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Le temps des cerises

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Message  Alexstrasza Mer 27 Juin 2018 - 6:00


Pas de cuisson cette fois. Qu’en déduire ? Je sais pas. Ce que je sais par contre c’est que j’ai pas le droit à la nouvelle offrande… ce qui ne m’aide pas à savoir, j’ai mes priorités dans la vie. Mon autorité de chef n’est-elle plus respectée ? Ou est-ce le fait que le félumain ait contribué à chasser cette proie qui lui fait considérer qu’il mérite sa part entièrement et n’a aucune taxe à payer ? Dans les deux cas, je suis attristée ; mais je sais pas dans lequel je le suis le plus. Difficile de décider ce qui est le plus important pour moi, entre mon égo et mon estomac. Encore que la suite de la chasse est assez indicatrice. Et révélatrice du fait que mon intellect ne concurrence aucun des deux, aussi.

Le cri du félumain est presque devenu habituel, ayant quelque chose de rassurant vu qu’il n’est pas différent du premier ; ce qui peut laisser penser qu’il n’est pas dans une situation différente de tout à l’heure, donc pas blessé. L’odeur est différente en revanche et, s’il est en effet en panique, mon compagnon improvisé est surtout légèrement blessé. Je sais que j’ai la délicatesse d’un éléphant et demi dans un magasin de porcelaine, après tout je suis plus grosse qu’un éléphant, mais j’ai autant d’attention bienveillante ; en version carnivore, certes, mais quand même. Le félumain est mignon lorsqu’il s’en rend compte avec surprise, sa blessure disparue. Je ne sais pas s’il notera que je n’ai pas profitée de l’occasion pour le goûter mais je ne suis pas certaine que ce soit quelque chose à souligner et, de toute façon, il ne parle pas. Encore que… je n’ai pas essayé de lui parler, en fait. Pas besoin d’un langage articulé complet pour communiquer et ce n’est pas le premier réflexe qui me vient avec les espèces autres que les humains, même si eux ont tendance à s’adresser aux autres espèces en partant du principe qu’elles comprendront ; d’où qu’un certain nombre leur parle comme à des débiles, n’ayant du fait pas vraiment l’air fin eux non-plus. Je suis pas fine et j’en ai pas l’air mais au moins n’ai-je pas parlé au félumain comme à une débile. Je ne lui ai pas parlé tout court et il ne m’a pas parlé non-plus alors que je l’ai traumatisée à répétition, sans doute qu’il ne peut pas le faire. Après, je suis sûre que la viande en valait le coup.

Viande de nouveau partagée et que cette fois le félumain refait cuire… sous mes yeux ébahis. Cou arqué et tête branlante, je fixe le félumain en étant certaine d’une chose : je ne comprends pas sa logique. Mais je dois avouer que mon incompréhension passe après le retour de l’offrande de nourriture et j’en relève donc le buste afin de reprendre un port de tête altier. Tout retombe d’un coup lorsqu’il s’agit d’engloutir la taxe sur le manger, par contre, mais remonte tout aussi vite pour le gober. Je dirais bien que cela me laisse le temps de réfléchir à cette histoire de parler avec le félumain mais, franchement, ma réflexion ne va guère plus loin que ça : je pense que je peux penser et donc on verra après. On pourrait penser qu’engloutir un orignal me prendrait beaucoup plus de temps que d’en faire de même avec un cerf et c’est vrai mais ce n’est pas l’engloutissement qui prend du temps, c’est la phase précédente. Ma gueule est longue d’un mètre quarante et large d’un mètre vingt au plus, difficile d’y faire rentrer un élan d’un peu moins de deux mètres au garrot même lorsqu’il n’y a plus rien pour dépasser de celui-ci, et elle n’est pas faite pour mâcher non plus. Evidemment, le broyage est une solution mais j’en ai une moins croustillante, histoire de ne pas m’endommager plus le palais, et plus déchirante, une propreté qui devrait plaire au félumain. Là où lui en finissait avec du sang le long de la gueule à déchirer sa viande à l’aide de ses pattes, la longueur de mon cou ne rend pas la chose très pratique à l’inverse d’un secouage en bon et due forme. Attrapant le cadavre, je le secoue jusqu’à ce que les bouts s’en aillent, avalant ce qui me reste entre les dents avant d’aller chercher le reste. Enfin, le reste accessible parce que la méthode implique qu’il soit un peu partout, le reste. Il me faut une demi-douzaine de minute pour autant de centaine de kilogrammes et je dirais bien que je me lèche les babines mais on en est un peu loin ; des babines comme de là où j’ai expédié mon manger. Difficile de savoir s’il y a plus de bouts d’élan ou de bouts de bois dans les alentours après il est surtout temps de passer au dessert.

Une fois relevée, je commence à me diriger vers les plus gros troncs abattus aux alentours et leur sort n’est pas bien différent de précédemment, si ce n’est que j’ai l’intelligence de ne pas leur mettre le feu avant de les déchiqueter. Certaines plantes sont meilleures cuites mais pas les arbres, à mon goût. Je sais qu’à les ingurgiter, je prive une étape de la régénération forestière mais je reviendrais y participer par la magie et la fertilisation excrémentielle, même s’il faudra attendre pour cela que je digère. Je sais aussi qu’il est inutile de proposer du bois au félumain, cela ne fait pas parti de son régime alimentaire. Le mien consiste en baies, fruits, légumes, plantes, petits animaux forestiers, gros animaux forestiers, arbres, entre autres… je suis omnivore quoi, malgré une certaine préférence pour la viande. Après, la viande se chasse alors que le reste est plus facile d’accès, je le garde donc pour combler les trous ; tant ceux que j’ai fait dans le décor que ceux qui me restent dans l’estomac. La zone à peu près nettoyée, il est temps pour moi d’en faire de même. Cependant, un détail persiste : le felumain.

Fixant mon coéquipier de chasse, je penche légèrement la tête sur le côté à m’interroger à son sujet. Peut-il parler ? J’ai déjà conclu que non sans quoi il l’aurait déjà fait. Peut-il faire deux fois la même chose, genre cuire sa nourriture et payer sa taxe de manger, ou doit-il alterner ? A moins qu’il ne cuise que pour goûter le goût de la viande cuite, ayant forcément déjà celui de la crue s’il chasse dans les parages. Est-il un "il" ou un "elle" d’ailleurs ? Le dernier point étant le plus facile à vérifier, je commence par celui-ci et c’est un nouveau coup de langue pour partir du museau, histoire de nettoyer un peu les sangs qui s’y trouve, jusqu’à la cuisse blessée, dans ce même objectif. Femelle, je confirme. D’un goût pas désagréable, je confirme aussi. Voilà qui est fait. Maintenant, s’il m’est impossible de déterminer son comportement à moins de chasser deux autres bêtes, chose que je ne ferais pas car cela serait de la gourmandise, je me dis qu’il y a sans doute d’autres moyens de vérifier son humanité. Et le premier qui me vient à l’esprit coïncide avec mes habitudes, c’est d’ailleurs pour cela qu’il me vient à l’esprit. Ma langue bifide s’échappe une nouvelle fois de ma gueule et je passe ses extrémités autour du buste de la félumaine avant de la soulever. L’instant suivant, je bondis à travers la trouée dans la canopée et, celui d’après, je déploie mes ailes pour garder mon altitude.

Le Moose Pond est à une quinzaine de kilomètres au nord-ouest de la plus haute montagne de l’Etat de New York, le mont Marcy, dans laquelle j’ai bien évidemment creusée mon antre. La vingtaine de minutes de vol m’est habituelle mais je dois avouer que c’est la première fois que je la fais avec un passager sur le bout de la langue. Si l’aspect "langue de chien dans le vent" m’est bizarre, je n’imagine pas ce qui doit en être pour lui. J’espère juste qu’il ne gâchera pas la bonne viande à plus de mille mètres d’altitude… En plus, n’exagérons rien : à une cinquantaine de kilomètres par heure, il n’y a pas encore trop de vitesse pour faire balloter mon passager et, comme on est dans les montagnes, il n’y a pas tant de vide que ça entre ses pattes et les arbres et rochers. Je maintiens même un vol assez bas juste pour lui, même s’il me faut monter jusqu’aux saillies rocheuses entourant un lac de montagne pour y trouver l’entrée d’une caverne vraisemblablement peu naturelle.

