Nyssa al Ghul

Nyssa al Ghul

"Me menacer de mort n’a pas le moindre sens ;
Ce qu’il faudrait, c’est me menacer de vivre."

Russie, XVIIIe siècle. Voici plus d’un siècle que le servage, liant le paysan et ses descendants à la terre ainsi qu’à son propriétaire, c’est généralisé en allant à contre-sens de l’évolution du statut du paysan en Europe. Le mécontentement des paysans et d’une classe naissante d’ouvriers, exploités par leurs propriétaires et lourdement taxés par la fiscalité d’un État en pleine croissance, déclenchent de nombreuses révoltes paysannes dont la plus importante éclate de 1773 à 1775 et parvient, avec l’aide de la Ligue des Assassins, à menacer le trône avant d’être écrasée. Malgré l’échec de cette révolte, un révolutionnaire du nom de Ra’s dispose d’une brève romance avec une noble locale partisane de la volonté d’assouplissement du servage, Amina. De cette rencontre nait une bâtarde et, bien que s’eut été plus simple que de me tuer, ma mère défend le fruit de son amour. Je suis donc élevée à la demeure familiale sans avoir le droit d’en porter le nom, me faisant nommée Raatko, et grandis en paria d’une basse noblesse s’occidentalisant sous l’influence de la philosophie allemande et de la langue française. Toute ma jeunesse, ma mère se détourne de son mariage malheureux et cherche à combler l’absence de mon père en me parlant de lui tel qu’elle croit s’en souvenir, son imagination romantique comblant évidemment les nombreux vides. Plus je suis en mesure de comprendre et plus j’idéalise la figure mythique qu’on se crée, mon admiration allant de pair avec ma dépréciation de mon beau-père. Celui-ci n’apprécie pas que je sois instruite au même titre que ses propres enfants et encore moins que je les surclasse dans de nombreux domaines, au premier rang desquels les chasses qu’il mène sur son domaine. Que je sois un garçon manqué ne l’aide certainement pas à m’apprécier et son refus d’admettre mes talents comme mon intelligence n’accroit que plus notre inimité. Pour ma part, je continue de faire de mon mieux et de progresser assidument, voulant être digne de ce père que je m’imagine.

Arrivée à l’âge adulte, je pars à sa recherche. Je suis les contes de ma mère et une piste vieille de deux décennies, cherchant à comprendre qui était réellement Ra’s et d’où il venait. Cela me prend plusieurs années et la traversée de nombreuses contrées mais je finis par retrouver la piste de la ligue d’assassins à laquelle il appartenait, la suivant jusqu’en Afrique du Nord. Arrivée à leur quartier général de l’époque, je me présente humblement en énonçant les motifs de ma recherche, consciente que je n’ai pas le droit à l’erreur. C’est ainsi que je découvre Ra’s al Ghul, la Tête du Démon, et que lui me découvre également. Il est le père dont j’ai rêvé, noble et vaillant, tandis que je tâche d’être sa digne fille. Durant plus d’une vingtaine d’années, je m’entraine aussi durement qu’il me l’impose et devient extrêmement douée. Nombre me voient m’élever comme son héritière et je souhaite accéder à la jeunesse éternelle mais mon père refuse de me partager l’accès au Puits de Lazare, ne voulant pas que des assassins jouent avec celui-ci puisqu’il amène à la folie. J’approche du demi-siècle lorsque Ra’s est invité rejoindre la Ligue des Gentlemen Extraordinaires afin de combattre un ennemi d’une grande puissance aux Amériques, me laissant le soin d’assurer la régence de la Ligue des Assassins en son absence. Je m’acquitte de ma tâche de mon meilleur, maintenant le statuquo dans le conflit contre la Main de Kaidan Ashimida, et décide de percer le mysticisme du Puits de Lazare. Je finis par y accéder et entreprends de l’étudier. Considérant que les risques de folie du Lazare sont du à l’absence de pureté du produit chimique ainsi que les lésions faites au cerveau précédent le processus de guérison, je distille ses eaux afin d’obtenir le produit guérisseur puis le mélange à des prélèvements de mon sang dans un recherche d’amélioration génétique qui offrirait immortalité et régénération à la Ligue des Assassins. Me prenant pour propre sujet d’expérience, je me transfuse la Bénédiction du Lazare et rajeunis vers ma trentaine d’année.

