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Message  Lucy "Lucky" Prissy Ven 24 Juin 2016 - 18:22


Mes yeux s’ouvrent sur un noir aussi profond que lorsqu’ils étaient fermés et ils sont aussi immobiles que le reste de mon corps. Je sens la pression lorsque j’essais de bouger, elle m’écrase le torse et m’enserre les poignets. Je suis allongée dans le noir et l’on me force à y rester. Mais à la force de cette paralysie j’oppose celle de ma volonté, pestant mentalement une unique phrase en boucle à défaut de pouvoir remuer mes lèvres. Casses-toi de moi… Casses-toi de moi. Casses-toi de moi !

La première fois que cela m’est arrivé, je n’ai pas compris et ai paniqué sous mon impuissance. Je suis phobique d’être acculée et ça n’a certainement pas aidée face aux symptômes classiques mais j’ai prise l’habitude et une fois qu’on sait ce que les choses sont c’est plus facile de les combattre. La véritable peur, je pense, vient de l’inconnu, de l’incertain. L’Humain n’est pas fait pour cela, même son cerveau est obligé de lui imposer des hallucinations auditives, tactiles et visuelles ainsi que des impressions d’oppression, de suffocation, de présence maléfique et de mort imminente, pour expliquer un phénomène qu’il ne comprend pas. La conscience revient dans un corps encore endormi ? Pas de problème, on va créer un joli monstre pour s’assoir sur ledit corps afin de s’auto-expliquer qu’on n’arrive pas à bouger. A partir du moment où j’ai su cela, tout est devenu un effort de volonté. Et c’est tant mieux car je commence à m’y connaitre en paralysie du sommeil.

J’ai suffisamment l’occasion d’être impuissante et ignorante dans ma vie de tous les jours pour laisser un réflexe idiot me rendre ainsi jusque dans mon propre lit. J’ai suffisamment l’occasion de me demander si mes espoirs sont illusions et si mes croyances sont hallucinations pour que de véritables s’y rajoutent. Je déteste ces moments mais ils ne me font plus flancher. Je fais face à ces mains osseuses qui me tiennent les poignets, je fais face à se tronc informe qui me bloque le torse, je fais face à ce démon irréel et je me contente de répéter la même phrase, comme une obsession. Casses-toi de moi. Casses-toi de moi !

Je n’ai jamais eu d’hallucinations au-dehors de cela, ne m’étant jamais droguée autrement que pour tenir le coup après des aventures ayant mal tournées ; et peut-être n’avais-je pas de prescription mais j’avais les conseils d’une fille de doc, qui se chargeait aussi de fournir les médocs. L’impression de suffocation, j’avais déjà eu par contre. J’avais failli me noyer quand j’étais jeune, je ne m’en souviens pas mais Maman était catégorique puisqu’elle avait mal supporté de voir son enfant de quatre ans disparaitre sous l’eau après avoir voulu aller trop loin sur les rives d’un lac. Ça ne m’avait pas marqué du coup, à l’inverse de quelques strangulations de bagarre plus ou moins inamicales ; disons qu’à défaut de vouloir participer au jeu du foulard, j’en avais connu un ou deux et sans foulard. La présence maléfique était également une chose à me passer au-dessus de la tête à tel point que ça m’en donnait la météo, puisque les ballons météos étaient parmi les choses les plus élevées dans la stratosphère si ma mauvaise mémoire était bonne, et du coup même en présence de criminels avérés, pour ne pas dire même entre leurs pattes, j’étais pas tellement concernée par le mal. Sauf quand ils le sentaient, le mâle, mais c’est une digression. Idem les expériences de mort imminente, elles étaient chez moi tellement imminente que j’avais pas le temps de m’en préoccuper et, du coup, il n’y a jamais eu mort d’homme. La seule chose avec laquelle j’étais familière parmi les symptômes de paralysie du sommeil avant d’en avoir, c’était l’impression d’oppression.

