Nathaniel Wade [Terminée]

Nathaniel (Nate) Wade

"On peut mentir une fois à tout le monde.
On peut mentir tout le temps à une personne.
Mais on ne peut pas mentir tout le temps à tout le monde."

Nate commence sa vie à Londres. Un père financier et une mère traductrice, ses premières années se passent comme celles des autres gamins dont les parents sont riches. A cinq ans, il parle couramment l’anglais, le français et l’allemand. Sa mère qui parle huit langues a la ferme intention de lui transmettre son savoir. Depuis le berceau elle l’inonde des langues qu’elle connait. Cela cause parfois des problèmes à la maternelle car Nate ne comprend pas pourquoi les autres enfants s’obstinent à ne parler qu’anglais, lui qui passe d’une langue à l’autre choisissant celle la mieux adaptée à ce qu’il souhaite exprimer.

Un petit frère montre le bout de son nez quand Nate à sept ans. Le chinois et le russe ont enrichi ses connaissances, loin de les parler couramment, il comprend néanmoins les phrases simples. Les premières disputes commencent entre ses parents.  Sa mère souhaite pousser sa carrière à l’international, mais c’est incompatible avec celle de son mari.

Nate rentre au collège avec un an d’avance. Il excelle évidement en langues étrangères et à des notes plus qu'honorables dans les autres matières. Il a un cercle d’amis fiable et est toujours invité aux fêtes. Sa gentillesse en fait la coqueluche des filles.

A ses duit-huit ans arrive le drame qui va le bouleverser à vie. Son petit frère qui est un vrai casse-cou, lui fait le pari qu’il est capable le passer par la fenêtre du salon et de rentrer par celle de sa chambre en longeant la façade de leur immeuble. C’est un samedi après-midi, leurs parents sont à une œuvre de charité. Nate est chargé de garder son frère Ethan.

Occupé sur un jeu vidéo, il ne prend pas le petit garçon au sérieux et c’est un cri qui l’alerte. Quand il se penche par la fenêtre, il voit avec horreur Ethan suspendu par une main à une mince corniche. Le pied du garçon a glissé sur les fientes de pigeon qui parsèment les aspérités de la façade. Nate n’a le temps de rien faire, les doigts d’Ethan glissent inexorablement et c’est la chute dans un cri qui hantera Nate bien des années. C’est là que son don s’exprime pour la première fois. Nate n’a même pas conscience de ce qu’il fait, ni de comment il le fait. Il arrive à créer un trou temporel autour de son frère pour le faire réapparaitre en douceur sur le trottoir.

Cela aurait pu bien se terminer si… Si Nate n’avait pas emporté dans les limbes du temps que la moitié supérieure du corps de son frère. Les jambes d’Ethan, accrochées à une partie de son abdomen, chutèrent à côté de lui au même moment qu’il réapparaissait hurlant de douleur et en se vidant de son sang. La mort le prit en quelques secondes, quelques secondes où il eut le temps de croiser le regard de Nate. Celui-ci put y lire la frayeur, la douleur et l’incompréhension.

Deux ans furent nécessaires à Nate pour qu’il arrête de se réveiller en hurlant sous d’affreux cauchemars lui montrant son frère coupé en deux. Ce drame marqua la séparation de ses parents. Ethan était le fils préféré de son père, celui qui avait échappé à l’endoctrinement linguistique de sa femme, contrairement à Nate qui vouait une vrai adoration à sa mère. Le jeune homme fit son deuil en se noyant dans les études de langues. A l’âge de vingt ans, il parlait correctement huit langues et en comprenait trois autres. Il avait un véritable don pour intégrer un nouveau langage. A aucun moment, il chercha à utiliser ce pouvoir qu’il déniait tout simplement. Sa vie sociale était tombée au zéro absolu. Cet état était renforcé par le fait qu’il suivait sa mère dans tous les pays où elle intervenait. Libérée de la contrainte de son ex-époux et pour fuir Londres qui était un lieu de deuil, elle embrassa une carrière de traductrice internationale de renommée. Nate suivait et confrontait ses connaissances en langues avec tous les gens qu’il rencontrait lors des conférences où sa mère officiait dans les coulisses.

Diplôme en poche, Nate surfa sur la réputation de sa mère pour obtenir ses premiers contrats. Il n’eut pas de mal à voler de ses propres ailes car il était doué. Les cauchemars se sont estompés avec le temps. Il reprit contact avec son don au Japon dans la ville de Kyoto. Un soir qu’il retournait à son hôtel, il aperçut un chien qui avait la patte prise dans un aiguillage des rails du train. Il faisait sombre, et la nuit était percée par deux spots lumineux. Un train arrivait.

Il fallut cinq ans à Nate pour parfaitement maitriser son don. Il avait enfin accepté son statut, après tout l’Onu avait reconnu l’existence des mutants en 1984. Entre temps il avait repris gout à la vie et multiplié les conquêtes un peu malgré lui. C’est vers ses vingt-cinq ans qu’il s’aperçut ne pas être insensible aux charmes masculins. Nate ne saurait dire s’il gardait cette caractéristique « bi » à cause de son éducation ultra classique et conservatrice, ou s’il était réellement ambivalent.

Son insouciance s’écroula le jour où il se fit kidnapper par un groupe d’activiste pour qu’il « déplace » un stock d’arme lourdement gardé dans un camp militaire en Allemagne. Sous la menace, il fit le travail, mais omis de transférer les percuteurs des armes, les rendant inoffensives. Sa vie devenant trop risquée en Europe, il se trouva un job de traducteur indépendant. Fini les conférences et les conventions, il travaille maintenant à son domicile via son ordinateur, et fait de la traduction de livre et de divers documents.