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Dragon's hunt

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Message  Alexstrasza Sam 13 Jan 2018 - 8:51


Chasse I

Vous êtes complètement irresponsables !

Ma tête se penche sur le côté d’incompréhension. Me faire engueuler par une jeune mutante en combinaison moulante noire parcourue de lignes phosphorescentes  ne me perturbe pas le moins du monde, j’ai passé suffisamment d’années au côté de la Justice League pour ne plus me surprendre de la diversité des humains et affiliés, mais l’accusation qu’elle profère me semble complètement erronée et j’essais de la comprendre.

Excusez-nous Mlle di Lauro.

Je me tourne vers la dragonne adolescente à mon côté, interdite par sa réaction. Sa tête est baissée et ses cheveux bleus tombent sur les sillons sombres lacérant sa gorge humaine. Ses épaules aussi sont baissées, comme si elle croulait sous le poids de son vêtement de sport. Ma tête se penche encore plus et, s’il n’y avait que de la perplexité précédemment, mes yeux retraduisent maintenant un choc. Je sais qu’elle a été élevée par les humains d’une manière plus familière que moi mais l’impression de la voir culpabiliser face à une maitresse me révulse. Je me retourne donc vers cette "supérieure", me levant pour lui faire face de ma taille légèrement supérieure à la sienne. Ce n’est pas sans douleur cela dit, même s’il ne s’agit guère plus de coupures ou d’hématomes qui auront disparu dans la semaine.

Nous avons été responsables : afin de ne risquer de déclencher d’incendies, nous n’avons usé de nos souffles et, afin de ne risquer de faire de blessés, nous avons choisi un lieu désert.

La mutante me fait face, ses yeux bleus perçant les miens au point que j’en plisse les paupières. Elle n’est pas agressive, elle est éberluée. Nous n’arrivons pas à faire comprendre à l’autre notre point de vue et cela bloque notre communication. Pourtant, mes explications me semblent claires ; les humains ont toujours été étranges à mes yeux.

Pas de blessés ? Vous avez vu vos têtes ?

Elle n’a pas tord. Je regarde à nouveau ma cadette draconienne, toujours assise, et dois m’avouer assez satisfaite de son état. En plus des marques de morsure sur la gorge, ses bras et son torse ont également de larges marques parfois solitaires et parfois par trio ou quatuor, même si toutes n’ont fait qu’arracher des écailles et légèrement déchiqueter cuir et chair au-dessous. De mon côté, c’est surtout au niveau des bras et des flancs que similaires cicatrices apparaissent, presqu’exclusivement à causes des crocs mais de temps à autre à cause des griffes.

On y a laissé des écailles mais c’est superficiel…. D’ici une semaine, ça n’y paraitra plus.

Je sais ce que je dis et acquiesce avec conviction. Une conviction qui n’est pas partagée, la mutante tournant son bras emmanché pour désigner l’environnement autour de nous.

Et ça, d’ici une semaine ça n’y paraitra plus ?

Ramenant mes mains dans la poche ventrale de mon sweat-shirt bleu, je regarde ce qu’elle me désigne et commence à comprendre son point de vue. Les arbres ont été brisés, la terre a été labourée, la roche a été éventrée au point que ce qui était une colline il y a quelques heures soit à présent quelque chose de beaucoup plus indéfini. Après, cela ne me choque pas vraiment ; on a du traumatiser une bonne dose de vers de terre et faire fuir une grande partie des animaux de la forêt mais bon, ce n’est pas comme si on les avait tous massacrés.

Oui, bon… après, y’a eu ni incendie ni blessé, ou ni mort si tu préfères. Ça va pas ?

La mutante croise les bras et me fixe, vraisemblablement en désaccord. D’un autre côté, à quoi pouvait-elle s’attendre ? On est des dragonnes après tout.

Quand le gouvernement m’appelle en catastrophe parce qu’une commune signale deux lézards géants en train de se battre sur ses terres, c’est que ça va pas non. Mais qu’est-ce qui vous a pris de faire ça ?

Ben on s’est rencontrées.

Cela me semble le plus logique du monde, je ne comprends vraiment pas pourquoi ça choque la mutante. Dans sa perception, les super-héros doivent probablement éviter de se foutre sur la gueule à chaque fois qu’ils se rencontrent mais s’ils n’avaient pas cette envie il n’y aurait ni tournoi ni autant de sparring entre eux. Et là, il n’est pas question de super-héros.

Fira, explique-moi s’il te plait.

L’adolescente se lève a son tour pour parler, toujours un peu honteuse ; chose qui me conduit à secouer la tête.

En fait, quand deux membres de notre espèce se rencontrent et qu’il n’y en a pas un clairement dominant sur l’autre, ils s’affrontent.

Un peu comme le font les lions quand deux dominants sont sur le même territoire.

Pas un clairement dominant sur l’autre… mais elle fait pas deux fois ta taille ?

Si, c’est pour ça que c’est moi qui ait gagné.

J’en suis fière et je le montre mais, une fois encore, la mutante n’a pas l’air convaincu par nos dires. Pourtant, mon exemple doit être parlant. Après, chez les lions, les lionnes ne possèdent pas leur propre territoire mais on n’est pas des lions. C’était juste pour comparer.

Donc c’était une question de territoire. Il appartenait à Zaffira et maintenant il t’appartient à toi du coup ?

Non. Mais je peux y rester comme je l’entends.

D’accord…

On s’est pas battues pour le territoire, juste pour établir un rapport de dominance.

Vous êtes un peu sado-maso quoi.

Quel rapport ?

Je ne comprends vraiment pas comment la mutante pense. Pourtant, ça devrait être plus simple, on a toutes les deux les mêmes études. Mais non, définitivement son esprit m’échappe. Tout autant que le fait qu’on se batte soit mal. Levant l’un de ses bras croisés pour se pincer l’arrête du nez, la mutante semble fatiguée de la conversation et son geste suivant me fige, sa main se dressant face à moi en signe de stop.

Zaffira, Alexstrasza… je suis pas au fait des coutumes des dragons et tout ça. Juste, la prochaine fois que vous vous foutrez sur la gueule d’une telle manière, jouez pas au "pas vu, pas pris". Ils vous ont entendu à je sais pas combien de kilomètres…

Je lève les yeux aux ciels et me détourne légèrement face à cette exagération. Plusieurs kilomètres… quand même pas. On avait peut-être des spectateurs à bonne distance mais elle était juste sécuritaire. Y’a pas d’écho ici.

Non mais maintenant que le rapport de force est établi, c’est bon, on peut se côtoyer en bonne entente.

En bonne entente, en bonne entente… si on était pas en bonne entente on aurait pas attendu de trouver ce coin isolé pour se foutre sur la gueule.

Sous le regard de la mutante, je comprends très vite que ce n’était pas la bonne chose à dire et me ravise donc rapidement.

Non mais je dis ça, je dis rien hein ?

Son sourire est peut-être bref et nerveux mais l’amusement qu’il retraduit me rassure quand à son ressenti.

C’est tellement pas étonnant que votre espèce soit en voie de disparition. Mais autrement, vous allez faire quoi maintenant ?

Discuter, faire connaissance. Je reste en Europe le temps des collections.

Et vous ne pouviez pas commencer par là ?

Ah mais on a déjà commencé sur le chemin, juste qu’il fallait bien déterminer le rapport de force.

Vous comptez faire ça souvent ?

Non… à moins que Zaffira ne veuille le changer mais moi il me va.

Ah non, moi ça me va aussi.

Satisfaite, je fixe la mutante qui n’a toujours pas l’air convaincu mais semble avoir laissé tomber.

C’est bon du coup ?

A vous de me dire. Vous allez vous tenir tranquilles maintenant ?

Oui-oui…

Pareil.

Dio mio…

La mutante semble tellement au bout de sa vie mais je ne comprends vraiment pas pourquoi, haussant les épaules à l’intention de l’autre dragonne.
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Message  Alexstrasza Sam 20 Jan 2018 - 3:43


Alors que le serveur nous sert tour à tour, je ne peux m’empêcher de regarder la mutante à mon côté, laquelle réceptionne sa petite carafe et son bol. L’autre dragonne et moi-même ne sommes pas de bons éléments de comparaison, notre espèce mangeant plus que la plupart des autres, mais le vieil humain qui nous a invité ici a également une bonne assiette, probablement liée à sa bonne panse même si je n’ai jamais trop compris comment fonctionnait l’engraissement chez son espèce. Les bouillons de pattes ont toujours été l’une des choses les plus déprimantes à mes yeux et il n’y a même pas de pattes dans la commande de la mutante, laissant sa place quasiment vide alors que nous nous apprêtons à engloutir une bonne partie d’un bœuf. J’ai parfois l’impression que je me comprendrais mieux avec le vieil humain qu’avec elle, alors que nous ne parlons aucune langue commune. Et la mutante ne met pas longtemps à me retourner mon regard incompréhensif.

Un problème ?

Il me faut quelques secondes de réflexion pour trouver mes mots, attirant l’attention de la tablée alors que ce n’est vraiment pas moi qui devrait être choquante.

Tu… ne manges vraiment pas ?

Effet de ma mutation. Je mange très rarement, privilégiant de la photosynthèse.

Ah… d’accord…

J’ai eu l’éducation de la Justice League, la différence ne me pose aucun problème même quand elle me dépasse complètement. Les herbivores, qu’ils préfèrent s’appeler végétariens ou vegans, je peux concevoir mais ne pas manger du tout… pour une plante à la limite mais pour un animal, c’est très étrange. Il n’y a cependant aucun mal à cela, à part peut-être celui de crâne que je me fais à essayer de conceptualiser.

Mais même pour le plaisir, tu ne manges pas ?

La mutante sourit d’amusement pendant que l’autre dragonne explique à son père adoptif ce qui se passe en cette langue maternelle à tout le monde ici, sauf moi. Mais moi c’est vraiment cette histoire de ne pas manger qui me fait cogiter.

Si, mais c’est plutôt des cochonneries à l’occasion que des diners au restaurant.

Et dire que je trouve ça triste quand je suis la seule à avoir ma gamelle vide parce que j’ai fini avant tout le monde… toi t’as même pas de gamelle.

Je n’arrive même pas à savoir si je dois compatir, ce que je fais autant que je peux, ou non. Le rire du vieil humain ramène cependant mon regard à lui, surtout qu’il se suit de paroles en italien qui m’échappent complètement mais font également rire l’autre dragonne puis répondre la mutante. Réponse en italien, toujours. Réponse qui fait pâlir le vieil humain avant que la mutante ne le rassure. C’est donc à mon tour de me faire expliquer les échanges.

Mon père trouve ça incompatible avec notre culture d’être une petite mangeuse, que sa mère devait être bien déçue à chaque repas. Amanda lui explique qu’elle a été élevée par les services sociaux et que, si ça surprenait, personne n’a jamais commenté.

J’acquiesce plusieurs fois, pour me convaincre autant que pour convaincre les autres que je suis convaincue. Chose qui ne m’empêche pas de pencher la tête sur le côté par la suite, marquant ma perplexité.

Quoi ?

Mais t’as jamais faim du coup ?

Non. Par contre j’ai souvent soif.

Tu te remplis l’estomac de flotte pour pas sentir la faim ?

Non. Même si je mange de temps en temps, j’ai pas réellement besoin de le faire.

D’accord… et ça te pose pas de problèmes quand les autres mangent autour de toi ?

Non. On s’y fait.

D’accord… bon appétit alors.

Tout le monde s’en va sur son assiette, ou son verre, et je m’empare de la serviette fournie par le restaurant pour me la mettre au col et l’étaler tant que possible. Cela fait, je déchire de la fourchette et du couteau un bon morceau de viande puis le porte à ma bouche pour gobage immédiat, tendant le cou et penchant légèrement la tête en arrière. Plusieurs s’en suivent avant que les pouffements de l’homme ne m’interrompent. Accoudée l’index sur la tempe, la mutante me regarde avec amusement pendant qu’il parle à l’autre dragonne qui ricane à son tour. Un bout de barbaque dans le bec, je les regarde tour à tour et note que mon homologue a adoptée une manière bien plus humaine de manger que moi.

Je mangeais comme toi avant et ça a été tout un défi de me faire manger correctement.

Mais j’utilise les couverts pourtant…

Sauf que tu ne mâches pas. Tu déchiquettes et tu gobes.

Ben oui. J’ai toujours trouvé que macher c’était une perte de temps, pas pour rien que nos mâchoires sont pas faites pour ça.

C’est pour ça que tu finis toujours avant les autres.

Et que tu t’en fous partout.

Du nez, la mutante désigne ma bouche et mon menton marqué de sang et de matière grasse, chose que je ne sens pas vraiment mais dont je me doute parfaitement. Et n’en perçoit pas le mal.

Oui, je sais, c’est pour ça que j’ai la serviette.