Mais dans ce cadre précis, en ce lieu où je suis consciente d’être et en cette situation que j’ai déjà vécue et que je sais que je vivrais encore, je sais lutter. Je ne lâche rien, je ne peux pas le faire de toute façon, et mon corps lâchera avant ma volonté ; d’autant plus qu’il a déjà lâché là. C’est quelque chose que je trouve étrange ça, d’ailleurs. J’ignore comment cela le fait chez les autres et je ne demanderai probablement jamais mais j’ai tellement l’impression de ridiculiser mon endurance physique lorsque celle-ci lutte avec ma volonté, s’en est presque insultant. La douleur est là, alerte constante et virulente, et continuer à pousser est toujours plus dur mais ça ne m’ébranle pas. Je ne crache pas sur arrêter ou diminuer le désagrément, non, mais je continue d’agir malgré lui. Oui, désagrément est le bon mot : c’est comme s’il ne pouvait pas me vaincre. Sans doute est-ce parce que je ne souffre pas assez. Je ne suis pas curieuse de le savoir en fait. Je sais juste que dans le cadre des paralysies du sommeil, c’est presque devenu facile de s’en sortir avec le temps. Casses-toi de moi !

Je ne suis pas crispée quand je peux enfin recommencer à bouger. Mon cœur ne c’est même pas accéléré. C’est con à dire mais je sors parfois plus amochée par des cauchemars que par ce trouble du sommeil. Ça ne le rend pas agréable pour autant mais… je ne sais pas. C’est presque anecdotique en fait. Je n’arrive pas à savoir si ça doit être flippant ou si c’est normal de penser ainsi. Je me redresse simplement, toujours dans l’obscurité, et je tape des mains distraitement afin d’aplanir ma couette. Je ne suis ni fatiguée ni reposée, ni calme ni affolée, ni concernée ni indifférente. Ce vide me fait soupirer par le nez, ne méritant même pas que j’ouvre les lèvres.

Je me dis que beaucoup de gens vont avec cette même réaction envers moi, pour peu qu’elle ne soit pas plus négative encore. J’en ai terminé avec ma seconde tentative du brevet des collèges aujourd’hui et elle est encore pire que ce que j’aurais pensé. Je ne misais pourtant pas grand-chose sur mon propre cas mais il restait toujours un peu d’espoir avant de le faire. Maintenant, je sais juste que ça ne sert à rien de signer pour une nouvelle année. J’ai l’âge d’arrêter et il est temps que je le fasse, j’ignore juste ce que je vais faire ensuite. C’est ça qui est vraiment effrayant ; cet inconnu, cet incertain. J’ai des aspirations et je les tenterai mais… j’en suis au moment du doute. Ma solitude nocturne est particulièrement propice à cela : elle ne m’apportera aucune réponse et je continuerai comme si de rien était. J’appréhende un peu que ça soit cela la vie, continuer malgré tout.

Je vais me déprimer seule à y penser, je commence déjà à le faire. Alors je reprends ma couette et je me rallonge, me la passant sur l’épaule avant de la repousser à cause de la chaleur ; ma fenêtre est ouverte, protégée de l’extérieur pas son volet et séparée de moi par le sommier de ma mezzanine, mais elle ne m’empêche pas réellement d’avoir chaud. C’est supportable, j’ai une très bonne régulation thermique, mais ça ne m’aide pas à repartir. Et en attendant que je reparte, en attendant que je redonne mon corps et ma volonté à ce néant monstrueux qui s’accroche parfois à moi lorsqu’il ne veut pas que je m’échappe, je pense.

