The Heroic Age
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Into the Green

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Message  Ivy P. Isley Mar 20 Déc 2016 - 18:17


Je suis incapable de dire quand j’ai commencée à faire ce rêve. Peut-être l’ai-je depuis ma transformation mais je ne crois pas. D’un autre côté, même savoir que je rêve ne m’aide pas réellement à être lucide au sein de celui-ci. Comme toujours, le décor est soustrait à ma vue par ce voile boréal aux teintes vertes qui contient autant de distantes lumières blanches que s’il en neigeait tandis que les sons sont rendus sourds par des murmures que je peine à entendre. Comme toujours la lassitude me fait baisser la tête et tomber les paupières tandis que la transe m’agite des mèches de cheveux de ses paroles indistinctes. Comme toujours, la sensation de chaleur m’entoure comme un bain de soleil et j’ai la certitude d’être connectée à quelque chose malgré les interférences et les perturbations qui m’entravent. Malgré la douleur.

Je crois de tout mon cœur et ma pensée qu’elle est celle des êtres auxquels je suis connectée mais peut-être n’est-ce que mon subconscient qui retransforme ainsi les peines que je refoule depuis si longtemps. Ressentir la nature végétale qui m’environne fait parti de mes pouvoirs mais cela ne signifie pas que je puisse le faire pour des lieux se trouvant à des milliers de kilomètres de moi. Mon empathie végétale n’est cependant en rien liée à ma capacité à faire appel aux végétaux et il n’est pas dit qu’elles possèdent la même portée tandis que des émanations particulièrement nombreuses, comme celles des Forêts Primaires en souffrance, doivent être bien plus perceptibles que celles de végétaux isolés. Ce ne sont que des suppositions mais avoir tord impliquerait que les autres aient raison, que je sois folle mais surtout seule. Je ne peux être seule tant que j’ai ma famille et mon peuple mais s’ils ne sont que ce que je projette en eux… alors je n’ai plus rien. Alors je ne suis plus rien.

Tout commence par les vibrations, elles agitent l’inquiétude et rongent la rassurante et douillette chaleur qui m’enserre. Elles s’amplifient à chaque instant jusqu’à ce que leurs grondements ne deviennent rugissements et que j’ai l’impression d’être déchiquetée par une chaine d’innombrable crocs ou griffes. Ma lucidité inhabituelle me permet d’associer cela à des tronçonneuses mordant la chair d’arbres là où j’ai simplement l’impression de subir sans comprendre d’ordinaire. Je sens des choses s’effondrer autour de moi, je sens des êtres agoniser et leur peine ou la mienne fini toujours par faire céder mes jambes afin que je chute à mon tour, comme nombre d’arbres le font chaque jour. Je tiens plus ou moins longtemps selon les nuits comme le soutien que je trouve dans la nature proche mais m’être rendue dans une forêt primaire ne m’aide pas véritablement à éviter ces rêves ; sans doute le décalage horaire entre les trois restantes, signifiant qu’il est toujours un massacre pour se faire dans mon sommeil.

Aujourd’hui, ma lucidité me permet d’endurer comme je l’ai rarement fait. J’ignore pourquoi. J’ignore pourquoi je mets tant de temps à tomber, à finir incapable de me relever et à comprendre que la chaleur qui me semblait douillette et rassurante n’est en réalité qu’indifférente jusqu’à ce que je ne la sente plus du tout. Je tremble comme une feuille sous les vibrations, les rugissements et la douleur, mais je ne cède pas. La tension est si réelle que, où qu’il soit, mon corps doit la manifester également. Une telle résistance est rare, la plupart de ces transes me laissant simplement aussi passive et sans défense que les individus que je cherche à défendre. Pourquoi suis-je forte ? Sont-ce les concessions que j’ai acceptées qui me distancient de la douleur de mes protégés au point que j’y résiste ? Suis-je dans un lieu plus imperméable à leurs souffrances ? Je ne me souviens pas. Je suis incapable de me souvenir.

