi une fois l’adrénaline redescendue de peur que ses tendances surprotectrices ne s’empirent encore. Pourtant, le fait est là, j’ai beau être fils de parrain, je n’en ai pas moins vingt-six ans et ce n’est pas un âge où l’on pense à sa propre mort. L’idée qu’elle peut surgir un jour ou l’autre dans le dangereux monde où je me meus est toujours présente en arrière-fond dans mon esprit mais, jusqu’à l’actualisation de la menace, je n’avais jamais réellement réalisé la tangibilité de cette dernière. C’était une possibilité mais tellement lointaine qu’elle ne me préoccupait pas vraiment. Et tout d’un coup, la finitude de ma propre existence et le réel danger impliqué par mon choix de carrière m’est tombé dessus. Et pour finir d’arranger les choses, lorsque je décide de laisser tomber les masques et de montrer une certaine dose de vulnérabilité en présence de mon compagnon, celui-ci agit comme si de rien n’était. Avouez que ça donne envie d’aller voir ailleurs si on y est.
Nikolaï M. Kolyakov- Messages : 297
Date d'inscription : 18/04/2015
Localisation : New-York (la plupart du temps)
Feuille de personnage
Pouvoirs:
Informations:
Re: All is fair in love and war [Lilian]
La crispation de Nikolaï s'était aggravée quand il avait mentionné sa nouvelle vie de célibataire, et il ne pouvait pas dire que sa phrase était parfaitement innocente. Il ne cherchait pas à vérifier sa jalousie. Même s'ils n'avaient jamais dressé la liste des interdits de leur relation, Lilian connaissait suffisamment bien son compagnon pour ne pas ignorer son caractère très possessif. Il ne voulait pas non plus engager une dispute à base de « tu vois, je suis tellement délaissé que je dois aller voir ailleurs ! » Ce qui était arrivé pendant l'absence du jeune homme ne comptait pas. Il ne voyait pas pourquoi il aurait dû se retenir de s'amuser pour faire plaisir à quelqu'un qui, à l'instant même où il se laissait aller avec une autre, n'était pas concerné, et certainement très occupé de son côté. On lui avait souvent demandé une totale fidélité de corps lorsqu'il s'engageait dans une vie de couple. Il lui était arrivé de promettre d'essayer, mais sans jamais y croire. C'était juste une chose qu'il disait pour être tranquille, comme on feignait de croire aux vision christiques d'un illuminé, parce que cela semblait une chose très importante pour lui. Mais, pour Lilian, les choses étaient plus compliquées. Il n'arrivait pas très bien à saisir en quoi le fait d'aller dans un autre lit parce que cela l'amusait sur le moment remettait en cause son intérêt pour la personne qui partageait sa vie, surtout si elle n'était pas là. Cependant, Nikolaï ne partageait pas son point de vue et, par conséquent, il ne pouvait que regretter de ne pas avoir été présent. Il le piquait volontairement. Puisqu'il n'arrivait pas à exprimer son malaise, il laisserait celui du russe grandir jusqu'à ce qu'il perde patience et jette toutes ses cartes sur la table. Son compagnon avait beau essayer de jouer son jeu, il finissait toujours par se faire avoir. Trop de sensibilité sous sa fausse impassibilité.
– Je ne pense pas…, murmura lentement Lilian pour répondre à ses inquiétudes sans forcément les apaiser.
D'ailleurs, le jeune homme sentit qu'il était inutile de lui laisser enfoncer le clou puisqu'il revint à la charge sur la source première de ses tracas. Au final, il n'avait pas tenu beaucoup plus longtemps que tous les autres avant de lui faire une scène. Tout ce qu'il avait accumulé de frustration au cours des dernières semaines débordait, mais Lilian restait parfaitement calme. Oh, il en avait connu d'autres. Il finissait toujours par devenir le mauvais petit ami. Ses relations ne se terminaient jamais sans larmes et cris, auxquels il n'éprouvait jamais le besoin de réagir, et c'était bien là le pire. Il laissait l'autre parler, parce qu'il savait qu'il n'avait pas la bonne attitude, que les reproches étaient justifiés. Mais les reproches, au lieu de le faire réagir comme une personne normale, le fatiguaient. Il agissait mal depuis toujours, il ne pouvait pas faire mieux. Il ne savait pas faire mieux, parce que la personne tordue qu'il était aujourd'hui était la seule capable de survivre. Et, il le jurait, il luttait pour essayer de ne pas faire souffrir ceux auxquels il s'attachait. Alors à quoi bon parler ? Promettre comme un imbécile dépressif qu'il allait se rattraper ? C'était peut-être douloureux, mais c'était mieux. Il n'avait pas envie que l'on se prenne à attendre des choses de lui. C'était une profonde perte de temps. D'habitude, il n'écoutait même pas les reproches qu'on lui envoyait au visage. Mais, pour Nikolaï, il fit un effort. Il l'écouta, le regard droit dans les yeux même si ses prunelles restaient cruellement ternes. Au fond, il était sincèrement désolé de l'avoir blessé à cause de son silence, et il ne trouvait pas les mots pour le lui dire. A la place, il soupira doucement, l'air exaspéré, puis commença, sans hausser le ton, comme si tout continuait à glisser sur lui :
– J'aimerais… que tu te demandes un instant ce qui m'a poussé à réagir de cette manière. Tu ne l'as, à l'évidence pas fait, ou alors très mal. Si tu penses vraiment que je me contre-fiche de ce qui as pu t'arriver, je ne vois pas pourquoi tu reviens me dire tout ça. Je sais que je peux être versatile, mais je ne crois pas être fou ou incohérent. Tu sais que j'apprécie être avec toi.