La fin de la Ligue des Gentlemen Extraordinaires voit le retour de Ra’s et il n’apprécie pas mes expériences. Après avoir brisé le statuquo que j’ai maintenu dans la guerre des assassins et être parvenu à tuer Kaidan Ashimida, détruisant la Main pour un temps, mon père s’occupe de mon cas : s’il ne me banni pas, je suis écartée des cercles d’influence de la Ligue et étroitement surveillée. Acceptant cette sanction de mauvaise grâce, je demande la permission de m’en retourner sur mes terres natales afin de reprendre contact avec ma famille maternelle, ce qui m’est accordé par espoir que je conçoive une descendance et ramène de nouvelles recrues. Si je ne me marie jamais, du fait d’un intérêt plus grand pour les femmes que les hommes, je veille sur les descendants de ma fraterie et conduis les plus forts de chaque génération à la Ligue des Assassins pour qu’ils suivent mes traces. Le XIXe siècle est déjà bien avancé et je participe aux opérations de la Ligue des Assassins russes et est-européennes. Le XXe siècle arrive et Grigori Raspoutine réapparait comme conseillé du Tsar, m’offrant l’opportunité de suivre les traces de mon père en participant à une nouvelle révolution russe ainsi qu’au soutien de Richard Clerh dans l’assassinat du faux dieu. Croyante dans le système communiste et espérant avoir prouvée à mon père ma fiabilité, je quitte de nouveau la Russie pour poursuivre les opérations au sein de la Ligue des Assassins partout où je suis nécessaire. Je me retrouve ainsi à participer à la bataille du Mont Wundagore où Ra’s récupère un bébé doté d’un sérum améliorant ses capacités physiques. D’abord choquée par son intention d’exploiter le sang de l’enfant, je me retrouve à jalouser Jessica Drew lorsque je vois mon père s’attacher à elle et la former comme une nouvelle disciple. Cela m’est rapidement sorti de la tête avec la montée des mouvements radicaux en Europe et le commencement de la Seconde Guerre Mondiale.

Au cours des opérations de la Ligue des Assassins contre l’Axe, je découvre que mes descendants ont été internés dans le camp de concentration d’Auschwitz et demande rapidement à Ra’s la permission de mener des opérations afin de détruire ces structures. Face à son refus, j’interviens seule et me fais capturée par l’Hydra. Enfermée avec ma famille au sein du camp de la mort, je ne tarde pas à devenir un sujet d’expérience lorsque les scientifiques découvrent les capacités conférées par le Lazare. Ce cumulent alors la perte progressive de cette famille que j’ai toujours protégée, les traumatismes résultant des expériences et les dommages cérébraux infligés par le produit chimique, me faisant peu à peu perdre pied avec la réalité. Mes ancres se diminuent toujours plus et, lorsque mon dernier arrière-arrière-arrière-arrière-petit-fils meurt, je cesse moi-même de croire en ma promesse que mon père viendra nous sauver et sombre, coulée par le sentiment de trahison que j’ai infligée à mes protégés comme celui que la Ligue m’inflige en nous abandonnant à notre sort. Je ne survis pas au camp d’extermination et aux expériences de l’Hydra menées en son sein mais je suis incapable de rester morte. Vient un moment où mon seul repère est un adolescent chargé d’aider à débarrasser les corps, un jeune homme du nom de Max Eisenhardt. C’est grâce à lui que je ne perds pas complètement la raison malgré la répétition d’expérimentations, de morts et de résurrections que je subis. Finalement, à la sortie des camps, je perds de vue l’adolescent car récupérée par la Ligue des Assassins.

Lourdement traumatisée et constatant l’évolution de la relation entre ce père qui m’a abandonnée et sa jeune protégée, je commence à haïr cette famille qu’ils ont formée en laissant périr la mienne, moi incluse. Ayant retrouvée une raison de vivre dans la servitude de la Ligue des Assassins, je n’ai plus aucune des limites que je possédais autrefois : durant une décennie, je me radicalise dans le bellicisme, la torture et l’élimination des adversaires tout en prenant en indépendance. Ra’s décide de laisser la Main affaiblie par ses conflits externes et internes plutôt que de l’achever et la Ligue se concentre sur du terrorisme l’opposant d’abord au SHIELD puis à la Justice League naissante afin de saborder au mieux l’influence américaine sur le vieux continent. Les choses deviennent encore plus déplaisantes en 1960 lorsque Ra’s choisit de rejoindre la Confrérie des Mutants, jurant allégeance à Erik Lehnsherr, mais mon avis sur cela se tempère suite à la rencontre de Magneto et la reconnaissance de l’adolescent qui m’a aidée au sein des camps de la mort. Grâce à son aide, j’accepte non seulement les mutants et la Confrérie mais lutte contre la soif de violence qui me tiraille et la haine qui me consume afin de disposer à nouveau de limites. Durant une quinzaine d’années, je participe aux débuts du mouvement dans les assassinats politiques tout en poursuivant mon allégeance à la Ligue. Puis vient l’élément qui me fait de nouveau basculer : Jessica, passée de fille adoptive de Ra’s al Ghul à sa concubine, lui donne pour enfant une petite Talia. La haine et la jalousie reviennent de plus belles et, déterminée à ne pas laisser oublier ma propre condition d’héritière, je pousse mes opérations dans l’ultraviolence et rallie à ma suite les plus extrêmes des assassins sans pour autant franchir les limites conduisant des gens comme Bane à être bannis. Ne voulant pas apporter à la Ligue les mêmes problèmes que la Main, je ne remets jamais en cause le leadership de mon père et me construis simplement comme l’héritière opposée à ma petite sœur, d’autant plus violente et belliciste que celle-ci me semble douce et pacifiste. En secret, je distille de nouveau mon sang afin de pouvoir créer un autre Puits de Lazare et faire bénéficier mes plus proches collaborateurs de sa bénédiction sans plus me soucier de ses conséquences sur la psyché humaine.

