Connaître autrui n'est que science; se connaître soi-même, c'est intelligence. (PV Bruce Wayne)

Quoi qu’on disait du monde, il faut être réaliste, la Chine n’était plus le centre économique des années 90. J’avais toujours des forts alliés économiques en Chine, comme aux États-Unis, mais je devrais profiter plus des nouvelles économies indiennes et brésiliennes pour rester aussi constant dans certaines régions. Je ne m’étais pas coupé totalement des membres de la Justice League, je leur offrais toujours des renseignements au Watchtower. Je ne faisais jamais assez confiance aux Vengeurs pour fournir des informations aussi importantes. Je me rendais à Hong Kong pour autre chose que la soirée économique, il avait toujours de drôles d’informations qui trainaient un peu partout sur une organisation. L’Asie semblait bloquer totalement ses relations avec les Vengeurs, ils étaient en train de construire leur SHIELD et peut-être leur projet national. Je ne savais encore que peu d’informations autour de ce mystérieux projet. J’avais quelques nouvelles sur les Last Sons à cause des médias alternatifs, mais ce n’était jamais prononcé et officiel. Ils avaient d’excellents cachetiers dans cette organisation. La Tournée Asiatique allait me permettre amples d’informations sur ce projet.

Je ne devrais pas avoir une tête sérieuse durant ces réunions de bourgeois. J’étais toujours le gros connard de service,  à la Tony Stark, qui se mêlait de tout et créer des catastrophes tous seuls. Je sortais de la voiture avec le sourire le plus idiot de la planète, maladroit dans mes paroles et surtout faisant quelques remarques racistes pour bien jouer le personnage. Je jouais déjà le personnage qui avait bien trop bu, mais les investisseurs me connaissaient maintenant. J’étais un homme plutôt sérieux dans les affaires. Il s’était passé quelques minutes après ma rentrée, avec quelques serrages de main avant la petite surprise.

J’avais connu de nombreux ennemis dans ma vie, j’avais commencé ma carrière en 1980 en solo avant de rejoindre la Justice League. J’étais toujours actif aujourd’hui, mais je devrais être honnête, cette personne m’avait marqué comme ennemie pendant plusieurs années avant l’arrivée des pires. Elle n’était pas du niveau de Joker, de Bane ou de Ra’s, elle était à un autre niveau. Je l’avais reconnu par sa démarche et son visage, mais les présentations militaires avaient tous faits. Sin s’avançait vers moi avec un énorme sourire quand je restais comme à mon habitude bancale, simple et sévère. Je ne croyais pas aux hasards. Elle cherchait peut-être une vengeance particulière, elle se rappelait même quand je l’avais affronté.

Avant Superman, avant Bane et surtout avant le Joker, je restais devant cette personne sereine et toujours aussi méfiant. Elle commençait même à me complimenter sur ma sagesse, qui avait atteint le même niveau que Confucius. Hormis que je détestais Confucius pour des raisons philosophiques comme pour avoir marqué les différences et les ultranationalismes, elle semblait vouloir me complimenter par cette comparaison. Ces intentions semblaient être pacifistes, mais j’étais toujours sur mes gardes. Elle n’avait jamais été affiliée avec la ligue des Assassins ou la Main, mais peut-être les Last Sons viennent d’elle. « Cela fait tellement plaisir de revoir une vieille amie. Je soutiens son idée de nous laisser seuls pour discuter, Monsieur le Ministre. » J’attendais que celui-ci quitte pour poser un regard sévère envers Sin. Je voulais lui entendre dire les premiers mots, je voulais entendre ces explications.

Mon frère? Elle commençait cette discussion étrangement. Je savais que j’avais beaucoup d’importances dans la vie de plusieurs, surtout dans le rôle de Batman, mais cela faisait beaucoup si longtemps pour elle. Après 1994, j’avais eu mes combats les plus mémorables et les plus destructeurs de ma vie. Sin Tzu était une bonne rivale à une époque, mais mes combats contre Superman, Bane et le Joker ont beaucoup contribué pour changer ma vie. Non juste par les moyens utilisés, mais aussi la souffrance psychique ou physique que j’avais subi durant ces nombreux combats. J’étais resté silencieux devant la remarque familiale. Je ne pouvais pas en dire autant, beaucoup trop de choses s’étaient passés depuis l’époque, elle était une ennemie que je pouvais me souvenir, mais le manque de nouvelles me l’avait fait oublier dans cette équation pour cette soirée.