Je pense au stage de la section Junior qui ne va pas tarder à arriver. Je pense à mon irréalisme de vouloir rejoindre la Young Force et à comment cela m’a été démontré. Je pense à ma difficulté à exprimer ce que j’avais en moi et à combien cela semblait rebuter Aislinn. Je pense à ce que j’ai foiré avec la Brigade Chimérique alors que je cherchais à bien faire. Je pense à l’attention que j’ai cherchée à attirer afin d’avoir l’impression de pouvoir m’intégrer, de pouvoir appartenir à une équipe, en ayant une approche de chaque membre. Je pense à combien je pourrais décevoir Valerie et gâcher la chance que mes parents comme d’autres m’ont donnée. Je pense à tout cela et je déglutis péniblement. Je pense à tout cela et j’ai peur. Peur pour mon avenir, peur d’échouer, peur de… La véritable peur, je pense, vient de l’inconnu, de l’incertain. Le monde dans lequel je dois appendre est le premier tandis que ma place en son sein est le second. Du coup, mon avenir est les deux.
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Message  Lucy "Lucky" Prissy Mar 5 Juil 2016 - 11:23


Hier, un de mes professeurs est mort. Le directeur nous l’a annoncé aujourd’hui. Je crois que j’ai pali quand il l’a dit. Je crois que je n’ai jamais été autant d’accord avec lui que lorsqu’il a parlé du professeur et de cette façon unique que celui-ci avait de vous parler et de vous regarder, une chose à laquelle je n’avais jamais prêtée attention et que je regrette à présent. Le professeur avait la cinquantaine ainsi qu’un enfant en bas âge ; je ne m’étais jamais posée de question sur ce fait mais maintenant je me demande s’il n’a pas eu son fils aussi tard parce qu’il avait cherché à accomplir quelque chose de sa vie avant cela. Il devait toujours partir au plus vie de ses cours pour aller le chercher mais ça ne posait jamais problème, il fonctionnait par atelier et nous demandait un exercice durant ses trois heures avant de surveiller notre avancement et nous aider lorsque nous n’y arrivions pas. Il avait grandi en cité, il avait fait plein de petit boulot pour gagner de l’argent tout en poursuivant ses rêves et il avait guéri d’un cancer de la gorge. Enfin, c’était ce que je savais de lui pour avoir discuté avec lui ; sa manière personnelle d’aborder les choses et de considérer les gens en faisait l’une des rares personnes que j’appréciais dans le corps enseignant et cela faisait longtemps que je l’avais défini comme mon professeur favori. Il avait posé un arrêt maladie en avril ou mai, je ne sais plus exactement, parce qu’il recommençait à tousser trop régulièrement. Il ne voulait pas croire que ce soit le cancer et la dernière fois que nous l’avions vu, un pote et moi lui avions souhaité une bonne guérison. C’est le dernier souvenir que j’ai de lui et cette annonce risque bien d’être le dernier souvenir que j’ai de l’école.

Personne n’a pleuré, personne n’a même reniflé. Evidemment, il y a des gens que ça ne touchait pas, quelles qu’en soit les raisons. Mais même chez les gens que cela touche, il n’y a eu que décomposition des visages et hochement de tête. Sur le coup, certains n’ont peut-être pas réalisé. Je n’ai pas cette chance. Moi, j’ai immédiatement réalisé qu’il ne rentrerait jamais chez lui, qu’il laissait une femme et un enfant en bas âge derrière lui. Je n’ai pas pleuré, je n’ai pas reniflé. J’ai écouté un souvenir, je me suis rappelée des images et des sons. C’est tout ce qu’il reste à présent. Je ne serais pas à son enterrement, je ne suis pas invitée et ce n’est pas le genre de chose où je m’inviterai seule. Je n’étais qu’une de ses élèves parmi d’autres, même s’il m’avait fait oublier mon anonymat et qu’il n’avait jamais jugés mes aspirations à l’inverse de la quasi-totalité des gens, alors je n’aurais pas ce privilège. De toute façon, je n’aurai pas su quoi dire.

La journée c’est poursuivie, et terminée, normalement. Le dernier jour d’école. Le dernier jour de ma scolarité. Le premier jour du reste de ma vie, diront les optimistes. Je ne suis plus ni optimiste ni pessimiste pour l’heure. Je ne suis pas non plus perdue ou effrayée, comme je le suis si souvent. Je suis apathique je crois, peut-être aphasique je n’en sais rien. Je n’arrive pas réellement à mettre de mots sur mon état. Ça passera. Le temps a raison de tout, que cela soit bien ou mauvais, que cela soit psychique ou physique. Le temps sera court pour moi, je ne pense pas que ça me pèsera longtemps. J’ai de la chance, toujours. Je ne peux cependant m’empêcher de penser à son fils ; il n’aura jamais l’occasion de voir son père rentrer.

