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Singe sicilien et renard moscovite

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Singe sicilien et renard moscovite - Page 2 Empty Re: Singe sicilien et renard moscovite

Message  Nikolaï M. Kolyakov Mer 22 Juil 2015 - 5:24

L’enthousiasme de Vladimir devant mon attaque étale encore un peu sa jeunesse aux yeux du monde et présentement aux miens mais ça m’amuse plus qu’autre chose. J’entreprends donc de calmer ses ardeurs tout en pansant son ego soi-disant malmené, profitant des quelques secondes de répit que me concentrer sur cette tâche et non sur le bourdonnement atroce dans mes oreilles me procure.

-C’est ça, j’ai réutilisé son souvenir contre lui. Maintenant je te rassure, mes capacités n’enlèvent rien à l’aide inestimable que tu m’as apportée. Je n’irais pas jusqu’à dire que je ne m’en serai pas sorti sans toi, j’ai une plus haute estime de moi que ça, mais ta présence a pour sûr fortement simplifié les choses.

Je ne rentre pas plus que ça dans les détails et notamment l’inconvénient majeur de mon pouvoir que représente la totale vulnérabilité de mon enveloppe corporelle tandis que je me balade sur le plan psychique. Vladimir s’est certes montré des plus avenants jusqu’ici mais tant que je ne connaîtrais pas exactement les motifs de son intervention, il est hors de question d’avouer mes faiblesses à un futur ennemi potentiel. Par précaution, je me méfie toujours des gens masqués, justiciers y compris, peut-être même encore plus. En effet, si la moindre attaque de mon corps me ramène automatiquement à celui-ci pendant que je fouille l’esprit d’un adversaire, cela laisse largement le temps à quelqu’un de me causer une blessure fatale tandis que je suis occupé ailleurs. Après tout, je ne peux être à la fois concentré à protéger mon corps et à chercher des informations dans l’esprit de la partie adverse. Simple question de logique, le cerveau humain ne peut se dédoubler. D’où le besoin criant que j’ai de n’user de télépathie que lorsque mon corps est en sécurité, toute relative fut-elle dans le cas présent. Mais, comme dit le dicton, à situation désespérée, mesures exceptionnelles.

Mes paroles paraissent avoir l’effet escompté et, alors que mon mal de tête reflue suffisamment pour que je puisse me remettre à courir sans risque de me rétamer parterre au bout de trois pas, nous repartons en direction de la porte menant aux escaliers. La descente est une affaire rapidement pliée après que Vladimir ait rescellé la voie par laquelle nous sommes arrivés. Une fois en bas, mon jeune partenaire me fait signe d’attendre tandis qu’il vérifie que personne ne nous attend à la sortie et j’en profite pour m’occuper de ma migraine commençante. Il s’agit en effet de rappeler à mon idiot de cerveau que ce qu’il a vécu ne le concerne en réalité pas, que c’est un autre qui a été attaqué et qu’il peut donc laisser le souvenir du bruit des drones là où il l’a trouvé et ne plus s’en occuper. Bien entendu, môsieur n’en fait qu’à sa tête, refusant catégoriquement de m’écouter, mais je constate avec soulagement que ce qui était jusqu’ici un mal de tête carabiné s’est transformé en gêne passagère.

Ce qui tombe très bien car voici que Vladimir m’adresse de nouveau la parole, m’expliquant la suite du plan. Le laisser s’occuper de la diversion et ne se préoccuper que de courir jusqu’au tas de ruines sur roues garé au coin de la rue. Etrangement, ça ne correspond pas du tout au type de voiture que je m’attendais à ce qu’il conduise mais je dois reconnaître qu’au moins c’est discret. Et puis qui sait s’il ne s’agit pas simplement d’un véhicule volé pour l’occasion. Parce qu’étrangement, au vu de l’âge probable de Dimitri, j’ai un mal fou à l’imaginer acheter une voiture juste pour un sauvetage qui me semble tout de même assez improvisé pour aussi réussi qu’il soit. Enfin, avec la jeunesse de ce pays, allez savoir !

On s’empresse d’atteindre le « bolide » et Vladimir démarre en trombe au bruit d’une explosion sensationnelle. Suivant son regard, j’observe alors les lettres de feu s’élevant dans le ciel et ne peut retenir un fou rire nerveux. C’est assez déplacé étant donné la soirée riche en émotions qu’on vient de passer, mais c’est au-dessus de mes forces de me calmer. Rien que de visualiser la tronche de Santinelli à la lecture du message d’adieu que Vladimir lui a laissé et mon rire repart de plus belle. Lorsqu’enfin, j’arrive à me reprendre, je jette un coup d’œil appréciateur au jeune homme objectivement mignon qui a pris la place de mon sauveur masqué et lui répond enfin :


-Honnêtement, je crois que rien que pour cette touche finale, je pourrais t’engager. On dit toujours qu’il faut toujours partir avec panache mais toi tu fais vraiment les choses en grand, pas vrai ?

La musique enragée qui commence à sortir des enceintes est une réponse suffisante. Vladimir est bien un adolescent dans toute la splendeur de la jeunesse. Oui je sais dis comme ça on dirait que je suis beaucoup plus vieux que lui alors que c’est loin d’être le cas mais nous n’avons certainement pas eu la même éducation, ce qui m’a fait vieillir beaucoup plus vite que la normale. A vrai dire je ne suis même pas sûr d’avoir jamais été un adolescent typique. Avant ma mutation, j’étais particulièrement renfermé et après je passais l’essentiel de mon temps à tenter de contrôler mes incursions involontaires dans les esprits de mes voisins. Puis une fois mon pouvoir sous clé, ce fut le grand plongeon dans les affaires familiales. Le seul moment de ma vie qui s’est apparenté à la vie d’un individu lambda furent mes années à la LSE où je m’empressais d’expérimenter à fond l’aventure étudiante, ne sachant que trop bien que le retour au bercail serait glaçant de sérieux.

Mais assez déblatéré sur les différences d’éducation entre Vladimir et moi alors que je ne connais même pas son vrai nom. La première chose est de régler ce problème, la suite on verra après.


-Ton plan me paraît correct même si je pense qu’il conviendrait de se trouver d’abord un endroit où se poser le temps de laisser passer l’orage. J’ai besoin de contacter mes hommes pour savoir quelle est la situation de leur côté et je n’ai pas plus envie que tu me raccompagnes jusqu’à ma porte qui n’est de toute façon pas tout près que tu n’es prêt à m’expliquer où tu habites. Néanmoins, on peut peut-être commencer par quelques informations basiques, du style nos identités respectives. Ce n’est pas que Vladimir t’aille mal, mais tu me sembles un peu bronzé pour le nom, déclarais-je avec malice.

