The Heroic Age
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Au-delà de l'A.C.E.

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Message  Lucy "Lucky" Prissy Sam 1 Avr 2017 - 10:00


Les néons s’éteignent rapidement suite à la coupure de courant, laissant les personnes présentes dans le garage sombrer dans une semi-obscurité uniquement contredite par les lumières de l’éclairage public extérieur. J’entends le gars à l’attaché-case commander à l’un des cinq autres, "Michou", d’aller vérifier le disjoncteur et ne peux retenir un sourire en coin. Pendant qu’il s’approche, les autres ont le réflexe d’allumer les phares des voitures présentes, créant des faisceaux de lumière dirigés et bien incomplets pour recouvrir l’entièreté de leur zone de travail. Enfin, "leur" zone de travail, c’est une façon de parler : y’en a qu’un qui doit bosser ici avec les mécanos de l’équipe de jour et c’est celui chargé de faire passer ce que les autres protèges des armes à feu qu’ils portent sous leurs vestes de costume. Elle est de cuir chez moi et j’ai pas non plus de flingue,  pas contre j’ai un gilet pare-balle léger pour la couvrir. Après, je ne pense pas que "Michou" a le temps de s’en rendre compte lorsqu’il s’approche du panneau électrique et que je lui tombe dessus. L’impact de mes cuisses sur ses épaules le renverse en arrière tandis que celui de mes mains sur sa bouche étouffe le son de sa voix et pousse de manière à ce que son crâne heurte le sol plus fort que mes bottes ne le font. Accroupie un instant, je vérifie qu’il est bien inconscient avant de le relâcher et de me remettre en mouvement discrètement.

Je suis à la bourre et ce n’est pas parti pour s’arranger, je le sais. Okay, en retard à son propre anniversaire c’est bête mais si mes parents n’avaient pas voulu me faire une surprise peut-être que j’aurais été au courant des horaires. Après, la surprise est pas tant de savoir qu’ils m’organisaient un truc que de savoir qui y sera présent, considérant que tous mes potes ont refusé de m’en dire plus, mais du coup je fais une surprise de mon côté aussi. Le hic, c’est que je ne sais moi-même pas quand c’est. Et j’espère qu’ils ne vont pas me chercher, sinon on risque de tourner en rond toute la soirée. Considérant ce que je fais, Papa est le plus à même de deviner où je suis mais, s’il le fait, ça signifie que je perdrais l’effet de surprise. Je gâche sa surprise en ne m’y pointant pas et il gâche la mienne en pointant, un partout la balle au centre. Et en parlant de balle…

Les gars se mettent en mouvement vers la position de Michou, certains l’appelant et d’autres sortants déjà les flingues ; on se croirait aux USA, à la moindre merde on sort les armes. Je les observe à travers les lumières des voitures alors que je me repositionne sur l’un des élévateurs qui supporte un véhicule Uber puis attire leur attention d’un habile lancé qui voit ma balle rebondissante heurter une caisse à outil dans la direction opposée à celle d’où je me trouve. Les yeux et les armes y sont pointés et j’en profite pour sauter dans le dos du plus proche en un ciseau qui le déséquilibre. Une torsion au bon moment et l’apposition des mains au sol me permettent une souplesse arrière qui expédie mon prisonnier contre le sol, me reconduisant accroupie à lui frapper directement les yeux. Ses potes se retournent par réflexe mais n’ont pas le temps de m’aligner que déjà je bondis en arrière, atterrissant en une roulade dorsale qui me permet de retourner dans les ombres. Le premier tir dans ma direction me manque et je trouve couvert sur la voiture, y grimpant d’un saut et d’une traction.

J’ai dix-sept ans aujourd’hui et j’escompte bien  en faire quelque chose. Le permis moto est quelque chose qui me tente bien et je verrais avec les Curie s’il y a moyen de le passer au sein de la Section Junior, histoire de pas avoir à le payer, sinon j’irai gratter auprès de la police. Je dois aussi trouver de nouveaux stages, en un tiers d’année j’ai fait que trois semaines de squattage chez les Braddock et j’ai encore trois mois avant d’aller faire le Stage d’Excalibur donc si je peux gratter l’Académie ou l’Institut pendant la moitié de ce temps ça serait cool. L’autre moitié sera partagée avec Paige et l’entrainement habituel plus les missions bonus aléatoires s’il y en a. Papa et Maman risquent de faire la tronche de pas me voir pendant trois plombes mais faut qu’ils s’y fassent, ça n’ira pas en s’arrangeant, et je fais de mon mieux pour pas trop saigner leurs économies. De mon côté, je vis ça comme une étude en internat mais à ma sauce : au lieu d’être absente en semaine et de rentrer en week-end, je suis présente durant des mois et absente durant d’autres. Dès l’année prochaine, on ira sur du absente durant des mois et présente durant les vacances ! Ou pas, j’en sais rien. Je verrais bien quand j’y serais, pour l’instant j’y suis pas.

Deux des gars contournent la voiture, après une brève perte d’attention envers leur pote dont les cris dissimulent mes propres bruits de déplacement sur le toit de celle-ci, tandis que les deux derniers, le proprio du garage et le porteur de l’attaché-case, restent à distance. Avec la coupure de courant, ils n’ont aucun moyen de faire descendre mon perchoir et ils devront grimper s’ils veulent me faire descendre. Pour ma part, je glisse, accroupie, jusqu’au capot avant de sauter pour m’accrocher à l’un des néons éteints. Les attaches cèdent  sous mon poids et je balance vers les deux derniers le temps que l’entièreté de la lampe se décroche, repliant les jambes. Heurtant le proprio des deux pieds, j’accomplis une extension me permettant de le repousser au sol comme de retrouver un équilibre à l’atterrissage puis enchaine directement d’un coup de pied écrasant sur le genou du gars à l’attaché-case, lui faisant sauter l’articulation. Les gros bras sont trop occupés à s’interrompre dans leur escalade prudente de l’élévateur pour pouvoir réagir suffisamment rapidement et un sprint terminé par une glissade me permet à la fois de retourner me planquer que de récupérer ma balle rebondissante.

Le vigilantisme est ce pourquoi j’ai été condamnée et ce que l’Alliance m’a permis de reprendre puis la police m’a accepté en collaboratrice officieuse, revenir à cette source me permet d’être bien plus sereine quand à mon avenir. Je fais déjà ce qui m’est naturel et ce dans quoi je veux me professionnaliser, cela confère une certaine stabilité même quand on est une fouille-merde de mon niveau, tout comme je me prépare à faire plus grâce à l’aide de personnes que j’admire et que j’apprécie. A l’exception de Kimy, tout n’est pas rose mais au moins je m’y retrouve  et j’apprends de mes erreurs comme de celles d’autres.  Je ne suis pas certaine d’avoir trouvé la patience par contre je pense réussir à me canaliser maintenant ; ce qui est une belle progression. Et positif aussi, puisque je me canalise de manière constructive contrairement à Val. Enfin, constructive pour moi puisque je suis redevenue une nuisance aux affaires criminelles sur mon territoire.

Comme dans tout bon film d’horreur, les deux gars encore intacts du groupe de six originellement présent décident instinctivement de faire deux groupes de un pour gagner en efficacité ; juste que c’est la mienne qu’ils avantagent ainsi. Alors que l’un soutien le mec  l’attaché-case pour essayer de se barrer, l’autre cherche à m’occuper et son ambition se voit mise à terre encore plus vite que lui. Un lancé de balle me permet de dévier son arme un instant avant que je ne fonce sur lui, une main rattrapant mon projectile tandis que l’autre s’en va directement atteindre ses yeux. Un nouveau coup au niveau du genou me permet de le faire s’effondrer et je roule sur le côté pour éviter des tirs au jugé du dernier gus, tirs qui se font entendre. Ma balle rebondissante poursuit sa tache de déviation et je repique un sprint jusqu’à mes cibles, leur bondissant dans le dos et les faisant s’effondrer en avant. Un bon coup derrière la tête permet de terminer à les calmer tous deux, me laissant à genou à prendre une grande inspiration par la bouche. Une bonne chose de faite.

Quand j’étais petite, même si c’est pas tellement loin et que la tradition continue toujours aujourd’hui, les dealer de quartier marquaient leur position en accrochant des chaussures à des objets en hauteur comme des lampadaires ou des clôtures. Les flics le voyaient aussi bien que les gens du coin mais c’était admis par tous comme normal et ça nous avait été utile à la Cour des Miracles pour repérer les plus bas-échelon de criminels qu’on pouvait chasser. Maintenant que je vise un peu plus haut, sans doute parce que j’ai grandi, c’est désorganiser le trafique qui est devenu intéressant ; hors, il a évolué le trafic, comme nous. Un black en Laguna il est sur de se faire emmerder une demi-heure à chaque contrôle de police mais un chauffeur Uber en costard dans une Mercédès à vitres teintées il sera jamais arrêté.

Sortant mon téléphone de ma veste, je l’allume tout en m’accroupissant de nouveau face à l’attaché-case. La barre de chargement de l’écran de démarrage se remplie alors que j’ouvre la mallette pour voir les petits paquets bien emballés. La coke, compact et rentable pour un chauffeur ramassant des clients réguliers. Une fois mon code pin tapé, j’appelle le commissariat pour leur signaler un individu suspect rodant prêt de l’adresse où je me trouve.

Si j’en suis certaine ? Oui, c’est moi… l’individu suspect… Non, c’est pas un poisson d’avril, c’est moi. Téléphonez au Capitaine Prissy, il confirmera… je sais qu’il a pris sa soirée mais rassurez-vous, vous allez pas le déranger : il doit déjà être en train de me chercher là.

Et voilà, plus qu’à attendre qu’on vienne me récupérer. J’ai faite ma surprise d’anniversaire, à savoir encore foutre en l’air l’un des circuits de distribution de Dom Anno, et je vais pouvoir découvrir celle que mes parents ont prévu pour moi. Je sais qu’il y aura Abeille et Macky, probablement Zombie et Tom aussi, et avec un peu de chance Amy ou Aislinn sera sur Paris et viendra faire un coucou. Ou est déjà passé faire un coucou. Tain, ça serait con de les avoir raté. D’un autre côté, à regarder autour de moi, y’en a d’autres que j’ai pas raté.
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Message  Lucy "Lucky" Prissy Jeu 21 Sep 2017 - 9:10


A part lorsqu’ils sont dans la réserve, je vois chacun de leurs faits et gestes. Je vois les caisses enregistreuses et le centre d’informations à leur côté, complètement vides, ainsi que les portes automatiques qui assurent la sortie sont fermées. Je vois les deux agents de sécurité qui les surveillaient marcher en suite du directeur, remontant les rayons où des techniciens de surface passent la nettoyeuse. Je vois l’agent qui se trouve à l’entrée réenclencher le système d’ouverture de celle-ci alors que les horaires d’ouverture sont passés. Je vois les trois autres hommes en costume, trentenaire voire moins, entrer comme chez eux. Ils descendent les trois marches du seuil alors que le dirlo et ses gardes du corps improvisés arrivent dans les étales de fruits et légumes qui se trouvent juste après, toujours nettoyées en premières puisque l’endroit le plus salit du supermarché. Je vois tout mais je n’entends rien, les voyant bien se saluer mais ne percevant rien de ce qu’ils se disent. Heureusement, eux ne vont pas tarder à entendre ma voix. Ça fait trop longtemps que je me suis pas attaquée au crime organisé local mais on dira qu’il a droit à des vacances, quand je suis en stage chez les Super-Héros. Et après les vacances vient toujours la rentrée.

