Rebma ou Atlantis ?
Je n’étais pas rentré à Ambre depuis très longtemps. Mais sitôt les pieds mis dans le palais, les valets présents étaient partis au pas de course prévenir l’intendance. Le roi Random était partis négocier un traité avec le cercle d’or, mais sa femme, la reine Viale avait absolument tenu à m’entendre. Elle était aveugle mais possédait des sens des plus incroyables. Depuis que j’avais été adopté pour ainsi dire par le groupe de héros sur ombre terre, je m’esclaffai à chaque fois que je prononçais le prénom Random. Ici, à Ambre, il était droit, stoïque, bien qu’excellent batteur, et grand musicien. Sur terre, Random était le nom de code d’un mutant très sympathique et un peu volage. Je pensai qu’on finirait par bien s’entendre, car, pour être honnête, je me consolais dans les bras d’hommes qui n’étaient pas Nate, mais qui m’aidaient à ne pas me morfondre. Mais jamais je n’avais connu la même extase jusqu’ici.
Je me morfondais depuis mon retour. Il ne se passait pas un jour sans que je ne pense à Nate. Ou était-il ? Qu’était-il devenu ? Il devait être mort, car je l’avais laissé à une époque où la guerre faisait rage, n’étant pas conscient moi-même de ne pas appartenir à cette époque, ni à ce monde. Mes pleines facultés ayant été retrouvées, j’avais décidé de venir à Ambre pour me mettre au parfum des dernières magouilles politiques et familiales. Il était hors de question que je retourne dans les cours du chaos, ou ma famille n’avait fait que me manipuler depuis des années.
Nate me manquait. Sa peau, ses yeux, son âme. J’aurai donné n’importe quoi pour le retrouver. En fait, j’en avais sans doute la capacité, mais je n’osais pas. Le Logrus ou la marche des ombres me permettrait sans doute de trouver Nate, ou alors un de ces équivalents dans une autre ombre. Je ne voulais pas un équivalent. Je voulais le vrai.. Pour la centième fois, je ruminais tous les moyens que j’avais à disposition pour le retrouver, s’il n’était pas mort…
Viale m’attendait et ne mis pas longtemps à me demander ce qu’il était advenu de moi durant tout ce temps. Mon résumé fut long, et fut interrompu par un contact d’atout. Je me tendis, me faisant receptif, et reconnu Llewella, reine de Rebma, le reflet sous marin d’ambre.
-Maximus D’ambrecour !
Ça ne partait pas bien. Lorsqu’elle m’appelait par mon nom Ambrien, c’est qu’il y avait un problème.
-oui, Reine Llewella ?
-arrêtes un peu veux-tu ? Il faut que tu me rejoignes. Nous n’avons plus de magicien qualifié au sein du palais, et nous avons un problème qui requiert de telles compétences.
Son image se fit plus net, alors que je l’admirai une fois de plus. Son visage était magnifique, ciselé, ses cheveux d’un vert sombre, ses yeux en amande, elle avait fait tourner la tête de plus d’un Ambrien. Elle me tendit la main à travers la carte de mon Atout qu’elle possédait, et je tendis la mienne. Elle me tira à elle, et je me retrouvais dans une alcôve du palais de Rebma, la citée sous-marine.
-regardes par ici, veux tu ? Qu’est ce que c’est que cette chose ?
Elle me montrait une sorte de tornade sombre, en plein milieu de la mer, que je pouvais voir via un hublot. Ma vision du Logrus me confirma ce que je pensai déjà : une tornade d’ombre. Un élément naturel dans les cours du Chaos, mais pas du tout à sa place ici. Je ne connaissais que deux méthodes pour en venir à bout : le surcharger d’énergie, jusqu’à ce qu’il implose, se détruisant lui-même, ou le diriger vers une autre ombre.
Je répugnais à sacrifier un élément d’un autre monde, aussi je soupirais et indiqua à Llewella mon intention.
-que personne ne reste près de moi, je vais devoir m’approcher et invoquer l’énergie du chaos, pour qu’il se détruise lui-même.
Puisant dans mon aiguiller, j’improvisai un charme de respiration aquatique, et sortis du palais, escorté par deux gardes tritons. Ils me laissèrent, conformément à ma demande, alors que je me rapprochait du phénomène.
Cela allait me vider, car j’allais devoir puiser dans mes propres réserves d’énergie. Invoquant le Logrus, et glissant mes bras dans ses filaments, comme des extensions de mes bras, je puisai dans mon énergie, et ouvrit les bras , grand, afin de déverser le chaos dans la tempête d’ombre. Elle se mit à grossir dangereusement, de plus en plus, et les gardes et les autres tritons qui me regardaient semblaient me prendre pour un fou. Puis, finalement, dans un bruit de sussion, la tornade implosa, se repliant sur elle-même. Je me retournai, épuisé, tout sourire, pour faire signe à Llewella, quand je vis qu’elle était affolée, la main devant la bouche, les yeux ronds. Je ne compris que trop tard pourquoi, alors que j’étais aspiré par la tornade.
Je dus perdre connaissance quelques instants, mais que je repris conscience, j’étais entouré par cinq hommes armés jusqu’au dents, et qui me menaçaient avec des harpons. J’étais toujours sous l’eau, mais pas a Rebma.
Merde ! ou étais-je ?
-euh… les gars ? on peut parler ?