Il ne sert à rien de l’avoir à côté de soi sur la table, même si je comprends que la mutante n’en ait pas besoin puisqu’elle se contente de boire, mais j’estime en faire un parfaitement bon usage en tant que bavoir. Après, un regard me renseigne qu’en effet la serviette en papier du restaurant n’a pas la durabilité de celles de tissus et je comprends un peu mieux l’amusement… enfin, sauf si je l’interprète mal.

T’utiliseras la mienne en renfort, ok ?

D’une main, la mutante me tend son bout de papier et je le prends avec le sourire. Alors que je la remercie, le vieil humain recommence à s’exprimer en italien à l’attention de nous trois et c’est l’autre dragonne qui lui répond. A défaut de comprendre, je saisis les mots Marina di Palma, ville touristique au sud de la Sicile où nous nous trouvons actuellement, et Castello di Montechiaro, au sud duquel nous avons une crique à visiter. J’en déduis donc que ma cadette expose les raisons de notre venue sur le territoire de son enfance et m’avance pour y participer.

Monsieur Fiordaliso, je suis ravie d’avoir rencontrée Zaffira et de l’avoir dominée. Votre ville est peut-être très belle mais votre fille et son histoire m’intéressent bien plus.

La mutante avale de travers la gorgée de thé qu’elle était en train de prendre, toussant un instant avant de regarder l’autre dragonne.

Bonne chance pour traduire ça, Fira.

Je regarde un instant la mutante, penchant la tête sur le côté d’incompréhension et me disant que je vais finir par avoir un torticolis avec cette histoire. Ma cadette fait cependant la traduction, prenant son temps afin de mieux choisir ses termes que moi, et je renchaine ensuite.

Vous devez comprendre que la découverte de Zaffira est étrange. Comparée à la reproduction humaine, la notre est… compliquée.

Tu vas parler de ça à table ?

Oui pourquoi ? C’est pas bien différent de faire des œufs à la coque.

Mener un œuf de dragon à l’éclosion n’est pas une mince affaire : en plus de n’être fertile qu’une fois par an à partir de notre maturité, il nous faut trois à six mois après saillie pour pondre deux à cinq œufs qui doivent être placés dans un endroit suffisamment chaud, généralement des flammes, durant neuf à dix-huit mois avant d’éclore. Je n’ose même pas imaginer comment faisaient nos ancêtres incapables de cracher du feu, sans doute devaient-ils couver à la manière de poules ou de manchots. Mais puisque cela ne semble pas de bon goût de l’expliquer, je préfère passer à la suite.

Pour résumer, l’investissement nécessaire à l’éclosion fait que, même si on décide de laisser nos dragonnets livrés à eux-mêmes, on garde généralement un œil sur eux. Si on n’en veut pas, on peut dévorer les œufs ou on peut les conserver pour plus tard. Il faut savoir le développement embryonnaire peut se faire même des siècles après la ponte, tant qu’il est dans les conditions adéquates, donc on peut attendre une meilleure situation pour les élever.

Avoir grandi dans un centre d’études de l’Hydra puis avoir été rééduquée auprès de la Justice League m’a donné accès à de nombreux savoirs, à défaut d’avoir eux un quelconque parent pour m’en faire part.

Mais, là où Zaffira a été trouvée, il n’y avait aucune trace de nid ou de couvée et, pourtant, elle était suffisamment proche de l’éclosion pour venir au monde sans avoir à être de nouveau placée dans les conditions de développement. Au moins l’un de ses parents a du l’en retirer au dernier moment. Cependant, il n’y a jamais eu trace de ce parent non plus..

Lorsque je suis venue à la rencontre de mon homologue, je ne pensais pas que son histoire d’avant l’éclosion soit très différente de la mienne ; si ce n’était que c’était l’un de ses géniteurs, non des humains, qui lui ait permis d’éclore. Mais entendre son histoire et les interrogations qui l’ont accompagnée toute sa vie m’a motivé à l’aider à trouver des réponses.

Le vieil humain acquiesce une fois que l’autre dragonne a terminé la traduction puis interroge à propos de "l’Alleanza dei Championi". La mutante rigole avant de répondre tandis que ma cadette se retourne vers moi.

Il a demandé si c’était une affaire officielle de l’ACE.

Et je lui ai répondu que l’affaire officielle était de vous surveiller pour que vous ne fassiez plus de bêtises.

Mais on n’a pas fait de bêtise ! Vous quand vous vous rencontrez, vous vous serrez la main. Nous on se teste. Nous en empêcher c’est nous discriminer.

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Message  Alexstrasza Dim 28 Jan 2018 - 8:00


Les bruits des mouettes affolées couvrent ceux des vagues qui se brisent contre les rochers ou s’écoulent sur le sable. L’ombre responsable de cela passe et repasse sur les falaises délimitant cette crique ; falaises qui rendent difficile l’accès à la plage par la terre et dont les extrémités, écroulées, forment des récifs rocailleux compliquant l’accès par la mer. Non loin de l’éboulement le plus au sud, l’un des flancs de falaise est percé de l’entrée d’une grotte d’où s’extirpe une autre ombre, plus petite, qui commence à faire des ronds dans le ciel à l’instar de la première. Cela ne m’étonne pas que ma cadette ait choisi ce lieu pour faire son antre puisque, après tout, c’est ici que son œuf a été trouvé une trentaine d’année plus tôt. J’ai voulu venir ici pour essayer de trouver des réponses.

Arquant l’échine, je quitte les vents ascendants et me dirige vers la bande de sable, lequel s’envole en tourbillons lorsque je cherche à me stabiliser en vol stationnaire quelques mètres au-dessus de lui. Je n’ai jamais vu le vent saharien mais suppose qu’il doit être moins tempétueux, considérant combien les quintes de toux me parviennent. Afin d’y mettre un terme, je cesse de battre des ailes et tombe simplement sur mes quatre pattes, soulevant un ultime nuage de sable pour cette fois. La toux continue alors qu’une silhouette se dessine à travers les grains, battant des mains devant son visage et pestant en la langue locale.

Oses me dire que tu ne l’as pas fait exprès… tu as ce que tu voulais au moins ?

La mutante essaie de prendre le soleil, pouvant le fixer directement grâce à des membranes nictitantes de manière analogue à ce que nous pouvons faire. Après, nous ne sommes pas capables d’en user pour nous nourrir, contrairement à elle, mais nous stockons la chaleur et aimons donc lézarder également ; cependant, là n’est pas l’objectif actuellement.  

Non.

Ma voix est identique à celle que je possède sous forme humaine, si ce n’est qu’elle est bien plus puissante sous ma forme véritable. Repliant les ailes, je relève la tête et m’assois auprès de la mutante, histoire de surplomber celle-ci d’environ quatre fois sa propre taille. Ma seule tête est presqu’aussi grande qu’elle et bien plus large, incapable de l’avaler en un coup mais devant pouvoir le faire de la tête aux chevilles, ce qui explique pourquoi humains et dragons n’ont jamais été en bons termes. Je sens une tension chez mon interlocutrice, même si elle se tient. Je ramène ma queue contre moi de façon analogue à un félidé avant de poursuivre.

Pour moi, ce lieu est semblable à beaucoup d’autres sur cette côte. Rien ne me permet de comprendre pourquoi ici et pas ailleurs.

L’isolement pourrait être pris en compte mais les humains ont réussi à trouver l’œuf et il est lieux plus difficiles d’accès dans les villages alentours ; villages réagissant mieux à la présence de deux dragonnes, par habitude d’avoir l’une d’elle, que ceux environnant le lieu de notre rencontre.  

Ma cadette s’en vient se poser à mon côté, arrosant de nouveau de sable la mutante comme moi-même malgré qu’il y en ait moins à faire voler ; tant parce que j’en ai déjà beaucoup remué que parce que l’adolescente draconienne fait environ la moitié de ma taille, envergure incluse. Une fois assise à son tour, elle me regarde pour me parler.

Je n’en sais rien non plus. J’ai longtemps cru qu’au moins un de mes parents, sans doute celui qui m’avait laissé là, gardait un œil sur moi. Puis, avec le temps, j’ai compris que c’était Toma Fiordaliso mon père.

La famille n’est pas une notion que notre espèce partage avec les humains et affiliés mais notre éducation nous a imprégné de cette culture. Les couvées grandissent ensemble car le besoin de sécurité et de protection est plus fort que le désir de liberté et d’indépendance mais elles se séparent et coupent généralement tout lien dès que leurs membres entrent dans l’âge adulte ou se considèrent assez robustes pour survivre seuls ; une chose qui, avec le recul, m’a facilité l’acceptation de la dissolution de la Justice League. Ma cadette n’en est pas encore à ce stade de vie là, cependant, et je doute qu’elle les coupe. Je ne l’ai pas fait, moi.

Une famille n’est pas quelque chose de naturel, c’est un lien qu’on construit avec les gens.

Mais ça n’empêche pas les questions.

Nous nous tournons toutes deux vers la mutante, laquelle se dépoussière comme elle peut sans nous regarder. Malgré sa différence raciale, elle non plus n’a pas connue de famille de sang et j’ignore si elle a trouvé, ou simplement cherché, une famille d’affect. Pour la plupart des gens, c’est la même chose mais elle n’est pas la plupart des gens. Sur ce point, elle est plus proche de nous que d’eux. Nous avons nos différences mais aussi nos similarités.

Tu t’es posée beaucoup de questions ?

Un silence.

Pas vous ?

L’autre dragonne et moi-même échangeons un regard avant de nous retourner vers la mutante.

Pas tellement.

Le synchronisme avec lequel nous répondons la fait sourire mais elle devient rapidement triste, son visage aux paupières vertes s’en retournant vers le vide après un bref contact visuel. Ma cadette se met en mouvement pour la rejoindre, baissant le cou toujours marqué de mes mâchoires pour ne pas la regarder trop de haut.

Les autres se sont toujours plus interrogés que moi mais je suis curieuse d’avoir des réponses aussi.

Ecartant ma queue et avançant mes pattes, je couvre la distance en me couchant sur le sable chaud, ne faisant plus que pratiquement trois fois la taille de la mutante et rejoignant l’autre dragonne dans son ouverture.

Moi je faisais parti d’un trésor, je n’aurais jamais éclos s’il n’avait pas été pillé. Mes géniteurs sont probablement morts et je n’ai plus de liens avec ma couvée.

Et vous n’avez jamais envisagé d’être apparentées ?

Mon cou se redresse alors que ma tête se penche sur le côté avec une nouvelle simultanéité par rapport aux actions de l’autre dragonne, dont le crâne penche du même côté que moi. Nous ne tardons pas à regarder le museau de l’autre également, puis en revenons à la discussion.

Nous l’aurions senti.

Vous avez un sixième sens pour ça ?

Non, quelle idée ?

Comme pour les autres espèces, l’odorat nous permet de détecter la compatibilité génétique, afin d’éviter la consanguinité. Nous ne sommes pas proches, génétiquement.

D’où la différence de couleur et d’ailes.

Les membres de ma couvée avaient tous une couleur différente, c’est comme vos pilosités. Et nous sommes tous en capacité de nous reproduire depuis une douzaine d’années environ, Zaffira ne peut pas être la progéniture de l’un d’entre nous.

La mutante acquiesce puis croise les bras, réflexive. De mon côté, je tourne le regard vers ma cadette, désignant du museau ses ailes.

Mais sinon, c’est vrai : je n’avais jamais vu de dragon à plumes avant.

Et moi de dragon tout court. Mais je connais un ours magique, c’est bien aussi.

Je ne peux m’empêcher de ricaner, ne lui donnant tord malgré ma préférence pour notre espèce. Cela ne nous avance pas cependant et je crains que venir ici soit inutile. Outre que je suis trop grosse pour rentrer dans l’antre de ma cadette, je ne vois pas comment trouver des indices de son histoire vingt ans après, puisque l’environnement ne m’en offre aucun.

Fira, tu as bien dit que l’année où tu as été trouvée, le sirocco avait été très fort. Peut-être que le nid d’où tu viens n’est pas ici, pas même en Sicile. Peut-être que ton parent a utilisé le vent saharien pour traverser la méditerranée.

Si je pouvais sourire, je le ferais face à la perspicacité de la mutante ; à défaut de savoir que c’était une bonne idée, c’était une bonne idée de l’encourager à participer plutôt qu’à lézarder. Cela laisse beaucoup de questions sans réponse, voire en pose de nouvelles, mais c’est une piste.

De norme, un dragon adulte peut faire quatre cent kilomètres en une journée de vol. Avec l’aide d’un vent favorable la traversée doit être faisable.

Et partant du principe qu’il a volé tout droit, on peut donc supposer comme point de départ Malte, ou plus probablement la Tunisie ou la Libye.

La dorsale tunisienne, le Sahara ou le massif du Tibesti ont la bonne topographie pour abriter des dragons.

Poussant sur mes pattes, je me relève sans trop me redresser puis entreprends de contourner les deux autres afin de faire face à la mer.

C’est là-bas qu’on va se rendre. Laissez-moi quelques instants pour marquer cet endroit et je serais prête.

Marquer, magiquement ?

