Si vous voulez mon avis, c’était pas forcément la meilleure idée que j’ai eu de ma vie… Avec tous ces supers héros qui commencent à sortir de leur boite de pandore, ou, pour être plus juste avec mon histoire présente, de leur chapeau de magicien, comme des lapins dopés aux stéroïdes, j’avais espéré tomber sur un scoop. Je suis pas trop mauvais en photo, et mon alpha 77 sert depuis trop longtemps de cale-livre. Vu le prix qu’il coute, il a l’air de m’accuser depuis l’étagère montée à l’envers de mon armoire Ikea. Je rédige à peu près correctement.. Alors je sais pas.. Je me suis dit « et si je partais à la pêche aux scoops… »..
Je ne suis pas journaliste, même pas élève en journalisme. Je m’appelle Adrian, et je suis un livreur de pizza.. Salaire de merde, fringues qui puent la friture et le gras, mais grosse passion pour la photo. Vous voyez le topo. C’est con, mais j’arrête pas de regarder en l’air, pour essayer de chopper un héros en train de voler avec son slip par-dessus son collant. Et qu’est-ce qui arrive quand on regarde en l’air ? On se cogne sur la moindre merde plantée sans aucun sens artistique au milieu d’un trottoir. Le nez écrasé contre un réverbère, je louche sur une affiche ventant un spectacle de magie… Gratuit ! La magie, d’habitude, ça me fait chier… Franchement, décapiter des pigeons avec des cartes, ou hypnotiser des morceaux de viandes pour qu’elles restent fraiches… Oui, bon, je mélange un peu les tours, mais c’est pas mon truc… Mais je me fais tellement chier, et puis c’est gratuit, si c’est naze, je me barre et je reprends ma ronde, le nez en l’air, en quête du scoop…
Quand même je suis assez surpris qu’on propose ce genre de spectacle, gratuit, et en plus en début de soirée, alors que des gens sont prêts à payer pour ça… Arrivée devant le petit théâtre, je regarde les lettres dorées. Très old school. « Monsieur Faust, le magnifique. Entrez et abandonnez votre âme ! »… Ce qui me fait le plus flipper, c’est le mauvais goût du mec qui a fait l’affiche. C’est une surenchère de lettres alambiqués, c’est presque hypnotisant tellement c’est too much. Une veille fille qui a l’air de se faire chier autant qu’une préposée à la poste se trouve devant le guichet. Ya pas la foule… D’un air morne, elle me demande simplement de tendre la main quand je lui demande une entrée. Aie ! Elle est folle ou quoi ? Un pincement aigu m’indique qu’elle m’a piqué le doigt et je vois une goutte de sang perler au bout de ma phalange…
-zetes malade ? Je pourrai porter plainte !-apposez juste votre doigt ici, et perdez tout espoir.Sa voix est monotone, et un peu flippante. Haussant les épaules, je fais comme elle m’indique. Rien que ça, ça aurait dû me mettre la puce à l’oreille. J’étais docile comme un mouton… Au moment où je pose ma drôle de signature, je remarque une trentaine d’autres petites tâches… Fronçant les sourcils, je rentre dans la salle, à peine éclairée par des lumières tamisées. Mais l’ambiance est plutôt chaleureuse. Je m’installe avec les autres spectateurs, dans une salle relativement petite.
Au bout d’une demi-heure environ, à écouter une musique vaguement jazzy en toile de fond, la salle s’est remplie. Je dirai qu’on est environ une cinquantaine… Tout le monde à l’air à peu près calme, mais surtout intrigué. Mon regard se pose sur un jeune homme, qui semble étudier les lieux avec sérieux, et fais des espèces de passes avec ses mains. Encore un timbré. Il doit croire que la magie existe vraiment. En quête de sensations fortes humm ? Je m’apprête à le prendre en photo, mais au moment où je le vise avec mon objectif, son regard me transperce… J’avorte mon geste, comme un gamin pris la main dans le pot de confiture. Il me lance un petit sourire et me fais signe de rester attentif… Je ne comprends pas ce qu’il veut vraiment, mais je n’ai pas le temps de me poser plus de question. La scène s’éclaire soudain, avec un morceau grandiloquent d’instruments à cuivre, et des effets de fumigènes qui me font doucement marrer.. Kitch à mort.
Le type qui apparait au milieu par contre me fait immédiatement flipper.