Quelques dizaines de mètres au-dessus de la surface de l’eau, la trouée est haute d’une dizaine de mètres et large d’une quinzaine, me permettant de m’y fondre pour ratterrir félinement sur mes pattes. Toujours mon passager en langue, je m’enfonce dans un couloir d’une dizaine de mètres de large taillé à même la roche. S’il s’élargie après quelques pas, la lumière extérieure permet aisément de voir le trou béant qui marque son centre ; un trou aussi large que la caverne, nouveau couloir vertical cette fois et s’enfonçant dans les ténèbres avec pour seul bruit un clapotis d’eau. Sautant aisément cet abîme qu’un être de la taille de la félumaine pourrait traverser sur les côtés, le trou étant creusé avec la même indélicatesse que le reste du tunnel, je continue le long du second jusqu’à la chambre qui le conclu. Déposant la félumaine, je chante à nouveau afin que les torches du lieu en révèlent toute l’incongruité. Au fond de cette caverne se trouve un petit salon que j’ai décoré au mieux. Des lambris blancs délimitent l’espace et leur partie centrale a été peinte en rouge et décorée d’un tableau représentant une galerie d’art dont le carrelage en damier supporte d’autre œuvres. Au-dessous, un canapé bleu aux sièges beiges est couvert de quelques coussins jaunes et blancs ou brodés installés pour faire une symétrie. Au-devant de cela, quatre petites tables bleus et bois elles-mêmes devant quatre sièges de similicuir. Le tout sur un tapis noir aux motifs blancs, délimitant lui aussi l’espace d’accueil. Enfin, dans un coin, une porte ; seule, close, qui semble ne pouvoir s’ouvrir que sur un mur. L’ajout le plus récent et, si accordé aux couleurs du reste de la pièce, dénotant forcément du reste de la décoration.

Après avoir poussé du museau la félumaine pour qu’elle avance, je m’assieds et ramène ma queue contre mes pattes tout en l’observant agir dans un environnement typiquement humain. Ou pratiquement humain.
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Message  Leandra Albarez Muñoz Mar 10 Juil 2018 - 14:00

V’là qu’le dragon commence à arroser les lieux d’bout d’élan après nous avoir copieusement aspergé d’échardes en tout genre. J’voudrais bien nous mettre à l’abri mais, malheureusement, j’vois pas où alors j’attends patiemment qu’y finisse, essayant d’me faire l’plus p’tite possible pour éviter d’me r’cevoir un bout d’corne dans l’œil ou le flanc. C’qu’est déjà une nette amélioration par rapport au moment où j’essayai d’limiter les parties d’mon corps vulnérables aux crocs d’dragon. Quoique… si j’me fais empaler par des bois d’orignal, ça m’fera une belle jambe. Ou patte dans l’cas de Nina.

Heureusement, ça dure pas longtemps. Moins d’une dizaine d’minutes s j’devais faire un estimation grossière. ‘Fin bon moins d’dix minutes avant qu’il r’commence à faire des trucs incompréhensibles. Parce qu’après, y s’met à manger un arbre, un AR-BRE ! D’puis quand c’est arboriphage les dragons ? J’veux dire il vient d’bouffer trois animaux bien frais et maint’nant y s’décide à bouffer de l’écorce, ça fait juste pas d’sens. Non, que dalle, nada. Mais bon, j’suis pas là pour comprendre mais survivre alors …

Et, en parlant d’survivre, j’suis pas loin d’y passer à cause d’un nouvel arrêt cardiaque quand j’sens l’immense et rugueuse langue du reptile volant sur mon flanc. Pourtant, comme d’ta l’heure, y’a pas l’air d’avoir d’volonté d’blesser derrière ce geste. Est-ce que ce s’rait sa façon d’dire qu’il est content ? Comme quand un chien vous lèche la figure ? Talo, le chien des voisins fait tout l’temps ça. Bon plus d’puis l’apparition d’Nina dans mon cas – y doit sentir inconsciemment sa présence sur moi – mais ça change rien à c’que je dis. Dès qu’il voit un humain qu’il aime, et vas-y que j’te lèche. Alors, p’têt bien que mon compagnon à écailles est pareil.

Ou pas… J’ai à peine l’temps de comprendre c’qui m’arrive que j’sens sa langue s’enrouler autour d’not’ corps et la s’conde d’après on est dans les airs. Ça m’en coupe tellement l’sifflet que j’fais même pas d’bruit. Juste une sorte de cri étranglé quand j’réalise à quelle hauteur on est. Et c’est là que j’me dis qu’heureusement que j’suis sous forme féline sinon j’me serais v’nue d’ssus, j’en suis certaine. A la place, j’me contente d’essayer d’calmer Nina qu’essaye désespérément d’reprendre l’contrôle pour s’échapper. Ses instincts de « Danger. Prédateur. Croquer. Tuer. Fuir » ne cessent d’venir parasiter mes propres pensées. A savoir que si l’dragon avait voulu nous bouffer, il l’aurait d’jà fait. Alors j’sais pas c’qui nous veut, genre vraiment VRAIMENT pas, mais j’pense pas qu’y nous veuille du mal pour autant.

Prise dans mon propre combat mental, l’voyage s’déroule probablement plus vite que c’qu’il a réellement duré. Quoiqu’il en soit, quand j’reprends enfin l’contrôle sur Nina, on est sur l’point d’rentrer dans un énorme trou à l’intérieur d’une montagne qu’a rien d’naturel. Et quelque chose me dit soudain que l’dragon nous amène chez lui. Pour quoi faire ? Mystère et boule de gomme. Mais j’suppose qu’on va bientôt l’savoir. Enfin j’espère en tous les cas parce que, si j’me suis trompée sur ses intentions, j’préfère en finir vite plutôt que d’me faire avoir sur la durée. En attendant, j’observe les lieux qu’on traverse sans bien être capable d’retenir l’chemin. Etonnement, enroulée dans la langue d’un dragon de plusieurs mètres de haut est pas la meilleure des positions pou jouer les GPS vivants.

On finit malgré tout par arriver à destination et quand les torches s’allument, j’commence d’plus en plus à m’demander si tout c’que les livres d’fiction disent sur les dragons est pas du bullshit total. Parce que déjà, personne m’avait jamais dit qu’ils avaient des pouvoirs. Et encore moins qu’ils collectionnaient les meubles humains. Et pourtant, c’est bien c’que j’vois devant moi. Ou plutôt non, c’est pas une collection, non c’est une vraie pièce aménagée à l’humaine. Alors soit l’dragon collectionne les compagnons – c’qui expliquerait pourquoi j’suis ici – y compris humains et donc il a permis à son ami ? maître ? subordonné ? esclave ? d’s’installer le plus confortablement possible, soit… bah j’sais pas parce que même cette option est ridicule.

La seule chose qu’est sûre c’est qu’le dragon a déjà vu des humains et qu’il est familier d’la magie, alors, logiquement, j’risque rien d’plus que c’que j’risque déjà rien qu’en étant à ses côtés à m’transformer pour voir si y’a quelqu’un dans l’coin qui puisse m’expliquer d’une fois pour toutes c’qui s’passe. Alors, envoyant la prudence s’faire chier – perdue pour perdue j’ai envie d’dire – j’reprends petit à petit forme humaine. Et en une minute m’voilà toute nue face à un dragon, à plusieurs centaines de mètres dans une montagne. TOUT. VA. BIEN.

Sans surprise, j’me sens pas particulièrement mal à l’aise vis-à-vis d’ma nudité. Après tout, qu’est-ce qu’un dragon en a à cirer que j’ai des gros ou des p’tits seins. Pourtant, j’m’empare quand même d’une couverture posée sur un des sièges parce qu’y fait pas exactement chaud dans la grotte. Sans soleil, c’est compréhensible mais l’fait est quand même là, j’me les pèle sévère. Une fois enroulée dans la couverture, j’m’aventure donc vers la porte à l’emplacement incongru pour voir si l’habitant des lieux – l’humain j’veux dire – s’rait dans une autre pièce. J’essaye d’l’ouvrir et ne rencontre pas d’difficulté mais tombe nez à nez avec du rien. Enfin, non, nez à nez avec d’la roche. Okay… Ce lieu est aussi incompréhensible que son propriétaire. Résultat, j’reviens à mon idée principale et gueule.


- Et oh ! Y’a quelqu’un ? Vot’ dragon m’a emmenée jusqu’ici mais… euh… faut qu’je rentre là…


Bon c’est pas l’explication du siècle, j’vous l’accorde mais j’ai des circonstances atténuantes.
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Message  Alexstrasza Jeu 12 Juil 2018 - 12:50


Le nouveau cri de la félumaine est plus étouffé que les précédents ; si je me dis d’abord que c’est parce qu’elle a moins peur, la possibilité que ce soit juste le fait qu’elle ait moins d’air passe en coup de vent juste après. Cela étant, la suite se déroule avec un calme appréciable même s’il y a quelques petites tensions parfaitement compréhensibles chez ma passagère. Généralement, la première session de vol est toujours un peu impressionnante mais les gens s’y font aux suivantes. Et puis n’avoir pas uriné de nouveau, sans doute parce qu’elle l’a déjà fait à mon apparition de mémoire, aide la félumaine comme moi-même à apprécier un peu plus le retour à l’antre. Antre dont l’une des chambres va me servir de test pour ma compagne du jour. Ça la fait surement bugger comme la plupart des êtres humains que j’invite ici pourtant c’est bien pour eux que j’ai aménagé tout ça. A passer du temps déguisée en leur sein, j’ai pris certaines de leurs habitudes et celle de pouvoir organiser des soirées chez soi en fait partie, d’autant plus que mon chez moi a bien moins de contraintes que la plupart de ceux d’étudiants du secondaire. Bon, il en a d’autre mais rien d’insurmontable pour toute personne qui apprécie un temps soit peu le camping. Après, ma pièce de réception me sert présentement à voir comment réagit la félumaine face à un environnement moins camping que notre précédent.