Elle rentrait dans le sujet glissant de son éventuel vengeance qui ne s’était jamais passé. Donnant l’un des plus grands exemples de ce qui pourrait me faire mal, si les gens connaissaient Batman bien sûr. J’avais travaillé dans Gotham depuis trente ans, mais il existait que quelques personnes qui connaissaient l’existence de Batman. Pour les autres, c’était souvent une légende urbaine, un monstre du Loch Ness. « Divulguer mon secret est quelque chose, mais il faudrait prouver en premier son existence. » Vu l’image que je m’étais construis autour de Bruce Wayne, je ne croyais pas à cette chance, sauf pour Bane ou Deathstroke, mais les deux hommes me voyaient comme un rival bien trop important pour nuire à mon image. Si celle-ci était franche, j’en étais heureux, c’était la preuve que la réhabilitation était possible. C’était une preuve que mon idéologie n’était pas aussi désuète que certains pensaient et c’était pour cette raison que je me battais aujourd’hui encore.

Je restais silencieux quand même devant ces remarques, tout était gratifiant pour moi, mais je ne pouvais pas m’enlever une idée de la tête sur cette personne. Je la trouvais toujours aussi étrange. Elle pouvait paraitre fière dans sa carrière militaire, mais le patriotisme me faisait toujours monter sur les rideaux. En plus que le militarisme menait souvent à la dictature en Chine. Puis, elle me répéta une phrase que je pouvais regretter maintenant : Un peu de chaos est un mal nécessaire. « Si tu as un peu suivi l’actualité de Gotham, le peu de chaos que j’ai laissé libre, m’a presque tué, mais surtout massacré ou paralysé mes proches. » Je n’étais pas devenu autoritaire, mais avec des ennemis comme le Joker, il était difficile d’approuver son chaos et son nihilisme.

Mes prochaines questions pouvaient lui faire du mal, mais c’était une manière de prouver deux choses. La première consistait à voir le réel changement qui s’était passé chez elle. Combattre pour le Gouvernement Chinois contre la Russie ou le Japon, ce n’était pas une évolution positive à mon avis. La deuxième consistait à voir si elle avait fait plus que travailler dans le gouvernement chinois. « Alors, tu as fais quoi depuis les vingt dernières années? As-tu chassé les moines au Tibet? As-tu dérivé des fleuves pour éviter une famine? As-tu aidé les gens ou est-ce que tu as combattu pour un pays contre un autre pays ou un autre peuple? Est-ce que tu es allé plus loin d’un seul regard national? » C’était des questions froides et calculées. On pouvait toujours prétendre de changer, mais changer pour un gouvernement? Les Vengeurs et le SHIELD sont la plus grande preuve de cet échec.

« Je te le redis, mon frère. Tu n’as rien à craindre de moi. La famille est sacrée pour bien des chinois, que ce soit une famille de sang ou spirituelle. Pourquoi chercherais-je à te nuire? Je ne suis pas parfaite. Jamais je ne prétendrai même être digne de ce que tu es, ce que tu représentes. Mais ma détermination est inébranlable et je peux aspirer à me rapprocher de l’idéal que tu représentes. »

Le ton était étonnamment doux mais il cachait quelque chose de douloureux. C’était, pour donner un comparatif, comme un enfant qui a donné tout ce qu’il avait pour remporter la première place ou ramener une note extraordinaire mais qui a échoué. Tout du moins, qui pense qu’il a échoué parce qu’il n’a pas atteint l’objectif qu’il s’est fixé. Mais est-ce qu’une médaille d’argent constitue un échec? Est-ce qu’un A est si inférieur que cela à un A+? Sin Tzu ne serait jamais Batman mais elle avait réussi à changer sa vie, à quitter le crime, à faire un 180 degré avec son existence et s’engager dans une voie qui si elle n’était pas parfaite, avait un but et des objectifs clairs et une certaine noblesse dans sa façon d’être. Une réalité qu’on ne peut réaliser quand on s’en demande trop inutilement. Curieux quand même pour quelqu’un pouvant être si sage.

Les questions en rafales de Bruce Wayne lui firent arquer légèrement un sourcil. Le fait qu’elle travaille pour l’armée chinoise le dérangeait à ce point? Comme elle n’avait pas trop suivi l’actualité de Gotham, il n’avait manifestement pas suivi sa carrière. De tous les officiers de l’armée chinoise, Sin Tzu était probablement la plus diplomate et la plus modérée du lot. Il y avait des choses dans l’énumération de Bruce qu’elle ne pouvait avoir fait faute d’en avoir le pouvoir. Elle pouvait par contre affirmer fièrement avoir fait d’autres actes et coups d’éclats dignes au moins d’une tape dans le dos. Devait-elle mal le prendre, s’en offusquer? Non. Peut-être était-ce une forme de test après tout. Son frère était en droit de poser des questions, d’exiger des réponses et c’était même normal. Son proxy seul aurait désapprouvé mais lui aussi avait changé depuis le temps.

« Mon frère, si j’ai dit que j’avais changé, ce n’est pas pour devenir esclave d’un régime. Saches que non, je n’ai chassé aucun moine au Tibet et que le Parti déteste ma vision des choses qui leur est favorable. Non, je n’ai pas dérivé de fleuves car je ne dispose pas de ce genre de pouvoir mais mes golems ont construit des fermes, des écoles et des hôpitaux pour aider des centaines de mes compatriotes ruraux.