De toute façon, quelque soit la résistance, elle finie par être détruite ; c’est ainsi que cela ce passe. C’est ainsi que je m’effondre, fauchée. Incapable de me relever ou même de bouger, je sais que je vais être démembrée mais lutte de toute ma lucidité contre cette paralysie. Du sumac vénéneux me couvre, poussant sur mon corps comme dans un terreau fertile, et je prends également conscience des innombrables algues qui se trouvent dans mes cellules épidermiques, verdissant ma peau. Voici qui est inédit, tout autant que l’inspiration crispée que je prends. D’ordinaire, je meurs avant tout cela et me réveille donc, qu’importe l’endroit, mais pas aujourd’hui.

Je panique.

Je panique face à l’inconnu. Je panique face à l’impossibilité de m’échapper que constitue cette non-mort. Je panique alors que les murmures deviennent plus fort, presque distincts. Je me surprends moi-même à finir en position recroquevillée au milieu de ce nulle-part de vert boréal. Mains pressant mes jambes contre moi et menton appuyant contre mes genoux, je reste là alors que la douleur est rendue sourde, toute aussi distante et présentes que les flocons étoilés qui doivent n’être rien de moins que des vies végétales.

Une présence, je sens une présence plus proche de moi et différente des autres. Je ferme les yeux, et, lèvres toujours closes, entends le son de ma propre voix.

Es-tu le Monstre des Marais ?

Plusieurs personnes m’ont déjà parlé de lui, me permettant de connaitre sa réputation, mais je ne l’ai jamais rencontré alors qu’il est peut-être la seule personne qui puisse réellement me comprendre. J’aimerai le rencontrer, j’aimerai trouver quelqu’un de similaire qui se trouverait entre le monde des hommes et celui des plantes. J’ignore où le trouver et lui n’a vraisemblablement jamais cherché à me trouver mais, si ce lieu me fait partager la souffrance d’êtres pouvant se trouver à des milliers de kilomètres de moi, ne peut-il pas me permettre d’attirer son attention également ? Je suis une hybride, après tout, et ma souffrance a été plus longue que de norme cette fois.

Es-tu ici pour m’arrêter ?

C’est là ce qui motive la plupart des êtres d’exception à me rencontrer et je ne vois pas pourquoi les choses seraient différentes en rêve, s’il s’agit bien de cela ; je suis de toute façon incertaine, c’est l’un des désavantages de la lucidité.
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Message  Ashley Braddock Jeu 9 Mar 2017 - 19:10


Un dojo protégé par des troncs de bambou séché et peint. L'odeur de peinture séchée depuis longtemps, une poussière dans l'air, une musique de type zen, les nerfs se détendent lentement, mais la tête tourne. Elle se tourne et se retourne sur des mots, des phrases, des situations passées et futures. Les sentiments ressentis, les douleurs et la honte. Y a-t-il des cauchemars? Non... S'agit-il d'un cauchemar? Non plus. De l'oxygène respirée, un expiration, les rayons du soleil qui entrent dans la pièce comme un voleur, la chaleur s'installe, les muscles se décrispent, mais pas le cerveau... pas totalement. Je pense, je revois des choses qui auraient pu être faites autrement, une façon plus zen de m'y prendre jusqu'à ce que la réalité frappe : on ne peut rien changer.

Le bambou se tord jusqu'à former une sorte de pont, le soleil flambe le tronc et tout brûle... mais j'ai l'impression qu'il s'agit d'un phoenix et tout revient comme c'était... sauf que le bambou préfère rester parterre et grandir, pousser comme s'il était dans la terre. C'est curieux. Le temps avance à toute vitesse, les murs s'écrasent sous le poids de la végétation, ça sent la sève, c'est humide, mais c'est agréable. C'est frais, enfin une bonne bouffée d'air pur! Quelques pas plus tard qui sonnent comme des sabots, puis l'eau intervient dans une flaque monumentale, caressant les jambes et les épaules par sa profondeur. C'est froid et dangereux, mais on ne manque pas d'air... c'est loin d'être ce qui manque dans cet endroit.