Je ne pense pas que le monde soit pourri, injuste ou cruel. Je sais juste qu’il est ce qu’il est. Je sais juste que la fin est la même pour tout le monde et que, même face à cela, il n’y a pas d’égalité. Nos vies sont une histoire, le début et la fin sont tous les mêmes mais c’est le développement qui les sépare qui est réellement important. C’est pour cela que l’on construit des choses, que l’on essaie malgré tout. Ce n’est pas aisé et c’est inutile pour la quasi-totalité des gens mais il faut tout de même le faire sans quoi nous n’avons aucune raison de vivre.

Ma raison de vivre, ou plutôt la raison de vivre que je me suis donnée, c’est de combattre un mal afin que des gens comme mon père puissent rentrer chez eux en sureté. Aujourd’hui, j’ai pris dans la gueule qu’il est d’autres maux pour blesser d’autres gens. Si j’en avais su plus, peut-être imaginerai-je moins. Si j’en avais rien su, sans doute n’en aurais-je rien eu à faire. Je ne suis ni dans un cas ni dans l’autre. J’aimerai demander à Tom comment être sur de savoir où ira l’âme d’un homme qui a simplement menée sa vie, sans s’en référer au bien et au mal ou à une quelconque religion. J’aimerai demander à Valerie comment on rend hommage a une personne qui a agit de façon désintéressée et bienfaisante envers vous parce qu’elle croyait en son travail et avait cette nature. J’aimerai beaucoup de choses et comme bien souvent il n’en sera rien. Pas parce que je n’essaierai pas, non, mais simplement parce que je n’en aurai jamais l’occasion ou qu’ils n’auront pas la réponse. Un autre professeur a dit un jour que 90% des choses que l’on tente dans la vie n’aboutiront à rien ; on l’avait taxé de pessimiste mais, avec le recul, je me demande s’il ne parlait pas plutôt des difficultés qu’il y avait à atteindre les 10% de quelque chose derrière. C’est pour ça que je n’abandonne pas.

Si j’abandonne, mes efforts seront vains. Si je continue, la possibilité qu’ils ne le soient pas perdure. Si j’abandonne, tous ceux qui n’ont pas cru en moi et m’ont mis des bâtons dans les roues auront eu raison de le faire. Si je continue, tous ceux qui ont cru en moi et m’ont aidée l’auront fait pour quelque chose.

Je ne prétendrais pas faire ce que je fais pour la mémoire des autres. Mais je continuerai d’essayer de faire ce qu’ils ont tenté de m’aider à réussir car, ainsi, ils pourront continuer leur œuvre à travers moi. Je ne veux pas qu’on place des espoirs en moi car cela me donnera l’occasion de décevoir les gens et je suis très douée pour ça. Par contre je veux que, si l’on croit en moi, on ne croit pas en vain.
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Message  Lucy "Lucky" Prissy Jeu 21 Juil 2016 - 6:54


