Je regarde, fébrile, le petit rectangle de carton posé sur le bureau devant moi… J’hésite encore. Est-ce une bonne idée ? D’un autre côté, mes précédentes tentatives pour pister mes assassins potentiels et obtenir des réponses n’ont pas donné grand-chose.
J’avais réussi, lors de ma rencontre avec Spider man, à poser un mouchard magique sur la bête d’outre monde qui avait tué mon amant, chez moi, mais tous les types sur lesquels on avait posé la main s’étaient donné la mort. Cyanure. Mon ennemi était donc si impressionnant que ses sbires préféraient mourir que de lui rapporter un échec ? J’aurai pourtant juré que ce genre de choses n’arrivait que dans les comics ou dans les romans d’espionnage… Qui possédait suffisamment de puissance, de ressources et de savoir pour ainsi endoctriner des mercenaires n’ayant pas peur de mourir ?
J’ai réuni devant moi des coupures de journaux, des témoignages, des rumeurs, et les rares images que j’ai pu trouver, floues, en piratant quelques centres de données classés confidentiels… A côté du carton vide, s’étale donc des images, des annotations et des suppositions de ma part, concernant un mercenaire, assassin d’élite, qui arrive à concilier discrétion et apparitions outrancières. Il y a un certain humour noir chez cette personne, si j’en crois les rumeurs, qui ne m’est pas indifférent. Dans les Cours du Chaos, je m’amusai souvent à des jeux considérés par d’autres comme macabres, mais dont j’appréciai l’humour. Slait me manque beaucoup. Peut-être qu’un jour, j’irai la bas pour la retrouver et sentir ses écailles sur ma peau alors que son corps de serpent s’enroule autour de moi…
Tapotant avec mon crayon de papier, pour au moins la dixième fois, le bout de carton, je finis par me décider. Deadpool. Assassin hors pair. Finalement, je me lance, réalisant un nouvel atout. Je n’ai pas fait ça depuis un long moment, mais ça me fera un entrainement pour les young force. J’ai bien l’intention de leur proposer un jeu d’atouts qui permettrait de se contacter à distance. Heureusement pour moi, je ne laisse jamais longtemps le muscle de la magie s’atrophier. Alors, une fois mon esquisse réalisée, je me lance dans la confection de l’Atout. A part ce nom, il n’y a aucun rapport entre les cartes que je crée et le jeu de tarot que les terriens affectionnent visiblement.
Laissant la magie si particulière me traverser, pour se déverser dans les lignes que je crée, apportant couleur, motifs et détails, je réalise petit à petit le portrait d’un homme athlétique, recouvert d’un masque, dont l’attitude même est provocatrice. Je sens la magie opérée, et, comme chaque fois que je réalise un atout, étant concentré, je sens le début de contact. Plaçant ma paume sur la carte, je rompt ce contact, désirant me préparer…
La chambre que je loue, car je ne voulais pas attirer cet homme dans le qg de la young force, est assez spartiate… Si j’en crois les rumeurs, Deadpool est amateur de bonne chair, de vin , d’argent… C’est, à sa façon, un hédoniste, tout comme moi. Repoussant les meubles, je libère un espace au centre de la pièce. Puis, me remémorant un tour que m’a appris Mandor, mon demi-frère, je convoque table, chaises, et un bon vin du cru du domaine de Bayle, en Ambre. Ce vin est un régal, et surtout il n’a pas son pareil, n’existant pas sur terre. Les verres en cristal posé, la carafe aérée pour que le vin respire, je me lance enfin.
Le contact de l’atout devient vite froid, et il commence à s’animer. Très vite, le personnage représenté semble se rendre compte de ma « présence ». Je n’arrive pas à distinguer son environnement, ce qui me prouve, si toutefois j’en doutai, qu’il possède une grande force mentale, et que, instinctivement, il arrive à camoufler la vision que j’ai habituellement. Tant mieux. J’ai besoin de quelqu’un à la hauteur de sa réputation.
-Désolé pour cette sorte d’intrusion. Je m’appelle Max Correy. J’ai beaucoup entendu parler de vous, et, pour faire court, j’aurai besoin de vos talents disons… particuliers…
Deadpool semble analyser le moyen que j’ai utilisé pour le contacter, et, après quelques moments de réflexion, me répond, me questionnant sur ce que je suis, pourquoi je le contacte et si j’ai les moyens de ma politique… Je comprends rapidement qu’il est question d’argent, et sans doute plus.
-je suis la cible régulière de tentatives d’assassinat, et j’avoue que ça commence à me lasser… J’aimerai devenir le chasseur plutôt que la proie. J’aurai besoin de vos services, pour non seulement dessouder ces types, mais avoir des réponses… Je lui raconte alors en détail ma dernière « aventure » avec eux. La bête monstrueuse qui a tué mon amant, les types avec fusils mitrailleurs, lance-roquette, les capsules de cyanure dans la dent creuse… Bref, je plante le décor de mon film d’espionnage dont je me serait bien passé. Et surtout, je lui explique que j’aimerai trouver qui est derrière tout ça…
-si vous le souhaitez, le moyen que j’utilise pour vous contacter peut aussi me servir de moyen de transport. Si je vous tends la main, je peux vous hisser jusqu’à moi… La confiance ne doit pas s’accorder facilement dans votre cas, j’imagine, mais d’un autre côté, je vois mal ce que je pourrai tenter contre vous, si toutefois j’avais ce genre d’intention.A le voir bouger, à vrai dire, j’ai presque d’autres intentions en tête. Son costume est TRES moulant et ce que je vois est assez plaisant..
Pour prouver ma bonne foi, j’élargis le champ de vision et lui laisse voir, à son tour, l’endroit ou je suis. Le contact d’atout est assez particulier. Pour la personne recevant le contact, elle a l’impression de voir un cadre, comme une sorte de miroir, s’afficher devant ses yeux, et a travers ce miroir, si l’auteur de la liaison le souhaite, elle peut voir l’environnement de son contact..
Finalement, après quelques secondes, je tends mon bras à travers l’atout, lui offrant ma main, afin qu’il s’y agrippe, s’il le souhaite, pour que je puisse le hisser jusqu’à moi.
-oh, si ça peut te motiver, j’ai ici un vin qui déchire, et qui n’a aucun équivalent… oh.. Merde…Oui… parfois, quand je commence un contact d’atout, je perds un peu mes manières… En fait, le style ampoulé des cours et d’ambre me gonfle au plus haut point.