The Heroic Age
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Growing strong

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Message  Louise Martell Jeu 15 Jan 2015 - 5:46



▬ Chapitre I ▬
Labourer le sol

 
« Je signe où ? » – 23 novembre 2014
______
 
Louise n’était pas le genre de femme à prendre ses décisions à la légère ou sans réfléchir. Elle regrettait rarement ses choix et si tel était le cas, s’employait à tirer le meilleur de ce qu’elle avait. Aussi, elle n’avait jamais regretté d’avoir prononcé ces mots. Elle aimerait dire que c’est parce qu’elle savait exactement à quoi elle s’engageait, mais ça serait de la poudre aux yeux. Servir de contact à Makenna, trouver et donner des informations, persuader une cible mineure de faire ou de révéler quelque chose… Rien de tout ce qu’elle avait fait auparavant ne l’avait vraiment préparé à la Confrérie.
 
La chose qui l’avait le plus frappé (plus ou moins au sens littéral du terme) avait été l’entraînement. En tant qu’indépendante, sa forme physique et sa capacité à se défendre n’était qu’une préoccupation mineure de ceux qui aujourd’hui étaient ses supérieurs. Ses compétences (si on peut les appeler ainsi) avaient été sommairement évaluées et la conclusion avait été « Du travail. Beaucoup de travail. »
 
Ce n’est pas que Louise était le genre de fille à sécher les cours de gym ou à se débrouiller pour ne pas y participer. Elle estimait même être en bonne forme pour une étudiante (ex-étudiante) qui passait la plupart de ses journées assise devant un ordinateur. Mais les standards de la Confrérie pour quelqu’un propice à se retrouver sur le terrain étaient… au-delà de ce qu’elle aurait pu s’imaginer faire un jour.
 
Ces premières semaines au sein de l’organisation se résumèrent donc à ça : devenir meilleure. Malgré le certain potentiel de son pouvoir dans ce domaine, Louise ne valait presque rien sur le plan offensif et il lui fallait changer ça. Pour résoudre son problème (elle n’était toujours pas persuadée d’en avoir un mais ce que le supérieur hiérarchique veut, le supérieur hiérarchique obtient) on lui avait communiqué un adresse et de dire venir « de la part d’Antoine ». Chose qui lui paraissait légèrement étrange, n’ayant rencontré aucun Antoine à la base ou même entendu parler de lui, mais encore une fois elle ne discuta pas les ordres.
 
Au dojo, après être entrée suite à un long moment d’hésitation (on allait vraiment lui demander de taper sur des gens ? Pire, de se faire taper dessus ?), elle s’était présentée comme envoyée par Antoine et après un coup d’œil critique, le maître avait marmonné dans sa barbe avant de héler un de ses élèves pour qu’il « s’occupe de la nouvelle » et lui enjoignit à elle de venir sur le tatami pour « lui montrer c’qu’elle sait faire ».
 
Louise avait encore hésité avant de s’exécuter. Elle s’était retrouvée les bras ballants, debout sur le tatami (c’était bien comme ça qu’il avait dit que ça s’appelait, non ?) sans savoir trop quoi faire. L’instructeur haussa un sourcil, ses bras croisés sur sa poitrine. (On voulait vraiment qu’elle frappe quelqu’un ?) Elle avait assumé une garde (elle l’avait vu à la télé celle-là, les bras devant le visage, prête à donner un coup de poing avec le gauche, le droit ? l’un des deux ?) et comme l’autre ne réagissait toujours pas, en veillant bien à ce que son pouce ne soit pas dans son poing (elle avait lu qu’on pouvait se le casser autrement) elle frappa.
 
Contrôlant son visage (bon sang ! est-ce que taper quelqu’un est censé faire toujours aussi mal ? on appelle ça un sport ?!) elle s’efforça de paraître impassible lorsque l’instructeur semblait tenaillé entre l’amusement et le désespoir. « Du travail. Beaucoup de travail. » C’est ce qu’avait dit Makenna. Soupirant l’instructeur s’avança et commença à rectifier sa position.
______

« Le désir d’éliminer
Tout ce qui ne te ressemble pas
Mais ignorant ce que tu es
Tu as buté n’importe quoi. »

______
 
« … des fils de pute tous autant qu’ils sont, les étrangers, les pédés et ces connards d’anormaux. J’en ai vu un l’autre jour, vert de la tête au pied. J’arrive pas à croire que des gens veulent nous faire croire que c’est ça l’évolution de l’espèce. Ces sales abominations… J’avais envie de le défoncer mais je suis surveillé depuis la dernière fois, il faut que je trouve un moyen de me débarrasser du flic qui me colle aux basques…»
 
Louise grinçait des dents. Elle était assise dans un coin d’un bar en s’efforçant d’avoir la plus banale que possible mais toute sa concentration était sur la conversation qui se déroulait cinq étages au-dessus de sa tête. Cinq étages. Beaucoup de béton. Dieu merci ces connards avaient ouvert une fenêtre, elle n’avait aucune envie de jouer au fou volant avec l’escalier de secours.
 
Si ça ne tenait qu’à elle, les petites réunions du groupe se passeraient chez le second. Très bon endroit, bien plus facile de se fondre dans la masse et une isolation à chier. Parfait. Mais nooon, la hiérarchie demandait que les six gaillards se tassent dans un dix-huit mètres carrés en écoutant du rock hard allemand à plein tube et en buvant de la bière. Louise n’avait rien contre les stéréotypes. Mais, sérieusement ?
 
Bien sûr le lieu de leur réunion top-secrète ne dépendait pas de ses préférences. Heureusement pour elle, la bande de joyeux lurons n’avait aucune idée qu’ils étaient observés. Ecoutés. Chassés. Elle n’était pas encore tout à fait prête à être découverte.
 
A raison de trois heures par jour d’entraînement visant à lui apprendre à se défendre et attaquer en tirant le plus parti de sa petite stature et avec quelques hématomes (bon d’accord, beaucoup d’hématomes) auxquels s’ajoutait un entraînement plus basique tel que courir et (misère !) soulever des haltères (les roses à paillettes, pas par goût mais parce que celui qui avait commandé le matériel avait estimé que la seule personne souhaitant s’entraîner avec une masse aussi ridicule ne pouvait être qu’une fillette de dix ans) pour améliorer sa forme physique de façon générale, les regards exaspérés et/ou franchement amusés commencèrent à se faire plus rare (disons, cinq par heure ? C’était une amélioration, non ?). Mais elle était loin de s’imaginer pouvoir tenir tête à ne serait-ce qu’un de ces minables. Pour l’instant.
 
Et donc Louise écoutait cette conversation à travers cinq étages de béton, l’engueulade du couple du deuxième, le bébé qui hurlait au troisième et nom de Dieu comment est-ce qu’on peut appeler ça de la musique ? Louise écoutait et elle grinçait des dents. Cela lui arrivait de plus en plus ces jours-ci, au fur et à mesure qu’elle se rapprochait du haut de l’échelle dans son étude de la pseudo-organisation néonazi sévissant à New York. Grincer des dents, serrer les poings jusqu’à ce que ses phalanges blanchissent et qu’elle se dise et répète « Bientôt ».
 
Elle n’était pas la seule à avoir l’œil sur eux, elle avait entendu deux flics en planque dans l’immeuble dans face une fois avant de foutre le camp. Elle n’était revenue qu’après avoir espionné les flics pour s’assurer qu’ils n’avaient pas remarqué ne pas être les seuls à les suivre. Il n’empêche. Elle avait dû commencer à se montrer encore plus prudente.
 
Après avoir mordu la poussière de cinq ou six manières différentes sa journée se poursuivait généralement avec un autre objectif : la traque des différentes branches du réseau néonazi newyorkais. La première étape « connaître son ennemi ». La seconde… requerrait qu’elle devienne un peu plus offensive. Selon les détails qu’elle arriverait à entendre pour compléter le dossier qu’elle avait commencé à constituer  et son efficacité dans… l’élagage, elle serait assignée de l’aide. C’est tout, rompez soldat.  
 
Elle pouvait comparer la Confrérie à l’armée autant qu’elle le voulait dans sa tête, écouter ces dégénérés parfois plus de six heures par jour et par nuit lui redonnait une certaine perspective. On pouvait faire quelques parallèles entre leurs situations (elle, nouvelle Confrériste, s’entraînait pour devenir meilleure et remplir sa mission ; eux, membres d’un groupe radical, s’entraînaient pour devenirs meilleurs et buter les gens différents d’eux) mais elle ne doutait pas de s’en sortir mieux que la plupart d'entre eux.
 
Je n’ai pas été endoctrinée. Je sais ce que je suis et quelles valeurs je souhaite défendre.
 
Elle refusa d’avoir pitié de ces types, aussi paumés qu’ils soient, autant de points communs qu’elle pouvait se trouver avec eux en réfléchissant bien. Parce que Louise pouvait apparemment détruire un être humain en quelques minutes et qu’elle ne le faisait pas. Parce que ces types avaient des armes un peu partout chez eux et sur leur personne et qu’ils n’hésitaient pas à descendre un innocent quand ils avaient l’occasion. Parce que Louise n’avait jamais vraiment su pardonner et il était incongru de commencer par eux quand sa propre mère n'y avait pas droit.
 
Elle ne haïssait pas pour autant pourtant. Elle savait que Makenna et d’autre des membres de la Confrérie avaient un eux une colère sourde et aveugle qui ne demandait qu’à sortir. Elle s’abstenait de commentaires parce que Louise n’avait pas à juger. Elle ne s’était pas fait tirer dessus, frapper, violer, agresser. La seule tentative à son encontre de ce groupe s’était soldé par quatre de ses membres à terre (et elle s’évanouissant d’épuisement, mais chut.) Tout le monde ne pouvait pas en dire autant et tous n’avaient pas eu cette chance.
 
Louise faisait ce qu’elle faisait parce que c’était la chose à faire, ce qui lui était demandé maintenant qu’elle s’était engagée. C’était le moyen qu’on lui avait donné pour aider les mutants et pour se battre contre l’intolérance. Même s’il lui semblait parfois que les Confréristes étaient parmi les premiers à se montrer intolérants. Parce que, oui, mais, c’est les autres qui ont commencé !
 
Elle écoutait, étudiait, notait mentalement chaque détail et elle grinçait des dents. Puis elle pensant à ce que son dentiste si elle en avait un lui dirait et grimaçait. Ces propos la rendaient tellement furieuse ! S’efforcer de ne montrer aucun signe extérieur avait été dur au début de sa mission. Mais il était impératif qu’elle se fonde dans la masse. Ici, là, dans ces bars et ces squats où elle prenait une petite place dans un coin pour « écouter de la musique » avec son casque vissé sur les oreilles ou sa capuche rabattue sur son visage, Louise ne s’appelait pas Louise mais ne donnait que rarement son nom. C’était une gamine un peu perdue qui ne voulait pas rentrer chez elle. Personne ne posait jamais trop de questions. Et s’ils le faisaient, elle s’assurait à coup d’hypnose qu’ils ne recommencent pas.
 
Elle rentrait tard le soir ou tôt le matin et s’écroulait sous sa douche, ses muscles moulus malgré les étirements et le fait qu’elle ait commencé depuis des semaines ! Elle se jetait sur le repas fournit au réfectoire et c’est à peine si elle s’enquérait de la journée de Makenna ou des autres Confréristes. Elle savait qu’elle n’aimait pas qu’on lui pose la question.
 
Le lendemain, Louise se levait, allait courir le long de l’Hudson River comme tout Newyorkaise qui se respecte. Ensuite elle se rendait au dojo et donnait quelque coups pour en recevoir le double parce « trop lente », « pas assez réactive » et « je t’ai déjà montré comment parer cette attaque, tu veux me faire perdre mon temps c’est ça ? ». Selon son humeur l’instructeur serait encourageant ou cassant. L’un comme l’autre ne lui faisait ni chaud, ni froid.
 
Elle n’avait pas besoin de consulter ses notes pour se rendre à l’endroit où elle savait que se retrouveraient quelques membres de l’organisation. Elle en changeait régulièrement, en soi suivre la même personne à la trace peut être riche en information concernant ses habitudes alimentaires et le temps moyen qu’il passe aux toilettes mais c’est aussi ce qui rend la chose répugnante.
 

Avant qu’elle ne s’en rende compte, un mois s’était écoulé. 
To be continued...
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Message  Louise Martell Jeu 15 Jan 2015 - 12:21



▬ Chapitre II ▬
Semer les graines


Quand elle était petite, Louise avait la mauvaise habitude de se ronger les ongles. Dans un rare élan d’instinct maternel, Meredith Martell avait pris rendez-vous chez un pédiatre pour lui demander quoi faire. Quelques heures plus tard, Martell mère et Martell fille étaient assises dans la salle à manger et la première enseignait à la seconde comment se faire une manucure. Certes le vernis était amer et là pour l’empêcher de se manger les doigts jusqu’à l’os mais, mais pour la gamine de sept ans qu’était Louise c’était l’occasion rêvée de passer du temps avec sa mère. Meredith s’était même prise au jeu, lui parlant de la première fois qu’elle s’était mis du vernis à ongles (un violet à paillette) et les hurlements que sa mère avait poussé quand elle l’avait vu. Elle avait ouvert la bouche pour rajouter quelque chose mais son visage s’était alors assombrit et elle s’était tût. Cela arrivait fréquemment à cette époque-là, où Meredith alternait entre le rôle de la mère aimante et celui de la suppliciée qui élève sa fille comme on porte une croix. Elle avait fini par n’être que la seconde en fin de compte.

Le vernis avait été efficace. Radicalement. Son goût était tellement abominable qu’il fallut moins d’une soirée pour que Louise ne stoppe son geste avant d’avoir fini de l’exécuter, une journée pour se retenir au moment d’y penser, quelques jours pour ne plus y penser. Mais le vernis était resté pendant encore quelques semaines, Meredith prenant l’adage « chassez le naturel, il revient au galop » très au sérieux. Tout ça n’aurait pas été un problème si le vernis n’avait pas aussi cet inconvénient de laissé ce goût de produit ménager sur tout ce qu’il touchait, particulièrement pas la nourriture. Pendant ces semaines interminables Louise avait presque cessé de s’alimenter. Meredith ne s’était aperçue de rien.

En contemplant ses ongles, voilà à quoi pensait Louise. Voilà ce qui la retenait encore aujourd’hui de porter sa main à sa bouche et au diable l’élégance, de mordiller le bout de ses doigts. Lorsqu’elle releva les yeux elle croisa le regard interrogateur de Makenna et lui adressa un bref sourire rassurant. Ce n’était pas pour elle qu’il fallait s’inquiéter. Louise allait bien. Tout le monde ici ne pouvait pas en dire autant, songea-t-elle en regardant dans le réfectoire. Makenna devrait savoir qu’il valait mieux donner sa sympathie à quelqu’un qui en avait besoin ou même qui la désirait. Louise n’avait aucune envie que l’on sympathise avec elle pendant qu’elle repensait à de vieilles histoires de son enfance. Et puis, elle n'avait même pas envie de se ronger les ongles. Louise n'était pas sous stress. Elle était même à deux doigts de s'ennuyer.

La porte du réfectoire s’ouvrit et elle reconnut le pas d’Abel, le Confrériste s’était présenté comme son supérieur hiérarchique direct. Façon présomptueuse de dire « l’avant-dernière marche de la hièrarchie », pensait Louise. Mais Louise pensait à voix basse même dans sa tête. Elle était sur la dernière marche. Elle n’était pas en position de médire et n’en voyait pas l’intérêt, même interieurement.

« Martell ? Tu passeras dans mon bureau pour un débriefing sur ta mission dans une heure. Prépare-toi. »

Il sortit sans attendre sa réponse et elle haussa un sourcil sans raison particulière, ravalant les remarques sarcastiques qui lui passaient par la tête. Et les téléphones portables ça sert à quoi si ce n’est de ne pas arpenter toute la base pour trouver quelqu’un ? ou Je suis toujours prête connard, je suis professionnelle, moi. Louise n’aimait pas beaucoup Abel. Mais elle relativisait en se rappelant qu’elle n’aimait pas beaucoup de gens et qu’Abel avait juste le privilège de revenir plus souvent que les autres dans le fil de ses pensées, étant son supérieur hiérarchique et tout ça. Son ressentiment n'avait (presque) rien de personnel.

Elle avala son repas en vitesse et saluer ses compagnons silencieux d’un signe de tête vague. Les quatre personnes attablées faisaient partie de ses préférées dans toute la Confrérie. Principalement parce qu’ils mangeaient en silence. Oh, le bonheur. Le métier de Louise consistait principalement à écouter toute la journée des personnes au QI à peine plus élevé que celui d’une méduse (sans vouloir offenser les méduses lisant ceci) s’étant auto-électrocutée. Ecouter celui de ses collègues par-dessus le marché était la recette certaine pour lui faire perdre tout espoir d’avoir dans l’espèce humaine et la mutanité.

Elle rassembla ses différents dossiers, papiers et numérique (en soi un joyeux bordel organisé mais une heure était un temps très court où étaient notés, classés et analysés les données qu’elle avait récoltées depuis ses quatre dernières semaines.

Très exactement cinquante-sept minutes après qu’Abel lui ait demandé, Louise frappa à sa porte et attendit patiemment. Une fois invitée à entrer elle eut tôt fait d’observer la pièce, en soi assez sommairement meublée, avant de s’avancer et de demander si elle pouvait utiliser l’ordinateur. Abel hocha la tête d’un air las, se frottant les yeux de sa main gauche. Restant impassible à l’extérieur malgré son irritation montante, Louise commença son débriefing.

« Il y a près de soixante personnes concernées, faisant partie d’un de groupes, ou étant directement impliquée avec l’un des membres que ce soit en tant que membre de sa famille proche ou vivant avec lui, ou d’autres raisons variées. Majoritairement des jeunes hommes entre 23 et 29 ans mais il y a aussi des gamins, peu de femmes et quelques seniors. Parmi eux, Maxwell Richter semble être l’une des personnes à viser en priorité, il exerce une autorité presque incontestée au sein de cette organisation. Son fils cadet après lui mais la famille est assez unie pour que ça ne fasse pas désordre. En revanche, ce n’est pas le cas de Truman. Viktor Truman est ambitieux, il parle bien, il parle fort. Il pense pouvoir ‘succéder’ à Richter senior, de gré ou de force. Cela crée des dissensions dans un groupe qui au départ n’est pas très uni. »

Au fur et à mesure qu’elle parlait, elle passa à Abel les dossiers manuscrits où les notes prises durant sa surveillance étaient griffonnées  et elle fit défiler leur photo sur l’écran d’ordinateur.

« La plupart sont sans emploi et vivent au crochet de leur famille, ou un emploi de misère qui ne suffit pas toujours à leur situation financière. C’est leur rancœur et leur idéologie qui les poussent à agir ensemble mais pour la grande majorité ces personnes sont foncièrement individualistes. Richter essaie de les entraîner sérieusement, comme une armée, avec plus ou moins de succès. Trois, dont son fils, sont très bons. Une bonne dizaine des autres sont aussi suffisamment sérieux pour être menaçants. Le reste ne semble pas représenter de danger mais si je peux me permettre une remarque, si l’occasion se présentait, mettre le plus d’entre eux hors d’état de nuire est une précaution nécessaire. Couper les têtes de l’organisation ne fera qu’en faire pousser d’autre. »

Abel hocha la tête l’air songeur avant de demander :

« Et qu’est-ce que tu suggères ? »

Elle s’efforça de ne pas montrer à quel point sa familiarité la hérissait et repris d’un ton sec :

« Beaucoup des actions qui me sont venues à l’esprit à première vue attireraient beaucoup trop l’attention sur nous, ce qu’il faut éviter à tout prix, » fit-elle en lui lançant un regard interrogateur comme pour demander confirmation. « Je propose d’influencer Truman et ses futurs lieutenants pour fomenter un putsch. Truman y est déjà poussé par plusieurs de ces proches : cette lutte fratricide n’élèvera aucun soupçon. Les inconvénients sont qu’il me faudra lui parler directement mais c’est un risque que je suis prête à courir. L’autre est qu’il est virtuellement impossible de prédire les pertes que l’organisation subirait durant un tel évènement. Nous ne pouvons qu’espérer que cela mette la plupart d’entre eux hors d’état de nuire pour que l’on puisse poursuivre la chasse un par un de manière plus discrète. »

Il se frotta le menton, toujours pensif.

« D’autres idées ? »

« Orchestrer un accident. La plupart d’entre eux vivent et se retrouvent dans des bâtiments plus vieux que mes grands-parents, prêts à tomber en ruine. Une fuite de gaz ne serait pas si surprenante. Mais la couverture médiatique après que soixante personnes trouvent la mort… Une enquête sera ouverte et la police sera mise sous grande pression pour des résultats. La moindre trace de sabotage… Nous risquons d’encourager les personnes qui hésitent encore à se radicaliser. »

Encore une fois Abel hocha la tête et Louise s’efforça de ne pas grincer des dents (elle avait fait beaucoup d’efforts de ce côté et elle n’allait pas laisser son pseudo-supérieur hiérarchique la faire replonger).

« Je vais parler de tout ça à mes supérieurs. En attendant continue comme tu l’as toujours fait. Je te tiendrais au courant. »

Elle laissa une copie des données numériques et quitta la pièce après l’avoir salué. Abel lui adressa à peine un signe de tête.


Dernière édition par Louise Martell le Ven 20 Fév 2015 - 8:23, édité 1 fois
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Message  Louise Martell Sam 24 Jan 2015 - 19:52



▬ Chapitre III ▬
Arroser les plants


« Tu sais qu’il y a d’autres façons de rencontrer quelqu’un qu’en lui rentrant dedans ? »

« Pour ma défense, c’est lui qui m’est rentré dedans. »
______

Viktor Truman n’était pas du genre à ramener n’importe qui chez lui. Ou qui que ce soit vraiment. Il passait peu de temps dans son appartement. On pouvait généralement le trouver à la salle du sport du quartier ou sur le canapé d’un de ses potes. Il n’aimait pas être seul, mais n’aimait pas non plus qu’on envahisse son espace personnel.

Victor Truman n’était pas non plus du genre à parler beaucoup aux gens qu’il ne connaissait ni d’Eve ni d’Adam et qui lui était littéralement tombé dessus par hasard. Et pourtant, la fille se trouvait bien dans son appartement. Elle avait un air de nervosité mais elle s’efforça de se redresser et de carrer les épaules dès qu’elle remarqua qu’il était en train de l’observer. Cela l’amusait chez elle, ce constant effort de se faire plus imposante qu’elle n’était, de prendre plus de place pour faire fuir les prédateurs les plus dangereux. Elle lui faisait penser à un chat errant acculé, prêt à crever les yeux de ses assaillants quitte à y passer aussi. C’était peut-être pour ça qu’il faisait une exception. Viktor n’avait rien eu de particulier à faire ce soir-là de toute façon.

Il lui était rentré dedans sans faire exprès au détour d’une ruelle alors qu’il retournait chez lui et elle s’était retrouvée par terre. Elle avait eu l’air prise de cours avant de l’insulter, ce qui en retour l’avait surpris. Les gens du quartier était généralement plus raisonnable et ne lui cherchait pas de noise. Et même si elle n’était pas du coin, du haut de son mètre soixante, si elle avait eu toute sa tête elle ne l’aurait pas traité de con. Pourtant au lieu de l’énerver, le son de sa voix l’avait apaisé. Plus il lui parlait, plus elle l’amusait et plus il se sentait à l’aise. Visiblement, suffisamment pour la ramener chez lui sans trop savoir quoi en attendre.

Elle avait pris possession des lieux comme une star s’installe dans sa suite trois étoiles malgré son apparente anxiété et s’était éclairci la gorge, visiblement cherchant un sujet de conversation et l’air de se demander pourquoi elle avait accepté de venir.

« Et donc tu fais quoi dans la vie ? »

Il lui avait parlé de son emploi au garage avec prudence. Elle avait répondu à ses propres questions avec la même sorte de méfiance qu’on a lorsque l’on parle à un parfait inconnu rencontré au détour d’une rue d’un quartier mal famé de la City. Au bout d’un moment et de quelques bières elle avait commencé à se détendre et retirer sa veste. Viktor avait froncé les sourcils en remarquant un gros hématome sur son bras. Quand il lui avait demandé comment elle s’était fait ça elle avait eu l’air d’hésiter avant de souffler un des ses mèches  brunes loin de son visage.

« Je ne suis pas une demoiselle en détresse, ok ? Je sais me défendre. Contre un gars normal. Pas contre un de ces… » son visage se contracta en une grimace. « …un de ces putains d’anormaux. »

Elle avait les poings serrés et avait sursauté lorsqu’il s’était ostensiblement rapproché d’elle. Ses yeux s’était alors agrandit et elle avait fait un mouvement de recul, comme si elle pensait que lui serait un des ces monstres. Il avait eu envie de rire et l’avait vite rassuré.

« 100% humain ma jolie, pas de souci à se faire de ce côté-là, » lui avait-il dit avec un clin d’œil. Viktor ne faisait pas de clin d’œil aux filles qu’il ne connaissait pas particulièrement. Il ne flirtait pas plus que ça non plus. Il se battait pour ses idées, les filles arrivaient après. Mais quelque chose chez elle et la façon dont elle lui parlait lui donnait envie de faire une exception.

Ils avaient parlé un peu plus alors. Il faisait déjà nuit depuis longtemps mais les yeux de Viktor brillaient avec passion et il expliquait sa cause. Leur cause. Il se prit à lui dire des choses qu’il ne confiait qu’à ses amis les plus sûrs, les plus proches. C’était tellement simple de se confier à Elise. Elle n’était pas en reste. Il trouvait en elle un interlocuteur comme il n’en avait pas eu depuis que Maxwell l’avait amené quand le mouvement.

Il était encore très jeune et Maxwell déjà très vieux. Mais contrairement à aujourd’hui, il n’avait pas peur d’agir. Elise aussi trouvait que Maxwell se faisait des illusions en pensant que le problème mutant allait se résoudre comme ça. C’était une invasion et il fallait agir, pas simplement s’entraîner à jouer au petit soldat. Au fil de la conversation, sa colère pour son ancien mentor montait, mais il eut tôt fait de se rappeler que sans l’homme, il ne serait jamais devenu ce qu’il était aujourd’hui. Non, Maxwell était comme un père et il ne pouvait pas lui faire ça.

Elise avait eu l’air préoccupé avant de demander ce qu’il en était de son fils aîné, William. Ne lui avait-il pas dit que tout le monde s’attendait à ce qu’il prenne la relève ? Oui, il lui avait dit ça. Et William ne rechignait-il pas autant que son père à agir ? Si, Will était une putain de chiffe molle incapable de se battre pour ses idées. Elise avait recommencé à sourire.
______

« Tu as demandé à me voir ? Comment se passe l’opération ? »

« Bien, j’ai établi le contact avec ma cible. Mais j’aurais besoin d’un petit quelque chose… »
______

Maxwell était mort. Peut importe le nombre de fois que Viktor se répétait ces mots, la réalité ne semblait pourtant pas s’ancrer. Maxwell est mort. Maxwell est mort. Maxwellestmort. MaxwellestmortMaxwellestmortMAXWELLESTMORT !

Il avait brisé le miroir dans la salle de bain. Il y avait du sang partout mais il n’arrivait tout simplement pas à s’en soucier. Un homme ne pleure pas fiston lui avait dit Maxwell un jour. Alors Viktor ne pleurait pas. Il hurlait de rage et lançait tout ce qui lui tombait sous la main. MAXWELL EST MORT !

Il n’entendit pas lorsque l’on frappa à sa porte, ni lorsque l’on entra dans la petite salle de bain exigüe. Il lui sembla vaguement entendre quelqu’un dire « Oh Viktor, » avant de sentir cette même personne essayer de le faire se lever en passant son bras autour de son coup. Il enfouit sa tête dans ses cheveux bruns. Elle sentait la pomme.

Ils titubèrent jusqu’à son lit, elle sous son poids, lui sous celui de l’alcool et de chagrin. Elle partit un moment et revint avec de quoi s’occuper de sa main. Il y avait bien du sang et il l’entendit marmonner, parler d’hôpital et de point de suture et de quel genre d’idiot frappe des miroirs de toute façon et de comment elle arrivait toujours à se trouver dans des situations impossibles. Il perdit connaissance, quelque part entre le moment ou elle tamponna sa blessure avec de l’antiseptique et celui ou elle demanda à voix haute s’il faisait suffisamment confiance à ses talents de couturières pour s’occuper de ses sutures.

Lorsqu’il reprit connaissance elle était assise sur une chaise, à moitié endormie et dodelinant de la tête. A peine eut-il esquissé un mouvement qu’elle sauta sur ses pieds, regardant autour d’elle comme si elle avait oublié l’endroit où elle était censée se trouver. Ses yeux se posèrent enfin sur lui. Ils se regardèrent un moment puis il annonça d’une voix vide :

« Maxwell est mort. » Ca ne faisait toujours aucune différence.

Elise hocha la tête et le regarda avec prudence et un air incertain.

« Je sais. Tu l’as beaucoup répété hier… dans ton sommeil. »

Il acquiesça et se frotta les yeux. Bordel. Maxwell était mort.  

« Tu avais laissé la porte à moitié ouverte et je t’ai entendu quand je suis arrivée. Je n’étais pas sûre que tu ais envie de me voir mais quand j’ai vu ta main… Bien joué en passant. »

Elle le fusilla de regard en désignant sa main du menton. Celle-ci était emballée dans plusieurs épaisseurs de gaze et de sparadrap.

« Il faut vraiment que tu ailles à l’hôpital. J’ai préféré ne pas prendre le risque de t’attaquer avec une aiguille, tu as essayé de m’étrangler deux fois quand je ne faisais que tu mettre au lit alors je n’imagine même pas si j’avais tenté de te faire mal»

« J’ai essayé de t’étrangler ? » demanda-t-il avec un air inquiet. Elle répondit en levant les yeux au ciel.

« Tu étais ivre mort. Franchement, je ne dis pas que j’arriverais à te tenir tête sobre mais dans cet état… »

Viktor hocha la tête puis se rembrunit lorsqu’il se rappela ce qui l’avait fait se plongé dans ledit état. Notant son changement d’humeur, Elise se rapprocha du lit et demanda s’il voulait en parler. La réponse était non. Viktor était un homme privé et il n’avait vraiment aucune env… Il s’éclaircit la gorge et commença à parler.
______

Un mutant avait tué Maxwell. Viktor en était certain. Mais Maxwell était plus de soixante-dix ans et son cœur s’était simplement arrêté de battre, l’on avait donc pas vu le besoin de faire une autopsie. Ce n’était pas plus mal. La police s’en mêlerait moins. Et Viktor ne voulait pas de complication lorsqu’il chercherait à le venger.

William ne pensait pas que les marques de brûlures sur la poitrine de son père, signe qu’un grand courant électrique y avait été appliqué, avait quoique ce soit qui vaille une expédition punitive, encore moins que toute l’organisation se durcisse. William ne savait pas de quoi il parlait. Viktor devait agir, il devait prendre les commandes.

Il n’avait pas envie de se battre contre ses frères. Cela pouvait mal tourner. Tristement, Elisa hochait la tête et lui rappelait qu’il avait raison et que c’était le seul moyen.

Le seul moyen.
______

« Comment se passe l’opération, Martell ? »

« Aussi bien qu’on pourrait l’espérer. Si tout se déroule selon les plans, Viktor devrait être suffisamment antagonisé par William pour en venir à la violence. J’ai interagi avec un nombre suffisant des personnes qui seront présentes à cette réunion pour que cela finisse en le bain de sang dont nous avons besoin. »


Dernière édition par Louise Martell le Ven 20 Fév 2015 - 8:24, édité 1 fois
Louise Martell
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Message  Louise Martell Sam 24 Jan 2015 - 20:58



▬ Chapitre IV ▬
Laisser pousser


Elle avait espéré que prendre une douche l’aiderait à se rasséréner. A se sentir moins… elle n’arrivait pas à mettre un mot dessus. Ou même plusieurs. Elle se sentait vide et pleine à la fois. Elle avait honte et elle était fière.

L’eau chaude qui coulait sur sa peau ne servait à rien. Alors elle poussa le bouton pour qu’elle soit plus chaude encore, brûlante. Elle ne sentit aucune différence, même si sa peau prit une intéressante teinte de rouge. Vide, pleine. Honte, fierté. Elle réalisa que ses mains tremblaient. Elle avait l’impression d’être sur le point de vomir sans rien n’avoir à vomir. Vide, pleine. Honte, fierté.

Elle rabaissa la température à un niveau normal et se saisit du shampoing. De petite stature et somme toute assez commune, elle était taillée pour se fondre dans la masse si on faisait exception de ses cheveux. Elle avait dû résoudre ce problème en se les teignant. Elle n’avait pas voulu risquer que l’on reconnaisse la fille qui avait trainé dans le coin ci et là et que avait radicalement changé de style vestimentaire. Mais putain, qu’est-ce qu’elle avait détesté être brune. En baissant les yeux elle vit que l’eau à ses pieds avait des nuances de gris et elle poussa un soupir de soulagement. Un seul shampoing ne servirait pas, l’avait avertit Makenna. Mais Louise avait toute la nuit devant elle.

L’un des inconvénients de la plupart des colorations qu’on achète dans les supermarchés, en plus de devoir les refaire à tout bout de champ, c’est l’effet désastreux qu’elles ont sur le cheveu. Sans parler de l’odeur. Elle avait prit l’habitude de les laver une deuxième fois seulement pour se débarrasser de l’odeur. Viktor avait dit qu’il avait aimé la pomme.

Le haut le cœur la saisit sans crier gare et elle tomba à genoux, tentant de dégager ses cheveux de passage tout en ayant l’impression d’être en train de se faire déchirer en deux.

Je mérite tout. Chaque seconde de douleur.

Parce que Louise frissonnait de dégoût dès qu’elle posait ses lèvres sur celles de Viktor et lui ses mains sur elle. Mais que Louise n’arrivait pas à croire qu’elle avait reprogrammé quelqu’un, qu’elle s’était infiltré par ses failles et son ressentiment pour en faire un tueur.

Viktor était déjà un tueur.

Mais Viktor n’avait tué personne ce soir. William Richter non plus. Aucune des personnes présentes n’était plus responsable de leurs actes que Louise Martell. Louise Martell qui jusqu’à deux semaines auparavant n’avait jamais touché à une arme à feu et jamais pensé s’en servir avait forcé plus de quatorze personne à se descendre les uns les autres. Querelles, disputes, vieilles blessures. Comme un parasite elle les avait toutes infestées pour faire grandir quelque chose d’assez barbare pour tuer les siens. Louise Martell avait tué onze personnes ce soir, et grièvement blessé sept autres.

La réunion avait amené beaucoup de membres hauts placés dans la hiérarchie. Il fallait établir un nouvel ordre d’action après la mort de Maxwell après tout.

Ah, Maxwell. Elle l’avait oublié celui-là. Louise Martell avait donc indirectement tué douze personnes cette semaine. Elle avait eu besoin de quelque chose de voyant pour Maxwell. Quelque chose qui criait « Mutant ! » à quiconque se posait la question. Quelque chose qui attisait la haine, quelque chose qui confortait dans la peur d’agir. Quelque chose qui poussait deux hommes élevés comme des frères à s’entretuer.

Louise n’arrivait plus à vomir et l’eau emporte ce que son corps révulsé à rejeter. C’est tout elle qui tremblait maintenant et plus seulement ses mains. Elle s’interdit de pleurer et n’est pas sûre de savoir pour quoi, pour qui, les larmes lui brûlaient les yeux.

Maxwell Richter était un meurtrier. William Richter a battu d’innombrables homosexuels à mort. Paul Carter a tiré une balle dans la tête d’une gamine de quinze ans parce qu’elle était mutante et ne s’est jamais fait attraper. Doug et Ray Davis ont terrorisé une famille d’immigrants pakistanais hors du quartier, puis du pays en les agressant chez eux. Sam Westerling…

La liste continuait. Chacun d’entre eux à plus d’un crime à son actif. Un crime qui aux yeux de Louise valait mille fois la mort qu’ils ont eu. Comme beaucoup d’Américains, Louise était pour la peine de mort. Ce n’était même pas tant être le bourreau qui était en train de la foutre en l’air. Louise n’avait jamais vraiment vu le problème éthique avec l’hypnose jusqu’à ce qu’elle pousse quatorze personne à s’entretuer.

Lorsqu’elle sortit de la cabine de douche – tôt, trop tôt, toujours trop tôt – elle retrouva Elise dans le miroir. Elise avec son air farouche et décidé, et ses putains de cheveux noirs.

Louise n’avait jamais eu autant envie de briser un miroir.

Elle pensa à Viktor et sa main en sang. Le haut le cœur la reprend mais il ne reste rien dans son estomac et au lieu de se vide elle se retrouve à sangloter malgré ses plus grands efforts.

Elle avait fait ce qui devait être fait.
On ne l’avait forcé à rien.
Ce plan était son idée.
Elle en assumait toute les conséquences.
Elle avait exécuté son objectif.

Elle n’avait jamais été plus dégoutée d’elle-même.

D’une manière ou d’une autre elle parvint à se calmer et s’habiller, vouant ses cheveux bruns aux enfers avant de sortir, s’efforçant d’avoir l’air assurée et imperturbable comme elle l’était toujours. Louise n’était pas la seule avec avoir de ses hors du commun. Elle se retint de hurler face aux regards de pitié, de cracher à ceux de mépris.

Louise se sentait vide, faible, comme s’il ne lui restait plus aucune force. Elle se sentait vide comme s’il ne lui restait plus rien à accomplir. Louise se sentait pleine, sur le point de déborder, d’exploser, de hurler. Elle se sentait pleine comme si son trop-plein d’émotions menaçait de lui faire perdre la tête.

Elle avait honte d’avoir réussi. Mais en même temps, elle avait réussi. Et Louise, si elle était honnête avec elle-même, s’aimait trop pour vivre dans la honte de ce qu’elle était. Il lui fallait s’accepter dans son entièreté et cela incluait le sentiment de fierté sauvage qui l’avait envahit quand elle avait entendu le premier coup de feu, à quelques rues du massacre qu’elle avait orchestré. La satisfaction d’avoir débarrassé la terre de pourritures de la pire espèce.
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« D’après nos contacts dans la police de New York, une responsabilité mutante n’est pas suspectée, malgré la mort louche de Richter senior. Je ne garanti rien pour les agences fédérales, mais celles où nous avons une oreille ne sont pas impliquées dans l’affaire. La plupart pensent que c’était couru d’avance, comme nous l’avions prévu. »

Louise hocha la tête, pensant intérieurement qu’Abel n’avait rien prévu et que c’était elle qui avait fait tout le travail, mais ne disant rien. Certaine chose ne change, quatorze meurtres à son actif ou non.

« Je n’ai pas besoin de te dire qu’il faudra veiller à ce que cela reste ainsi pendant la suite des opérations. Tu as déjà identifié qui étaient les cibles priorités pour définitivement mettre un terme aux agissements de l’organisation et faire en sorte de décourager toute personne susceptible de la reformer. De façon permanente. Brett, l’electrokinésiste, est déjà familier avec ton opération avec ce qui s’est passé avec Richter senior. Il t’assistera donc dans la suite des événements. »

Quel euphémisme pour vraiment vouloir dire « il t’aidera à traquer et tuer les membres restants posant le plus problème tout en restant discret de façon à ce que la Confrérie ne soit pas suspectée d’être encore active ». Louise connaissait son boulot. Elle venait de prouver qu’elle était bonne dans son boulot. Elle retint la grimace instinctive qui venait à l’idée d’un partenaire et de travail d’équipe et salua Abel avant de se retirer.

La traque n’était pas terminée. Et quelque soit son dilemme moral, elle n'arrêterait pas car tel était son devoir envers toute la mutanité.
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