Puis alors qu’il gare enfin la voiture, je lui tends la main avant de sortir du véhicule et déclare.

-Nikolaï Mikhaïlovitch Kolyakov, enchanté. Et tu es ?

A vrai dire je suis bien plus intéressé par la raison de son intervention mais une chose à la fois, il ne s’agirait pas de le brusquer après toute l’aide qu’il m’a fournie ce soir. Et puis, honnêtement je l’aime bien le gamin.
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Message  Yitzhak Anavim Lun 27 Juil 2015 - 16:56

Il est quand même assez incroyable ce type. Je sais pas si c'est parce que l'anglais n'est pas sa langue maternelle mais je trouve qu'il s'exprime d'une manière correcte et beaucoup trop développée dans des situations qui exigeraient de faire court. Non, faut qu'il y mette la forme, quitte à s'arrêter en chemin pour avoir assez de souffle. C'est le genre de mec, il se faisait taper à l'école je suis sûr, ou il se serait fait taper s'il était pas né dans sa famille de psychopathes. Attention, je dis ça, mais c'est sans méchanceté. Ça a un côté attachant, surtout quand ça casse un peu le cliché du gros russe ultra froid qui préférerait se faire arracher la langue plutôt que lâcher un mot. Nikolaï a le verbe qui s'emballe vite et qui ne dérape jamais. J'en déduis qu'on peut le ranger dans la catégorie stressé sous contrôle, le genre toujours à moitié naturel, sans que ce soit vraiment volontaire. J'en connais pas mal des comme ça, on peut généralement se fier à eux. Il a aussi un peu trop de fierté pour admettre qu'il serait sans doute plus là sans mon intervention. « J'ai une plus haute estime de moi blablabla... » Aux dernières nouvelles, c'est pas un ninja. Alors pris dans une embuscade où les mots d'ordres sont de ne pas faire dans le détail pourvu que la cible crève, j'ai des doutes. Ou alors, c'est un télépathe de haut niveau qui aurait assez de ressources pour provoquer une illusion à grande échelle. Quand je vois ce que sa petite virée dans les souvenirs récents de notre poursuivant nous a fait, je me permets d'avoir des doutes là-dessus. Mais qu'importe, l'essentiel est d'en sortir vivant. J'ai géré jusqu'au bout, en improvisant sur le moment le feu d'artifice qui vient d'éblouir tout un quartier de NY. Personne ne dira, bien sûr, que j'aurais pu me rater et le faire exploser entre mes mains. J'en serais peut-être pas mort, ceci dit, d'idées cool, ça aurait pu devenir la pire initiative de ma vie.

En éclatant dans le ciel, les lettres signent la fin d'un festival de tirs mortels. Les flics risquent de rappliquer fissa, tout le monde va se disperser dans la confusion. Nikolaï apprécie le spectacle, ça le fait beaucoup rire, question de nerfs qui se relâchent enfin. Apparemment, j'ai réussi un entretien d'embauche dans la mafia russe sans le savoir. C'est gentil de sa part, je suis heureux d'avoir séduit ce charmant jeune homme, mais j'ai aussi bien assez données dans les relations à la con. Le problème de partager un moment riche en émotions avec quelqu'un qui se révèle aussi sympathique que mignon, c'est qu'au bout du compte, on finit par développer un sentiment de proximité. On se dit qu'on forme une belle équipe, qu'on pourrait creuser l'histoire un peu plus loin. Je sais que j'ai gardé une tendance à vouloir jouer avec le feu, cependant, certaines réserves restent tenaces. Il y a beaucoup trop de choses qui me déplaisent dans les activités qu'encourage l'homme à côté de moi, je dois me montrer fort et me rappeler où sont placées mes limites avant qu'on se retrouve devant une incompréhension trop difficile à gérer.

– Je ne savais pas que j'étais en train de passer un test mais si c'est pour avoir le droit de rester à tes côtés et le devoir de t'émerveiller un peu plus chaque jour, ça doit être dans mes cordes.
Je lui tourne une œillade peu équivoque. C'est un jeu auquel je ne peux résister de céder malgré toutes mes bonnes résolutions parce que, je sais pas, mon instinct me dit qu'il y aurait moyen d'obtenir quelques réactions, même si ce serait particulièrement idiot. D'ailleurs, avant de perdre pied, je me reprends plus sérieusement :
– Je suis pas du genre à faire dans le détail ou la demi-mesure. Je cherche pas l'embauche, j'ai déjà de quoi faire, mais ce soir, je devais régler un truc perso. On s'est retrouvé avec un ennemi commun, un autre jour tu me maudiras peut-être autant que tu m'as trouvé génial ici… sauf si ça concerne encore la bande de Santinelli, bien sûr.

Un sourire assez tranquille s'étale sur mon visage. Je préfère être franc, mais il n'y a pas de menace dans ma voix. Après tout, je ne fais que lui signaler un futur possible, rien de très concret. Il se pourrait que je favorise son assassinat une autre fois, si cela me semble pertinent, ou que je reste un de ses alliés, je n'en sais rien. Là, comme ça, je dirais que je n'ai pas du tout envie de m'en faire un ennemi, mais les bons sentiments deviennent vite volatiles quand des enjeux plus grands entrent en cause. Même s'il m'arrive de privilégier l'humain quand je décide qu'une personne est trop précieuse pour se faire broyer au milieu d'une machinerie politique, je ne ferais pas l'erreur de trop me lier à quelqu'un qui appartient de base à un groupe problématique. Je vais essayer de ne pas la faire en tout cas. Vous voyez bien ce que ça donne sinon, quand l'entente ne marche plus – et il faut bien qu'elle arrête de tourner droit un jour – la haine est aussi forte que tous les vieux sacrifices à nos valeurs. Le trajet se poursuit un peu bizarrement. Ça paraîtra sans doute étrange, mais je me sens plus tendu que sur le toit du restaurant. Plus je passe du temps avec Nikolaï, plus l'idée d'être avec une personne réellement aimable se niche dans mon cerveau. Il est là le vrai piège, je vous jure. Quand il se met à réfléchir à haute voix à côté de moi, avec encore une fois des phrases élaborées et riches, j'en suis déjà à noter le retour d'une manie trop clairement identifiable. Je pourrais le lâcher sur un trottoir, je n'ai aucune raison de rester avec lui ou de m'expliquer sur mes actes, mais, comme il n'a pas l'air de vouloir se séparer de moi de suite, ça me passe un peu au-dessus. Je me gare ou plutôt, je pile, dans une ruelle sombre et on descend. Franchement, je vais pas m'embêter à chercher une place de parking pour une voiture achetée au marché noir qui va faire un aller direct à la décharge. Il y a un parc à côté, fermé à cette heure, ça me semble le plan le plus tranquille à envisager pour l'instant. Mais Nikolaï veut connaître mon nom avant. Il me décline le sien en bonne et due forme alors que je le connais déjà très bien. Je me demande s'il peut le lire dans mon esprit. S'il me fait confiance, il n'essayera peut-être pas de le faire, alors lui donner un vrai prénom sera peut-être un moindre mal par rapport à tout ce qu'il pourrait récupérer en plus de l'information qu'il souhaiterait me retirer. C'est vraiment pénible les télépathes, on sait jamais comment se comporter avec eux. J'y vais un peu à reculons.

