Ne jamais sortir (Ashley)

Quelque part je comprends ceux qui me traitent de monstre, mon comportement est une forme de preuve à cela. Comme les vampires je me cache le jour et je sors la nuit, pourtant je ne crains pas le soleil mais bien la réaction de ceux qui me verraient au grand jour. Comme le Monstre de Frankenstein j’ai été un rat de laboratoire mais pourtant je ne suis pas un mort revenu à la vie. Comme les fantômes je n’ai pas besoin de respirer, de manger ou de boire, pourtant je suis bien physiquement présent. Comme les démons je me nourris de la peur et pourtant je ne viens pas d’un monde en feu. Comment pourrais-je reprocher à quelqu’un de faire la confusion et me voir comme une créature dangereuse ? Et encore, la je ne tiens même pas compte du portail enfermé en moi, la véritable menace pour la vie d’autrui. Mais il est bien trop tôt pour que je change mon mode de vie, passant cette journée seule à lire des livres, attendant un instant que la salle où la télévision soit vide pour tenter d’y regarder les informations ou un documentaire, profitant que la bibliothèque soit vite pour chercher de nouveaux livres à étudier… Mais quand la nuit tombe, que les lueurs abandonnent les cieux, je me décide de sortir dehors, juste dans le parc de l’Académie pour espérer voir quelques étoiles, surtout depuis que j’ai lu ce livre sur les constellations ainsi que les mythes qui y sont liés. Et puis cela fait du bien de sentir un peu l’air frais de l’extérieur, pensant surtout que la nuit me cachera vu ma teinte de peau particulière.

Je me laisse tomber dos à terre pour regarder les cieux, ne m’inquiétant pas qu’il pleuve, vente, neige ou qu’il fasse bon, cela n’a aucune différence pour moi, voulant juste profiter de ce moment, contempler les étoiles et surtout tenter de cesser de me poser trop de questions, de me demander ce que je fais de mal ou de bien. Arrêter de réfléchir à tous ces noms et mots qui me définissent. Monstres, Créatures, Choses, Horreur, Cauchemar, Fils du Diable,… J’en ai tellement entendu, tellement subi… Un jour j’espère que quelqu’un me trouvera normal du premier regard, sans avoir besoin que j’expose qui je suis réellement. Mais mon apparence est un de mes pires ennemis, comme ma nature, maudit depuis le début à devoir subir ces accusations car malheureusement le monde juge au premier regard avant même de connaître. Mon regard se porte sur mes mains, regrettant l’époque où j’étais capable de saigner, où il y avait de la chair, des muscles et des os sous cette peau. Oh je serais surement déjà mort si cela avait été le cas, mais j’aurais été plus humain au moins.

Plus la nuit avance, plus le silence envahit ces lieux, laissant un calme des plus pesant mais qui se retrouve rapidement dérangé par un bruit plus loin, un bruit venant hors des limites de l’Académie. Oh vilain défaut qu’est la curiosité, mon esprit attiré soudainement par ce qu’il pourrait se passer de l’autre coté… Une menace envers l’Académie ? Non ce serait une réelle folie, j’en suis persuadé. Peut-être des êtres comme moi, qui vivaient dans les égouts et sortent la nuit tombée ? Si c’est le cas, il faut que j’aille voir, ne serait ce que pour les aider, prendre un peu de nourriture que je pourrais leur donner. Mais si c’est un ennemi ? Non… Il faut que je retire cela de mon esprit, ici c’est un lieu de vie, pas un lieu de guerre, ce n’est pas Genosha où des gardes armées peuvent arriver à n’importe quel moment pour me mettre hors d’état de nuire.

En me redressant, je commence à chipoter mes doigts nerveusement… Je devrais peut-être aller chercher quelqu’un ? Non… C’est juste un bruit, je passerais pour une sorte de paranoïaque et puis je n’ai pas à briser le sommeil d’une personne, c’est vital pour la majorité des êtres humains. Et puis j’ai entendu que quand quelqu’un dort mal, il devient un zombie et je ne veux pas transformer un de mes confrères en une créature morte vivante qui dévore des cerveaux. Je secoue un peu la tête de droite à gauche pour me rapprocher des limites, hésitant… Me disant que ce n’est rien, ou alors peut-être une personne qui a besoin d’aide. Bon sang, je n’ai aucune raison d’être lâche, c’est la nuit, il n’y a jamais personne hors quelques ivrognes qui m’oublieront rapidement ou penseront que je suis le résultat d’une trop grande dose d’alcool dans le sang. Je ne risque plus rien maintenant, c’est ce que je dois me dire et sans danger pas d’accident. Alors je reprends force et courage, m’étendant pour passer par dessus le mur, l’enjambant comme si c’était juste une haie basse avant de reprendre une silhouette plus humaine et moins allongée.

Je me déplace en faisant attention de ne pas trop m’éloigner, regardant autour de moi, cherchant la source de ce bruit, voir si je vois quelqu’un, surtout si quelqu’un a besoin de mon aide. Heureusement, tout a l’air calme, tout a l’air silencieux et en paix. Je me sens rassuré en me disant que c’était juste mon esprit qui m’a joué un mauvais tour, soupirant avant de cligner quelques fois les yeux, une part de moi assez brillante dans la nuit à coté du reste de mon être, me préparant à faire demi tour pour retourner vers l’Académie sans me douter que cette petite sortie rapide allait m’être assez… Particulière quand après quelques pas mon attention est attiré vers un mouvement d’ombre, ma tête tournant vers celle-ci, suivant cette ombre jusqu’à ce que mon regard tombe sur une jeune femme blonde, ce qui me fait faire un sursaut sous l’effet de la surprise, assez pour que mes bandelettes se dévoilent en partie, tel un ressort sur mes membres.