Je n’ai jamais été particulièrement patriote mais, considérant la diversité des victimes au niveau des nationalités, ce n’est pas l’être que d’être enragée de ce qui c’est passé. J’avais l’appréhension pour la coupe d’Europe de foot et je me suis faite avoir en beauté puisque c’est pour la fête nationale qu’ils sont intervenus. C’est vrai que les stades de foot étaient un niveau au-dessus d’eux, il fallait au moins reconnaitre ça aux attentats du 14 Novembre, mais ils ont su s’adapter en 8 mois : 5 minutes, 84 morts, 202 blessés dont 52 avec le pronostique vital engagé. Ça c’est passé sur la promenade des anglais et j’ai appris cela le lendemain depuis l’Angleterre. Même pas dix jours depuis que le stage de formation intensive de l’Excalibur est commencé et je recommence à m’allumer jusqu’à l’épuisement parce que, concrètement, je n’ai aucun autre moyen d’exprimer ce que je ressens. J’essaie de ne pas haïr, cela se tassera avec les jours. Je me concentre sur l’indignation et l’amertume, cela est un bon moteur aussi. Je ne suis pas idiote, j’aurai été inutile tant par la distance que par mes capacités et j’aurai surement été aussi indésirable que la dernière fois. Mais j’ai besoin de me dire que je pourrais réussir à être utile à l’avenir, à empêcher que ce genre de choses arrive. Pour moi, c’est ça notre vocation première, avant même les valeurs d’union et d’acceptation ; on peut me reprocher mon manque d’idéaux mais je n’espère pas participer à l’Alliance des Champions de l’Europe pour faire passer un message, je veux en faire partie pour pouvoir protéger et aider. On ne sauvera jamais tout le monde mais on peut faire de notre mieux pour sauver un maximum, pour s’assurer qu’autant de personnes que possible puissent sortir de chez elles sans craintes et y rentrer sans problème.

Je suis en sueur, mes cheveux collent à mon visage et mes vêtements à ma peau, et essoufflée, ma respiration peinant autant que mes muscles, mais je ne lâche rien. Les trois heures de théorie du combat sont passées et les cinq heures de formation physique ont été faites puis suivi de l’entrainement supplémentaire offert par Valerie. Elle nous a dit que, durant les trois semaines où nous étions son escouade, c’était notre vie cette formation ; je ne me limite pas à la formation pour définir ma vie. Et je ne me limite pas non plus à l’entrainement supplémentaire, m’autorisant la pause repas qui le suit pour reprendre seule par la suite jusqu’à ce qu’on m’ordonne d’arrêter où que l’heure de se coucher vienne. J’ignore s’il s’agit d’une question de physique ou de volonté mais je suis capable d’endurer plus que les autres. Zombie est plus intelligent que moi, Zaffira c’est Zaffira, Elizabeth est meilleure combattante que moi, mais aucun des amis que je me suis fait durant le stage n’a cette capacité à en prendre plein la gueule et a continuer envers et contre tout. J’ai du talent et de la chance, je ne pense pas qu’on me conteste l’un comme l’autre, mais je me découvre cette volonté que je n’identifie pas encore comme de l’obstination, de l’entêtement  ou de la ténacité. Je sais juste être incapable d’abandonner ; c’est possible que je me trompe mais je continuerai à y croire tant qu’on ne me l’aura pas prouvé. C’est vrai jusqu’à preuve du contraire en somme, ce qui est la base même d’une croyance.

Je ne suis pas la meilleure technicienne d’art martial du stage, je ne suis même pas une bonne technicienne martiale en fait. Mais je suis d’une agilité et d’une dextérité hors du commun et il faut être sacrément bon pour me toucher, ça me permet de rivaliser avec Elizabeth et même de vaincre Zombie sur la longueur. Zaffira, elle continue d’être égale à elle-même et, si elle est juste incapable de me toucher, je me fais plus mal qu’à elle quand je la frappe. Frustrant même si ça en fait une bonne punching-ball… enfin, « partenaire d’entrainement à investissement passif ». De toute façon, dans le groupe que je cherche à former, les paires vont clairement à Zaza/Liza et Léo/moi : elles sont toutes les deux des bourrines, lui c’est le spécialiste et moi je suis numéro complémentaire. Nous manque juste le soutien, mon éternelle frustration. Enfin, une de mes éternelles frustrations. J’apprends à bien m’entendre avec, c’est pas comme si je pouvais vivre sans de toute façon. Un peu comme mes potes avec moi en somme. Potes qui font leurs vies au sein des parties auxquelles on a accès du Manoir Braddock, me laissant seule avec des mannequins d’entrainement… ils ont une tête et des bras tout en étant relativement proches dans l’espace, ça pourrait être pire.