Quelques coups de nageoires plus tard, sous l'ondulation du lac ce sont les algues, longues et traitres, qui agrippent mollet et tibia dans une prise du pêcheur des plus violente, attirant le corps dans les profondeurs de l'eau, les yeux clos on respire encore. Ouverts, c'est une forêt sans animaux ou insectes. Que des plantes et des arbres, que la nature pour nous murmurer ses rêves dans le creux de l'oreille. Tout paraît si serein et pourtant, le mal guette. Une anomalie de la nature qui pousse à détruire ce qui le fait vivre, mais ça ne dure pas. Il a oublié ses clés dans la salle d'à côté. Il repart comme il est entré, rien n'a bougé... mais malgré son absence, une voix fait écho, teintée de rouge et de vert.

La voix me revient de plein fouet. Aucune réponse. Une perturbation dans l'atmosphère rend l'ambiance encore plus vibrante et les plantes dansent sous ma voix qui aurait révélé la silhouette. Elle me rebondit à nouveau dessus pour parvenir dans sa direction et j'ai l'impression que les mots se répètent mille fois... même moi j'ai oublié ce qu'ils disaient. Des mots si forts qu'on veut les oublier et dans le temps de le penser, ils disparaissent de notre tête. Les mains à plat sur les racines, le corps rampe, habillé de ses algues voulant se représenter comme un attirail naturel. La perturbation devient de plus en plus forte, le rouge et le vert deviennent enfin visibles quand une question est posée.

Les sourcils en forme d'hippocampes se froncent avant d'entrer en symbiose et disparaître comme par magie. Une voix féminine, entre courageuse et craintive, questionnant sur l'origine des murmures précédemment chuchotés et vibrant en cercle vicieux. Le corps mutant ne répond pas, confus par de tels propos prononcés dans un environnement sauvage comme celui-ci, absent normalement d'êtres vivants.  La seconde question vagabonde dans une ondulation moins curieuse, plus défensive. C'est son tour de lui envoyer la balle et de lui faire voir clair. C'est mon tour de faire onduler les feuillages sous le son d'une voix verte et blonde.

" Tu seras arrêtée seulement si tu as perturbé la nature — Alors mérites-tu d'être arrêtée? "

Pourquoi arrêter sur "la nature"? Pourquoi mes lèvres ont continué à se mouver sans qu'un son supplémentaire termine la phrase? Suis-je prise au piège par cet univers? Pourquoi ai-je l'impression qu'il s'agit d'un rêve? Et cette odeur de plante me parait si réelle. J'avance en rampant comme un serpent et m'arrête près d'un arbre. Je ne vois pas une silhouette claire, mais toujours ces couleurs qui tardent à dessiner ce qu'elles cachent. Quel genre de personnage suis-je en train d'imaginer cette fois?

" Qu'est-ce qui t'a amené ici? "
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Message  Ivy P. Isley Lun 13 Mar 2017 - 7:58


Le silence est seul à me répondre pour des instants dont je ne saurais dire s’ils sont longs ou courts, et le bruit me fait serrer la gorge de crainte. Attendais-je réellement une réponse ? Je l’ignore. Je l’ai eue. Ça n’arrange pas ma panique et le sumac me recouvre toujours plus pour me défendre, toujours plus buissonnant et se huileux. Suis-je folle ou suis-je lucide d’entendre des voix à présent ? L’empathie végétale n’a jamais impliqué de communication verbale mais la présence est différente et le Monstre des Marais fut humain autrefois, avant qu’il ne devienne ce que nos "semblables" nomment ainsi. Sa réponse raisonne aux alentours, étonnamment moins grave que ce à quoi je m’attendais tant par considération de son genre que par connaissance du fonctionnement des avatars végétaux. Mais l’écho est là et, pour une fois, il est de question non d’accusation. Mais l’avertissement qui le précède fournie une force bien amère. Et l’interrogation qui la suit me fait prendre une grande inspiration et aide à me calmer ; ou à me contenir.

La douleur. C’est la douleur qui me guide.

La douleur est familière, qu’importe que j’y résiste mieux ou que j’en sois plus distante. La douleur est sourde mais toujours là, comme elle l’a toujours été et le sera peut-être toujours. Du liquide côtoie ma narine puis ma lèvre sans que je sois capable de comprendre ce qu’il est ; larme, sang ou sève ?

Comment fais-tu pour y être insensible ? La tolérer ; la supporter.