-Bienvenue, chers amis ! Je n’ai qu’un seul et unique tour à vous proposer, mais je peux vous garantir que vous n’en avez jamais vu de pareil, et que vous n’en verrez jamais plus d’autres équivalents de votre vie !Et la, ça part en couille… Je vais essayer de vous expliquer tout ce que j’ai vu et entendu, mais m’en veuillez pas si tout n’est pas très compréhensible… D’abord, le type, la, Faust, a sorti une sorte de vieux parchemins de son chapeau, et c’est là que j’ai reconnu le papier qui avait recueillis toutes les « signatures de sang ». Puis il s’est mis à parler dans un charabia totalement incompréhensible, avec une voix gutturale. C’était vraiment flippant. Mais le pire, c’est que j’ai voulu me casser fissa de la salle, mais des nèfles ! Impossible de bouger autre chose que la tête. La tournant de droite et de gauche, l’horreur s’installa insidieusement en moi quand je vis que tous étaient dans le même cas. Tous ? Non, pas tout à fait. Le type que j’avais voulu prendre en photo bougeait, lui. Il se levait, même. Des espèces d’effluves verdâtres partaient de certains corps, provoquant des hurlements aux personnes à qui ça arrivait, et ce type, la, Faust, il semblait ingurgiter les effluves en question. Les bouloter, comme une putain de pizza ! J’étais une putain de pizza et je m’étais livré à ce morfale comme toutes les pizzas que je livrai habituellement. A chaque fois qu’il gougnafiait une âme, à défaut d’un autre terme, il semblait devenir un peu plus grand, et il luisait comme une luciole…
Le jeune mec se leva d’un coup, en faisant des gestes bizarres.
-Au nom de la Young Force, tu vas cesser ta magie pernicieuse, Felix Faust ! Mon nom est Maximus Correy d’AmbreCour, Duc du Kolvir, Baron des Marches de L’ouest, et prince légitime des cours du Chaos ! Soumet toi au Logrus, plie devant la Marelle ! Par la bête au bout du pic des enfers pourpres, cesse ton rituel !Tain j’entravais que dalle à ce qu’il disait !
-hey mec ! Fais quelque chose, merde ! On est à new York, la ! Pas dans un bouquin d’harry potter, on comprend rien à ce que tu dis !Le type fronça les sourcils, visiblement choqué que je m’adresse à lui, mais continua quand même à faire de la kapoera ou je sais pas trop quoi.
Le type sur la scène s’étrangla pratiquement, et perdit visiblement son emprise sur nous, mais on ne pouvait toujours pas bouger. Je remarquais deux morts dans la salle. Je ne voulais pas être le troisième.
-hey, duc du col vert, barons des marchés d’europe de l’ouest, je sais pas qui tu es, mais si tu nous sauves, t’es à la une de.. euh.. bref, sauve nousUn claquement de langue agacé du type fut sa seule réponse, et Faust en profita pour lui balancer un éclair pourpre sur la tronche…Max, appelons-le comme ça, c’est plus simple, sembla essuyer un miroir invisible et l’éclair fut tout bonnement absorbé.. Je commençais à récupérer l’usage de mes membres et j’en profitais pour me ruer sur mon Sony alpha 77 pour les prendre en photos. Je m’attendais à ce que max lui balance lui aussi un éclair, c’était ça, non, un duel de sorciers mutants ? Mais non ! Il prononça des mots bizarres. Juste trois mots, et sembla faire une légère pichenette avec sa main, presque dédaigneusement.
Des énormes flammes, comme du tungstène bleu, fusèrent vers le type, et j’entendis une sorte de mélodie avec des violons et des tambours de concert classique. Tain ! C’était quoi ce délire ?
Mais Faust visiblement avait prit cher au passage, et c’est avec un regard mauvais, éteignant les flammes, qu’il balança des chaines noires qui avaient l’air de faire mal a Max. Ce dernier sembla grandir un peu, et devint plus musclé, tout en s’approchant, visiblement avec peine, de Faust. Finalement il brisa les chaînes, et fit de nouveau un geste simple, assortis de deux ou trois mots. Visiblement lui et Faust avaient un style de magie complètement différent… Tain, ya même pas une heure, je croyais pas à la magie.. Les pouvoirs mutants, oui, mais ça ? ! Ce coup-ci j’entendis des flutes, rapides, plutôt agréable d’ailleurs, mais visiblement Faust n’était pas de mon avis. Il se mit à balbutier, à perdre ses mots, des éclairs crépitants au bout de ses doigts. Bientôt, la bave aux lèvres, il se mit à rire bêtement, visiblement incapable de prononcer son sortilège… L’autre l’avait lobotomisé ou quoi ? … Faust sembla se reprendre in extremis et aspira d’un coup, comme un noyé refaisant surface. Les effluves vertes partirent rapidement des personnes les plus proches, mais Max se rua sur lui, et là, franchement, je suis content de la photo que j’ai prise.