Son regard s'était détaché du jeune homme à mesure qu'il parlait. On sentait qu'il se forçait, essayait d'exprimer une chose trouble pour lui même ou de donner des pistes, sans être tout à fait certain de vouloir s'aventurer plus loin. Il voulait que Nikolaï reste, sa dernière déclaration, lancée comme une bête évidence qu'il trouvait ennuyé de devoir souligner, le montrait. Mais, il n'aimait définitivement pas l'idée qu'on puisse le lui retirer et, à cet instant présent, des contrariétés malvenues s’immisçaient dans son esprit. Même s'il était bien conscient qu'il était inutile de demander à son compagnon de comprendre toutes ses bizarreries, il le trouvait tout de même un peu idiot de sous entendre qu'il ne s'inquiétait pas pour lui. Il connaissait leur histoire aussi bien que lui, il savait ce qu'il avait déjà sacrifié pour rendre cette relation possible, les blocages qu'il avait accepté d'abattre avec lui pour ne pas garder un contrôle permanent sur leur relation. Il ne méritait certainement pas d'être accueilli par un « j'ai eu si peur de te perdre » éploré. Oui, il cet homme l'énervait, et pour des détails insignifiants en plus. S'il avait pas eu l'habitude de se laisser passivement insulter, il aurait très bien pu répliquer plus vivement lui aussi, avec une mauvaise foi très sincère. Et cette petite vexation intérieure le confrontait à des sentiments qu'il n'avait jamais su gérer.
– Je ne pense pas…, murmura lentement Lilian pour répondre à ses inquiétudes sans forcément les apaiser.
D'ailleurs, le jeune homme sentit qu'il était inutile de lui laisser enfoncer le clou puisqu'il revint à la charge sur la source première de ses tracas. Au final, il n'avait pas tenu beaucoup plus longtemps que tous les autres avant de lui faire une scène. Tout ce qu'il avait accumulé de frustration au cours des dernières semaines débordait, mais Lilian restait parfaitement calme. Oh, il en avait connu d'autres. Il finissait toujours par devenir le mauvais petit ami. Ses relations ne se terminaient jamais sans larmes et cris, auxquels il n'éprouvait jamais le besoin de réagir, et c'était bien là le pire. Il laissait l'autre parler, parce qu'il savait qu'il n'avait pas la bonne attitude, que les reproches étaient justifiés. Mais les reproches, au lieu de le faire réagir comme une personne normale, le fatiguaient. Il agissait mal depuis toujours, il ne pouvait pas faire mieux. Il ne savait pas faire mieux, parce que la personne tordue qu'il était aujourd'hui était la seule capable de survivre. Et, il le jurait, il luttait pour essayer de ne pas faire souffrir ceux auxquels il s'attachait. Alors à quoi bon parler ? Promettre comme un imbécile dépressif qu'il allait se rattraper ? C'était peut-être douloureux, mais c'était mieux. Il n'avait pas envie que l'on se prenne à attendre des choses de lui. C'était une profonde perte de temps. D'habitude, il n'écoutait même pas les reproches qu'on lui envoyait au visage. Mais, pour Nikolaï, il fit un effort. Il l'écouta, le regard droit dans les yeux même si ses prunelles restaient cruellement ternes. Au fond, il était sincèrement désolé de l'avoir blessé à cause de son silence, et il ne trouvait pas les mots pour le lui dire. A la place, il soupira doucement, l'air exaspéré, puis commença, sans hausser le ton, comme si tout continuait à glisser sur lui :
– J'aimerais… que tu te demandes un instant ce qui m'a poussé à réagir de cette manière. Tu ne l'as, à l'évidence pas fait, ou alors très mal. Si tu penses vraiment que je me contre-fiche de ce qui as pu t'arriver, je ne vois pas pourquoi tu reviens me dire tout ça. Je sais que je peux être versatile, mais je ne crois pas être fou ou incohérent. Tu sais que j'apprécie être avec toi.
Son regard s'était détaché du jeune homme à mesure qu'il parlait. On sentait qu'il se forçait, essayait d'exprimer une chose trouble pour lui même ou de donner des pistes, sans être tout à fait certain de vouloir s'aventurer plus loin. Il voulait que Nikolaï reste, sa dernière déclaration, lancée comme une bête évidence qu'il trouvait ennuyé de devoir souligner, le montrait. Mais, il n'aimait définitivement pas l'idée qu'on puisse le lui retirer et, à cet instant présent, des contrariétés malvenues s’immisçaient dans son esprit. Même s'il était bien conscient qu'il était inutile de demander à son compagnon de comprendre toutes ses bizarreries, il le trouvait tout de même un peu idiot de sous entendre qu'il ne s'inquiétait pas pour lui. Il connaissait leur histoire aussi bien que lui, il savait ce qu'il avait déjà sacrifié pour rendre cette relation possible, les blocages qu'il avait accepté d'abattre avec lui pour ne pas garder un contrôle permanent sur leur relation. Il ne méritait certainement pas d'être accueilli par un « j'ai eu si peur de te perdre » éploré. Oui, il cet homme l'énervait, et pour des détails insignifiants en plus. S'il avait pas eu l'habitude de se laisser passivement insulter, il aurait très bien pu répliquer plus vivement lui aussi, avec une mauvaise foi très sincère. Et cette petite vexation intérieure le confrontait à des sentiments qu'il n'avait jamais su gérer.
Dernière édition par Lilian D'Eyncourt le Lun 5 Oct 2015 - 17:54, édité 1 fois
Lilian D'Eyncourt- Messages : 90
Date d'inscription : 31/03/2015
Feuille de personnage
Pouvoirs:
Informations:
Re: All is fair in love and war [Lilian]
Un jour j’arrêterais d’espérer une réaction lambda de la part de Lilian. Je finirais par m’habituer au fait qu’il n’est pas un être humain lambda et que, par conséquent, là où on attendrait vert, il dit bleu. Le pire est qu’il ne le fait pas toujours exprès. Certes, il cultive son côté décalé blasé mais, pour autant qu’il paraisse totalement détaché, je sens bien qu’il est aussi affecté que moi par la situation. Bon peut-être pas autant mais il est affecté, aucun doute là-dessus. Surpris par ses déclarations, je me retrouve alors à examiner son attitude d’un peu plus près, me détachant de mes envies égoïstes pour observer la chose de son point de vue. Car, derrière l’irritation que me cause son ton faussement apathique, ses paroles font sens. Si je suis là ce soir, c’est car je veux qu’on se réconcilie et ce n’est certainement pas en l’accusant de tous les torts qu’on y arrivera. N’importe quel psychologue de comptoir vous le dira, les problèmes de couple ne se règlent qu’à coups de compromis et, pour cela, il faut que chacun des deux membres soit prêt à faire un effort.