Et… ben il ne se passe pas grand-chose au début. Baveuse et sanguinolente, la bestiole reste là à… à faire un truc un peu étrange jusqu’à ce que je comprenne enfin de quoi il s’agit. Elle réagit face à un environnement humain en se transformant en humain. Ça se tient. Et, au moins, je sais pourquoi elle sent l’humaine : c’est une zoomorphe. Ou alors une anthropomorphe, comme moi. Dépendant la forme sous laquelle elle est née. Bonne nouvelle, je vais pouvoir lui demander ! Juste qu’il risque d’y avoir des considérations prioritaires, des détails du genre l’état de salissure ou l’absence de vêtements, mais le point positif c’est qu’on va pouvoir en parler oralement désormais qu’elle a les outils pour le faire. Encore qu’elle ne sait peut-être pas parler, si c’est une anthropomorphe. Toujours assise à la regarder avoir prise la forme adéquate à son nouvel environnement, je la laisse s’y balader et constate que j’avais presqu’anticipé quelque chose : en effet, la nudité concerne la félumaine. Plus que la saleté. Etrangement, moi, c’est l’inverse : elle vient de saloper ma belle décoration ! Le bruit sourd et étouffé qui me sert de réaction alors qu’elle s’enroule dans un dessus de siège est la seule réponse que je lui fournis, se rapprochant d’une déglutition atterrée que ma tête confirme en s’abaissant un peu plus. Après, si on veut positiver, c’est toujours mieux qu’elle se soit faite les griffes sur le mobilier. Une possibilité à laquelle j’aurais peut-être dû penser avant même si, au final, j’aurai quand même été prise au dépourvu. Du coup j’ai gagné du temps.

De son côté, la félumaine en perd : ouvrir la porte sans les artéfacts magiques appropriés ne donne, comme elle peut le constater, que sur la paroi de la grotte. Le Manoir de la Young Force est l’une des bases les plus difficiles d’accès au monde du fait qu’elle soit située dans sa propre dimension et m’installer une porte pour pouvoir m’y rendre comme les autres n’implique pas que je fasse une faille de sécurité ; une faille dimensionnelle oui mais pas dans la sécurité du Manoir Dimensionnel. C’est peut-être idiot considérant que je peux m’y téléporter mais cela économise ma magie d’employer celle des autres. Et puis la carte atout est classe, quand bien même elle est dans ma chambre au trésor avec les autres objets m’étant précieux. Aussi, cela permet aux Young Force désirant venir ici de n’avoir qu’une porte à franchir, comme pour le Starbuck et les avant-postes dans d’autres villes. Cela étant, quand le portail dimensionnel est clos, le son ne saurait le traverser ; l’appel de la félumaine est donc inutile. Et insultant ! Je relève vivement la tête, clignant des yeux pour couvrir ceux-ci de mes membranes nictitantes couleur de lave, et écarte grossièrement les ailes pour me montrer la plus imposante possible, chose aidée par le fait que j’obscurcisse l’entièreté de la lumière provenant de l’extérieur et face un appel d’air entrainant le vacillement des torches, tandis que ma queue bat le sol à mes pattes de son strobile écailleux. Ce n’est qu’ensuite que ma voix humaine, amplifiée par la caisse de raisonnante supérieure dont je dispose sous cette forme, s’échappe de mes babines closes par ventriloquie.

« JE NE SUIS LE DRAGON DE PERSONNE, NON MAIS ! »

Incrédule et outrée, absolument. Agressive, pas tellement. Délicate ? Tellement pas… bon, d’accord : absolument pas. Je calme donc l’intimidation et ramène mes ailes contre moi dans une position plus présentable, à savoir les "pouces" alaires sur les jointures de mes pattes avant à l’instar d’épaulettes, tout en gardant le port de tête altier du félin.

« COMMENT JUSTIFIES-TU QU’UNE CREATURE TE SOIT DE COMPAGNIE ? CAR TU ES PLUS GROSSE QU’ELLE ? JE SUIS PLUS GROSSE QUE TOI. CAR TU VIS PLUS LONGTEMPS QU’ELLE ? JE VIVRAI PLUS LONGTEMPS QUE TOI. CAR TU L’AS ACHETEE OU ADOPTEE ? JE NE T’AI PAS PAYEE MAIS JE T’AI ADOPTEE. CAR TU LUI DONNES DES ORDRES ? JE T’AI DONNE DES ORDRES, JE TE SIGNALE : ATTRAPE L’ELAN. »

Petit rappel nécessaire : je suis la chef. Mon antre est dans mon territoire, c’en est même le centre, alors rien n’a changé. A part le fait qu’on soit venues dans mon antre, justement. Et que la felumaine soit plus humaine que féline à présent. Et qu’on parle aussi, sans doute. Et qu’elle doive rentrer également… ai-je faite une connerie ?

« APRES, SI TU AS UN AUTRE PROPRIETAIRE… JE NE SUIS PAS UNE VOLEUSE NON PLUS. ENFIN, SI, UN PEU. MAIS QUE QUAND JE TROUVE CA PRECIEUX. QUE CA BRILLE. »

Tendant le cou vers la felumaine, j’entame un nouveau chant qui anime des flammes sur les deux paires de cornes s’échappant de mes tempes, s’élançant à l’arrière de mon crâne et dont la plus massive mesure presque les trois mètres de mon cou tandis que l’autre surplombe mes bajoues couvertes de deux crêtes membraneuses, sur l’unique corne de quatre-vingt qui me surplombe le museau, entre les deux petites cornes, d’une vingtaine de centimètres chacune, qui s’échappent du bas de ma mâchoire, au-dessous de mes canines inférieures deux fois plus grandes et s’élançant vers l’avant à l’instar de défenses, et enfin sur ma patte gauche, au niveau du "poignet". Les feux de magie dorée, plutôt que de consumer, reconstruisent des anneaux d’or. Ceux aux extrémités de mes cornes arrières sont dotés de pendentifs de pierres iridescentes de magie mais la plus grosse d’entre elle est sertie à la chaine, d’or également, qui me pend de sous la mâchoire. Reprenant ma posture noble et altière, j’agite les bajoues de contentement d’être au mieux de ma coquetterie.

« CE GENRE-LA. APRES, J’ESTIME AVOIR DE BONS GOUTS DANS TOUS LES DOMAINES MAIS CE SONT LES MIENS DONC DIFFICILE DE JUGER. SI TU VEUX, LE SALON EST UN EXEMPLE. BON, LE TABLEAU FAIT UN PEU IRONIE MAIS IL VALAIT MIEUX L’AVOIR LUI QU’AVOIR TOUTES LES ŒUVRES REPRESENTEES SUR LUI, SINON LE MUSEE DE L’ABBAYE NOTRE-DAME A MAGDEBOURG M’AURAIT FAIT LA TETE. QU’EN PENSES-TU ? VAUT-IL QUE TU T’ATTARDES UN PEU ICI OU L’AS-TU DEJA TROP FAIT ? »

Je parle beaucoup, oui, mais la décontraction avec laquelle s’est fait devrait rassurer la félumaine quand au fait que je ne lui veuille toujours pas de mal, malgré sa présomption précédente. Je ne lui en tiens pas rigueur, d’une on me l’a déjà fait d’insinuer que je sois un animal de compagnie et de deux j’ai mis les points sur les "i" ainsi tout devrait être rentré dans l’ordre. Reste à savoir si ma parure de canapé y survit. C’est pas dit.
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Message  Leandra Albarez Muñoz Dim 12 Aoû 2018 - 10:22

- JE NE SUIS LE DRAGON DE PERSONNE, NON MAIS !

Plus qu’la phrase c’est l’volume sonore auquel elle est prononcée, couplé à l’attitude clairement vénère du dragon qui m’cloue sur place, incapable d’faire le moindre mouvement. Les yeux écarquillés, j’réalise qu’l’être face à moi est non seulement doué d’parole humaine mais qu’il est grave en colère. Genre j’suis en train d’me prendre l’savon du siècle et j’peux rien faire d’autre qu’rester bêtement là à écouter l’raisonnement pas si bête qu’ça justement d’l’animal face à moi. Fin j’sais plus trop si animal est l’bon terme. Ça supposerait une infériorité quelconque par rapport à moi, tout au moins intellectuelle, et l’est désormais évident qu’c’est clairement pas l’cas.