– Je suis sûr que je pourrais venir du sud-ouest et m'appeler Vladimir ! Mais t'as raison, j'ai pas un nom russe, je m'appelle Yitzhak. Quand je te disais que j'étais pas dans ton camp. – Je lui dis ça d'un air taquin, le but n'étant pas d'éveiller des querelles totalement hors sujet. – Si tu es tenté de me demander de répéter, tu peux faire plus court et dire Zack.

Je le conduis jusqu'aux grilles les moins exposées du parc. Là, je pose mes mains sur chaque extrémité d'un barreau, et je le retire comme s'il était juste un élément négligeable du décors afin de nous laisser passer sans avoir besoin de nous prendre pour des singes.

– Ici ça devrait être tranquille. Y'a toujours des zoneurs mais ils sont au moins aussi louches que nous, ou trop défoncés pour s'intéresser à ce qu'il se passe. Au pire, je les verrai arriver de loin s'ils sont assez débiles pour approcher.

Je replace grossièrement le barreau et, en me retournant, Nikolaï peut constater que mes yeux brillent comme ceux d'un animal nocturne. Généralement, ce genre de détail vu de loin suffit à dissuader les gens d'approcher. Ils ont bien trop peur de se retrouver devant un gros chien sauvage.
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Message  Nikolaï M. Kolyakov Sam 1 Aoû 2015 - 6:50

La question de l’orientation sexuelle du gamin, tout au moins partielle, est définitivement réglée après le coup d’œil plus qu’équivoque qu’il me lance. Je n’avais pas imaginé ses sous-entendus plus tôt dans la soirée. Dans une autre situation je serais peut-être rentré dans son jeu de séduction facile mais pas ce soir. L’adrénaline est peut-être retombée mais ma méfiance est quant à elle toujours forte. Car, avant même la confirmation verbale de Vladimir, il est clair que si nous avons fait un bout du chemin côte à côte ce soir, il n’était pas plus là pour me sauver la mise que je n’étais venu pour le rencontrer. Nos intérêts se sont contentés de converger le temps d’une soirée et j’en suis ravi mais je ne ferai pas l’erreur de m’attacher à sa bouille malicieuse sans plus d’informations. Le petit aperçu de ses capacités auquel j’ai pu assister amènerait le plus impulsif des hommes à y réfléchir à deux fois avant de baisser sa garde en sa présence. Certes, ça ne m’empêche pas de tenir une conversation agréable mais cela ne signifie pas pour autant que je vais me mettre à lui dévoiler ma vie.

Pourquoi alors lui donner mon nom ? Parce que, s’il a une once de jugeote, c’est une information qu’il aurait trouvé seul en deux clics sur le net – à condition bien entendu qu’il ne la connaisse pas déjà. Je ne lui offre donc rien de bien croustillant à se mettre sous la dent. A l’inverse, s’il accepte de me révéler son identité, nous serons un tout petit plus à égalité. Sans surprise néanmoins, il se contente de me donner son prénom, démontrant ainsi que je ne suis pas le seul à préférer rester assez vague sur mes activités. La simple mention de son nom est néanmoins déjà remplie d’informations. Je n’assure pas que je saurais le prononcer du premier coup sans erreurs mais je suis assez versé en langues étrangères – avantage d’être trilingue – pour reconnaître la connotation juive qui en ressort. Je ne sais cependant que penser de sa remarque sur nos camps opposés. Une ascendance juive peut signifier beaucoup de chose, notamment sur le sol américain – rien que la communauté juive de New-York est des plus fournies – alors je ne sais que penser du fait qu’il nous considère dans des camps opposés. Serait-ce lié à l’inimitié de longue date entre Russes et Américains ? A moins qu’il ne fasse tout simplement référence au fait qu’il a longtemps été peu recommandé être juif en Russie. Ma belle patrie est ainsi notamment connue pour ses pogroms violents et meurtriers. Et sans aller plus loin, si l’extermination des juifs d’Europe de l’est par les Einsatzgruppen a si bien fonctionné, c’est en grande partie grâce à l’aide des populations slaves locales à l’antisémitisme tenace.

Encore aujourd’hui, il n’est pas rare d’entendre une flopée de blagues racistes au bar du coin et, si Mère n’avait pas insisté, dans un relent d’aristocratie tsariste démodée, pour nous élever mon frère et moi dans le système éducatif français et ses valeurs soi-disant universalistes, je ne vaudrais très probablement pas mieux que mes compatriotes. Heureusement pour Zack, je n’ai rien contre son peuple. A la limite le sionisme comme idéologie politique et les tendances extrémistes du gouvernement israélien actuel peuvent heurter certaines de mes sensibilités mais cela ne m’empêche nullement d’apprécier une personne de religion et/ou culture juive. Je trouve en effet totalement déplacé l’attitude qu’ont beaucoup de gens de considérer que les décisions du gouvernement israélien sont le fait de tout juif de leur connaissance, comme si en tant qu’individus, ils se devaient d’endosser la responsabilité d’un gouvernement qui n’est bien souvent même pas le leur pour la simple raison qu’ils partagent une certaine culture. Tout Européen de culture catholique apprécierait-il qu’on lui jette à la figure les discours du Pape ? Parce qu’en ce qui me concerne, je sais pertinemment que je ne me reconnais nullement dans la vision du monde du patriarche moscovite. Et ne parlons même pas du gouvernement russe. Que je sois parfaitement capable de tirer mon épingle du jeu, voire même que le climat de corruption ambiante qui règne au pays me soit bénéfique pour les affaires, ne signifie en rien que je sois politiquement d’accord avec les propositions du duo Poutine-Medvedev.

