Dans un combat défaillant (Sin Tzu)

Sin de Tzu semblait très mal comprendre ma position, elle me parlait de syndrome et de blocage d’entrainements, pour moi, cela voulait dire bannissement des fonctions de Last Sons. Sa première réponse semblait dire que je m’en faisais beaucoup trop, mais je me sentais encore plus pulvérisée après. Ses premiers mots m’avaient littéralement tué une première fois, peut-être que je m’apitoyais vraiment trop sur Kailash, que mon village n’avait pas une grande importance et je ne devrais plus en parler ou même en penser. J’avais entendu parfois dire que mon village était pour des sauvages sans culture ou sans modernité. Je posais un regard bien plus vide vers Sin de Tzu après cette remarque qui venait me redescendre dans la réalité. Je ne pouvais plus rien faire, j’étais rendue une pauvre arme des Last Sons à qui on voulait faire traverser ce traumatisme pour continuer à se battre aveuglément. Je ne voulais pas méditer, j’avais essayé, mais je n’étais pas capable. « Sin, je ne comprends pas ce que tu me dis. Je ne te mets pas des mots de ta bouche, quand dans mon village… dans mon ancien village, on disait à une personne qu’il ne pouvait plus faire ces fonctions, cela voulait dire qu’il était banni pour un acte quelconque. Je ne sais pas c’est quoi un putain de syndrome ou un putain de masochiste. Tu me dis des choses que je ne comprends pas. Est-ce que je peux rester ici? Ou non? J’ai entendu une fois des soldats parler de renvoi. Est-ce que je suis renvoyée parce que je ne suis plus apte? C’est juste que je comprends mal, ne dit pas que je m’apitoie sur mon sort, c’est que je ne comprends pas ce que tu veux me faire avec ton rapport. » Je voulais bien essayée de lui parler naturellement, mais on dirait que je ne suis même pas apte à comprendre ce qu’elle me disait. Je commençais à plier mes bras autour de moi en essayant d’éviter un regard de sa part.

J’étais sûr qu’elle va m’apprendre pour une arriérée. De toute façon, cela devrait être déjà fait par plusieurs. Sergei devrait me prendre pour un être complètement débile aussi. Sin de Tzu avait un petit sourire avant de me proposer une idée, mais dès que cette idée se relatait dans les mots, j’avais commencé à faire du gestuel de refus. Je ne voulais certainement pas cela. « Non… non… non… » Je ne voulais pas du tout recevoir ce genre de rituels, cela pouvait paraitre complètement incohérent, mais c’était une question de gérer ma propre douleur. « Je… je… ne veux pas. » Je commençais à bégayer un peu, ma panique était au maximum. « Je veux réussir à… être capable de supporter ma douleur sans créer d’illusions de conforts, je veux être capable de traverser ça sans rituels. Je sais que tu veux bien faire, mais je ne peux pas. Je ne veux pas me sentir bien quelques heures pour retomber dans mon chaos après. Cela va encore me faire plus mal. Et je ne veux pas effacer ce que je ressens en ce moment d’une façon passagère ou définitive. Je vais me tromper à moi-même dans ce cas. »

Peut-être qu’elle allait me voir comme une femme complètement attardée comme toujours. Je commençais à m’isoler encore mentalement, me fermer aux autres. Je ne voulais pas être mêlé aussi à l’occulte, toute ma vie, j’étais mêlée à l’occulte et j’étais maintenant complètement paralysée à cause de cela.

Sin de Tzu se montrait bien plus clair avec moi après, comprenant la plupart des mots et des idées de celle-ci, je ne pouvais pas tout comprendre de ces concepts. Parfois, on dirait qu’elle me traitait comme une occidentale, car elle croyait vraiment que je comprends toutes les bases de compréhensions qu’elle. J’avais vécu dans un village durant toute ma jeunesse, on m’avait appris à méditer, à réfléchir et surtout à me battre. On ne m’avait jamais parlé réellement de psychologie ou de politique. Je comprenais les bases de ces domaines, je savais reconnaître certaines tristesses, mais je ne pouvais même pas me comprendre en ce moment. « C’est correct, je ne vais plus m’entrainer que cela soit avec les militaires ou avec les Last Sons. » C’était des mots très clairs, peut-être qui pouvait paraitre réconfortant pour Sin, mais je l’avais dis avec une tonalité différente. Je venais de faire une réflexion sur moi-même, sur les entrainements et sur ma vie. Je continuais uniquement un processus qui venait de détruire ma vie. Je pouvais paraitre dans mes agissements plus agressifs que dévastées. Je ne savais pas vraiment pourquoi un tel changement de comportement.