Or, que je le veuille ou non, je me suis convaincu que le simple fait de faire le premier pas en le contactant suffirait de mon côté. J’ai inconsciemment choisi la facilité, prenant le beau rôle de celui qui vient enterrer la hache de guerre, alors que ma rancœur contre ses actions n’a pas disparu du tout. Sauf qu’à aucun moment je ne me suis demandé pourquoi il avait agi ainsi ? Habitué à ses excentricités, j’ai mis cela sur le compte de l’une d’entre elles, tombant droit dans le piège que son image publique tend à qui ne le connait pas vraiment : croire qu’il est réellement un être sans aucune empathie. Or, si son sens moral est très déréglé, il n’en reste pas moins humain et j’ai déjà eu plus d’une preuve que je suis un des rares privilégiés à pouvoir dire bénéficier réellement de ses affections. Alors pourquoi, dans un élan de panique enfantine, ais-je soudain oublié ce fait ? Parce que j’étais terrifié par la perspective de ma propre mort et que j’en ai complètement laissé de côté mon esprit logique. Ce qui ne justifie rien mais explique beaucoup de choses.
Me redressant légèrement dans le sofa, je réexamine la situation à tête reposée, me plaçant de son côté de la ligne et un nouvel élément fait son apparition auquel j’ai peur de croire vraiment, au risque d’être complètement à côté de le plaque et qu’il me rie au nez. Et s’il avait eu peur aussi ? Après tout, nous échangeons très peu sur nos vies respectives, tant pour des questions de méfiance engrenée dans notre ADN à la naissance que par volonté de protéger l’autre de la réalité de nos quotidiens. Je doute en effet que celui de Lilian soit aussi mouvementé que le mien mais je suis certain qu’on ne dirige pas un empire comme le sien sans casser quelques œufs. Sans compter que, de mon côté, si Lilian ne se fait aucune illusion sur la nature réelle de mon travail, le fait de ne jamais l’évoquer me permet de laisser mes soucis à sa porte quand je suis avec lui. Il est une sorte de sas de décompression, loin du monde de la pègre.
Mais, après mon attaque par les Siciliens, le sas a explosé et la réalité a repris ses droits dans toute sa crasse brutalité. Et quelque part, je ne suis pas le seul qui a dû faire face à sa propre mortalité. Lilian aussi a dû accepter qu’il a laissé un angelot adolescent dont la plus grande transgression doit être d’avoir bu de l’alcool dérobé dans une épicerie pour un mafieux dont la tête peut voler à chaque instant. Pas sûr qu’il ait choisi l’option la plus safe. Or, il a beau ne jamais jouer safe, je doute qu’il ait apprécié qu’on lui rappelle les conséquences de ses actes.
-Je…
Voilà que j’en perds mes mots, c’est une première. Moi qui manie le discours aussi bien que le Colt, je me retrouve soudain incapable de trouver les paroles justes pour réagir à la bombe que mon partenaire vient de lâcher l’air de rien. Je fais donc une nouvelle tentative.
-Tu…
Tout aussi infructueuse, comme vous pourrez le constater. Avant que, soudain, les seuls propos réellement importants ne s’imposent à moi.
-Je suis désolé.
Dieu sait que je n’aime pas prononcer ces mots mais le jeu en vaut la chandelle. Je ne veux pas rompre avec Lilian. Je ne veux pas le quitter et je veux encore moins qu’il me quitte. Notre relation n’est peut-être pas la plus fonctionnelle qui soit mais c’est la seule que j’aie et j’y tiens. Et puis une fois que la vanne est ouverte, c’est comme si le barrage que je m’étais moi-même imposé se brisait et je poursuis sur ma lancée.
-J’ai eu peur. Réellement. Peut-être bien pour la première fois de ma vie. Et j’ai réagi comme un enfant paniqué ou un animal blessé, j’ai cherché la protection maternelle. Ce qui étant donné que ma mère m’a jamais considéré comme autre chose qu’un objet d’agacement est particulièrement ridicule.
Je ris jaune.
-Sauf que tu n’es pas ma mère, Dieu soit loué. Tu es… à vrai dire je ne sais même pas vraiment quel mot choisir mais tu es celui que j’avais envie de voir. Et, tout aux œillères que la peur m’a imposé, je ne me suis pas arrêté un instant à penser à l’effet que la situation pourrait avoir sur toi. Je t’ai imposé mes problèmes sans te demander ton accord et, surtout, sans réaliser que je n’étais pas le seul impliqué dans l’affaire.
Je ne veux pas m’aventurer plus loin. Autant par peur de sous-entendre une inquiétude qu’il n’aurait pas réellement ressentie que par lâcheté. L’idée même qu’il puisse me trouver pathétique et/ou ridicule, que mon discours l’agace, m’est insupportable et pourtant je me trouve moi-même franchement à baffer, alors que doit-il penser ?
Or, que je le veuille ou non, je me suis convaincu que le simple fait de faire le premier pas en le contactant suffirait de mon côté. J’ai inconsciemment choisi la facilité, prenant le beau rôle de celui qui vient enterrer la hache de guerre, alors que ma rancœur contre ses actions n’a pas disparu du tout. Sauf qu’à aucun moment je ne me suis demandé pourquoi il avait agi ainsi ? Habitué à ses excentricités, j’ai mis cela sur le compte de l’une d’entre elles, tombant droit dans le piège que son image publique tend à qui ne le connait pas vraiment : croire qu’il est réellement un être sans aucune empathie. Or, si son sens moral est très déréglé, il n’en reste pas moins humain et j’ai déjà eu plus d’une preuve que je suis un des rares privilégiés à pouvoir dire bénéficier réellement de ses affections. Alors pourquoi, dans un élan de panique enfantine, ais-je soudain oublié ce fait ? Parce que j’étais terrifié par la perspective de ma propre mort et que j’en ai complètement laissé de côté mon esprit logique. Ce qui ne justifie rien mais explique beaucoup de choses.