Toujours un peu abasourdie par la tournure qu’ont pris les évènements, j’essaye d’assimiler c’qui vient d’m’êt’ dit. J’ai été adoptée ? Par un dragon ? Quand ? Comment ? Et surtout pourquoi ? J’suis ni précieuse, ni brillante. Dans aucun sens du terme. J’suis même plutôt du style banal. Une mutante d’plus qui sait pas quoi faire d’sa vie. Une ado qu’en est plus vraiment une mais qu’est certainement pas non plus adulte. Bref un entredeux pas clair d’humain et d’jaguar, d’hormones et d’instincts qui s’est dit qu’fuir était encore la meilleure solution face à ses problèmes et qu’en a juste rencontré des biens plus gros d’problèmes. En un mot comme en cent, l’histoire de ma vie.

Après quelques minutes à ouvrir et fermer la bouche comme un poisson hors d’l’eau tandis qu’l’dragon fait apparaître des bijoux d’nulle part avant d’me parler de déco – juste WHAT THE FUCK ? – j’finis quand même par réussir à articuler une réponse. Cohérente peut-être pas vraiment, mais une réponse quand même. Parce qu’il m’a tout d’même posé une question et que la moindre des choses s’rait d’y répondre. ‘Fin j’dis il mais c’est peut-être elle ? Va savoir avec la voix caverneuse d’la créature. Si tant est qu’les dragons aient un genre d’ailleurs.


-Euh…

Ça commence bien…

-Ben…

Bien Leandra, tu gères. Continue comme ça. Encore quelques essais et tu form’ras enfin une phrase digne d’ce nom.


-J’sais pas trop l’heure qu’il est mais, euh… Comment dire ? Ça fait un certain temps qu’j’suis partie d’chez moi, et sans exactement prév’nir alors bon… c’est pas comme si j’étais exactement contre l’idée d’faire connaissance.

Nan mais c’est vrai, faire ami-ami avec un dragon, ça a d’la gueule, non ?

-Mais, bon, à un moment va vraiment falloir qu’j’y aille. Parce qu’je suis pas exactement à côté d’chez moi et ça va m’prendre un certain temps d’rentrer. Et bon, bah… c’est pas que j’aime pas l’salon hein mais euh… j’suis pas exactement habillée pour l’occasion, j’dis en désignant la couverture qui m’sert d’toge.

D’ailleurs, j’espère qu’mes vêtements sont toujours là où j’les ai laissés en m’transformant tout à l’heure. Parce que sinon ça va être la galère pour rentrer. Et puis bon déjà va falloir r’trouver le chemin parce que l’vol m’a un peu larguée en termes d’directions.


-Alors, voilà, mais si tu… vous…j’dois user d’quoi là ? pouviez m’déposer là où on s’est trouvés. Histoire que j’sache où j’suis quoi…

Cool. Cool. J’ai géré… Ou pas.


Dernière édition par Leandra Albarez Muñoz le Dim 2 Sep 2018 - 12:03, édité 1 fois
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Message  Alexstrasza Lun 20 Aoû 2018 - 12:52


La tétanie n’est pas la réaction la plus drôle ou la plus compréhensible face à la peur même si elle peut être très utile durant une chasse ; après, là n’est pas mon intention et que la félumaine reste tétanisée ne me conduit que plus rapidement à calmer le tempérament que je montre. Je ne vais pas lui faire de mal, après tout. Ni m’amuser même si, lorsque son attitude passe du lézard faisant le mort au poisson s’apprêtant à le faire par asphyxie, c’est un peu plus dur. Elle est attendrissante, cette bestiole, même si elle doit être aussi paumée mentalement qu’elle ne l’est physiquement ; donc quasiment nue, relativement sale et passablement paralysée. J’ai connue introduction plus diplomatique même si, à ma décharge, l’introduction c’est faite à la chasse et les choses s’y passaient mieux. Choses incluant la communication, d’ailleurs. Ai-je raison quand à la possibilité que la félumaine soit incapable de parler ? La première tentative d’expression me met le doute, la seconde me le dissipe. Elle sait parler. Bien, je n’ai pas fait mon discourt dans le vide à défaut qu’un vide l’ait suivit le temps que mon interlocutrice arrive à formuler quelque chose de consistant. Un quelque chose qui arrive malgré des difficultés d’expression.

Ma tête se rapproche d’elle alors qu’elle continue d’hésiter, naseaux et yeux la fixant d’au-dessus alors qu’elle cherche ses mots et ses idées. Elle ne sait pas trop l’heure qu’il est, moi si : il fait jour. Ça fait un certain temps qu’elle est partie de chez elle "et sans exactement prév’nir alors bon"… voilà que j’ai adoptée une félumaine fugueuse ! Ça va faire de moi une complice de fugue… une constatation qui me fait souffler un soupire par les narines et qui fait tenter mon interlocutrice de prendre des pincettes avec moi. Je ne les aime déjà pas pour manger les sushis, les pincettes, alors pour qu’on tente de me prendre dans le sens de l’écaille… ça n’a pas tellement d’effet. Si le moment qu’elle y aille est venue, que la félumaine cesse le suspens et le dise ! Surtout s’il y a du chemin à faire, je ne peux pas exactement aller la déposer devant la porte de chez ses parents non plus ; pas que ça ne lui fournirait pas une excuse mais je n’ai pas envie d’être associée à sa fugue. La comprendre, en revanche, m’intéresse plus. Quand à ne pas apprécier le salon, je saurais le comprendre tout autant que je comprends le problème de vêtements ; et saurais comprendre celui de salissure s’il est évoqué, ce qui n’est pas le cas. Enfin, de son côté.

« LES HABITS NE SONT PAS REELLEMENT UN PROBLEME : TU ES UN PEU PLUS PETITE ET UN PEU PLUS EPAISSE MAIS JE DOIS AVOIR DES TISSUS AMPLES QUI POURRAIENT TE COUVRIR. CEPENDANT, TU VAS LES TACHER. QUAND A TE RAMENER A L’ETAN DES ORIGNAUX, J’AIMERAI SAVOIR POURQUOI TU AS FUGUE AVANT. »

Et d’où elle vient, considérant son étrange prononciation de l’anglais. J’ai déjà rencontré des gens parlant vite au point d’éluder des syllabes mais cela me semble différent, chez elle. Après, cette question peut attendre ; je ne pense pas qu’elle soit originaire d’un autre pays considérant le lieu où je l’ai trouvée mais il y a des points à éclaircir dans cette histoire afin de la comprendre un peu mieux. J’ignore le niveau d’embrouille dans lequel je m’engage mais, puisque j’y suis engagée, autant chercher à prendre la meilleure décision possible. J’admets sans peine qu’un dragon n’est pas la créature mettant la plus en confiance pour une confidence mais s’il la demande, la confidence, il est mal avisé d’essayer de lui mentir. Pas qu’il s’en rendrait forcément compte, on peut assez facilement me tromper, mais c’est un risque qu’il faut prendre. Après, il ne peut être que positif de se traiter selon les politesses familières des humains, afin de tendre la main.

Me couchant sur le vendre tout en gardant mes pattes antérieures parallèles, à la manière d’un sphinx, je fais comprendre que le rythme de notre rencontre se déroulera selon les réponses de la félumaine ; tout en restant prête à me relever, je suis installée pour la durée.

« PEUT-ETRE COMMENCER PAR LES PRESENTATIONS, CEPENDANT : JE SUIS ALEXSTRASZA LA ROUGE. TU PEUX M’APPELER ALEXSTRASZA OU LA ROUGE, COMME TU PREFERES. JE NE SUIS A PERSONNE, MEME SI QUELQUES NEWYORKAIS POURRONT PRETENDRE LE CONTRAIRE. »

Toute d’accord que je puisse être pour une expérience de T-Rex chevauchant un dragon, je ne suis pas le dragon de Garfield. Cela dit, ce n’est pas mon Garfield non plus : c’est le Garfield de M’Gann. En revanche, je vais enfin connaitre le nom de la félumaine, même si je risque de l’appeler ainsi malgré tout. Je trouve que ça lui va bien et je suis sa chef ; il reste à définir les conditions de la garde partagée avec ses autres chefs. Conditions qui se résumeront probablement à "ils la gardent et moi je touche à mon museau" mais je ne me formaliserai pas que les parents de la jeune mutante ne veuillent pas la partager. Surtout que, mine de rien, je l’ai adoptée sans même la connaitre ; considérons donc cela comme une période d’essai ou, plus probablement, une simple rencontre.