Sin de Tzu me demandait un moment, le silence m’aidait habituellement, mais en ce moment, ils me purgeaient. J’étais incapable de méditer car je détestais ce silence, cette pensée de revenir sur son passé, sur son calme antérieur. Je ne pouvais pas me calmer. J’avais toujours envie de frapper quelque chose un moment ou un autre dans ma vie. Je ne pensais pas que Sin de Tzu pouvait me comprendre, comme je ne croyais pas que chacun des Last Sons pouvaient me comprendre. Il s’agissait de quelque chose de bien plus différent pour moi de le vivre que d’appeler cela juste par un massacre. Je détestais qu’on compare le massacre de Kailash à d’autres massacres. Je ne le ressentais pas de la même manière. Sin de Tzu pouvait penser que j’exagérais, mais elle ne pouvait pas ressentir ce que je ressentais aujourd’hui. Je pouvais bien pleurer d’autres massacres, est-ce que je me pensais unique dans ce cas? Non. Mais, cela ne faisait que quelques jours. Est-ce qu’elle pensait vraiment que tous les guerriers se relevaient toujours? Est-ce qu’un guerrier dans la culture asiatique se relevait de la destruction de son clan? Non, c’était souvent la mort par l’Honneur. Est-ce qu’elle pensait que Wonder Woman allait se relever devant le massacre de Themyscira? C’était facile de dire de penser à autre chose, mais je ne pense pas qu’elle comprend ce que je vis.

Elle pouvait se comparer en tout temps, du massacre quand elle était enfant. Mon échec était multiple de trois manières différentes. Premier échec, c’était au niveau mythologique, l’Avatar qui m’avait donné un but de protéger mon village. Est-ce que les Dieux avaient donné comme but à Sin de protéger son île? Est-ce qu’elle avait la responsabilité enfant de protéger des milliers de vie? Deuxième échec, c’était par le but professionnel. Je m’étais donnée le but de protéger les gens de mon village, je pensais que Les Last Sons pouvaient m’aider dans ce but, mais j’avais tort. On était tous arrivés trop tard pour protéger Kailash. Mon dernier but était personnel et je pouvais sentir cet échec bien plus important que tous les autres. J’avais laissé mes proches mourir, les gens qui avaient construit toute ma vie. Contrairement à plusieurs sociétés, les gens qui avaient vécu un massacre pouvaient se retrouver dans une autre culture, alors que dans mon coté, non. Kailash était unique au niveau culturel. Peut-être que mon comportement était exagéré, mais j’agissais dans l’ensemble, pour mon échec et non par peine. J’avais échoué, j’étais une merde sans nom. Je ne pouvais plus être Korra du Mont Kailash, je ne pouvais même plus être Korra. J’étais une poussière désagréable dans un œil, j’étais un outil supplémentaire à une organisation. Mon regard se vidait dans cette pièce, je ne remarquais même pas le thé posé à coté de moi.

Ma respiration était lente, mes mains avaient recommencé à trembler un peu. Je ne me sentais pas très bien, non je ne me sentais pas du tout bien. J’avais entendu les mots de Sin, mais leurs effets étaient nuls devant mon état actuellement. On me disait souvent ces mots, mais la réalité état toute autre. J’étais remplaçable. Sans l’Avatar, je n’étais pas cet être si puissant qu’on désirait autant. Je ne pensais pas le redemander un jour, je ne le méritais pas. Je me demandais si on pouvait même le transférer à un militaire qui pouvait bien plus aider que moi.

J’avais pris le thé d’une main, mais cela tremblait beaucoup trop. J’avais eu le temps de boire un peu, mais c’était une maladresse totale. J’étais en train de faire un malaise, je comprenais ce mot depuis que les infirmières m’en avaient parlé. Je m’étais échappée la tasse sur mes jambes, je commençais à mettre mes mains devant mon visage. Je n’avais pas mal à la tête par cette action, je voulais me retrouver. J’avais envie de vomir encore. Je devrais être capable de faire le vide dans mon esprit. Je ne pleurais pas. J’étais uniquement en train de me concentrer. Je chantais une cantine que ma mère chantait quand, enfant, je jouais dehors avec Mako et mes autres amis. J’avais réussi un moment de ne plus penser à leurs corps déchiquetés, j’avais réussi à penser à un autre souvenir que celui-ci. Je pouvais paraitre folle en faisant ce petit chant, mais je me calmais, je ne pensais plus au démon, je ne pensais plus aux Last Sons, je ne pensais plus à Korra. Je pensais à une autre idée. J’avais même retrouvé un maigre sourire durant la cantine, je pensais à la blessure que ma mère avait nettoyée sur mon front. Avec de la douceur, avec un attachement particulier, elle me chantait de nouveau cette cantine.