C’est ouf ça, z’avez comme un air d’mifa. J’ai toujours cru que Dom Anno voulait ses mecs en starco pour faire gangster mais au final c’est vrai qu’vous r’ssemblez plus à des vigils de superette.

Je tâche de ne pas pouffer mais c’est très drôle de les voir réagir à ma provocation retransmise dans tout le magasin. C’est un peu comme un film muet, sans musique mais moins chiant quand même. Le chef du trio de trop pousse une gueulante qui conduit celui des vigils de carrière à traverser en courant le magasin à destination du centre d’informations, où se trouve le micro, tandis que les techniciens de surface détournent le regard ou baissent la tête. Moi je lève les yeux au ciel et remarque l’absence d’arroseur anti-incendie dans cette pièce, chose qui me laisse demander si je devrais ou non déclencher le système lié histoire de filer un coup de pouce aux mecs pour se péter la gueule. C’est très tentant mais j’ai juste besoin de coups de poing pour leur péter la gueule donc on va être éco-responsable et économiser l’eau. A force de formation, je vais vraiment devenir une super-héroïne en fait.

Mais vos jobs sont similaires nan ? Juste que là où les vigils votre taff c’est d’empêcher les carottes, les autres vous les récoltez. On reste dans d’la supervision du biz en fait.

Les trois agents de sécurité arrivent aux caisses et au centre d’information, découvrant derrière son bureau que le téléphone du supermarché est placé à côté du micro d’annonce et foutu sur haut-parleur, tandis que le trio de cibles suit le patron en direction de la réserve, armes en main.

J’me d’mande un truc d’ailleurs. Les armes, c’est des fruits ou des légumes ? Parce qu’autant je vois bien les lames pousser sur des armes, autant les flingues c’est pas possible, trop lourd, et les foutre en terre c’est risquer qu’ils s’enrayent à la sortie.

Je décolle mon portable de ma joue alors que les mauvais joueurs coupent le téléphone de leur accueil et que les autres disparaissent en réserve histoire de récupérer ce que je viens de citer au plus vite. User de la grande distribution afin de faire de la grande distribution, c’est tellement con qu’il fallait y penser. Le truc c’est que c’est vachement bien contrôlé, mine de rien, donc beaucoup plus dur à faire passer. D’où qu’ils aient pas réussi d’ailleurs, payer et menacer les bonnes personnes n’étant pas suffisant  dans un coin où le vigilantisme condamné par la justice a été approuvé par l’Etat. Rangeant mon appareil, je me tourne vers le vigil qui git inconscient sous le bureau où se trouvent ses écrans de surveillance.

Tes potes arrivent, ils doivent me chercher.

Je tiens à remercier ma Chance de la disposition du magasin parce que cette pièce se trouve au centre, je n’aurais donc aucun mal à barrer la route entre l’entrée et la réserve tandis que la sortie est fermée d’elle-même. Me relevant, je m’étire puis m’en vais déverrouiller la porte de la petite salle, attendant derrière elle en découvrant la présence d’un extincteur. Lorsque deux des trois vigils ont le courage d’ouvrir avec violence l’entrée que je leur ai offerte, ils ne trouvent que leur collègue au sol avant que la porte ne se referme en claquant, me laissant le champ libre. Celui de vision du vigil le plus proche voit rouge alors que je me la joue Extinctor Warrior et l’allonge d’un coup plutôt pesant. Lançant l’objet au second vigil, je le déséquilibre et ai tout loisir de l’expédier dans les machines d’un coup de pied écrasant dans le bas-ventre. Le pauvre lâche l’extincteur sur son propre pied et n’a pas le temps de retrouver ses douloureux appuis que je l’envoie retrouver l’item du soir d’un crochet au menton. Je retire mes gants piézoélectriques en regardant les trois adultes neutralisés puis enclenche l’alarme incendie avant de quitter la pièce.

Les arroseurs font leur travail alors que mes bottes fendent la couche d’eau qui commence à s’accumuler au sol, le rendant glissant, et j’espère bien que tous vont suivre cet exemple maintenant que j’ai improvisé un signal. Les coups de feu qui raisonnent depuis la réserve me donnent une relative confiance en cela alors que je m’approche de celle-ci, sortant de la poche de ma veste de cuir ma balle piézoélectrique. Le bordel de ma chevelure me colle au visage sous l’effet de la douche et je me dis qu’autant ça va être drôle et classe, autant je vais probablement me ramasser une bonne crève vu la température extérieure. M’enfin il n’y aura pas mort d’hommes. On n’est pas dans un western, sinon il n’y aurait pas de flotte ni de balle rebondissante.

Balle qui s’en vient électriser la gueule du dirlo, premier à s’enfuir et donc à venir couler avec son navire. Il glisse suite à l’impact et finit dans le rayonnage des sodas, lesquels réserveront une belle surprise aux clients qui finiront par les ouvrir. Ne rattrapant pas mon gadget, je m’affirme simplement sur mes appuis alors que de nouveaux coups de feu se font entendre, occultant tout autre bruit. Le premier costar sort et je m’élance à son encontre, me laissant glisser sur le sol alors qu’il me pointe par réflexe. La balle se perd largement au-dessus de moi et mon élan m’entraine entre les pattes de l’homme, pattes que j’attrape au passage et qui suivent mon aquaplaning. L’arme encore chaude se casse le nez par terre et je pense que le mec fait l’exacte même démarche, vu comment son visage heurte le sol.

Pour ma part, je n’ai aucun mal à me relever une fois ma glissade stoppée contre l’un des rayonnages et je le fais de manière à être accroupie, ma taille impliquant que je sois dans le champ de vision périphérique et non principal de toute personne sortant de la réserve. Ce qui ne tarde pas à arriver d’ailleurs même si les uniformes et les gilets pare-balles me font m’abstenir de tout enchainement. Je me redresse donc en soufflant alors que les officiers quadrillent la zone. J’ai les mains levées au niveau du visage avant que le premier qui me remarque ne braque son arme vers moi, par réflexe, et renchaine dès qu’il m’a reconnue.

Wesh, bien ou bien ?

Après un acquiescement, il s’en retourne à son opération et je suis libre d’aller ramasser ma balle. Tête nue, la brigadière-chef Bourdon arrive à son tour et s’arrête à mon niveau, me regardant avec bienveillance. J’ai passé deux mois au Manoir Excalibur pour le Stage ACE Section Junior de cette année, ça a donné le temps à Dom Anno et ses mafieux de remettre sur pied leur système de distribution dans lequel j’ai déjà bien mis les pieds en avril dernier. Avec l’aide de la BAC et des stups, on a pu monter une nouvelle opération histoire d’y remettre un bon coup de pied. Je ne sais pas combien il va perdre à cause de ce soir mais ça va vraiment finir par le pousser à la réaction. Autrefois, il tenait les gens à la peur et aux "bonnes actions" qu’il faisait. Aujourd’hui, on lui tient tête. On appréhende peut-être l’escalade que ça peut causer mais, s’il attire trop l’attention, c’est l’Alliance elle-même qui se chargera de lui.

Vous avez tout ?

Comme un matin de Noël. Par contre Lucy, t’aurais pu trouver un autre signal que l’alarme incendie.

Ouais mais c’est mon r'tour, j'me suis dit qu'ça s’arrosait.

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Message  Lucy "Lucky" Prissy Mar 21 Nov 2017 - 6:25


Je termine d’enfiler mes bottes montantes puis passe ma veste et en remonte la fermeture éclair jusqu’en haut. Il fait 9°C et un temps nuageux d’après la météo en temps réel, heureusement que j’ai un sweat-shirt sous le cuir car celui de la veste comme des mitaines va commencer à être un peu limite, sans parler du legging. A mon côté, Papa s’en passe veste et chapeau par-dessus son costume-cravate comme sa broussaille capillaire ; une broussaille qu’il essaie de dompter un minimum, lui. Il passe sa main sur la poignée et soupire lourdement, las avant même que ça journée ne commence. Avec le sourire, je m’approche de lui pour lui taper l’épaule.

T’inquiète pas, c’est moi qui m’charge de la négoc’. Après tout, j’connais la plupart d’entre eux.

La journée d’hier a été encore plus chiante que d’habitude, pour lui, et pas mal de flics comme de mes potes encore à Henri Wallon ont été bien déroutés par les événements. De ce que j’ai entendu de la part de mes connaissances impliquées, y’avait bien que la CPE, dont je terrais le nom par politesse, pour être contente des événements : sans doute que ça prouvait qu’elle avait raison. La cité scolaire était peut-être au palmarès 2016 comme meilleure structure du 9-3 mais ça reste de la banlieue "chaude" et je serais pas surprise que les infos relaient le truc de manière à prouver qu’on est encore des fouteurs de merde. On l’est, sans doute, mais on n’est pas limité à cela. Le truc c’est que faire la négociation avec les élèves du blocus c’est difficile que ce soit le personnel du collège-lycée ou des forces de l’ordre, hier l’a prouvé. Et, entre ceux qui se lavent les mains des évènements parce que ça renforce leurs convictions et ceux qui se font jeter en essayant de parlementer, ça emmerde beaucoup de monde sur place. Manque plus qu’à s’y rendre.

Une fois sorti de la maison, je me surprends à être contente d’une action autrefois banale mais qui ne s’est plus produite depuis pas mal de temps, mine de rien. On avait pour habitude de ce rendre à mon école et à son taff à pattes, avec Papa, lorsque j’étais encore scolarisée. Enfin, plus exactement, on récupérait Macky sur le pallier et je refilais mon sac à mon paternel pour m’en aller faire du jogging avec mon ami. Partant de l’Hôpital de Maison Blanche, on dépassait le périf’ par la Porte d’Aubervilliers puis on se remontait l’Avenue Victor Hugo jusqu’à la Rue de la Commune de Paris, direction le Square Stalingrad. La caserne dans laquelle Macky taff est juste au-dessous et, attendant que Papa rattrape le mouvement, je profitais du square pour continuer des échauffements entre le tribunal d’instance d’Aubervilliers et le gymnase Guy Moquet. Cela fait, on poursuivait droit sur la Rue Guyard Delalain et enfin Rue des Cités, où ce trouve la cité scolaire Henry Wallon. Papa n’avait plus qu’à remonter encore jusqu’à la Rue Léopold Rechossière et op il était au commissariat. Ce matin cependant, il s’arrête avec moi devant sur le trottoir face aux grilles de mon ancienne école, où le blocus s’installe encore à coup de poubelles déjà bien abimées des feus allumés en leur sein le jour précédent. Ça ne grille pas encore trop mais ça s’agite déjà bien, avec la bonne humeur de la contestation qui sait que, quoi qu’il arrive, elle a déjà gagné. En suite de Papa, je m’en vais saluer les officiers en uniforme et gilets pare-balle déjà présents, s’assurant de bloquer la route au plus tôt pour éviter similaires déboire à ceux d’hier. J’espère qu’ils suivront la même logique vis-à-vis des fumigènes parce que celui d’hier n’était pas nécessaire. Surtout qu’une fois la fumée dissipé, les ados se sont bien marrés avec les résidus sur le sol ; ça faisait comme de la neige.