Me redressant légèrement dans le sofa, je réexamine la situation à tête reposée, me plaçant de son côté de la ligne et un nouvel élément fait son apparition auquel j’ai peur de croire vraiment, au risque d’être complètement à côté de le plaque et qu’il me rie au nez. Et s’il avait eu peur aussi ? Après tout, nous échangeons très peu sur nos vies respectives, tant pour des questions de méfiance engrenée dans notre ADN à la naissance que par volonté de protéger l’autre de la réalité de nos quotidiens. Je doute en effet que celui de Lilian soit aussi mouvementé que le mien mais je suis certain qu’on ne dirige pas un empire comme le sien sans casser quelques œufs. Sans compter que, de mon côté, si Lilian ne se fait aucune illusion sur la nature réelle de mon travail, le fait de ne jamais l’évoquer me permet de laisser mes soucis à sa porte quand je suis avec lui. Il est une sorte de sas de décompression, loin du monde de la pègre.
Mais, après mon attaque par les Siciliens, le sas a explosé et la réalité a repris ses droits dans toute sa crasse brutalité. Et quelque part, je ne suis pas le seul qui a dû faire face à sa propre mortalité. Lilian aussi a dû accepter qu’il a laissé un angelot adolescent dont la plus grande transgression doit être d’avoir bu de l’alcool dérobé dans une épicerie pour un mafieux dont la tête peut voler à chaque instant. Pas sûr qu’il ait choisi l’option la plus safe. Or, il a beau ne jamais jouer safe, je doute qu’il ait apprécié qu’on lui rappelle les conséquences de ses actes.
-Je…
Voilà que j’en perds mes mots, c’est une première. Moi qui manie le discours aussi bien que le Colt, je me retrouve soudain incapable de trouver les paroles justes pour réagir à la bombe que mon partenaire vient de lâcher l’air de rien. Je fais donc une nouvelle tentative.
-Tu…
Tout aussi infructueuse, comme vous pourrez le constater. Avant que, soudain, les seuls propos réellement importants ne s’imposent à moi.
-Je suis désolé.
Dieu sait que je n’aime pas prononcer ces mots mais le jeu en vaut la chandelle. Je ne veux pas rompre avec Lilian. Je ne veux pas le quitter et je veux encore moins qu’il me quitte. Notre relation n’est peut-être pas la plus fonctionnelle qui soit mais c’est la seule que j’aie et j’y tiens. Et puis une fois que la vanne est ouverte, c’est comme si le barrage que je m’étais moi-même imposé se brisait et je poursuis sur ma lancée.
-J’ai eu peur. Réellement. Peut-être bien pour la première fois de ma vie. Et j’ai réagi comme un enfant paniqué ou un animal blessé, j’ai cherché la protection maternelle. Ce qui étant donné que ma mère m’a jamais considéré comme autre chose qu’un objet d’agacement est particulièrement ridicule.
Je ris jaune.
-Sauf que tu n’es pas ma mère, Dieu soit loué. Tu es… à vrai dire je ne sais même pas vraiment quel mot choisir mais tu es celui que j’avais envie de voir. Et, tout aux œillères que la peur m’a imposé, je ne me suis pas arrêté un instant à penser à l’effet que la situation pourrait avoir sur toi. Je t’ai imposé mes problèmes sans te demander ton accord et, surtout, sans réaliser que je n’étais pas le seul impliqué dans l’affaire.
Je ne veux pas m’aventurer plus loin. Autant par peur de sous-entendre une inquiétude qu’il n’aurait pas réellement ressentie que par lâcheté. L’idée même qu’il puisse me trouver pathétique et/ou ridicule, que mon discours l’agace, m’est insupportable et pourtant je me trouve moi-même franchement à baffer, alors que doit-il penser ?
Nikolaï M. Kolyakov- Messages : 297
Date d'inscription : 18/04/2015
Localisation : New-York (la plupart du temps)
Feuille de personnage
Pouvoirs:
Informations:
Re: All is fair in love and war [Lilian]
Nikolaï réagit presque comme un enfant pris en faute, qui s'est énervé, et qui ne comprend plus très bien pourquoi. Il bafouille, présente ses excuses comme pour prévenir la punition. Lilian ne sait pas franchement quel sens donner à ce « je suis désolé ». Il l'accepte sans réelle satisfaction, puisqu'il a bien conscience d'avoir aussi poussé son compagnon à bout. Mais sa poitrine reste serrée. Il voudrait le prendre dans ses bras et, en même temps, sa présence lui laisse un profond malaise. Envoyer tout valser, comme il l'avait fait quelques mois plus tôt avec son autre partenaire serait plus simple. Il avait beau essayer de construire des relations, il n'était bon à rien. Ses échecs faisaient souffrir les autres en plus de le briser chaque fois un peu plus. Tout allait mieux quand il n'avait pas de questions à se poser, que les jours défilaient avec des conquêtes interchangeables, dans un quotidien où seules ses actions lui dessinaient un avenir. Cependant, il rechutait toujours. Il ne supportait pas l'impression de vide, le sentiment de n'être rien pour personne et, dans tous les cas, la fin lui semblait chaque fois aussi désespérée. Quand il jouait trop longtemps l'indifférent, il se sentait partir et, au lieu de se laisser aller, il s'accrochait à quelqu'un d'autre. C'était plus fort que lui. Il ne savait pas vraiment s'il était ce genre de narcissique toujours au bord du gouffre mais trop habitué à parasiter les autres pour sauter, ou si c'était sa mutation qui le tenait. Il avait été prêt à franchir le pas à quatorze ans après tout, et les cicatrices de ses poignets étaient assez loin des entailles superficielles d'un adolescent qui cherche à attirer l'attention en passant une nuit aux urgences. Mais, depuis l'incident du restaurant italien, son instinct de survie lui-même ne s'y retrouvait plus. Il s'était trop attaché et tenir à une personne constamment menacée n'était pas une situation très sécuritaire non plus.
Malgré ses réserves, Nikolaï parlait assez facilement lorsqu'il se lançait. Vu sa loquacité, il lui serait compliqué de rester avec une personne aussi discrète que lui. Ses envolées lyriques l'agaçaient parfois un peu, mais elles l'apaisaient aussi, elles lui permettaient d'en dire un peu plus à son tour, car il lui semblait impensable d'occuper un temps de parole trop long. Quand le russe parlait, il avait le temps de choisir ses mots, de décider de ce qu'il pouvait dire, et de ce qu'il allait taire. Nikolaï était un traumatisé affectif qui découvrait une vraie relation avec lui. Il avait ses attentes, ses impatiences de débutant. Au moins, il le reconnaissait. Avec lui, il réglait ses comptes d'enfant frustré, cherchait l'attention qu'on ne lui avait pas donnée. Tout repartait à zéro. Cela aurait été parfait si le manque affectif de Lilian était du même registre. Mais chez lui, il n'y avait pas de manque, juste une totale béance. Il esquissa un vague sourire contrit en l'entendant déclarer qu'il n'était pas sa mère, puis leva doucement les yeux au ciel en entendant la suite. Il n'avait pas vraiment l'air exaspéré, juste méditatif. Une main se perdit un instant dans ses cheveux, et il parla, d'une voix toujours lente, mais moins glaciale.