La curiosité de ma cadette pour la magie se perçoit aussi clairement dans sa voix que dans son attitude, son cou relevé et sa tête me suivant avec attention. Elle n’avait pas la moindre idée des capacités magiques de certains membres de notre espèce avant de me rencontrer et, malgré qu’elle n’ait aucune magie à utiliser elle-même, elle éprouve à présent une grande fascination pour la canalisation des énergies dimensionnelles.

Un instant toutes les deux. On ne peut pas se rendre "comme ça" dans un autre pays.

Nous reprendrons nos formes humanoïdes une fois sur place. Ne t’inquiète pas, nous saurons être discrètes.

Sans remettre en question votre "discrétion", c’est surtout de se rendre illégalement dans un pays dont je parlais. Surtout un pays qui n’a pas de contrat avec l’Alliance, ce qui pourrait être vu comme de l’ingérence.

Retournant la tête vers la mutante, je la fixe longuement sans rien dire. Mes dents sont visibles même quand ma gueule est fermée tandis que les crêtes membraneuses de mes bajoues se collent à ma gorge, laissant le soin de faire se tendre mon interlocutrice même si elle ne cesse de me faire face également. Je ne suis pas menaçante, ou tout du moins je n’essais pas de l’être, néanmoins mon sentiment de résolution parait et il est inconfortable d’aller à son encontre. Visiblement, c’en est au point que l’autre dragonne cherche à intervenir à son tour, avançant à son tour.

Alex, Amy a décidé de nous surveiller mais ce n’est pas son territoire. Elle n’a pas le droit. Cela ne nous empêche pas d’y aller quand même.

Je n’accorde pas la moindre attention visuelle à ma cadette, continuant de fixer la mutante les membranes nictitantes dans les membranes nictitantes. Toutes deux protègent nos yeux de la morsure du soleil mais je dispose de deux autres paires pour protéger de la saleté et de toutes les autres morsures également. Un clignement de l’œil les dévoile et, même si seule celle protégeant de la lumière reste au final, c’est suffisant à faire déglutir la mutante.

Amanda di Lauro… refuses-tu vraiment une chevauchée draconienne ?

L’équitation n’est plus nécessaire à la société humaine, les montures mécaniques ayant remplacées les montures organiques, mais elle reste un sport populaire et noble, et un humain jugé sur un cheval aura toujours plus de prestance que ce même humain sur un motocycle. Mais parmi tous les animaux de monte que l’on peut trouver sur Terre et dans les dimensions qui lui sont liées, en est-il un plus majestueux que le dragon ? Je ne pense pas même si je ne suis pas objective là-dessus.

Non mais…

Mais non. Cesse de t’inquiéter. Au pire, on demandera poliment à un douanier de nous laisser passer. Sous forme véritable, crois-moi qu’il ne refusera pas…

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Message  Alexstrasza Dim 4 Fév 2018 - 8:26


Malgré le vent autour de nous, nous parvenons à nous entendre sans trop de difficultés. Ma cadette et moi en faisons fit naturellement, filtrant les sons qui nous intéressent, tandis que la mutante dispose de sens améliorés, peut-être plus encore que les nôtres. Cette dernière est sur l’encolure de la seconde d’ailleurs, l’ayant préférée pour monture. Cela m’indiffère à la différence du sujet de discussion actuel, lequel me fait ricaner.

Si tu te réfères aux gravures médiévales, tu remarqueras que les dragons sont de la carrure d’un cheval de trait. Ce sont des adolescents ou des jeunes adultes généralement, comme Zaffira, et ils doivent vouloir jouer un peu avant d’en finir. Un dragon plus mature userait de son souffle et, soyons logique, quand quelqu’un chasse une créature qui crache du napalm, il n’y a pas plus stupide que charger vers elle avec un cure-dent, protégé par un toasteur et sur le dos d’un steak.

Pour moi, le chevalier en armure c’est un petit déjeuner complet : le cheval pour la quantité, l’homme pour la qualité, vu qu’il sera bien mieux cuit dans ses plaques de métal, et la lance de cavalerie au cas où il reste un truc coincé entre les crocs.

Game of Thrones a plus de chances en usant d’une baliste. Après, vaut mieux en avoir plusieurs. On peut couvrir la distance assez rapidement, surtout si on vole, du coup y’a pas le temps de recharger. Et, à moins de nous transpercer l’œil ou la gueule, le trait nous tuera pas d’un coup ; au mieux on se videra de notre sang par la suite mais la baliste elle y sera déjà passée.

Pas très héroïque mais ça marche. De toute façon, avec les humains normaux, l’héroïque ne marche pas vraiment en général ; pour ça que les gens qui y arrivent sont autant admirés. Beaucoup d’espèces animales préfèrent blesser leur proie et la laisser s’épuiser plutôt que de l’achever, ce qui se résumerait souvent à une nouvelle prise de risques pour elles. Les chasseurs humains tendent à abattre au plus vite afin d’éviter la douleur tandis que chez nous, cela dépend du caractère. D’avoir été éduquée par la Justice League, je n’aime pas faire souffrir et vise également la mise à mort rapide lorsque je chasse. De ce que j’ai pu observer en combattant ma cadette, elle me semble plus prompte à jouer avec ses proies. Mais ça n’est pas au niveau d’un chat non plus.

J’ai une amie qui m’a dit qu’il fallait faire du tir croisé : un appât, deux balistes, tu ne cherches pas à viser le dragon mais tu l’amènes sur ta ligne de mire. Tu rajoutes des cordes au bout de tes traits pour lui enlever sa mobilité comme ça si la chute le tue pas tu peux recharger et l’achever.

Je crois voir de qui tu parles. Elle se prend pas pour un chat des fois ?

Régulièrement.

Les chats…

Quoi, tu n’aimes pas ?

Ça va. Ils sont tendres, doux et ils se gobent en un coup. Juste qu’ils sont vicieux.

Le facepalm de la mutante me conduit à diriger l’un de mes yeux vers elle, surprise que je suis de voir son gant de molécules instables lui arriver sur le visage à une telle vitesse. Celle de notre vol n’est pas plus élevée qu’une voiture en ville et j’ai la forte impression que, si elle se laissait aller, la mutante serait bien plus rapide que nous. Pas suffisamment pour courir sur l’eau salée qu’on survole mais quand même, ça serait une course intéressante à faire. Après, ce n’est pas en glissant du coup de l’autre dragonne qu’on sera fixée hors, comme la mutante chevauche à cru, elle ferait mieux de rester bien accrochée. En plus, comme c’est elle qui porte le sac dans lequel se trouvent nos vêtements, cela serait chiant qu’elle tombe à l’eau. Mais c’est peut-être déjà chiant pour elle, quand on voit la tête de l’ancien sac d’école d’une dragonne adolescente s’étant fait passée pour une humaine adolescente.

Terre.

Je retourne mon attention vers ce qui se trouve devant moi et constate en effet que nous approchons d’une côte dont mon regard est capable de voir la largeur. Ma tête se penche sur le côté d’incompréhension et ma direction subie un à-coup sous ce geste naturel mais peu approprié. Je me reprends bien vite afin de ne pas finir à l’eau et entreprend de gagner un peu d’altitude pour avoir une meilleure vue.

Ce doit être Pantelleria. L’île est constituée de la partie émergée d’un complexe volcanique et d’un rift sous-marins. Si on est là, c’est qu’on est à plus de la moitié du trajet. Il nous reste 72km avant la Tunisie.

Sérieusement ?

Oui.

Je regarde de nouveau la mutante et l’autre dragonne, atterrée au point que mon homologue le remarque.

Alex, ça va ?

Île volcanique isolée, vents omniprésents, probablement des territoires cultivables et une très faible population humaine… pourquoi tu m’en as pas parlé ? C’est parfait pour un antre voir un nid, ici !

Les cornes qui font office de lobe auditif à ma cadette se baissent de façon parfaitement significative et ses excuses sont acceptées. La surprise me motive plus que de véritables reproches, je n’engueulerais personne de ne pas connaitre la géographie d’au-dehors de ses territoires vu que c’est mon cas. Et que je n’ai jamais connue ni la géographie de l’Allemagne ni celle des Etats-Unis, la Justice League ayant autre chose à m’apprendre.

L’île semble avoir conservé un aspect relativement sauvage autour des deux cheminées visibles tandis que la zone urbanisée se concentre sur son nord-ouest et que le reste des terres est plutôt dédié à l’agriculture et à l’élevage. C’est un terrain idéal pour qu’un des miens y établisse son territoire et, s’il n’est pas pris, j’y poserais bien ma patte.

Le volcan produisait des éruptions explosives avec des coulées de lave mais il n’y a plus d’éruptions aériennes depuis environ dix millénaires. Par contre des éruptions sous-marines ont été enregistrées au XIXe.

D’accord.

Arquant le cou, je diminue mon altitude à destination de cette terre.  Je prends une grande inspiration et replis mes ailes contre moi quelques instants avant d’heurter la surface de la mer dans une grande éclaboussure. Mes membranes nictitantes protègent mes yeux et j’y vois clairement. Pattes contre moi, j’ondule afin d’avancer en observant l’onde faire bouger les algues et fuir les poissons. L’eau est chaude et c’est justement les sources de ces chaleurs que je cherche, brouillant la mer comme un petit geyser. Comme ma cadette doit l’expliquer à la mutante en ce moment même, si les éruptions sont sous-marines alors l’éventuel occupant de cette île doit y avoir un accès. Comme me l’indiquait la présence des arbres favorisées sur un flanc et non l’autre, la lave extérieure devait couler dans la direction que j’explore ainsi construire l’entrée sous-marine de son antre de ce côté, où elle risquerait d’être recouverte par les coulées successives, permet d’accéder plus rapidement au côté chaud. Même si les éruptions sont principalement sous-marines, il est probable qu’un dragon intelligent en ait tenu compte au cas où. Je suis donc du bon côté, logiquement.

Pourtant je tourne durant longtemps entre les cheminées, ce qui ne me dérange pas bien au contraire, mais je me rapproche toujours plus des côtes et ne trouve rien qui ne puisse correspondre. Ce n’est qu’une question de temps, je le sais, et je continue donc sans crainte jusqu’à ce que ma cadette ne me rejoigne à son tour. La mutante n’est plus sur son dos et, du museau, elle m’encourage à remonter. Cessant de nager pour lui faire face, je penche la tête sur le côté pour indiquer mon incompréhension et elle tend le cou en avant puis remonte la tête à la manière d’un serpent. Elle a trouvé quelque chose et je la suis donc, émergeant rapidement non-loin des falaises percées de cavernes qui constituent cette face de l’île. Le grondement sourd de ma gorge exprime mon mécontentement face à une cadette au port de tête moqueur.

Nous replongeons toutes deux pour prendre suffisamment d’élan sous l’eau afin de pouvoir user de notre sortie comme point de décollage. Projetées à une cinquantaine de kilomètre-heure dans les airs dans un geyser d’eau salée, nous déployons nos ailes pour prendre notre envole et, cela fait, je fonce attraper la queue de l’autre dragonne pour me laisser tomber ; son couinement surpris est des plus satisfaisants. Le choc est rude tandis que le regard que me lance mon homologue une fois immergée l’est tout autant. Je tire une nouvelle fois sur sa queue pour la faire descendre alors que ça gueule s’ouvre, crocs au clair. Au ralenti, mon aile tape dans son menton plein de petites cornes, la lui faisant fermer dans une expulsion d’eau et de bulles, alors que j’ouvre la mienne et profite de l’ouverture pour m’en aller saisir de nouveau sa gorge. Ses pattes avant se tendent pour m’en empêcher ainsi je m’en saisi d’une pour continuer de couler ma cadette. Mes propres pattes s’en viennent ensuite prendre appui sur elle pour la pousser vers le fond alors que je m’en retourne vers la surface mais cela signifie que c’est à mon tour d’avoir un dragon au bout de la queue.

Une demi-heure plus tard environ, nous nous envolons toutes deux non loin d’une sorte de phare servant à prendre des photos de ce qui doit être la Punta Spadillo, puisque c’est marqué sur la bâtisse légèrement délabrée, et les humains en tenues de vacances qui s’y trouvent semblent ravis du spectacle. Beaucoup plus que la mutante, même si celle-ci s’est allongée dans l’herbe non loin et nous regarde avec un visage blasé. Elle n’a qu’une seule chose à déclarer alors que nous nous posons prêt d’elle, se redressant afin d’être assise.

Vous savez qu’on est toujours sur le territoire de l’Europe…

Ma seule réponse conduit la mutante à se relever encore plus vite puisque je m’ébroue de toute ma taille histoire d’arroser au plus loin possible. Aucune de mes goutes d’eau ne la touche cependant, son image se floutant alors qu’elle recule avec une célérité surhumaine. J’ignore si elle l’a fait exprès mais, autant elle est parfaitement sec, autant le sac qu’elle a laissé sur place…

Nos fringues sont trempées maintenant !

