Une question de régime (PV Samantha Parrington) (Terminé)

Elle n’avait pas tort. J’aurais bien voulu protester mais… Elle avait raison. Combien de fois m’étais-je dit qu’il fallait que je le fasse car quelqu’un d’autre pourrait mal faire? Combien de fois m’étais-je résolu à ne rien dire à personne alors que j’aurais tant eu besoin d’aide? Pourquoi cette réticence à ne pas vouloir d’aide? C’était bien ça le problème. Je n’avais pas de réponse à cette question. En fait j’avais un peu peur de cette dernière pour être franc. Je savais ce que cela risquait d’impliquer. Et je suppose qu’en un sens ça m’évitait d’avoir à regarder une dure réalité en face. Mais bon. Je suppose que c’était un débat pour une autre fois : le changement vs la routine. Oh oui. Elle était bien à la routine. Malgré tout ce qui se passait, une chose à la place. Une place pour chaque chose. Les choses se passaient avec une certaine constance, une certaine régularité.

Évidemment, les révélations de Samantha ne me laissèrent pas de marbre et je pense avoir blêmi à l’annonce de ce terrible pouvoir. Elle ne m’en avait jamais parlé auparavant… Et pourtant Samantha et moi avions eu un nombre important de conversations. Surtout après qu’elle se soit retrouvée avec cette entité asgardienne dans le crâne. Jamais auparavant elle ne m’avait parlé de cela. Je dois avouer que c’est un peu terrifiant quand on y pense. Résister à l’envie de demander ce qu’elle voit de nous et redouter qu’elle nous révèle quelque chose qui inévitablement sera tragique. Voilà une responsabilité que je ne voudrais jamais avoir. Et une que j’espère ne jamais avoir. Oh non. Je ne voudrais jamais d’une telle chose. La simple pensée me donnerait presque la nausée. Mais je m’écarte du sujet principal aussi laissez-moi y revenir.

Peut-être effectivement que je me suis perdu. Peut-être effectivement que je suis devenu trop pessimiste sans m’en rendre compte. Et quelque part, je pense que je m’en doutais déjà. Je me sens misérable ces derniers temps. J’ai beaucoup de difficulté à garder le sourire, à rester optimiste. Je suis constamment dans mes dossiers, à essayer de tenir la TARGE à bout de bras… Je commence à me poser des questions. Suis-je vraiment fait pour ce job? J’ai toujours cru que oui mais les récents événements semblent démontrer que quelque chose a changé. Je ne sais pas si c’est ce que je perçois comme la dégradation accélérée du SHIELD ou autre chose mais ce n’est pas très encourageant. Tranquillement, je me referme sur moi-même. Je vois des menaces partout. J’ai du mal à bien dormir, à bien manger. Je n’étais pas bien gros à la base et je suis sûr d’avoir maigri.

Du positif Adrian. Il faut que tu trouves du positif. Autrement tu vas craquer et là effectivement tu ne seras d’aucune utilité à qui que ce soit. Ce qui en soit serait un peu à l’opposé de tous tes principes. Beaucoup, en fait. Je me tire de mes pensées pour offrir un mince sourire à Samantha que j’espère rassurant. Je déteste mentir mais je ne veux pas qu’elle s’inquiète pour moi. La pauvre doit en avoir bien assez sans avoir à s’occuper de moi en plus. Je ne veux devenir un fardeau pour personne et… C’est précisément ce dont elle parlait en fait. De cesser de toujours centrer les choses sur moi. De s’ouvrir aux autres. Bon sang Adrian est-ce que tu écoutes des fois? Oui bien évidemment mais… Peut-être pas autant que je ne le crois en fait. Et c’est ce qui je pense est le plus étonnant. D’ordinaire, je suis beaucoup plus allumé que cela. Focus, Adrian. Focus.

« Je ne sais pas si je dois dire le pire c’est que tu as raison ou simplement avoir honte. Effectivement je me rends bien compte que je me referme sur moi-même mais… Je ne veux tellement pas déranger les autres avec mes problèmes… Que finalement je pense que je leur cause du tort car ils s’inquiètent pour moi. Enfin. Certains d’entre eux. Toi, possiblement. Et j’en suis sincèrement désolé. »

Bon, c’était un long speech sur ma vie et sur ce que je pensais vraiment de la situation, il est resté un moment silencieux pour ce gros discours. Je ne sais pas vraiment quoi qu’il pense en ce moment, mais il existe vraiment une grosse différence entre mon discours et celui du discours d’Adrian. Je suis très loin d’atteindre l’intelligence de plusieurs, Brundhilde peut me donner des informations supplémentaires, mais je ne crois pas que cela va changer des habitudes militaires que je possède. Oui on peut taxer mon discours de conservatisme américain, mais je suis quand même sûr que mes discours sont bien moins monstrueux que ceux de Carol. Oui je peux jouer avec une certaine fierté américaine, mais cette fierté se définit par sa tolérance et son pragmatisme. La fierté de Carol se concentre autour de la peur des autres et par un coté réactionnaire qui pourrait même faire peur à Georges W. Bush ou à d’autres libertariens.