– Tu as pensé à toi, j'ai pensé à moi. Je savais assez précisément ce que tu attendais de moi, et je ne te l'ai pas donné, parce que j'en étais incapable. J'étais en colère, je le suis toujours, mais ce n'est pas contre toi. C'est difficile à expliquer. Tu as encore le réflexe d'aller chercher le réconfort quand quelque chose ne va pas, j'ai pris l'habitude de détruire d'une manière ou d'une autre ce qui me contrariait. Je ne peux pas te dire gentiment que tout est terminé, que tout va mieux se passer si ce genre de problème risque de recommencer. Sur le moment, je me suis juste dit que je préférais que tu disparaisses de ma vie en me haïssant, plutôt que par la faute d'un tiers, un soir où je t'attendrais. Mais, ça aussi, c'est devenu insupportable. Je ne veux pas te laisser quitter cette pièce avant demain, au moins, mais je refuse que des imbéciles te tuent alors que je pourrais les envoyer six pieds sous terre sans qu'ils s'en rendent compte.
Ses derniers mots étaient plus tranchants, et, même s'il ne tremblait pas, l'Autre bouillonnait en lui. C'était ce qu'Il voulait, le sang des responsables. Et, au-delà de cette rage primitive, Lilian savait qu'une grande partie de son blocage venait de là. A côté de lui, Nikolaï possédait une mutation assez mineure. Il pouvait le protéger ou, en tout cas, essayer de le faire d'une manière relativement efficace. S'il mourait, il serait difficile d'accuser la fatalité alors qu'il pouvait facilement se dire que, s'il avait été là, les choses se seraient passées différemment. Il avait toujours maudit son pouvoir, mais, aujourd'hui, il pouvait en faire un avantage pour garder son amant en vie. Il devait rester en vie. Personne n'avait le droit de décider la mort de ce cœur qu'il entendait battre avec autant de force que le sien. Son sang l'aimait presque autant que lui, et cela sans métaphore. Il lui semblait que sa mutation parasitaire le voyait comme une extension de lui-même, mais c'était sans doute son inconscient qui avait provoqué cela, parce qu'il n'imaginait pas se séparer de Nikolaï. Il se rapprocha de lui et fit ce qu'il aurait été mieux inspiré de faire quand il lui avait annoncé sa tentative d'assassinat, il le serra fort contre lui en posant sa tête sur sa poitrine.
Malgré ses réserves, Nikolaï parlait assez facilement lorsqu'il se lançait. Vu sa loquacité, il lui serait compliqué de rester avec une personne aussi discrète que lui. Ses envolées lyriques l'agaçaient parfois un peu, mais elles l'apaisaient aussi, elles lui permettaient d'en dire un peu plus à son tour, car il lui semblait impensable d'occuper un temps de parole trop long. Quand le russe parlait, il avait le temps de choisir ses mots, de décider de ce qu'il pouvait dire, et de ce qu'il allait taire. Nikolaï était un traumatisé affectif qui découvrait une vraie relation avec lui. Il avait ses attentes, ses impatiences de débutant. Au moins, il le reconnaissait. Avec lui, il réglait ses comptes d'enfant frustré, cherchait l'attention qu'on ne lui avait pas donnée. Tout repartait à zéro. Cela aurait été parfait si le manque affectif de Lilian était du même registre. Mais chez lui, il n'y avait pas de manque, juste une totale béance. Il esquissa un vague sourire contrit en l'entendant déclarer qu'il n'était pas sa mère, puis leva doucement les yeux au ciel en entendant la suite. Il n'avait pas vraiment l'air exaspéré, juste méditatif. Une main se perdit un instant dans ses cheveux, et il parla, d'une voix toujours lente, mais moins glaciale.
– Tu as pensé à toi, j'ai pensé à moi. Je savais assez précisément ce que tu attendais de moi, et je ne te l'ai pas donné, parce que j'en étais incapable. J'étais en colère, je le suis toujours, mais ce n'est pas contre toi. C'est difficile à expliquer. Tu as encore le réflexe d'aller chercher le réconfort quand quelque chose ne va pas, j'ai pris l'habitude de détruire d'une manière ou d'une autre ce qui me contrariait. Je ne peux pas te dire gentiment que tout est terminé, que tout va mieux se passer si ce genre de problème risque de recommencer. Sur le moment, je me suis juste dit que je préférais que tu disparaisses de ma vie en me haïssant, plutôt que par la faute d'un tiers, un soir où je t'attendrais. Mais, ça aussi, c'est devenu insupportable. Je ne veux pas te laisser quitter cette pièce avant demain, au moins, mais je refuse que des imbéciles te tuent alors que je pourrais les envoyer six pieds sous terre sans qu'ils s'en rendent compte.
Ses derniers mots étaient plus tranchants, et, même s'il ne tremblait pas, l'Autre bouillonnait en lui. C'était ce qu'Il voulait, le sang des responsables. Et, au-delà de cette rage primitive, Lilian savait qu'une grande partie de son blocage venait de là. A côté de lui, Nikolaï possédait une mutation assez mineure. Il pouvait le protéger ou, en tout cas, essayer de le faire d'une manière relativement efficace. S'il mourait, il serait difficile d'accuser la fatalité alors qu'il pouvait facilement se dire que, s'il avait été là, les choses se seraient passées différemment. Il avait toujours maudit son pouvoir, mais, aujourd'hui, il pouvait en faire un avantage pour garder son amant en vie. Il devait rester en vie. Personne n'avait le droit de décider la mort de ce cœur qu'il entendait battre avec autant de force que le sien. Son sang l'aimait presque autant que lui, et cela sans métaphore. Il lui semblait que sa mutation parasitaire le voyait comme une extension de lui-même, mais c'était sans doute son inconscient qui avait provoqué cela, parce qu'il n'imaginait pas se séparer de Nikolaï. Il se rapprocha de lui et fit ce qu'il aurait été mieux inspiré de faire quand il lui avait annoncé sa tentative d'assassinat, il le serra fort contre lui en posant sa tête sur sa poitrine.