Oui, j’en suis à la même constatation et regarde donc ma cadette dont l’air de chien battu est encore renforcé par le fait qu’elle dégouline. Mains sur le bassin du fait de l’absence de poche de sa combinaison noire, la mutante revient vers nous avec sérieux. Les flashs des humains crépitent autour de nous, ceux-ci nullement affolés mais gardant une certaine distance malgré tout. J’accorde la même ignorance aux touristes qu’à la garde-folle et m’en vais m’approcher de la falaise et de la plus grosse caverne qui la perce, située à une dizaine de mètres.

Il y en a une autre qui pourrait permettre le passage d’une boite à conneries de ta taille environ 200m à l’ouest et une troisième peut-être 400 à l’est. On les a repéré pendant que tu barbotais.

Tâchant d’être prudente à mesure que je me rapproche du bord, je finis par me coucher sur mes pattes et passer la tête dans la caverne, observant celle-ci à l’envers. Elle n’est pas bien profonde, la faible luminosité me permettant d’y voir parfaitement et mon radar m’indiquant son fond au-dessous de l’eau.

C’est pas celle-là !

L’écho me surprend et me perturbe un peu, brouillant mon radar alors qu’il répète mon « là ». Avant qu’il n’ait fini de le faire, c’est mon cri de surprise qu’il reprend mais je n’entends pas non plus la fin, transperçant de nouveau la surface de l’eau après que l’autre dragonne m’ait foncé dans le train arrière. Pou pou pidou… cette fois c’est la guerre.

Ressortant ma tête de l’eau, j’ai tout loisir de voir la queue de l’autre dragonne dépasser de la falaise comme d’entendre la mutante l’engueuler. Je n’attends pas de connaitre la fin pour relâcher mon souffle en une colonne d’huile enflammée qui s’en va partiellement se coller à l’arrière-train de ma cadette, chose lui étant indolore mais parfaitement désagréable d’après sa tension soudaine. Alors qu’elle ce retourne, c’est à mon tour de subir la vindicte de la mutante.

Alex !

Ma cadette saute de la falaise, pattes en avant.

Fira !

Le choc est bien violent, éclaboussant et faisant trembler les roches autour. Nous avons pattes, quand nous nous tenons sur les arrières, et c’est donc avec le support de la topographie que nous reprenons notre affrontement. Ma masse supérieure me permet de pousser ma cadette sur le dos, heurtant la paroi de la caverne, et une fois encore mon aile s’en vient protéger ma gorge d’un assaut de la gueule.

Vous faites chier les filles là !

Avec les échos, l’engueulade comme le combat semble encore plus épique. Un coup de queue fort bien placé me fait vaciller sur le côté, déséquilibrée, et c’est donc du flanc que je m’en vais écraser l’autre dragonne une fois mes quatre appuis retrouvés. Ses dents s’en viennent sur mon aile de manière douloureuse. Quelques chocs m’indiquent des chutes de pierres mais je n’y fais pas vraiment attention.

Vous êtes consignées sous forme humaine jusqu’à, oh les connes !

De toutes mes forces, je presse afin d’écraser encore plus ma rivale et de la forcer à me lâcher, moyennant une belle trace de morsure probablement.

Allontanate tutti !

L’écho du "tutti" n’est pas terminé qu’une partie de la grotte nous tombe sur l’écaille, nous surprenant toutes les deux et nous interrompant de façon relativement efficace. Mon aile s’étend au-dessus de ma cadette alors que l’éboulement nous tombe pleinement dessus. Cette fois, je veux bien admettre qu’on ait légèrement exagéré. Mais je suis certaine que la falaise n’est pas dans un pire état que la colline…
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Message  Alexstrasza Dim 11 Fév 2018 - 13:34


Le silence poussiéreux est uniquement troublé par les bruits de notre exploration. Les bagues-armures qui enserrent les doigts d’une de mes mains glissent sur les griffures qui lacèrent l’une des parois. La caverne devait être large d’une dizaine de mètres et haute d’une demi-douzaine à l’origine, ce qui correspond plus ou moins à ce que je fais sous forme véritable et me laisse supposer que le précédent occupant mesurait ma taille environ. Mes yeux luisant dans les ténèbres se dirigent vers l’autre dragonne, habillée de vêtements trop grands pour elle,  qui avance un peu plus loin que nous. La mutante, elle, reste en retrait. J’ignore si elle perce les ténèbres aussi bien que nous, c’est plutôt probable considérant ses sens et les lignes luminescentes sur sa combinaison, mais je sens son regard sur moi. Après l’éboulement, il était empli de colère mais il a changé lorsque j’ai repris forme humaine, en guise de bonne volonté, et que j’ai invoqué des fringues pour échapper à celles trempées. Si celles que j’ai prêtées à ma cadette sont civiles, je me suis parée de mon armure et elle semble avoir analogue effet sur la mutante que sur certains humains. Un effet que je préfère largement à son courroux, même si ce dernier ne m’effraie pas. J’ai admis mon tord pour le combat précédent, il n’y a pas eu de blessés à part les participantes et la police locale a été compréhensive aux explications d’une affaire de l’Alliance. D’accord, on a un peu raccourcie la falaise mais de toute façon c’est la mer que les gens regardent donc on s’en moque un peu. Surtout que ça ne change rien, cela fait bientôt deux kilomètres et demi qu’on marche dans la grotte.

Venez voir.

L’écho raisonne alors que la mutante et moi-même pressons le pas pour rejoindre l’autre dragonne, laquelle a atteint une première chambre bien plus large et partiellement dévastée. La cavité devait être naturelle, peut-être due à l’une des cheminées du volcan, mais elle est à présent partiellement ensevelie et les traces de griffes ou de broyage demeurent sur certains gravats. M’emparant d’un petit, je le porte à ma bouche pour m’assurer qu’il s’agisse bien de roche magmatique.

Je pense que le combat a opposé deux dragons. Les séquelles sont similaires à celles que vous avez fait sur la côte.

Tu vois qu’on l’a pas fait pour rien.

J’ignore si c’est le fait de répondre la bouche pleine ou si c’est le fait de dire ce que j’ai dit qui fait soupirer la mutante mais, à part cela, le silence poussiéreux est la seule réponse que j’ai. J’avale donc mon minéral, magmatique en effet, avant de poursuivre.

La plupart des antres ont plusieurs chambres, avec la première servant généralement à surprendre et embusquer les éventuels intrus ou à déposer les réserves de nourriture. Une autre doit être consacrée au repos et aux possessions du propriétaire.

Si l’on met aujourd’hui en doute le fait que les pies soient voleuses, malgré une pratique consistant à dérober les proies d’autres oiseaux, personne n’irait contester la kleptomanie des dragons. Après, contrairement au kleptomane, le dragon accorde de l’importance à l’appropriation et à ce qu’il possède, mais ça ne change pas grand-chose au final. Et, contrairement à la pie, le dragon ne fait pas une soixantaine de centimètres ni en longueur ni en envergure, pèse plus qu’environ deux cent grammes et vit plus que quinze ans. Les trésors constitués durant plusieurs siècles sont peut-être rarement à la hauteur des légendes humaines qui les concernent mais n’en restent pas moins imposants. Et, comme toute chose précieuse, on ne l’affiche pas dans l’entrée. A la limite, une petite partie pour appâter les voleurs et faire des embuscades mais le nombre d’humains nécessaire à satisfaire l’appétit d’un dragon adulte est généralement problématique à amené dans un antre. Ça passe mieux avec les adolescents et les jeunes mais on a déjà discuté de cela.

Je regarde l’autre dragonne, toujours en tête du trio, s’avancer dans les ténèbres et les humer profondément. Puisqu’elle me tourne le dos, j’ignore si elle use de sa langue fourchue mais je le fais pour ma part. Il n’est pas grand-chose à retirer des odeurs cependant, moisissure et autres champions étant les principales choses vivantes en ce lieu. Cela devait être beaucoup plus intéressant et beau lorsque le volcan était actif, même si je ne pense pas que le précédent propriétaire de cet antre l’ait connu.

Ça sent le souffre…

C’est moi.

La mutante se retourne vers moi, surprise un instant. Elle ne peut cependant contester que je sente le souffre et la pierre volcanique, c’est le cas. Tout comme elle ne peut contester que l’autre dragonne sente l’ozone et le sable. Lorsque l’on est sous forme humaine, c’est suffisamment léger pour que la plupart des gens ne s’en rende pas compte mais il n’y a pas besoin de sens surhumains pour le faire. Hors, la mutante a des sens surhumains.

Ça sent le gaz…

C’est Fira.

La mutante me fixe, blasée.

Alex, ta gueule. Vraiment.

Outrée, je me retourne vers ma cadette qui ne nous accorde pas la moindre attention, ne me soutenant nullement face à l’injuste de ma franchise sur nos odeurs corporelles. C’est facile de critiquer lorsqu’on se cache derrière déodorants et parfums mais la sueur a tellement d’informations à fournir que l’on devrait plutôt critiquer ceux qui se travestissent ainsi, c’est pire encore que le maquillage. Et je ne parle pas de celui discret visant à s’embellir ou à cacher la misère, je parle de celui présente au point qu’on puisse considérer qu’il s’agisse d’un déguisement ou d’un travestissement mal fait. Enfin, je n’en parle pas vu que j’accepte la demande agacée de la mutante afin de ne pas l’agacer plus.

Rejoignant l’autre dragonne alors que celle-ci met un genou à terre, je constate un instant après elle les larges sillons qui marquent le sol. Considérant leur parallélisme approximatif, il est aisé d’y voir des traces de griffes mais la longueur de correspond pas à un coup de patte, sans compter qu’il y a une dizaine de griffures profondément enfoncées et se rapprochant toujours plus. Inutile de beaucoup détail pour comprendre qu’il s’agit là des conséquences d’une tentative de s’accrocher au sol, sans doute lorsque le propriétaire des lieux a été trainé à son extérieur ou soumis d’une façon particulièrement douloureuse.

C’était pour ce tester, tu crois ?

Je ne saurais pas dire ce qu’exprime exactement la voix de ma cadette, cela me semble plus profond encore que de l’inquiétude. Je lui pose la main gantée sur l’épaule tout en la regardant fixer les lignes jusqu’à l’éboulement.

Ils n’auraient pas fait ça ici, si c’était le cas. Trop peu de place. C’était pas une histoire de soumission… désolée.

La chevelure bleue comme l’angle de vision cachent le visage de l’autre dragonne mieux que les ténèbres ne le pourraient. La mutante nous rejoint pour s’accroupir au côté de sa protégée alors que je regarde les marques s’arrêter à nos pieds. Jusqu’ici, nous savions ce que nous cherchions sans savoir ce que nous allions trouver. A présent, nous savons ce que nous allons trouver sans plus savoir ce que nous cherchons. Et, parmi ce cercle, Zaffira se découvre orpheline. Une chose dont Amanda pourra lui parler mieux que je n’y arriverais jamais. Glissant ma main au-devant de ma cadette, je m’avance en suite des lignes alors que les paroles en italien commencent derrière moi. Détaillant avec attention la paroi la plus proche, j’essais de percevoir s’il n’y aurait pas un tassement quelconque qui indiquerait une projection à l’encontre du mur et expliquerait que les marques s’arrêtent ici. Je dois avouer que l’une des autres explications ne me fait pas envie et j’entends le craquement osseux comme s’il était réel.

Constatant sans surprise que les lignes dans le sol conduisent au couloir suivant, je commence à entamer une formule magique en ventriloquie tout en étendant mes bras en avant, paumes ouvertes. Le souffre ardent que je crache se divise en suite de mes membres, s’en allant tracer un chemin illuminé sur ses murs jusqu’à aussi loin que je puisse voir. Deux boules de feu lévitant encore dans le creux de mes mains, j’en lance une au plafond afin d’éclairer également cette pièce.

Et tu n’aurais pas pu faire cela avant…

La mutante semble blasée mais, toujours en accord avec sa demande précédente, je ne lui réponds rien. Non seulement ma réponse semble évidente, ce qui signifie que ce n’est probablement pas le cas cela dit, mais en plus je suis occupée à maintenir ma pyromancie et surtout je constate le large impact sur le plafond. Voilà pourquoi les traces se sont arrêtées, l’ancien propriétaire des lieux a été expédié contre son toit avec une violence suffisante à ce que celui-ci soit encore fragilisé même après c’être pas mal écroulé. Une constatation qui me fait redescendre le regard vers l’éboulis, bien plus localisé qu’il ne devrait être. Comme si on avait entassées les pierres au même endroit. Les dragons ont une conception assez variable du ménage mais aucun d’entre eux n’aurait le doigté de déplacer des bouts aussi petits que celui que j’ai ingurgité tout à l’heure, c’est donc le travail de quelque chose d’autre.

Ma dernière boule de feu en main, je prends la tête du trio qui avance désormais en triangle. La mutante pourra penser ce qu’elle pense, chose normale d’ailleurs, mais avoir éclairée la zone la rend plus sinistre encore et je ne crois pas que c’est la meilleure chose à faire pour ma cadette. Néanmoins, cela permet de voir des choses que l’on n’aurait pu percevoir dans les ténèbres, même avec l’aide de notre sens radar. Si je me demandais ce qui avait bien pu ranger ce lieu après une bataille entre dragons, j’en ai maintenant la certitude : je sais lire les chiffres qui accompagnent un trait sur la paroi.