Me méfiant donc de l’erreur que pourrait induire une mauvaise déduction sur son origine, je reste silencieux et le laisse me guider jusqu’aux grilles du parc le plus proche. La force dont il fait preuve pour retirer les barreaux ravive une fois de plus ma curiosité vis-à-vis de ses capacités. Et ne parlons même pas de son regard brillant dans l’obscurité lorsqu’il me fixe dans les yeux quelques secondes plus tard. Plus j’en apprends sur lui, plus les questions s’accumulent : sur ses pouvoirs, son affiliation, ses objectifs. Et pourtant, rien ne laisse sous-entendre qu’il me veuille le moindre mal pour le moment. Il l’a dit, il avait une affaire à régler avec Santinelli et je n’étais qu’un imprévu de plus. Je me demande néanmoins ce qu’il comptait faire seul contre les Siciliens. Car pour aussi extraordinaires que semblent jusqu’ici ses pouvoirs, il n’en reste pas moins humain. Et jeune qui plus est. Difficile donc de croire qu’il soit capable de mettre à bas toute l’organisation de Santinelli. Je lui demande donc, toujours sur le ton de la conversation plaisante


- Et tu as souvent des trucs persos à régler avec des parrains mafieux ? Parce que tu m’as l’air un peu jeune pour le milieu.

Je sais, je sais, c’est l’hôpital qui se fout de la charité mais vous avouerez que j’ai l’air un peu plus vieux que lui dans mon costume sur mesure. Et puis, comme dirait ce bon vieux Obélix – éducation frenchie vous vous souvenez ? – la mafia je suis tombé dedans quand j’étais petit, alors que j’y sois impliqué depuis la vingtaine peut s’expliquer assez simplement. Le cas de Zack m’a l’air quant à lui bien différent. Mais, après tout, il y a mille raisons de finir mêlé au monde du crime organisé. Sans chercher plus loin, Dimitri fut longtemps un grand spécialiste d’art roman avant d’entrer au service de ma famille. A vrai dire, je ne sais même pas exactement comment il a intégré nos rangs, il est toujours très vague sur la question et la façon dont son regard se voile dès que la question est évoquée est peu propice à exiger de plus amples explications sauf lors d’un moment de confidences seul à seul. Tout ce que je sais c’est que ça a quelque chose à voir avec une femme qui n’est plus de ce monde. Or, je vous assure que quand on connaît le bonhomme on a du mal à lui imaginer des amours passionnels. Comme quoi on peut toujours être surpris. Ainsi, mon armoire à glaces de lieutenant, accessoirement meilleur ami et père de substitution fut un chercheur reconnu et un amant passionné avant d’être un tueur sans pitié. D’ailleurs, en parlant du loup, je pense qu’il ne faudra pas trop que je tarde à le contacter par téléphone ou il va me faire une crise cardiaque. Suffisamment de temps s’est écoulé depuis l’explosion provoquée par Zack pour supposer que lui et les autres sont désormais à l’abri. Je vais donc attendre la réponse du gosse et après ça j’appellerais. A condition bien sûr que Dimitri ne prenne pas les devants en m’appelant lui-même.
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Message  Yitzhak Anavim Mar 4 Aoû 2015 - 19:07

La provocation totalement gratuite que je viens de lancer à Nikolaï en lui donnant mon prénom a l'air de le déstabiliser plus que prévu. On dirait qu'il a peur de lancer un genre de troisième guerre mondiale en répondant un truc à côté de la plaque. C'est fou comme les gens flippent dès qu'on fait référence à de potentiels conflits avec les juifs. Au fond, ça m'amuse, c'est pour ça que j'en abuse, parce que je peux en abuser en toute légitimité, mais ça reste assez triste. J'ai pas de problèmes avec ça. Je ne dis pas que je l'aurais pris à la rigolade s'il s'était mis à insulter mes origines, mais je n'en aurais pas non plus été jusqu'à me retenir de lui dévisser la tête. A une époque, j'étais plus tendu. J'ai appris à me calmer ou, plutôt, comme je suis toujours plus ou moins en colère contre un truc, j'ai reporté ma rage sur les anti-mutants. Il y a des combats qui valent plus la peine que d'autres. En tout cas, il est trop occupé à méditer sa non-réponse pour me demander mon nom de famille. C'est vrai, je n'ai pas décliné toute mon identité, faut pas déconner non plus. Là, comme ça, on pourrait se dire que mon prénom est très rare. Je vous laisse faire une recherche sur la ville de New-York et alentours avec juste ce prénom. Vous allez voir, je suis loin d'être unique. Bon, Yitzhak, c'est moins passe partout qu'un Jordan ou un Brian, mais dans les communautés juives, ça se rencontre. Disons que les personnes qui portent des noms très hébraïques ont une certaine tendance à rester entre elles.  Ma situation est un peu différente. Ceci dit, il n'a pas besoin de la connaître.

Il me suis assez docilement dans le parc. Il pourrait ne pas le faire, estimer que j'ai des pouvoirs trop imprévisibles et dangereux, mais il prend le risque. Je viens de lui sauver la vie après tout, ce serait débile de m'être donné tout ce mal pour le tuer maintenant. Ce que je vais faire ? Je n'en sais rien. Je veux juste m'assurer qu'il est en sécurité. Probablement que ses gars viendront le récupérer sous peu, et tout rentrera dans l'ordre, je pourrai aller me coucher avec la satisfaction d'avoir une fois de plus ruiné la vie de Santinelli. D'ailleurs, en référence avec ce que je lui disais tout à l'heure, Nikolaï me demande si ça m'arrive souvent de régler mes comptes avec de grosses pointures de la mafia. Le sarcasme désinvolte de la question me fait sourire. J'aime bien sa manière assez subtile de poser des questions d'un air tranquille alors qu'il est certain qu'il doit brûler de curiosité. Un mec sorti de nulle part et plus jeune que lui vient de lui sauver la vie pour des raisons totalement incompréhensibles. Ça me ferait bien travailler les méninges à sa place. En soi, lui donner des réponses un peu plus claires ne me dérange pas tellement, je les lui dois bien, ça ne changera pas forcément grand-chose entre nous. Le souci, c'est que je ne vois pas trop comment formuler ça. Je pourrais avancer au moins trois raisons différentes. Souvent, je n'en choisis qu'une seule mais, le fait que le russe appartienne à une lignée mafieuse me fait considérer la chose plus longtemps. Il est dans la même tranche d'âge que Jason. Ce pourrait être intéressant d'avoir le point de vue à chaud d'une personne non-impliquée mais qui peut parfaitement imaginer ce qui m'est arrivé, ce qui nous est arrivé même. Parce que mon ex ou Vanozza ne sont pas moins des victimes de ce monde odieux que moi. En fait, je suis même le mieux loti des trois.
Je commence par secouer la tête en riant doucement.