Lilian D'Eyncourt- Messages : 90
Date d'inscription : 31/03/2015
Feuille de personnage
Pouvoirs:
Informations:
Re: All is fair in love and war [Lilian]
S’il existait un prix à la relation la plus tordue qui soit, nous l’aurions remporté haut la main depuis longtemps. Mais alors que la tête de Lilian vient se poser délicatement sur mon torse, ça m’est complètement égal. Bon gré mal gré, j’ai inconsciemment accepté le jour où j’ai décidé de me lier à lui de manière plus permanente que par une simple relation d’affaires que nos échanges seraient toujours dangereux, voire à la limite du malsain. Je me suis volontairement laisser entraîner à sa suite dans un dédale de sentiments niés et contradictoires tout en sachant parfaitement que je ne suis pas aussi prêt que lui à y faire face.
Nos caractères se ressemblent certes mais nos vies sont quant à elles totalement différentes. Et il faudrait être complètement aveugle pour ne pas réaliser que, là où je garde encore un pied dans la normalité - jouant avec mes tendances autodestructrices tout en étant beaucoup trop attaché à mon existence pour faire le dernier pas dans le vide - le fil le rattachant au commun des mortels est toujours sur le point de craquer. Sa mutation elle-même est instable et particulièrement dangereuse et, un jour, j’accepterais de prendre pleinement conscience du danger dans lequel je me mets en entremêlant nos vies mais ce n’est pas pour aujourd’hui.
Tel le papillon frigorifié qui choisit de se réchauffer près du feu sans réaliser que ses ailes prennent peu à peu feu, je l’ai laissé planter ses griffes en moi, ne voyant dans ce contact violent que le reflet d’une possessivité que personne n’a jamais ressenti à mon égard sans y percevoir les risques qu’il impliquait. Ainsi, il représente désormais une trop grande partie de ma vie pour que l’en extirper ne représente pas une amputation à laquelle je ne suis pas sûr que je survivrais intact. Ce serait comme retirer sa came à un drogué sans passer par la case désintox, le manque finit irrévocablement par avoir raison de lui, d’une façon ou d’une autre. Car c’est bien car ses attentions, pour aussi limitées et glaciales qu’elles puissent se révéler, m’ont manqué que je suis là aujourd’hui.
Parce que, là où je n’ai jamais accepté de me compliquer l’existence avec une relation trop difficile, l’idée que Lilian se lasse de moi me donne des envies de massacre. J’avais découvert les affres de la jalousie à l’époque de Josh, je découvre désormais celles de la possessivité. Je ne me sens complètement rassuré que lorsque nous apposons physiquement notre marque l’un sur l’autre. Raison pour laquelle les filaments sanguins qui s’échappent souvent de ses bras en ma présence pour venir s’abreuver à mes veines me plaisent au lieu de m’inquiéter. Car, s’il est vrai qu’une perte de contrôle en pleine séance vampirique pourrait signifier la fin de mon existence, ce contact primaire implique qu’il a BESOIN de moi, au sens premier du terme. L’entité qui réside en lui s’est attachée à moi et elle ne me laissera pas repartir de sitôt.
Bref, de quoi mener au septième ciel n’importe quel psychologue amateur. En effet, aux côtés de Lilian je laisse pleinement cours aux tendances dérangeantes nées de mon enfance tordue. Masochiste en manque d’affection, j’ai trouvé dans le Britannique le parfait mélange de froideur et possessivité. Et, lorsqu’il déclare être prêt à tuer mes assaillants, un sentiment totalement anormal de fierté et de joie naît en moi. A l’exception de Dimitri, personne avant lui n’avait aussi clairement déclaré vouloir la mort d’une personne pour mon bien. Or, si je me rends bien compte que me réjouir des tendances meurtrières d’un autre n’est pas une attitude recommandable, je ne suis plus à une incohérence près. Sans compter que j’ai été élevé dans un milieu où violence et meurtre sont des éléments de la vie de tous les jours alors ce n’est pas un meurtre ou deux qui me traumatiseront.
-Ça tombe bien, je n’avais aucune intention de partir, murmurais-je contre son oreille tandis que mes bras l’enserrent un peu trop brusquement pour que l’on puisse parler de tendresse.
Puis, sans le lâcher – par peur qu’il ne prenne la tangente ? – je poursuis.
-Ne dis rien puisqu’il n’y a rien à dire. Je ne te demande pas de changer qui tu es mais tu ne changeras pas qui je suis non plus. Nous savions depuis le début que nous sommes à la fois trop semblables et trop différents pour ne pas risquer de nous détruire mutuellement si on n’y fait pas attention. Alors puisqu’on a l’air d’accord au moins sur un point, celui de ne pas vouloir laisser l’autre partir, partons de là.
Et pour laisser on ne peut plus clair ce que j’entends par là, je le fixe droit dans les yeux avant de m’emparer avec passion de ses lèvres. Perdu pour perdu, il ne sera pas dit que je n’aurais pas su saisir ma chance.
Nos caractères se ressemblent certes mais nos vies sont quant à elles totalement différentes. Et il faudrait être complètement aveugle pour ne pas réaliser que, là où je garde encore un pied dans la normalité - jouant avec mes tendances autodestructrices tout en étant beaucoup trop attaché à mon existence pour faire le dernier pas dans le vide - le fil le rattachant au commun des mortels est toujours sur le point de craquer. Sa mutation elle-même est instable et particulièrement dangereuse et, un jour, j’accepterais de prendre pleinement conscience du danger dans lequel je me mets en entremêlant nos vies mais ce n’est pas pour aujourd’hui.
