Journey into Mystery {Anthony E. Stark}

Théorie et probabilité pour l’avenir, je ne l’avais pas vu ainsi. Mais cela ce tient, c’est surement une conception complexe de mon simple « si » ; même s’il devrait plus en tenir du « quand ». Etre sur la bonne voie, je le prends comme un compliment, quand à ne pas être devin cela m’interroge. Est-il véritablement besoin de l’être pour évaluer ses ennemis ? Je ne pense pas, je n’ai nullement les dons de Frigga et pourtant mes hypothèses quand aux alliances de circonstance me semblent cohérentes. Mais ce sont mes hypothèses, d’un autre côté. Seul le temps pourra les confirmer, c’est un fait, mais nous préparer en amont me semble une bonne chose. Après, peut-on se préparer à l’imprévisible, je ne crois pas. J’acquiesce quand à l’absence de réponse absolue, la comprenant parfaitement même si ce n’était pas là ce que je demandais. L’avis et l’expérience de Tony Stark, voici ce que j’interrogeais, non une vérité immuable.

Les tests d’aptitude viendront courant des prochaines semaines, s’en sera donc rapidement terminé. Quand à la confiance d’Asgard quand à ma possibilité de faire partie des Avengers comme preuve suffisante que c’est le cas, voici qui me surprend. Je ne m’en plaindrai pas mais cela me perturbe, je ne sais pas si je dois m’en enorgueillir ou au contraire en prendre ombrage ; que les Humains fassent confiance à mon peuple au point de les accepter sans poser de question cela n’a pas réellement changé depuis mon dernier séjour sur Midgard, il y a plus d’un demi-millénaire, mais que ce soit parce que j’ai « au moins quelques capacités pour combattre ces menaces » à quelque chose de rabaissant. Je ne suis pas la plus puissante des Ases, non, mais je ne suis pas une Asyne parmi d’autres !

Je le prouverais aux Vengeurs comme je l’ai prouvé à Asgard, curieuse de voir quelles lacunes ils me trouveront afin d’en apprendre et de m’améliorer. Quand à rester vivante en mission, je ne m’en inquiète pas : il est beaucoup de créatures dans le cosmos pour m’être supérieures mais je leur ferai face si je le dois et m’emploierai corps et âme à les combattre. Quand bien même cela ne serait pas suffisant, une mort glorieuse est la meilleure des morts.

C’est sur cette conclusion que l’Iron Man entreprend de s’en détourner, me faisant le saluer d’un poing sur le cœur et d’une inclinaison de la tête légèrement précipités. Je me redresse alors qu’il s’en va, lentement, et reste à le regarder sans bouger. Des questions, j’en aurai toujours je pense mais elles sont déplacées pour l’heure. La situation m’est connue, au moins dans ses bases, ce qu’il me resterait à apprendre à connaitre c’est bien l’Homme qui m’a accueillie. Car tout leader qu’il soit et quelles que soient ses responsabilités, il n’en reste pas moins une personne et c’est avec les personnes qu’on se lie. Il a à faire pour l’heure et je le comprends parfaitement mais, si l’occasion se présente, je tâcherai de faire connaissance, à moins que cela ne lui soit pénible. De toute façon, pour l’heure également, la paroi coulissante servant de porte à ma cellule se referme seule et clos d’une drôle de manière cette entrevue.

Je la regarde faire sans commenter puis lui fait face quelques secondes encore, détournant le regard jusqu’aux boutons permettant de l’ouvrir de ce que j’en ai observé, puis me retourne vers le reste de cette petite pièce. Les Humains doivent aimer les boutons, la plupart des meubles en ont, depuis le panneau coulissant jusqu’aux latrines en passant par l’écran. Mais le problème des boutons c’est qu’il faut savoir sur lequel appuyer et si les latrines n’en ont que deux, l’écran semble en avoir une demi-douzaine, au moins. Je sens déjà venir les instants de pressions aléatoires pour essayer de comprendre lequel fait quoi. D’un autre côté, cela m’occupera le temps que râtelier et lectures arrivent ainsi donc c’est plutôt positif, tant que je ne m’énerve pas dessus.

Mais d’abord, il me faut passer par les meubles les plus importants de la pièce. Je dois avouer craindre que le sommier ne résiste pas à mon poids, cela avait été l’une des plus désagréables surprises lors de mon séjour sur Midgard. Passer au travers des literies et sièges, c’est frustrant. Celui de cette pièce me semble en revanche bien plus résistant que ceux de bois de l’époque même si cela ne m’empêche pas d’être précautionneuse quand à m’assoir dessus. Cela ne serait pas du plus grand effet si je devais rattraper Tony Stark et le détourner un peu plus des autres affaires urgentes pour une histoire de sommier cassé. Si je suis à peu prêt certaine qu’aucun autre Vengeur ne lui aura jamais fait similaire coup, ce n’est pas du tout pour cela que j’ai envie d’être reconnue. Le lit supportant mon poids sans peine, je n’aurai pas cette désagréable gêne à devoir lui parler… à moins que je ne passe au travers des latrines. Ah, les nouveaux « chez soi », toujours pleins de surprises.

Enarmurée et encapuchonnée, une main sur le pommeau de mon arme dont la pointe est posée contre le sol, je regarde ces neufs ou treize mètres carrés et leur mobilier comme ces murs qui ne laissent rien entrevoir de l’extérieur. Cette pièce est celle des premiers pas, celle de retraite et de repos, il me faudra quelques instants pour l’explorer. Puis arriveront les témoignages de ce qui se tient au-dehors de ces murs, au dehors de ce navire volant ; un nouveau monde, vaste et mystérieux. Dangereux, aussi, et magnifique, sans doute.

Je reste absente quelques instants à cette idée, à cet imaginaire, puis inspire profondément pour en revenir à la réalité. J’ai des choses à faire, des combats à mener et des personnes à connaitre. Et cela commence par du trifouillage de boutons.