Le point commun entre les Hellions, l’histoire des surhumains et l’Excalibur

La procrastination est un art que je n’aurais pas pensé si bien maitriser avant de devoir faire un projet personnel à l’Académie du Massachusetts. Les deux heures de recherche après que je me lève en pleine nuit, car pour moi quatre heure du matin c’est encore la nuit et le matin ne commence que vers dix heures, ne sont guère productives. C’est con pourtant puisque ça propose une alternative à l’enseignement magistral avec lequel j’ai tant de problème et ça passe par une activité de recherche croisant les disciplines qui me réussit plutôt d’habitude, du fait de la grande implication de Système D dans sa mise en pratique. D’un autre côté comme c’est le sujet que je n’arrive pas à trouver… et ça ne fait guère de temps que je cherche. Je suis clairement plus intéressée par le gymnase et les Hellions que par les enseignements et les professeurs, m’exerçant de 7h à midi et de 15h à 18h, mais entre l’après-repas et le nouvel entrainement je dois à nouveau faire des recherches sur mon projet personnel. Si je n’arrive pas à trouver d’autre sujet d’ici quelques jours, je partirais sur l’histoire du super-héroïsme ; une académie pour l’élite possédant son propre groupe de défense devrait avoir quelques experts dans le domaine et ça permettra que l’on arrête de souligner mon ignorance sur le sujet, pourtant déjà comblée par les enseignements du Stage à l’Excalibur. Ça me fera retourner sur les bancs de l’école mais c’est déjà ce que je fais, m’apprêtant à squatter un cours… mais j’ai une bonne excuse pour ce faire, outre que m’offrir une heure ou deux de sieste digestive : quel est le point commun entre les Hellions, l’histoire des surhumains et l’Excalibur ?

Je suis égale à moi-même, me repérant avec un mélange de sens de l’orientation et de chance, lorsque j’arrive à la salle de classe. Ça me fatigue rien que de le penser et le rythme de ma balle rebondissante s’en ressent, touchant tour à tour la paume de ma mitaine et le sol quelque décimètres devant mes bottes montantes alors que j’avance vers la porte d’entrée en ignorant les élèves zonant dans les couloirs en attendant qu’on les invite à entrer. Je finis par rattraper mon gadget pour le ranger dans l’une des poches de mon perfecto en vrai faux-cuir, lesquelles contiennent également mon téléphone, mon cran d’arrêt, la puce de l’ATB et une petite bouteille d’eau fonction de leur taille et de leur position, avant de sortir mon autre main de la poche de mon pantalon en coton sanglé au-dessus des genoux et de croiser les bras sur mon t-shirt également en coton alors que je me mêle discrètement aux étudiants et zone à mon tour. J’attire quelques curiosités et il est même quelques étudiants pour venir à mon encontre et poser les questions de circonstance ; questions auxquelles je réponds avec franchise et léger accent français, expliquant pourquoi je suis là et ce que je viens y faire puisque je ne suis pas sensée y être ni n’y ait quelque chose à y faire, logiquement. Ce qui me permet de revenir sur le point commun entre les Hellions, l’histoire des surhumains et l’Excalibur.

Le mouvement fini par se faire vers l’intérieur de la classe et je me rends de mauvaise grâce dans ce que j’ai réussi à quitter trois mois plus tôt. Mes yeux verts à la pupille auréolée de marron survolent rapidement tables et chaises alors que j’entre et m’en vais directement au dernier rang et à côté d’une fenêtre, n’ayant nullement besoin du radiateur en cette saison. Ma veste atterrit sur le dossier de ma chaise et mes fesses sur son siège alors que mes bras se croisent de nouveau sur la table, m’offrant un oreiller sur lequel poser mon menton alors que je profite de mon point de vue pour observer l’entièreté de la classe ainsi que la professeure. Alexandra Gruff. C’est elle, le point commun entre les Hellions, l’histoire des surhumains et l’Excalibur : à la fois membre des Hellions et de l’Excalibur tout en étant professeure d’histoire à l’Académie du Massachusetts.

De ce que je sais, les Gruff sont une famille mutante anglaise s’étant illustré avec la Seconde Guerre mondiale puis l’aide aux forces de police jusqu’à la création d’Excalibur, la seconde partie me plaisant énormément, et Alexandra a été formée au Manoir Braddock puis a faites ses études supérieures dans l’institution privée américaine où Elizabeth Braddock enseigne aussi. Bon, j’ai pas lus ses travaux universitaires sur la mutation mais j’ai retenu qu’elle avait plusieurs diplômes en anthropologie et en histoire ; je suppose aussi fortement que ses pouvoirs mutants soient affiliés à de l’Hydrokinésie, considérant que son pseudonyme super-héroïque est Aqua, mais ça c’est un autre point et pas de ceux qui me font m’intéresser à elle. Un peu comme son cours en fait. Encore que non, les possibilités de l’Hydrokinésie me conduisent plus à réfléchir que les paroles qui sont reléguées au second plan par mon arborescence de pensées.

Le contrôle de l’eau peut être assez violent mine de rien, que ce soit dans les aspects bourrins puisque des jets hautes pressions sont utilisés pour faire de la découpe de matériaux ou dans les aspects plus fins considérant que le corps humain est composé d’entre 55 et 60% d’eau. Avec les bonnes connaissances en mécanique des fluides, en biologie et en chimie, doit y avoir moyen de faire pas mal d’improbable genre de l’altération des capacités physiques en améliorant la composition sanguine ou soutenant par l’esprit l’action des muscles, un peu comme certains télékinésistes. M’enfin du coup la télékinésie reste encore plus violente, avec la psychokinésie en pire du domaine. Mais je m’égare. Ou plutôt je m’occupe.

Je suis nulle avec les méthodes d’apprentissage par explication ou répétition : me faire répéter ce que je dois apprendre, passivement ou activement, ou bien m’expliquer, oralement ou par écrit, ce que je dois savoir n’est pas très efficace sur moi. Je suis dans l’incapacité d’apprendre les choses par cœur, ma mémoire ne retenant que ce que je parviens à raisonner pour arriver à la même conclusion que ce qui m’est présenté hors ce n’est pas réellement comme ça que c’est sensé marché à l’école. J’ai besoin d’observer et de faire des supposition à partir de cela, d’associer ce que je sais pour progresser et de me débrouiller un peu comme je peux une fois mise en situation pour apprendre correctement. Le projet personnel sur l’histoire est une assez mauvaise idée dans ce cadre mais j’en ai pas franchement d’autres pour l’instant. Et squatter un cours n’est pas non plus la meilleure idée puisque ça me fruste de ne rien retenir et me désintéresse progressivement de ce qui est dit. Heureusement que c’est la fin que j’attends pour pouvoir discuter avec Mlle Gruff.

Mais avant la fin, il y a le milieu et dès le début, toute planquée que je sois dans le coin extérieur de la classe, je ne suis pas à ma place ici. Je n’ai rien pour écrire et ne prendrai aucune note sur mon portable parce que ça ne me servirait à rien et pourrait être pris comme une marque d’irrespect. Je suis des yeux plus que des oreilles ce qui ce passe et reste tranquille et silencieuse tout en étant allongée du buste sur ma table avec les bras en repose-menton. Je risque de papillonner des paupières à un moment donné car, à défaut d’être habituée à faire la sieste, le bruit de fond d’une classe et le sport matinal peuvent me donner des raisons de roupiller un peu. Faut juste que j’évite de perturber Alexandra dans son cours à défaut de pouvoir perturber son cours mais, ça, je le verrais avec le temps ; ou pas si je m’endors.