Que ce soit dans les élèves comme dans les policiers, je n’ai pas que des gens pour m’apprécier mais ça s’occupe encore à faire passer le mot de mon arrivée donc j’ai quelques instants de quasi-calme pour serrer des mains et faire des bises. Papa a fait la négociation hier et m’a déjà expliqué les revendications parfois déroutantes tout comme Abeille et quelques autres m’ont déjà fait des résumés de différents points de vue. Je recroise des têtes que je n’ai pas vue depuis des années, ce qui fait une portion significative de ma vie, et tape le check avec Mr Sana qui se prépare pour une belle journée de glandouille. En tant que prof de math le plus populaire du collège, il sait qu’on le laissera rentrer sans souci. Et c’est sans souci aussi qu’il me rentre dedans, me demandant tout sourire si je compte passer mon bac en candidate libre ; tellement pas. J’ai d’autres examens bien plus importants à passer avec ma majorité approchante. C’est d’ailleurs en corrélation avec eux que je suis ici et il va être temps de prendre mes responsabilités. La première difficulté va être de trouver quelqu’un avec qui parler puisque l’organisation n’est vraiment pas quelque chose de clairement définis et que, c’est l’un des problèmes du jour précédent, les motifs de blocus sont sérieux pour les uns et des excuses bidons pour les autres. Je cherche donc à éviter ceux dont les caractères impliquent une participation pour foutre le bordel et sécher les cours ainsi que ceux avec qui sa partirait en live trop vite. Malheureusement, ma simple présence n’aide pas.

C’est Aya qu’est la première à m’interpeler et elle le fait avec sa grande gueule habituelle ; je ne me foutrais pas de ses difficultés de prononciation cependant, n’ayant outrepassées les miennes qu’à l’aide d’un orthophoniste hors c’est une chance qu’elle n’a probablement pas eue. Son "Ey r’gardez les gens, la choune est d’retour !" est suivi de nombreux "Elle date la babtou !", "Toujours côté condé à c’que j’vois !" et autres "Dom Anno t’as pas encore dézinguée ?" ; au moins, je gagne facilement l’attention de la majorité là où les faire décrocher des portages et des jeux de cartes pour autre chose que des insultes envers les flics avait déjà été un beau défi hier. Enfin, certains y arrivaient très bien pour se jeter sur les capots des bagnoles qui passaient dans la rue, chose ayant forcé le blocage de celle-ci assez rapidement et donc mis encore plus de bazar vu que le coin fonctionne à coup de sens unique. Et, comme à chaque chose malheur et bon, je sais que je vais me retrouver sur plus de snaps aujourd’hui que je n’en ai fait dans toute ma vie.

Wesh, trop d’pénave les gens, j’entrave pas la moitié. Si y’en a qui veulent taper la discute, qu’ils viennent. Ils ouvriront leur gueule pour tout l’monde.

J’ai pas eu l’occasion d’être autant au naturel durant mes stages et mes collaborations hors d’ici vu que le parlé banlieusard est discriminatoire et que j’ai l’habitude de m’adapter tant que la motivation y est ; du coup va falloir que je me dérouille rapidos si je veux pas dérouiller parce que c’est bien parti pour. Enfin, pour le coup c’est entre eux qu’ils s’échangent des coups de semonce vu qu’un bon nombre n’a pas l’intention de laisser un certain autre bon nombre parler à sa place, par inimité. Aya s’en prend un peu à tout le monde, ou tout le monde s’en prend un peu à elle selon le point de vue, tandis qu’Amal et Idriss sont plutôt dans du un contre un. Je salue de la main Fériel et Zeynab, histoire d’attirer leur attention vu qu’ils ont l’air perdu dans le bordel qui s’installe, puis m’en vais les voir.

Bien ou bien et la mifa ? Vous le faites avec suite ou sans suite ?

Les deux adolescents d’à peu près mon âge interrompent leur Uno pour moi, une utilisation de la poubelle que je trouve bien plus appréciable que d’en faire cramer le contenu ; surtout que, d’après la large fissure qui marque son flanc, elle a aussi servi de trampoline hier ; à moins que quelque chose n’ait explosé dans son intérieur quand ils y ont mis le feu. Dans les deux cas, l’étiquette renvoie à une cité plusieurs rues plus loin, comme quoi il y a eu un minimum d’orga pour rameuter le matos. Pourtant c’est pas faute qu’il en traine partout à Auber, des poubelles. C’est comme l’urine, ça contribue à l’odeur de la ville mais c’est mieux quand on y fout pas le feu.

Sinon c’est quoi vos revendications à vous ? Les rats et les cafards dans les cuisines ? Que certaines classes aient pas encore leur manuel scolaire ? Pitiez, me dites pas la Libye parce que c’est l’excuse des branleurs qu’ont juste pas envie de taffer.

Que certaines classes aient pas encore leur manuel scolaire mi-novembre est une bonne raison pour gueuler, c’est celle qu’évoque les têtes de classe participant au blocus. Les rats et les cafards dans les cuisines sont déjà plus improbables, vu que les cuisines sont récentes et surtout qu’elles servent uniquement à réchauffer les aliments donc la cantine ne voit pas stagner assez de bouffe pour attirer les nuisibles. Et la Libye… c’est l’excuse de ceux qui regardent trop la télé parce qu’un blocage scolaire jusqu’à ce que la guerre soit terminée se passe de commentaire. Après, je suis aussi contre ceux qui ont déclaré qu’il fallait les envoyer là-bas s’ils se sentent vraiment concernés, considérant que c’était juste un appel masqué à l’expulsion d’une minorité. M’avançant sur la poubelle pour en tapoter le couvercle de la main droite alors que les deux potes s’en retournent à leur jeu en ricanant entre eux, je me surprends seule à éviter qu’on me saisisse l’épaule et me retourne donc face au nouvel intervenant.

Amal me fait face du haut de ses quinze piges, me laissant comprendre pourquoi je n’étais pas très impressionnante il y en a trois, et commence à m’exprimer comment j’ai rien à foutre là vu que j’ai chéla la zone pour partir jouer les apprenties sidekicks avec les bobos de l’ACE. Lui, il devait être l’un des rares à me soutenir lors de l’exemple public de la Cour des Miracles, je ne me rappelle plus vraiment. Hésitation mise à part, c’est donc vers lui que je temps la main droite alors que la gauche s’en va lever l’index entre les deux compères du Uno.

On s’démerde comme on peut. J’ai pas l’habileté d’Anno pour éviter l’tarmi trois fois par berge. Pis j’l’attends toujours au tournant histoire qu’il y retourne, au tarmi.

Je fais face sans faiblir même si, ça, s’est effectivement un reproche valable. J’ai beau continuer de lui foutre des pieds dans la gueule à sauter régulièrement à pieds joints dans son réseau, c’est beaucoup plus occasionnel qu’avant. C’est dur de faire tomber Dominique Anno en utilisant le système, c’est un vrai politique le mec, mais je l’ai déjà poussé à m’envoyer un mercenaire me casser les pattes donc il finira bien par faire une erreur permettant de le condamner. Reste à être là pour l’exploiter, c’est pas faux ; et c’est pas certain que je serais là. Ce qui, d’un certain point de vue, limite l’escalade comme pensé à l’instant. Après, je ne crois pas que je pourrais dire quoi que ce soit qui convainque l’autre adolescent. Un trait que je n’ai jamais pu cacher, c’est cette tendance à aller au conflit dans la discussion car c’est ainsi que ça ce passe ici, en majorité ; le ton finit toujours par monter et t’as pas intérêt d’être "faible", tout aussi stupide que ça puisse être. Laissant tomber les deux joueurs et leur poubelle, je m’en concentre donc sur le déçu de mes actions.

Ecoute keumé, j’fais pas ça pour la fanbase. S’tu t’retrouves dans c’que fais et qu’ça t’inspire, tant mieux. Sinon tant pis. Mais si j’te troue l’cul à l’avoir entre deux chaises c’est qu’ça t’fais cogiter un minimum donc s’tu veux me filer la main sur ce coup-là, ça s’rait cool. L’but d’une manif’ c’est d’en r’tirer autre chose que des cours en moins et ça aide d’être organisé pour les revendications.

Faut pas que j’me fasse des films mais c’est quoi mon idée ? Je souris à Amal un instant. Pour la première partie, on est d’accord. Pour la seconde, c’est encore en improvisation. Me grattant un instant derrière l’oreille, je regarde aux alentours alors que le bordel continue dans ses rires et ces ordures incandescentes. L’odeur du plastique brûlé est peut-être la pire à mes narines et heureusement que la benne la plus proche sert aux cartes ; un enchainement d’éléments qui me donne l’idée, d’ailleurs. Je me retourne donc vers Fériel et Zeynab puis leur emprunte leur support, les faisant bien plus réagir cette fois alors que je le traine du trottoir à la route. Amal me regarde faire pendant qu’Aya finit par m’atteindre, me rentrant dans le lard verbalement juste par brutalité de parlé ; elle, elle est là pour les rats et les cafards alors qu’à tous les coups elle ne mange même pas à la cantine. Il y a des choses qui ne changent pas et je suis sure qu’elle aurait pu être mon amie si elle acceptait d’être amie avec des mutos. La benne placée entre élèves et policiers, je lui indique de m’attendre là et elle m’envoie chier puis j’en vais voir Papa histoire de piquer le mégaphone.

Ey l’people, un peu d’attention siouplais. On va s’la jouer démocratie si ça vous tente donc si vous pouviez tous inscrire un blase sur un papelard et l’foutre dans la poubelle ça s’rait cool. Les trois personnes qui s’ront les plus nommées vous r’présenteront. Genre délégués d’blocus. Et votez pas que pour ceux que vous avez envie d’emmerder, ça leur fera pas des heures sup’ mais le droit d’causer pour vous.