– Non, non, je ne pense pas être ce genre de personne à problème. J'ai souvent des trucs persos régler avec cette branche là, c'est tout. J'ai bientôt vingt ans mais faut arrêter avec cette idée bien contemporaine qui veut qu'on ait pas de BG valable avant ses vingt-cinq ans parce que la plupart des gens accumulent de la pseudo expérience de vie en restant amorphes. Je me suis retrouvé impliqué dans ce milieu sans le savoir à cause de mon premier copain. Il était un peu plus âgé que moi, n'assumait pas ce qu'il faisait et m'a beaucoup menti pour garder une bonne image. Je lui en veux. Il y a aussi le fait que j'avais vraiment sympathisé avec une petite-fille de Santinelli à l'époque. Elle était mutante, elle voulait s'en sortir, elle a disparu du jour au lendemain. D'abord, je me suis dit que je devais la retrouver. Mais j'ai un peu lâché l'affaire. Maintenant que je ne suis plus un gamin qui n'inquiète personne, je veux juste les faire agoniser lentement. C'est pour ça que je t'ai aidé, parce qu'ils ne réussiront rien tant que je serai là pour les traquer.

Mon regard s'est détourné pendant que je parlais. D'habitude, j'aime étudier l'expression de mes interlocuteurs mais ça me demanderait un effort mental que je suis incapable de donner actuellement, parce qu'il faut faire la synthèse de plusieurs années pénibles. Je ne dois pas trop m'éployer et donner l'impression à  Nikolaï que j'ai envie d'être consolé, compris, etc. Je veux juste lui donner les faits bruts. Je sais qu'il saura en tirer l'essentiel. Il ne pensera pas que je délire complètement, même si, à l'époque, j'ai fait l'imbécile. Quand j'avais quatorze ans, qu'un type de cinq ans de plus que moi me fréquente, et en arrive à me craindre, je trouvais ça plutôt normal. On me présenterait le même cas de figure aujourd'hui, pas sûr que je ne trouverais pas ça un peu troublant. Mais voilà, je n'avais pas le recul nécessaire pour comprendre. A la manière dont je m'exprime, on pourrait penser qu'en parler me met en colère, mais pas vraiment. Quand je dois mettre des mots sur ce qui me pousse à agir, j'éprouve surtout de l'amertume et des regrets. Même après trois ans, ça revient. Je suis toujours étonné de ressentir une émotion aussi forte dans ce moment. Elle passe vite, dès que je me tais, mais je me demande si elle se ravivera toute ma vie, ou si je finirai enfin par laisser ce traumatisme derrière moi.
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Message  Nikolaï M. Kolyakov Sam 29 Aoû 2015 - 14:02

Le rire qui entame le discours clashe nettement avec l’amertume qui en ressort. C’est comme s’il essayait lui-même de se convaincre que ce qu’il me raconte n’a pas grande importance, qu’il est passé à autre chose. Pourtant, il ne faut pas un diplôme en psychologie pour se rendre compte que ce n’est probablement pas complètement le cas. Je ne dis pas qu’il y pense en permanence, ni même que cela influe de manière importante sur ses actions présentes mais force est de constater que cela a façonné la personne qu’il est aujourd’hui. Et que sa vendetta auprès de Santinelli ne soit plus fondée sur ses motifs originels, je n’en doute pas, mais le simple fait qu’il s’en préoccupe encore démontre la profondeur de la blessure que ses aventures de jeunesse ont eu sur lui. Et je parle d’aventures de jeunesse en connaissance de cause malgré son âge car, comme il l’a dit, au vu de tout ce qu’il a déjà vécu, il n’est définitivement pas un adolescent lambda.

Reste à savoir quoi répondre à un discours aussi saugrenu. Je ne m’attendais en effet pas à ce qu’il me dévoile la moitié de sa vie, encore moins sentimentale, après s’être retenu de me fournir jusqu’à son identité. Pourtant, d’une certaine manière, ça fait sens. C’est une façon pour lui d’évacuer des sentiments avec lesquels il bataille probablement depuis longtemps mais sans savoir avec qui en discuter. Et qui de plus indiqué qu’un jeune parrain mafieux à qui il a sauvé la vie et qu’il ne reverra probablement plus jamais ? Je suis à la fois qualifié pour comprendre sa situation sans le juger et il ne prend pas le risque que je dévoile ses secrets à qui que ce soit de dangereux puisque je ne sais toujours pas qui il est.


-Toi au moins, tu seras particulier jusqu’au bout. Je m’attendais à tout sauf à ce que tu viens de me dire. Néanmoins, je ne peux m’empêcher de te trouver un peu trop sûr de tes capacités. J’ai pu constater aujourd’hui que tu es parfaitement paré à faire face à des adversaires dangereux – où il a appris à se battre ainsi m’intrigue d’ailleurs au plus haut point - mais n’est-ce pas un peu prétentieux d’envisager d’abattre une famille comme celle de Santinelli par toi-même ? Est-ce que ce n’est pas une façon de chercher le danger pour compenser le sentiment d’injustice ou simplement de dégoût qui te reste de cette période-là ?

Bon là je tombe dans les propos de psychologie de comptoir, alors faut que j’arrête mon char de suite.

-Après bien sûr, tu fais ce que tu veux. Tu es majeur et vacciné et, bien plus important, ce que tu fais de ton existence m’est égal. Néanmoins je trouverais dommage que l’homme à qui je dois d’être encore en vie ait des tendances autodestructrices qui pourraient mener à sa perte. C’est que je suis un homme d’honneur et j’aime à repayer mes dettes. Autrement dit, je vois difficilement comment je pourrais te rendre la pareille si tu te lances droit dans la gueule du loup. Car, si ton plan de sauvetage s’est révélé adapté à la situation d’urgence, je ne sais pas ce que tu venais faire là mais jouer les ninjas en mission solo me semble peu approprié à saper les fondations d’un empire mafieux. Ou est-ce que tu étais finalement bien là pour moi ?