Est-ce que j’ai peur des Last Sons? Je ne crois pas vraiment, je crois juste que les Last Sons ne nous montrent pas assez pour le moment pour éviter de s’interroger. Je suis sûr que la plupart des membres pourrait devenir des alliés et même des amis, mais ce qui peut être le plus dérangeant dans ma vision, c’est que oui, je veux que les Vengeurs soient un groupe plus occidental, mais aussi qu’ils prennent une place similaire de la Justice League, donc devenir mondial. C’est peut-être contradictoire, mais je crois vraiment en cet idéal. Est-ce que je veux que les Last Sons commencent à se mettre à genoux devant nous? Non, je veux une coopération entre nos deux groupes, mais avec une prééminence mondiale pour les Vengeurs.

Ouais cela peut devenir facilement problématique, mais bon c’est ma pensée politique autour de ce sujet, cela ne veut pas dire que j’ai raison à tout prix. Adrian s’excuse un peu pour le moment de stress, mais bon je ne sais pas s’il va être vraiment capable de se retrouver avec moi dans les jambes. Je ne suis pas une psychologue, ni une grande experte de comment remonter le moral.

« Ne t’excuse pas, je peux comprendre que tu as de la pression, mais le plus important, c’est de se reposer. Arrête de travailler un petit moment, laisse les seconds gérer un peu, même si cela stagne, tu vas pouvoir te reposer un peu et revenir en meilleur forme après. À mon avis, on peut toujours être le meilleur de ce qu’on fait, quand on a la forme et quand on croit à ce qu’on fait… »

Ouais, ce sont des conseils vraiment moyens pour la situation, mais je ne peux pas être la plus convaincue de tous les psychologues, mais le repos est toujours le plus précieux des conseils à mon avis. Après je ne sais pas vraiment quoi ajouter, je reste un peu silencieuse. Il ne me dérange pas vraiment, juste que je suis un peu bloqué pour le moment.

« Et ne t’en fait pas, tu ne vas pas me déranger chez moi ou dans la vie en général, c’est plus moi qui dérange plus les autres. »

Je rigole à ma petite blague avant d’essayer trouver quelque chose d’autre à dire.  

Bon allez Adrian. Je pense qu’il est temps de changer de sujet, tu vas finir par mettre Samantha mal à l’aise. Et je ne voudrais pas lui causer d’inconfort, évidemment. Sa blague me fit sourire et rire faiblement. Sans plus. Je perdais de ma joie de vivre, je le voyais bien. La fatigue, pas la dépression, heureusement. Tout reviendrait avec un peu de repos. Autrement je ne m’appelle plus Adrian Carlyle Eversfield, POINT. Je me pose une question par contre : que fait-on quand on est en vacances? On me dira que c’est une question idiote mais je ne suis pas du genre à quitter mon travail ou prendre des pauses. Il y a toujours de quoi faire. Du coup… Je me sens un peu perdu. Un peu. Mais je trouverai je suppose. Ce ne doit pas être si compliqué que cela, non? Enfin j’espère. Sinon, il y a probablement de la littérature sur le sujet. On trouve de tout de nos jours.

Ce qui me fait penser justement, il se passe quoi avec les discours? Comme je fais référence à de la gestion de temps… Ils vont bien se rendre compte que nous avons disparu. Encore que ce ne serait pas une grosse affaire. Hum… Comment faire taire ce ramassis de conneries? Mais attendez une minute… C’est une cuisine ça. Donc remplie de choses utiles. Il va bien falloir remplir le pichet d’eau de tous ces vieux radoteurs… Et je sais qu’il existe un extrait excessivement amer utilisé dans certaines recettes. Transparent et pratiquement inodore mais horriblement dur à diluer dans l’eau. Autrement dit, une petite gorgée et HOP! Ce serait comme se taper le café le plus fort du monde sans l’effet énergisant. Juste l’affreux goût. Certes, on peut dire que c’est gamin et puéril mais je commence à en avoir assez d’entendre des bribes de conneries.