Les faire s’exprimer séparément c’est la merde mais peut-être qu’un vote parviendra à faire ressortir quelque chose, même si on en a pour une bonne demi-heure à ce que ça débatte ; d’abord sur qui et ensuite sur le fait que le référendum c’est de la merde. J’ai sans doute un avis plus négatif qu’eux sur la République mais c’est justement parce qu’on fait pas de référendum assez souvent, ce qui fait qu’au final c’est pas une démocratie mais une aristocratie malgré que les dernières élections aient viré pas mal de monde. Cela étant, les représentants ça marche à peu prêt donc on va essayer de continuer sur cette voie pour l’instant, en espérant qu’on tombera sur ceux qui sont un minimum sérieux. Trois revendications, trois représentants et ma Chance, j’y crois à mort. Puis je regarde Amal, sur qui je compte un poil pour donner l’exemple, comme Aya, dont l’esprit de contradiction pourrait être un contre-exemple tout aussi motivant. Ça s’annonce bien, mine de rien.
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Message  Lucy "Lucky" Prissy Ven 29 Déc 2017 - 12:34


L’hôtel de ville d’Aubervilliers est classe, un bâtiment en équerre avec sa fontaine au centre de sa petite place, son église juste en face et ses arbres en pots un peu partout au milieu. Elle est même pas trop dégueu pour une rue d’Auber, ici les camions-poubelles doivent passer plus que deux fois par mois. Après, comme les ordures sont pas dehors, on les retrouve à l’intérieur. On est chez les communistes, genre de façon quasi-continue depuis la Seconde Guerre mondiale, mais s’en serait des vrais que ça passerait bien mieux, à mon avis. Là, ça donne juste l’impression que l’étiquette ne correspond pas au produit et qu’en plus tous les produits sont les mêmes. Je blâme pas les gens d’avoir pourri le système mais par contre je le fais quand ils veulent pas se sortir les doigts du fondement pour cleaner le reste de l’édifice alors qu’ils en ont l’occasion. La maire actuelle va sur ses deux ans de mandat, difficile de dire que c’est elle qui a fait mais perso je reproche plutôt de ne pas faire. Je fonctionne à l’inverse comme d’habitude. Et je fais face, comme d’habitude aussi, assise de l’autre côté du bureau de mon interlocutrice.

Je n’ai jamais vue de personne aussi irresponsable dans aucun groupe de sécurité !

Moi j’en verrais défiler des maires donc je verrais pire.

Papa l’aime bien, la nouvelle maire d’Aubervilliers, surtout parce qu’elle lui a valu 23 nouveaux collègues. Il a pas voté pour elle mais y’a que le conseil municipal qui l’a fait, suite à la démission du précédent maire, donc c’est pas choquant. Perso, j’ai rien de personnel pour ou contre elle, même si c’est l’impact médiatique d’une agression qui l’a poussée à renforcer les effectifs de police. Juste qu’une seconde Vice-présidente du Conseil départemental de la Seine-Saint-Denis chargée de la culture originellement élue comme première adjointe au maire et déléguée à l’enseignement et à la jeunesse ça devrait se sentir un peu plus impliquée par un blocus scolaire même s’il n’est pas aussi médiatisé que celui de début d’année ; faut dire aussi qu’il n’y a pas eu d’agression du personnel scolaire, cette fois, et que ça s’opposait pas à une loi. Mais, pas de bol pour madame la maire, cette fois y’a eu moi. D’où qu’on se fasse face à présent, plus d’un mois après les faits.

Je te prierais de me respecter comme je le mérite.

Ouep, c’est déjà un peu c’que j’fais. Le respect c’est l’genre de truc qu’est réciproque, c’est pas dû d’un côté et à gagner d’l’autre.

Si. Je suis une élue municipale ainsi qu’un officier d’état civil et de police judiciaire alors que toi tu n’es qu’une délinquante qui a réussi à exploiter une faille du système pour éviter la maison de correction.

J’espère pas qu’elle espère me corriger avec ça parce que les seuls points qu’elle marque ce sont les miens et ils se serrent suffisamment à faire blanchir les jointures qui dépassent des mitaines. Je sais ce que je suis et me réserve tout le droit de le vivre bien ou mal tout en comprenant qu’on me juge là-dessus surtout quand ça enlève tout ce que j’ai pu faire à côté de cela. C’est courant de dire que policiers et criminels sont très proches, voir que seule la légitimité les distingue, mais c’est aussi arrivé d’analyser l’Etat comme une mafia avec légitimé sur un territoire donné. Mon procès était une farce destinée à bien faire comprendre aux gens comme moi que la Super-Sécurité c’est réservé à des Supers et à des gens approuvés par le gouvernement sauf que, voilà, depuis j’ai été approuvée par l’Union Européenne et je tâche de m’en montrer digne sans oublier d’où je viens. Faut pas pousser Lucky dans les orties surtout que qui s’y frotte s’y pique. La soixantenaire en face de moi veut tenter sa chance, ça marche mais elle va devoir tenir le rythme.

Niveau exploiter le système, c’est vrai que votre mairie en tient une bonne couche. J’ai peine à croire que ce soit la même entreprise qui fournissent votre cantine et celles des établissements scolaires d’Auber. Vous trouvez pas ça dégueulasse que les parents d’élèves cotisent pour qu’on offre à leurs enfants des plats précuisinés à réchauffer, comme ceux des supermarchés, alors que vous avez votre plat sur commande et cuisiné devant vous le tout sans avoir à débourser quoi que ce soit ?

Qu’est-ce tu en sais ?

On balance pas ses indic’, principe de flic. Maintenant, j’me demande c’qui vous passe par la caboche quand on vous apprend que des djeuns crament des poubelles. Ça s’rait pas genre "ça en fera moins à ramasser" ? Des poubelles, pas des jeunes, évidemment. Eux, les flics les ramassent plus vraiment pour foutre le feu à des ordures. Enfin, des ordures inertes. Les ordures vivantes, ce sont les flics qu’essaient de les ramasser, quand elles sont pas protégées par la loi, tandis qu’les autres s’tournent vers elles quad ils sont dans l’besoin. L’un des motifs du blocus de novembre c’était des rats et des cafards dans les cuisines ; vous avez envoyé quelqu’un vérifier si c’était vrai ? Comment on peut s’étonner que des gens aillent voir Dom Anno si c’est lui qui fait vot’ taff ?

Elle me chauffe donc je m’échauffe mais je reste maitrisée, retombant sur mes pattes à défaut de ne pas dévier du sujet de base. J’ai l’habitude qu’on me reproche de ne pas savoir ce que je dis mais je fais l’effort de chercher à le savoir et, dès fois, ben il se trouve que je sais. Je parle, j’observe, je vais voir ; forcément ça me donne une perception bien différente de la simple analyse rapportée voir même chiffrée. Les gens sont pas des statistiques, les gens sont pas des moutons et les gens sont encore moins des clichés. Même cette "élue municipale ainsi qu’officier d’état civil et de police judiciaire" qui m’écoute avec le professionnalisme de circonstance sans répondre à des questions qui sont, en effet, un peu rhétoriques.

Vous avez du bol que les profs se soient mêlés aux élèves pour aider à organiser le blocus parce que la technique du "il reste un mois à attendre avant les vacances et c’est leur scolarité qu’ils bousillent" c’est pas franchement l’genre de technique qui fonctionne. Vous ça doit pas vous étonner qu’y’ait eu 62% de réussite au brevet l’année dernière, hein ? Perso j’l’ai pas eu et j’me suis débrouillée autrement pour m’construire. Cet autrement, vous l’qualifiez de criminel alors même que je suis du côté de la loi. Tout ceux qui s’en détournent pour essayer de s’en sortir, c’est quoi pour vous ?

Penchée en avant, je pose réellement la question même si j’ai déjà une réponse. La pire fois où je me suis faite démonter à l’oral c’était contre Dom Anno qui, plus que me souligner les points communs entre nous, m’a montrée une différence cruciale : j’étais uniquement destructrice là où lui, et le crime organisé en général, apporte quelque chose. A présent, je tâche d’apporter quelque chose aussi, juste que c’est difficile lorsqu’on rame seule. Et j’ai vraiment l’impression de me préparer aux olympiades d’aviron avec une spectatrice assez indifférente en face.

Tu as terminé ?

Nan. Y’a pas longtemps, j’ai demandé à la directrice de l’Académie du Massachussetts si elle accepterait de former et de financer des intervenants en mutation. L’idée c’était de faire des partenariats avec des structures de l’OMJA voir avec des écoles publiques et privées pour que les adolescents qui découvrent leurs capacités surhumaines aient un suivi comme une aide dans leur maitrise. Mais si vous êtes pas intéressée par un sujet duquel vous profitez pleinement, la cantine, je sais pas comment vous pourriez l’être d’un sujet dont vous ne profiterez pas.

En disant cela, je fais légèrement sourire mon interlocutrice et je me dis que je suis à côté de la plaque. C’est super-facile pour elle d’en profiter, si elle est la première commune de France à le faire ça fera un beau buzz médiatique. Evidemment, avant cela il faut qu’Emma en discute avec Brian puisque cette intervention peut être vue comme un envahissement des Hellions sur le territoire de l’Alliance mais personnellement je ne m’occupe pas de politique, qu’elle soit dans le secteur législatif ou celui de la Super-Sécurité. Je suis allée voir Emma car je le peux et que je pense qu’elle peut aider, le reste ne dépend plus de moi. Il dépend de personnes en qui j’ai confiance, comme Emma et Brian, ainsi que d’autres en qui je n’ai pas confiance, comme madame la maire ci-présente.

Tu crains que la criminalité ne récupère tous les jeunes mutants incapables de réussir dans le système scolaire, comme c’est ton cas, n’est-ce pas ?

J’suis pas mutante mais j’veux qu’les choses s’améliorent.

S’ils veulent s’en sortir, ils en feront les efforts.

Je croise les bras face à un discourt que j’ai déjà entendu beaucoup trop de fois, rejetant la faute sur un autrui qui foutrait sensément rien pour ne pas avoir à faire quoi que ce soit soi-même. Quand j’étais petite, celui-ci nous avait placés en ZEP, en Zone d’Education Prioritaire. Aujourd’hui, on est dans un REP, un Réseau d’Education Prioritaire. Nouvelle étiquette, même contenu en somme. Comme pour les politiques. J’aimerai que, comme pour les politiques, tous les contenus soient les mêmes hors liberté-égalité-fraternité-mon cul. Même si autrui ne fout rien, on le motivera mieux en foutant quelque chose soi-même afin de l’encourager à suivre notre exemple qu’en le condamnant du haut de notre réussite et de nos acquis. Mais bon, je crois pas que ce point de vue soit super-répandu. Madame la maire s’avance à son tour sur son siège pour m’offrir un sourire franc et honnête qui ferait sans aucun doute la jalousie d’un banquier.

Ecoute, je suis entièrement d’accord avec toi. Je verrais ce que je peux faire et, pendant que je fais le mien, je t’encourage à faire le travail pour lequel tu es formée.

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Message  Lucy "Lucky" Prissy Lun 2 Avr 2018 - 12:46


Au-delà de l'A.C.E. Interv10

La chaise couine un peu alors que je me réinstalle pour être autant à mon aise que possible, ce qui ne va pas très loin. Jambes croisées d’inconfort, doigts refermés sur les accoudoirs, je me verrouille autant que je peux. Ma tenue est la classique d’intervention, quand bien même je travaille à en fabriquer une autre, cependant ni la veste de cuir ni le legging ni les mitaines ni les bottes ne sauraient retraduire le flegme ou l’agilité qui me sont habituels. D’un autre côté, je fais pas un truc habituel non plus, pour pas dire qu’il est inédit. J’ai pas de souci avec l’inédit, au contraire je suis curieuse de la nouveauté, mais j’ai du souci avec ce que je viens faire là. Je fais face mais ce n’est pas un exercice que j’apprécie.