Il est carrément devenu une sorte de petite tornade d’air, avec pleins de cristaux coupants comme des rasoirs, et des jolis reflets bleus turquoises, tournoyant autour de lui. Je crois que Faust à couiner, puis hurlé et finalement, dans un grand éclair blanc, j’ai retrouvé max, jurant comme un charretier.
-merde ! Je pensai qu’il avait plus d’énergie en réserve. Il a réussi à s’enfuir ! Mais je le retrouverai, je pourrai faire un Atout de lui, j’ai ses traits en mémoire…Tout le monde le regardait, l’air de dire « mais de quoi tu parles, mec ? »..
J’avais un peu pitié de lui, en fait.. Mais surtout, il m’avait sauvé la vie, bordel !
-Mec ! Mec ! moi c’est Adrian, attend, pars pas, je.. Dis-moi qui tu es, et comment tu fais tout ça ! J’ai pris des photos, c’est pour… Tu as bien parlé de la Young Force non ?(..)
Ça fait une heure que Max tente de m’expliquer d’où il vient.
-
j’y comprend rien… Une marelle ? Comme dans les cours de récré ? Quel rapport ça a avec tes pouvoirs ?-mais tout bon sang ! Tu vois, vous vivez sur une ombre. Ombre terre. Ambre, c’est le monde originel d’où je viens et je peux parcourir les ombr…-ahhhhhhhhhhh ! Ben voilà, c’est plus simple. Tu viens d’un monde parallèle, une autre dimension ? Et tu peux te téléporter ? - non ce n’est pas… Enfin oui, simplifié, c’est ça, mais..-mec ! Faut toujours simplifier. Bon.. T’as fait des études de magie dans l’équivalent de Poudlard, sauf que ça s’appelle Ambre et que tu dois traverser une marelle pour choisir ta voie, et pas utiliser un choixpeau magique… Ok.. Mais ton logrus, c’est quoi du coup ?Max me regardait comme si j’étais un martien, l’air complètement paumé.
-Mais le Logrus.. ça me permet de trouver des objets, des gens, de stocker mes sortilèges. C’est une manifestation spirituelle et physique d’un principe fondamental du chaos, en opposision à l’ordre, que représente la marelle..-simplification mec ! Sinon les lecteurs vont rien piger.. Donc.. Tu es a la fois magicien de la marelle machin, et magicien du logrus bidul.. Un peu le bien et le mal ?-non ! Rien à voir.. Plutôt… L’ordre, la loi, les trucs qui bougent pas.. Et le chaos, la liberté, les règles dont on se fiche..-ah oui ok ! Mais je pige pas, tes sorts étaient chelou, tu lui a balancé quoi ?-le premier je l’ai nommé « concerto pour six torches acétylènes », c’est..-attend je note, ça déchire !-c’est… euh… des flames balezes avec de la musique, quoi…Je riais face à son désarroi. IL avait l’air d’avoir du mal pour la simplification.
-et le deuxième, je l’ai appelé « toccata et fugue mentale ».. un grille neurone, si tu préfères.-ouais, cool ! tu lui as grillé le cerveau.. je note.. Bon, et ton dernier truc, la , avec le tarot de marseille ? tu fais des prédictions comme madame irma ?Les épaules de max s’affaissèrent…
-non.. je peux dessiner les gens ou les objets, et me concentrer pour matérialiser leur représentation tridimendisionnele via des lignes de forces que seul les initiés du logrus…..hmm.. Je peux me téleporter auprès d’eux ou les forcer à se téléporter auprès de moi…-bon ben voilà, on y voit plus clair… Alors je résume : Tu t’appelles Max, on va faire plus court et puis ça sonne mieux. Max, donc, tu viens d’une autre dimension. Tu es sorcier, tu peux te téléporter, téléporter d’autres trucs, changer un peu ton environnement et changer de forme et tu es avec la young force.Voila. J’ai rien oublié ?Max me regarda, les larmes aux yeux, puis finalement éclata de rire.
-non, je crois que tu as rien oublié… Mais je crois surtout que j’aurai du simplifier depuis longtemps, comme tu dis… j’ai l’impression que tout deviens plus facile, dit comme ça… ça va paraitre dans quel journal ?-je te tiens au courant… Tu peux toujours faire une carte de tarot de marseille pour me contacter avec un concerto machin non ? Merci pour tout, mec ! Oh, et t'as des supers beaux yeux verts ! (…)
Max se leva, puis éclata de nouveau de rire… Au diable les cours, et les intrigues à Ambre. Il était New-yorkais, et Daryl, Kate, Walter, Hiro, Cassie, Connor, Megan, Nate et les autres avaient besoin de lui… En attendant, il se concentra sur le dessin de la carte de Faust.. A nous deux, magicien à la noix !