Mes lèvres sont toujours closes et les paroles n’en sont que plus audibles. Tout reste confus, l’agressivité se mélangeant  à la crainte et à la détresse. Je resserre mes cuisses contre moi par pression des bras alors que mes feuilles se durcissent et fini en apnée à trop me crisper.

Est-ce perturber la nature que de se rebeller ?

Est-ce perturber la nature que de la défendre ?

Est-ce perturber la nature que de la faire évoluer ?

N’est-ce pas perturber la nature que la conditionner et la détruire ?

Lorsqu’il n’y a personne pour se rebeller, il n’y a qu’acceptation. Lorsqu’il n’y a personne pour défendre, il n’y a que des victimes. Lorsqu’il n’y a personne pour évoluer, il n’y a que périssabilité. La nature ne se serait peut-être pas rebellée ou défendue sans moi mais l’Humain cherche à la faire évoluer à son avantage à mon instar et elle ne se serait certainement jamais conditionnée et détruite seule.

Lorsqu’il y a des gens pour se rebeller, il y a conflit. Lorsqu’il y a des gens pour défendre, ils peuvent limiter les dégâts. Lorsqu’il y a des gens pour faire évoluer, il peut y avoir amélioration. La nature n’aurait pas eu de conflit sans moi mais ses défenseurs auraient laissé son conditionnement et son massacre se poursuivre dans l’espoir de faire accepter leurs solutions.

Est-ce perturber la nature que d’accepter des sacrifices en son sein pour chercher à améliorer les choses par la suite ?

N’est-ce pas ce que j’ai fait également ? Je dois réussir à devenir suffisamment lucide pour agir à volonté mais je ne me rappelle plus des discussions eues avec mon psychiatre sur les rêves lucides. Difficile pour une folle de faire un test de réalité, j’en avais plaisanté avec ironie. Je ne suis pas folle.

Je ne suis pas folle. En fait, je me demande même si ce ne sont pas les autres qui le sont parfois. Par exemple, qu’est-ce qui différentie vraiment une personne ayant une conscience morale d’un schizophrène ? Tout deux ont une petite voix dans leur tête pour leur dire si ce qu’ils font est bien ou mal.

Je sursaute à ce souvenir, relevant les yeux pour rechercher l’une des salles de consultations d’Arkham Asylum. Ne trouvant rien aux alentours, je détourne tristement le regard du mirage pour croiser celui d’autre chose. Cela rampe au sol, s’extirpe doucement alors que les végétaux lui servent de corps en un avatar que l’Humain doit considérer comme monstrueux. Je trouve cela beau personnellement, ayant déjà pu expérimenter cet état et essayé de le reproduire sur d’autres.

Ils te nomment "Monstre" et tu préfères tout de même les défendre, n’est-ce pas ? Parce qu’un millier de vies végétales ne vaudra jamais une vie humaine.

C’est d’une tristesse sans nom et également un avantage, je crois ; contrairement à ce que je fixe d’un air absente, j’ai toujours une apparence humaine et sais me dissimuler parmi eux. Cela motivent certains à vouloir me sauver et je peux donc en utiliser pour motiver plus d’implication qu’avant mon arrivée. C’est une possibilité qu’un "monstre" n’aura pas forcément.

Ma tête bascule en arrière, ne reposant sur rien mais enlacée des lianes vénéneuses qui me couvrent la quasi-totalité du corps comme un cocon. La douleur est toujours là tandis que le souvenir s’estompe peu à peu, je subis l’un et l’autre avec passivité.

La première personne que j’ai aimé m’a un jour parlé du Code d’Hammourabi, écrit "pour accompagner le règne des justes sur la terre, afin que le fort jamais ne brutalise le faible". J’ignore si je mérite d’être arrêtée mais je sais que le mérite est une illusion.
Quelques soient mes actions, si tu m’arrêtes c’est que tu en as la capacité sinon tu n’y arriveras pas.

J’ai atteint l’état de lucidité car mes lèvres s’ouvrent cette fois, ma voix filtrant au travers de mes lianes et de mes feuilles en suite de ma volonté plutôt que d’une réaction automatique. Comme la douleur, cette sensation de devoir résister m’est familière et je m’y accroche.

Bon… vais-je commencer ma route vers la folie ; es-tu ici pour me servir de conscience morale ?

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