En face de moi, Marie est bien plus dans son élément malgré que le choix du lieu soit sensé me mettre dans le mien, d’élément. Juste qu’à partir du moment où il y a une caméra à moins de cinq mètres de ma tronche, je tends à la faire, la tronche ; en l’occurrence, la caméra fait front commun avec la journaliste. Journaliste qui continue de tenter de me mettre à l’aise en bougeant les mains et en se montrant expressive. Accoudée avec les mains bavardes, assise avec les jambes croisées d’aise, elle est mon opposée jusque dans le tailleur et l’âge mais tente quand même de me rendre plus photognique. On a parlé avant et elle sait que l’exercice ne me plait pas tout comme elle sait pourquoi je le fais et je sais pourquoi elle le fait. Et comme c’est elle qui pose les questions, elle orientera la conversation dans son sens.

Lumière d’éclairage basique dans la tronche, je prends une grande inspiration alors que le caméraman fait le décompte oral. Un instant après son énoncé du début de l’enregistrement, Marie prend la parole avec professionnalisme.

« Bonjour Lucy Prissy, commence-t-elle sur un ton amical, me conduisant à hocher la tête en un bonjour guère audible, et merci d’avoir acceptée cette interview. Pour ceux de nos spectateurs qui ne vous connaitraient pas, vous êtes membre de la Section Junior de l’Alliance des Champions de l’Europe et devriez bientôt passer les tests afin de rejoindre le groupe. C’est la première fois que vous acceptez de vous adresser aux médias, même si vous avez déjà fait parler de vous il y a trois ans. »

Elle me laisse un bref temps pour répondre, ce que je fais en me décomposant légèrement sans avoir vraiment ajouter quoi que ce soit ; pas que je sache quoi ajouter, de toute façon. C’était pas dans le briefing qu’on ressorte mon dossier, même si ça m’étonne pas qu’elle le fasse en fait. Qu’elle invoque la vérité de l’information, puisque ce qu’elle va dire sur moi est probablement vrai, ou qu’elle le fasse juste parce que ça sera plus vendeur n’importe pas vraiment : d’une elle le fait, de deux ça fait partis du jeu et de trois j’assume mes conneries. Au mieux.

« En effet, vous étiez mise en examen pour agression, racket, usurpation du rôle des forces de l’ordre et refus d’obtempérer. Vous avez été condamnée à trois ans de maison de correction avec sursis. La première chose dont nous sommes curieux est donc de savoir de comment on passe de délinquante à héroïne. »

Je penche la tête de gêne sans pour autant amener ma main dans ma nuque, serrant plutôt l’accoudoir sans savoir si cela se verra à l’écran. Mon sourire est contrit mais au moins est-il présent, Marie ayant tournée la question de manière à ce qu’elle n’en soit pas une et à ce que la fin soit suffisamment positif pour ne pas me braquer ; ou me donner de raison de me braquer. Vicelard ? Je saurais pas vraiment dire mais par contre je comprends bien que j’ai pas le temps d’y réfléchir, ça tourne.

« Euh… en jouant avec les règles. Tel que j’l’ai vécu, vigilantisme et super-héroïsme s’distinguent surtout par le fait d’être approuvé ou pas par les autorités.

- Vous êtes donc approuvée par les autorités aujourd’hui ?

- Euh, répète-je, consciente que mes mots comme mes expressions vont devenir des mêmes si ça continue, j’pense qu’on le saura très vite. Si j’taffe dans l’Alliance, c’est qu’les autorités m’approuvent que’que part. Sinon, non.

- D’accord. Jusqu’ici, vous n’étiez pas très ouverte au grand public. A l’époque de votre procès comme à celles de votre entrée dans la Section Junior et de l’American Tenkaichi Budokai, auquel vous avez participé sous le pseudonyme d’Ema Nymton, vous refusiez les interviews. Pourquoi changer d’avis ?

- Ef… »

Mon trait d’humour ne fait sourire que moi, passant vraisemblablement au-dessus de la tête de la journaliste tandis que sa caméra se contente de clignoter et de me fixer de sa lentille noire, mais cela a le mérite de me détendre un petit peu. La chaise couine de nouveau alors que je me réinstalle, consciente qu’il ne faut pas louper cette occasion d’aborder le sujet qui m’intéresse vraiment.

« Jeudi dernier, je causais avec une connaissance qui taffe dans une maison des jeunes d’Aubervilliers. Elle m’a sorti qu’elle venait de recevoir une demi-douzaine de réponses négatives d’la part de grands musées parigos pour y faire des visites avec un de ses groupes. Genre le Louvre qui trouve qu’y’a "trop de jeunes", sachant que le nombre max c’est 12 vu qu’c’est la limite d’encadrement d’un anim’, ou le Musée de l’Homme qui dit juste "c’est pas possible" sans plus expliciter ; même le Musée de l’Armée il en a pas voulu. Donc ouais, qu’un ou deux acceptent pas okay mais tous ceux interrogés… affichez-ouam comme une parano mais j’ai l’impression qu’le libre-accès à la culture des discours d’certains, il passe pas l’périph’. J’voulais attirer l’attention sur ça, avec s’qui va m’arriver prochainement ça march’ra p’t-être mieux que des jeunes qui crament des poubelles. »

On est venues dans ma partie et je me suis donc avancée en la disant, parlant de quelque chose qui me révolte. C’est déjà dur de motiver des jeunes de REP à aller dans des musées, surtout quand d’autres structures proposent foot ou PlayStation, mais y’a moyen qui s’y plaisent bien ; y’en a même qui sont d’autant plus intéressés qu’ils feront pas avec leurs parents, leurs potes ou même l’école. Avec leurs parents ça me regarde pas ce qu’ils font, avec leurs potes c’est pas le premier réflexe d’aller se faire trente à quarante-cinq minutes de métro pour regarder des trucs de vieux et l’école a pour principale vocation de les faire reproduire la situation de leurs parents ; dans mon ancien collège, y’a une élève qui s’est faite reprocher par sa prof principale de ne pas faire assez de fautes… Enfin Bref, quand y’a des gens qui tâchent d’ouvrir des portes, et il y en a, c’est juste pas possible qu’ils se les fassent claquer à la gueule ! On nous reproche souvent d’y aller au culot mais quel autre choix on a, au final ?

« C’est une manière pour vous de manifester, si j’ai bien compris.

- Ouais voilà, c’est cool de pouvoir s’faire entendre sans avoir à foutre le dawa.

- Le "dawa" comme vous dites, c’est à vous de l’éviter normalement. Cependant, vos interventions auprès des gens se limiteront à ces actions militantes ou vous avez l’intention d’être plus ouverte que vous l’avez été jusque-là ?

- Quand tout va bien, vous voyez les gens manifester ? Non. Ben ouam non plus. C’est pas une question d’être ouverte ou pas, j’ai pas b’soin de passer à la télé pour faire des actions qu’aident.

- C’est un non, donc. Enfin, sauf si vous voulez pousser des coups de gueule ; ce qui ne manquera pas d’arriver, je suppose. »

C’est dit avec tellement de complicité que j’ai pas la moindre idée de comment le prendre, chose qui me fait pencher la tête sur le côté et plisser les yeux avec suspicion. J’apprécie clairement pas les insinuations qu’être fermé aux médias c’est être fermé aux gens qui les regardent mais c’est vrai que si j’ai pas à faire connaitre un truc et bien je le ferais pas. Ça fait de moi une militante ? Aucun souci avec ça. On peut me définir comme on l’entend, tant que je peux être moi-même. Et les compromis, je les fais déjà ; sinon je serais pas assise sur cette chaise.

« On est en France wesh, dis-je avec ce même ton, faisant un instant rire Marie.

- Oui, et vous voulez devenir l’une de nos représentantes au sein de l’Alliance des Champions de l’Europe. A ce sujet d’ailleurs, comment voyez-vous votre avenir parmi eux ?

- J’espère être la plus jeune membre recrutée dans la team. Avec la condition physique que j’ai, je vais pouvoir être active jusqu’à mes 25 piges, peut-être 30 voire 35 grand max ; après mon corps lâchera… »

Mon visage se décompose à cette déclaration, pourtant faite avec mon parlé habituel. Je sais que je ferais pas de vieux os, pour peu que je m’en pète pas un en cours de route et qu’il y mette un terme, à ma route, mais je l’avais encore jamais énoncé comme tel. Et de l’entendre c’est… disons que ça remet les idées en place. Ou que ça y fout le bordel, en fait ; c’est pas tellement différent chez moi. Heureusement que c’est rapide, parce que le blanc que je pourrais laisser aurait été problématique sinon.

« J’ai… pas mal hâte de pouvoir participer aux opérations du coup. Etre traitée en égale par la plupart des membres de l’Alliance sera aussi bien apprécié mais globalement j’sais déjà avec qui j’vais m’entendre ou non. J’ai squattés suffisamment d’entre eux pour voir avec qui y’a du feeling ou non.

- Et après ? Quand vous pourrez plus vous rendre sur le terrain ?

- Et bien, j’enseignerai. Enfin, je compte bien participer au développement d’autres membres de la Section Junior comme de l’Alliance elle-même dès que je suis membre, tout comme je compte continuer d’apprendre avec eux, mais je pense que je me tournerais vers des méthodes d’enseignement alternatif. J’ai déjà fait un travail, brouillon et immature surement, sur ça mais je pense que l’Alliance sera intéressée et peut-être que ça pourra même aider l’école.

- Ecole que vous avez arrêtée dès 16 ans, si mes informations sont bonnes. Et pourtant, vous semblez clairement en phase de réussir votre vie. Est-ce que vous vous définiriez comme un symbole de réussite et un exemple à suivre ?

- Non. »

Voici qui fait un blanc, Marie et moi nous faisons face en attendant que l’autre reprenne la parole. J’ai peut-être été un peu trop franche mais j’ai pas l’impression d’avoir été sèche, c’est plutôt la journaliste que j’ai séchée et qui doit chercher un moyen pas trop franc de me le faire remarquer. J’en sais rien, de toute façon j’ai pas le temps de me creuser la tête là-dessus que l’autre s’en revient pour creuser le sujet. On y va pour l’impro du coup, comme d’hab’.

« Non ?

- Non, j’me définirais comme rien d’autre que moi-même ; et qu’chanceuse. C’est pas à ouam d’décider comment les autres doivent me voir. S’ils veulent me prendre en exemple, libre à eux. S’ils veulent me voir comme une nuisance, tout pareil. C’sont mes actions qui doivent motiver une réaction des autres, pas mes dires qui doivent leur en dicter une.

- Je suppose donc que vous n’avez pas de conseils à donner aux jeunes comme vous.