Je saute pour frapper le bras du plus proche de mon genou, atterrissant fléchie pour éviter le mouvement de simulacre de coup déclenché par son mouvement et enchainer d’un uppercut à l’estomac alors que je me relève. Repoussée par le retour du bras, je le saisi de ma main libre au niveau de l’épaule tout en me décalant d’un pas, ma seconde main s’en venant par réflexe contre moi sous l’impact et me permettant de saisir son poignet en une clé de bras l’invitant à vomir parterre. J’aimerai bien ajouter un coup du pied derrière le genou pour le forcer à le foutre à terre et m’en servir de tremplin jusqu’à l’adversaire suivant mais il n’a pas de genou donc je m’en passe. Un faible sprint et un nouveau manque de genou plus tard, j’heurte du pied l’autre mannequin afin de me fournir un appui pour un nouveau petit bond et de le prendre en ciseau, lui expédiant mes deux paumes contre les oreilles pour le déséquilibrer ; encore une inutilité sur de l’inanimé, cela va s’en dire. Du coup, je reste accrochée à sa tête pour dégager mes jambes et poser les pieds sur ses épaules, m’en servant de tremplin pour effectuer un salto arrière d’une grande poussée. Fléchissant les jambes à l’atterrissage, je continue la prise de vitesse en bondissant d’une vrille pour expédier l’une d’elle dans le ventre du premier mannequin à la fin du mouvement. Je mets un ou deux pas à retrouver mon équilibre et inspire difficilement.

Ce que je fais là ne servirait à rien contre une voiture-bélier, même si ça serait efficace contre des combattants normaux. Comment résoudre le problème de 20 tonnes fonçant à 80 kilomètres par heures sur des pétions sans cribler le pare-brise de balles en escomptant tuer le conducteur ? Je souffle lourdement en baissant les épaules. Y’a un mec qui a tenté de s’accrocher à la paroi du véhicule pour ouvrir a porte, selon des témoignages, mais il a chuté et il est passé sous les roues du camion. Faut-il honorer son geste héroïque ou bien considérer qu’il aurait du laisser les professionnels faire ? Chacun est libre de son choix mais personnellement je l’honore. Notre société fonctionne à la reconnaissance mais il y aura toujours des personnes pour chercher à agir sans elle, juste parce qu’elles croient faire la bonne chose.

On m’averti que mon entrainement est fini, me faisant me retourner sans dire un mot. Ce n’est pas moi qui décide ce genre de chose, pas plus que ce n’est moi qui peut y faire quoi que ce soit. Je lutte de toutes mes forces pour parvenir à faire ce à quoi j’aspire et j’en paie le prix même s’il peut faire mal. J’ignore ce qui me guide le plus dans ce monde : l’espoir ou la peur. Ils sont intimement liés chez moi : la peur engendre l’espoir de pouvoir faire quelque chose pour mettre fin et cet espoir entraine la peur de ne pas réussir. J’ai grandie avec la peur que Papa ne rentre pas et j’aspire à ce que les rues deviennent plus sures pour que personne n’ait à craindre cela mais plus j’essaie de le faire et plus j’ai peur de ne pas y arriver. Viennent alors mes proches, qu’ils soient famille ou amis, et quelques personnes dans lesquelles je crois. Nous ne sauverons pas le monde mais peut-être qu’avec Valerie, avec Aislinn ou avec Tom, nous arriverons à faire quelque chose. Eux le font déjà et n’ont pas besoin de mon aide pour le faire. Dans mon cas, ne jamais abandonner dépend de moi et réussir dépend d’eux, d’un nous.
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Message  Lucy "Lucky" Prissy Mer 28 Déc 2016 - 11:50