C’est que sa présence me paraît de plus en plus beaucoup trop providentielle pour ne pas être suspecte. Que faisait-il là pile poil le jour de ma tentative d’assassinat par Santinelli ? Aurait-il un quelconque rapport avec la source anonyme qui m’a informé des magouilles du Sicilien ? Pire encore, ne serait-il pas la source elle-même ? Plus j’y pense et moins cela me semble tiré par les cheveux. Sinon pourquoi se serait-il préoccupé de me sauver la mise ? Car, même s’il avait été là pour tout autre chose, rien ne l’obligeait à se mêler du conflit m’opposant aux Italiens. Au contraire, il aurait parfaitement pu profiter du chaos provoqué par les combats pour s’infiltrer silencieusement et faire ce qu’il était venu faire dans la confusion. A la place, il s’est volontairement mis en danger pour moi. Ce n’est pas une attitude logique, à moins qu’il n’ait eu un intérêt dans l’affaire. C’est la seule explication qui fait sens. Et qui m’amène à me méfier de nouveau. Car si rien jusqu’à maintenant ne laisse entendre qu’il me veuille le moindre mal, un type avec suffisamment de ressources pour contacter Dimitri sous couvert d’anonymat total et ensuite affronter une demi-douzaine de mafieux armés jusqu’aux dents, mutants y compris, le tout à tout juste vingt ans, vous reconnaîtrez que ça invite à un certain degré de circonspection. Suffisant même pour que j’envisage d’aller chercher les réponses à mes questions directement dans son esprit si celles qu’il me fournit ne me satisfassent pas. C’est qu’on n’est jamais trop prudent comme dit Dimitri.

D’ailleurs en parlant du loup, voilà que mon téléphone se met à vibrer dans ma poche. Je serais prêt à parier la moitié de ma fortune que c’est lui qui appelle mais, pour l’instant, les réponses de Yitzhak sont plus importantes à mes yeux que de rassurer mon second. Au pire, je lui enverrais un sms rapide pour lui dire que je suis en sécurité. Mais, en attendant, j’aimerais savoir enfin sur quel pied danser avec le jeune face à moi. Car, si je doute que notre collaboration dure encore très longtemps, je veux être certain qu’une fois que nos chemins se sépareront, je n’aurais pas besoin de vérifier en permanence mes arrières.
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Message  Yitzhak Anavim Mer 9 Sep 2015 - 18:22

J'ai vraiment du mal à synthétiser clairement quand j'essaye de raconter « toute l'histoire ». C'est que c'est aussi très confus dans ma tête. J'ai l'impression que chaque détail compte, qu'il n'y a qu'une suite de conséquences. Je n'arrive pas à trouver du sens à un élément isolé, il manquerait forcément quelque chose. Si je répondais juste « Je veux détruire Santinelli », on me demanderait pourquoi. Là, si j'évoquais Vanozza, je serais peu crédible. On a beau dire des grandes amitiés, c'est pas à cause d'une simple amitié qu'on en vient à entretenir une colère pareille. C'est pour ça, d'ailleurs, que quand on parle de héros antiques prêts à défier ciel et terre pour venger la mort de leur meilleur compagnon, y'a que les intégristes pour prétendre que c'est un amour viril purement spirituel et sans affaire de cul derrière. Et donc, si je dis que c'est à cause d'une passion déçue, tout de suite, je fais sens. Oui mais, pourquoi en venir à de telles extrémités pour un sentiment de trahison comme on en compte tous les jours dans des couples qui se déchirent ? Vous voyez, c'est compliqué. Je reste persuadé que l'histoire au complet me donne raison, mais qui aurait la patience de l'écouter et, surtout, à qui pourrais-je bien me confier autant ? C'est bien mignon de balancer quelques bribes à Nikolaï, mais nous savons tous les deux que ça ne compte pas. Il se dit peut-être que je me dévoile beaucoup, et à la limite, tant mieux. Parce que les détails sont pires. Qu'il sache les grandes lignes, franchement, ça n'a pas une très grande importance. Pendant ce temps, il ne risque pas de s'interroger sur ce qui a pu arriver en Israël, mon implication dans la Confrérie, et autres choses vraiment secrètes.

Nikolaï est surpris, mais peut-être un peu trop habitué à entendre des histoires complètement dingues pour trop s'attarder dessus. Il ne peut pas s'empêcher d'analyser toutes les failles de mon attitude, et on ne peut pas dire que ça me fasse spécialement plaisir. Je ne suis pas sûr que « prétentieux » soit le bon mot pour qualifier mon projet solo, cependant, j'entretiens effectivement l'image d'un combattant suicidaire et sûr de lui. Néanmoins, le russe est assez fin pour lire entre les lignes. Je n'ai pas grand-chose à prouver au monde, je n'agis pas seul pour flatter mon égo de super-soldat. Par contre, je le fais parce que j'ai des choses à régler avec moi-même. C'est un combat personnel, une sorte de thérapie bizarre, censée m'aider à régler quelques débats intérieurs. Je n'arrive pas à tourner la page. Je ne me donne pas non plus les moyens de le faire. Je n'ai pas envie de le faire. Alors en attendant, j'entretiens de manière très consciente, un comportement obsessionnel. Qu'est ce que vous voulez que je réponde à Nikolaï ? Le silence vaut mieux qu'un « tu as sans doute raison », pour ce que ça changerait. Allez, dans même pas trente minutes on va se quitter comme deux inconnus. Il doit avoir autant de problèmes que moi, c'est certainement pas ce type qui va m'aider à m'en sortir. Mais au fond, j'ai sans doute besoin d'entendre ce genre de choses. Je ne sais pas encore de quelle manière ça pourra m'être utile, je sais juste que je n'ai pas provoqué cette conversation sur un total coup de tête.

Puis il m'explique qu'il s'inquiète de me voir aussi suicidaire parce que je risque de l'empêcher de me rendre la pareille. C'est sympa à lui d'y penser. Ceci dit il perd son temps. J'ai toujours eu un sens de la survie assez particulier. Je pourrais sortir les grands mots en disant que ça vient de mon sentiment d'être seul au monde et tout ça, mais en fait, ce n'est pas nouveau. Déjà quand j'étais gamin, je faisais n'importe quoi. Je cumulais les accidents débiles et j'ai fichu une paire de belles frousses à mes parents. Si j'ai voulu apprendre à me battre, c'était avant tout pour ne pas avoir à me soumettre devant n'importe qui. J'ai quand même découvert ma mutation un jour où des gars que j'aurais jamais dû provoquer ont voulu me planter. Maintenant bien sûr, ça dépasse les accrochages de rue. Je ne fais pas n'importe quoi, mais j'agis de manière désordonnée. Mes plans d'action fonctionnent toujours sur des « à peu près », parce que je suis moins doué dans la pratique que dans la théorie pure. J'ai aussi un peu trop confiance en la vivacité de mes réflexes et de mon esprit. Ça m'a toujours réussi jusqu'à présent, en même temps. Mais je ne suis pas aussi cinglé que Nikolaï semble le croire. J'évalue toujours mes chances de réussite avant d'agir, et je mets les bonnes cartes de mon côté. Jamais je ne serai intervenu seul en mode ninja si mon but avait été de descendre tout le monde, comme le russe semble encore le croire. Le souci, c'est que tout lui dire va prouver que j'étais en possession d'éléments plus confidentiels, et va me lier avec le pirate informatique qui s'est infiltré dans leurs réseaux ces derniers jours. Ce n'est pas la peine de trop nier. Je vois bien à son regard que Nikolaï est trop intelligent pour ne pas faire le lien, comme il sait que je suis un peu trop malin pour lancer une attaque aussi ouvertement suicidaire.