- Je comprends pas trop ce que vous entendez par "jeunes comme moi" ; ça peut signifier beaucoup trop de trucs, depuis la banlieue aux délinquants en passant par l’échec scolaire et les autodidactes. Pour tous, qu’importent les différences, j’ai une astuce cependant : faut jouer avec les règles, dans les deux sens du terme. Jouer avec les règles, afin de ne jamais pouvoir être accusé de pas les avoir respectées. Jouer avec les règles, afin de les utiliser à son avantage. C’est comme ça qu’on s’en sort.

- On croirait entendre une politicienne.

- C’est comme ça qu’ils nous baisent, j’vois pas pourquoi on d’vrait pas leur rendre la politesse.

- C’est un point de vue qui en dit long sur vous. Vous avez une dernière chose à ajouter ?

- Ceux qui prennent les gens pour des pigeons doivent pas s’étonner qu’on vienne leur chier d’ssus, dis-je avec fluidité et calme, énonçant une évidence. J’vais pas dire que j’représente le peuple, ou qui que ce soit d’autre qu’ouam, mais j’vais profiter d’en v’nir pour continuer à réagir comme lui. Qu’on m’ait dans l’nez ou dans l’cœur pour ça, osef. J’fais selon ma conscience et j’assume mes conn’ries. J’suis pas d’accord qu’des musées nationaux refusent l’accès à des jeunes de banlieue donc j’poucave, aux autres d’agir et d’assumer après.

- Et bien, merci pour votre franchise et votre engagement. Nous suivrons avec intérêt votre parcours chez les super-héros et attendons avec impatience de savoir si, oui ou non, les autorités vous feront confiance pour être une Championne Européenne. »

Je réponds au hochement de tête de Marie par un acquiescement également, le "Coupé" arrivant l’instant suivant. Mon soupire est soulagé et je me relève un peu précipitamment de la chaise alors que la journaliste le fait avec grâce et me tend la main. Je la regarde en plissant les yeux.
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Message  Lucy "Lucky" Prissy Jeu 14 Fév 2019 - 8:43


(NDA : Ce post ce passe durant l’éclipse de La magie de Brocéliande)

En tenue d’intervention, je quitte l’ascenseur horizontal du Champion Express pour pénétrer dans la salle de réunion. L’accès à la base de l’Alliance est l’une des trois nouveautés qui ont accompagné la fin de 2018 me concernant, la seconde étant le FN P90 avec silencieux que la sangle me maintient contre le flanc, appuyant sur ma veste de chasse qui couvre elle-même ma combinaison noire en molécules instables tout en laissant dépasser les deux ceintures croisées avec le matos qui y tient ainsi que mes gants piézoélectriques. Pour la première, je ne sais pas quand je cesserai d’être émerveillée par la technologie de la base mobile : malgré qu’elle soit vieille de bientôt cinquante ans, elle semble toujours futuriste tant les Curie, l’Excalibur et Réginald Hargreeves ont fait du bon boulot. Enfin, pour moi. Je sais pas si beaucoup de membres s’émerveillent comme je le fais, ou tentent de faire la conversation à Cecilia pour savoir si l’IA se considère comme homme, femme ou non binaire ; plus pour la blague que par réelle importante. Je sais pas non plus si cette tentative de familiarité probablement hors de propos est plus agaçante que ma volonté à voir la tech de la locomotive, qui contient l’ordinateur, ou celle plus générale qui permet les champs de force magnétique et antigravité ; qui, je pense, pourrait aussi permettre une protection télépathique mais je sais juste pas comment. Une intuition qui, j’ai rassuré tout le monde, ne passera pas par mettre des plaques de microondes sur l’entièreté du train ; mes suppositions ne vont plus qu’au matériau pour arrêter les ondes psychiques mais aussi à un champ de résonnance particulier lié à celui-ci, expliquant l’efficacité d’un casque partiel. Sauf que quand on s’appelle pas Magnéto, c’est dur de trouver. D’autant plus que j’y passe pas un temps énorme, ayant discuté de la possibilité avec Liara et les Curie sans me concentrer sur un projet qu’ils comprennent mieux que moi. En un mot, entrainements et missions restent ma priorité. C’est pour cela que je suis là, d’ailleurs.

Debout dans la salle, Amanda attend mains jointes dans le dos, d’une façon similaire au repos militaire même si ses jambes sont trop serrées. Ses cheveux forment un carré court d’un noir légèrement plus sombre que sa tenue, une combinaison sans manche en molécules instables allant de la nuque jusqu’au-dessous de bottes à talons compensés renforcées dont l’une sert de holster à un bokken rétractable. Renforcée sur les épaules comme le buste et dotée d’une jupe asymétrique, elle est parcourue de lignes électroluminescentes qui partent d’une sorte de ceinture au bassin, remontent autour du dos nu jusqu’aux épaules où l’une d’elle redescend pour former une boucle tandis que l’autre s’en va jusqu’à la jambe opposée pour disparaitre sous la botte, elle-même parcourue de similaire bande. Celles-ci se retrouvent également sur les gants longs, également renforcés, et me font réaliser que je n’ai encore jamais vu Amy en tenue de super-héroïne. Quand on s’est rencontrées, Amanda était nouvelle au sein de l’Alliance des Champions de l’Europe et son projet de suivi psychologique pour les membres de la Section Junior commençait à peine. Ce n’était pas pour participer à celui-ci que j’en venais vers elle mais simplement pour la rencontrer, comme je l’avais fait de tous les autres membres où l’occasion c’était présentée. Trouver un sujet de discussion n’avait pas été difficile à l’inverse de se mettre d’accord sur celui-ci : l’italienne voulait faire son job sur moi, je voulais apprendre à connaitre ma future collègue ; évidemment, les deux points n’étaient pas inconciliables, au début. La déduction de son ancienne appartenance aux X-Men vis-à-vis de son diplôme de psychologie obtenue à l’Institution Charles Xavier pour Jeunes Surdoués comme l’influence commune en la personne d’Emma Frost avaient permis de combler la distance, conduisant à ce qu’on finisse par s’entrainer "ensemble" ; j’insiste sur le discutable de "ensemble", même si on était incontestablement l’une contre l’autre je suis pas certaine qu’Amy se soit vraiment entrainée. Elle n’a jamais eu d’efforts à faire pour m’attraper et ma progression c’est donc faite sur le temps que j’arrivais à tenir avant qu’elle ne le fasse, cependant j’espère qu’elle aussi a pu progresser niveau patience puisque j’ai toujours refusé d’abandonner une fois soumise. Plutôt que me débattre et douiller plus que le nécessaire, j’en ai profité pour faire la conversation au point de sympathiser, me faisant une amie tout en invalidant à jamais sa position de psy me concernant. Question de professionnalisme, les psy suivent rarement les gens envers qui ils ont un attachement personnel pouvant entraver leur analyse ; ce qui ne les empêche pas de rester des psy, en sachant toujours un peu trop sur toi, mais je suis habituée avec ma daronne. Cela étant, malgré qu’on puisse considérer Amy au nombre de mes mentors, en compagnie d’Aislinn, de Valerie, d’Emma et de Liara, je n’ai jamais faite de mission avec elle. Ses interactions avec la SJ se limitaient aux suivis psychologiques et lorsque je l’ai quittée pour entrer en ACE, l’italienne n’a attendu qu’un mois avant de me fuir au travers d’une mission sous couverture qui lui en a pris huit. Huit ! D’un côté ça m’épate, de l’autre Liza n’a pas tardé à faire de même pour six et en plus c’était pas prévu à la base, pour elle. Après, j’ai peut-être faite aucune infiltration long-terme mais j’avais aussi mon nez dans l’affaire d’Ahsoka, en plus d’en profiter pour essayer de le mettre dans ses affaires entre mes autres activités, et j’ai été invitée à mettre les pieds dans celle d’Amy une fois l’investigation terminée ; tout bénef’, en somme. Et, si ces trois-quarts d’année n’ont pas l’air d’avoir affectée l’italienne et qu’elle ne se surprend pas de ma première nouveauté, les deux autres ont l’air de plus la choquer ; fin, surtout la troisième, considérant que ses yeux écarquillés fixent mon visage plus d’un instant… ce qui est très long pour elle.

« Lucy ? Dio mio, qu’est-ce qu’il t’est arrivée, me demande-t-elle sous le choc, l’entièreté de son corps exprimant le sentiment. Tu te la joues Liza ? »

Le maintient de son expression et l’inquiétude qui l’accompagne me conduisent à avoir un sourire et un rire nerveux remontant mes joues grossissantes alors que l’un de mes gants piézoélectriques passe sur les quelques centimètres de cheveux qu’il me reste sur le crâne ; beaucoup de gens ont été choqué mais elle n’a pas eu l’occasion d’être prévenue du pourquoi du comment, donc de se préparer psychologiquement. L’explication tient cependant en un mot.

« L’armée.

- Quoi l’armée ?

- Un mois de stage pour essayer d’inclure le TIOR à ma technique. »

Les yeux et les sourcils de l’italienne se floutent un instant en ce que je suppose un clignement des premiers avec remontée des seconds, le temps qu’elle encaisse le concept. Elle ne cache rien de la perturbation que cela entraine chez elle et je me doute bien pourquoi, n’étant pas faite pour un cadre restrictif comme l’éducation nationale c’est des plus improbables que je tolère l’armée sans qu’elle me brise moralement ; heureusement que l’improbable c’est mon truc.

« Et alors ? Ça s’est bien passé ? Tu n’as pas eu de sergent Hartman pour te gueuler dessus tout le temps ?

- Nan, ricanne-je. Y’avait un sous-lieutenant Hartman, un sergent-chef Hartman, deux sergents Hartman et un caporal Hartman… et toi, c’est allé ?

- Euh, oui. Disons que la misère ne fait jamais plaisir à voir mais je suis pas à plaindre et j’espère convaincre le Parlement que les anciens prisonniers soient envoyés chez Moïra MacTaggert, qu’on les délivre pas d’un enfer pour les renvoyer dans celui qu’ils fuient. Mais toi, comment tu t’en es sortie ? »

Je ne réponds pas tout de suite, considérant la situation telle que je la connais. Amy enquêtait sous couverture afin d’infiltrer un réseau de trafique d’êtres humains séparant les mutants des autres migrants, supposément pour les réutiliser et les revendre. D’un côté, j’ai pas eu besoin d’être avertie d’autre chose que l’italienne était revenue et cherchait une équipe pour pointer, la majeure partie de mon emploi du temps étant de l’entrainement et de la préparation en vue de missions, qu’elles soient prévues ou imprévues. De l’autre, je comprends son raisonnement et l’altruisme en tenant presque du bon sens qui le motive tout en ayant plus d’appréhension à ce que mon amie réussisse à convaincre des politiciens en lesquels je n’ai pas vraiment foi. Après, l’Ecosse dépend plus de l’UE donc ils devraient pas avoir de problème à refourguer au Royaume-Uni, qu’il faudrait peut-être convaincre aussi. Amy déteste peut-être l’absence de neutralité mais elle va devoir en faire preuve pour le coup. Peut-être que je pourrais lui filer la main, même si je me vois tout aussi mal qu’elle négocier des droits d’asile.