« TU NE M’AS PAS L’AIR MALTRAITEE, reprends-je une fois qu’elle s’est présentée à son tour. DANS TA CONDITION ACTUELLE, C’EST DIRE SI TU ES BIEN PORTANTE. POURQUOI FUGUER, ALORS ? »

Les adolescents ont tout un tas de raisons de s’enfuir de chez leurs parents et je me garderai bien d’émettre une critique sur celles-ci. Plus que juger, je veux savoir, comprendre ; peut-être puis-je aider à ce que cela aille mieux, par la réflexion et le conseil. C’est difficile à croire lorsqu’on ne me connait pas mais j’aime écouter et aider autrui, avec certes des personnes que je favorise mais sans me fermer par principe aux personnes que je rencontre. Si je puis faire quelque chose, je le ferais. Sinon, il sera toujours temps de remmener la félumaine de là où elle vient. Ou de contacter les autorités compétentes.
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Message  Leandra Albarez Muñoz Dim 2 Sep 2018 - 13:20

L’dragon veut savoir pourquoi j’ai fugué… mais c’est bien sûr ! Pourquoi n’y ai-je pas pensé avant ? V’là qui fait totalement sens. Après tout, ce n’est pas comme s’il voulait des ennuis avec les autorités. Non, non, j’suis sûr qu’il paye ses taxes comme tout l’monde et ne veut pas s’retrouver complice de fugue sans avoir rien d’mandé à personne… Sérieusement, dans quel monde parallèle j’suis tombée ? A quel moment j’ai traversé une dimension sans m’rendre compte pour m’retrouver dans un univers où les dragons 1) existent 2) parlent et 3) s’préoccupent du putain bien-être physique et mental des humains croisés sur leur chemin ?

Complètement paumée face à la tournure qu’ont pris les évènements, j’essaye tant bien qu’mal d’faire sens de c’qui m’est dit. Et putain c’est pas évident ! D’jà, première chose, c’est pas un dragon mais une dragonne. Alexquelquechose la rouge. Bah j’crois que j’vais pas avoir d’autre choix que d’l’appeler par son surnom vu comment j’suis pas foutue d’reprononcer son nom, ni même d’m’en souvenir complètement d’ailleurs. Ou, autre option qui m’plaît encore mieux : j’l’appelle pas du tout.

Bref, tout ça pour dire que j’suis désormais face à une dragonne qui s’prend pour une assistance sociale et veut connaître les raisons d’ma fuite. C’est tellement surréaliste que j’en rirais si j’osais. Mais face aux tonnes d’curiosité qui m’regardent de haut, j’ose pas du tout. Pourtant, j’vous assure que la situation est gravement risible. Pour une raison tout autre que celles auxquelles vous êtes en train d’penser. Ça n’a rien à voir avec le dragon, ma tenue ni même les lieux. C’est tout bêtement lié au fait que maman a tenté d’me faire voir un psy toute mon enfance pour essayer d’comprendre pourquoi j’passais mon temps dans la jungle plutôt qu’à jouer aux poupées – et ce bien avant Nina – et qu’j’ai toujours réussi à m’défiler, quitte à prendre physiquement mes jambes à mon cou pour pas m’rendre chez l’doc. Et v’là que dix ans plus tard, vu que j’suis pas allée au psy, c’est l’psy est v’nu à moi. Sous une forme certes totalement inattendue, mais le v’là. Ou plutôt la v’là comme on disait d’tà l’heure.

Or, contrairement à y’a dix ans, la fuite est pas exactement une solution aujourd’hui. Alors, j’fais contre mauvaise fortune bon cœur et m’dit qu’au fond, qui mieux qu’une dragonne qu’a sûrement vécu tout et son contraire pour discuter d’mes angoisses existentielles ? Dragonne que j’risque pas d’recroiser d’sitôt qui plus est, donc, avantage non négligeable, j’peux tout lui dire sans craindre d’grosses répercussions. Alors bien sûr, mes problèmes lui paraîtront à coup sûr ridicules mais, c’est elle qu’a d’mandé donc elle pourra s’en prendre qu’à elle-même si elle s’ennuie. J’me lance donc en commençant par l’début comme ça m’a été exigé.


-J’m’appelle Leandra Albarez Muñoz et, comme t’as dû l’remarquer, j’suis une mutante.


Bonjouuuuuuuuur Leandra. Bah quoi ? Avouez qu’ça fait un peu réunion d’alcooliques anonymes, m’reste plus qu’à dire d’puis quand j’suis sobre et question réglée, Alexbidule aura plus qu’à d’venir ma sponsor. Mais j’m’égare.

-D’puis la découverte de mes pouvoirs, j’vis dans un institut pour jeunes mutants parce que ma famille était juste pas équipée pour m’gérer.

Bon, à vrai dire, ça c’était déjà l’cas avant Nina, mais jusqu’alors, quand ça pétait, y’avait jamais eu de victimes collatérales.

-Or, d’ici quelques mois, j’serai majeure et va falloir que j’décide c’que j’veux faire d’ma vie. Genre si j’tente les études ou si j’me trouve un boulot, si j’continue à m’entraîner pour maîtriser mes pouvoirs auprès d’mes instructeurs actuels ou si j’me barre. Bref, tout un tas d’changements cruciaux que j’sais pas du tout comment affronter. Parce que, c’que beaucoup d’gens d’ce foutu pays ont pas l’air d’réaliser c’est qu’ici, les parents mettent d’côté pour élever leurs enfants dès avant leur naissance pour faire face au prix exorbitants d’tout mais moi j’suis pas d’ici. Et mes parents avaient déjà à peine d’quoi nous envoyer tous à l’école – et heureusement qu’l’institut est gratos d’ailleurs – alors la fac faut pas rêver. Et si j’me barre d’l’institut, c’est pas eux qui vont m’payer un loyer à New-York. Alors  bien sûr, j’sais bien qu’y vont pas m’mettre à la porte du manoir sous prétexte que j’ai bientôt dix-huit ans, bien au contraire, mais j’peux pas continuer à crécher chez eux si j’fais pas que’que chose d’productif d’ma vie. Parce qu’vivre aux crochets des autres, non merci. Sauf que j’sais pas du tout c’que je veux faire et qu’ça m’stresse.


Voilà, ça c’est dit.


-Alors, résultat, j’ai fait la seule chose que j’sais faire : j’ai pris mes jambes, ou plutôt nos pattes, à not’ cou et j’suis v’nue m’cacher dans l’seul endroit qui m’rappelle ma jungle natale. Dans un endroit où j’ai pas b’soin d’me prendre la tête avec des questions d’humain, où Nina – c’est mon autre moi, le jaguar – et moi on est en totale harmonie. Parce que chasser c’est facile, s’comporter en humain non. Et parfois j’me dis que j’ferai presque mieux d’laisser les rennes à Nina pour de bon. Et rien que d’y penser, ça m’fait flipper parce que ça veut dire qu’en gros j’suis prête à disparaître plutôt que d’me confronter à mes difficultés. Bonjour l’adulte majeure !

Un rire sans humour m’échappe et j’réalise que j’viens d’déballer l’intégralité d’ma vie et d’mes angoisses à une dragonne comme si de rien n’était. Faut croire, qu’au final, l’psy c’était p’têt pas une si mauvaise idée qu’ça.
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Message  Alexstrasza Dim 16 Sep 2018 - 11:40


La perte de repère n’est pas la réaction la moins drôle mais fait partie des plus compréhensibles et je l’apprécie bien plus que la tétanie précédente. L’expressivité de la félumaine est drôle, je n’en ris ni ne m’en moque mais je suis honnête sur l’amusement qu’elle me procure parfois. Comme actuellement. Je n’en oublis pas la potentielle gravitée de la situation mais, tant que je ne suis pas plus éclairée sur celle-ci, je ne m’en formalise pas. Et puis elle est plus grave pour la félumaine que pour moi ; félumaine qui se présente à son tour et je prends donc le relai de la perplexité. "Le nom, c'est le nom officiel, le prénom, c'est comment on t'appelle tous les jours" qu'on m’a dit. Il n’a jamais été question d’un troisième. Alors pourquoi "Leandra Albarez Muñoz" ? La félumaine s’appelle-t-elle "Leandra-Albarez" en prénom et "Muñoz" en nom ? Ou "Leandra" en prénom et "Albarez-Muñoz" en nom ? Ou autre ? Je ne doute pas qu’elle soit une mutante mais par contre je suis perplexe quant à son appellation.

Depuis la découverte de ses pouvoirs, la félumaine – restons sur les valeurs sures – vit dans un institut pour sa communauté ; un point qui me fait interroger sur une éventuelle liaison avec celui d’Ororo et de Jean-Paul. Je ne m’intéresse pas plus à la communauté mutante qu’aux autres communautés humaines, exception faite de celles des sans-abris, et ne saurais dire s’il existe beaucoup d’institutions spécialisées pour elle ; les seules que je connaisse sont celles de Charles Xavier, située dans l’Etat de New York et où travaillent la tata et le tonton cités précédemment, et d’Emma Frost, située dans l’Etat du Massachusetts. La première serait plus facile d’abord pour moi que la seconde, du fait des connaissances s’y trouvant, et entraineraient plus de facilité qu’une famille déjà incapable de gérer l’adolescente. Peut-être est-ce pour ça qu’elle a été appelée comme ça, pour qu’on ne puisse pas gérer son appellation non plus ?