Ensuite, je suis général quatre étoiles, oui, mais je n’ai participé à aucun conflit. À dire vrai, j’ai surtout œuvré pour en éviter. Ma spécialisation étant les arts occultes, j’ai fait dans la recherche et le développement. J’ai perfectionné mes golems pour sauver des vies. Pour opérer dans les usines, pour travailler dans des endroits dangereux. Je ne crois pas en la Chine. Je crois en la Grande Chine. Et plus encore. Mais je ne te force pas à me croire, mon frère. »

À dire vrai, Sin Tzu détestait la Chine en tant que tel parce que le Parti avait une vision bien trop étroite des choses. Sin Tzu s’était fait de puissants ennemis dans la hiérarchie de la Chine et n’eut été des Last Sons, ils auraient probablement fini par se débarrasser d’elle sur le plan politique. Elle ne regrettait en rien d’être une note discordante dans un chant qui à la base était faux. Elle n’avait aucun problème à assumer la réalité qu’elle allait finir par payer pour ses convictions. Mais s’il fallait qu’elle meurt pour quelque chose, ce serait pour une cause en laquelle elle croyait. Pas pour un pays. Pas pour des politiques. Joindre les Last Sons était un acte qu’elle avait fait pour protéger la Chine de l’hypocrisie effarante du SHIELD. S’il fallait défendre le monde, soit. Elle affronterait le mal, un hypocrite à la fois et le SHIELD et ses vengeurs étaient les deux plus gros du lot…

Ils sont toujours étranges ces gens qui essaient de vous tuer de nombreuses fois pour t’admirer peu après. Je crois à ce que Tzu me dit, mais j’ai du mal à comprendre toutes les années passées pour me voir une certaine admiration. Je suis toujours Batman, j’ai maintenant des alliés de choix pour mon combat contre le crime, mais je commence à me faire vieux. Je n’ai pas un système d’arrêt de vieillissement comme les autres, bien que je ne ressente pas encore les effets physiquement, je sais très bien que cela va venir plus tard. Tzu n’était pas l’ennemie que j’avais une rengaine particulière, mais je doute de la bonne foi des gens. Les Vengeurs sont un produit d’un gouvernement démocratique depuis plusieurs années et ils avaient des idées plus qu’autoritaires. Je n’imagine pas la création d’un groupe d’un gouvernement de provenance autoritaire. Je me pose toujours plein de questions sur les Last Sons, je sais que le groupe n’est pas juste limité à la Chine, alors il est facile de se poser des questions sur ses origines et ses buts. Pendant un moment, je doute que Sin fasse partie de ce projet, je ne vais pas lui poser des questions sauf si elle amène le sujet. Montrer un certain intérêt est toujours un grand signe de faiblesse et cela illustre aussi mes limites de connaissance à ce sujet.

Je crois qu’elle est sincère, mais je ne crois pas vraiment qu’elle se rend compte de la situation de Chine et du Parti actuellement, comme je ne crois pas que Rogers est capable de voir la réelle situation américaine. Tu peux être le plus grand héros américain de tous les temps ou un être qui incarne le respect dans une partie de la population, mais il est difficile de comprendre tous les problèmes d’un pays ou d’un autre. « Bo avait aussi parlé du concept de la Grande Chine durant le Congrès, parlant de reprendre Singapour et Taiwan, malgré l’opposition américaine. Le Parti avait été obligé de l’évincer pour éviter qu’il ramasse trop de partisans. Je suis conscient que tu fais des efforts particuliers pour aider les gens, mais tu ne crois pas que l’Asie te dépasse? Entre les Conflits incessants entre la Chine et le Japon? Entre les discussions houleuses de plusieurs politiciens. Tu crois que tes efforts sont vraiment respectés? Tu me vois peut-être comme un idéal, mais tu sais très bien que j’ai toujours voulu refuser de me voir comme un idéal. Je reste indépendant, parce que je fais peu confiance aux gens. Alors, donner ma confiance à un gouvernement ou à une idée politique, j’ai du mal. Il va se passer quoi si la Chine rentre en conflit avec le Japon? Ou la Russie? Ou l’Inde? As-tu des obligations envers eux ou c’est la Grande Chine en premier? » C’était aussi une manière pour qu’elle parle des Last Sons, si celle-ci en faisait partie.

Je risque d’être rapidement fixé, car je ne vois pas sur quel sujet, qu’elle pourrait dévier pour éviter la question. Je ne sais pas encore si elle est consciente de tout ce qui se passe aux États-Unis, mais la situation mondiale n’était pas assurant depuis qu’ils ont remplacé les armes nucléaires par des surhommes pour faire des poids psychologiques entre chaque pays. Les États-Unis avaient toujours un avantage particulier, malgré que le groupe ne semble pas prêt à combattre ensemble, ils sont une trentaine de membres, mais prêts à se battre.