Tel le papillon frigorifié qui choisit de se réchauffer près du feu sans réaliser que ses ailes prennent peu à peu feu, je l’ai laissé planter ses griffes en moi, ne voyant dans ce contact violent que le reflet d’une possessivité que personne n’a jamais ressenti à mon égard sans y percevoir les risques qu’il impliquait. Ainsi, il représente désormais une trop grande partie de ma vie pour que l’en extirper ne représente pas une amputation à laquelle je ne suis pas sûr que je survivrais intact. Ce serait comme retirer sa came à un drogué sans passer par la case désintox, le manque finit irrévocablement par avoir raison de lui, d’une façon ou d’une autre. Car c’est bien car ses attentions, pour aussi limitées et glaciales qu’elles puissent se révéler, m’ont manqué que je suis là aujourd’hui.
Parce que, là où je n’ai jamais accepté de me compliquer l’existence avec une relation trop difficile, l’idée que Lilian se lasse de moi me donne des envies de massacre. J’avais découvert les affres de la jalousie à l’époque de Josh, je découvre désormais celles de la possessivité. Je ne me sens complètement rassuré que lorsque nous apposons physiquement notre marque l’un sur l’autre. Raison pour laquelle les filaments sanguins qui s’échappent souvent de ses bras en ma présence pour venir s’abreuver à mes veines me plaisent au lieu de m’inquiéter. Car, s’il est vrai qu’une perte de contrôle en pleine séance vampirique pourrait signifier la fin de mon existence, ce contact primaire implique qu’il a BESOIN de moi, au sens premier du terme. L’entité qui réside en lui s’est attachée à moi et elle ne me laissera pas repartir de sitôt.
Bref, de quoi mener au septième ciel n’importe quel psychologue amateur. En effet, aux côtés de Lilian je laisse pleinement cours aux tendances dérangeantes nées de mon enfance tordue. Masochiste en manque d’affection, j’ai trouvé dans le Britannique le parfait mélange de froideur et possessivité. Et, lorsqu’il déclare être prêt à tuer mes assaillants, un sentiment totalement anormal de fierté et de joie naît en moi. A l’exception de Dimitri, personne avant lui n’avait aussi clairement déclaré vouloir la mort d’une personne pour mon bien. Or, si je me rends bien compte que me réjouir des tendances meurtrières d’un autre n’est pas une attitude recommandable, je ne suis plus à une incohérence près. Sans compter que j’ai été élevé dans un milieu où violence et meurtre sont des éléments de la vie de tous les jours alors ce n’est pas un meurtre ou deux qui me traumatiseront.
-Ça tombe bien, je n’avais aucune intention de partir, murmurais-je contre son oreille tandis que mes bras l’enserrent un peu trop brusquement pour que l’on puisse parler de tendresse.
Puis, sans le lâcher – par peur qu’il ne prenne la tangente ? – je poursuis.
-Ne dis rien puisqu’il n’y a rien à dire. Je ne te demande pas de changer qui tu es mais tu ne changeras pas qui je suis non plus. Nous savions depuis le début que nous sommes à la fois trop semblables et trop différents pour ne pas risquer de nous détruire mutuellement si on n’y fait pas attention. Alors puisqu’on a l’air d’accord au moins sur un point, celui de ne pas vouloir laisser l’autre partir, partons de là.
Et pour laisser on ne peut plus clair ce que j’entends par là, je le fixe droit dans les yeux avant de m’emparer avec passion de ses lèvres. Perdu pour perdu, il ne sera pas dit que je n’aurais pas su saisir ma chance.
Nikolaï M. Kolyakov- Messages : 297
Date d'inscription : 18/04/2015
Localisation : New-York (la plupart du temps)
Feuille de personnage
Pouvoirs:
Informations:
Re: All is fair in love and war [Lilian]
L'avantage des longues séparations était qu'elles permettaient d'éviter les vraies disputes. Lilian n'avait pas besoin d'explications détaillées pour justifier son silence. Il n'avait jamais envisagé de s'en excuser, et ce n'était pas nécessaire. Nikolaï savait combien il était risqué de chercher à en obtenir plus que ce qu'il voulait bien donner. Pour un pas en avant, il pouvait reculer de plusieurs bonds si on lui en demandait trop. Et, la notion de « trop » arrivait vite, souvent de manière inattendue. Bien d'autres s'étaient cassés les dents sur son cas avant le russe. Il ne fallait pas chercher à le raisonner, il n'agissait jamais par caprices, et toujours dans son intérêt. Même si Nikolaï oubliait parfois que son comportement suivait une logique très personnelle, en dehors de tout ce qu'on pouvait attendre d'un être humain normalement équilibré, il était capable de s'en souvenir rapidement. C'était le premier à accepter avec autant de facilité, le premier avec lequel il pouvait renoncer à ses masques sans craindre le rejet. Si leur relation était malsaine aux yeux des autres, elle était presque parfaite du point de vue de Lilian, mais il savait que, s'il s'y enfonçait avec trop de complaisance, Nikolaï se ferait absorber. Il était au moins lucide là-dessus. Son compagnon restait un esprit fragile entre ses mains, il n'était pas armé pour survivre à tous les trésors de manipulation qu'il serait capable de mettre en place pour l'attacher à lui. Et il avait beau se dire qu'il ne voulait pas le perdre ou le détruire, il agissait souvent inconsciemment, parce qu'il était aussi intelligent qu'instinctif. Il ne savait pas toujours s'il devait repousser le jeune homme ou, au contraire, savourer sa dévotion. Il continuait de le détester autant qu'il l'adorait, et cela ne faisait que le rendre plus accro. C'était perdu d'avance. La violence avec laquelle Nikolaï s'était agrippé à lui, comme s'il venait de le retrouver miraculeusement vivant après un naufrage, était trop délicieuse pour invoquer les bonnes décisions. De toute manière, que ferait-il sans lui ? Il avait testé bien assez de personnes comme ça, il savait qu'il n'en voulait pas une autre, quitte à un peu abîmer celle-là. Et puis, il voulait garder la naïveté de croire qu'il saurait limiter les dégâts, il s'en persuadait très bien à chaque fois.