Qu’importe, c’est la majorité et le plan de vie qui ont causé la fuite. Boulot tout de suite ou études d’abord et boulot après, continuation de s’entrainer auprès des tuteurs ou non, deux pistes non exclusives mais confusantes. Des "changements cruciaux", effrayants, inédits. Des problèmes de culture et d’argents, d’accessibilité et de logement. Une volonté d’apporter quelque chose, non de se contenter de recevoir. Une perte de repère, là encore. Une qui ne m’amuse pas, cette fois. La félumaine cherche à retrouver des repères, sa jungle natale, tout en sachant que cela ne l’aidera en rien pour ce qu’elle fuit. Qu’importe que cela ne l’aide en rien, cependant, c’est comme avec l’ivresse : l’alcool n’a jamais apporté la moindre réponse mais il finit parfois par faire oublier la question. Je comprends cela, à défaut de comprendre cette histoire d’autre elle, Nina le jaguar ; une appellation plus simple que j’approuve, cependant. Après, lui "laisser les rennes pour de bon" semble être synonyme d’une forme de suicide. Mon immobilisme attentif se rompt alors que je redresse la tête, surplombant complètement la jeune fille perdue.

« Bonjour l’adulte majeure, ricane-t-elle sèchement.

- BONJOUUUUUUUUUR L’ADULTE MAJEURE, répète-je, non pour me moquer mais en espérant que l’image culturelle occidentale ainsi évoquée face au mieux sourire légèrement mon interlocutrice et au pire l’interrompe dans son amertume. PAR CONTRE, IL NE TE RESTE PAS QUELQUES MOIS AVANT D’ETRE MAJEURE ? »

Je marque une pause suite à ma question, ramenant mes pattes l’une sur l’autre, paume contre mon thorax, pour m’installer comme un chat. Je pense comprendre pourquoi les tuteurs de son institution n’ont pas été pensés comme capables de l’aider vis-à-vis de ses craintes : ils aborderaient la chose sous un angle humain hors Nina est capable de voir un autre angle, animal. Un angle sans conventions, sans culture et sans considérations complexes ; sans cognition, d’une certaine manière. J’empathie et comprends cela du fait d’une certaine familiarité : toute capable de cognition que je sois, je n’en perçois pas toujours l’intérêt et me désintéresse facilement des "non-problèmes" que cela apporte, telles les appellations.

« J’AIMERAI SAVOIR SI, POUR TOI, ETRE ADULTE ET ETRE MAJEURE SONT FORCEMENT LIES. NE POURRAIT-ON PAS ETRE ADULTE SANS ETRE MAJEURE ? OU ETRE MAJEURE SANS ETRE ADULTE, SI CELA EST PLUS INTERESSANT POUR TOI ? »

Mes questions ne sont pas rhétoriques, même si je n’attends pas forcément de réponse pour en poser de nouvelles. J’essais simplement de garder un rythme suffisamment lent, notamment lors de mes silences, pour que l’esprit de la félumaine traite les informations et trouvent les réponses qui lui conviennent ; des réponses peut être identiques à celles que je tais ou peut-être différentes. Qu’importe, tant tous les cas il s’agira de réponses, de points de repères.

« DE MON POINT DE VUE, LA MAJORITE EST UN CONCEPT ETRANGE : TOUT AUSSI CULTUREL QU’ARBITRAIRE. LA PLUPART DES PAYS LA FIXE A 18 ANS MAIS, GLOBALEMENT, ELLE PEUT ALLER DE 15 A 21 ANS. CETTE MEME "MAJORITE" LUI ACCORDE DES DROITS ET DES DEVOIRS SIMILAIRES MAIS BEAUCOUP DONNENT CERTAINS D’ENTRE EUX AVANT OU APRES ; PERMIS DE CONDUIRE, DROIT DE VOTE, POSSIBILITE D’ACQUERIR ET DE CONSOMMER DE L’ALCOOL… DES CHOSES QUE TU AURAS PEUT-ETRE DEJA FAITES AVANT ; OU NE FERA PAS APRES. ES-TU CERTAINE QUE TA MAJORITE SERA UN SI GRAND CHANGEMENT ? »

A mesure que je parle, mon cou s’arque de nouveau et ma tête se baisse pour se rapprocher de la félumaine ; non d’au-dessus mais de face. Enfin, autant que faire se peut puisque ma tête n’est guère moins longue que mon interlocutrice n’est grande et certainement plus large, sans même compter les cornes. Mes yeux la fixent avec d’autant plus d’intensité qu’ils sont couverts des membranes nictitantes couleur lave. Ma voix l’enveloppe avec d’autant plus d’efficacité que ma gueule, pourtant close, se rapproche doucement d’elle. Rien n’est agressif, au contraire : j’approche mes sens d’elle, comme le font bon nombre d’animaux lorsqu’ils sont plus familiers.

« DE MEME, DEMANDES-TOI SI L’ON ATTENDRA DE TOI QUE TU SOIS ADULTE DES QUE TU SERAS MAJEURE. TU CONNAIS TA FAMILLE, TES TUTEURS ET TES PROCHES ALORS REFLECHIS A COMMENT ILS TE FERONT VIVRE LA CHOSE. LE JOUR DE TA MAJORITE SERA PEUT-ETRE UN EVENEMENT MAIS QUE SE PASSERA-T-IL LE LENDEMAIN ? LE SURLENDEMAIN ? ET LE JOUR D’APRES ? TE SERAS-TU TRANSFORMEE EN ADULTE COMME TU TE METAMORPHOSE EN JAGUAR OU CHANGERAS-TU PETIT A PETIT, COMME TU L’AS FAIT POUR QUITTER L’ENFANCE ET DEVENIR ADOLESCENTE ?

L’une des choses que je trouve fascinante avec les problèmes d’humains est qu’il est plus facile de les déconstruire que de les résoudre ; il est plus facile de prouver que ce ne sont pas des problèmes que d’y trouver une solution. Pour certains problèmes, c’est même la solution. Pour d’autres, c’est une forme de déni. C’est bien pour cela que je conduis la félumaine à se poser les questions et non ne lui apporte de réponse : peut-être trouvera-t-elle une solution, peut-être trouvera-t-elle une protection. Dans un cas comme dans l’autre, elle pourra continuer de se construire avec cela. Même si elle ne sait pas comment le faire.

« CHASSER, C’EST INSTINCTIF ; SE COMPORTER EN HUMAIN, NON. JE SUIS D’ACCORD. A LA CHASSE, ON NE REUSSIT PAS TOUJOURS A ATTRAPER CE QUE L’ON VEUT ATTRAPER. N’EST-CE PAS PAREIL AVEC SE COMPORTER EN HUMAIN ? NE PEUT-ON PAS ESSAYER, ECHOUER ET REESSAYER ? »

Je cligne des paupières pour rétracter mes membranes nictitantes et observer la jeune femme avec des yeux étonnements humains ; étonnamment pour elle, volontairement pour moi. Je comprends qu’elle ait sa méthode pour ne pas se prendre la tête avec des questions d’humains, j’espère cependant lui montrer que changer de point de vue ne requiert pas forcément un souvenir et peut se faire sans ignorer l’élément problématique. Le recul n’est rien d’autre qu’un nouvel angle de perception et il est souvent plus propice à la réflexion et à la sagesse.

« NE TE FOCALISES-TU PAS TROP SUR "L’ADULTE MAJEURE" ? TU AS TOI-MEME DIT QUE LA SEULE CHOSE QUE TU SAIS FAIRE C’EST PRENDRE, ma voix change un instant, reprenant les propos de la félumaine avec la perfection d’un enregistrement au volume poussé au maximum : "MES JAMBES, OU PLUTOT NOS PATTES, A NOT' COU"… J’AIMERAI QUE TU ME PARLES PLUS DE CELA ET DE CE QUI ARRIVE TOUJOURS A LA FIN. CAR JE SUPPOSE BIEN QUE TOUTES TES FUITES SE TERMINENT DE LA MEME MANIERE, NON ? »
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Message  Leandra Albarez Muñoz Jeu 4 Oct 2018 - 13:47

Quand la dragonne déclare soudainement « Bonjouuuuuuuur l’adulte majeure », ça m’provoque un fou rire incontrôlable. Alors comme ça, j’suis pas la seule à y avoir pensé à cette référence d’merde ? C’est rassurant d’un certain côté, même si ça amène tout un tas d’questions sur qui est vraiment c’te dragonne qu’en sait tant sur l’monde humain. Est-elle métamorphe comme moi ? Ça m’parait peu probable et ce malgré les lieux clairement designés pour accueillir des humains. J’en déduis qu’elle doit côtoyer des humains ou tout au moins qu’elle a dû en côtoyer y’a un moment pas si lointain vu ses références finalement assez contemporaines.