2500m… comme une borne kilométrique ?

Toujours occupée à murmurer mon sort de façon quasiment inaudible, je commence à marcher avec plus de vigueur pour sortir de cette ancienne chambre et atteindre la suivante. Le dénivelé ne tarde pas à grimper, les marques sur les murs continuant régulièrement. 2600m. 2700. 2800m. Nous y sommes, la seconde chambre, la chambre personnelle. Il y fait chaud et le clapotis d’une source d’eau n’y est pas pour rien, un léger lac se trouvant dans le fond d’une salle qui a du être conservée presque comme lorsqu’elle était occupée ; moyennant les échantillons prélevés et le pillage de tout ce qui pouvait s’emporter. Projetant ma boule de feu au plafond, je me dirige vers la marre dont je rêverais pour ma propre antre tandis que mes deux coéquipières m’emboitent le pas.

Comme je m’y attends, le lac n’est pas entièrement naturel et l’érosion n’a pas encore dissimulé toutes les traces des creusements effectués afin qu’il convienne mieux à une créature de mon gabarit. Alors même que je les désigne aux deux autres, je commence à avancer dans l’eau dont la profondeur monte progressivement mais ne dépasse pas le niveau de mes cuissardes. Avertie par mon sens radar, je dois de me mouiller encore plus et finis par plonger les mains dans l’eau bullante, lorsque je suis au pied de la crevasse par laquelle l’air chaud remonte des profondeurs. Ce que j’en remonte est beaucoup moins agréable à voir cependant et c’est les épaules basses que je le présente à Zaffira.

Une coquille brisée d’un bleu identique à celui de ses cheveux.
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Message  Alexstrasza Dim 18 Fév 2018 - 11:03


Ma cadette est assise, jambes dans le vide, sur la passerelle du phare délabré de Punta Spadillo. Elle regarde la mer, au-delà de la falaise que nous avons partiellement écroulée tout à l’heure, dont les flux et les reflux marquent le passage du temps de leurs bruits. Elle est perdue dans ses pensées, sans doute plus vastes encore que l’étendue d’eau. L’exploration de l’antre a apporté plus de questions que de réponses et, les secondes étant sinistres, les premières doivent être amères. Les avant-bras sur la barrière de sécurité et le dos courbé, la mutante la surveille en silence. Sur la vitre du phare, je vois le reflet de mon visage humain alors que j’observe celles qui sont ici par ma faute. Je ne savais pas ce que j’allais trouver et ne m’attendais pas à trouver quoi que ce soit, non dans le sens que l’on aurait rien trouvé mais dans celui que je n’avais pas réfléchi à ce qu’on pourrait trouver. Comme toujours, j’ai réfléchi trop tard. J’aimerai pouvoir croire que cela ne va rien changer à la vie de l’autre dragonne, qu’elle continuera son existence comme elle le faisait auparavant. Ça sera le cas, elle ne se laissera pas abattre par notre découverte aujourd’hui, cependant de nouveaux  fantômes l’accompagneront à présent. Des fantômes plus noirs que les précédents. Zaffira semble vraiment petite, ramasse sur elle-même comme elle l’est et portant mes vêtements trop grand pour elle. Je suis désolée.

Après un échange en italien, la mutante s’en revient à l’intérieur du phare et m’invite à la suivre dans l’escalier en colimaçon afin que l’on laisse notre cadette seule. Elle en a besoin. Bien qu’ils puissent vivre en famille quelques siècles, les dragons sont des créatures n’ayant aucun problème avec la solitude et, lorsqu’elle est se transforme en besoin pour un cœur humain, elle doit être d’autant plus vitale pour nous. Une marche après l’autre, je descends l’attraction touristique en suite de ma garde-fou et dans ce même silence qu’elle, uniquement troublé par les claquements de nos pas. Nous ressortons vite du bâtiment blanc jauni par le sable et la poussière puis en faisons de même avec son enceinte. A une cinquantaine de mètre de nous, en suivant le sentier de marche qui part du phare, se trouve le musée volcanologique ; une maison tassée, sans étage, dont les murs sont de pierre mais les fenêtres trahissent une modernité dissimulée sous cette volonté de traditionnel. Il est petit et, sans grand espoir d’y trouver de réelles informations, je tiens à m’y rendre au cas où l’on pourrait identifier des traces de dragons. Mais ce n’est pas encore le temps.

Quand on est jeune, on essaie de s’imaginer pourquoi nos parents nous ont abandonné. Quand on grandit, on finit par les abandonner à notre tour.

La voix de la mutante traduit une certaine paix avec cette déclaration, une paix que je ne partage pas lorsque je me retourne vers elle.

Je n’ai jamais eu d’intérêt pour mes géniteurs. Cependant, j’ai perdue ma couvée.

Je n’ai jamais vu mes parents, je n’ai jamais eu de parents. Ils n’étaient pas réels, pour moi. Je pense que ma cadette était dans ce cas, jusqu’à aujourd’hui.

Et comme tu ne l’as jamais retrouvée, tu veux aider d’autres à retrouver leur famille.

J’ai été adoptée par la Justice League. J’y ai des frères et des sœurs, des oncles et des tantes… mais, j’aimerai rencontrer de mes semblables également. Nous sommes si proches de l’extinction que nous ne sommes même pas au registre des espèces animales.

Tu chercheras au registre des espèces intelligentes, sait-on jamais qu’on se soit trompés.

Nous nous sourions en miroir, le trait d’humour étonnamment bien compris. La mutante met ses mains sur ses hanches, les lignes phosphorescentes de sa combinaison renvoyant aussi légèrement la lumière que les parties de cuivre de mon armure légère, tandis que les miennes restent le long de mon corps. Nous restons un instant face à face avant qu’elle ne conclue.

Fira ne te tiendra pas responsable pour ce qui c’est passé ici. Rappelle-t-en quand tu te tiens toi-même pour responsable.

Je m’apprête à répondre mais mon expression change alors que mes lèvres s’ouvrent. Tout comme la mutante commence à regarder par-dessus mon épaule, je me retourne pour percevoir de mes yeux ce que ma localisation aveugle a capté. Il marche seul, jeune homme de mon âge d’une carrure trapu et dont les cheveux, qui encadre son visage carré à l’œil droit balafré, sont aussi noirs que ses vêtements. Faisant face, ma mâchoire tremble un instant avant que je la referme tandis que mes épaules s’abaissent. Derrière moi, la mutante se tend et ses poings se serrent alors que son cœur commence à battre à tout rompre.

Inutile de chercher un coupable, n’est-ce pas ?


La voix profonde et caverneuse porte jusqu’à nous sans la moindre difficulté alors qu’il s’approche de nous, défaisant les boutons de manchettes de sa chemise pour en retrousser les manches. Ses yeux, enfoncés dans ses orbites et encadrant son épais nez, sont dissimulés derrière ses membranes nictitantes ; une chose qu’un clignement de paupière me permet de faire aussi et la mutante ne doit pas se priver d’en faire de même. Ses membranes nictitantes semblent de lave en fusion, à l’instar des miennes, mais son odeur de souffre et de pierre volcanique est bien plus forte que celle que je dégage ; au point d’être perceptible alors même qu’il avance contre le vent. Certaines personnes se tenant en ma présence peuvent se sentir écrasées, comme si elles faisaient face à une grosse masse invisible, puisque je peux dégager l’impression de quelque chose d’énorme ; je comprends ce que cela fait à sentir l’autre m’approcher. Je ne suis pas agressive mais m’identifie quand même face au seul de mes semblables que je ne souhaiterais pas croiser. Combien de temps depuis notre dernière rencontre ? Une dizaine d’année je dirais, peut-être un peu plus. Le temps suffisant à guérir les blessures qu’il m’a infligé, là où lui n’a jamais guérit au niveau de son œil droit. Dans mon dos, je perçois ma cadette venir se placer de notre côté du phare pour assister à la scène.

Reste-t-il quoi que ce soit de mon frère en toi, Noir ?

Serait-ce vraiment plus simple pour toi si je réponds non, Rouge ?

Malgré la force de nos voix pour nous entendre malgré les mètres qui nous séparent, nous avons le ton des personnes qui se retrouvent pour des funérailles, toute joie de nous revoir étant noyée par les circonstances de la rencontre. Ma tête se baisse légèrement alors que je déglutis, ayant obtenue une réponse qui fait mal. Je ne réagis pas vraiment lorsque l’autre dragonne saute du phare et reprend sa forme véritable pour faire trembler la terre sous son atterrissage, surplombant de sa taille et de son agressivité cette réponse qui se présente à nous avec une parfaite lucidité sur comment les choses vont tourner. A contrecœur, mes poings se serrent et mon corps se tend pour se préparer au combat.

Fira… souviens-toi de comment je t’ai battue.

Le claquement de mâchoire de ma cadette est une réponse suffisante mais déclenche un ricanement chez mon frère dont avant-bras et visage commencent à se recouvrir d’écailles. Plus petit de notre couvée, Neltharion a eu à s’entrainer pour nous égaler et compenser son infériorité physique par une maitrise sans commune mesure de nos capacités.

Fais-en de même, grande sœur.

Je veux le combattre. Je veux le combattre mais pas ainsi. Je veux le combattre comme j’ai combattue l’autre dragonne, pour se tester, pour s’amuser, pour savoir qui serait la chef, qui serait l’alpha. Je ne veux pas le combattre pour le blesser, pour l’arrêter ou le tuer. Lui non plus. C’est pour cela qu’aucun de nous ne passe à l’attaque. C’est pour cela que nous nous attendons tous les deux à ce que se soit la bleue qui ouvre le conflit. Mais sans doute sent-elle aussi que celui-ci sera sans commune mesure avec nos jeux précédents. Ainsi nous faisons-nous face, tendus, à attendre qui ferait le premier mouvement. Il faut moins d’une minute à ce que celui-ci se produise.

La poussière vole, soulevée du chemin par la course et emportée dans les airs par les vents marins. La trainée lumineuse est perturbante, traçant une ligne à mon côté jusqu’à mon frère en accompagnement d’un flou noir que je n’ai pas le temps de suivre du regard que déjà il s’accompagne du bruit de chocs d’une grande vitesse, quasiment supersonique. Mon frère n’a pas imposé un crochet de contre charge qu’il se plie en deux, heurté sur le flanc droit, sur l’arrière de la tête, sur l’arrière du genou gauche, sur le ventre, au menton, au nez, à l’épaule gauche, au poignet droit, au flanc droit de nouveau ou alors c’est le tourbillon de noir et de luminescence qui crée des illusions d’optique. Je ne saurais compter les coups qu’il reçoit en cette première seconde, je sais simplement que son corps se décale sous les impacts plus vite qu’il ne pourrait le faire de sa propre volonté. Je n’ai jamais vu Amanda di Lauro se battre avant aujourd’hui et je ne suis pas certaine que je pourrais dire l’avoir vu se battre après, tant je n’arrive pas à la suivre.

C’est sans doute un réflexe que de balayé autour de lui de son bras gauche mais mon frère ne termine jamais son geste, celui-ci interrompu et retourné contre lui alors qu’il chute genou à terre. Pendant une seconde, la Championne de l’Italie s’immobilise et accentue sa clé de bras afin que son adversaire en face de même. Il n’est cependant aucune douleur sur le visage balafré de mon frère, seule une rage qui lui fait briser la prise par sa seule force brute ; à moins qu’Amy ne le relâche, le bras n’ayant pas fini son mouvement que l’italienne a déjà reprise sa valse super-rapide. Mes lèvres se pincent et j’en viens à regretter ne pas avoir à le battre moi-même alors que mon frère croule toujours plus sur les coups, lesquels déchiquettes sans peine sa tenue à défaut d’outrepasser sa peau écailleuse. Je n’arrive pas à voir son expression, perdue dans la poussière volante comme la tornade floue dont les lignes lumineuses restent sur la rétine plusieurs secondes. Je n’arrive pas à entendre ses grognements, tous interrompus par la pluie de coups qui s’enchaine comme sur un punching-ball. Un punching-ball qui se recroqueville sur lui-même, cherchant vainement à protéger sa tête de ses avant-bras ou de quoi que ce soit d’autre.

Puis l’explosion arrive. Elle part du sol, contre lequel se trouve le visage de mon frère, et se répand de façon sphérique comme une bulle qui éclate ; une bulle dans laquelle apparait clairement la silhouette noire, non seulement projetée mais également incendiée. L’hurlement d’Amy est fort alors qu’elle brule vive, la molécule instable s’adaptant au feu qui colle à la combinaison, et j’ai à peine le temps de regarder l’italienne rouler dans les cailloux que l’autre italienne s’élance à l’attaque dans un rugissement. Elle fond sur la forme noire de mon frère qui, vêtu de flammes et d’écailles, se redresse en un uppercut lui épargnant la morsure qui lui était destiné. Tendant une main vers Amy, j’entame une incantation pour dissiper les flammes mais je ne l’ai pas finie que la forme bleue de Fira me fauche, lancée contre sa volonté.