– Je te l'ai dit, mon but n'est pas de saper leurs fondations mais de les laisser agoniser. Je ne veux pas les détruire. Ce qui est mort ne souffre plus, pas vrai ?
Je lui tourne un léger sourire, mais pas sûr que la blague soit très hilarante. Je sens surtout que la conversation va bientôt prendre fin et que je vais devoir arrêter de jouer les rigolos.
– Je les surveille depuis longtemps, j'ai mes indics. Et donc, je savais qu'ils projetaient de te tuer ce soir. Tu n'étais pas ce type là au mauvais moment que j'ai choisi de sauver par générosité d'âme, j'étais là pour te sauver. S'ils avaient réussi, ils seraient devenus plus forts et je suis là pour leur casser les ailes dès qu'ils se sentent prêts à reprendre leur envol. Après, je te remercie de te soucier de moi, et de considérer que tu me dois une dette. Je ne suis pas certain d'avoir eu des intentions assez nobles pour mériter ta reconnaissance mais, comme j'ai un sens de l'honneur arrangeant, je pense que je pourrai m'en souvenir quand je serai en galère !

Je brouille encore les pistes pas l'humour et la désinvolture. Faut que je le détourne sur autre chose. Je ne m'attendais pas à tomber sur un télépathe. Si la mafia russe connaît mes capacités de hackers, ce n'est pas dramatique, mais disons que je risque de retenir un peu plus l'attention qu'en passant pour une sorte de Punisher Junior. Après, je suis prêt à nier. Je ne sais pas à quel point ce sera recevable mais bon, je tente toujours ma chance. Je peux avoir des taupes chez les italiens et je ne vois pas pourquoi je serais le seul à vouloir les faire tomber !
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Message  Nikolaï M. Kolyakov Sam 19 Sep 2015 - 10:47

La conversation s’épuise. On se tourne autour avec circonspection, lâchant ici ou là les bribes d’informations qui nous arrangent pour donner l’impression que nous sommes prêts à nous ouvrir à l’autre mais sans jamais réellement se mouiller. Nous venons de mondes trop différents pour faire de bonnes connaissances. Des alliés de circonstance certainement - les heures qui viennent de s’écouler l’ont prouvé - mais pas plus. Aucun de nous d’eux n’est prêt à faire le premier pas qui permettrait à la situation de se débloquer. Le jeu n’en vaut pas la chandelle. Nous avons obtenu suffisamment d’informations pour nous conformer du peu que nous savons et repartir chacun de notre côté en laissant cette soirée mouvementée de côté, comme un mauvais souvenir qu’on préfère oublier. Pourtant, si je voulais en découvrir plus sur lui mes capacités me le permettraient sans problème mais mon instinct me suggère fortement de ne pas m’aventurer dans des eaux visiblement troubles pour le simple plaisir de satisfaire ma curiosité.

Il est évident que Yitzhak ne représente pas un danger, tout au moins pas dans l’immédiat. Pas la peine donc de chercher à en savoir plus sur ses projets sur le long terme. J’ai plus ou moins débroussaillé les raisons de sa présence ce soir au restaurant de Santinelli, c’est tout ce dont j’avais réellement besoin. Le reste n’est que surplus dont je puisse me passer. A l’inverse, si je décide de plonger dans son esprit, quelque chose me souffle que j’y trouverais des informations à même de me causer de réels problèmes. Car, pour autant que mon jeune acolyte excelle à se donner des airs d’adolescent désinvolte et débrouillard, on ne se bat pas comme il l’a fait sans avoir été entraîné. Et pas par n’importe qui. Or, je suis certain de ne pas vouloir en savoir plus sur son trouble passé. Je me contenterais donc de faire semblant d’avaler la couleuvre qu’il m’a tendue en termes de demi-vérités. Surtout que l’insistance avec laquelle mon portable ne cesse de vibrer me rappelle que j’ai un second qui ne lâchera pas l’affaire tant que j’aurais répondu ou qu’il aura retrouvé ma trace. Il est donc temps de mettre un point final à notre bien mal assortie et pourtant efficace alliance.


-Et bien tu n’auras qu’à laisser un message de la part de Vladimir à ma secrétaire, son numéro est dans le bottin.

Je ne sais bien pourquoi j’insiste là-dessus. Il vaudrait certainement mieux que j’oublie l’existence du gamin et qu’il oublie la mienne, mais pour une raison assez inexplicable, mon sens de l’honneur que je sais si bien laisser au vestiaire en temps normal s’est décidé à pointer le bout de son nez ce soir et je me retrouve à ressentir une dette envers Yitzhak qui a pourtant bien précisé que mon sauvetage n’était que le corollaire indispensable à mettre des bâtons dans les roues des Italoches. Finalement, il n’y a peut-être pas que les voies de Dieu qui sont impénétrables, celle du cerveau humain ne le sont pas moins. Et pourtant cela fait déjà un certain temps que je les arpente.

-Sur ce, tu m’excuseras, j’ai trop fait attendre ma princesse et elle s’impatiente, termine-je avec un sourire satisfait en imaginant la tronche de ce pauvre Dimitri s’il venait à apprendre que je l’appelais « princesse ».