Quoiqu’il en soit, sa question suivante, au premier abord, franchement naïve mais, au second, pas tant qu’ça m’tire un sourire sardonique et m’détend un peu. Après tout, elle a pas techniquement tort, j’suis pas encore officiellement majeure alors j’me prends p’êt’ bien l’chou pour rien. C’est c’pendant surtout la suite d’son discours qui m’laisse perplexe. J’m’étais jamais posée la question comme ça. La majorité n’est-elle pas qu’une construction totalement artificielle, utile uniquement pour des questions purement administratives ? En d’autres termes est-ce qu’elle est pas complètement vide d’sens sauf à condition qu’on accepte d’lui en donner un ? J’veux dire j’en connais plus d’un à l’Institut qu’est techniquement adulte mais qui l’montre absolument pas en termes d’maturité – Francis si tu m’entends…

L’idée tourne dans ma tête un moment pendant qu’j’écoute d’une oreille distraite la suite des propos d’la Rouge. Elle donne des précisons sur c’qu’elle entendait en m’posant cette question et plus elle parle, plus ça m’paraît évident. J’vois mal Pa’, Man’ ou même Logan changer radicalement d’regard sur moi sous prétexte qu’j’ai soufflé dix-huit bougies. A vrai dire, y’a même plus d’chances qu’y s’disent tous qu’je suis absolument pas capable d’endosser la moindre responsabilité qu’l’inverse. Bon, p’têt pas Logan. Lui m’a toujours traitée en égale, une égale bien chieuse et pas toujours fût-fût mais une égale du point d’vue des capacités et donc des responsabilités. C’est même lui qui l’premier m’a incité à chercher c’qui m’plaisait avant d’me lancer tête baissée dans quoique c’soit, y compris les X-Men. Alors, j’suppose qu’il s’rait toujours prêt à m’laisser du temps. Bon, pas forcément à m’aider vu qu’les discussions intenses c’est à peu près autant son truc que moi – c’est-à-dire vraiment pas – mais, faut croire que d’ce côté-là, j’suis servie aujourd’hui. Alors, autant en profiter j’suppose.

Et autant dire que j’suis vite ram’née au présent quand ma voix résonne dans la caverne puissance dix mille. Jetant un r’gard perturbé – un d’plus – à mon interlocutrice, j’me retrouve à l’écouter m’parler comme j’m’imagine que l’ferait une vraie psychothérapeute et ça m’perturbe grandement. Pas que j’sois franchement dérangée par la situation – j’partage ma conscience avec une jaguar alors pourquoi pas avoir une dragonne en psy ? – mais l’décalage entre sa forme physique – gros tas d’muscles – et ses propos plutôt très utiles m’cause un mal d’tête. Alors j’ferme un instant les yeux comme pour m’refocaliser sur c’qu’est important. Puis, après avoir pris une grande inspiration l’temps d’réfléchir à ma réponse, j’me lance.


-Yep : au point d’départ mais avec en plus les conséquences d’la fuite à gérer. Mais, c’est plus fort qu’moi, j’panique tellement à l’idée d’faire face à certains trucs qu’je suis déjà à des kilomètres avant même d’réaliser qu’j’ai commencé à courir. Pourtant Dieu sait qu’je suis pas du style à fuir face au danger physique – j’dis jamais non à une bonne bagarre – mais dès qu’y s’agit d’un truc pas matériel là y’a plus personne.


Un instant l’regard désemparé d’Man quand j’me suis réveillée pour la première fois après l’apparition d’Nina s’impose à moi et j’ressens physiquement comme une douleur au cœur. J’crois même qu’une grimace involontaire déforme mes traits. En même temps, j’aimerais vous y voir à réaliser qu’vot’ propre mère a peur d’vous. Parce que c’est ça, elle sait plus comment s’adresser à moi et en bonne génitrice d’la trouillarde qu’je suis, elle a trouvé la solution parfaite : n’plus m’adresser la parole ou presque. Parce qu’on peut pas exactement appeler les trois appels qu’on échange par an en dehors des vacances d’été où on est bien obligées d’cohabiter avoir une relation. Pa’, d’son côté, essaye d’faire un effort mais il est paumé aussi. Et l’fait d’être scolarisée dans un aut’ pays aide pas. Quand j’rentre, j’ai plus grand-chose en commun avec qui que c’soit au village. La seule que j’pourrai intéresser avec mes histoires d’New-York c’serait Ana mais pour ça encore faudrait-il qu’elle accepte seulement d’me regarder. D’ailleurs, quand j’pense qu’on a encore passé l’été ensemble et qu’on s’est mutuellement évitées comme la peste, j’me demande d’plus en plus si j’vais pas d’mander à rester à l’Institut cette année. J’veux dire : on est tous mal à l’aise alors pourquoi s’imposer quoi que ce soit ? Est-ce qu’on s’rait pas tous mieux si on acceptait la vérité, à savoir qu’on est plus une famille ? Certes, les liens du sang sont toujours là, mais ceux du cœur, eux, ont disparu y’a d’ça trois ans quand Nina, suivant not’ jalousie commune, a défiguré Ana.

L’réaliser m’met en colère. Ou m’rend triste. J’sais même pas. J’sais juste que, sans j’comprenne trop comment, des larmes m’brouillent soudain la vue. Rageusement, j’essaye d’les essuyer mais elles s’arrêtent pas. C’est même d’pire en pire et bientôt les vannes sont incontrôlables. Lâchant une série d’jurons dans ma langue natale à faire rougir d’honte Abuelita, j’m’appuie contre l’mur et m’laisse glisser jusqu’au sol.


-JODER ! Mierda ! ¿Que coño me pasa ahora?*

M’reprenant tant bien qu’mal, j’plante mon regard plein de hargne dans celui d’la dragonne :

-Ça pas contre, c’est une grande première. Tu peux t’féliciter, t’es la première à m’faire chialer comme un putain d’bébé.

OK, c’est totalement injuste, c’est pas d’sa faute si j’craque maint’nant. Pour êt’ complètement honnête, c’est même absolument incroyable qu’j’ai tenu tout c’temps à force d’déni d’mes sentiments. Parce que, MERDE, j’ai beau pas êt’ exactement sensible, ça veut pas dire que j’voulais perdre ma famille pour autant ! Alors, j’réagis comme d’habitude face à cet afflux d’sentiments que j’sais pas gérer : d’la pire façon qui soit.

*FAIS CHIER ! Merde ! Qu’est-ce qu’il m’arrive maintenant, putain ?!
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Message  Alexstrasza Dim 7 Oct 2018 - 11:55


Le fou rire fait plaisir, même s’il cède place à du doute. Cela étant, comme je creuse les interrogations par la suite, ça ne m’alarme pas. Après, je ne sais pas si ça m’aurait alarmé quoi qu’il arrive. A part s’il n’y a plus à manger, je ne suis pas du genre alarmiste ni pressée. Possiblement que je le serais aussi si on me volait quelque chose mais cela ne m’est pas encore arrivé ; peu de gens sont venus ici, encore moins sont capables de trouver mes trésors et encore moins encore doivent être prêt à encourir mon courroux et ma rancune pour en subtiliser un. Ceci n’étant pas une invitation, je me reconcentre sur les questions. Questions qui obtiennent des réponses, même si elles sont silencieuses.

Un sourire moqueur et amère n’a pas l’aspect agréable d’un fou rire mais il retraduit une réflexion que je pense nécessaire. Il se conclut sur une détente qui, elle, est plus appréciée. Appréciable pour réfléchir également, l’esprit d’autant plus libre que le corps ne s’emprisonne pas lui-même. Esprit qui, chez la félumaine, vagabonde. Je n’en continue pas moins de parler, accompagnant toujours l’adolescente bientôt adulte sur le chemin qu’elle parcourt à travers le temps.

Comme précédemment, je ne m’inquiète pas non plus lorsque ma reproduction de la voix de mon interlocutrice conduit celle-ci à revenir au présent avec une tête plutôt drôle ; quoiqu’un peu habituelle. Je suis une chef pleine de surprise ! Après, ce n’est pas de moi dont il s’agit mais bien d’elle et elle clôt les paupières. En un instant, mes iris redeviennent verticales comme elles le sont naturellement et j’observe une réflexion si intense qu’elle en déforme visage et respiration. Un clignement d’yeux placide me permet de focaliser et de manifester mon attention à la réponse orale, toujours plus polysémique que la physique.

Il n’y a aucune grande surprise à ce que les fuites de la félumaine finissent comme dans beaucoup de jeux de société : par un retour à la case départ avec un supplément pour avoir fait le tour du plateau. "C’est plus fort qu’elle", je le comprends même si ce n’est pas la fuite qui s’avère être plus forte que moi ; mes comportements instinctifs sont d’un autre ordre. J’ai observé suffisamment d’animaux, humains inclus, réagir à un danger contre lequel ils ne pouvaient rien – souvent, moi – par la fuite pour comprendre la pertinence de la réaction, quand bien même je ne l’ai pas. Peut-être que la mutation n’aide pas la félumaine, même si elle a déjà démontré de la bravoure ; face au feu plus que face à moi mais un peu tout de même. Je ne sais pas pour Dieu mais je suis témoin que face au danger physique, Leandra Albarez Muñoz ne fuit pas. Elle pousse un cri de félumaine ! Je me demande ce qu’il donne sous forme humaine, d’ailleurs…

Chaque chose en son temps cependant. Il n’est pas venu celui de jouer, d’autant plus que je n’ai rien répondu que déjà les choses changent. La réflexion de la félumaine continue et son émotion s’agite à la mesure. Son regard se perd dans le vide. Son visage se crispe d’une souffrance dont la cause n’est présente que dans son esprit ; dans un autre temps. Les secondes s’écoulent, le silence aussi. Enfin, autant qu’il y arrive. J’observe une tempête secouer une âme. J’observe une tempête amener la pluie, précédant le tonnerre des sanglots. J’observe une tempête se balayer elle-même d’un vent rageux, sans être plus capable de se dissiper que celles qui déchire les cieux. J’observe une tempête secouer puis faire ployer ce qu’elle agite, celle qui l’agite. J’observe une tempête dont la foudre claque en une langue que je ne comprends pas. J’observe ses yeux qui me dardent d’agressivité sans trouver autre réponse chez moi qu’un clignement doux des paupières.