Quand j’étais petite, même si je ne suis toujours pas bien grande, je ne me suis jamais tellement prise la tête avec cette histoire de Père Noël : un gros barbu rougeau suant sang et eau chaque année au boulot, ça m’intéressait moins que le fait qu’il m’apporte des cadeaux. Okay, il avait des méthodes de cambrioleur, puisqu’il rentrait dans les maisons subrepticement, mais c’était pour apporter des choses, donc personne ne lui en tenait rigueur. Le fait de faire toute la Terre en une nuit me choquait pas plus que ça, après tout la Justice League pouvait le faire aussi. Je sais plus quel âge j’avais quand j’ai découvert qu’il n’existait pas. Je sais juste que c’était très con : j’ai trouvé les cadeaux planqués dans le placard de la chambre de mes parents. Comprendre que le Père Noël n’existait pas n’a pas vraiment été un choc. Ce que je ne comprenais pas, c’était pourquoi Papa et Maman avaient besoin de dire que c’était un inconnu qui venait me donner un truc pour me faire plaisir. Okay, il y avait le deal d’être sage en échange et l’esprit de la fête mais ça ne collait pas, il y avait quelque chose qui me dérangeait.

Evidemment, quand je leur en ai parlé, Papa et Maman ont trouvée une excuse bidon pour expliquer cela. J’ai donc passée la fête suivante à prouver qu’il existait pas : ça m’a pris un rouleau de scotch. On peut tout faire avec du scotch, Matt Damon témoigne. Et pour ma part, j’ai juste attendu que mes parents soient couchés pour scotcher discrètement les ouvertures susceptibles de servir d’entrée dans la maison ; une petite languette pour unir le bas des fenêtres, pour accrocher les portes à leur encadrement… pas de quoi empêcher l’ouverture mais de quoi en garder trace. Heureusement qu’on a pas de cheminée, s’eut été plus compliqué. Mais du coup, le matin venu, j’ai vérifié que rien n’avait été ouvert et, en effet, aucun de mes scotchs n’avaient changé de place. Papa et Maman étaient sur le cul et ils m’ont avouée la vérité. Ils avaient peur de me décevoir mais ce n’était pas le plus important, je pense que cela les a marqué.

Oui, j’étais déçue parce que la fête de la famille était basée sur un mensonge induisant qu’il faille une entité bienveillante pour qu’on soit réunis et unis. Mais j’étais aussi contente que le Père Noël n’existe pas car l’échange de cadeaux devenait tellement plus sincère et touchant, se faisant entre nous parce qu’on s’aimait, et c’était cela l’esprit de la fête. Une sorte d’anniversaire pour tout le monde.

Après cette mésaventure, les choses sont devenues différentes. Je sais que dans certaines familles, on offre un budget de Noël pour que chacun puisse gérer ses propres cadeaux afin de simplifier au maximum les recherches au dépend de la surprise, mais je suis partie sur l’inverse et ai cherché mes propres cadeaux à faire aux personnes qui comptent. C’est devenue une tradition et je suis assez contente de dire que très peu de mes noëls ont été rentables depuis.

Cette année a été particulière, les problèmes qui ont fait surface au cours du mois ayant éclipsées les préparatifs de fêtes de fin d’années. J’ai bien galéré à tout rattraper mais je pense être retombée sur mes pattes, même si c’est sur une plaque de glace et que je risque donc de faire un plat. On verra bien. J’espère que les cadeaux feront plaisir au moins, quand ils seront arrivés. Le premier coli est parti pour le Manoir Braddock, le second pour l’Académie du Massachusetts, le troisième n’est pas parti ; j’ai couinée niveau frais de port mais je crois que ça valait le coup.

Chez les Braddock, Aislinn a été assez difficile à trouver parce que je n’arrive toujours pas à voir ce qu’elle peut aimer ou non. En plus de la bouteille de Pago ACE, pour qu’elle puisse y goûter, son paquet contient un bracelet de cuir tressé. J’appréhende que ça fasse un peu passe-partout mais ça symbolise aussi le lien et je crois que cela lui convient bien, qu’elle le porte ou pas. Valerie, c’était plus facile à trouver et tout aussi signifiant : un t-shirt « keep calm and be the best ». Etre la meilleure, c’est ce qu’elle veut et elle s’entraine pour ça, et je l’encourage dans cette volonté à défaut de la partager ou même de la comprendre. Et rester calme, c’est un conseil discret mais tout de même présent, vu qu’elle s’emporte un peu beaucoup mine de rien. William aussi j’ai galéré. Je sais qu’il est parti dans un autre pays faire l’agent de liaison avec un autre groupe de super-sécurité mais j’espère qu’Excalibur lui fera suivre son paquet, surtout que c’est pas le plus gros. Vu son humour, j’ai récupéré les fichiers de spectacles comiques que je connaissais et je les ai foutu sur clé USB. Y’a du Laurent Gerra, du Gad Elmaleh, du Stéphane Guillon, des Chevaliers du Fiel, de l’Anne Roumanoff, et évidemment, comme je sais qu’il aime beaucoup le Québec, de l’Anthony Kavanagh. Normalement, y’a les sous-titres aussi.