Sonnée sous la masse de ma cadette, je constate que mon frère lui tient toujours la gorge d’une main, ayant visiblement sauté après l’avoir empoignée. Des écailles le couvre du bassin jusqu’aux épaules d’où s’échappent des excroissances et sa mâchoire inférieure a prise la forme de celle véritable, les crocs dépassant des lèvres et s’en allant jusqu’à la jointure en passant au travers des joues. Au sein de son front et de sa chevelure s’élèvent des cornes et ses yeux de lave contemplent un instant la gorge qui se trouve au bout d’une de ses mains griffues. Suivant son regard, j’aperçois les marques de morsure que j’y ai faites lorsque j’ai vaincu ma cadette. Sans une expression, mon frère passe sa seconde main dans cette cicatrice où les écailles ne sont plus là pour protéger le cuir et je vois ses doigts pénétrer les chairs voire peut-être même la trachée ou la carotide.

D’une force supérieure aux poids qui m’écrasent, je soulève ma l’autre dragonne pour la rejeter en arrière et retirer les griffes de sa gorge avant qu’elles n’y fassent trop de dégât. Alors qu’elle roule en arrière dans une grande éclaboussure de sang, le pied de mon frère m’heurte le buste au point de m’enfoncer dans le sol, vidant mes poumons de leur air. Prenant une inspiration sèche, je reçois son poing sanglant directement sur le front et sent mon crâne s’enfoncer un peu plus dans la terre. L’instant suivant, une colonne d’huile enflammée jailli vers le ciel, se maintenant plusieurs secondes afin de brouiller la vue le temps que je reprenne mes esprits. Je suis incapable de savoir si la main noire que je vois se rapprocher toujours plus de mon visage est une ombre ou est réelle jusqu’à ce qu’elle s’appose sur ma bouche, manquant de me faire ravaler mon huile. Le liquide dans ma gueule, je claque de la langue pour produire une implosion qui repousse un instant la main de mon frère mais l’impact de l’autre contre ma tempe arrive aussi sec.

Il pourrait me battre, enchainer les coups jusqu’à ce que je sois sonnée voir inconsciente, cela n’aurait même pas été un défi pour lui. Sa pression sur mon torse s’accroit un instant puis se relâche. J’essais de le regarder, de le voir au travers des flammes qui lui collent à la peau comme les feux de l’enfer sont sensés consumer son âme, mais il n’y a que sa voix que j’entends. Sa voix profonde et caverneuse, triste et douce.

Tu as toujours été plus douée pour aider les gens que pour les combattre, Rouge. Aides-les.

Il se détourne de moi, commençant à s’en aller par ce même chemin d’où il est venu alors que je roule sur le côté comme je peux. La tentation de l’attaquer, de profiter de son ouverture, est bien présente dans mon esprit mais il a raison. Il y a plus important à faire qu’essayer de gagner à tous prix et c’est pour cela que je tends la main en direction de la mutante, entamant mon sortilège. J’ignore jusqu’à quel point elle sera brûle mais cela n’importe pas : je pourrais la guérir. Ma cadette en revanche… je suis tellement désolée.
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Message  Alexstrasza Dim 25 Fév 2018 - 13:43


Mes pas raisonnent dans le satellite mais je n’y prête aucune attention. Il fut une époque où aucune coursive ni aucune salle n’était silencieuse ici. La Tour de Garde était notre maison, plus encore que le Hall de Justice. C’est toujours la maison de certains malgré que la quasi-totalité se soit éparpillée sur ce monde d’où elle venait. J’appartiens à cette quasi-totalité mais le marquage magique que j’avais fait ici y est toujours. Il m’a permis de venir trouver ces certains qui sont restés et qui pouvaient faire encore ce qu’ils avaient fait pour moi à l’époque : me sauver. L’Hydra est peut-être l’organisation ayant le plus de connaissance en matière de dragon, pour en avoir étudié des spécimens vivants au-delà de ce que ma famille adoptive n’aurait jamais accepté de faire, mais la Justice League n’en a pas moins des connaissances, récupérées de l’Hydra comme faites par elle-même. Reste à savoir si elles seront suffisantes à sauver ma cadette.

Au-delà de mon reflet sur la vitre, mes yeux regardent le vide qui me sépare des cieux. Après lui, la Terre si grande et si petite à la fois. On l’oublie facilement, perdu dans nos grandes métropoles où l’éclairage public défit les cycles solaires et occulte les étoiles, mais nous ne sommes que de minuscules êtres sur une petite planète dans un univers dont nous n’avons aucune idée de l’étendue ; dont nous n’avons pas la capacité de concevoir l’étendue. Je ne sais même pas si nous avons la capacité de concevoir ce qui se passe sur notre vaisseau terre et je fais partie des personnes qui n’essaient pas. Est-ce une question de facilité ? Peut-être. C’est plus facile de croire que de comprendre, d’écouter que de parler. Mes curiosités sont sages, elles sont dans la compréhension de l’autre et l’acceptation de nos différences. Mes objectifs sont simples, ils sont dans l’aide aux autres et la participation à quelque chose. J’ai une zone de confort rassurante et douillette où rien ne changera vraiment ma vie. J’en suis sortie. J’en suis sortie et ai fait sortir Zaffira comme Amanda des leurs…

Lorsque je l’ai laissée, la mutante était en état de choc. Ma magie et sa mutation ont permis à son corps de ne garder aucune trace de ce qui lui est arrivée mais les dégâts faits à sa psyché restent encore à évaluer. Sa combinaison en offre une bonne image : les molécules instables sont inchangées suite à la combustion mais les lignes luminescentes qui les clairsemaient ont fondu. Je garderais moins ce souvenir en mémoire que celui de la jeune femme chauve couverte d’huile tétanisée par la panique que j’ai trainée à travers mon portail de téléportation jusqu’ici. Mes études me permettent de savoir quels seront les symptômes de sa réaction aiguë au stress et je crains qu’ils soient aussi amplifiés que le reste de sa biologie. L’incohérence de son discourt comme de ses pensées seront pire du fait de leurs rapidités tandis que celle de ses gestes la rendra dangereuse pour elle-même comme pour les autres et cela alimentera l’explosion incontrôlable de ses émotions. Elle aurait de la difficulté à se concentrer sur autre chose que son traumatisme et fera tout pour éviter des situations pouvant l’y faire penser, y pensant du fait, tandis que son système nerveux sera hyperactif à cause du stress et de la détresse créée par son impuissance. C’est elle la psychologue de l’Alliance et, durant le prochaine moins, ce sera elle qui aura le plus besoin de suivi psychologique.

Lorsque je l’ai laissée, l’autre dragonne étant inconsciente. Mon frère n’a pas cherché à atteindre ce qui étant létal dans sa gorge, il y a plantées ses griffes de manière à déchirer chair et cuir sous les écailles pour immobiliser son adversaire sous la douleur. En tirant comme je l’ai fait, j’ai aggravée la blessure en retirant les doigts mais il n’y avait rien de mortel. Cela sera assez long à guérir, cependant, quand bien même le matériel de la Justice League s’assurera que ma cadette n’ait aucune cicatrice ou séquelle. Elle est anesthésiée et se repose tandis que les autres font leur travail sur elle. Je me souviens de ce que cela fait que d’être anesthésiée, on ne se sent pas partir ni se réveiller. Un instant, on est à un moment. L’autre, on est à un autre moment. On ne comprend pas forcément lequel, d’ailleurs. J’aimerai avoir quelque chose à dire à l’autre dragonne, quand elle se réveillera. Autre que des excuses. Le discourt sur la culpabilité est aisé à se remémorer et si je le comprends, je n’arrive pas à être d’accord. Parce que je n’arrive pas à m’empêcher de culpabiliser. Je ne veux néanmoins pas agir par culpabilité, cela aggraverait les choses. Cependant…

Je pousse un soupir, un long soupir. Il commence avant que je m’immobilise et se termine après que je me sois assise, le dos à la vitre. Voulant passer mes doigts armurés dans mes cheveux, je soulève mon diadème avant même d’avoir effleurées mes cornes. Doucement, je retire le premier pour en regarder les trois rubis polis ainsi que mes trois reflets en eux. J’inspire profondément, aussi profondément que je le peux, puis m’adosse complètement et sens mes cornes contre le verre, me conduisant à baisser la tête vers l’avant pour coller au mieux mon dos. Mes yeux se ferment.

L’Alliance des Champions de l’Europe ne tardera pas à intervenir à Pantelleria mais je pense qu’elle ne s’attend pas à trouver autre chose que ce que la Maison Hargreeves et l’Excalibur trouvaient auparavant : une base de l’Hydra vide. C’est une organisation criminelle, elle sait qu’elle gagne plus à se cacher et à agir dans son coin qu’à chercher la guerre ouverte. Plutôt qu’un héroïque dernier carré une fois qu’elle a été découverte, c’est l’évacuation vers d’autres bases qui est le plus utile et le plus économe en ressource. Oui, généralement les Super-Héros découvrent et détruisent les bases d’affilée mais c’est bien l’une des particularités de mon frère : il retient les Supers le temps que ceux qui ne le sont pas puissent s’enfuir. Il n’a jamais tué de Super-Héros, même s’il en a parfois laissé dans de sales états. J’aimerai qu’il comprenne qu’il n’est pas dans le bon camp mais j’ai déjà échoué sur ce point. Il sait que l’Hydra l’a endoctriné pour s’assurer sa loyauté mais il ne voit pas la différence avec la Justice League ; pour lui, les deux camps ont unifié des gens sous une idéologie au point qu’ils se considèrent comme une même famille, ce qui est exactement la même chose indifféremment de l’idéologie. Nos deux familles veulent améliorer le monde et c’est l’idéologie qui ma famille à m’acharner sur la sienne. Il se fait l’avocat du diable et le lui dire n’a entrainé qu’une réponse qui m’a marqué : "Dieu vaincu deviendra Satan, Satan vainqueur deviendra Dieu". A défaut de pouvoir le raisonner, j’espérais que son Satan, que Cthulhu, que ce démon qui a trop longtemps été mon âme, ait rongé Neltharion au point que je ne puisse plus reconnaitre mon frère. Au point que je puisse croire que mon frère soit mort. Je lui ai demandé. Il m’a répondu.

Mes paupières se rouvrent sur des membranes nictitantes aux couleurs de la lave. Mes mains retournent mon diadème pour qu’il vienne retrouver sa place. Mes jambes se plient pour que mes pieds touchent le sol et puissent me supporter lorsque je me redresse. Mon reflet m’apparait alors que je me tourne légèrement vers la Terre, à une distance que je ne saurais estimer. Au-dessous de l’atmosphère qui l’entoure et des nuages qui la couvre se trouve une mer que je ne saurais voir et une île plus petite encore. Sur cette île se trouve, cachée, un laboratoire comme celui dans lequel j’ai passée mon enfance. Dans ce laboratoire se trouve un être que je ne pourrais pas aider mais dont je veux essayer quand même, malgré tout. Et cet être connait les réponses au mystère que j’ai imposé à man cadette. Si je ne puis l’aider lui, si je ne puis arriver à ce que je veux moi-même, peut-être le puis-je pour celle que je voulais connaitre et aider. J’ai voulu rencontrée Zaffira pour de mauvaises raisons et maintenant elle en paie le prix. Je dois lui apporter les réponses aux questions qu’elle se pose à cause de moi. Non pour m’épargner la culpabilité mais pour faire les choses bien, pour être juste.

Reprenant ma marche, je cesse d’errer pour me diriger vers le téléporteur.
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Message  Alexstrasza Lun 5 Mar 2018 - 10:21


Dans leur mouvement de va-et-vient, les vagues se brisent sur les rochers d’une falaise elle-même brisée. A son sommet, un phare abandonné, tout droit sorti du passé. A son pied, un sentier de marche allant jusqu’à un musée volcanologique puis un parking et les deux routes qui mènent au reste de l’île. Entre l’attraction touristique et le muséum, le sentier est lui aussi brisé : les graviers ont été remisés sur le côté d’un petit cratère, l’un des murets de pierre à été renversé et des plantes alentours portent les traces d’un commencement d’incendie stoppé à temps. Un lieu hors du temps et des inquiétudes du monde, perdu dans la mer et isolé dans la civilisation, vient de recevoir une mise à jour violente. Les forces de l’ordre locales ont balisée la scène sans trop savoir quoi faire après cela et les citoyens locaux se mêlent aux touristes pour s’interroger sur ce qui est advenu. Je les regarde faire depuis l’une des fenêtres du musée. Mes yeux fendus verticalement sont dissimulés derrières d’épaisses lunettes de soleil aux verres teintés, me permettant d’être plus discrète à l’instar du reste de ma tenue. Sous-pull, jeans et bottes, sombres, ainsi qu’un long manteau de laine à manches amples, clair. Des vêtements dignes des hivers doux et tropicaux, le climat méditerranéen répondant à la première catégorie.

