Similarités

Je suis contradictoire. Même si cela surprendra les quelques personnes qui me considèrent comme une machine de part mes capacités et mon comportement, je suis contradictoire. Pour moi, ce fait est logique : comme n’importe quel être humain, j’évolue constamment. Lorsque je disais à Anna que je ne voulais faire ni équipe ni professorat, j’étais loin de me douter des tentatives de Cyber-Team ou d’aides à Riley ou à Caroline. Oui, je suis théoriquement capable d’anticiper des milliards de situations possibles qui découlent d’un instant T durant ledit instant ; et alors ? Tout impressionnant que cela puisse être c’est dangereux pour ma santé mentale en plus d’être généralement inutile. Tout l’inverse de la « contradiction » consistant à revenir sur une parole une fois des facteurs externes impliqués.

J’ai accepté de discuter de Cyber-Team jusqu’à constater que c’était impossible, gelant un projet que visiblement Singularity comme moi-même sommes plus aptes à accomplir chacune de notre côté.
J’ai accepté d’aider Riley comme une amie, celle que je suis sensée être, et me suis opposée à l’IA parasite qui n’est à mes yeux qu’une nuisance pure et simple.
J’ai accepté d’aider Caroline parce que je peux lui être utile et que le hasard a voulu que nous nous ressemblions bien plus que je ne m’y serais attendue.

Caroline, c’est l’une des preuves qu’Agnees est responsable de la majeure partie de ma vie sociale actuelle, hors X-Men tout du moins : j’ai rencontrée Jessica Scott et Laura Kinney tout autant que je rencontrerais les X-Gardiens dans le cadre des X-Men mais, si Caroline s’entraine auprès de Besty, ce n’est pas ce qui nous a conduit à nous connaitre. De mon point de vue, Caroline a été un peu ma remplaçante dans le cercle de geekettes d’Agnees. Les similarités de capacités comme de passifs me troublent peut-être, je n’en sais rien car je ne ressens rien à ce sujet, mais elles sont aussi importantes que nos différences.

J’avance au son régulier de News Rock heurtant le sol et broyant une neige devenue eau boueuse face à la température intérieure de l’Institut. L’hiver est là et le froid l’accompagne, transformant les souffles des gens matinaux en buée et impliquant que tous s’équipent en conséquence. L’hiver est là et il justifie que je porte un sous-pull à col roulé, tout aussi noir que mon jean et que ma chevelure coupée en carré court. L’hiver est là et je l’accueille dans ma chair qui, exception faite du haut suscité, n’est pas plus couverte qu’à l’habitude ; le trench-coat gris est le même qu’en été, le jean également.

Cela en impressionne certains tandis que d’autres n’y perçoivent qu’une preuve de plus de ma froideur. Je le vois alors que je croise des étudiants trainant dans les couloirs ; mes yeux, masqués par mes Cyberlunettes aux verres rouges, me révèlent combien le froid les maintient éloigné tant de l’extérieur que de moi. Cela ne dure qu’un instant et n’a pas besoin de durer plus. Nous nous croisons aujourd’hui comme nous nous sommes déjà croisés et nous croiserons encore, cela fait parti de la normalité. Ils sont occupés, moi aussi.

Mes verres teintés superposent à ma vision nombre de fenêtres informatiques, mes Cyberlunettes interagissant avec mon cerveau plus vite que ma conscience n’est capable de réagir. Tout arrive avec instantanéité par nature, tout est maitrisé et conforme à ma volonté ou des prévisions qui me semblent logiques et naturelles. Ce n’est que du calcul mental, même s’il peut traiter des pétaflops de données par seconde, ainsi n’ai-je que les résultats des analyses et non les analyses elles-mêmes. Caroline suit-elle ce même processus ?

Son profil m’est familier, tant sur le plan morpho-psychologique que psychologique ou génétique ; je l’ai déjà rencontrée donc je l’ai déjà analysée. Néanmoins je ne me suis pas penchée sur ses capacités mutantes au-delà de briser la similarité qu’on leur accorde au premier regard. Heureusement que celle-ci est tout de même suffisamment grande pour me permettre de l’aider, tel que je l’ai déjà évoqué.

Cela explique beaucoup de choses, en premier lien mon déplacement à l’Institut au commencement d’un week-end ; j’y passe suffisamment de temps en cumulant les cours et les implications X-Men pour venir m’y balader sans raison. En l’occurrence, ma raison se résume au fait que je n’ai pas l’intention d’entrainer une cyberpathe sur mes propres installations. Je me doute que Caroline doit être plus puissante que la salle informatique de l’Institut mais celle-ci suffira sachant qu’au besoin les accès à la base des X-Men devraient nous être ouverts.

Cela explique aussi que, quand bien même je m’occupe à monter les marches à destination de la salle suscitée, je sois déjà en contact avec Caroline : un logiciel de t-chat n’est pas plus difficile à utiliser qu’une parole, grâce à la Cyberpathie. Et en l’occurrence, je me contente de lui réclamer les informations simples et essentielles.

Lady a écrit:Je suis à l’heure.
Je suis également intéressée par ton programme d'aujourd’hui.

J’ai mon idée là-dessus ; j’ai même des probabilités. Mais l’avantage des probabilités reste que même la plus infime peut se réaliser. Du fait qu’importe que Psylocke soit une personne mieux placée pour former Caroline à la Télépathie tandis que je sois l’une des rares à pouvoir l’aider en Cyberpathie. La salle informatique permettra de faire tant l’une que l’autre et nous pourrons toujours bouger si besoin est. Il est certes plus difficile d’obtenir quoi que ce soit de complexe des programmes d’un distributeur de boisson comme ceux du réfectoire mais cela reste plus aisé pour un café ou un chocolat chaud que de la part d’un ordinateur en bonne et due forme.

Je suis contradictoire. C’est pour cela qu’après des mois à calmer mon addiction au café, je suis certaine d’en prendre un si jamais j’en ai l’occasion. Pour l’heure, je continue de gravir les marches pour aller à la rencontre de Caroline.