Ce n’est pas mortel et il n’y a pas de risques d’allergies. À part faire des grimaces, ces gérontes ne risquent pas grand-chose. Et le ridicule ne tue pas. Le congrès et le sénat seraient vides autrement. Et puis ce sera amusant de les voir perdre un peu de leur superbe, pour une fois. Quand je pense qu’une partie des personnes présentes boivent leurs paroles comme autant de couleuvres… C’est vraiment consternant. Je doute aussi qu’il y ait un risque pour les serveurs. Après tout, ce n’est pas LEUR faute si J’AI piégé le pichet d’eau. J’ai trop hâte d’entendre toute l’agitation que cette petite farce va causer. Samantha me regarde sans trop savoir ce que je suis en train de faire mais elle ne dit rien. Je lui fais signe de s’approcher et de goûter du bout des lèvres ce que je viens de verser dans la cuillère que je lui tends. Évidemment que c’est immonde! C’est ultra concentré!


« Tu vois comme c’est dégueulasse? Je vais en mettre en quantité suffisante dans ce pichet pour les faire grimacer pour la décennie à venir. Ça leur apprendra à dire des idioties. Ils méritent une bonne leçon, c’est moi qui te le dis. Un peu d’humilité ne leur fera pas de tort. Avec un peu de chance, nous aurons une vraie bonne raison de retourner nous asseoir et de se faire torturer les oreilles. Non?

Et je ne compte pas m’arrêter là! Je vais piéger la salière! Le bon vieux coup du sucre dans le sel, c’est un classique indémodable, c’est moi qui te le dis. Et si tu as des idées n’hésites pas. Il y a un moyen simple de s’amuser aux dépends des autres sans que ce ne soit dangereux pour les autres. Au pire, ils viennent fouiner en cuisine et on se fait pincer. Au mieux, tout fonctionne comme sur des roulettes et on va en rire un bon coup. »

Le plan d’Adrian est affreux, on peut dire que tout de lui est affreux quand il pense empoisonner la plupart des pauvres victimes qui participent à cette conférence. Je vous entends déjà à la maison me demander : Pourquoi la grande Sam ne l’arrête pas? Pourquoi la grande Sam cherche aussi à condamner des millions de vies et de conforts uniquement pour voir des gens souffrir? Peut-être que si je l’avais arrêté aujourd’hui, toutes leurs lueurs disparaissent. Mais il est trop tard, je m’amuse à son petit défi de mettre tous les gens malades, parce qu’en réalité, je suis une méchante extraterrestre qui ne veut que détruire le monde. Même Carol le dit, et vous savez ce qu’on dit? Si Carol le dit, elle a forcément raison… ou c’est pour Wikipédia… je ne sais plus.

En tout cas, je lui laisse faire son plan diabolique pendant que je m’occupe à curieusement le regarder comme Bob regarde quand je fais des muffins. Je laisse quelques rires enfantins quand il finalise son petit plan de le faire manger aux pauvres victimes de ce soir. J’ai juste quelques craintes que le grand orateur en avant n’écope pas de ses paroles complètement dépassées et ennuyantes. Il semble beaucoup trop occupé de faire des grands discours sur la liberté et comment les enfants sont lobotomisés devant la télévision d’aujourd’hui.

Après il me demande de gouter à son truc fait avec l’eau pour le pauvre public pour un peu de dégout de ma part. Bon il veut aussi piéger le sel pour créer encore plus de problèmes à ce petit conseil restreint qui veut régir encore par des grands discours. Je lui fais un petit signe de la tête pour le négatif quand il me demande des idées. Adrian voyons, tu crois vraiment que j’ai la tête de faire des plans diaboliques pour faire paniquer des vieux politiciens? Je fais juste des muffins d’élites, mon petit monsieur, pas juste des pièges.

Et le plan marche parfaitement pour les embêter, mais c’est surtout le temps de quitter. Je vois déjà plusieurs politiciens qui sont en train de briser le discours de leurs collègues pour montrer le dégout qu’il avait en ce moment. Mais, on risque bientôt de se faire piéger, imaginez les conséquences si les forces du Président sont envoyés pour arrêter deux criminels qui ont essayé d’empoisonner une conférence entière. Je suis sûr que les conséquences vont être terribles.

Je fais signe à Adrian de me suivre pour qu’on évite les forces d’autorités et qu’on fuit nos responsabilités de crime contre l’humanité. En fait, Adrian va être accusé de crimes contre l’humanité, mais moi je vais fuir avec la gloire et mon gros cheval Bob. Bon, je vais peut-être sauver Adrian… mais juste parce que je suis vraiment une personne très sympathique. En tout cas, notre fuite se fait sans aucun problème, parce qu’on est vraiment trop bon pour la ligue.