Je décroche donc et, sans surprise, la voix rauque de mon second se fait entendre. Son calme olympien habituel est démenti par le léger essoufflement que je perçois dans sa voix, signe évident qu’il n’a pas cessé de courir partout à ma recherche depuis qu’il s’est débarrassé des sbires de Santinelli. Le ton haché de ses phrases est aussi un marqueur de son inquiétude. Il exige ainsi de savoir où je suis et si je vais bien, apparemment prêt à s’envoler immédiatement pour être le plus rapidement à mes côtés. Néanmoins, je suis encore assez réveillé par l’adrénaline pour savoir qu’après le feu d’artifice de Yitzhak tout ce que New-York a de policiers en service a dû se rendre sur les lieux du crime et recherche désormais les responsables. Pas la peine donc de les diriger droit sur nous en provoquant une arrivée massive de mafieux au beau milieu d’un parc de quartier. Je préfère donner rendez-vous à Dimitri dans un lieu plus à l’abri des regards indiscrets. De toute façon, on a perdu les hommes de Santinelli il y a un moment donc je ne m’inquiète pas d’être de nouveau attaqué. Ou plutôt je refuse d’imaginer ne serait-ce que la possibilité. Parce que si je m’arrête réellement à réfléchir à la situation posément, le poids de la réalité va me tomber dessus et je vais être incapable d’agir posément. Je rassure donc pour la énième fois Dimitri que, oui, je suis en un seul morceau, que, non, mon accompagnateur n’était pas un allié de Santinelli posté là pour en finir avec moi dès que j’aurais le dos tourné et que, oui, je suis assez grand pour le rejoindre au point de rendez-vous tout seul avant d’éteindre mon portable. J’ai pourtant un million d’autres questions à lui poser, notamment pour savoir si nous avons perdu des hommes et si oui combien. Et peut-être encore plus important est-ce que l’un des nôtres a été arrêté par New-York’s finest. Non pas que je m’inquiète de la loyauté des présents - aucun d’eux ne révèlera mon nom - mais par précaution si tel est le cas, je préfère me faire discret dans les semaines à venir. Même si ça ne m’empêchera pas de planifier ma revanche. Car si Santinelli croit sincèrement qu’il va s’en sortir indemne sous prétexte que je suis plus jeune que lui, il va avoir une sacré surprise à l’arrivée. Ainsi, tendant la main à Yitzhak pour signifier la fin de notre brève mais intense rencontre, je reprends la parole.

-Encore merci pour tout et à bientôt peut-être. Parce si tu continues à t’intéresser au sort de Santinelli et sa bande, nous serons sûrement amenés à nous revoir. Je n’en ai pas fini avec lui, ça pour sûr.
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Message  Yitzhak Anavim Ven 2 Oct 2015 - 20:12

Il n'y a rien de plus énervant qu'un téléphone qui vibre en continu dans votre poche quand vous ne pouvez pas répondre et que votre crétin de correspondant est incapable de le comprendre. Le portable de Nikolaï n'en peut plus. Je crois que s'il ne finit pas par décrocher, il va se mettre à fumer, cracher des étincelles puis exploser. C'est assez facile d'imaginer quel gros lourd peut insister comme ça. Je l'ai arraché à son clan pendant une tentative d'assassinat, ses gars flippent, ils sont prêt à retenter jusqu'à épuisement définitif de la batterie tant qu'on ne leur aura pas dit où leur cher patron a disparu. L'héritier Kolyakov semble une gentille personne, il n'est pas du genre à tout couper le temps de terminer une discussion, comme je serais bien capable de le faire. C'est vrai quoi, quand on frôle la mort, on a pas forcément envie de passer tout de suite des appels pour rassurer le monde. J'ai fait ce genre de mauvais plan à Abby une fois pendant une opération confrérie qui a grave capoté. On a été séparés à cause d'une explosion. J'étais un peu amoché et énervé, alors je n'ai pas donné de signe de vie avant le lendemain. Elle m'a fait la gueule quand je me suis pointé au QG avec un « j'avais la flemme » pour seule excuse. Mais Nikolaï n'a pas un sens des priorités aussi égoïste que moi, je le sens perturbé et j'en suis bien content. Sans le vrombissement désespéré de son appareil, il aurait peut-être tenté d'en savoir plus sur mes mystérieux « indics » mais là rien, il ne pense qu'à clore rapidement le sujet pour donner des nouvelles à ses coéquipiers. S'il décroche, c'est terminé, il ne pourra pas me soumettre à un autre interrogatoire. J'en souris intérieurement. Au final, il reste bloqué sur son histoire de dette à payer. Un brave type, vraiment. Ou alors, c'est un obsessionnel cinglé. Dans les milieux extrêmes, y'a les je m'en foutiste dans mon genre, et ceux qui s'accrochent à des valeurs aléatoires pour faire tenir leur personnalité debout. Payer des dettes du coup, c'est peut-être le toc de mon homme. Je préfère me dire ça, ça m'évite de partir avec une image trop positive d'un des dirigeants de la mafia russe. En plus, c'est toujours un avantage d'avoir dans la poche une personne stratégiquement importante qui vous est redevable.

Il me délaisse donc pour sa « princesse » au bout du fil et je ne comprends plus grand-chose à la suite de la conversation. J'attends que ça se passe sans trop m'inquiéter. Même si je ne pratique pas le russe, je ne vois pas pourquoi il s'amuserait à me faire soudain un coup monté. Et puis je sens une pointe d'agacement dans sa voix. Le type au bout a doit s'inquiéter un peu trop à son goût, peut-être qu'il est de sa famille et, après tout, même si Nikolaï est plus âgé que moi, il n'en reste pas moins très jeune pour le métier. En tout cas, à la fin de la conversation, il semble assez pressé de me quitter. C'est pas plus mal, j'ai plus envie de me reposer que discuter jusqu'au bout de la nuit, même si j'ai toujours une désagréable impression de solitude quand je me retrouve seul après ces grands moments d'actions. J'ai le temps de voir défiler toutes les morts violentes que j'ai provoqué avant de m'endormir, avec la certitude de faire des rêves super bizarres. Je ne fais pas de ces cauchemars qui vous réveillent brusquement dans la nuit, juste des trucs confus, malsains, qui me font une sensation bizarre les premières heures de la matinée. Il n'empêche que je n'aime jamais trop ça. C'est pour ça que, malgré ma fatigue, je n'ai pas fait d'efforts pour me débarrasser du russe. C'était une présence mieux que rien avant le vrai retour à la réalité. En l'entendant m'assurer qu'on risque de se recroiser, je me demande s'il m'a sondé avec son pouvoir, s'il devine que je n'ai pas vraiment quelqu'un à retrouver de mon côté, ou s'il a juste un réflexe de politesse. C'est bizarre. On dirait qu'il fait tout pour qu'on garde un lien malgré tout, alors que ça n'a pas de réel intérêt pour nous. Je lui fais un sourire et lui lance :

– T'inquiète, c'est une guerre où personne ne lâchera jamais l'affaire. Je suis sûr qu'on aura d'autres occasions de s'amuser tous les deux.

Je lui fais un rapide signe de la main, et je le laisse s'en aller mais je ne le lâche pas du regard avant de le perdre de vue. Je ne doute pas qu'il soit en mesure de se défendre contre un junkie de passage, mais on ne sait jamais. Un autre épisode de ma lutte acharnée contre les Santinelli s'achève, mais je ne doute pas qu'ils vont bientôt fomenter d'autres stratégies débiles pour qu'on entende de nouveau parler d'eux. Je vais continuer à suivre ça de près !

[Fin]
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