Ashes to Ashes
(pour david, mon étoile noire, pour toujours)
Je me sentais pourtant bien, ce matin. En me levant, j’avais plein de trucs à faire en tête. Inventer de nouveaux sortilèges ou enchantements. J’ai connu un maître en la matière. Un maitre des sortilèges à n’en pas douter. Il avait une façon bien à lui de les exercer. Il chantait, et on était captif, envouté, transporté aussi surement que je peux marcher dans les ombres.
Il n’avait pas besoin d’atout pour me parler directement d’âme à âme. Et il aurait pu en remontrer à Kate, pour ce qui est d’atteindre les gens en plein cœur. Il n’avait pas de flèches, ni d’arme, mis à part son imagination, sa voix à nulle autre pareille, et ses univers.
Combien de fois, les écouteurs sur les oreilles, je me suis promené, parcourant les contrées fantasmagoriques que sa voix faisait naitre, que ses arrangements musicaux m’évoquait.
Il y a peu, il m’a fait découvrir un univers, que j’ai parcouru en marchant sur sa mélopée. Une étoile noire, un cœur mystérieux, portée par une femme chat, scandé par un homme qui voit et qui pourtant à un bandeau sur les yeux. Il est prêtre, et j’ai foi en lui, il est magicien et j’apprends en le regardant.
Il parait que je suis un prince, mais je ne suis rien par rapport à lui. Il ne marche pas pour atteindre un autre monde, il le crée. Il n’a pas besoin de magie pour enflammer les âmes, et il est un prince, solitaire, entouré. Il est un roi, couronné, déchu. Il est un homme, ou une femme. Il est tout ça, ambigu, flamboyant, et il s’est éteint ce matin.
Et pourtant, toute son œuvre est encore la, et à chaque écoute, j’apprends, comme tant d’autres apprennent aussi de lui. Major tom, le roi gobelin, l’étoile noire, il a pris tant de nom, david. A l’entendre, encore, et pour longtemps, je trouve les mondes beaux.
Beaux, oui, comme Bowie, comme dirait l’autre…
Je ne peux rien faire pour compenser sa disparition, et un trou béant s’est ouvert en moi. Mais plus je pense à ce qu’il m’a fait vivre, plus ce trou béant se remplit. C’est mon étoile noire à moi, celle qu’il a fait naitre, et qui me réconforte quand je pense à tout ce qu’il a créé. Au mystère qu’il a cultivé.
Non, il n’est pas mort. Il est juste parti. Il a du sang princier en lui, il a du passer l’épreuve de la marelle ou du Logrus, et il est simplement ailleurs, dans un autre univers, ou il va continuer à créer. Un jour, peut-être, si je progresse suffisamment, si j’ai suffisamment l’envie, la foi, j’arriverai à faire un Atout de David. Et je pourrai lui parler, et venir à sa rencontre. Mais j’ai encore beaucoup de choses à faire ici.
Alors je branche mon baladeur, et je parcours les pistes chimériques laissées par David, les beaux rêves plantés pour tous ceux qui le veulent encore, et qui poussent sur le terreau fertile de l’imagination.
Beaux, oui, comme Bowie.