Je ne suis pas un démon..

 
  Ne sors plus jamais

  avec Nils S.

Voilà… Suivre un bruit, regarder une ombre, trouver la source de celle-ci et je tombe sur une jeune femme qui semble totalement normale, une femme qui semble fragile, gentille mais qui comme la majorité des êtres me croisant commence par un mot, un terme, … Un qualificatif. Démon… Bon cela change de Diable, mais ce mot je l’ai déjà croisé et entendu, encore un synonyme pour dire que je suis un monstre, une créature digne des contes des enfers. Mais malheureusement pour moi, même si ce terme me fait baisser la tête un instant, honteux de ce que je suis, d’être encore le monstre aux yeux de quelqu’un mais surtout le monstre qui est sorti de ces lieux, qui pourrait attirer l’attention sur l’Académie… Est ce que cela veut dire que je vais devoir retourner dans les égouts ou fuir pour éviter qu’elle pense que je vienne de la ? Laisser croire que je n’avais fait qu’un passage sur ce terrain tel un voleur. Ce serait peut-être une solution pour protéger les Hellions et les Emma Frost. Si j’avais encore un cœur dans ma poitrine, il serait surement occupé à battre comme un fou furieux, d’ailleurs je sens que mon stress augmente et je dois faire attention, me concentrer à chaque instant pour ne pas perdre le contrôle… La dernière fois cela m’a couté 12 ans dans une cuve d’un laboratoire.

Que dire pour tenter de rassurer cette jeune femme ? Que faire dans une telle situation pour que cela ne s’aggrave pas ? Je tente de réfléchir, ma tête faisant un 360 degré pour vérifier qu’il n’y a pas d’autre témoins dans les environs, chose peu intelligente d’ailleurs car je ne suis par certains que de voir une tête faire un tour complet sur soi même va aider cette femme à me voir autrement qu’en une créature. Mais à peine j’ai eu le temps de scruter les horizons que la jeune femme avait changé de posture, prenant une tenue plus agressive mais ce n’était pas tout elle avait aussi un truc étrange, un regard différent… Ah… Oh… Euh… Cela doit surement dire une chose, que cette femme n’est pas une simple humaine témoin de mon affreuse présence, mais une surhumaine… Pitié… Pas la Justice League, des mots que je me souvienne, un de leur membre avait dit ouvertement que j’étais une créature trop dangereuse et je n’ai pas envie de mal finir.

Par instinct de survie, je recule de deux pas, inquiet de la tournure des évènements, ne voulant pas me battre, d’ailleurs je n’ai jamais voulu combattre… Je me suis toujours retrouvé embrigadé dans des situations qui m’ont forcé à défendre une personne ou un colis, mais je n’ai jamais cherché à me mettre volontairement dans ce genre de cas, je n’ai jamais aimé l’idée même d’un combat car cela sous entend de blesser quelqu’un ou de faire du mal. Servir de bouclier n’est pas grave, je peux encaisser et cela permet aux autres de partir ou fuir, mais devoir me battre ? Non non… Mauvaise idée, en plus je risque de perdre le contrôle et de faire des dégâts collatéraux. Oui je pense vite sur le coup, la panique monte en moi à une vitesse assez folle et mes membres se détendent un peu, enfin se détendre dans le sens bandelette.

« Mais… » Ma défense ? Pas normal ? Bon c’est évident que je ne suis pas normal, mais il semblerait qu’elle non plus… Certes je suis habitué aux humains qui me haïssent pour ma différence mais la c’est une surhumaine qui considère que je suis trop différent même pour ceux qui sont plus que des hommes. Cela montre à quel point je suis une erreur de la nature, une chose qui n’a pas sa place. Mes doigts se crispent un peu sur mes paumes, ma tête s’abaissant à nouveau alors que je ne sais que dire. Des mots pour me défendre, pour exprimer le fait que je ne suis pas normal, me justifier de ma nature, d’avoir eu la malchance de ne pas choisir mon géniteur, d’être né avec une peau différente, des yeux vides… D’avoir perdu mes organes. Et je ne pense pas que mon silence actuel pèse en ma faveur dans la balance, bien au contraire. « Je… Mon corps… Je… n’ai pas de sang… » Un peu hésitant, cherchant les mots les plus justes dans cette histoire. Comment me défendre sur le fait que je ne suis pas normal, c’est une certitude, une évidence et franchement il n’y a rien à défendre. Bref au moins ces mots expriment pourquoi je ne saigne pas, de toute façon cela aussi était évident, elle avait vu mon corps, son intelligence doit lui dicter naturellement toutes les raisons pour lequel je ne saigne pas. « Mais… Je suis normal… » Du stress dans ma voix, des mots que j'aimerais voir devenir réalité. Je serre un peu mes dents face à tout cela, reculant une nouvelle fois, me préparant à devoir encaisser des attaques, priant seulement pour que personne ne vienne, ne voulant pas voir de blessés ou de victimes.

Je ne suis pas un démon..

 
 Ne sors plus jamais

 avec Nils S.