« Je veux dire, t’as pas l’air d’être mal voire t’en gardes même un bon souvenir. Ce qui est quand même très improbable venant de toi.

- I’m the Lucky One, l’improbable c’est mon truc. Ouais, les règles d’or du "dans le doute, fermes ta gueule" et "réfléchir, c’est désobéir", c’est pas pour moi. Merci ma chance, la formation SJ m’a permis d’entrer directement comme officier ; j’étais Aspirante donc les mecs casaient "lieutenant" dans chaque phrase qu’ils m’disaient et l’seul autorisé à m’gueuler c’était l’sous-lieutenant Bergé. Il m’a encouragé à le faire sur tout l’monde, tant pour briser le moral des fortes-têtes que pour les habituer à agir sous la pression, être sûrs qu’ils craquent pas ; ou le fassent à l’entrainement pour pas que ça soit sur le terrain. Le genre de bonne ambiance qui rend ton taff nécessaire en gros.

- C’est sûr que ça doit être très particulier comme milieu. On a du temps avant que les autres arrivent pour le briefing, tu veux en parler ? »

La question me fait ricaner nasalement. J’ai pas la moindre idée de qui va venir, même si j’espère fortement croiser Aislinn comme Liara et que je me doute que Megan sera aussi présente puisqu’il y a Amy, et j’ai pas la moindre idée du temps que cela va leur prendre. Ce que je sais c’est que j’ai de quoi parler durant tout ce délai, chaque stage étant une aventure unique capable d’alimenter mon flot de paroles… durant une durée indéterminée. Surtout que l’armée n’est pas le seul que j’ai fait depuis le départ de l’italienne, il y a aussi celui avec Paige chez les Jeunes Vengeurs. Et le squattage de l’Institut, dont je dois donner des nouvelles. Mais restons sur un sujet, on n’a pas toute la journée.

« Ouep, réponds-je en allant m’assoir sur la table de réunion, pieds sur la chaise qui sera sans doute mienne. Du coup, déjà j’ai eu droit aux trois jours, une série de tests physiques et psychologiques. J’ai défoncé les premiers, par contre les seconds… »

Amy s’assoit à son tour, une main sur le plat du plan de travail avec les doigts dans le creux du coude dont l’autre main vient soutenir son menton du pouce tandis que son index et son majeur remontent jusqu’à sa tempe. Je n’ai pas besoin de terminer ma phrase qu’un mouvement de ses yeux comme des sourcils me dit qu’elle a compris.

« Après, le pire ça a été quand ils m’ont tondu. Franchement, passer de chez le coiffeur deux fois l’an à un millimètre de cheveux, ça a fait mal. Mais c’est pas le genre de mecs à négocier et c’était je suis les règles ou je dégage… du coup j’ai pris sur moi et ils en ont fait autant. »

Avant-bras sur mes genoux et doigts croisés, je marque une pause en courbant un peu plus mon dos vers l’avant. Sans surprise, ça partait plutôt mitiger mais il fallait bien que ça parte si je voulais avoir ce que je voulais. Et puis j’avais signé pour, même si ça m’empêche jamais de me plaindre. Heureusement que c’était qu’un mois, il va bien m’en falloir dix pour que ma broussaille revienne à sa normale. Je suis sous levure de bière, il parait que ça aide à la repousse, mais c’est hors sujet en plus d’être dégueu.

« Ensuite, j’ai intégré la FGI, Formation Générale Initiale, du 1er Régiment de Parachutistes d’Infanterie de Marine, ou 1er RPIMa ; des forces spéciales quoi. Ils m’ont filé un paquetage, franchement… ça dépassait du cadi d’course. Avec ma taille et l’équipement complet, j’faisais l’mètre cube : un mètre par un mètre par un mètre… La naine dans les parachutistes, Jub’ aurait pas fait mieux.

Pis il a fallu que j’apprenne à entretenir ma tenue et, s’tu t’souviens d’la tronche de mes fringues ; un indice, elles la font souvent… bref, ça partait mal. J’ai appris l’repassage car c’te connerie de t’nue militaire doit l’être chaque jour, avec des plis sur le pantalon et la veste à des emplacements bien précis et au millimètre près. Les rangers doivent être cirées et y’a intérêt que ça brille ; pour ça qu’mes pompes, là, ont meilleure mine. Autre truc qu’il fallait entretenir alors c’était une plaie c’est l’Famas. Ils en ont donné un à tout l’monde au début en expliquant bien que "ce Famas est Ton Famas" pour la durée d’la formation et que, hormis les armuriers, personne d’autre ne doit y toucher. Du coup, logiquement, les mêmes qui t’disent "ton fusil c’est ta vie" et donc que tu dois l’garder en permanence sur toi, ben ils ont le grand jeu d’essayer d’te l’chourav à la moindre occas’. Et s’ils y arrivent, tu morphes. Autant t’dire que l’seul ami que j’me suis faite sur c’coup-là c’est Bergé : j’gueulais pas beaucoup sur les r’crues mais le nombre qui s’sont pris les cinquante pompes et l’assaisonnement parce qu’elles ont posé leur flingue sans garder les yeux dessus après qu’le sous-lieutenant m’ait d’mandée d’participer au jeu dans l’autre équipe… heureusement que j’surclassais tout le monde en combat sinon j’aurai passé les séances de TIOR à me faire massacrer. Pour résumer l’truc, j’ai mis un peu de féminisme dans la gueule d’un peu plus de machistes ; c’était bien cool. C’qui l’était moins, c’est de devoir roupiller avec le Famas dans l’sac de couchage quand on était sur le terrain et qu’la totalité des présents voulait m’le piquer. J’te parle pas non plus d’la séance de nettoyage armement qui suis chaque utilisation du truc. D’un côté le flingue c’est un vrai gruyère : y’a des trous partout et ça s’encrasse à une vitesse hallucinante genre le tir de la moindre cartouche te fout de la poudre un peu partout, pas que dans l’canon. D’un autre ça prend plusieurs heures au début pour que tout soit pas forcément nickel, genre mon record de temps après un mois c’est trente minutes le nettoyage. Surtout qu’les chiffons d’l’armée, même le PQ est plus efficace. Après, ils m’ont permis de découvrir l’flingue que j’ai là et lui en cinq minutes c’est plié, en plus de m’apprendre à tirer. C’est un belge qu’est vendu aux américains qui le r’vendent aux français ensuite et y s’retrouve dans le GIGN, le RAID et le GIPN en plus du 1er RPIMa dans l’quel j’ai été, donc plus ou moins dans toutes les unités qui m’intéressent niveau français. Il m’a couté deux mille euros par contre et le chargeur de cinquante munition subsonique, histoire de pas finir sourde et d’profiter au max du silencieux, c’est soixante boules l’un.

Cela étant, contrairement à c’que j’croyais, la qualité principale d’un soldat n’est pas d’être un bon tireur ou un bon combattant mais plutôt d’être un bon sportif ; et d’savoir débrancher le cerveau pour faire s’qu’on t’dit sans poser, ou te poser, de questions. C’dernier point, c’était la merde mais le sport, j’ai surclassé tout l’monde. Pompes, tractions, gainage, parcours du combattant, marche de nuit, close combat, ça n’arrête pas mais l’roi c’est la course à pied. On m’a dit qu’dans la plupart des régiments c’est footing de 8 à 10km après le petit déjeuner mais chez les Paras on s’est tapés des raids de 60 bornes ; un samedi matin aux Fillettes quoi. C’est l’nom du stade à côté d’chez mes darons. Après, l’premier truc qu’on a fait niveau physique c’était marcher au pas. Ça a l’air tout con comme ça, et toi aussi quand tu l’fais, mais c’est ouf l’nombre d’mecs qui s’y foirent. Mais ça s’est assez cliché donc j’m’y attendais, puis j’me disais que j’aurai l’air moins bête à marcher à côté d’la section grâce à mon "grade". Ep… dommage. Nan parce qu’non seulement j’avais l’air bête à être la naine solitaire mais en plus, l’truc auquel j’m’attendais pas, il fallait chanter dès qu’on se déplaçait en groupe ! En gros, niveau déplacement t’as deux options : les déplacements en ordre serré, qui se font au pas, et les déplacements solos, qui se font au pas de course. Autant te dire qu’on chantait tout l’temps. Tu sais qu’j’aime pas les karaokés…  ben toute la formation sait pourquoi. Heureusement, j’étais pas la seule à déchanter qu’on doive chanter, donc ça aidait, même si, ce qui n’aidait pas, j’étais toujours à côté du bloc.

En parlant d’bloc et d’surprenant, t’imagines pas à quel point les bidasses sont pointilleux sur faire le lit, ranger l’armoire et l’ménage en général. Déjà, l’pieu doit être fait différemment la journée et la soirée, sachant que moi j’partais du principe qu’ça sert à rien d’le faire pour l’redéfaire. Du coup, en journée c’est l’oreiller posé sur les draps croisés eux-mêmes posés sur la couette, ça s’appelle en batterie, et en soirée c’est "au carré", genre fait normalement quoi sauf que tout doit être parfaitement aligné au centimètre prêt en temps et en heure sinon l’gradé qui vérifie renverse le truc en t’en mettant plein le tien ; de grade, pas de truc. L’armoire c’est un cran au-dessus : t’as un plan et si un t-shirt a le malheur de dépasser d’un centimètre de sa colonne, ben t’es reparti pour l’aller-retour au sol avec son accompagnement copieux d’injures. Franchement, je sais pas comment ces mecs font pour avoir encore d’la voix à la fin d’la journée. Et j’suis bien contente d’avoir évité la majeure partie des gueulards. Surtout qu’le pire c’est le ménage : ça s’appelle les TIG, Travaux d’Intérêts Généraux, et j’sais pas si c’est aussi pète-couille quand c’est la justice qui t’les filent. Y’en a trois par jours : après la douche de retour de sport du matin, après le repas du midi et le soir après la journée de travail. Les chiottes, les douches, les couloirs, les abords du bâtiment, trois fois par jour il faut tout astiquer et y’a intérêt que ça brille parce qu’à la fin de la séance des TIG y’a les gradés qui s’baladent un peu partout pour vérifier la propreté et s’il reste la moindre trace de poussière c’est reparti pour une heure de ménage. J’veux dire, j’aurai jamais cru qu’les mecs de l’armée soit plus propres qu’mes darons et pourtant M’man est pas légère sur le ménage. Après, ma daronne elle cherche pas à péter les couilles en vérifiant les plaintes avec son béret alors qu’là on finit par s’demander si le mec s’trimbale pas avec une petite boite cont’nant les poils d’celles qu’il a pétées vu qu’il en r’trouve toujours un que’que part et donc que tu r’pars astiquer encore une heure. Evidemment, c’est le soir qu’ils sont le plus chiant, histoire d’te laisser t’pieuté l’plus tard possible.