C’est une grande première ? Il était donc temps. Je peux me féliciter ? Je demanderai bien si c’est vrai ou si c’est de l’ironie mais chaque chose en son temps. Comme dit, le temps est à la tempête. A la pluie. Au vent. A l’ébranlement. Au tonnerre. Tendant le cou, j’approche mon museau au plus près de la tempête et pose ma mâchoire contre le sol, devant elle. Un seul œil me suffisait à la regarder mais je clos les deux et me contente d’entreprendre cette étrange imitation qui est celle du ronron. Si le ronronnement est souvent associé au contentement ou à la dépendance, il est aussi utilisé en cas de conflit ou de souffrance ; afin de l’apaiser. Je fais mon possible pour amoindrir l’ampleur de la résonnance, histoire d’éviter mal de mer ou autre tremblement intempestif de la félumaine. Quoique cette fois, elle tremble très bien seule. Je ne sais pas si c’est une bonne idée, pas plus que de placer ma gueule et les canines d’une soixantaine de centimètres qui en dépassent aussi proche d’une jeune mutante qui, ainsi recroquevillée, tiendrait à l’intérieur. Je ne sais pas si c’est une bonne idée mais je le fais.

Peut-être devrais-je chercher les mots mais je ne le ferais pas. Peut-être par inhumanité, je ne suis pas être intéressée de trouver les bons. Cela ne me semble même pas logique de chercher quoi dire. Ce n’est pas un instant dépendant d’un quelconque langage articulé complet, d’une quelconque cognition. C’est un instant de l’émotion et du sentiment : qu’importe qu’il y ait une multitude de noms pour les désigner, ils existeraient même sans cela. Les mots font exister des choses immatérielles mais les ressentis ont ce même pouvoir et plus encore…

Quel est le point commun entre les fuites auxquelles Leandra Albarez Muñoz est habituée et cette fuite de ressenti qui lui est inédite ? Cette fois, je le lui dirais avec les mots, lorsqu’elle en sera à cette étape ; lorsque les larmes se seront tues, que la colère et la tristesse laisseront place à la fatigue et à un certain soulagement. Rouvrant un œil, je la fixe de celui-ci.

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Message  Leandra Albarez Muñoz Dim 28 Oct 2018 - 19:07

Est-ce qu’j’attendais la même violence dans sa réponse qu’celle qu’j’avais utilisée dans mes propos ? P’têt’ bien. Un souffle d’rage animale auquel m’confronter, un torrent d’puissance brute contre lequel m’jeter, un abîme dans l’quel m’oublier définitivement. Mais rien d’tout ça n’m’est offert. A la place, j’n’ai qu’empathie et compréhension, tendresse et soutien muet. Des vibrations sonores qui s’enfoncent au plus profond d’mon être, ébranlant jusqu’à la dernière d’mes protections, empêchant la moindre émotion d’se terrer dans un coin abandonné. Et c’est peut-être encore plus violent qu’la plus dangereuse des attaques parce que je n’ai aucun moyen d’y faire face et que j’me retrouve aussi dépourvue d’un nouveau-né.

Mes sanglots s’font d’ailleurs d’plus en plus fébriles, traversant mon corps de part en part sans que j’sois capable d’y faire quoique c’soit, si c’n’est les laisser passer l’un après l’autre jusqu’à ce qu’le calme revienne peu à peu. Quant à Nina, elle hurle à la mort au fond d’mon esprit face à cet afflux d’tristesse qu’elle ne sait pas mieux gérer qu’moi et j’me sens étrangement réconfortée d’savoir qu’elle est tout aussi dépassée. C’est idiot et naïf mais j’me sens moins seule face à l’adversité, comme si, à défaut d’avoir perdue une sœur, j’avais gagné une jumelle, un double qui m’comprend mieux qu’personne.

Finalement, au bout d’une bonne dizaine d’minutes, l’flot d’larmes s’tarit et j’me sens vidée d’toute énergie. Comme si en même temps qu’la douleur et la peine c’était toute ma force vitale qui s’était échappée. Comme si sans rage et sans hargne, je n’étais qu’une baudruche vidée d’son air, un automate sans moteur, une marionnette sans fils et sans but. Pourtant les paroles d’la dragonne résonnent comme un espoir que j’n’attendais plus. Un nouveau départ ? P’têt’ bien que c’est exactement ce dont j’avais besoin. L’occasion d’tout reprendre à zéro sans m’laisser entraîner par l’poids du passé.

Parce que, dans l’fond, je n’suis plus l’ado faussement rebelle qu’j’étais avant Nina et je n’voudrais pas le red’venir. Pas même pour retrouver les miens. L’idée d’la perdre m’est absolument insupportable. Ce s’rait comme perdre une partie d’moi-même. Je n’saurais plus comment vivre sans elle. Désormais j’ne suis plus moi, nous sommes nous et ça change tout. Ma vie entière est influencée par sa présence et c’qui était originellement un désagrément majeur pour ne pas dire un obstacle quasi insurmontable est d’venu un avantage dont je mesure chaque jour un peu plus les intérêts. Au-d’là des bénéfices physiques, l’instinct quasi sans faille qu’j’ai acquis est un plus loin d’être négligeable. Moi qui avais toujours su juger les gens sans trop d’erreurs, mes diagnostics sont désormais pratiquement impeccables. Et puis, l’soutien sans faille d’ma moitié est pas inutile non plus. Non parce que j’connais peu d’gens capable d’dire qu’ils ont quelqu’un capable d’rester à leurs côtés contre vents et marées. Bah moi si.

Ainsi, m’remettant peu à peu d’mes émotions, j’plante mon r’gard dans c’lui reptilien d’ma vis-à-vis et déclare.


-Et y m’aura juste fallu un détour par la caverne d’une dragonne. Easy !


L’ironie qui teinte mes propos n’enlève rien à la lueur d’gratitude dans mes yeux et j’décide d’rester dans la veine humoristique, n’sachant toujours pas comment exprimer les émotions positives.


-Non, sans déconner, j’te dois combien pour la session ? Parce que j’suis pas exactement riche-riche. Ou plutôt, pour être honnête, j’suis franchement pauvre. Par contre, côté faveur, j’sais y faire alors si j’peux t’être utile un jour, faut pas hésiter. J’t’aurai bien laissé mon numéro mais bon, j’doute d’l’utilité d’la chose, alors t’aura qu’à d’demander Leandra à l’Institut Xavier.

Et j’imagine d’ici la gueule du portier qui verra débarquer une dragonne à sa porte. Mais, à vrai dire, j’suis même pas certaine que ce s’rait l’truc l’plus improbable qu’il ait vu d’sa carrière. J’veux dire on parle d’l’Institut quand même.

-Enfin, encore faudrait-il que j’rentre pour ça. Alors, puisqu’on est sur l’sujet, y s’rait possible qu’tu me r’déposes à not’ point d’rencontre que j’reparte sur mes pas ? Parce que si j’dois r’partir dans une nouvelle direction, j’ai d’jà b’soin d’savoir d’où j’viens. Et non j’cherche pas à êt’ métaphorique, c’est purement pratique. Tu sais sûrement où on est et j’s’rai pas plus surprise qu’ça si tu m’disais connaître l’Institut (sinon j’t’indiqu’rai comment t’y rendre si besoin) mais moi j’suis complètement paumée là.

Et oui j’réalise que j’ai changé d’attitude d’manière radicale à faire soudain amie-amie avec la dragonne mais elle s’est montrée on n’peut plus compréhensive et sympathique alors dans l’fond pourquoi pas ? C’est pas comme si c’était l’idée la plus stupide qu’j’ai jamais eue, ni même la plus folle. L’seul problème réel qu’je vois à cette histoire c’est qu’si l’idée d’parler avec elle m’semble soudain moins bizarre après avoir craqué complètement d’vant elle, il en reste pas moins que, malgré toute ma bonne volonté, lui indiquer où m’trouver est p’têt’ pas si simple qu’ça maint’nant qu’j’y pense deux secondes. Sans compter que… c’est pas un peu prétentieux d’imaginer qu’elle puisse avoir b’soin d’mon aide ? Enfin, qui n’tente rien n’a rien j’suppose…
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