Dans les années 90, Jessica Drew, bien que nous ayant quitté pour nos ennemis, fait encore parler d’elle alors que la Ligue des Assassins récupère des enfants génétiquement créés à partir de son ADN et entreprend de les former comme celle-ci le fut. Lorsqu’ils sont en âge, chacun d’entre eux est confié à l’un des membres les plus influents de l’organisation afin d’être formé. Partagée entre la perturbation de me voir confier un enfant de 7 ans et l’opportunité de prouver que je possède les capacités de mentor qui sont essentielles à un maitre de la ligue, j’entreprends de faire du jeune Beya un guerrier meilleur que je ne suis sur tous les points. Les choses sont simples entre nous : nous en aurons terminé lorsqu’il m’aura tuée. L’entrainement est rigoureux et impitoyable car je veux le pousser aux limites de sa force, de sa dextérité et de son intelligence mais après chaque blessure que je lui inflige vient une pause afin qu’il se remette ; heureusement, ses capacités de régénération lui permettent de le faire rapidement. Je suis plus dure avec lui que Ra’s ne l’a jamais été avec moi mais je n’en retrouve pas moins en lui la descendance que je n’ai pas et la famille que j’ai perdue ainsi, même si ma bienveillance n’est plus ce qu’elle était, je suis sincère dans ma démarche et tiens à me montrer toujours juste envers lui. Ses efforts, tout interminables soient-ils, sont notés tandis que sa progression, sans être jamais suffisante, lui est montrée. Il devient un grand espoir pour l’avenir de la Ligue des Assassins et je lui exprime ma fierté, malgré que je sois toujours vivante. Mais Beya ne me tue jamais, pas par incapacité mais parce qu’il se détourne de moi pour devenir le disciple de Lady Shiva. J’encaisse cela comme un nouvel échec, comme une nouvelle perte de mes proches, de la même manière que les précédents et me vide dans la violence. La prise de pouvoir de Gorgone au sein de la Main m’offre un adversaire contre lequel mes méthodes sont justifiées et je me concentre contre le Culte rival durant plusieurs années, n’ayant que faire de la disparition de la Justice League et des tentatives pour la remplacer.

Puis l’une de ces tentatives, connue comme l’Initiative des Vengeurs, parvient à assassiner Erik Lehnsherr grâce à la trahison de son fils Pietro. Me détournant du conflit principal de la Ligue des Assassins, je commence à planifier une vengeance alors même que la Confrérie se retire d’Amérique pour se consolider en Afrique ; mon plan n’est jamais mis à exécution puisque Magneto revient rapidement sous une nouvelle forme et j’en retourne donc au conflit contre la Main et son dérivé la Fraternité qui prend de l’ampleur en éliminant la mafia mutante. C’est avec une certain satisfaction que je constate l’échec de Michelle et de son frère contre nos ennemis de toujours, prouvant à mes yeux la faiblesse des enseignements de Ra’s et surtout de Talia, et me déplace afin de regarder la protégée de ma demi-sœur faire face à celui qui nous a toutes formées afin de réclamer les pouvoirs du Lazare comme sur la Ligue. La défaite ne m’étonne pas, à la différence de la survie de la jeune femme, et je ne prends même pas la peine de me servir de mon propre Puits afin de la rallier à mon camps : avec son départ de la Ligue et la perte de son frère, je n’ai plus qu’à soutenir l’ascension de Beya afin de diminuer l’influence modérée de Talia et de Ra’s sur notre Culte. Je n’éprouve nulle crainte à le voir combattre la Main à son tour, confiante dans le fait qu’il réussira là où le reste de sa fratrie a échoué, et le laisse se concentrer aux côtés de Ra’s lui-même dans les conflits d’Asie alors que Talia en fait de même avec les opérations d’Afrique. Toujours impliquée là où je peux verser le sang, je concentre en parallèle mon influence sur la section de la Ligue des Assassins en Europe et en Russie de l’ouest afin d’avoir également mon territoire. Mon attention y est tout autant portée aux activités de la Fraternité au sein du crime organisé et à la familière montée de l’extrême droite qu’à la dictature Latvérienne et à l’Alliance des Champions de l’Europe.