Franch’ment, même si la FGI a pour objectif de virer les éléments qu’ont pas le niveau pour rester dans l’armée, c’est pas l’physique qu’est l’plus dur ; même si je suis pas particulièrement bien placée pour en parler, vu la longueur d’avance que j’ai. S’faire gueuler d’ssus et traiter comme de la merde par des inconnus c’est sacrément spé ; merci ma Chance la majorité d’entre eux avaient pas l’droit d’me l’faire même si du coup l’seul qui pouvait manquait pas une occasion. Mais c’qui m’a l’plus fait manger, à part les instructeurs, c’est l’manque de sommeil. Les nuits sont très courtes et l’clairon qui sonne le réveil, c’est déjà que’que chose, alors quand l’mec débarque dans le dortoir genre cinq secondes après la fin pour renverser l’lit quand j’étais encore dedans… Entre ça et c’te connerie de batterie, ça m’a pris une semaine à comprendre s’qui m’arrivait. Et au début, ça c’est mal mis parce qu’hiérarchie ou pas tu m’retournes j’te rends l’impolitesse. Or, c’est pas un mythe, la hiérarchie c’est un concept sur lequel ils s’assoient pas quand bien même ils passent leur temps à te la foutre dans l’cul. L’objectif c’est qu’tu t’contentes d’obéir aux ordres sans jamais tenter d’discuter pour qu’ça s’passe mieux sauf que, ben autant j’peux obéir aux ordres quand j’les comprends, autant pas tenter d’discuter l’reste du temps… Bon, j’m’en sortais bien vu que j’avais le droit de gueuler sur beaucoup d’gens mais l’sous-lieutenant Bergé aussi j’l’ai beaucoup envoyé paitre. Et réciproquement. J’vais pas t’mentir, j’ai pas gagné. Les exercices physiques en punition ont mis un temps avant d’être du niveau de c’que j’fais d’moi-même mais le mec a commencé à v’nir plusieurs fois par nuit pour me gueuler de me mettre au garde à vous et ça, en moins d’une semaine, ça m’a cassée. L’positif c’est qu’j’ai appris à fermer ma gueule sans qu’on ait besoin d’lui taper dessus, j’suis sure qu’beaucoup vont trouver qu’c’est un plus.


- Wow. »

Si ma conclusion est faite avec amusement, celle d’Amy se partage entre l’atterrement et la fascination, bouche comme yeux aussi expressifs qu’à l’habitude. Chaque stage est différent mais surtout chacun est une expérience de vie différente, bien au-delà de ce que j’allais chercher au départ. Une nouvelle expérience dans un nouveau milieu différent du mien, qui m’apprend à m’ouvrir et requiert que je m’adapte au mieux. S’il est clair pour moi que je ne resignerai pas, je ne regrette pas non plus de l’avoir fait. Ce que je regrette par contre c’est de devoir passer les prochains mois en tant que chat à poils court…
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Message  Lucy "Lucky" Prissy Dim 7 Juil 2019 - 10:50


Mains levées dans l’axe de mes épaules, légèrement en avant de mon visage, je suis la première à approcher d’Amy. Celle-ci ne prend même pas la peine de se mettre en garde, ses troisièmes paupières vertes fixant l’espace entre Zombie et moi tout en nous empêchant de savoir où se dirigent précisément ses yeux. La tactique habituelle est inverse, à savoir Fira pour la diversion et Liza en renfort, cependant placer les réelles menaces contre notre adversaire en force d’engagement serait stupide. Elles doivent exploiter une faille, nous on doit la leur créer.

A portée, j’attaque du bras avant à direction de son visage ; je dois avoir son attention afin que Zombie passe sa garde. Son mouvement est flou. Je sens sa main contre mon poignet, évitant les gants électriques et déviant l’attaque, tout comme je la sens glisser le long de mon bras, saisir mon épaule. Ma nuque se plisse pour essayer de continuer à la regarder mais le noir bardé de luminescence de sa tenue se décale de mon champ de vision alors même que la douleur se répand dans mon bas-ventre. Le temps que je réalise qu’il s’agit de son genou, son autre main m’a déjà poussée la cuisse pour me pousser en un involontaire salto avant. Même dans l’impression irréelle de ralenti, elle bouge trop vite : mon avant-bras heurte le sol en même tant que mon corps, maintenant tête et épaules relevées pour amortir la chute, tandis que mes yeux perçoivent l’impact contre Liza, restée en défense plusieurs mètres derrière moi. Son commencement d’aura est interrompu alors que, sans doute poussée, l’autre nouvelle recrue de l’Alliance des Champions de l’Europe est projetée en arrière mais la main responsable s’en vient lui saisir le poignet et la projeter dans le même instant contre Fira. Me repliant instinctivement de douleur, je vois la stagiaire amener ses avant-bras pour se protéger du projectile humain et la forme floue lui heurter le ventre d’un coup de pied, probablement sauté, simultanément à l’atteinte du projectile suscité. Fira s’écrase contre le mur du fond alors que Liza, saisie, se retrouve pliée en deux sur le genou d’Amy et que ma vision brouillée de la scène s’effondre sur le côté, incluant un Zombie face contre terre. Ma salive éclabousse le sol en même temps que Liza y déchoit, délaissée par l’ombre noire bardée de lumière qui se jette sur l’ombre bleue encadrée par le mur. Le visage de Fira est redressé d’une atteinte à la mâchoire, qu’elle ne puisse cracher son feu, et sa contre-attaque manuelle atteint le flou, dont la cause n’est déjà plus là. Son bras est usé pour la soumettre, une technique inutile considérant la différence de force entre Amy et elle, mais, si casser la prise est aisé, cela laisse son dos exposé. Amy est derrière elle et les projettent toutes deux en avant, sans doute en prenant appui sur le pauvre mur. Si je les perds de vue, le bruit du choc est important. La main à plat dans ma gerbe, je tente de trouver un appui pour me relever. C’est glissant mais j’y arrive du premier coup, quoi que cela me prend plusieurs secondes. Alors que je chancelle sur mes deux pieds, Amy est toujours dans le dos de Fira à la maintenir sans contact avec le sol, sans doute en faisant de son mieux pour que la dragonne ne réussisse pas à lui saisir les bras ; sans coup l’étranglement sera facilement rompu. Même sous forme humaine, Zaffira reste la plus puissante d’entre nous. La moins douée martialement, aussi. Il faut que j’arrive à l’approcher. A distraire Amy. Il faudrait je ne sais combien d’heure avant que Fira ne soit à cours de souffle mais elle aura abandonné avant cela. Sauf si Amy la relâche et la projette, évidemment, me distrayant pour voir la dragonne atterrir sur une Liza à l’unique bras levé, interrompue dans l’utilisation de ses pouvoirs. Alors que mon second pied glisse sur mon vomi et m’envoie à genou, je sens quelque chose me frôler la chevelure et perçoit le flou noir lumineux devant moi. Mon visage heurte une cuisse, pas l’inverse merci ma Chance, et mes deux bras s’y raccrochent. Je serre de toutes mes forces dans l’idée d’entraver Amy, peut-être le temps que Liza vise, peut-être le temps que Fira se relève, peut-être le temps que Zombie tire, dans tous les cas le temps qu’Amy me saisisse par la crinière ; désormais qu’elle est à nouveau suffisamment longue pour le faire. Je ne lâche pas cependant et, plutôt que de me scalper, l’italienne mutante me fait voler d’un levé de jambe. Je reste accrochée malgré tout, sans doute parce qu’elle n’y est pas allée trop fort, mais ça se termine avant que mes pieds ne touchent le sol, une main sur ma nuque. Cette fois je lâche et vois la silhouette d’Amy s’éloigner, sens mon flanc heurter puis glisser sur le sol, sens mon dos rencontrer le tas de combattantes de mon âge précédemment formé. Ma tête finit par retomber, son expression crispée de douleur essayant de sourire à ce que je vois. Le lancé de Zombie est direct et le disque atteint sa cible. D’ordinaire, ils sont électrisants ; chose sans effet sur Amy. Exceptionnellement, ils sont tranchants ; de quoi ralentir Amy, le temps qu’elle régénère. Inutile de dire que le délai nécessaire à Zombie pour se réveiller sera plus long. Il n’a pas ramené sa main contre lui que celle de notre adversaire l’est, pressant son torse et l’envoyant glisser jusqu’au mur. Serrant les dents d’une douleur que je ne ressens pas à cause des autres, j’entreprends de me relever alors que Fira se tient au-dessus de moi. Tête en arrière, puis vers l’avant. L’ombre noire aux lignes lumineuses démultipliée sa taille d’ailes plumeuses rouges, volant par-dessus mon cas sans oublier un coup de je-ne-sais-quoi qui m’étale sur le dos, tête dodelinant en suite du combat. Liza est là. Fira s’en est retournée faire amie-amie avec le sol puis le mur, les excroissances chairs cachant le détail de la scène. Pas le claquement électrique. Je doute un instant de qui l’a envoyé, avant de me demander qui il peut affecter. Pensées brumeuses alors que je me redresse, une main sur des côtes qui ne sont pas loin de casser. Liza en fait de même à mon côté, ce qui signifie qu’elle est la première à retourner au sol lorsque l’ombre ailée est sur nous. De ma main libre j’attaque, la sentant être saisie, et des yeux je vois le visage d’Amy s’immobiliser un instant pour contempler ma main occupée à me tenir le côté. Il ne m’en faut pas plus pour bondir, entravée comme soutenue par sa main, et si son autre bloque un coup de genou rétributeur, c’est pour mieux laisser passer un coup de pied entre ses cuisses. Elle manque de me casser le poignet mais à la place c’est un crochet.

« Bon, raisonne la voix d’Amanda alors que je me rend compte que son visage a changé, ses yeux de nouveaux humains et son expression revenue à une incertitude plus habituelle, mélange d’inquiétude et d’attente. Vous vouliez voir ce que ça donne quand je suis sérieuse… satisfaite ? »

Le décor derrière elle n’est pas le même, c’est un plafond moins familier que celui du gymnase des Curie à défaut d’être étranger : l’infirmerie. Ce qui explique pourquoi je n’ai pas mal partout et suis totalement embrumée, je dois être sédatée. En tout cas, je suis allongée. Dans un lit, je dirais. C’est habituel qu’Amy m’allonge mais là elle en a eu, de l’allonge.

« C’est la première fois… qu’tu m’envoie… faire dodo… »

Parler est pour le moins désagréable, afin d’employer un euphémisme, tout comme la tentative de sourire lorsqu’Amanda le fait, amusée par le double-sens.

« Ça t’aura couté la mâchoire et un poignet fêlés, désolée.

- Bordel… t’as presque réussi… à m’faire fer…mer ma gueule…

- Techniquement, tu l’as fermée durant quelques heures, intervient Zombie, bien mieux remis. Tu as des hématomes autour du nombril, sur les trois dernières côtes sternales et sur le bras à côté, en plus du poignet et de la mâchoire inférieure.

- M’dit pas... qu’t’as r’gardé…

- Juste écouté les infirmiers.

- Cool… Paige ma pas m’tuer… va… pas. Enfin Bref. Et les autres ? »
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