Me détournant de mon observation, j’en reviens aux textes d’explications du musée ; textes forts heureusement bilingues, italien d’un côté et anglais de l’autres. Grace au volcan, on peut retracer l’histoire de cette petite île et c’est ce que s’emploie à faire le musée. Mises sous verre, des pierres d’obsidienne datées vers le cinquième millénaire avant J-C exposent le premier intérêt de l’île par un peuple préhistorique. Partant de là, c’est aux alentours de 700 avant J-C que la première colonisation se fait par les Phéniciens, usant de la terre fertilisée par le volcan pour les cultures et établissant les premières fortifications historiques. S’en suit les alternances des convoitises de peuples tels les Romains, les Arabes et les Normands, qui durent s’adapter aux éruptions sous-marines et aux geysers. Dernière fortification en date, les Italiens lors de la Seconde Guerre mondiale ; avec un intense bombardement alliés et une prise de l’île par les britannique en juin 1943. S’il est inutile afin d’en apprendre plus sur la présence draconienne, le musée m’a offert mes premières pistes de recherche pour l’Hydra.

Malgré mon expérience limitée dans le super-héroïsme, traquer l’organisation a été ma plus courante mission au service du gouvernement allemand. Il est indiscutable que je ne l’ai pas accomplie suffisamment bien pour qu’il n’ait pas à engager l’Excalibur afin de se protéger mais j’ai tout de même localisées et détruites plusieurs bases au cours des ans. Je sais reconnaitre les sites susceptibles d’abriter une installation de recherche, les ressources et accès nécessaires restant les mêmes indifféremment des volontés de dissimuler toujours mieux les infrastructures. Avec un plan de l’île, brochure disponible à l’accueil du musée afin d’en présenter les sites d’intérêts, et les quelques informations obtenues grâce à l’histoire renseignée à l’instant, je sais où commencer ma chasse. Avec un remerciement de la main au jeune servant d’hôte d’accueil, je m’en retourne à l’extérieur et délaisse le site de bataille pour remonter jusqu’au parking.

Il n’est pas difficile de déterminer quelles voitures sont locales, la plupart ayant la publicité pour un loueur, mais c’est moins les origines et modèles qui m’intéressent que les personnes présentes et les traces. Arrivé sous forme humaine, mon frère a dû se contenter d’un transport en voiture. Si je n’espère nullement trouver de bouts de vêtements carbonisés, mes yeux cherchent tout de même des marques de pas ayant délaissée de l’huile incendiaire ; je ne suis qu’une touriste de plus à regarder ses pieds au lieu d’admirer le paysage. Sauf qu’après un temps, j’admire le paysage comme les autres "touristes". Les activités sont similaires, ils se garent pour s’en aller visiter ou bien s’en retournent découvrir autre chose mais quelques uns font une pause et certains en observent même les autres personnes présentes. Sortir un instant ma langue bifide afin d’humer les odeurs et de localiser leurs sources a le double effet de dégouter certains, qui se détournent donc, et de poursuivre ma quête de trace d’incendie. Je n’ai nul besoin de me retourner pour percevoir qui réagit comment et ceux qui tolèrent ma présence sans surprise sont des suspects ; peut-être que mon frère a laissé quelques sentinelles derrière, pour suivre l’investigation de l’Alliance. Des sentinelles qui ne manqueront pas d’identifier ma propre investigation. Il suffit qu’une personne s’en aille sur son téléphone pour me pousser à agir. Repliant ma brochure pour qu’elle rentre dans l’une de mes poches, je gagne ainsi du temps afin de laisser aux autres le soin d’agir mais il n’est personne pour le faire, quand bien même je ne regarde que mes propres gestes. Tant pis.

J’entreprends alors de suivre la route qui part du parking vers le reste de l’île, laquelle continue sur un peu plus de cinq cent mètres avant de rejoindre celle faisant le tour de l’île. Sans moyen de transport utilisable, je devrais marcher ou attendre le bus mais je n’ai pas jointe la Strada Perimetarle dietro Isola qu’une des voitures au départ s’arrête à mon niveau. Je ne comprends toujours pas l’italien mais le poing fermé et pouce en l’air m’est assez clairement identifié comme symbole de la prise en stop et j’acquiesce donc avec le sourire. Je n’ai qu’à ressortir ma brochure et le plan qui s’y trouve, accompagné de quelques notions d’italien que j’ai régulièrement entendu depuis mon arrivée en Sicile, pour signifier où j’ai l’intention de me rendre et le remercier de son arrêt. Tout d’abord, je désigne l’aéroport de la ville. C’est la zone la plus moderne et celle la mieux desservie, véritable cœur de l’île avec le volcan. Sans parler des accès vers le reste du monde ou des nombreuses infrastructures aux alentours, il est la source la plus potable pour un détournement d’électricité vers une base secrète. Les restes des fortifications militaires sont de bonnes candidates également, qu’elles soient rendues attraction touristique n’empêche guère des passages dissimulés et autres parties non-accessibles d’abriter une base vieille de plus d’un demi-siècle, mais les alentours de l’aéroport offrent plus de possibilités encore à l’Hydra.

Assise sur la place passager à regarder par la fenêtre, j’ai tout loisir de constater que l’agriculture et le tourisme ne nuisent pas à l’aspect sauvage de l’île, même si on le quitte toujours plus à se rapprocher de la ville. Celle-ci n’est pas industrialisée, d’aucun ne l’appelleraient même pas une ville d’ailleurs ; pas plus que ne l’était Nebra. Silencieuse, je n’en relâche pas moins mon attention au conducteur pour autant : il est jovial et parle, parle et parle encore en un anglais guère moins facile à comprendre que sa langue natale, qui l’entrecoupe régulièrement alors qu’il cherche ses mots. Il me pose nombre de questions sur ce que je pense de l’île et mes réponses, toutes positives qu’elles soient, sont tâchées du vrai motif de mon retour. J’apprécierai même que l’homme soit un envoyé de mon frère, qu’il soit destiné à me surveiller ou à me capturer d’ailleurs, mais il n’y a aucun geste suspect jusqu’à ce qu’il s’arrête pour me laisser descendre. Le remerciant et lui souriant une nouvelle fois, je m’en vais suivre les transports touristiques à la recherche des lieux qui m’intéressent.

L’extrémité nord-est de l’aéroport est à deux cent mètres environ du Lago di Venere, un large lac intérieur à l’île autour duquel fleurissent des propriétés privées et des vignobles d’un côté, des restaurants et des campings de l’autre ; avec des montagnes forestières au sud. Arrêtée par la présence d’un périmètre de chantier, j’observe de loin les machines et les hommes qui y œuvrent alors même que je le contourne. La zone est belle, non dans son esthétique mais dans les possibilités qu’elle offre à dissimuler des activités clandestines. Difficile, sans autorité, de vérifier les légitimités des uns et des autres. Possible, en revanche, de chercher une familière odeur de souffre et de pierre volcanique. Une odeur qui émane du lac, volcanique lui aussi, et me signifie clairement que je ne percevrais aucune trace. Peut-être est-ce le hasard ou peut-être est-ce le but.

Après une heure à marcher au bord de l’eau réchauffée par le soleil et la géothermie de l’île, j’ai littéralement fait le tour des propriétés de la zone. La plus proche de l’aéroport appartient à un certain Daval Prestor et ce qui m’interpelle réellement est la présence de la même société de construction que j’ai pu observer auprès de celui-ci tout à l’heure. Nulle machine ou personne pour être présence, cette fois, seul un grand panneau indiquant je-ne-sais-trop-quoi à propos d’un chantier à venir. Debout face au portail d’entrée et à l’interphone qui l’accompagne, je retire d’une main mes lunettes afin que mon visage paraisse à la caméra. Dans mon dos, j’entends les vagues se déposer sur le sable dans leur lent mouvement de va-et-vient.
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Message  Alexstrasza Sam 24 Mar 2018 - 12:22


Heureux de voir que mon invitation a fonctionnée. Tes soupçons sur la société de construction locale sont fondés, oui elle nous appartient et dissimule donc nos activités. Cependant, tes "alliés" auraient découvert le véritable emplacement de notre laboratoire avant toi, je le crains.

Mains dans les poches, il attend sur le seuil de la maison comme si de rien était. De nouveau, il est en chemise et en pantalon de toile tout deux aussi noirs que cette chevelure mi-longue et cette barbe de jeune homme. De nouveau, il a déployées ses membranes nictitantes semblables à de la lave en fusion. Cette fois, cependant, j’ai l’attention nécessaire à percevoir le disque métallique qui lui a été enfoncé dans le torse. L’Ame du Démon. Bouche entrouverte et cornes poussant des tempes, je murmure un sortilège dont les flammes dorées semblent consumer  mes vêtements pour laisser place à mon armure, à nouveau. Le sourire de mon frère est vexant d’assurance et de tranquillité. Lorsque je m’arrête de marcher au milieu de son jardin pour prendre une inspiration tendue, il bouge cependant. D’un pas sur le côté, il s’écarte ; d’une main, il m’invite à entrer.

Même si je vais devoir déménager à présent, je voulais te montrer ce qui a été ma maison durant les quinze dernières années.

Donnes-moi une raison de ne pas la réduire en cendres.

Tu l’as déjà fait, d’une certaine manière : l’Alliance sera bientôt là et nous ne pourrons plus jamais y revenir. Tu n’as rien à gagner à te battre contre moi, pas même la vengeance de tes protégées puisque tu serais vaincue, tu le sais. Si tu veux vraiment une chance de me faire perdre, fais durer notre conversation jusqu’à ce que les Champions attaquent. D’accord ?

Mes poings sont serrés au point que je sente mes bagues-armures presser contre ma peau écailleuse, n’ayant pas de doute sur quel matériau sera le plus solide et le plus flexible. Je ne sais pas si j’avais vraiment espoir d’interrompre l’évacuation de l’Hydra en un combat contre mon frère mais il a raison : il m’aurait battue. Cela n’aide pas à diminuer la colère que je ressens à son encontre, pour ce qu’il a fait, pour ce qu’il fait actuellement. Mais ce qu’il fait actuellement, je suis tentée d’accepter. Parce qu’en effet c’est un moyen de le vaincre, parce qu’en effet c’est l’option la plus intelligente que j’ai si je veux que tout cela n’ait pas été en vainc.

Je suis ici pour les réponses quand à la famille de Zaffira, la dragonne que tu as égorgée tout à l’heure.

C’était un travail d’équipe, grande sœur, mais je me doutais que tu essaierais de te racheter ainsi. J’ai préparé le dossier, en espérant que cela tu t’accordes la rédemption et non que tu fasses plus de mal encore.

J’aimerai pouvoir lui rejeter la faute dessus, le rendre coupable de tout ce qui c’est passé, mais je ne peux pas ; j’ai ma part de responsabilité. C’est de ma faute si on est venues. C’est de ma faute si ma cadette c’est posée des questions douloureuses. Ce n’est pas de ma faute si elle a été blessée mais j’ai aggravée sa blessure. Ne serait-ce pas de ma faute si je lui apprends la vérité et qu’elle ne peut la supporter ? Je dois lui offrir le choix, qu’elle puisse le faire par elle-même. C’est cette résolution qui me fait faire face à ma culpabilité comme à ma colère, qui me fait rester immobile à fixer mon frère de mes yeux reptiliens.

Donnes-le moi.

Tu ne vas pas rentrer ?

Non. Je me moque de ce qu’il peut y avoir chez toi.

Tu le leur diras en face.

Son sourire reste constant alors qu’il se détourne de moi pour entrer dans la demeure, sa voix ne tardant pas à raisonner à l’intérieur. Il n’est pas seul et ce qui s’échappe de l’entrée me fait l’effet d’une douche froide sur des cendres chaudes, tétanisant mes muscles non plus de colère mais de stupeur. Non seulement mon frère n’a pas disparu dans la folie et la corruption, le rendant aussi impersonnel et facile à confronter que la plupart des adversaires que l’on peut rencontrer dans le super-héroïsme, mais en plus il s’est construit une vie. Une famille. Ils font presque cinq mètres de long et un peu plus d’un mètre au garrot, ne devant même pas encore atteindre les deux centaines de kilogrammes mais s’avançant avec assurance malgré que tête et pattes soient encore trop volumineuses par comparaison avec le reste. Ils sont forts et robustes mais toujours gauche, preuve de leur très jeune âge qui doit arriver au mieux à la quinzaine d’années ; pas assez vieux pour prendre forme humaine mais suffisamment pour user de leur ventriloquie et parler. Et ils viennent vers moi avec la curiosité de l’enfance, me faisant me pencher en arrière pour ne pas reculer d’un pas. "Tata"… ils m’appellent "Tata"… j’en détourne le regard vers la maison où, sous forme humaine, une autre dragonne attend.

Je suis Sintharia, ou Sintharia Prestor pour les humains.