Nikolaï désamorça le conflit tout seul. Ils n'avaient pas besoin de changer, ils devaient composer avec leurs tocs, et s'ils étaient réunis ce soir, c'était pour profiter d'être ensemble. Bien sûr, pourquoi laisser passer l'ouverture qu'il lui offrait ? On ne savait pas où pourrait les porter la suite d'une discussion de ce type, peut-être assez loin dans les tensions pour leur donner la possibilité de conclure la soirée d'une manière agréable, et c'était ce dont Nikolaï avait besoin, une preuve tangible de son affection. Ils auraient tout aussi bien pu commencer directement par ça, mais il lui avait fallu monter une petite mise en scène avant, se vider de toutes les pensées qui devaient tourner en boucle dans sa tête depuis plusieurs jours afin de s'autoriser un véritable relâchement. Évidemment, Lilian reçut son baiser avec plaisir, et le lui rendit avec tout autant de fougue, en laissant sa mutation étendre ses filaments visqueux le long de ses hanches, de son dos. Nikolaï était aussi le seul avec lequel il osait utiliser sa mutation pendant l'amour, et les sensations étaient à chaque fois si démultipliées qu'il ne lui laissait pas vraiment d'autre choix que celui de subir sa sauvagerie. Pour une fois cependant, il s'amusa de toute la possessivité qu'exprimait le russe et le laissa faire un sort à ses vêtements sans enrouler son sang autour de ses bras et le plaquer au sol. Il réalisa en promenant ses mains et sa bouche sur son corps qu'il ne sentait plus la moindre cicatrice. Comme chez lui, les marques ordinaires de morsures ou de griffures avaient disparues et, surtout, Nikolaï n'avait plus toutes ces petites piqûres et rougeurs qui faisaient de lui une sorte de goule ambulante. Ou, du moins, il ne les avait plus à l'instant où ils commencèrent, car les rongeurs revinrent vite au contact de ses tentacules pourpres.
– Je ne t'avais plus vu avec la peau si lisse depuis longtemps… Je sais que ce n'est pas très en accord avec mon rôle de protecteur, mais je t'aime moins comme ça.
Il aimait l'idée d'appartenance que lui inspirait la vue des marques, même s'il ne pouvait expliquer pourquoi la vue d'une longue zébrure rouge sur la peau de l'autre pouvait le remplir de fierté. Enfin, il pouvait essayer, mais le tout manquait de clarté. Il lui faisait du mal parce qu'il l'aimait, parce que c'était une manière de le sentir plus fort que n'importe qui. En réalité, peu d'autres personnes auraient pu dire qu'il était du genre violent au lit. Mais avec Nikolaï, c'était différent, il aurait pu le dévorer avec plaisir si cela ne signifiait pas aussi sa mort, même s'il n'était pas sûr que ce genre de désir lui appartînt vraiment. En tout cas, ses mots n'étaient pas là pour instaurer un jeu sadomaso. Ils n'étaient pas menaçants, presque tendres. Il savait que son compagnon apprécierait de les entendre.
Nikolaï désamorça le conflit tout seul. Ils n'avaient pas besoin de changer, ils devaient composer avec leurs tocs, et s'ils étaient réunis ce soir, c'était pour profiter d'être ensemble. Bien sûr, pourquoi laisser passer l'ouverture qu'il lui offrait ? On ne savait pas où pourrait les porter la suite d'une discussion de ce type, peut-être assez loin dans les tensions pour leur donner la possibilité de conclure la soirée d'une manière agréable, et c'était ce dont Nikolaï avait besoin, une preuve tangible de son affection. Ils auraient tout aussi bien pu commencer directement par ça, mais il lui avait fallu monter une petite mise en scène avant, se vider de toutes les pensées qui devaient tourner en boucle dans sa tête depuis plusieurs jours afin de s'autoriser un véritable relâchement. Évidemment, Lilian reçut son baiser avec plaisir, et le lui rendit avec tout autant de fougue, en laissant sa mutation étendre ses filaments visqueux le long de ses hanches, de son dos. Nikolaï était aussi le seul avec lequel il osait utiliser sa mutation pendant l'amour, et les sensations étaient à chaque fois si démultipliées qu'il ne lui laissait pas vraiment d'autre choix que celui de subir sa sauvagerie. Pour une fois cependant, il s'amusa de toute la possessivité qu'exprimait le russe et le laissa faire un sort à ses vêtements sans enrouler son sang autour de ses bras et le plaquer au sol. Il réalisa en promenant ses mains et sa bouche sur son corps qu'il ne sentait plus la moindre cicatrice. Comme chez lui, les marques ordinaires de morsures ou de griffures avaient disparues et, surtout, Nikolaï n'avait plus toutes ces petites piqûres et rougeurs qui faisaient de lui une sorte de goule ambulante. Ou, du moins, il ne les avait plus à l'instant où ils commencèrent, car les rongeurs revinrent vite au contact de ses tentacules pourpres.
– Je ne t'avais plus vu avec la peau si lisse depuis longtemps… Je sais que ce n'est pas très en accord avec mon rôle de protecteur, mais je t'aime moins comme ça.
Il aimait l'idée d'appartenance que lui inspirait la vue des marques, même s'il ne pouvait expliquer pourquoi la vue d'une longue zébrure rouge sur la peau de l'autre pouvait le remplir de fierté. Enfin, il pouvait essayer, mais le tout manquait de clarté. Il lui faisait du mal parce qu'il l'aimait, parce que c'était une manière de le sentir plus fort que n'importe qui. En réalité, peu d'autres personnes auraient pu dire qu'il était du genre violent au lit. Mais avec Nikolaï, c'était différent, il aurait pu le dévorer avec plaisir si cela ne signifiait pas aussi sa mort, même s'il n'était pas sûr que ce genre de désir lui appartînt vraiment. En tout cas, ses mots n'étaient pas là pour instaurer un jeu sadomaso. Ils n'étaient pas menaçants, presque tendres. Il savait que son compagnon apprécierait de les entendre.
Dernière édition par Lilian D'Eyncourt le Mer 4 Nov 2015 - 16:51, édité 1 fois
Lilian D'Eyncourt- Messages : 90
Date d'inscription : 31/03/2015
Feuille de personnage
Pouvoirs:
Informations:
Page 1 sur 2 • 1, 2
Sujets similaires
» Friendzone Hall - What is love ?!
» Tabitha Klaws : L'amour des Héllions (#Love)
» Lilian D'Eyncourt
» Lilian D'Eyncourt
» Arnaque Américaine (PV - Lilian)
» Tabitha Klaws : L'amour des Héllions (#Love)
» Lilian D'Eyncourt
» Lilian D'Eyncourt
» Arnaque Américaine (PV - Lilian)
Page 1 sur 2
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum