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Message  Léviathan Lun 1 Jan 2018 - 12:45




Une goute d’eau dans l’océan
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Le nouvel an. Contrairement à l’anniversaire, ce moyen de matérialiser le temps qui passe est tellement arbitraire. Cela étant, c’est le cas de la quasi-totalité des événements annuels. Les gens ont besoin de célébrer le temps, cette chose si essentielle à leur vie et pourtant si illusoire. Chaque année est importante pour eux car chaque année est un pourcentage significatif de leur existence. Mais chaque année est aussi une goûte d’eau de plus dans l’océan de la vie du Léviathan. Est-ce par besoin humain, ou par facilité afin de n’avoir à se justifier, que nous avons choisie cette nuit pour nous réunir ? Il doit y avoir de ses deux raisons et d’autres, cela n’a aucune réelle importance au final. Le Léviathan compose nos corps et il fallait bien un moment pour nous ramener à cette source qui nous compose et partager ce que l’on a apprit en ce laps de temps qui nous a séparés de notre précédente réunion. Cela va être la quatrième fois que je préside, ayant reprise la place tenue durant des décennies par Sébastian von Orchent suite à son arrestation. Nous savons tous ce que cela signifie.

Je boite au côté de mon père, vêtue d’un tailleur guère différent de son costume trois pièces. Le bleu de sa chemise est remplacé par du mauve chez moi et je n’ai pas de pochette contrairement à lui. Même s’ils sont de couleurs différentes, nos cheveux ont la même texture et une implantation similaire tandis que nos yeux ont la même forme. Cela vaut aussi pour nos nez et nos bouches, le reste me provenant de ma mère nullement invitée ce soir. Tout important soit notre attachement à elle, elle n’appartient pas au Léviathan comme nous. Hors, tous au sein de la salle de réception font parti de lui, tout comme nous. Nous sommes, à ce regard, un unique être.

Les discussions vont bon train parmi les présents, tenues et comportements témoignant de différentes origines sociales. Le Léviathan raisonne en lignées mais toutes n’ont pas fait fructifier leur héritage pour bénéficier d’un certain statu social, cela nuirait à notre diversité. Il faut de tout pour faire un monde, comme on dit, et nous sommes de tout. Mais d’un tout peu nombreux car notre population est contrôlée, afin de rester stable et de ne pas devenir une menace à la biodiversité. Nous sommes tous ici des héritiers, des enfants uniques qui auront similaire place à leur prédécesseur au sein de la société ; qu’importe que cette place soit élevée ou non. Après, nous n’allons pas mentir : nous avons tous de quoi mener de bonnes vies ici, il n’y a pas de pauvre ou de nécessiteux en notre sein. Lutter pour notre survie, vivre au jour le jour, cela n’aurait guère d’intérêt pour des fragments d’une créature immortelle. Tout comme nos cellules œuvrent de concert pour faire fonctionner notre organisme, nous agissons pour Léviathan. Pour moi, dans cette période temporelle.

Les poignées de main et les bises s’échangent en me laissant loisir de constater que tous ici présentent des séquelles physiques à mon instar. Elles vont disparaitre à mesure que la soirée va avancer et je me remets de ma propre peine avec la vivacité du Léviathan, mes cellules se démultipliant pour que mon organisme retrouve ses performances optimales. Il n’est qu’une seule personne à ne pas être habituée au passage en cuisine qui précède la réception et son père me la présente. Je ne saurais dire son âge, quinze ou seize ans tout au plus, mais je sais qui elle est aussi bien qu’elle sait qui je suis ; c’est instinctif, je dirais. Son géniteur me connait et je connais son géniteur, nous partageons donc la plupart de nos savoirs de la même manière que nous partageons une partie de notre génome. Je lui tends la main et elle la regarde puis me regarde de ses yeux verts, gardant ses lèvres closes. Je peux sentir une certaine envie se diluer dans le cocktail de son cerveau, le péché m’appartenant étant présent en son cœur. Cela accroit un sourire plus bienveillant et je me souviens lorsque j’étais à sa place. Elle veut être à la mienne.

- Il est probable que ton envie soit exhaussée plus vite que tu ne le penses, si tu te fais remarquer à jouer avec les néonazis comme tu le fais.

- Mais ça s’rait que temporaire,
me répond-t-elle avec lucidité et franchise. J’sais pas quel plan t’as pour moi.

- Je ne sais pas non plus, sinon on pourrait m’utiliser pour le découvrir.


Je regarde l’adolescente de Charlottesville s’en retourner avec le mécontentement lié à son âge. Elle a la beauté des gens qui sont envieux d’autrui car ils en ont une image méliorative et qu’ils sont incapables de percevoir ce qu’ils possèdent eux-mêmes ; ce qui n’est absolument pas péjoratif. La plupart de nos obligés, qu’ils soient nommés "clients" ou "proies" par perception construite, ont ce trait de caractère et cela n’enlève rien à leurs âmes ou à leur personne. Simplement qu’il ne s’agit pas de récolter une âme avec elle, celle de l’adolescente m’appartient déjà tout autant que celle de mon père ou que la mienne. Que toutes celles ci-présentes. Et même que celles d’autres qui ne sont pas encore arrivés.

Mon regard dévie sur l’assemblée tout comme mon ouïe se laisse aller sur le bruit de fond. Après quatre ans et demi à déjeuner dans une cantine universitaire, cela me semble bien plus discipliné qu’auparavant ; sachant qu’aucun d’eux n’a commencé à manger. Il n’est nul buffet ni même d’encas pour nous être déjà proposé, nous laissant cultiver notre faim jusqu’à ce que tout le monde soit passé par les cuisines et que ce que nous y avons laissé soit fin prêt. Comme tout repas de fête, la préparation est plus longue encore que le repas lui-même. Surtout que nous ne faisons pas semblant. Une idée qui me fait me frotter la jambe comme accorder mon attention à la grande absente de ce soir.

Lupita, je me demande ce que tu fais. Te souviens-tu quand nous passions cette soirée ensemble ? Tu étais à peine plus grande que moi et bien plus débrouillarde. Tu venais d’un milieu plus dur que le mien et, de me voir intimidée la première fois, tu m’as prise sous ton aile. C’est avec ton exemple que je me suis affirmée, pour le meilleur et pour le pire. Je sais que la Colère dispute ton âme à l’Envie mais j’ai cette même foi en toi aujourd’hui que j’avais à l’époque. Oui, les X-Men ont condamné ton père à une lente descente vers la folie en l’enfermant pour le reste d’une vie qui ne se terminera jamais sans notre intervention, nous avons déjà convenu de la cruauté de la chose comme de celle de mon abandon envers lui ; quand bien même cette décision n’a jamais été mienne. Cependant, la haine résultante de cela était également un masque pour la jalousie que tu éprouves envers moi et elle devait être plus importante que ton courroux. Tu considérais le démon comme te revenant de droit, comme appartenant à ton héritage de von Orchent, et pourtant c’est moi qui aie été choisie. Mon amie, je sais que je n’ai plus le droit de te nommer ainsi mais n’as-tu jamais songé que ce soit cette instabilité qui m’ait privilégié à toi comme nouvel hôte ? Où que ce soit combien mon cœur reste fidèle à l’Envie ?

Ce n’est que lorsque l’apéritif dinatoire finit par commencer que je sais que tu ne viendras pas. Minuit sonne et plutôt que de se souhaiter la bonne année nous faisons silence alors que ceux désignés pour servir apportent toasts et amuses-bouches sur des plateaux d’argents, tous contenant une fine pièce de viande quelque soit l’assortiment. Les convives en prennent un de chaque plateau, ne marquant une pause dans leur discussion que pour déguster leur aliment et passer au suivant. Je me sers comme tout un chacun et mange le premier en silence. Mon regard se porte sur l’adolescente de tout à l’heure, assise sur le rebord d’une fenêtre à regarder alternativement son met et tous ces adultes qui l’ignorent.

- Tu n’en as jamais mangé avant, suppose-je alors que je m’assois à son côté.

- Non.

- Ça te pose un problème ?

- Non. Je me demande juste à qui il appartient.


Je ne peux m’empêcher un petit ricanement face à cette interrogation. Elle est à la fois très pertinente et complètement hors de propos : rien que se la poser est déjà une chose que très peu ont du faire ici, je ne l’ai jamais fait moi-même, mais la réponse est simple.

- Il appartient au Léviathan.

Le Léviathan a toujours fait parti des espèces cannibales et être divisé puis réintégré au sein du Léviathan est non seulement un moyen de partager nos apprentissages et d’évoluer mais également notre principal moyen de mourir. Il est dommage qu’avec la vie que j’ai eu à travers lui, Sébastian von Orchent n’ait pu connaitre ce sort comme les autres avant lui. Après, c’est justement la vie qu’il a eu qui l’a condamné à finir comme il a fini. Lupita, mon amie, j’espère que dans ta considération à me tenir pour responsable de cela, tu n’en viendras pas à trouver une fin exotique toi aussi. D’autant que, si tu avais été là, tu aurais su que la fin de ton père est encore à venir. 2018 est plein de promesses…
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