Mes mains avaient arrêtés de trembler, je me sentais un peu mieux. J’avais enlevé mes mains devant mon visage. « Dé… désolée… » Je bégayais un peu ces mots, j’avais besoin de dormir naturellement, sans magie, peut-être que mon sommeil allait être moins lourd. Je devrais reprendre des forces avant de partir, je pouvais paraitre faible sur le moment, je me sentais bien mieux mentalement. Peut-être que c’était à court-terme, mais c’était par moi-même. « Tu sais… j’ai déjà rencontré Wonder Woman, il y a quelques années avant que le gouvernement chinois vient nous voir. Et elle m’a dit quelque chose de simple autour de la souffrance. Ce n’est pas la souffrance qui te construit, c’est comment tu l’adaptes qui te construit. Parfois, il faut juste savoir comment construire un sentiment, une idée ou un lien pour te définir. Est-ce que tu me vois toujours comme la représentante d’un Village parmi d’autres? Ou tu me vois de manière différente? Est-ce que tu me vois de Kailash? Est-ce que tu me vois comme un Avatar? Un être de magie? Ou vraiment comme une amie? Est-ce que pour toi, mes pouvoirs font partis de ce que je suis ou sans mes pouvoirs, je vais être une personne différente? »

J’écoutais les mots de Sin de Tzu peu après, en essayant surtout de comprendre ce qu’elle me disait. Plusieurs idées étaient complètement bloqués pour ma compréhension, je ne me permettais plus de réfléchir autant ou de faire preuves d’ouvertures sur plusieurs dialogues. Je ne pouvais pas réfléchir sur certains scénarios qui risquaient toujours de me faire plus de mal que de bien. Sin me disait qu’elle avait dépassé la vision de diplomate ou de coéquipière envers ma personne. Je m’étais toujours souvenue de notre première rencontre, quand j’avais demandé à rencontrer des diplomates chinois pour savoir ce que le gouvernement chinois voulait. On avait discuté d’arrangements politiques pour  Kailash, mais je me sentais mal à réfléchir de nouveau à ce moment. La majorité de mes amis encore vivants, me connaissaient par Kailash et non par ma propre personnalité. Je me demandais même-moi à quoi je ressemblais vraiment, Kailash et sa culture m’avaient complètement définis de A à Z, sa disparition était bien plus douloureuse que j’y pensais de cette manière. Je n’étais pas simplement une orpheline au sens propre, mais aussi en sens culturel.

Je ne l’interrompais pas une seule fois dans ses mots, comparant encore à sa situation à la mienne, j’avais de la difficulté à prendre cette comparaison. Je ne voulais pas devenir une militaire, ni une spécialiste des occultes, mais je ne savais même pas ce que je voulais être vraiment. Je pouvais peut-être devenir un symbole déchu, mais ma conscience ne pouvait pas l’accepter avec une telle facilité. Je ne savais pas où reprendre mes sources, mes idées ou mon histoire. J’avais même de la difficulté à savoir pourquoi j’étais toujours vivante de cette expérience. Elle me parlait aussi du constat d’échec quand plusieurs ne voulaient pas que je me sens coupable de cet échec. Je ne pouvais pas faire beaucoup de choses selon leurs dires, mais je devrais réfléchir sur tous les concepts et toutes les idées qui avaient cumulés depuis trop longtemps. « Je vais essayée d’y réfléchir par moi-même, mais c’est difficile en ce moment, j’ai beaucoup trop de questionnements et de doutes pour essayer de voir un bout de chemin à la fin de Kailash. Peut-être que je vais devoir accepter sa disparition, essayer d’oublier mes proches et recommencer sur de nouvelles bases. Je ne sais pas vraiment aujourd’hui, je dois vraiment réfléchir comment je dois interpréter cela…»

C’était toujours aussi confus de ma part, mais je ne pouvais pas réfléchir correctement et donner des idées correctes. Je pensais que c’était le temps de la quitter pour le moment, peut-être de faire un tour à l’infirmerie et d’essayer de dormir après. « Je suis désolée de t’avoir déranger, je pense que je vais aller à l’infirmerie et essayer de me reposer. En tout cas, notre discussion était intéressante. »