A l’Académie, je suis allée à la simplicité pour Emma : un Maneki-Neko, de la peinture blanche et une note. Le porte-bonheur est blanc, évidemment, et la note dit que la peinture est pour les branches des lunettes, qui ne le sont pas (blanches). Je pense que ça lui fera plaisir, en plus de lui porter chance puisque c’est le but d’un Maneki-Neko ; sachant que le blanc, c’est la chance pure. Un domaine qui me connait. Pour Maissa, j’ai choisi la dernière édition de 1001 Movies You Must Se Before You Die, un ouvrage conseillant des films ayant marqué l’histoire du cinéma ; je fais confiance aux autres Hellions pour savoir lui trouver ceux qui l’intéressent. Enfin, pour Nils, je suis partie sur une balle rebondissante et sur un carnet à dessin. Je ne suis pas certaine que ce premier moyen de nouer du contact lui soit resté mais, sa réhabilitation avançant, il doit commencer à se permettre de s’imaginer dans le monde et un moyen de se le matérialiser l’aidera peut-être à avoir le courage de se lancer dans l’exploration.

Niveau du dernier coli, c’est ce que je donnerai à mes proches et en main propre. Je passe la soirée en famille et pourrait offrir à mes parents comme ils m’offriront puis il faudra attendre la soirée du nouvel an avec mes potes, comme chaque année, pour leur faire le présent à leur tour. Pour Tom, je suis allée squatter un confessionnal du Sacré-Cœur à Montmartre et ai eue l’une des discussions les plus surréalistes de ma vie avec un prêtre qui n’en revenait pas que je ne vienne pas chercher le pardon de mes pêchés par la confession mais une indulgence pour ceux d’un ange qui n’en a pas fait ; tant des pêchés que des confessions. Et je dois avouer avoir hâte de voir la tête de Tom quand je vais lui présenter l’indulgence catholique probablement pas réglementaire en lui expliquant que c’est un ticket pour le paradis même si c’est pas la formule qui comprend les soixante-dix vierges ; dont il n’aurait probablement pas su quoi faire et puis, niveau vendre du cul, c’est con de partir sur des personnes n’ayant pas d’expérience. Enfin Bref. J’ai aussi une maquette du Champion Express pour Zombie, sachant qu’il devrait y foutre les pieds bien avant moi, une lampe de vivarium pour Fira, histoire que son côté lézard puisse se dorer la couenne, et de l’autobronzant pour Liza, puisque son corps absorbe les rayons solaires et ne peut bronzer ; en somme, des cadeaux bien troll mais ça fait parti du jeu.

Ils devraient mieux réagir que Maman à qui j’ai offerte une traduction de la thèse d’Emma en sexologie, lui laissant le soin de déduire ce qu’elle déduira, et que Papa qui a droit à l’Elément : quand trouver sa voie peut tout changer ! de Ken Robinson. C’est pas parce que je ne fais pas d’études que je ne peux pas les emmerder avec celles des autres et ils me rendront bien les choses, j’espère. Je n’ai pas besoin de preuve que je compte pour eux mais j’espère qu’ils me les donneront avec imagination.

Voilà pourquoi je préfère Noël sans Père Noël, il ne s’agit plus tant de recevoir que d’offrir. Mais le plus important reste les personnes à qui on le fait, je pense, qu’on ait l’occasion de passer la fête avec eux ou non. Joyeux Noël.
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Lucy "Lucky" Prissy

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