La fille, plus calme des deux dragonnets, s’immobilise pour me détailler alors qu’elle se présente en tant qu’Oxynia. Le garçon, lui, continue de me tourner autour avec curiosité alors qu’il énonce son nom, Nefarian. Aucun des deux n’est menaçant et leur mère est inquiète ; inquiète que je puisse les tuer, sans doute. Je suis trop déstabilisée pour combattre, cependant, n’arrivant pas à savoir ce que je dois privilégier alors que mes sentiments se partagent entre la colère comme la culpabilité qui m’amènent ici et la joie légèrement euphorique que les deux bestioles me procurent. J’ai perdue ma famille, désormais j’en retrouve une nouvelle partie ; une partie qui ne semble avoir subie les expériences que j’ai subie, une partie qui semble heureuse.

L’Hydra élève une armée ?

Non. Nous ne sommes que des agents. Neltharion est dans la sécurité, moi dans la recherche.

Et le petit Nefarian veut être scientifique plus tard tandis que la petite Onyxia peut être chef ; une réplique qui me renvoie à un de mes propres comportements et ne me trouble que d’avantage. Ils sont là, tous les deux, à me faire la fête. Cela m’en lie les mains plus surement que des chaines n’y arriveraient. Le pire étant lorsqu’ils me demandent ce que je fais moi. Mes épaules se baissent et mes poings se ferment alors que, après un clignement d’yeux, je déploie mes membranes nictitantes.

Je suis dans l’autre camp.

La réponse fait peur, immobilisant les deux enfants dont les questions s’en viennent par incapacité à réellement se taire. L’autre camp qui va les chasser d’ici ? L’autre camp qui veut les enfermer ? L’autre camp qui dicte qui est gentil et qui est méchant ? Mon frère réapparait à son tour, franchissant son seuil dossier en main pour venir me l’apporter. Je le regarde, comprenant enfin ce qu’il fait. Il n’avait pas le droit. Il n’avait pas le droit. Je ne sais pas s’il s’agit d’une trahison ou d’une réelle volonté de me partager son bonheur mais il n’avait pas le droit. C’est destructeur.

C’est ce que nous avons perdu, Rouge. L’Hydra ne m’a pas vendue une famille idéologique afin de garantir ma loyauté par l’affect. Elle m’a permis de fonder la mienne. Tu m’as dit cela là dernière fois : "rejoins-moi. Viens du bon côté." Je te retourne l’invitation aujourd’hui.


Il me regarde, dossier en main. Ses enfants me regardent, yeux brillants. Je les regarde, tour à tour.

Tu n’avais pas le droit de me faire ça…

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Message  Alexstrasza Ven 11 Mai 2018 - 3:16


Que signifie "famille" ? Je n’aime pas les noms, je trouve qu’ils rendent les choses confuses. Nommer une chose c’est pouvoir la manipuler mentalement et en parler, je comprends cela ; c’est tant un outil qu’un piège, pour moi. Quand je chasse, il ne m’importe pas de savoir comment les choses se nomment, il ne m’importe pas de pouvoir les conceptualiser ou les intellectualiser. Je cesse d’être un écho derrière mes sens pour profiter de ceux-ci et de ce qu’ils m’offrent. Je parlerais bien de la nature mais cela pourrait m’être reproché car "nature" est un nom, à l’instar de "famille". Même "nom" est un nom, chacun pouvant donc en avoir sa définition et se forger une réalité intelligible en réinterprétant la sensible qui l’environne. Je me demande si ce n’est pas pour cette raison, à cause de cette capacité d’abstraction, que l’humain est la seule espèce animale sujette à la folie. Il me faudrait cependant définir "folie" et le cercle serait tout aussi vicieux qu’avec "famille".

Je suis triste. Je suis triste et c’est plus réel que "famille", "nature" et "folie". Mon visage est triste, mes sourcils abaissés et rapprochés malgré leur partie interne remonté tandis que les coins externes de mes lèvres sont abaissés. Ma silhouette est triste, mes épaules affaissées et mon dos courbé vers l’avant alors que mes mains tiennent un épais dossier contre mes cuisses. Mon cerveau est triste, saturé de messages biochimiques créant cette émotion. Je suis triste et je continuerai de l’être même si on m’en retire le nom. Celui-ci change à chaque langage alors que le ressenti est inchangé. Sans le nom, je ne saurais plus le manipuler mais je saurais toujours l’être, je saurais toujours que je le suis. Je ne le pense pas, je le ressens.

M’en voudrait-on de me contenter de "famille" comme un ressenti également ? Je n’interdirai jamais aux autres de débattre sur ce nom, ou sur n’importe quel autre, mais je me contenterai d’un sentiment. Un sentiment d’affection, un sentiment d’attachement, un sentiment pouvant aller du confort à l’inconfort et de la confiance à la méfiance mais toujours au travers de ce lien, qu’il soit positif ou négatif. Qu’importe comment il née, que ce soit par le sang ou par l’amitié, tant qu’il est là. Qu’importe ce sur quoi il donne, l’amour ou la haine, tant qu’il est là. Qu’importe les mots, quels qu’ils soient, tant qu’il est là.

Je pleurs à présent. Je pleurs des larmes aussi silencieuses que je le peux, pour ne pas troubler le silence qui m’entoure. Je pleurs des sanglots aussi contenus que je le peux, pour ne pas troubler l’immobilisme qui m’entoure. Je pleurs des larmes humaines plus discrètes que je ne saurais l’être, toute de couleurs entre ces murs blancs. Je pleurs et il n’est pas besoin d’un long discourt pour le comprendre, pas plus qu’il n’y a besoin d’une multitude d’analyses pour comprendre pourquoi.

La première fois que j’ai ressenti "famille", j’étais également entre quatre murs cliniques mais ils étaient translucides. Je satisfaisais un autre ressenti, faim, en essayant d’ignorer un troisième, inconfort. Inconfort que mon territoire et mon repas aient  pour interférence un petit être comme moi. Un être que j’aurais volontiers mangé s’il était arrivé le premier et qui n’aurait pas plus pu me résister que lorsqu’il s’était essayé à me prendre de la nourriture. Un être à qui, finalement, j’ai donnée une partie de mes possessions. Pas parce qu’il était comme moi, ou parce qu’il était du même sang, ou même parce qu’il m’était agréable, non. Juste parce qu’il était fragile, qu’il était innocent dans l’affamement ou l’emprisonnement et qu’il avait besoin de moi. Inconfort et méfiance, donc, mais déjà cet attachement.

Noir, ou Neltharion, ou Daval Prestor… qu’importe son nom, je ressens toujours de la "famille" pour lui. Il le sait et c’est réciproque, causant une part de ma tristesse et devant le peiner tout autant. Nous sommes ennemis à présent, nos allégeances, nos factions, nos familles nous opposent. L’un comme l’autre, on a perdu les autres membres de notre couvée et, dans notre recherche d’une nouvelle famille, on s’est perdus l’un l’autre. Cela ne nous empêchera jamais de continuer de ressentir mais cela nous empêchera de le vivre pleinement. Et on veut le vivre, l’un comme l’autre. Il a trouvée sa manière de le faire, une manière à laquelle il m’a proposé de participer. C’était le choix le plus horrible de ma vie, un choix où je trahissais et abandonnais forcément un parti car les deux étaient, sont et seront, inconciliables. C’était le choix le plus horrible de ma vie et je l’ai fait. D’où que je sois triste. D’où que je pleurs.

Les fois suivantes où j’ai ressenti "famille" ne sont guère différentes de la première, acceptant simplement de nouveaux individus au sein de ce sentiment à mesure qu’ils arrivaient. On était cinq lorsque ce sentiment fut mis à l’épreuve pour la première fois et elle fut rude. Je n’avais pas réellement renoncé au cannibalisme, ayant simplement été nourrie avant l’introduction de chaque nouveau venu et m’étant assurée que chacun ait une part pour survivre, et ce fut bien là la tentation. La tentation que nous eûmes tous. Je n’ai jamais compris pourquoi cette pratique est considérée comme monstrueuse par les humains, surtout considérant la manière dont ils traitent la plupart des animaux destinés à les nourrir, mais elle ne m’a jamais dérangée moi. Et, s’ils avaient amené un nouvel individu alors qu’ils nous affamaient, on l’aurait dévoré. Entre nous cependant, il y avait "famille" pour nous empêcher de le faire. Ou plutôt pour me pousser à empêcher les autres de le faire entre eux.

Bleu, Bronze et Verte… je me doute qu’ils ont de nouveaux noms à présent mais je ne les connais pas. Je les ai perdus et, bien que je l’ai acceptée, la tristesse qui accompagne ce sentiment qui suit "famille" est et sera toujours présente en moi. Ma hantise, mon fantôme, mon trauma… tant de noms pour une seule chose. Une chose que Noir et moi comblons comme nous en avons l’occasion, chacun de son côté. Notre motivation, pas par crainte d’être seuls mais par celle de perdre les autres. La disparition. Le vide. Non-pas un deuil mais quelque chose de plus abyssal encore que je ne m’essaierai pas à intellectualiser. Je me contente et me contenterai de le ressentir, lorsque je n’arrive pas à le combler. Comme maintenant.

La cinquième fois où la "famille" a pris en importance pour moi est arrivée après ma seconde séparation. J’étais plus grande, un peu plus mature mais guère plus préparée. Une tête hypertrophiée par rapport à son corps était le seul point commun entre ce qui me faisait face et ce que j’avais déjà connu. De grands yeux bruns au sein d’un visage rond et joufflu me marquèrent cependant tout autant que la fragilité l’avait fait peu après ma propre naissance, quand je ne devais pas être beaucoup plus âgée que le bébé présenté par son père. Zatanna était son nom et, s’il y avait toujours de l’inconfort dans ma "famille", il y avait aussi de la confiance à nouveau. Et ce lien, toujours. Ce lien qui grandissait à mesure que la petite fille le faisait comme ma couvée l’avait fait. Ce lien qui se raffermissait avec les jeux et la complicité, avec les découvertes et les tentatives, avec les échecs et les réussites. Ce lien, plus magique qu’aucune magie, plus merveilleux qu’aucune merveille. "Famille". "Famille".

J’ai fait mon choix, même s’il me fait souffrir. Ce que j’ai choisis me diront que j’ai fait le bon choix, que j’ai choisi la bonne famille… logique, j’ai choisi la leur et je les ai choisi eux. Les plus sages me diront qu’il n’y avait pas de bon choix mais qu’ils sont contents que j’ai fait celui que j’ai fait, car cela signifie que l’on peut continuer à ressentir la "famille" entre nous. C’est pour cela que je l’ai fait, pour Zaty, qui est autant ma petite sœur que Neltharion, pour M’gann, au côté de laquelle j’espère pouvoir me tenir encore longtemps, pour Kara, qui ne s’est pas laissée abattre de perdre les siens, pour Liara, qui est la preuve vivante qu’un trauma n’empêche pas de vivre… pour Elfe, qui se rapproche d’une nouvelle petite sœur, pour Kate, qui pourrait être une amie… pour toutes ces personnes que j’aime également et avec qui j’ai continué de grandir. Avec qui je suis devenue plus humaine et plus héroïque sans pour autant perdre ce que j’étais vraiment. Je regarde le couloir du satellite de la Justice League alors que j’arrive de nouveau à l’infirmerie.

J’ai tout autant de souvenirs en ces lieux qu’en ceux qui me lient à mon frère et j’ai trouvé ici plus de "famille" que là où j’ai éclos. Je ne sais pas ce que signifie "famille" mais je sais ce que je ressens et c’est là ce qui me meut. Ma vie est comme une grande chasse, il ne m’importe pas de savoir comment les choses se nomment, il ne m’importe pas de pouvoir les conceptualiser ou les intellectualiser. Ce qui m’importe, c’est de sentir mon environnement et de ressentir ce qu’il me fait ressentir. Ce qui m’importe, c’est d’avoir ce sentiment d’affection et d’attachement, ce sentiment pouvant aller du confort à l’inconfort et de la confiance à la méfiance mais toujours au travers de ce lien. Ce lien qui trouvera toujours à s’étendre.

La silhouette allongée de l’autre dragonne, de Zaffira, continue de se reposer afin de récupérer des forces. Après avoir tus larmes et sanglots, je prends une grande inspiration et franchis le seuil de la pièce où elle gît. La mutante, Amanda, se tient à son côté avec un calme retrouvé bien qu’empreint d’appréhension à mon approche. J’évite son regard, me concentrant sur celle qui devait être au centre de tout cela à l’origine. Celle pour qui j’ai récupérée les réponses à toutes les questions qu’elle pourrait se poser, pour le meilleur ou pour le pire je l’ignore. Celle qui, elle aussi, me donne un sentiment de "famille". Celle grâce à qui, désormais, je comprends un peu mieux mon besoin de "famille". Je veux une progéniture. Je veux une progéniture et, pour l’avoir, je vais devoir partir à la chasse au dragon. Une chasse de dragon.
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